L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Popoulos]

Un banc? fit-il interrogatif...
Il lui aurait suffi de dire qu'elle ne leur servirait plus que du lait de chamelle...

C'était tout elle ça : réponse musclée, on réfléchit après...non en fait, c'était bien les soldats tout crachés : je cogne, après on cause...

D'un autre côté, il fallait savoir parler la même langue que son interlocuteur pour aboutir à une vraie conversation. Quand on vous disait "marron" il valait mieux répondre "pêche"...on a tout le temps après de voir si on veut continuer à se filer des tartes, ou si on décide de s'asseoir pour prendre le thé et discuter du problème avec quelques langues de chat. Là était la subtilité d'une communication bien menée.

Il resta songeur et demanda alors d'un ton qui souhaitait se laisser convaincre :
Tu crois que se battre pour une cause rends meilleur? tout dépends de la cause en réalité...tout dépends aussi comment tu te bats...

Balayant d'un "mouvement" d'esprit cette question qui frôlait trop l'effort cérébral en cette heure où ils avaient eut leur compte d'émotions et de remises en questions intérieures, il préféra se souvenir de la suite du récit qui se profilait dans son esprit...et reprendre la bouteille pour en boire une nouvelle goulée.

Quoiqu'il en soit...
La guerre se partagea ensuite en trois batailles brèves mais corsées...notamment près du Sinaï, Khan ayant rallié les brigands qui rôdent alentour...

Pendant cette période de batailles, Abigaïl compta largement sur sa fille, n'étant pas elle-même versée dans l' "art" de la guerre. Salim connaissant les méthodes des adversaires lui fut également d'une grande aide.
A la fin, Khan, acculé par deux ennemis, parvint à un Statu Quo en ville. On l'appela "la trêve du St Sépulcre".
Les "Croisés d'Aristote" déposèrent les armes à moitié satisfaits mais pour l'instant calmés, contre compensation : les cultes aristotéliciens sans heurts, et surtout la liberté de mettre pignon sur rue dans certaines artères de la ville jusque là réservées.
Jérusalem retrouva une certaine stabilité sociale ...qui devenait nécessaire pour tous : l'histoire devenait mauvaise pour les affaires, et l'argent n'avait pas de religion.
Il fut su d'autant plus, que Seigneur Arnoval préférait du reste le profit à sa quête impossible.
Les Chats quant à eux acquiescèrent mais il fallut également des négociations, dont la garantie de protection du "Chat Noir", lieu stratégique, et la fin des persécutions d'où qu'elles viennent.

Cependant, mue par une égale volonté revancharde, la suite ...concernant le petit groupe... se poursuivit à l'extérieur au niveau des routes de commerce, que celui-ci soit légal ou illégal : c'est ainsi que le Raïs Khan du Croissant d'Or et Abigaïl des Chats d'Orient continuèrent de s'affronter sur terre et sur la mer : pillage de caravanes pour l'un, détournement de fonds pour la seconde, piraterie pour les deux, appropriation de clients, retournement d'alliés, tous les coups furent permis pour saboter, freiner, détruire les intérêts de l'autre.

Il s'arrêta et reprit ébahi de sa propre implication après coup : et nous pauvres hères...sur les bords et en plein milieu, de près ou de loin, impliqués jusqu'à la pointe des cheveux...et peut-être...contents de l'être.

Il eut un petit rire : que d'aventures...

Mais...maintenant...maintenant...il ne dit mot un certain moment puis reprit un peu las, grave et résigné :

Je vais...je vais me convertir...je vais devenir aristotélicien...et je vais pousser Abigaïl à se convertir également...puis je l'épouserai à l'Eglise...

Il marqua une pause, pesant ses mots...

Tu sais..........tu sais? fit-il sans vraiment continuer sa question...tournant la tête vers Salim, sans le regarder, les yeux tournés vers un passé qui fume. Oui, il savait que Salim savait...
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[Abigaïl]

Le sol semblait mou et l'air si brumeux...opaque était le temps.
La tête s'était posée sur une épaule dure, solide...et son corps froid avait perçu le rayonnement d'une chaleur qui l'avait lentement enrobée, la laissant à son insu exhaler un soupir de lassitude autant que de réconfort.

Sa fille qu'elle avait tant éprouvé, était celle qui aujourd'hui lui avait tout à la fois ôté et rendu la vie.

Ô si belle Lune...quelle fatigue est la mienne...le coeur perclu, les os rompus à l'exercice de la maîtrise de soi, brisée par un flot d'amertume.

Les yeux mouillés, les prunelles noyées, il pleut dans la tête d'Abigaïl...mais, si la pluie est maussade, elle lave aussi.

Elle ne parvient plus à penser, ne cherche même plus à endiguer dans ses bras aimant la douleur qui fait se recroqueviller les gens fiers, et casser le métal dans lequel sont forgées les femmes de sa "race".

Tandis qu'elle cherche seulement le repos offert par la tendresse enveloppante de sa fille, elle sent les doigts de celle-ci tirer un peu sur sa chaînette.

Devinant la question, elle anticipe la réponse d'une voix basse et vrillée :

Oui...c'est le collier récupéré à Malte...celui du Testament...oui, j'en ai profité pour voler d'autres parures à mon ex-belle-soeur, l'instigatrice du non-respect des volontés de mon feu dernier mari...le dû, et en sus...les intérêts.

Elle tenta un pauvre sourire...bravant du regard certains noms de ce passé...mais lasse...tout de même, si lasse...vidée...lessivée.
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[Mordekaï]

Mordekaï sourit à sa mère : le dû...et en sus...les intérêts...

Elle l'enviait pour savoir rebondir sur les coups portés par les autres et parvenir même, à les faire fructifier.

Elle observa le collier : simple, en or...le soleil en était le pendentif...

Un soleil...elle fouilla un peu dans le regard d'Abi : un soleil?...pour une adoratrice de la Lune?

Une intuition frappa la jeune vieille femme, ou la vieille jeune femme, selon comment on voyait le contenu du verre : son dernier feu mari avait-il déjà travaillé à ce qui la taraudait de plus en plus elle-même : convertir sa mère?

Elle songea alors à son propre leg, et fouilla dans le creux de sa gorge...elle en sortit un chapelet en bois...en bois d'olivier de Jérusalem...offert à feu Son Eminence Kreuz par son aïeul qui fut croisé là-bas...et qu'il lui légua ensuite à sa mort.

A cette époque...elle était une jouvencelle pas si sûre que cela de sa voie...à cette époque, elle ignorait que son père avait transformé sa vie en vaste champ d'absolution et que celui-ci avait été un ami de Kreuz.
Elle ne connaissait pas Son Eminence si ce n'est par sa fonction de Connétable, sa renommée...à l'époque, elle balayait la poussière en bas de la hiérarchie et ne jurait que par Monseigneur Scarpia. Monseigneur Scarpia...

L'avait-elle seulement croisé, ce Chevalier? elle ne se rappelait vraiment plus.

Il savait...c'est obligé. Il savait quoi? il pressentait quoi? c'était cherché trop loin...mais c'était sûr : il avait su...il avait pressenti...ce leg en était la preuve. Dieu seul savait ce qui très exactement était passé par la tête du Feu Cardinal quand il rédigea son testament, mais il passa un message évident.

Ce chapelet trouvait une étrange résonnance aujourd'hui, rapport à son parcours...Pourtant, elle n'avait jamais rien calculé...Elle n'avait jamais réclamé aucun poste, sauf un...un seul!! parce qu'un navire ne devrait jamais rester sans Capitaine.

Tenant son chapelet et le soleil du collier de sa mère...elle apprécia la proximité des contours de l'astre brûlant, et ceux de la paix aristotélicienne. Puis le remettant à l'abri au creux de ses seins, elle reprit sa mère contre elle d'un seul bras, pour lui souffler :

Je serai toujours ta fille...je serai toujours une Etxeberry...mais je serai toujours, toujours la fille d'Ujio...toujours ... une Di Césarini...

...

Je serai toujours........
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[Salim]

Je vais...je vais me convertir...je vais devenir aristotélicien...et je vais pousser Abigaïl à se convertir également...puis je l'épouserai à l'Eglise...

Tu sais..........tu sais?

Il poussa un grognement en signe de réponse.

Et toi, j'imagine que tu sais que tu t'attaques à une mission impossible? Cependant, il comprenait les sentiments de son ami. Il ne voulut pas que celui-ci s'abîme plus longtemps dans ses considérations douloureuses et changea de sujet sur un ton frôlant la plaisanterie et qui cela dit, l'intriguait quand même :

Tu n'as pas peur? après tout, fit-il en riant, on n'a jamais vraiment su si elle était coupable de la mort de ses deux derniers maris...va savoir si elle n'aurait pas fait quelque incantation pour faire également tomber Pierre, le père adoptif de Kaï, du haut de sa cathédrale...cela ferait d'elle ce qu'on en dit...seras-tu le quatrième?
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[Popoulos]

Foutaises!!

Un faiseur de poison, au centre de la fabrication de ces substances dont le commerce est interdit...crée, extrait, recherche le nectar mortel mais jamais...ne l'administre.

Où a-t'on vu que tous les armuriers étaient des meurtriers? Pourtant, aussi sûrement que les canards font "coin-coin", chacune de leur lame finira par se ficher dans les tripes d'un quidam qu'il ne connaisse pas.

Il expliqua ce qu'il savait de ce que la Belle lui avait enseigné :

Pour être au summum du crime, il ne faut pas forcément soi-même être un criminel. Mais quand on évolue dans le cercle fermé de l'illégalité, il faut être à la fois le brigand et à la fois la main de la justice.
Autant dire, qu'elle reçoit ses commandes sous X, par une personne X, pour s'occuper d'un cas X...
Pour assurer ses arrières, elle a derrière elle de grands personnages de divers trafics : ceux des bijoux et de l'alcool...et casi tout autant de commerces légaux en couverture : celui de la Pourpre et celui des marchandises orientales...épices, huile de noix...poivre...

Afin que tout le réseau soit protéger, chaque partie doit blanchir les marchandises obtenues de façon illégale. Abi s'occupait de blanchir les bijoux en achetant de l'orfèvrerie, dont elle réinjectait le capital dans le marché, et l'alcool, par le biais de ses tavernes, dont celle du Chat noir. Elle-même faisait blanchir de la même manière ses denrées obtenus par piraterie.

Ses commandes d'essence mortelle étaient toujours payées moitié liquidités moitié bijoux. Une partie de ces bijoux donnés pour prix, se mélangeaient à ceux issus des cambriolages. Echange de bons procédés, elle acquit ainsi la protection contre une parcimonieuse aide aux différents protagonistes : service à un noble jaloux en amont, service à un marchand peu scupuleux en aval...tranquillité et fortune pour elle.

Pour quiconque mettait le pied dans cet engrenage, nul n'avait d'intérêt à ce que cela soit su. Si tenté que cela arrive, le malheureux n'aurait pu voir poindre le lever du jour qu'il aurait déjà rendu son dernier "avé Pater".

Et c'est pour cela!! qu'Abigaïl fabrique, mais jamais n'injecte...

Maigre consolation? peut-être...mais je sais aussi qu'il est temps pour elle de raccrocher...au bout d'un temps, les têtes tombent. Elle est dans le milieu depuis trop longtemps, et Khan ne fut que le précurseur d'une jeune génération qui voudrait prendre la place à l'ancienne...
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[Salim]

Khan...Khan savait que c'était également son intérêt de parlementer avec Abigaïl.

Le bel Ottoman ironise...

Après un incident à Cyrène où ils faillirent détruire un quartier, Abi et Khan avaient fini par lasser tout le monde de leur conflit.
Mordekaï et Salim tapèrent du poing, ils ne purent plus se livrer à leur gué-guerre. Mais ils ne pouvaient plus non plus satisfaire leur marché ainsi, également menacés par des "collaborateurs" de perdre leur protection.
Le Raïs et la Veuve décidèrent donc d'un commun accord de s'asseoir ensemble à la même table.

Ils parlementèrent une nuit entière. Ils arrivèrent enfin à s'entendre après de rudes négociations : ils se partagèrent les territoires, et en guise de réconciliation, Khan repartait avec le secret de l'un des fleurons de ses poisons, Abigaïl avec une formule expliquée d'un rite ancien de l'Egypte antique.

Les seuls perdants dans l'histoire furent Salim et Shani, qui ne purent retrouver le droit de se revoir.

Les reste des mois qui suivirent jusqu'alors, fut alors essentiellement constitué d'aventures diverses causées par de bons plans et le plus souvent par des plans foireux, mais orientés communément chacun selon leur objectif : récupérer Shani pour Salim, étendre sa fortune et convaincre sa fille de reprendre le flambeau de Prêtresse pour Abigaïl, retrouver un but à sa vie pour Mordekaï, et pour lui, Popoulos : acheter une Terre dans le Péloponnèse, en Achaïe, près de Patras, pour y fonder un domaine viticole...

Cependant, après l'explication de Gémini, Salim montre quelques réticences à se ranger à son argumentation...il rétorque :

Tu ne fais qu'enrober un bonbon d'arsenic dans un carré de soie. L'amour était aveugle...aveuglément indulgent.

Abi joue les alchimistes mais mis à part sa beauté et son intelligence, que lui trouves-tu? je pense que son surnom de "Veuve Noire" lui va comme un gant, tant elle ressemble à cette araignée petite et fine au milieu de sa toile, prête à délivrer sur commande son venin mortel. Je ne lui accorde le bénéfice du doute que parce qu'elle est la mère de Mordekaï, et que celle-ci n'a pas renié sa génitrice. Et si sa droiture le lui a commandé, c'est qu'elle sent autre chose que je ne vois pas.
De même, je suis intrigué par sa double face...car elle a aussi mis son coeur à me permettre de retrouver ma douce.

Mais pour tout te dire, je ne lui accorde pas l'entièreté de ma confiance...

Je ne suis pour autant pas inquiet pour sa fille. Mais j'attends vraiment de savoir comment tout cela va finir...sinon, je serai déjà de retour. Kaï a toute mon affection, je ne veux pas l'abandonner à ce moment décisif de son histoire.
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[Popoulos]

Khan savait que dans la florissante expansion de la fabrication des poisons, Abigaïl était la meilleure.
Ne tirait-elle pas ses connaissances de plusieurs générations de sorcières et d'ensorceleuses? Pas étonnant qu'elle ait voulu transmettre son immense savoir à sa fille, afin que celui-ci reste dans le sein des femmes Etxeberry...

Mais Abi n'avait pas prévu qu'elle verrait contrecarrer ses projets par celle à qui elle donna naissance, et à qui elle donna précisément le nom d'une fleur symbole de la résurrection, dans la Grèce et la Rome antique, mais surtout en Corse...l'île de son père Ujio...où elle se voit conférer des pouvoirs protecteurs.

Ironie du sort? ou acte manqué d'une Abigaïl qui ne fit qu'agir pour nourrir sa rancoeur sans savoir qui elle était réellement?

C'est ce que tu ne vois pas Salim : Abigaïl est vénéneuse...mais elle ne s'est jamais posée la question à savoir si c'est ce qu'elle avait décidé d'être profondément.
Et c'est ainsi que sa vie n'est qu'une série de lapsus, de contradictions et d'incohérences entre ce pour quoi elle a investi sa vie entière, et les décisions qu'elle prends par elle-même.

Tu ne t'es jamais demandé pourquoi elle ne s'est pas débrouillée pour faire abattre Leg l'Ancien le grand oncle de Mordekaï? afin de porter un coup au pilier de cette famille qu'elle détestait tant? ou pourquoi elle n'a pas fait en sorte qu'Ujio meurre l'écume à la bouche?

Bien qu'elle n'administre pas, elle peut encore passer commande par elle-même.

Mordekaï a senti quand elle la retrouva, que cette froide incarnation de la faucheuse n'avait bâti ses choix que sur "la croupe du cheval" d'Ujio.

Aujourd'hui, nous avons vu une dégringolade de plus de trente années...et c'est par le poison lui-même que Mordekaï inocula l'antidote à sa mère...comme c'est d'ailleurs souvent le cas : dans une même plante cohabitent à la fois la Vie et la Mort. C'est cette "double face" que tu aperçois très justement chez elle, car c'est également le double pouvoir que posséda Ujio : celui de transformer la vie d'Abi en bonheur rayonnant...auquel cas elle se serait peut-être versée dans les arts médicinaux...ou au contraire, en cauchemard, avec les effets que nous connaissons.

Il soupira...cependant...nous ignorons si ce contrepoison agira favorablement...le mal peut très bien empirer...

Il resta un bon moment songeur...décidé en lui-même de rester voir ce que choisira Abigaïl, parce qu'il voulait être là à sa "croisée des chemins", tout autant que parce qu'il l'aimait. Il pensait aussi que si Abigaïl pouvait retrouver une vraie joie, elle reprendra sa vie de zéro, et choisira peut-être une voie plus vivante.

Il releva soudainement la tête, et demanda à Salim :

Tiens...en parlant d'une "dégringolade" de plus de trente années...quel âge crois-tu que notre Kaï ait? Elle nous dit tout le temps "24"...mais c'est impossible tu es d'accord?
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[Abigaïl]

Je serai toujours ta fille...je serai toujours une Etxeberry...mais je serai toujours, toujours la fille d'Ujio...toujours ... une Di Césarini...
Je serai toujours........

Comme piquée par un scorpion, elle se recule, l'air pincé. Son regard avait retrouvé un semblant de volcanique, sous l'effet de ce vieux ressentiment.

Elle reste sur le déni et le refus. Tournant la tête, elle rompt les pourparlers et assène un : Je suis fatiguée!! ...sec et péremptoire.

On n'efface rien, on fait juste en sorte de baisser le son de la mélodie du passé.
Pas prête, ou pas envie...
Pour l'instant, elle était juste fatiguée.

Que ce soit l'éclat de la détermination de sa fille ou les informations reçues...tout était trop, elle voulait d'abord repenser à elle en premier, ainsi qu'elle avait toujours fait.
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[Mordekaï]

Aurait-elle souri à cette évocation? aurait-elle froncé les sourcils, plissé les yeux, posé le masque de la mélancolie?
Elle n'avait pas prononcé ce qui lui semblait être devenu une clé, une formule magique...Des mois et des mois sans plus l'utiliser, si elle devait le réemployer alors il faudra que ça marque le coup.
Tout ce qu'elle fit, c'est affirmer son regard face à elle. Bien qu'encore indécise, dans l'attente d'un signe, ou d'une idée, elle avait acquis la force de se reposer sur ce qui était parcouru plutôt que de s'éplorer sur ce qu'il restait à faire, et qui n'était pas même encore commencé.

Je suis fatiguée!!

Elle hocha affirmativement la tête sans rétorquer : la conversation était terminée.
Quittant sa mère, et repartant vers la maison, elle fait volte-face une dernière fois avant de lancer :

Hey...être la dernière, c'est aussi fort qu'être la première...

Elle regarda sa mère un instant, souriant avec une pointe de tristesse, devant ce qui lui paraissait être un navire échoué.

La fraîcheur du soir tombait doucement sur cette journée étrange et brassée d'émotions.

Ayant une pensée pour le Cardinal, elle se sentit le besoin de prier. Prier l'aidait à retrouver le cours de ses pensées, la sérénité aussi.
C'était un moment institué souvent, entre elle et le Créateur.

Grimpant l'escalier, elle se dirigea sans hésiter sur sa direction vers la chambre de Caleb : une croix était fixée au mur, elle pensait qu'elle y serait encore.
C'était le cas : dans la pénombre de la pièce, la pièce de bois semblait dormir avec le reste du mobilier.

Elle retira sa cape, et s'agenouillant devant, elle joignit les mains et épancha son coeur.
Prenant le temps de recouvrer une âme tranquille, elle resta ainsi quelques minutes.
Puis, regardant la croix, passa sa main sur le côté, délassa un ruban de couleur rouge, et défourreauta un glaive à la lame étincelante.

Présentant l'arme à Dieu, tête penchée, elle répéta doucement :

S'en servir pour sa propre défense, pour celle de la Très Sainte Eglise, pour celle de la Foi Aristotélicienne et pour celle du Saint Siège. Autant que l'humaine fragilité me le permettra, ne blesser personne injustement avec lui. Qu'il daigne m'accorder cela.
Je reçois ce glaive sur ma cuisse, mais je suis attentive au fait que ce n'est pas par le glaive, mais par la Foi, que les Saints ont vaincu les païens !
Veiller contre la perfidie de la créature sans nom, et être vigilante dans la Foi et la vertu.

C'était son moment préféré...celui où elle se rappelait ses engagements, même si ceux-ci avaient été annulés de par sa disparition. Mais elle avait juré sur sa vie, c'était inscrit sur son coeur, coulant dans ses veines, à jamais, jusqu'à sa mort. C'était un instant précieux, rare, car elle le faisait en secret, dans la modestie et la complicité de la solitude.

Baissant l'épée, elle la remit consciencieusement, avec patience, dans son fourreau, qu'elle relaça de son ruban rouge.

Puis, un dernier mot...

Veillez sur mes poussins...veillez sur mes proches...veillez sur Cagi, et sur Kad aussi...je m'inquiète grandement à leur sujet...

Elle sourit en repensant à son mentor, celui pour qui elle gardera une tendresse et une affection indéfectibles et profondes. Dire qu'elle se couperait un pied ou deux pour lui était peu dire. Le problème c'est qu'après sans pieds elle ne lui serait plus d'une grande utilité...alors elle se couperait le nez plutôt...

Amen...


Après avoir ouvert la fenêtre pour aérer, elle prit une couverture et la posa sur le grand lit de la chambre.
Sans plus attendre, elle se dirigea vers l'endroit où elle se doutait bien qu'étaient ses deux compères.

Passant dans les pièces mais préférant ne pas s'attarder sur les émotions qu'elles lui inspiraient, elle commença à descendre l'escalier en colimaçon, en souriant de constater qu'elle ne s'était pas trompée.

Tiens...en parlant d'une "dégringolade" de plus de trente années...quel âge crois-tu que notre Kaï ait? Elle nous dit tout le temps "24"...mais c'est impossible tu es d'accord?

Hééé...mais de quoi qu'ils parlent?!! encore de mon âge scregneuuuu....
Hâtant le pas, elle évalua mal la distance avec la dernière marche et plongea dans la cave les deux mains devant...

La vache!!! j'avais jamais pris le temps de venir ici!! Tout ce que tu veux qu'il a voulu rivalisé avec tonton Cell le pater....

A quatre pattes, elle en avait oublié le sujet de conversation principal.

[Edit : raccord avec la Villa Plantagenêt]
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[Popoulos]

Un "Shbling" un "shblang" ou un "shbourf" ou peut-être les trois à la fois, un espèce de truc dégringola depuis l'escalier.

Reconnaissant rapidement la chevelure rouge, hirsute, Popoulos se tourne vers Salim d'un air très sérieux façon prof de bio :

Ah...un vol de galinette cendrée*...ce qui est intéressant avec cet oiseau, c'est qu'il est capable de se vautrer plusieurs fois par jour sans en être perturbé...robuste, on dit qu'on pourrait également le faire passer dans une roue à aube sans qu'il n'en remarque rien...observe, mais ne dis rien : l'animal est un peu niais...



[*nostalgie du temps des inconnus^^]
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[Mordekaï]

Euh?

Toute à sa contemplation, la galinette ne put comprendre qu'au bout de dix secondes bien pleines que Popoulos se payait sa pomme.

Euuuuuh?

Se relevant, elle affiche mine de guerrière et s'écrie avec un sourire espiègle :

Bagarre Gémini!!!

Deux bonds l'élancèrent vers son objectif!! mais au lieu de se diriger vers Popoulos, elle se jeta sur Salim, l'empoignant, et le faisant valser pour le retourner comme une crêpe sur le sol...

Attrapant son bras, en le tirant en arrière, elle rit d'un rire de vainqueur avec un regard férocement farceur :

Ah ah ah!!! on fait moins son malin!!!
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[Salim]

Alors lui il a rien capté...

Couché peinard sur ses vieux coussins miteux et son banc de pierre, il pensait à ce que venait de lui expliquer Popoulos...à cette furieuse complexité des gens, à tout ce qu'on ne voit pas, et l'infini de ce que l'on interprète...souvent de travers...très souvent.

Il entendit bien un truc qui magnifestement s'affalait par derrière, un Popoulos lui faire un cour sur un oiseau dont il ignorait l'existence, et puis soudain un cri de guerre, et la terre qui tourne.

Plaqué, malmené, une douleur s'élance dans son bras...

Frappant du plat de sa main pour annoncer sa rédition sans conditions, il lance :

Heeeyy vieille femme!!! c'est trop pas moi tu veux l'oeil de la vengeance?!! adresse-toi plutôt au crouton qui picole à côté!!
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[Mordekaï]

A califourchon sur son ami, elle lui lâche prestement le bras ne désirant pas le blesser, en riant comme une gamine :

Mais que fais-tu du respect pour les ancêtres Salim mon frère!! Jamais je ne toucherai à Popou...

Elle se relève et adresse un grand sourire coquin à Gémini...

Tu as vu Gém'? moi j'ai pas dit t'étais un crouton!! fit-elle d'un air peste avant de se relever.
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[Popoulos]

Le pas-si-vieux-que-ça négociant de vin protège la bouteille de Beaumes-de-Venise avant de s'exclamer :

'Tention les mômes!! on se tue mais pas touche au pinard!!!

...adresse-toi plutôt au crouton qui picole à côté!!

Il s'escane...Crouton?!

Tu as vu Gém'? moi j'ai pas dit t'étais un crouton!!

Non!! mais tu as dit que j'étais un ancêtre!! Gamine!!!

D'un air fier et propre sur lui, il reprends : je ne suis pas vieux...je suis dans La Force de l'Age...

Mais vous...jeunes couillons, vous êtes encore bien loin de n'arriver qu'à l'orée de ma sagesse!!!
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[Mordekaï]

...je ne suis pas vieux...je suis dans La Force de l'Age...
Mais vous...jeunes couillons, vous êtes encore bien loin de n'arriver qu'à l'orée de ma sagesse!!!

Mordekaï hausse les épaules en tirant la langue, comme une petite enfant mutine...
Puis elle plaque un gros bisou sur la joue de Popoulos :

Tu as raison...

Après lui avoir ainsi démontré son affection, elle se penche vers lui et lui souffle:

Dis...M'man est restée là-haut toute seule...dans le jardin...tu veux pas...t'occuper d'elle?
J'ai préparé une chambre à l'étage, tu verras elle est ouverte...Ne prends surtout pas la dernière chambre au fond à droite s'il te plaît...

Avec lui, elle ne s'en faisait plus pour sa maman...celle-ci était entre de bonnes mains et il était bien le seul à savoir s'y prendre avec elle. C'était vraiment un homme bien, un gentil homme, un extraordinaire ami...
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