L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Hardouin]

[HRP : RP ouvert à tous ceux qui voudront bien participer;
Je rappelle qu’historiquement certaines étuves appartenaient effectivement directement au clergé…
Si quelqu’un veut jouer un PNJ comme le barbier, le chirurgien ou un masseur, qu’il me le dise]


Hardouin séjournait souvent à Rome, mais il n'avait pas encore trouvé une bonne adresse pour ses bains.
Il y avait bien des bains plutôt agréables sur l'Esquilin, mais ils étaient franchement mal fréquentés...

Hardouin se décida donc en septembre d'acheter ses propres bains. Après une âpre négociation avec le propriétaire, il pouvait devenir l'heureux propriétaire des étuves privées de la rue Innocenzo III pour la modeste somme de 13 000 écus.

Seulement Hardouin n’avait pas alors une pareille somme, déjà endetté auprès d’usuriers spinozistes. Les terres de son archidiocèse n’étaient pas aussi prospères qu’il l’espérait… Contrairement à tous les principes aristotéliciens, il se servit alors du péculat de l’Ordre lescurien. Oui, il osa mettre l’argent de l’Ordre lescurien qui ne lui appartenait pas chez son prêteur spinoziste pour le faire fructifier, gardant pour lui-même les profits ainsi réalisés. Ce n’était pas à proprement parler un vol, mais…

Quoi qu’il en soit, il fit donc l’acquisition desdites étuves et entreprit quelques travaux; lesquels travaux nécessitaient encore de l’argent. Cette fois-ci, il piqua directement dans les coffres de l’Ordre. Après tout, qui verrait la différence ? Et puis, il rembourserait la somme par la suite, se disait-il, pour se donner bonne conscience.

Les étuves étaient divisées en deux parties : l’une était collective avec les piscines et l’autre plus ou moins intime avec des baignoires et des cuves d’étain un peu en retrait.

Hardouin avait finalement vu grand. Il faut dire que les coffres de l’Ordre lescurien renfermaient finalement beaucoup, les terres agraires et le verger attenants au couvent rapportaient bien plus qu’on pouvait le croire.
Les étuves se virent donc rénovées à la façon thermes antiques…

A défaut du marbre vraiment trop cher (l’OL n’était quand même pas l’Ordre franciscain), le stuc faisait son effet, d’autant que quelques mosaïques apportaient ça et là une touche de couleur. Une demi-douzaine de braseros apportait la chaleur en ce mois d’hiver.
S’il n’y avait pas de marbre, Hardouin s’était quand même permis de faire venir d’Afrique de l’ébène. Les dais ou baldaquins qui surmontaient certaines cuves étaient donc faites de ce bois rare, avec de la soie pour tissu.

Aujourd’hui était enfin le jour de l’ouverture. L’hypocauste qui datait justement de la Rome antique semblait fonctionner, la vapeur s’échappait donc de la partie réservée aux bains de vapeur, un crieur avait été envoyé pour annoncer l’événement, tout semblait prêt.

Hardouin était conscient tout de même qu’étant archevêque il ne pouvait se permettre de faire de ces étuves une bordèlerie ou une cassine. Il avait déjà eu l’audace d’acheter une statue grecque ithyphallique et de la placer dans les vestiaires… Il fit afficher par conséquent cet avertissement aux clients :

[Eldwin]

Le médecin l'avait prescrit, Eldwin avait obéit. En même temps il n'allait pas se faire prier. Passer une heure par jour dans des bains, alternant eau chaude, eau froide et vapeur était loin d'être le pire des remèdes pour une bonne guérison de sa jambe et son épaule. On avait par ailleurs rapporté au jeune homme que moyennant quelques pièces de jolies donzelles s'occupaient avec zèle de votre personne !

Deux jours passé au lit avaient été un calvaire pou Eldwin, il avait donc bien besoin de sortir. On avait conseillé l'établissement au jeune noble. Au début il avait hésité. Les faubourgs de Rome se divisaient en deux parties. Une à l'intérieur de la cité et l'autre hors les murs. L'établissement publique était en l'occurrence hors les murs mais avait été rénové, avait bonne réputation et était propriété d'un prélat aristotélicien, ce qui l'avait décidé.

L'après-midi commençait tout juste lorsque le coche déposa Eldwin aux étuves de Dame Trot. Sa bourse se vida considérablement dès son arrivée. Eldwin avait réservé une salle pour lui seul, comprenant les trois types de bains, et avait engagé pour l'occasion plusieurs jeunes femmes à la peau foncée. Cette envie d'exotisme lui avait un peu plus coûté d’ailleurs ! L'une des femmes le massait, la seconde jouait d'un instrument et la troisième, enfin, s'occupait de le satisfaire, de quelque façon que c'était ...
_________________

[Forth_With]

Rome était un étrange lieu. Bien plus fait de vautours et de hyènes qu'il n'y paraissait sous les oripeaux des faux semblants c'était bien souvent un nid de vipères. Forth s'en était vite aperçu. Il s'était rendu compte que les hommes seuls était parfois doux comme des agneaux. Mais étrangement ensembles tout devenait plus problématique.

Le jeune nonce ne maîtrisait pas encore toutes les arcanes et les affres de ce lieu. Et en ce jour il avait consciencieusement éviter la Place d'Aristote et les hautes tours pour se diriger progressivement vers les faubourgs.

Là aussi l'état n'était guère bien mieux. Des traînes misères qui cherchaient quelques écus, des voyageurs perdus, des prélats en rupture de bans, des orateurs de divers gammes qui prêchaient à tout rompre soit la fin du monde, soit le début d'un autre. Tout cela à l'ombre des olivier et du lière grimpant sur les façades. Des ruelles s'entrelaçaient et derrière les persiennes une autre vie se dessinait. On pouvait de temps en temps distinguer une silhouette qui observait la rue. Parfois même on eu l'impression que celle-ci fut nue.

Rome était une ville comme une autre et même si le centre de l'aristotélicisme n'était guère loin. Nier son autre facette c'était se voiler la face. Forth ne l'avait jamais fait mais la ressentir en pleine figure comme un coup de poing à la face lui fit tout drôle.

Il remontait donc une rue un brin plus grande que les autres et passa une petite place. Là des amoureux semble-t-il mimait un amour courtois qui ne semblait plus être très chaste si on s'intéressait de près à l'endroit où la main du jeune homme c'était glissé. S'en même se rendre compte de sa présence, sans doute du fait de sa tenue civile ou même s'il avait revêtit une aube les jeunes gens continuaient sans vergogne leur affaire.

Forth lui se contenta de hausser les épaules. Il ne savait trop si dans sa situation précise il devait s'indigner ou se contenter des choses. Finalement il abandonna même la question et arriva au bout de la rue. C'est là qu'il aperçut le panonceau annonçant des étuves. Interloqué plus qu'intéresser il s'en rapprocha. Il le lut avec attention, se demandant précisément ce qu'était cet endroit. Il avait bien connu certains soins thermales mais là il se demandait si une nouvelle fois Rome lui réservait des surprises.

Toutefois le jeune homme avait un certain temps à tuer et entra donc. Il ne vit alors personne à l'intérieur et chercha une présence.

Il y a quelqu'un ?
_________________

[Eldwin]

Etant venu en ce lieux dans des temps reculés où il était plus jeune Eldwin connaissait quelque peu les étuves de l'archevêque de Toulouse. Il y avait bien plus beau et mieux fréquenté que cet établissement mais il restait tout à fait convenable. Arrivé devant le bâtiment il quitta son carrosse, encapuchonné, pour plus de discrétion, et gagna l'intérieur. Là il fut accueilli par un serviteur.

Je suis le Père Eldwin de Volvent. Je viens rencontrer Monseigneur Hardouin, est-il déjà arrivé ?

Eldwin, intérieurement, se réjouissait de cette entrevue, tout à fait inutile, et de ce qu'il allait faire à Hardouin et son ami le Grec. Il leur avait peut-être d'ors et déjà donné quelques espoirs, futiles, et ce serait avec plaisir qu'il les balayerait. Il n'avait jamais pardonné à Odoacre sa folie envers lui, et il avait juré de se venger un jour, ce jour viendrait, tôt ou tard ...
_________________

[Hardouin]

Hardouin avait répondu à Eldwin à propos de l'affaire qui les concernait qu'il se tenait à disposition à "ses" étuves...
Un drôle d'embrouillamini d'ailleurs : Odoacre voulait faire tomber VincentDiftain (Hardouin n'était pas vraiment contre), Eldwin acceptait de faire un faux témoignage en échange sans doute d'une promesse d'Odoacre (mais laquelle ?) et Hardouin ne servait qu'à fournir des "preuves". Mais que gagnait vraiment le lescurien ? Il avait déjà fait beaucoup pour Odoacre, oui, il était bien un des seuls à l'avoir défendu à l'AEF. Et Odoacre lui en demandait encore une faveur ? Il fallait qu'Hardouin réfléchisse à un prix raisonnable pour "récompenser" sa participation.

Mais d'autres préoccupations le tourmentaient. Ce soir, il comptait et recomptait sa cassette personnelle. Il avait ramené ce quil pouvait de Toulouse; son procès l'angoissait. Il n'était pas assuré de gagner et l'amende risquait d'être lourde. Aussi avait-il transporté une grande partie de ses fonds à Rome pour empêcher la justice toulousaine de s'en saisir. Les saligauds ! Il n'était déjà pas bien riche. Ah, et ces maudites étuves qui ne lui rapportaient quasiment rien. Il aurait fallu que...

Interrompu dans ses pensées, Ercibald le prévint que le fameux Eldwin (qu'Hardouin connaissait finalement assez peu) était arrivé. Négligemment vêtu d'une toge à la mode antique, Hardouin vint à la rencontre d'Eldwin.

Mon frère, je vous souhaite la bienvenue.

Grand sourire.

Je n'ai pas l'insigne honneur de bien vous connaître. J'espère que vous allez pouvoir m'en dire un peu plus sur vous.

L'homme était-il riche ? Hardouin avait vaguement cru entendre qu'il descendait d'un famille fortunée. Une telle accointance pourrait, sait-on jamais, servir à Hardouin dans l'avenir.

Notre ami commun n'a pas vraiment détaillé le rôle que vous voudrez bien jouer dans notre entreprise. Vous désirez vraiment

Hardouin détacha les syllabes.

apprendre la cui-si-ne des plan-tes ?

Pour l'instant, souhaitez-vous que nous continuions notre conversation dans mon bureau ou préférez-vous discuter dans une des piscines de l'établissement ? La chaleur orageuse tenderait à vous faire apprécier les bains froids, qu'en dites-vous ?

Toujours le même masque. Un lescurien se doit d'accueillir avec le sourire.
_________________
Hors de l'Eglise, point de salut! (Saint Cyprien)

[Eldwin]

On informa Eldwin que l'archevêque était là et on alla le prévenir de son arrivée. Peu de temps après Hardouin arriva. En réalité Eldwin ne l'avait vu qu'en de rares occasions, il observa donc le prélat, qui en l'état avait autant d'éclat qu'un moine travaillant la terre de son monastère. Il lui donna malgré tout les salutations d'usages, en s'inclinant bien bas et en baisant son anneau épiscopal. A première vue l'homme semblait sympathique, mais Eldwin n'était pas dupe, et resterait donc méfiant. Pour sa part il ne sourit pas, il ne souriait jamais, ou alors qu'en de rares occasions.

Monseigneur, mes hommages. Je vous remercie pour votre accueil. Et ce sera avec plaisir que je me présenterais plus amplement à vous.

Un plaisir oui, mais surtout car il comptait bien révéler que quelques minimes et insignifiantes vérités et se contenter de vagues allusions pour le reste. L'homme ne le connaissait pas, c'était tant mieux, il préférait garder sa vie privée, privée. En dehors de ses proches, moins il y avait de personnes dans son cercle d'intimes mieux il se sentait. La langue était un organe bien trop mouvant pour lui faire confiance. Amusé par les paroles de l'archevêque, bien que restant tout à fait impassible en apparence, il se contenta de feindre l'ignorance à l'interrogation d'Hardouin.

Ma foi, Monseigneur, je ne sais vraiment à quel rôle on me destine moi-même. Quant à sa voir si je souhaite vraiment apprendre la cuisine des plantes, je le suis, du moment qu'elle n'est pas mortelle ...

Le ton de sa voix, sur ses dernières paroles, se voulait délibérément suspicieux. Il ne connaissait pas Hardouin, mais il n'avait aucune confiance en Odoacre, il resterait donc sur ses gardes tant qu'il n'aurait de certitudes sur ce qu'il devrait faire. Alors que l'archevêque lui proposait de continuer leur discussion dans les bains il secoua légèrement de gauche à droite. Certes il faisait chaud, mais ses habits de prêtre, en soie italienne, n'étaient pas si incommodants, et puis il n'était pas friand des entrevues privées en petite tenue dans des bains, surtout avec un homme qu'il ne connaissait pas.

Je préférais gagner l'intimité de votre bureau, Monseigneur, si vous le voulez bien.
_________________

[Hardouin]

[Eldwin]

Eldwin remarqua bien la petite moue du prélat. C'est vrai que le pauvre avait l'air d'avoir chaud, et souhaitait sûrement se rafraîchir, mais Eldwin n'en avait cure. Lui supportait bien la chaleur. Ils se rendirant donc dans le bureau d'Hardouin. Un bureau aussi bien rangé qu'une porcherie. Eldwin, malgré tout, resta impassible et prit place à l'invitation de l'archevêque. Le verre qu'il lui servit il le poussa et répondit d'un ton amical.

Je ne bois que du vin bourguignon, ou tourangeau, en provenance des terres de ma famille ou de grands crûs, mais merci, malgré tout, Monseigneur.

Puis il se concentra sur un sujet plus sérieux, celui qui l'amenait en ces lieux. C'était pour témoigner contre Vincent, en mentant honteusement et ouvertement, qu'ils avaient donc besoin de lui. Eldwin nota cependant une chose amusante qu'il reprit tout de suite.

Monseigneur de Corinthe est loin d'être mon ami ... bien au contraire. Seulement nous avons des intérêts communs pour certaines choses. Ce qui nous réunis.

Il réfléchit alors à la manière de répondre et plutôt que d'opposer un refus et et catégorique joua de prudence.

Je trouve étonnant que l'évêque de Périgueux, lui si averti et connaisseur, ne sache pas que Son Eminence Diftain d'Embussy est un proche de ma famille ... Vous vous donc bien, Monseigneur, que j'ai certaines réticences à vouloir témoigner contre ce prince d'Eglise qui en somme n'a rien à se reprocher si ce n'est d'avoir contrarié une nouvelle fois les ambitions débordantes de votre confrère grec.

Légère pause avant de continuer.

Avant de vous donner une réponse claire et précise pouvez-vous, Monseigneur, m'expliquer qu'elle est cette odieuse machination dont vous parlez ?
_________________

[Hardouin]

[Eldwin]

L'archevêque ne fut tout d'abord pas très content du refus d'Eldwin. Il tenta ensuite de le convaincre que Vincent avait bel et bien causé du tord au Grec, ce dont Eldwin doutait, mais il n'eut pas le temps de continuer qu'Hardouin, ajouta, très peu amical, qu'il n'était pas celui dont il avait besoin, l'insultant au passage. Se levant à son tour Eldwin répliqua, d'un ton dur et moqueur au prélat.

D'une personne souhaitant en savoir plus sur la vérité et d'une autre voulant faire faux témoignage pour sauver son céans, je pense que c'est la seconde qui est une pucelle effarouchée.

Sur ces mots il ne chercha pas à ajouter quoi que ce soit, ne dit même pas au revoir à l'archevêque, se contentant d'un petit signe de tête et il tourna les talons. Comme il s'y était tout d'abord attendu l'entretien n'avait servi à rien, si ce n'est rencontré cet homme.
_________________