L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Adaïs]

Adaïs était perdue, à présent, mais elle s’en fichait. Tout ce qu’elle découvrait l’émerveillait, et si les faubourgs n’étaient pas comparables à la place d’Aristote, c’était tout de même follement excitant. Il y avait beaucoup de monde, à Rome, bien plus qu’elle n’avait pu en voir à Zürich ou à Foix. A chaque pas, son regard était attiré par autre chose, que ce soit par un cavalier venu délivrer un message aux dirigeants de l’Eglise, ou un haut bâtiment.

La fillette avait réussit à fausser compagnie à son père alors qu’il avait été accosté par un confrère, qui voulait des conseils, certainement. Avoir une grande place dans l’Eglise n’avait pas forcément que des avantages, et Adaïs en avait profité pour filer. Elle appréciait la compagnie du moine, mais c’était tout de même mieux de visiter Rome toute seule : elle pourrait ainsi tout voir sans qu’on la retienne.

De toute façon, MrGroar aurait sûrement bien à faire à parlementer avec ses pairs pour s’occuper d’elle. D’ailleurs, elle se débrouillait toute seule depuis assez longtemps pour ne plus avoir peur. La jeune fille avait traversé la moitié de la France, deux fois. Sa Normandie natale lui semblait bien loin, à présent. Tout comme, d’ailleurs, la froide Zürich, les hautes tours de Thorens ou la forêt de Foix. A présent, elle était à Rome, la plus grande ville qui lui avait été donnée de voir et elle comptait profiter de la situation.

Certes, ce n’était peut être pas aisé de se repérer dans la cité de l’Eglise, mais elle apprendrait bien. La seule barrière qui existait entre les Romains et elle était la langue, bien que la plupart des clercs parlent également le Français ou l’Allemand. Tout compte fait, tout irait bien. Quand son père commencerait à la chercher, elle serait bien loin. Quand il l’aurait retrouvée, elle aurait visité toute la ville. Oui, tout était bien.

Balisé [RP] par Kad.
_________________
Adaïs von Valendras
Vous pouvez utiliser mes MP RP

[Kad]

Le vieil homme marmonnait dans sa barbe tout en cheminant en direction de "ses quartiers", comme il aimait les nommer. Paré d'une soutane quelconque, du moins en apparence puisque possédant une valeur sentimentale inestimable, cadeau lointain d'une éminence l'ayant initié au diaconat quelques années plus tôt, lui faisant alors don de l'habit liturgique en question, l'Azayes battait le pavé de cette canne d'osier qu'il avait substitué à sa crosse primatiale. Ainsi vêtu, il lui était possible d'aborder les faubourgs sans escorte. La charogne hérétique pullulait parfois au beau milieu des bâtisses et hôstels sans que la garde pontificale ne puisse les en déloger. La superficie à surveiller était trop grande, incontestablement.

Le comte ne possédait de pied à terre aux environs de Roma. Il délaissait littéralement ses appartements de fonction du Fort San Angelo ou de la forteresse Motarde d'Ascalon. Il dormait bien souvent au bureau de la primatie, en son salon privé, qu'il rejoignait à toute heure du jour ou de la nuit compte tenu de son rytme déphasé. Il préférait rallier le Forez lorsqu'il s'accordait du repos, loin du tumulte Romain, en phase avec la nature. Il avait néanmoins acquis un palace souterrain, oh certes froid et lugubre, que l'on ne pourrait considérer comme habitable, et en lequel il ne se rendait que rarement, craignant que l'on ne repère l'endroit et le brigande.

Insérant une petite clé de bronze dans une serrure branlante, il s'engagea dans l'escalier, descendant chaque marche avec une extrême lenteur. Il craignait que ne se répète le drame de Notre Dame, lors des funérailles de la Reyne, durant lesquelles il s'était vu incapable de bouger, collé à son siège, tandis que l'assemblée attendait qu'il ne prenne la parole. Qu'aurait il fait alors si l'archevêque de Bourges n'avait volé à son secours comme un preux chevalier surgissant de nul part. Il n'y avait néanmoins point de héros en ces bas fonds. Aussi prenait il garde à ne pas se froisser le moindre muscle, désireux de remonter vivant de "ses quartiers".

Une seconde serrure, de bonne facture cette fois ci. Jouant du trousseau, Cyril libère les chaines et s'engouffre dans sa... cave. Des bouteilles par centaine se trouvent alignées. Bon nombre avaient été négociées lors de rencontres diplomatiques - pas fou le vieux - qu'il avait su mettre à profit. Ce ne fut qu'une fois que quelques millésimes sélectionnés avec soin se retrouvèrent nichées en sa lourde besace que le prélat rejoignit la surface, non sans prendre soin de refermer une à une les serrures.

Tandis qu'il arpentait de nouveau les rues des faubourgs pour rejoindre ses bureaux, le poids de son butin lui oppressait la colonne si bien qu'il dut envisager de s'octroyer une pause. La douleur ne passant, il ne sut que faire... Devait il abandonner son bien ? Certainement pas, il le boirait avant de repartir ou mourrait avec lui. Mais il n'avait pas soif et ne se sentait d'humeur à avaler la moindre goutte.

Une gamine passa. Le primat la héla :

Hého ma petiote. Oui oui, toi la bas... Approche... Aiderais tu un vieil homme à rapporter ses courses en son logis...
_________________

[Adaïs]

Adaïs se retourna en entendant une voix d’homme non loin d’elle. On l’appelait, visiblement, mais pas de la façon dont son père ou quelqu’un la connaissant l’aurait fait. La personne qui l’avait hélée était donc un inconnu. La fillette étudia un instant le visage de l’homme. Vieux, du moins, du point de vue d’une adolescente, l’air fatigué par un travail quotidien immense…il ne devait pas être l’un de ces Prélats qui…se prélassaient. Le mot était là.

Rassurée par l’apparence de l’homme – qui aurait bien du mal à lui faire du mal – Adaïs s’approcha et vit qu’il avait auprès de lui une besace à l’apparence lourde. Ca l’était, d’ailleurs, puisqu’il lui demandait de l’aide. La fillette n’hésita pas longtemps. Si elle était un peu sauvage du fait de sa vie en solitaire, elle n’était néanmoins pas cruelle et aidait volontiers qui le lui demandait.

- Oh, bien sûr, Monsieur.

Se montrer respectueuse avec quelqu’un de plus âgé qu’elle, voilà quelque chose qu’Adaïs avait apprit. Ca ouvrait bien des portes, ou du moins permettait d’obtenir assez facilement des récompenses toujours appréciées, du simple « merci » à la petite pièce. La petite s’approcha encore, puis reprit la parole.

- J’vais vous prendre ça.

Adaïs saisit à deux mains la besace du vieil homme et tenta de la soulever. Qu’est ce que c’était lourd ! Il avait mis des cailloux dedans, ou quoi ? Elle voulait bien l’aider, mais elle n’avait pas imaginé que ce serait si difficile. Bon, avec un peu de chance il n’habitait pas trop loin. Elle avait dit qu’elle l’aiderait, elle ne pouvait plus reculer.

Adaïs prit donc le lourd sac de Kad et le souleva de terre. Cette fois-ci, préparée au poids, elle réussit mieux à le soulever. Ca restait lourd, et le ne pourrait parcourir toute la ville avec, mais ça irait sur une courte distance.

- C’est par où ?

Avec un peu de chance, se dit-elle, le vieux l’emmènerait dans un coin de la ville inconnu d’elle. Cela lui permettrait de partir dans la découverte d’un autre endroit des faubourgs, et aussi d’effacer un peu plus les traces qui pourraient permettre à MrGroar de la retrouver. D’une pierre deux coups comme disaient certains.
_________________
Adaïs von Valendras
Vous pouvez utiliser mes MP RP

[Kad]

L'enfant semblait des plus serviables, ce qui paru des plus étranges au vieux clerc. Il faut dire que n'ayant lui même de progéniture, ses contacts avec la jeunesse se voyaient quelque peu limités. Certes, il entretenait des rapports avec son neveu, le fils de sa sœur Diane, mais n'avait que trop peu l'occasion de le croiser. Lui qui côtoyait les ronchons décrépis de Rome - dont il faisait bien évidemment partie - se figea un instant, dévisageant la petite qu'il sonda d'un œil inquisiteur.

Restant planté au milieu de la ruelle, il senti le traquenard à plein nez. Pour sur, des hérétiques fomentaient de lui piller son butin via ce petit ange innocent placé sur son chemin. Était il paranoïaque ? Peut être... Quoiqu'il en soit, quelques questions se devaient d'être posées. La fillette ne pourrait s'enfuir avec sa besace compte tenu du poids d'icelle. Tout au plus briserait elle les bouteilles, ce qui n'en serait certes pas moins dramatique.

Dis moi mon enfant, que font tes parents dans la vie ? Seraient ils membres de cette infâme secte du Lion, regroupant autour du violeur de mamies, le dit عبد الواحد, une colonie de dépravés buveurs de sang et mangeurs de doigts ?

Il plissa les yeux, conscient que la fillette ne vendrait le morceau s'il avait vu juste, mais entendait mettre à profit la réaction de l'inconnue pour infirmer ou confirmer sa thèse...
_________________

[Adaïs]

L’homme n’avait pas l’air de vouloir partir de suite, aussi Adaïs posa-t-elle le lourd sac au sol en attendant qu’il se décide. Elle ne comptait pas porter sa besace pour rien pendant qu’il pensait à des choses dont elle n’avait aucune idée. La petite avait en effet beau être jeune, elle n’était pas folle. Parcourir la moitié des Royaumes lui avait apprit combien conserver ses forces était important. Elle était loin d’imaginer que le vieux la soupçonnait de faire partie d’un complot contre lui.

La question de Kad raviva une foule de souvenirs dans la tête d’Adaïs. Ses parents…son père, elle le connaissait, à présent. Sa mère…que devait-elle dire ? Etait-elle cette bergère normande, ou feu la duchesse ? Dans tous les cas, la réponse n’aiderait en rien le vieil homme. La petite avait néanmoins compris que cette interrogation empêchait son « employeur » de faire un pas de plus dans les rues, aussi répondit-elle avec un haussement d’épaules.

- Mon père, l’est curé, et ma mère, l’est morte.

Curé…bien sûr Adaïs n’était pas encore au faite de tous les noms et fonctions des membres de l’administration romaine, et quand bien même MrGroar l’en aurait-il instruite qu’elle ne s’en serait pas souvenue. L’adolescente n’avait aucune disposition quant aux arcanes de la politique de l’Eglise. Son seul soucis était de s’amuser autant que possible, et de découvrir tous les recoins de cette merveilleuse ville. Tout le reste était compliqué. Trop compliqué.

La deuxième question de Kad laissa Adaïs sans voix. Elle n’avait pas compris un traître mot de ce que le vieux avait voulu dire. Lui aurait-il parlé en langue d’Oc qu’elle n’aurait pas pu répondre. Ce qu’elle lui avait déjà dit devait cependant lui suffire. Sinon, et bien il se débrouillerait tout seul pour porter son fardeau. Elle ne se gêna d’ailleurs pas pour demander :

- Zavez mis quoi là dedans ? Parce que c’est quand même vachement lourd !

Adaïs était à des lieues de s’imaginer que la besace contenait plusieurs bouteilles de vin. Elle savait bien sûr que les Croix Noires buvaient, parfois à l’excès, mais elle même n’avait jamais pu approcher ne serait-ce qu’à cinquante centimètres d’un pichet d’alcool. Elle ne comprenait donc pas l’intérêt que portaient les hommes à ce breuvage.

- Bon, on y va ?

L’impatience de la jeunesse. Adaïs ne savait pas que l’homme la prenait pour une comploteuse, et ne pensait donc pas que cette simple phrase puisse faire plus peur encore à l’ancien. Elle était encore jeune et (presque) innocente.
_________________
Adaïs von Valendras
Vous pouvez utiliser mes MP RP