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L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Forum RP de l'Eglise Aristotelicienne du jeu en ligne RR Forum RP for the Aristotelic Church of the RK online game 
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Ecclesiae Theatrum

Inscrit le: 31 Oct 2008 Messages: 7
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Posté le: Ven Oct 31, 2008 6:27 pm Sujet du message: [RP] Ecclesiae Theatrum |
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Dans une cave de Rome, une pièce était jouée...
Les spectateurs étaient nombreux et parfois hauts-placés au Saint-Siège...
Citation: | Ecclesiae Theatrum
Acte I
L’entièreté de l’acte se déroule sur une place qui doit en tous points rappeler la place d’Aristote.
Scène 1
Un chevalier italien, un fidèle
Un homme chevauchant un noir destrier arrive place d’Aristote et hèle un fidèle qui passait par là.
Il doit avoir un accent italien fortement marqué, presque surjoué, et parler en faisant de grands signes avec les mains.
Le chevalier italien : Scuse signore, parla italiano ?
Le fidèle, interloqué : Euh… Commode Latinum diceo ? … Euh…
Le chevalier italien : No Latino ! Italiano ! Da Italia !
Le fidèle, montrant qu’il ne comprend pas : Uhhh ?
Le chevalier italien, soupirant : Per Aristotele, Que Francese cretino !
Le fidèle : Je rêve où il m’insulte ?
Scène 2
Le chevalier italien, le fidèle, un curé
Un curé, qui passait par là : Eh bien, quel est ce remue-ménage ? Qui fait tant de bruit aux abords de lieux saints ?
Le fidèle : Beh, msieur mon père de la Très Sainte Eglise, cet homme que je ne connais ni de Christos ni d’Aristote qui m’a abordé dans une langue que j’ai cru identifié comme étant le latin, mais qui en fait ne parle pas plus latin que moi…
Le curé, originaire des Flandres : Diable mon fils, vous avez la langue bien pendue ! Et à propos de langue, voyons voir une fois laquelle parle cet estranger !
Il s’avance vers le cavalier.
Le cavalier italien : Parla italiano, padre ?
Le curé : Ah oui, en effet cette langue m’est inconnue… Bien, je viens de suivre un séminaire sur la diplomatie au monastère Saint Benoît, et l’on m’a remis un petit guide de conversation pour locuteurs étrangers… Voyons voir…
Le cavalier doit montrer des signes de lassitude fort peu dissimulés.
Le curé : Hello ! How do you do ?
Le cavalier italien : …
Le curé : Eh non, visiblement il ne comprend pas.
Le fidèle : C’est beau, la science. Rien que pour ça j’ai envie d’entamer votre séminaire !
Le curé : Ah ne vous en mêlez pas, vous ! Mmmmh, voyons voir… Hallo, spreek je Nederlands ?
Le cavalier italien : Padre cretino anche !
Le curé : Mais… Il m’insulte ?!
Le fidèle : Nooooon… Il n’oserait pas…
Le curé : Ah ça suffit hein, vous ? Sinon j’vous fait excommunier, brûler puis empaler !
Le fidèle : Ou l’inverse.
Le curé : Très juste.
Scène 3
Le chevalier italien, le fidèle, le curé, une duchesse françoyse
Une duchesse françoyse : Eh bien, quel est ce remue-ménage ? Qui fait tant de bruit aux abords de…
Le fidèle, l’interrompant : On commence à la connaître, cette formule…
Le curé : Ben, votre grasce resplendissante, ce cavalier parle une langue que je n’arrive pas à identifier, et pourtant je suis élève au séminaire Saint-Benoît et j’ai un petit livre de conversation pratique…
Le cavalier, qui avait entre-temps sorti un manuel identique à celui du curé : Moi parler Italien ! Moi pas bien comprendre français mais pouvoir essayer par livre ici !
Le curé : Et pourquoi cet imbécile ne l’a-t-il pas dit plus tôt ?!
Le fidèle : C’est comme ça qu’on vous apprend à parler, au séminaire ?
Le curé : Votre grasce luminescente, vous êtes témoin ! Ce paltoquet m’a manqué de respect !
La duchesse : Allons mon père, calmez-vous… Il suffit que j’arrive pour que tout s’arrange. C’est à se demander pourquoi ils ne m’ont pas encore nommé évêque. Ou Archevêque.
Le fidèle : Ou Pape. Mais peut-être est-ce parce que vous êtes mariée ?
Le curé s’esclaffe
La duchesse : Ca vous fait rire ?! Enfin soit, passons. Je vais vous montrer comment on parle à un diplomate étranger.
Elle s’approche du cavalier qui, entre-temps, a commencé à manger son manuel et a viré au rouge pivoine.
Le duchesse : Ciao, essere io duchessa francia. Io Italia parlare. Cosa volere tu ?
Le chevalier, dont la couleur du visage avait foncé un peu plus à chaque phrase de la duchesse, tourna rapidement quelques pages de son manuel avant de hurler à la duchesse : Toi parler quelle langue ?! Moi rien comprendre ! Moi juste parler français et italien, alors toi parler un des deux sinon moi rien comprendre !
Le fidèle : En voilà un qui devrait s’inscrire au séminaire Saint-Benoît…
RIDEAU |
_________________
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Odoacre

Inscrit le: 12 Mai 2007 Messages: 5478 Localisation: Archevêque de Rouen
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Posté le: Ven Oct 31, 2008 9:20 pm Sujet du message: |
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Odoacre n'avait pas reçu d'invitation, aussi n'assista-t-il pas à la représentation, mais cela l'aurait certainement procuré quelque motif de s'esclaffer franchement. _________________ Primat de France, Archevêque de Rouen et Inquisiteur de la Foi
Odoacre est sur Twitter !
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Ecclesiae Theatrum

Inscrit le: 31 Oct 2008 Messages: 7
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Posté le: Sam Nov 01, 2008 2:48 pm Sujet du message: |
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Il n'y avait nul besoin de recevoir une invitation pour profiter du spectacle...
Les acteurs marquaient une courte pause avant de commencer l'acte II... _________________
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v.Klausen

Inscrit le: 14 Mar 2008 Messages: 124
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Posté le: Sam Nov 01, 2008 5:22 pm Sujet du message: |
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A Bologna due turisti stranieri passando davanti ad una vetrina di ffrutta e verdura vedono delle noci particolari, mai viste prima. Decidono di entrare e chiedere informazioni al commesso: "Excusez-moi Monsieur, nous voulions savoir comment appeler"
Il commesso guardandoli con aria stranita gli risponde: "al sa pel brisa al s'amacan". I due turisti attoniti ribadiscono: "désolé, mais ne veulent pas de brisa.Nous voulions savoir comment appeler "
Il commesso che cominciava a inquietarsi disse: "Se non sa pel brisa cum fa a magnerla?".
I due turisti rimasero ammutoliti.
Il commesso che non ne poteva più aggiunse: " ma cun ste nus sa io da fer? al vo o al vo brisa. Basta che al dezidiam, am son già gnu su i maron".
I turisti non sapendo più cosa fare dissero: "si nous ne savons pas comment appeler ne pas acheter."
Il fruttivendolo inferocito sbraitò: " Ma soc'mal ben. Am per ad sugner, se al vol cumprè brisa ste nus, cosa set gnu a fer intal negozi. Ciapè su ai vostri straz e turne a cà vostra. _________________ Frà Panphilo v. Klausen Hohenstaufen
Principe Sovrano Maestro dell'Ordine dei Cavalieri del Tempio Aristotelico
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Arthur de Nivellus

Inscrit le: 24 Juil 2008 Messages: 2786 Localisation: Archevêque Métropolitain de Vienne
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Posté le: Dim Nov 02, 2008 10:09 am Sujet du message: |
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Le Père Tutur rigolais, voyant la pièce de théâtre et l'incompréhension entre plusieurs individu parlant des langues différentes essayant alors de se faire comprendre, le Curé qui s'énerve et jure par moment...
Bravooooo!!!! Le Père Tutur sifflait et applaudissait
Alors inscrivez vous au Séminaire Saint Benois! lol
http://cistercien.forumactif.com/forum.htm _________________ Je vie dans cette frustration de voir notre Sainte Église se faire dégommée par cette soif de pouvoir que les clercs subissent en imaginant avoir de la reconnaissance qu'ils n'auront jamais! Reconnaissance = remerciements des fidèles, oubliez un merci de la Curie ou des autres évêques! Curé, profitez et restez curé tant que vous le pouvez!
Moi j'ai connus l'époque où les cardinaux se sortaient les doigts du cul! (Jeandalf par exemple!) |
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Marcolando
Inscrit le: 30 Oct 2008 Messages: 13 Localisation: Italia
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Posté le: Dim Nov 02, 2008 12:29 pm Sujet du message: |
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[RP OFF] Bellissimo esempio di Gioco , complimenti la Curia oltre che essere luogo spirituale , e' veramente un ottimo esempio di come si puo' ridere insieme
maledetti traduttori automatici
Tres bel exemple de Jeu, tu complimentes la Curia au-delà de quel être lieu spirituel, est vraiment un excellent exemple de comme on peut rire ensemble
maudits des traducteurs boutons-pression
[RP ON]
Marcolando rimase stupito che un suo intevento avesse potuto ispirare il teatro , e non era interessato al fatto che fosse visto buono o cattivo , era contento di vedere che in questa casa di Aristotele tutti meritavano attenzione.
In attesa del secondo atto inizio' a conversre con alcuni uomini illustri
Marcolando resta étonné que son intevento avait pu inspirer le théatre, et n'était pas intéressé au fait qui était vu bon ou mauvais, il était content de voir que dans cette maison d'Aristote tous méritaient de l'attention.
En attente du acte II le Marquis Marcolando entama à conversre avec quelques hommes illustres _________________ Giovanni Marcolando Borromeo - Marchese di Carrara
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Ecclesiae Theatrum

Inscrit le: 31 Oct 2008 Messages: 7
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Posté le: Mar Déc 09, 2008 7:28 pm Sujet du message: |
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La relativité du temps n'était absolument plus un mystèe à Rome.
Aussi, personne dans l'assemblée ne s'étonna du thème de l'acte second : tous étaient persuadés de n'avoir patienté qu'une dizaine de minutes, temps moyen d'un entracte au théâtre.
Citation: | Acte II
L’entièreté de l’acte se déroule dans une salle qui doit en tous points rappeler le chapelle Saint Arnvald.
Scène 1
UN GRAND NOMBRE DE CARDINAUX, DE GREFFIERS ET DE PERSONNES ASSISTANT À L’AUDIENCE ; UN ÉVÊQUE.
Le premier cardinal déroule un parchemin qu’il doit lire avec la plus grande mollesse vocale possible.
PREMIER CARDINAL : En ce trente et unième jour du moy de Février de l’an de grasce MCDLVI, je déclare ouverte l’audience dans l’affaire opposant l’évêque émérite Machin à Son Eminence Chose. Monseigneur Machin sera représenté par son avocat, Son Eminence le Cardinal Bidule.
L’ÉVÊQUE, se levant brusquement, hurlant : Ceci est une mascarade ! Une hoooonte !
SECOND CARDINAL, assis à la place de l’avocat de l’accusé, bas, à son client : Silence, imbécile.
PREMIER CARDINAL, d’un ton de fonctionnaire haineux : Monseigneur Machin, veuillez je vous prie garder le silence et laisser votre avocat s’exprimer pour vous. Je disais donc, l’audience est ouverte. Le verdict sera rendu par les juges Riri, Fifi et Loulou. L’audience sera présidée par le Cardinal Truc.
Un temps.
Eeeeeh, mais c’est moi, ça ?!
L’ÉVÊQUE, se levant brusquement, hurlant : Ceci est une infamie ! Un complot ! Ce Cardinal d’opérette s’y connaît autant en justice que moi en culture des cornichons !
SECOND CARDINAL, bas, à son client : Silence, imbécile.
PREMIER CARDINAL : Monseigneur Machin, veuillez je vous prie garder le silence et laisser votre avocat s’exprimer pour vous.
Un temps.
De plus, c’est très bon, les cornichons.
Un temps.
Le cardinal se penche vers un greffier installé à un pupitre, juste en-dessous de l’estrade sur lequel le cardinal et d’autres se trouvaient.
Bas : Pssst… On fait quoi maintenant ?
PREMIER GREFFIER, bas, à un de ses confrères assis juste à côté : Quel bouffon, cet empourpré de pacotille !
SECOND GREFFIER, bas, au premier : Tu l’as dit, bouffi !
PREMIER GREFFIER, haut, au cardinal : En principe, vous devez appeler à la barre le premier témoin, votre Eminence.
PREMIER CARDINAL : Merci. Que l’on fasse entrer le premier témoin !
PREMIER GREFFIER : Pssst… Il faut préciser son identité.
PREMIER CARDINAL : Mon Dieu, que c’est compliqué ! Eh bien, que l’on fasse entrer le premier témoin… Euh… Qui est-ce, déjà ?
PREMIER GREFFIER : Son Eminence Chose.
PREMIER CARDINAL : Ah oui, j’avais failli oublier que j’allais devoir la supporter. Eh bien, que l’on fasse entrer le premier témoin, Son Eminence Chose !
Scène 2
LES MÊMES.
Une femme tout de pourpre vêtue s’avance à la barre. Sa voix doit être des plus grinçantes.
PREMIER CARDINAL : Eminence Chose, vous comparaissez aujourd’hui devant le tribunal de la Très Sainte Inquisition en qualité de témoin. Pouvez-vous, je vous prie, dire à ce tribunal tout ce que vous savez sur l’affaire qui nous préoccupe.
L’ÉVÊQUE, se levant brusquement, hurlant : Tissu de mensonges ! Sophismes que tout cela ! Ce qu’elle a dit est faux du début à la fin ! Je le jure sur le Livre es Vertus, devant Dieu, sous le regard d’Aristote et sur la tête de Son Eminence Chose !
SECOND CARDINAL, bas, à son client : Silence, imbécile.
PREMIER CARDINAL : Monseigneur Machin, veuillez je vous prie garder le silence et laisser votre avocat s’exprimer pour vous. Eminence Chose, nous sommes toute ouïe.
Bas, se penchant vers le greffier : Dites-moi, mon fils, est-ce que ça va être encore long ? C’est que je n’ai pas envie de passer la journée à moisir dans cette chapelle, moi…
PREMIER GREFFIER : Ah ben tout dépend de vous Votre Eminence… Vous pouvez décider de rallonger l’audience en demandant des témoignages complémentaires, ou bien l’écourter en évinçant certains témoins…
PREMIER CARDINAL : Je peux faire tout ça, moi ?!
PREMIER GREFFIER : Vous êtes bien Grand Inquisiteur, non ?
PREMIER CARDINAL : Ben… Euh…
Regarde rapidement un parchemin scellé par le sceau de la Curie.
Nomination de Son Eminence Machin Truc au poste de Grand Inquisiteur… ‘Faut croire que oui, mon fils !
PREMIER GREFFIER : Ben alors vous pouvez faire tout ça, oui.
PREMIER CARDINAL : Trop cool !
TROISIÈME CARDINAL : Si jamais j’interromps votre petite discussion je peux m’en aller et revenir témoigner plus tard…
PREMIER CARDINAL : N’en faites rien, ma sœur ! Parlez, nous vous écoutons !
TROISIÈME CARDINAL : Eh bien voilà. Tout a commencé lorsque Monseigneur Machin a…
PREMIER CARDINAL, l’interrompant : Merci infiniment votre Eminence, ces paroles vont nous être d’une grande utilité. Nous n’avons aucune question et sommes persuadé qu’il en va de même pour la défense.
SECOND CARDINAL : En fait, j’aurais aimé savoir…
PREMIER CARDINAL : Désolé, votre temps de parole est écoulé !
SECOND CARDINAL : Mais…
PREMIER CARDINAL : Témoin suivant !
SECOND CARDINAL : Enfin…
PREMIER CARDINAL : Et silence où je fais évacuer la salle !
Bas, d’un ton enfantin : J’ai toujours rêvé de dire cela !
SECOND CARDINAL : Je voudrais simplement…
PREMIER CARDINAL : Encore un mot et j’adjoints à votre client une amende pour outrage à la Cour !
SECOND CARDINAL : C’est un comble !
L’ÉVÊQUE, jubilant : Silence, imbécile.
PREMIER CARDINAL, très vite : Les derniers témoignages ayant été concluants, l’audience est suspendue, les juges vont délibérer.
Un des cardinaux restés en retrait s’avance.
QUATRIÈME CARDINAL : Mais, mon frère…
PREMIER CARDINAL : Votre Eminence.
QUATRIÈME CARDINAL : Votre Eminence, ne devriez-nous pas entendre quelques témoins avant d’entrer en délibérations ?
PREMIER CARDINAL : On vient de le faire !
QUATRIÈME CARDINAL : Mais je voulais dire, d’autres témoins ?
PREMIER CARDINAL : Pas la peine. Je n’aime pas quand les choses traînent en longueur.
QUATRIÈME CARDINAL : Permettez-moi tout de même d’exprimer toute l’indignation envers ces méthodes qui…
PREMIER CARDINAL, les joues légèrement empourprées : Eh bien si vous n’êtes pas content, vous pouvez aller voir ailleurs ! Je crois qu’ils recrutent, dans l’Office des Récureurs des Latrines Papales !
Un temps.
Le cardinal reste immobile.
PREMIER CARDINAL, rouge vif : En des termes simples : votre présence ne nous est pas indispensable. Vous pouvez disposer.
Un temps.
Aucun mouvement.
PREMIER CARDINAL, rouge pivoine : Je ne vous retiens pas !
Un temps.
Aucune réaction.
PREMIER CARDINAL, dont les joues sont plus pourpres que ses habits : Dégaaaaaaageeeeeeez !
Le cardinal quitte la scène.
PREMIER CARDINAL : Ah, ça fait du bien.
Se tournant vers les deux cardinaux restants :
Bon, cette délibération, on y va ?
CINQUIÈME CARDINAL : Désolé mais devant cet emportement subit je me retire des délibérations.
Il quitte la salle par la même porte que le précédent.
Le regard du cardinal se tourne vers le seul qu’il reste.
SIXIÈME CARDINAL : Ben… Puisque c’est comme ça… Moi aussi.
Il quitte la salle par la même porte que les précédents.
Le cardinal restant doit imiter à l’exagération des bruits de larmes et des sanglots.
PREMIER CARDINAL : Eh ben puisque c’est comme ça, moi, je vais prétexter que je suis malade, na ! Je serai pas le premier à me faire porter pâle !
Il quitte la salle par la même porte que les précédents.
Un temps.
L’ÉVÊQUE : Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
SECOND CARDINAL : On discute ?
L’ÉVÊQUE : Vous avez lu les révélations sur Son Eminence Chose, dans la dernière « Dépêche du Pèlerin » ? Edifiant !
TROISIÈME CARDINAL : J’en ai ma claque, moi. J’me tire.
Elle quitte la salle par la même porte que les précédents.
Scène 3
SECOND CARDINAL, SEPTIÈME CARDINAL, L’ÉVÊQUE, UN GRAND NOMBRE DE GREFFIERS
Un septième cardinal entre dans la chapelle.
Les greffiers et spectateurs, ainsi que l’avocat et son client, doivent dormir en émettant des ronflements des plus bruyants.
PREMIER GREFFIER, réveillé par les bruits de pas, annonce : Son Eminence le Cardinal Bazard !
Bas, au cardinal : Que faites-vous ici Eminence ? Nous sommes en pleine audience, dans l’attente d’un nouveau Grand Inquisiteur !
SEPTIÈME CARDINAL, bas mais majestueux, fier et dédaigneux comme un paon : Nous sommes.
Haut : Nous sommes le nouveau Grand Inquisiteur de la Très Sainte Inquisition de la Très Sainte Eglise Aristotélicienne, Une, Indivisible et Romaine, nommé par Son Eminence le Cardinal-Camerlingue, le Très Saint…
PREMIER GREFFIER, l’interrompant : Oui bon, on a compris.
SEPTIÈME CARDINAL, après avoir jeté un regard méprisant au greffier : Nous allons rendre verdict dans cette affaire. Eu égard de notre grande expérience, nous n’avons guère besoin de consulter des confrères.
Il jette ensuite un regard au dossier apporté par un greffier ; et ce pendant un maximum de 10 secondes.
Mmmmh… Je vois…
Il monte sur l’estrade d’une démarche impériale.
D’un ton arrogant : Nous, Notre Eminence Bazard, Grand Inquisiteur de la Très Sainte Inquisition de la Très Sainte Eglise…
PREMIER GREFFIER, l’interrompant : Allez droit au but, Eminence !
SEPTIÈME CARDINAL : Nous avons décidé de rendre le suivant verdict dans l’affaire opposant…
Il jette un rapide coup d’œil au dossier.
Son Eminence Chose à…
Nouveau coup d’œil.
PREMIER GREFFIER, bas : A Monseigneur Machin !
SEPTIÈME CARDINAL : A Monseigneur Machin. Nous déclarons Monseigneur Machin… Euh…
Un temps. Le cardinal jette un regard désespéré au greffier.
PREMIER GREFFIER, bas : Coupable !
SEPTIÈME CARDINAL : Coupable. En vertu de cela, nous le condamnons à…
Un temps. Le cardinal doit faire semblant de réfléchir, avant d’apercevoir un bol de soupe aux orties posé sur le pupitre du greffier.
A se faire fouetter par des orties !
Le cardinal donne un vif coup de marteau sur son lutrin.
L’affaire est classée, l’audience est levée !
RIDEAU |
[ Nombreux édits pour remise en forme, aucune modification de fond ] _________________

Dernière édition par Ecclesiae Theatrum le Dim Déc 14, 2008 1:42 pm; édité 8 fois |
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Eldwin

Inscrit le: 13 Nov 2008 Messages: 1876 Localisation: Repose en Paix en sa chère Bourgogne !
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Posté le: Mar Déc 09, 2008 7:48 pm Sujet du message: |
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La pièce terminée toute la foule se leva et acclama les acteurs durant de longues minutes. Un jeune homme encapuchonné et très discret pour ne pas être reconnu était du nombre. Alors que la salle se vidait et que tous louaient le génie de l'auteur de la pièce Eldwin ne put qu'approuver par des hochements de têtes vigoureux. _________________
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Ecclesiae Theatrum

Inscrit le: 31 Oct 2008 Messages: 7
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Posté le: Jeu Jan 07, 2010 10:41 pm Sujet du message: |
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Un an. Qu’est-ce qu’un an pour Dieu ? Rien. Dieu est en dehors du temps. Qu’est-ce qu’un an pour l’éternité ? Rien. L’éternité, c’est long, surtout vers la fin. Nul ne fut donc surpris, à Rome, de voir resurgir le théâtre de l’Église après une année d’absence.
Citation: | Acte III
L’entièreté de l’acte se déroule dans une salle qui doit en tous points rappeler la curie.
Scène 1
UN GRAND NOMBRE DE CARDINAUX, UN GREFFIER
Une table immense trône au milieu de la salle avec, de part et d’autres d’elle, d’innombrables chaises. Derrière une chaise sur trois, un cardinal se tient debout.
C’est le cardinal debout derrière la chaise en chef de table qui prend la parole le premier.
PREMIER CARDINAL, solennel : En ce jour béni, nous, Son Éminence Bidule *, déclarons ouverte la séance du sacré collège. Nous allons procéder à l’appel. Éminence Chose ?
GREFFIER, hésitant et mal à l’aise : Son Éminence s’est excusée. Elle est partie faire du traîneau en Savoie.
PREMIER CARDINAL : Mmmh… Bien. Éminence Truc ?
GREFFIER, encore plus hésitant que la première fois : Son Éminence s’est excusée. Elle est partie fêter la Saint-Noël en famille.
PREMIER CARDINAL : En famille ?
GREFFIER : Avec ses cousins et ses neveux, bien entendu.
PREMIER CARDINAL : Ah, j'ai eu peur. Éminence Untel ?
GREFFIER, fortement empourpré : Son Éminence s’est excusée. Elle nous a fait parvenir un Messager à Pieds. Souhaitez-vous que je vous en fasse la lecture ?
PREMIER CARDINAL : Faites, mon brave, faites.
GREFFIER, après s’être raclé la gorge : Je lis donc : « Salut les aminches. Je vous écris depuis le couvent portugais où j’ai pris retraite. Ici, les gens sont très accueillants. La bibine coule à flots et les nonnes ont une autre définition de la vertu que la nôtre. J’espère qu’à Rome, tout baigne. Je vous ramènerai des tonneaux de Porto à mon retour. Mort aux spinotruc et aux averromachin, et que la Boulasse soit avec vous. Tchuss les poteaux. Signé : Untel. »
Court instant de silence.
PREMIER CARDINAL, après quelques regards fuyants : Ahem… Eh bien… Je… Vous répondrez à Untel que… que je… que nous… vous lui répondrez quelque chose de bien.
Court instant de silence.
Dites-mois, je n’ai pas envie de noter les absents si cela doit me prendre une heure. Combien de cardinaux sont absents, greffier ?
GREFFIER : Environ les deux tiers, Éminence.
Le cardinal suffoque. Le cardinal à sa droite lui donne de grandes tapes dans le dos et lui fait boire de l’eau.
PREMIER CARDINAL, articulant difficilement : D-d-d… D-deux… T-t-t… T-tiers ?
GREFFIER, manifestement plus mal à l’aise que jamais : Oui, Éminence.
PREMIER CARDINAL : En ce cas, noter les absents sur le registre nous prendrait trop de temps.
DEUXIÈME CARDINAL : Ben, on n’a qu’à noter les présents, mon frère.
PREMIER CARDINAL, après avoir foudroyé du regard le deuxième cardinal : Siégeons, mes frères.
Tous les cardinaux s’assoient. Le greffier quitte la pièce précipitamment.
Scène 2
LES CARDINAUX
DEUXIÈME CARDINAL : Dites, mon frère, moi et plusieurs de mes collègues, on n’a pas que ça à faire. Entre les dévotions à sainte Boulasse et les vacan… les pèlerinages… On a déjà perdu beaucoup de temps, serait-il possible d’accélérer le rythme ?
PREMIER CARDINAL, après lui avoir jeté un regard noir : Bien, commençons. À l’ordre du jour : la prise de la capitale béarnaise par le Lion de Judas.
TROISIÈME CARDINAL, bondissant sur la table, une arme d’apparat au poing : Moooort aux hérétiiiiiiiiiiiques !
Ses deux voisins se précipitent alors sur lui, le rassoient et lui font boire de l’eau.
PREMIER CARDINAL, bas, à son voisin direct : Rappelez-moi de rappeler aux médicastres de toujours lui faire prendre ses cachets avant nos séances. La dernière fois, il a fallu me transpercer la panse lorsque j’ai parlé de concessions au pouvoir temporel.
Haut : Je disais donc, la prise de Pau par le Lion de Judas. Qu’en pensez-vous, mes frères ? Doit-on appeler à la croisade contre Genève, commanditaire de cette prise ?
Court silence.
TROISIÈME CARDINAL, tapant du poing sur la table à une dizaine de reprises, de la bave sortant de sa bouche : Ouiiiiiiiiiiii ! Sonnons l’hallali de ces chiens ! Brûlons-les tous, Dieu reconnaîtra les Siens !
Même rituel.
PREMIER CARDINAL, après avoir épongé quelques sueur ayant perlé sur son front : Humpf... Bien. Je vous écoute.
DEUXIÈME CARDINAL : Une croisade, une croisade… Cela va nous coûter de l’argent nous faire tuer des innocents, donner une image négative de notre Église… Sans compter que cela va nous donner du travail en plus.
QUATRIÈME CARDINAL : Je vote contre, étant sensible aux arguments de mon frère.
Bas : Surtout au dernier.
DEUXIÈME CARDINAL : Sans compter que nous avons déjà lancé une croisade contre Genève et que nous nous y sommes cassés les dents. Bis repetita… et on connaît la suite. Une croisade est le pire moyen que nous avons de traquer l’hérésie, je l’ai toujours dit.
Tous les autres cardinaux approuvent.
PREMIER CARDINAL : La proposition de croisade est rejetée. Passons au sujet de l’ordre du jour suivant : l’argumentation des dédommagements des frais professionnels liés aux voyages.
DEUXIÈME CARDINAL : Aaaah, enfin une discussion digne d'intérêt !
Scène 3
LES MÊMES, UN GARDE PONTIFICAL
Un garde pontifical entre dans la salle après avoir frappé à la porte.
GARDE PONTIFICAL : Messeigneurs, je suis porteur d’une missive qui m’a semblé suffisamment urgente pour nécessiter l’interruption de votre séance.
PREMIER CARDINAL : Nous allons voir si cela était effectivement justifié.
Puis, après avoir pris connaissance de la lettre : Mmmmh… Je vois. Je vous remercie. Vous avez bien agi.
GARDE PONTIFICAL, avant de quitter la pièce : Pax vobiscum.
PREMIER CARDINAL : Mes frères, l’on m’annonce officiellement que de nombreux hauts dirigeants françoys ont levé des armées pour la sainte croisade et nous ont offert de gérer militairement les offensives contre Genève.
Long silence.
TROISIÈME CARDINAL, se levant brusquement et levant le poing en l’air : Aaaaaaaaad majoreeeeeeeeem Deiiiiiii gloriaaaaaaaam !
Immuable rituel.
PREMIER CARDINAL : Ahem… Bien. Qu’en pensez-vous, mes frères ?
Silence.
DEUXIÈME CARDINAL : Eh bien… Si le pouvoir temporel lève lui-même une armée, cela ne nous coûtera pas un écu et nous déchargera de toute initiative… Et si les hauts dirigeants se proposent de mener l’offensive, cela nous laissera bien peinards sous le soleil romain.
QUATRIÈME CARDINAL : Je vote pour, étant sensible aux arguments de mon frère.
Bas : Surtout au dernier.
TROISIÈME CARDINAL, pour lui-même : Tiens… J’ai une drôle d’impression de déjà-vu…
PREMIER CARDINAL : Il est tout de même étrange que les pouvoirs temporels mobilisent pour la croisade sans qu’un appel ait été lancé.
DEUXIÈME CARDINAL : Et alors, mon frère ? Tant que cela sert nos intérêts…
PREMIER CARDINAL : Mais votre argument de dédouanement est nul. Il va nous falloir lancer un appel rétroactif pour officialiser la croisade.
DEUXIÈME CARDINAL : Mais vous n’y connaissez rien, mon cher ! Il nous suffit de la jouer finement. De magouiller, quoi.
Sortant un livre épais : Voyons quel pervers article des canons nous allons bien pouvoir utiliser.
Un temps.
J’ai trouvé ! Il nous suffit de dire que la croisade contre Genève n’a jamais été annulée, et que les événements du Béarn offrent un regain à la sainte croisade.
PREMIER CARDINAL : Mon frère, vous n’étiez pas encore cardinal lorsque cela s’est produit, mais le camerlingue de l’époque a bel et bien déclaré que la croisade était terminée.
DEUXIÈME CARDINAL, levant les bras au ciel : Mais c’est un monde, ça ! On vous donne une occasion de buter de l’hérétique sans payer un rond et vous faites la fine bouche. Il suffit de répondre que l’annonce d’annulation était un subterfuge destiné à tromper les hérétiques, voilà tout !
PREMIER CARDINAL : Le contournement est particulièrement vicelard.
DEUXIÈME CARDINAL, souriant : Merci, mon frère.
PREMIER CARDINAL : Je ne suis pas sûr que ce soit un compliment.
DEUXIÈME CARDINAL, souriant toujours : Pour moi, si.
PREMIER CARDINAL : Forcément. Ahem. Bien. Qu’en pensent nos frères ?
Long silence.
TROISIÈME CARDINAL, se levant et faisant le tour de la table en s’adonnant à une danse tribale : Youkoulélé ! Youkoulélé ! Youkoulélé !
PREMIER CARDINAL, se levant, hurlant et tapant des poings : Marre ! J’en ai marre !
DEUXIÈME CARDINAL : Marre de quoi, mon frère ?
PREMIER CARDINAL : Marre des hérétiques, des absentéistes, des glandouilleurs, du temporel, et surtout, marre de ce vieux gâteux ! J'ai qu'une envie : me casser ! D'ailleurs, je vais faire en sorte que ça ne tarde pas.
Prenant son marteau et en donnant un coup sur son lutrin : La motion est adoptée, appel à la croisade sera donc lancé dans l’heure. La séance est levée !
DEUXIÈME CARDINAL : Parfait !
TROISIÈME CARDINAL, apercevant un cardinal féminin, s’approche d’elle la bave à la bouche : Vous gnabitgnez chez vgnos pargnents ?
PREMIER CARDINAL : Et pour l’amour du ciel, faites évacuer ce vieux cacochyme et faites-le interner !
RIDEAU |
* Les noms des cardinaux ne correspondent pas à ceux choisis pour l’acte II. _________________
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Ecclesiae Theatrum

Inscrit le: 31 Oct 2008 Messages: 7
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Posté le: Dim Jan 09, 2011 1:29 am Sujet du message: |
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Citation: | Acte IV
L’entièreté de l’acte se déroule dans une salle qui doit en tous points rappeler la curie.
Scène 1
PREMIER CARDINAL : Je déclare ouverte cette séance extraordinaire du sacré collège, lequel a été réuni sur la demande de Son Éminence Machin*.
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : Qu’est-ce qui lui prend lui ? La trêve des confiseurs est à peine terminée ! Elle est passée où la tradition du congé d’un mois accord aux cardinaux pour se remettre des éprouvantes festivités de la Saint-Noël ?
TROISIÈME CARDINAL (bas) : Il faut dire que cette année, on ne s’est pas vraiment foulé pour la cérémonie...
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : C’est pas faux. Enfin, ce n’est pas grave, on se rattrapera sur le congé préparatoire à la préparation des festivités de la Saint-Valentin. Ce n’est que dans trois semaines, non ?
TROISIÈME CARDINAL (bas) : Oui, c’est bien ça. Juste une semaine après la fin des congés suivant la trêve des confiseurs.
PREMIER CARDINAL : Silence au fond de la salle, je vous prie ! La parole est à Son Éminence Machin.
QUATRIÈME CARDINAL : Merci mon frère. Si j’ai demandé à notre frère archidiacre de convoquer une séance extraordinaire, c’est pour que le sacré collège débatte des événements angevins dont vous avez tous entendu parler.
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : Quoi, ils ont encore reconnu un hérétique duc ?
TROISIÈME CARDINAL (bas) : Euh, un spinoziste, oui, mais ça c’était il y a quatre mois. Je pense que maintenant on va parler de la prise du castel par le camerlingue.
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : Comment, le camerlingue a pris le castel ?
TROISIÈME CARDINAL (bas) : Il y a deux jours, oui. Vous l’ignoriez ?
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : C’est-à-dire que... en fait, je fêtais la Saint-Noël dans une abbaye où la mère supérieure est une de mes amies et...
PREMIER CARDINAL (agitant doucement une sonnette) : Silence, je vous prie !
QUATRIÈME CARDINAL : Avant que chacun ne donne son avis, j’aimerais entendre les explications du premier concerné, Son Éminence le cardinal-camerlingue-grand-inquisiteur-primat-archevêque-duc-et-ami-personnel-d’Aristote.
CINQUIÈME CARDINAL : Mes bien chers frères, mes biens chères sœurs...
SIXIÈME CARDINAL : Je dirais même plus : mes bien chères sœurs, mes bien chers frères...
CINQUIÈME CARDINAL : Merci ma sœur. Si j’ai décidé de diriger la prise du castel angevin, c’est parce que j’ai toujours pensé qu’il fallait, dans certains cas extrêmes, user de la force afin de remettre sur le droit chemin les brebis particulièrement égarées.
SIXIÈME CARDINAL : Je dirais même plus : de particulièrement égarées brebis !
QUATRIÈME CARDINAL : Moi je ne fais qu’un seul geste : je retourne ma veste (air connu).
CINQUIÈME CARDINAL : Vous dites ?
QUATRIÈME CARDINAL : Oh, rien. Je ne voudrais pas interrompre un si brillant exposé. Je me suis simplement laissé à chanter un air que m’inspirent vos propos lorsque je me souviens de ce que vous disiez lors des débats au sujet de la dernière croisade. « Ce serait pas mal que l'EA fasse œuvre de paix, je pense que notre image en a besoin ces temps ci », si je me souviens bien. Mais je vous en prie, continuez donc.
CINQUIÈME CARDINAL : Eh bien... J’ai terminé.
PREMIER CARDINAL : Les discussions reprendront après la pause-tisane !
DEUXIÈME CARDINAL : Chouette !
TROISIÈME CARDINAL : De l’Irish, j’espère ?
Scène 2
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : Je vous avoue ne pas avoir tout suivi.
TROISIÈME CARDINAL (bas) : C’est vrai que c’est assez confus. Vous croyez qu’il va y avoir un vote ? J’ai toujours du mal à me décider dans ces moments-là.
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : Moi aussi. Même pour les élections de camerlingue. Enfin, pour la dernière, c’était facile, le camerlingue qui a finalement été élu m’a promis un bon poste au consistoire dès que l’autre sera romaine.
TROISIÈME CARDINAL (bas) : L’autre ?
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : Mais oui. Son âme damnée. Évêque, archevêque, nationale suffragante et maintenant nationale électrice. Tout ça grâce à lui. Et elle ne va pas tarder à devenir romaine. Alors que c’était déjà un désastre comme évêque... Mais bon, j’ai voté pour à chacune de ses promotions. Le camerlingue m’avait promis de bons postes en contrepartie...
TROISIÈME CARDINAL (bas) : Oui, j’en ai entendu parler… Elle doit son pallium à son ancien d’archevêque, qui l’a fait élire pour se débarrasser d’elle dans sa province. Et est-ce vrai ce qu’on raconte sur elle et le camerlingue ? Avec le bâtard ?
PREMIER CARDINAL (agitant fortement sa sonnette) : Silence, les deux au fond ! Les discussions ont repris !
QUATRIÈME CARDINAL : Pouvez-vous nous dire ce que vous espériez prouver par un tel coup d’éclat ?
CINQUIÈME CARDINAL : Tout simplement montrer à tous les fidèles, et surtout aux autres, que l’Église est présente sur le terrain et peut être réactive. Je pense que c’était le meilleur moyen de faire parler de nous.
QUATRIÈME CARDINAL : Quoi ! vous ne regrettez rien ?
CINQUIÈME CARDINAL : Mais pourquoi le devrait-on ?
SIXIÈME CARDINAL : Je dirais même plus : pourquoi est-ce qu’on le devrait !
QUATRIÈME CARDINAL : C’est un comble ! Les régnants les plus fidèles à l’Église et même la toute fraîchement élue reine de France, pourtant réputée pour sa piété, ne comprennent absolument pas vos motivations et vous demandent des comptes ; et vous, vous ne pensez pas un seul instant vous être fourvoyé ?
Court silence.
SEPTIÈME CARDINAL : Je me demande, quant à moi, pourquoi vous n’avez pas pris la peine de consulter ni la curie, ni les saintes armées, ni la nonciature apostolique, ni les assemblées épiscopales. La seule explication, à mes yeux, est que vous saviez que vous n’aurez, dans votre entreprise, le soutien d’aucun de ces institutions.
CINQUIÈME CARDINAL : Modérez vos propos, je vous prie. Je n’ai nulle envie de me faire insulter.
SEPTIÈME CARDINAL : Soit. J’attends donc votre motivation.
CINQUIÈME CARDINAL : Eh bien… Toutes ces consultations allaient prendre plus de temps que nous n’en disposions pour agir. Voilà.
SIXIÈME CARDINAL : Je dirais même plus…
QUATRIÈME CARDINAL (l'interrompant) : Moi je ne fais qu’un seul geste : je retourne ma veste (air connu). (Puis, après que les regards se sont tournés vers lui :) Oh, pardon. Je repensais simplement au rapport sur le fonctionnement des institutions qui nous est parvenu récemment, et dans lequel la congrégation de Son Éminence était désignée comme un parangon d’immobilisme et d’entassement d’archives. Alors je me suis dit qu’il pensait peut-être que chacun gérait ses dicastères comme lui — l’esprit humain est tellement sujet aux inductions. Mais je vous en prie, ne vous interrompez pas pour moi.
PREMIER CARDINAL : Je vous propose une nouvelle pause, après quoi nous reprendrons et clôturerons.
Scène 3
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : Vous en pensez quoi, vous ?
TROISIÈME CARDINAL (bas) : Eh bien… Pour être franc…
Long silence.
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : Oui. Moi aussi.
TROISIÈME CARDINAL (bas) : En fait, je me suis un peu assoupi pendant les derniers débats… Je n’aurais pas dû me resservir quatre fois d’irish tisane.
DEUXIÈME CARDINAL (bas) : De toute façon, mon opinion est déjà faite. La direction du consistoire m’est trop précieuse pour que je me risque à m’élever contre le camerlingue.
TROISIÈME CARDINAL (bas) : Vous avez raison. Je vais faire comme vous.
PREMIER CARDINAL (lançant sa sonnette en direction des deuxième et troisième cardinaux, lesquels l’évitent de justesse et s’indignent) : Ah, ça fait du bien ! Depuis le temps que ça me démangeait… Les débats reprennent.
HUITIÈME CARDINAL : J’ai, quant à moi, une question à poser à notre camerlingue. Son escorte de gardes épiscopaux était bien trop réduite pour lui permettre de prendre un castel, même peu défendu. Où avez-vous trouvé tous ces hommes pour vous assister ?
Long silence. Le camerlingue semble chercher quelque chose dans les méandres du marbre de la table de la salle.
PREMIER CARDINAL : Eh bien, mon frère ?
CINQUIÈME CARDINAL : En réalité… Ce sont des brigands repentis que j’ai personnellement entendus en confession, et qui m’ont fait part de leur sincère désir de reprendre le droit chemin.
QUATRIÈME CARDINAL : Pardon ?
HUITIÈME CARDINAL : Des bandits ?
PREMIER CARDINAL : Des bandits aristotéliciens, au moins ?
CINQUIÈME CARDINAL : Convertis, pour être exact, mais…
QUATRIÈME CARDINAL : Et qu’entendez-vous pas « convertis » ? Ils ont récité un serment que vous leur avez appris par cœur, vous les avez aspergés d’un peu d’eau bénite et vous les avez déclarés repentis et baptisés, c’est cela ?
CINQUIÈME CARDINAL : Je vous trouve bien intolérants, mes frères ! J’ai toujours soutenu les brigands désirant se repentir, cela n’a aucun lien avec les événements qui semblent tant vous préoccuper.
QUATRIÈME CARDINAL : Moi je ne fais qu’un seul geste : je retourne ma veste (air connu). C’était alors votre frère jumeau qui a prononcé les condamnations et excommunications de tant d’angevins, de berrichons ou de personnes critiquant votre gestion ou celle de l’archevêque berruyère (il faudra d’ailleurs que quelqu’un m’explique comment elle est domiciliée en Bretagne et qu’elle a pris part à la prise du castel angevin).
Silence pesant.
PREMIER CARDINAL : Bien. Étant donné qu’il n’y a rien à décider, aucun vote n’aura lieu. Nous reviendrons sur ces événements dans les jours qui viennent si certains en font la demande. Je vous propose cependant de faire un dernier tour de table avant de nous quitter. Chaque cardinal peut-il exprimer son ressenti global vis-à-vis de l’action de notre frère ?
Court silence.
SIXIÈME CARDINAL : Pour ma part, je considère que la curie devrait approuver cette action. Le Grand Inquisiteur est un saint homme, et ce qu’il a fait était le seul moyen de faire bouger les choses !
DEUXIÈME CARDINAL : Oui ! C’est un saint homme !
TROISIÈME CARDINAL : Tout à fait !
QUATRIÈME CARDINAL : Mais enfin, vous ne comprenez donc pas que soutenir un tel acte serait officialiser le fait que toute l’administration romaine n’a aucune légitimité et que le camerlingue peut impunément se comporter en tyran ? Si nous agissions de la sorte, un schisme serait une des réactions les moins désastreuses qui risqueraient de se produire ! Il faut absolument que nous marquions notre désaccord.
SIXIÈME CARDINAL : Il ne faut pas que l’unité de l’Église soit remise en cause, mes frères. Nous ne pouvons déclarer que l’action du camerlingue est injuste sans remettre en cause toute la transcendance des lois et des membres de notre institution.
QUATRIÈME CARDINAL : Ce raisonnement est particulièrement infâme et indigne de serviteurs de Dieu. Votre attitude est calculatrice, fausse et manipulatrice.
CINQUIÈME CARDINAL : Mon frère, je ne vous permettrai pas d’insulter un de vos frères en Dieu une nouvelle fois !
PREMIER CARDINAL : Calmons-nous, mes frères. Vous avez, tous à votre manière, raison. Nous ne pouvons condamner avec une extrême fermeté mais nous ne pouvons cautionner non plus. Publions un acte condamnant la méthode mais soutenant les motivations et décidons d’une sanction mineure pour notre camerlingue.
Les cardinaux forment un cercle et, à voix basse, palabrent. Au bout de quelques minutes, le cercle se dissout.
PREMIER CARDINAL : Frère camerlingue, nous avons convenu d’une sanction symbolique. Veuillez, je vous prie, tendre vos doigts.
CINQUIÈME CARDINAL : Pardon ?
PREMIER CARDINAL : Je vous en prie, ne compliquez pas les choses. Obtempérez.
Le camerlingue obtempère. Le premier cardinal lui donne un violent coup de règle dessus. Le camerlingue pousse un cri de douleur et s’en va, tenant ses doigts ses jambes et boitillant.
SIXIÈME CARDINAL : Barbare ! (Elle part à la poursuite du camerlingue.) Mon frère ! Attendez-moi, je vais vous bander ! Vous faire un cataplasme ! Vous baiser les mains !
DEUXIÈME CARDINAL (partant à leur suite) : Mes frères, nous n’avons pas parlé de ma place au consistoire ! Attendez-moi ! Ce ne sont que des méchants !
TROISIÈME CARDINAL (suivant le précédent de peu) : Pas si vite !
RIDEAU |
* La répartition des noms des cardinaux, pas plus que leur numérotation, ne correspondent ni à celles de l’acte II ni à celles de l’acte III. _________________
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pierroleon

Inscrit le: 30 Aoû 2007 Messages: 692 Localisation: (Alais) Archevêque de Narbonne
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Posté le: Dim Jan 09, 2011 2:57 am Sujet du message: |
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Monseigneur Pierroléon s'assit près de la scène et trépigna d'envie à l'idée de voir une pièce de théâtre. Le prélat avait une passion pour le théâtre. Il avait été acteur dans sa jeunesse et directeur du théâtre de Cahors où il mit en scène une pièce qui lui donna plus tard l'inspiration pour la vie de Saint-Théodule.
Il tapota sur l'épaule de Mgr Odoacre pour qu'il se taise un peu car même au théâtre le Primat parlait trop.
La pièce commença et Mgr Pierroléon avait les yeux grands ouverts.
Puis les actes passants, il se tassa peu à peu, gagné sans doute par l'ennui.
Puis il se mit à ronfler, assez fort zzzzzzzzzzzzzzzzzzz _________________

Monseigneur Pierroléon de Riddermark + RIP "Quand je vous disais que j'allais pas bien..."
Ancien Vice-Primat de France. Ancien Vice-Préfet à l'Enseignement. Ancien Archevêque métropolitain de Narbonne. Ancien Evêque de Nîmes. |
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Odoacre

Inscrit le: 12 Mai 2007 Messages: 5478 Localisation: Archevêque de Rouen
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Posté le: Mar Jan 11, 2011 4:21 am Sujet du message: |
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Le vieux Grec dormait aux cérémonies parisienne.... et sans doute aussi aux titusiennes, mais ce théâtre, ce théâtre !
Il était bien éveillé. _________________ Primat de France, Archevêque de Rouen et Inquisiteur de la Foi
Odoacre est sur Twitter !
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Amaël

Inscrit le: 26 Oct 2009 Messages: 589 Localisation: Lorraine
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Posté le: Mar Jan 11, 2011 10:55 am Sujet du message: |
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Le jeune évêque depuis la septentrionale Lorraine n'avait malheureusement pu assister à la représentation, mais le récit qu'on lui en avait fait lui avait arracher un grand et franc sourire. Qu'on soit d'accord ou nous avec la politique curiale importait peu car quoi qu'il en soit, la représentation était exactement l'idée que se faisaient la plupart des fidèles de l'Eglise des débats au sein de la Curie. _________________
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Aaron

Inscrit le: 07 Mar 2006 Messages: 13192 Localisation: Castelli Romani
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Posté le: Mar Jan 11, 2011 11:57 am Sujet du message: |
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Il sourit... _________________
Patriarche in Partibus d'Alexandrie |
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Rehael

Inscrit le: 16 Sep 2007 Messages: 13676 Localisation: Roma
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Posté le: Mar Jan 11, 2011 12:41 pm Sujet du message: |
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Rehael décida de se divertir un peu, les occasions se faisaient si rare, en assistant a la pièce qui allait se donner dans cette cave romaine qui commencait à être réputée.
Sitôt les premières repliques, il s'amusa à tenter de reconnaitre les cardinaux qui figuraient dans la pièce, puisque leurs noms n'étaient pas donnés, et à sa grande stupeur, il n'en avait aucun mal !
Intrigué, il constata au fur et à mesure des dialogues, que la pièce était à peine une caricature et représentait asser fidèlement la réalité, ce qui provoqua un certain amusement chez lui.
Alors que le rideau se fermait, il ne put s'empêcher d'applaudir. |
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