L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[.Dagda.]

Dagda, tout en sortant, entendit la colère de Myrtilla éclater. Il comprenait cette colère et la désapprouvait aussi : Colère est mauvaise conseillère. Il pensa que trop nombreux étaient ceux qui s'engageaient sans savoir à quoi ils s'engageaient. Le texte était clair et sans ambivalence : "Le remariage n’est donc autorisé que si la séparation se fait sur une reconnaissance mutuelle de l’échec et qu’il n’y a pas eu de naissance suite à ce sacrement."

Il se promis que lorsqu'il serait curé qu'ils soumettraient les futurs époux à un questionnaire sur le droit canon concernant le sacrement du mariage. Ce serait sa façon de faire prendre conscience qu'un mariage n'était pas un vulgaire contrat de travail que l'on pouvait résilier.

Il referma la porte derrière lui.

[Tithieu]

Sans ciller, le Penthièvre écouta la nouvelle intervention du Cardinal Ingeburge, bras croisés sur sa poitrine, regard voilé d'impassibilité et de froideur.
Surprenante annonce, surprenante persistance. Il y a quelques semaines de cela, cela l'aurait allégrement réjouit d'entrainer son épouse dans sa chute. Mais étrangement, il ne parvenait à éprouver aucune joie à l'idée d'avoir complètement ruiner toutes ses chances de retrouver un jour le bonheur... Au contraire, une étrange sensation, semblable à du remords, de la honte l'envahissait de manière étouffante, étreinte mortelle de ses propres fautes qui revenaient le hanter.

A plusieurs reprises, il ouvrit la bouche, voulant parler.Il laissa finalement une Myrtillia tonitruante exprimer sa rage et sa déception avant de prendre la parole, de sa voix posée et, chose rare, grave:

Altesse, Eminence... Permettez moi de protester.
Je sais fort bien, pour l'avoir moi mesme faict appliquée, que la loy est la loy, aussi dure soit-elle... Mais je trouve vostre position injuste, dégoûtante.
Comprenez moi. Je ne remet nullement en cause le sort qui m'attend, amplement mérité. J'ai péché, délibérément. J'ai tromper ma femme, délibérément. Mais tout cela fut faict à son insu, alors qu'elle n'aspirait qu'à estre une épouse aimante, une mère comblée, heureuse... Elle n'est coupable d'aucun péché, d'aucun crime. Elle n'est coupable que d'avoir voulu m'aimer, d'avoir voulu croire en les belles paroles desquelles je l'abreuvais.

Aussi... N'est-il pas possible de parvenir à un compromis? Je prends sur moi toutes les fautes, sans protestation aucune. Je suis prest à expier mes péchés de n'importe qu'elle manière que ce soit, je ne demande rien mais... de grâce, pitié pour Myrtillia.
En lui interdisant tout remariage, et donc en lui interdisant le bonheur d'un foyer, d'une famille heureuse, vous condamnez une innocente victime à la peine la plus lourde qui soit, alors que c'est son bourreau et lui seul qui devrait estre puni.

Si c'est le droit canon qui est ainsi faict, alors changez le!Si vous cherchez à donner un coup de crosse efficace pour enrayer la frénésie des mariages contractés à la légère et, j'en conviens, trop répandus alors condamnez moy pour deux! Et je me ferais fort, le cas échéant, de prendre les routes du Royaume pour montrer à tous les paroissiens de France ce qu'il advient de ceux qui se marient sans vraiment avoir songer aux conséquences d'une union, et implorerait la sagesse des Aristotéliciens, jeunes fiancés. Je ferais en sorte que plus jamais un tel drame que celui-ci ne se reproduise, mais ne faictes pas de ceste histoire déjà dantesque un véritable cauchemar pour Myrtillia... Elle n'aspire qu'au bonheur, qu'à refaire sa vie. Par pitié, accordez le lui.

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Mort ! Bêtement.
C'est l'jeu, ma pauv' lucette.

[Ingeburge]

Ingeburge était demeurée silencieuse. Oh, elle n'était pas insensible, loin de là. Elle même avait été mariée à une crapule qui l'avait engrossée peu de temps après avoir fait de même avec sa maîtresse. Oui un homme qui avait couché dans tous les lits de Provence et qui exigeait en sus qu'elle accomplisse sagement son devoir conjugal. Elle en eut soudain la nausée. Le drame que Myrtillia traversait, elle l'avait connu.
Mais en tant que prêtre, elle avait juré obéissance au droit canon et en tant que Cardinal, elle était l'une des gardiennes de ce droit issu des enseignements d'Oane, Aristote et Christos. Ce droit était-il injuste? Elle n'avait pas à en juger.
Ce qui l'énervait en revanche, c'était tout ce qui n'était pas dit par certains. Elle avait la dissimulation en horreur et penser à toute verzingue sans l'ouvrir, ça donne des ulcères. Néanmoins, elle laissa les gens présents s'exprimer - ou pas - songeuse et elle se retrouva sans s'en rendre compte seule avec Tithieu.

Celui-ci prit la parole et elle n'en crut pas ses oreilles. Elle vrilla son regard clair dans celui du Vicomte, ou dans ce qu'il en restait, et elle déclara froidement :
_ Vous ne manquez pas de culot vous qui êtes responsable de toute cette tragédie. Oui, vous ne manquez pas de culot en affirmant que je tiens une position injuste et dégoûtante. C'est vous qui l'êtes en vous étant délibérément vautré dans la licence, la concupiscence et la plus totale abjection. Vous n'avez pensé qu'à votre bon plaisir, n'hésitant pas à entraîner dans votre inévitable chute votre épouse et par la suite, vos enfants. C'est votre comportement éhonté et pervers qui a conduit votre épouse au désespoir. Non content de lui briser le cœur, non content de bafouer sa dignité et son honneur, vous avez par vos actes irrémédiablement détruit son avenir.
Alors non, ne venez pas m'affirmer sans sourciller que je suis injuste car tout ceci est de votre pleine et entière responsabilité. Ne venez pas vous agiter sous mon nez en déclarant que je suis dégoûtante alors que vous suintez la luxure et la débauche par tous les pores.

Elle s'approcha lentement de l'Angevin, l'air menaçant mais la voix toujours posée :
_ Vous êtes prêt à prendre tous les torts sur vous? Vous êtes prêt à expier vos fautes? Vous êtes prêt à déclarer publiquement être un pêcheur digne des habitants perdus d'Oanylone?
Oh, ne me tentez pas car il pourrait vous en cuire...

Elle était maintenant tout près de Penthièvre et elle s'arrêta, demandant doucement :
_ Avez-vous été sincère il y a quelques instants? Etes-vous réellement prêt à supporter un lourd châtiment? Ou n'était-ce encore que paroles hypocrites et mensongères?
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Morte deux fois en trois jours, vise le triplé

[Tithieu]

Et toc! A toute action, une réaction... Et celle du Cardinal Ingeburge fut largement à la hauteur de la petite percée courageuse du Balafré, celui-là mesme qui désormais regrettait amèrement d'avoir oser s'étaler sur un sujet autour duquel il estait bien loin d'estre à son avantage. Après tout, elle avait raison, tous les tords estaient siens.
Et la personne Princière s'approchait de lui, menaçante. Jamais il n'aurait penser avoir à ce point peur d'une femme, pas mesme lorsque sa mère se mettait en colère contre lui ou lorsque Smartfluid l'avait faict enfermer dans les geosles du Castel d'Angers. Tout cela avait laisser un souvenir cuisant dans son esprit, mais ce n'estait rien à comparer du sentiment d'oppression qui lui enserrait la poitrine à mesure que la distance le séparant de la Princesse diminuait.
Aucun son, aucune réplique ne sortait de sa bouche. Valait mieux se taire, pour ne pas s'attirer d'avantage les foudres de ceste Harpie en Soutane.


"_ Avez-vous été sincère il y a quelques instants? Etes-vous réellement prêt à supporter un lourd châtiment? Ou n'était-ce encore que paroles hypocrites et mensongères?"

Je... Je... Je...

Il lui semblât à l'instant qu'il devait apparaistre bien pathétique, et il l'estait assurément. Lui, à la carrure large, aux cicatrices effroyables, aux guerres incessantes perdait toute assurance devant une... femme?
Finalement, sa gorge put produire un mot, presque le cracher. Clair et fort, déterminé:

Oui!
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Mort ! Bêtement.
C'est l'jeu, ma pauv' lucette.

[Ingeburge]

Elle ne s'attendait pas à cela. Elle ne connaissait pas Tithieu, ou plutôt, elle ne savait que ce que les rumeurs et les ragots en racontaient. Elle n'avait aucune idée pré-conçue sur le personnage, sachant bien d'expérience qu'il ne fallait pas se fier aux réputations. Mais quand elle l'avait vu pénétrer dans le bureau, observant son allure martiale, sa prestance et son pas sûr, elle s'était dit que les racontars avaient un fond de vérité. Jusqu'à quel point? Le portrait qui en avait été dressé par les personnes venues témoigner était peu flatteur et allaient dans le sens de cette image négative qui était colportée.

Alors, non, elle ne s'attendait pas à cette hésitation imperceptible, elle ne s'attendait pas à ce simple oui. Avait-elle prévu des répliques cinglantes? Certainement, elle les avait même escomptées. Et rien de plus cette indécision passagère et cette affirmation laconique signifiant qu'il supporterait le poids de la sanction consécutive à sa faute.

Toujours proche de lui, les yeux plantés sur son visage couturé de cicatrices, elle croisa les bras et dit d'une voix toujours posée :
_ Soit, je prendrai en compte cette réponse dans ma décision finale.
Il va de soi que vous devrez suivre une lourde pénitence. Je confierais bien celle-ci à l'évêque dont vous relevez mais il paraît que vous avez tenté de l'assassiner.
Une lueur étrange s'alluma dans son regard et elle murmura :
_ Je serai donc votre croix.

Et sur cette dernière réplique sybilline, elle se détourna et se dirigea vers la sortie, déclarant à la cantonnade :
_ Le décret d'annulation de mariage sera promulgué sous peu.
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Morte deux fois en trois jours, vise le triplé

[Tithieu]

La proximité du Cardinal devenait étouffante, oppressante. On aurait presque pu voir quelques gouttes d'une sueur froide rouler de ses tempes à ses joues, pour venir mourir au bord de ses lèvres.
Mais non, le Balafré préservait tout de mesme un minimum de sang froid, de contenance et de superbe. Ou en tous cas, il produisait des efforts surhumains pour ne pas perdre la face devant Ingeburge, tout Cardinal, Primat et personne Princière qu'elle estait. Ce n'estait qu'une femme comme les autres, après tout, et son pouvoir sur lui estait limité.
Tout au plus pourrait-elle l'excommunier, le chasser, la faire brûler si jamais il se montrait un poil trop frondeur dans l'accomplissement de sa repentance.

A ceste pensée il frémit. Pas question de faire le fier, de s'illustrer par son arrogance comme il en avait l'habitude. Faire bonne figure, montrer patte blanche et courber l'échine, ce serait pour lui un vrai calvaire, une véritable torture de l'âme.
Mais cela estait bien nécessaire pour le salut de son âme et de sa vie. Mérité, mesme. Ses nombreux déboires avec la justice ecclésiastique, avec l'Inquisition n'estaient pas apparus par l'opération du Sainct-Esprit. Il les avait cherchés, provoqués.

"_ Je serai donc votre croix."

Une lueur nouvelle dans le regard du Prélat Romain, intriguante, inquiétante. Elle allait l'avoir à l'oeil, et ils seraient appelés à se revoir durant sa pénitence. Celle-ci lui serait peut-estre plus facile à supporter que si Verty en avait esté en charge. Quoi que... L'attitude de la Princesse ne laissait rien présager de bon, et il savait qu'il n'estait pas au bout de sa peine. Aucun commentaire, à peine un léger signe de teste en guise d'approbation symbolique.
Ingeburge quittait déjà la pièce, le laissant seul avec sa solitude, confronté aux conséquences de ses nombreux impairs. Désespérant.
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Mort ! Bêtement.
C'est l'jeu, ma pauv' lucette.

[Ingeburge]

Ingeburge avait longuement réfléchi, compulsant diverses notes, consultant le droit canon et le dogme. Elle avait longuement contemplé l'épais dossier qu'elle avait fini par laisser sur le coin de sa table de travail.
Les jours avaient ainsi filé, laissant les intéressés dans l'expectative. C'est qu'elle ne voulait pas se laisser à la pitié à l'endroit de Myrtillia et à la colère contre Tithieu. Il lui avait donc fallu évacuer la passion irriguant toute l'affaire et se concentrer sur les faits et le droit.
Elle y parvint et retourna à sa plume pour coucher par écrit sa décision.

Peu de temps après, un clerc alla donc afficher le décret produit :

[myrtillia]

[castres]

La dona Myrtillia recu la missive, la lisant attentivement elle n'en cru pas un mot, elle s'y reprit a deux fois pour realiser.

Elle devait etre tout a son bonheur, pourtant il lui restait un gout amer dans la bouche, celui de la faiblesse, de l'echec et de la trahison.

Devenir incertain pour la blonde qui restait pantoise ... et maintenant ? Sa vie avait été son foyer, sa famille, son epoux, ses enfants ... elle l'avait tant aimé et l'aimait encore...

Elle griffona une lettre au cardinal entremélé de mots confus et de remerciements.

La chose etant faite elle resta la .. vide ... un long soupir

Et maintenant ?

[Tithieu]

Un clerc/bureaucrate estait venu afficher l'annonce décisive, du haut de sa froideur procédurière. Aucune surprise ni émotion pour le Balafré, resté à errer dans les couloirs de Rome en attendant le fameux verdict. Trop tard pour les regrets, pour les élans de passion.
Oui il aurait voulu refaire sa vie, épouser à nouveau une femme dont il serait épris, ou dont les titres lui paraitraient saillants... Mais rien ne peut se dresser contre la fatalité, celle là mesme qu'il avait luy mesme provoquer en se complaisant allégrement dans l'ébauche et l'adultère. "Vae victis"... Mais il n'avait pas esté en guerre, il n'avait faict que l'amour... Un peu trop d'amour, certes. Et avec un peu trop de partenaires différents, aussi. Mais l'amour reste l'amour, et il trouvait l'arrière-goût de défaite que luy laissait la décision du Cardinal contre-nature. Au moins, il pouvait se réjouir d'avoir obtenu l'autorisation de remariage pour son ex-épouse, limitant ainsi les dégats engendrés par son comportement...

Luy, il estait condamné. L'Inquisiteur en Chef, l'Anguille, avait refusé un réglement à l'amiable dans l'affaire de l'assassinat de Verty. Il allait tout droit à un procès Inquisitorial, à l'excommunication... Il n'avait plus grand chose à perdre, si ce n'est le salut de son âme. Et un nouveau combat s'engageait, pour obtenir celui-ci, avec l'aide de Dieu et de Verty, et en vertu de sa volonté sincère de s'en revenir parmi les brebis de la communauté Aristotélicienne, qui l'avait vu grandir et l'avait accompagné toute sa vie durant.
Son coeur chavirait en des flots d'angoisse à l'idée d'estre évincer de Sa communauté, et de ne plus pouvoir vivre sa Foi parmi les fidèles d'Aristote.
A 20ans seulement, il avait encore beaucoup à vivre et à apprendre, et il lui estait fort difficile d'imaginer le faire en dehors de sa religion, de sa culture de toujours... Un rictus désemparé vint se dessiner au bord de ses lèvres, alors qu'il s'en retournait en son hostel tout proche. Il attendrait l'annonce de sa pénitence, en ville...
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Mort ! Bêtement.
C'est l'jeu, ma pauv' lucette.