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[RP] [Ostia Antica] Envie de voir la mer...

 
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Ingeburge



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MessagePosté le: Mar Juin 10, 2008 6:29 pm    Sujet du message: [RP] [Ostia Antica] Envie de voir la mer... Répondre en citant

Petites indications :
* Rome - Ostie
> 23 km par la Via Ostiense
> 35 km en descendant le Tibre (=Tevere)

* Cartes



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Ingeburge



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MessagePosté le: Mar Juin 10, 2008 6:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Cela l'avait prise au milieu de la nuit, une envie soudaine, un besoin quasi vital, une pulsion irrépressible. Elle n'aurait pu expliquer pourquoi, elle n'aurait su dire dans quel but, elle le voulait et elle ne comptait pas aller contre. Elle irait.
Et jusqu'au petit jour, elle avait cherché à trouver le sommeil. Peine perdue. Elle s'était tournée et retournée sur sa couche, gardant les yeux grand ouverts, un vague sourire flottant sur les lèvres. Elle s'était récitée des prières, guettant un ennui qui ne venait pas. Et elle était restée étendue sur le dos, les pieds remuant sans cesse. Elle avait jeté de nombreux regards vers l'une des croisées qui était demeurée ouverte, scrutant le ciel noir où brillaient quelques étoiles, constatant, agacée, que le temps n'avançait pas.

Enfin l'aube se levait et l'heure des laudes arrivait.
Elle rejeta ses couvertures sur le côté, attrapa un surcot qu'elle passa rapidement et se rendit dans son oratoire. Là, elle s'agenouilla sur son prie-dieu et débuta, silencieusement sa prière du matin. Pendant ce temps, les chambrières s'activaient, dressant la table pour la collation matinale et préparant le cabinet de toilette.

Ayant achevé de rendre grâce, elle retourna dans sa chambre, arborant toujours un petit air insatisfait. Elle s'attabla et déclara à la cantonnade qu'aujourd'hui, elle abandonnait Rome au profit d'Ostie. Elle s'accordait une journée de congés en dehors de la ville et partirait dès qu'elle serait prête. Des ordres furent donnés en conséquence et tandis qu'elle déjeunait, autour d'elle, on s'affairait pour les préparatifs. Elle repoussa la nourriture après trois ou quatre bouchées, elle n'avait guère faim. Elle resta un instant accoudée, un pli soucieux barrant son front puis quitta son siège pour rejoindre son cabinet de toilette.


Elle avait terminé ses ablutions et vêtue comme à l'ordinaire de noir de la tête aux pieds, elle quitta ses appartements alors que le jour était tout à fait levé. Les gens commençaient à se presser autour du palais pontifical et elle ne tarda pas plus longuement. Elle ne voulait pas être retenue par un fidèle, toute à son projet d'escapade et désireuse d'échapper à l'atmosphère romaine. Les gardes qui l'entouraient la conduisirent promptement au carrosse qu'elle avait mandé et elle monta sans tarder en voiture. Des cavaliers se placèrent tout autour et le cortège se mit en branle. Il prit la direction du sud est afin de rejoindre la Via Ostiense qui reliait Rome à Ostie.



Ingeburge demeurait plongée dans ses pensées, lasse tout à coup. Le manque de sommeil lors de la nuit passée expliquait sa fatigue, mais pas seulement. Elle se sentait envahie d'une pesante torpeur ces derniers temps. Elle n'avait plus goût à rien, se montrait plus capricieuse et irritable que de coutume. Elle ne riait plus, souriait à peine alors que les moments où son visage s'éclairait étaient déjà plutôt rares. Elle laissait son travail s'accumuler elle qui s'astreignait à une discipline de fer, elle repoussait les entrevues, fuyant davantage le monde, entourage proche inclus.
Bercée par l'allure de l'attelage et le balancement du carrosse, elle finit par s'assoupir. Le cortège lui, filait à bon train sur la voie bordée d'arbres.


Le soleil brillait encore haut dans le ciel quand la voiture rallia enfin Ostie. La Porta Romana venait d'être franchie. Ingeburge fut réveillée par la rumeur de la ville portuaire et par les gestes timides d'une de ses suivantes la secouant légèrement. Elle ouvrit un œil peu amène mais se redressa sans un mot. Le carrosse ralentit et traversa à allure modéré la cité dont les vestiges antiques demeuraient nombreux, empruntant le Decumanus maximus. Ingeburge regarda à l'extérieur. Suite aux attaques barbares, Ostie avait perdu le lustre qu'elle avait retrouvée au IXè siècle avec l'installation dans les anciens temples païens de riches aristocrates romains. Mais les déferlantes goth, lombardes ou franques et les pillages incessants qui suivirent avaient irrémédiablement asphyxié la cité qui était depuis restée à l'abandon. Le port était encore actif, servant de lieu de transit pour les navires militaires mais les derniers habitants avaient préféré fuir les côtes, se réfugiant à Rome ou dans les montagnes du Latium et de la Sabine.


Elle appréciait cette ville tourmentée et sauvage, elle en aimait l'aspect désolé, les ruines disséminées comme autant de blessures béantes, la végétation colonisant les demeures délaissées, le bruit du vent se faufilant par les interstices parsemant les façades croulantes.

Le carrosse sortit finalement par la Porta Marina, roula encore quelques minutes puis s'arrêta pour de bon.
La portière fut ouverte et un garde se présenta le bras tendu, prêt à aider la jeune femme à descendre. Celle-ci émergea, sombre apparition enveloppée dans ses soieries noires et, acceptant le bras offert, mit pied à terre. Elle fit quelques pas devant elle, lentement, ses yeux ne pouvant se détacher de l'horizon. Ses gardes la suivirent de près, l'endroit était peu sûr.

Droit devant elle, son envie, son désir, son caprice. Le sable. La plage. La mer. Et elle sourit enfin.


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