L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[mirceadino]

Le bateau d'Ordre lescurien ancra dans le port d'Ostie, près de Rome. Cela faisait longtemps que Mircea n'avait pas voyagé sur un fleuve comme était le Tibre, même si, d'après lui, l'Istros était plus beau. Les autres amis lescuriens quittaient le cabine, et Mircea les attendit, regardant le fleuve.

Le raison pour laquelle les amis lescuriens voulaient arrivés à Rome était la mort de l'archevêque de Rouen. Les membres de l'Ordre de Saint Lescure voulaient faire leurs adieux à Odoacre et le suivre sur sa dernière route.

Encore regardant le Tibre, le munténien, avec une oreille attentive portée sur ses amis, leur demanda:

« Et maintenant, mes frères? »

[Kaioh]

Kaioh supportait assez bien les voyages en mer, mais il préférait largement être sur terre, la nourriture y étant largement meilleure. Alors quand ils débarquèrent sur terre et que Mircea demanda ce qu'ils pouvaient faire, c'est naturellement que Kaioh leur propose de trouver lieu agréable où manger, ce qui ne devait pas être trop dur à trouver vu la taille de la cité romaine.
_________________

Amicalement Kaioh

[Peccatore]

Le voyage n'avait pas été très bref, en vérité. Déjà que sur terre, le chétif Frère Peccatore manquait cruellement d'endurance aux déplacements, sur mer, c'était pire. Non seulement le périple des Lescuriens sur leur navire flambant neuf avait été éprouvant pour lui, mais qui plus est, il avait découvert le mal de mer, tant et si bien qu'il avait passé le plus clair de son temps à vomir par-dessus bord (lorsqu'il avait eu assez de temps pour sortir sur le pont, cela va de soi).

Ainsi ce fut avec un visage pâle comme rarement et une mine de deterré que le Vice-Recteur de l'Ordre parut au côté du Vicaire Mircea. Pourquoi diable étaient-ils venus jusqu'ici si c'était pour être malade sans interruption durant leur séjour dans la Ville Eternelle ? Odoacre avait été Archevêque de Rouen, donc successeur indirect de Saint Lescure, et du Bienheureux Pouyss, respectivement le patron et le fondateur de l'Ordre, et ainsi, de par le lien génétique fort entre celui-ci et la province ecclésiastique rouennaise, il convenait qu'une délégation d'Amis fît le déplacement. Peut-être d'aucuns s'apprêtaient-ils à pleurer avec sincérité le décès du Primat de France. D'autres marqueraient leur haine à l'égard du Corinthien par une éloquente absence, ou bien la dissimuleraient sous des dehors affables (ou affabulateurs).

Pour ce qui était du Curé de Lyon, il était un peu entre ces trois positions. La "tragique" nouvelle de la mort du Grec ne lui avait fait, personnellement, ni chaud ni froid. Ni admiratif de sa personnalité (en dépit de l'intérêt qu'avait suscité en lui la lecture des écrits du théologue), ni ostensiblement fielleux à son égard, l'adolescent ne connaissait pas assez celui qu'on lui avait tantôt décrit comme un génie de l'Eglise, tantôt comme un cynique intrigant, voire comme un assassin. Disons pour résumer que s'il portait un intérêt envers l'événement de sa mort, c'était en temps que Vice-Recteur de l'Ordre Lescurien, non en tant qu'aristotélicien... il eût pourtant aimé en savoir plus sur feu le Primat de France, d'autant qu'il le pensait rusé, et qu'il estimait que la ruse n'était pas toujours un défaut, même si elle pouvait être utilisée à mauvais escient, en tout cas il avait bonne opinion de son intelligence, mais mauvaise idée de sa morale.

Pris par ses propres affaires, il n'avait pas eu le temps de se consacrer à cette étude et paraissait donc à Rome en parfait spectateur... parce qu'il lui faudrait "être là".

Je crois que nous sommes presqu'arrivés, fit Peccatore à l'adresse de Mircea et des autres de la délégation. Nous ne devrions pas nous attarder ici...

Ostie, le port de Rome, n'était pas véritablement l'endroit le plus agréable ni le plus sûr de l'Aristotélité, et le Franc-Comtois ne désirait pas y croupir, au contact de quelques représentants des basses couches de l'humanité. Quoique les valeurs de Lescure l'eussent quelque peu éduqué, il restait profondément peu empathique à l'égard de certaines gens qui ne lui inspiraient pas confiance.

Frère Kaioh avait manifesté son désir de manger quelque chose, mais le jeune prêtre fit cette remarque :

Nous serons sans doute mieux à Rome pour nous restaurer avant d'aller à la Basilique. Qu'en pensez-vous ?

Peccatore ne s'attendait pas à être contre-dit. Sans doute certains Lescuriens avaient-ils moins de méfiance que lui, à tort ou à raison, mais il ne voyait pas de raison valable pour ne pas rejoindre au plus vite la grande cité.
_________________

Ordre Lescurien : laïc baptisé ou clerc, rejoignez-nous !

[feuilllle]

Le voyage s'était bien passé, du moins pour elle ; il faut dire que l'eau était un de ses éléments préférés, qu'elle l'avait très tôt apprivoisée, que ce soit dessus ou dedans.

Elle ne pouvait en dire à l'identique de son pauvre Frère Pecca, qui avait oscillé durant toute la durée du chemin mouvant entre position horizontale et position penchée. (penché par dessus bord s'entend.)
Elle s’était donc ingéniée à toujours se trouver dans le sens contraire du vent lorsqu’elle s'approchait de lui, qui oscillait dès que le souffle des vents faisait tanguer le navire.
Certes Les prières Au Très-Haut l'avaient probablement aidé dans cette épreuve "gerboyante", et elle lui tendit avec un sourire chaleureux en fin de parcours une robe de bure toute propre, sentant bon la saponaire et la menthe.

Sa joie d'être avec ses Frères étalait sur son visage un large sourire, et bien que le but du voyage soit un office d'à Dieu, elle ne pouvait s'empêcher d'écarquiller les yeux de bonheur, ces derniers étincelants d'intérêt sur tout ce qu'elle découvrait.

De Rome, elle ne connaissait que quelques bureaux...
Mais la ville portuaire d'Ostia déjà l’émerveillait. Elle n'avait du reste pas encore vu un port français, elle ne pourrait comparer.

Cependant la mer dans cet endroit du monde était différente de celle de la Normandie : en tout premier, sa tiédeur l'avait conquise : pas de saisissement lorsque l'onde refermait ses tentacules sur soi ; ensuite, quand enfin après un moment d'accoutumance le sel ne vous piquait plus la vue, des myriades de petits poissons colorés venaient sans crainte danser autour de vous. Rien à voir avec les peaux sobres et plus sombres des poissons normands.
Des flèches de soleil les révélaient par éclats irisés, fugaces et véloces.

... Elle avait plongé plusieurs fois pendant le voyage, s'étonnant que ses Frères ne le fissent point.
Son dernier bain se fit presque sur les berges : de drôles d'animaux en forme de concombres tapissaient certains endroits sableux ; ils restaient en troupeaux immobiles, mais Feuilllle remarqua une chose étrange en observant le jeu de gamins s'éclaboussant sur la berge :
Si on les sortait de l'eau et que l'on pressait doucement leur ventre allongé et dodu, ils lançaient un jet d'eau qui pouvait aller à plusieurs pas.
La facétieuse se promit de se servir de cette trouvaille à un moment ou un autre sur un de ses Frères.

Le port était impressionnant de mouvements et par la foule de gens qui s'y agitaient, charriant des tonneaux de céréales ou de vins, des jarres d'huiles, des marbres, des paquets entoilés de condiments et d'épices.
Les bruits et les odeurs étaient différents, les uns carrément ténus en début d'après-midi, les autres terriblement plus exotiques aux narines rustiques d'une normande.
Certainement tous ces ingrédients devaient être redistribués dans tout le pays après leur arrivée icelieu.

Un ciel bleu et une eau presque verte parfois, des étals blancs et des brillances non comparables à sa région...
De tendres petites vaguelettes blanchies d'écume caressant les rives doucement, effaçant sempiternellement toute trace animale ou humaine...
Des variations extraordinaires de teintures sur des vêtements de lin, de soie, de cotons...
Des sonorités chantantes, rrrrrroulées, des teints basanés et un nombre de pèlerins incroyable...

... Elle a hâte de voir la Ville Papale, elle ne sait comment ils vont avancer jusqu'à elle, ils sont encore éloignés.

Tandis que ses Frères discutent de l'immédiat à organiser, elle rêve à la Grande Cité, qui dit-on, possède de beaux monuments et se fait le nid des artistes et des scientifiques.
Elle s'est assise sur un gros cordage de chanvre imputrescible, et a posé ses coudes sur ses genoux repliés.
Le menton dans ses mains, son regard erre vers les collines avoisinantes, vers le Tibre, et se plisse vers l'azur impitoyablement lumineux.

Elle rêve à ce bastion de Foy qui l'impressionne, murmure une prière pleine de soleil envers Le Très-Haut, puis se tourne vers ses Frères :

"- Je suis comme Kaioh, vous savez?
J'ai une petite faim!"

Quelques traces de sel du dernier bain blanchit les commissures de ses lèvres, qu'elle lèche en grimaçant, et poudre ses joues irrégulièrement.
Elle secoue sans façon ses cheveux qui sont déjà secs, et ses braies déjà poussiéreuses.

"- Et soif aussi!"

Ajoute t-elle en se relevant et se dirigeant vers une fontaine d'eau claire. Lorsqu'elle revient peu de temps après, elle demande :

"- Nous pourrions peut-être avant tout acheter quelques olives et quelques fruits, et il me reste du pain pour tous.
Ainsi nous avancerions en nous restaurant un peu

Elle se tourne vers Micea et le questionne :

Comment allons-nous aller à Rome? En foncet? En charette?"

Elle pense à présent à Odoacre : c'est pour lui qu'ils sont tous venus là.
Elle ne l'a jamais connu réellement, mais elle l'écoutait parfois, il la faisait rire souvent.
D'après elle, il énonçait autant de vérités que de poisons ; elle n'a jamais su qui il était vraiment, au dedans de son âme.
Ce qu'elle sent, c'est que genre de personnage ne laisse pas indifférent, et qu'il manquera probablement à Rome.
_________________
Quand une personne ne sait plus savoir quoi penser, c'est qu'elle manque d'intelligence.

[mirceadino]

Feuiillle avait raison - ils devaient manger. Mais s'ils mangeront, la délégation lescurienne avait attrapé la nuit sur la route à Rome, et ce pourrait être dangereux. De tout façon, Mircea avait aussi quelques morceaux de pain et de poisson s'il avait faim.

Tournant à Feuillle, Mircea répondra :

« Nous allons aller à pied, non? Et il faut nous dépêcher jusqu'à soir. »

Le bateau était ancré; les ami lescuriens sur le terre, avec quelques bagages pour passer un semaine dans la capitale du monde. Autour du port, il y avait deux embarcations en plus, mais le valaque ne les donna pas sa attention.

« Avant partir, » il dit, tournant vers le vice-recteur d'Ordre pour vérifier la présence, « nous sommes tous? Frère Peccatore? »

[vanwolk]

Bienvenue a Rome mes frères, si vous avez besoin de quoi que se soit n'hésiter pas je suis à votre disposition
_________________


Eveque d'Agen,
Frère Lescurien,
Maitre de la Chapelle Royale,
Chapelain de l'Ordre Equestre du Saint Sépulcre,

[Peccatore]

L'évêque d'Agen était là, lui aussi. Les Lescuriens étaient en nombre. Soeur Feuilllle avait été prévoyante pour ce qui était de la nourriture. Pas que cela apparût fondamental au Vice-Recteur, mais au moins, cela éviterait probablement que le vieux Kaioh n'aille chercher quelque auberge en Ostie.

Peccatore goûtait le plaisir de toucher la terre ferme, et désirait plus que tout s'éloignait des néfastes senteurs maritimes. Lui qui était né dans le Jura et était depuis peu Curé de Lyon n'avait guère le goût du rivage et ne se sentait bien qu'à l'intérieur des terres. Ce qui était bien évidemment problématique lorsque l'on sait que les Lescuriens avaient une abbaye au Mont Saint-Michel, au milieu des eaux de la Manche, et que l'adolescent aurait à l'avenir à y mettre les pieds plus d'une fois... Bah ! Il se soignerait, ou s'accoutumerait.

L'équipée était prête.
Parmi ses frères, le Franc-Comtois demeurait assez silencieux, en partie à cause de sa méforme, mais aussi de par son caractère taciturne, et surtout enfin parce qu'il ne serait bien qu'une fois à Rome.

Allons-y, fit-il en réponse à l'appel de l'évêque de Lausanne. Le Valaque s'improvisait en quelque sorte le guide du petit groupe, ce qui ne déplaisait pas à l'asociable Peccatore. Vanwolk connaissait apparemment mieux Rome que les autres, en tout cas que le jeune prêtre. Avec sa présence, ils n'auraient donc sans doute aucun mal à trouver le chemin de Rome, et, surtout, une fois dans la ville, une auberge où dormir.

La marche à pieds ferait du bien au Vice-Recteur.
_________________

Ordre Lescurien : laïc baptisé ou clerc, rejoignez-nous !

[feuilllle]

Elle ne connaissait pas ce Frère, dict Vanwolk, et le salue en souriant.

Ils avaient marché longtemps, devenant au fil de la journée et des lieues (plus de onze!), légèrement ivres : la fatigue, la chaleur, l'odeur persistante des pins parasols, les stridulations agaçantes car sempiternelles des insectes, la luminosité, et la poussière soulevée par les sandales à chaque pas.

Ils parlaient peu, tout entiers dans leurs pensées, Rome, Frère Odoacre, le Lescure, le long voyage, l'avenir immédiat et à long terme.
Ils n'eurent guère l'occasion d'apprendre à lire les diverses cartes de roses des vents que Frère Kaioh - leur Archiviste- avait pu se procurer avant de partir, lui sait sans doute de quoi il retourne.

Ils stoppent néanmoins un peu lorsqu'ils aperçoivent les faubourgs de la Ville Sainte, du haut d'une de ses sept collines environnantes.
Ils observent un silence religieux en voyant les profils imposants qui se découpent sur un horizon toujours aussi chaud, la Cité de la Foy est si grande...

En repos sur une herbe sèche ombragée par des oliviers bruissants, ils clignent tous des yeux pour ne pas les avoir envahis d'une fine poudre de terre ocre, envoyée par un vent levé depuis le matin.

La tramontane les fouette désagréablement de son minuscule sable, et Feuilllle finalement s'abrite sous sa cape de lin, qui préserve son corps à température acceptable.
Tout en croquant quelques olives dures, elle essaie de démêler l’écheveau de signes paraphés sur les parchemins des cartes.

Elle sait que la Croix de Malte, parfois remplacée par une fleur de lys veut dire Jérusalem, mais à part cela...

Finalement, elle remet les Roses des Vents à leur Vice-Recteur Frère Peccatore, attendant un moment plus propice à l'étude pour continuer à les déchiffrer, puis se relève, voyant Frère Mircea et Frère Vanwolk recommencer à descendre le sentier menant à Rome.

... Elle rêve d'une taverne sombre et fraîche, dans laquelle ses jambes pourront s'étaler à leur aise au repos et dans laquelle elle pourra boire de l'eau fraîche.

Elle rêve surtout du calme et de la sérénité d'une église, du recueillement que cela induit, de la tranquillité spirituelle que cela offre...



_________________
Quand une personne ne sait plus savoir quoi penser, c'est qu'elle manque d'intelligence.

[mirceadino]

Pour Mircea, le voyage à pied avait été assez de court, compte tenu la petite distance du port d'Ostie à Rome, seulement de 20-25 miles. Affamé, assoiffé et étouffée de la chaleur du Soleil que frappait ces terres, le vicaire d'Ordre réussit à annoncer, en fin:

« On est arrivé en Rome. »

Il se tourna aux ses amis, attendant leur avis sur ce que il fallait faire en suite. Selon Mircea, il voulait à marcher à une taverne et louer quelques chambres. Et jusqu'à ce dimanche, un tour dans la ville sainte était bienvenue pour le valaque.