L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church
Forum RP de l'Eglise Aristotelicienne du jeu en ligne RR
Forum RP for the Aristotelic Church of the RK online game
 
Lien fonctionnel : Le DogmeLien fonctionnel : Le Droit Canon
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

[F-Dogma]Le Livre des Vertus
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum -> La Bibliothèque Romaine - The Roman Library - Die Römische Bibliothek - La Biblioteca Romana -> Office des bibliothécaires - Office of the Librarian
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2020 4:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    L'Héritage d'Oane
    Le miroir d'Oane


    Préambule

    Mon cher Miroir d'Oane, miroir de moi-même, choisi parmi les Hommes par Dieu, le Mystérieux, pour les guider vers les verts paturâges de la vie, tu es la seule personne à laquelle je puis m'adresser du fond de ma solitude.
    Avant que Dieu ne me pose La question, j'étais seul et incompris; je le suis encore aujourd'hui, malgré le respect dont on m'entoure.
    Dieu s'est retiré du monde, laissant les Hommes vivre et prospérer à leur guise et moi-même face à mon destin, celui qu'Il a choisi pour moi, celui dont, quelque part, Il m'a fait prisonnier.
    Et c'est dans cet état de détresse quasi-absolu qu'Il me laissa, uniquement guidé par l'Amour, et que je dus bâtir de toute pièce une Eglise.
    Mon beau miroir, que la clémence des années me permette de poser par écrit mes réflexions, mes doutes et ma vision du monde voulu par Dieu.
    Oane.


    I) Fragments oaniens

    Dieu, le Néant et la Créature Sans Nom

    J'ai longtemps réfléchi au Néant qui existait avant tout, qui existait avec Dieu et qui existait en Dieu; j'en suis arrivé à la conclusion que cela ne pouvait être que la part obscure de Dieu, un peu comme la terre, sale, grasse et collante qu'il a créée, lieu où tout fermente, pourrit et où grouillent aussi ces vers de terre qui se tordent d'une façon qui, à elle-seule, reflète leur noirceur.
    Et c'est pourtant de ce lieu sordide que sortent les plus beaux fruits du monde et que du noir Néant naquirent les beaux fruits des vertus divines.
    Comme si le Néant lui-même, était un chaos à la fois putride et fécond, exactement comme la terre que nous foulons aux pieds.
    Bien et mal, noir et blanc; c'est un peu comme si du noir naissait le blanc, et sans doute du blanc, le noir, en une sorte de mouvement perpétuel infernal qui reproduirait le chaos primitif.
    Ainsi, de Dieu lui-même naquit une sorte de rejet maléfique, la Créature Sans Nom que l'on ne peut nommer précisément parce qu'elle s'appellerait pareillement Dieu.
    Dieu est le créateur du bien; il l'est aussi du mal.
    De même que le Néant est la part obscure de Dieu au Ciel, de même la Créature Sans Nom l'est sur terre.
    Et moi, Oane, seul parmi les Hommes, je suis au centre de ce duo infernal où Dieu affronte Dieu.

    Les trois sphères

    Le monde est constitué de trois sphères, celle du bien, celle du mal et celle de l'incertain.
    La sphère du bien est le Soleil qui nous réchauffe et permet aux plantes de pousser, celle du mal est la lune, d'une couleur jaune maladive, pâle reflet du soleil dont la surface apparait crevassée comme si mille volcans y crachaient du feu en permanence et celle de l'incertain est la terre.
    La terre, elle-même, est divisée en ces trois entités: il y a le Ciel où siège le bien, le sol de terre et de fange où siège le mal, et l'entre-deux, le monde des hommes et de l'incertain.
    Sur cette sphère de l'incertain vit l'Homme, création de Dieu et miroir de celui-ci.
    Aussi, avons-nous tous en nous, comme Dieu notre Père l'a en lui, une part de mal et de noirceur et celle-ci préexistait à la Révélation.
    Elle préexistait parce que la Créature Sans Nom est née et était devenue malsaine bien avant que Dieu ne l'a transforme en chose invisible capable de tenter les Hommes impunément.
    Elle était un homme parmi les Hommes, et partagée comme Dieu, le monde et la terre, en trois sphères, le bien, le mal et la conscience, glaise de l'incertain.
    Chez certains Hommes, le bien l'emporte, chez d'autres le mal triomphe et enfin, il y a ceux qui naviguent dans un entre deux perpétuel.

    L'incertain du bien et du mal

    Mais, en vérité, en dehors de la Créature et de ses serviteurs attitrés, rares sont les personnes qui savent si leurs actions sont bonnes ou mauvaises.
    J'ai connu un homme persuadé que le bien était ce qui faisait son bonheur et que seul l'argent pouvait l'accroitre.
    Aussi passa-t-il le plus clair de son temps à s'enrichir, à vendre sa femme comme esclave sexuelle à d'autres hommes pour en tirer encore plus d'argent et plus il était riche et plus il semblait heureux.
    Et puis, je le vis gagné par l'oisiveté et s'enivrer d'ennui car le vin était devenu sa seule source de distraction.
    Je le vis devenir un homme plein de fureur et de colère, et, dans ses soirées d'ivrognerie, chercher finalement à sacrifier son fils unique à Dieu.
    Alors, au dernier moment, alors que le couteau du père sacrificateur allait s'abattre sur la victime et qu'un infanticide allait se commettre, je ne sais quoi, mais quelque chose retint son geste, comme si soudain, l'éclat du bien et du mal venait de l'aveugler comme un métal brillant et réveiller sa conscience.
    Le bien, le mal, où est la frontière ?
    Cet homme avait voulu faire le bien et ses actes engendrèrent le mal.
    Il avait voulu faire le mal et le bien en était sorti.
    Souvent, je pense qu'en voulant faire le bien, on arrive parfois, involontairement à faire le mal.

    La morale

    C'est en tout cas cet épisode qui me fit prendre conscience, à moi, Oane, que des règles de vie devaient être fixées.
    J'inventai la morale.
    Tous les sentiments sont jouissifs en eux-mêmes : l'amour, la perversion, la haine. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils se transforment généralement en actes. Seulement certains comme le mal, à la fois séduisent mais également détruisent celui qui les ressent.
    Je listai tout ce qui me semblait pouvoir détruire ceux qui ressentent le mal et j'édictai des lois qui formèrent la base de la morale: ne pas voler, ne pas tuer, respecter son père et sa mère, ne pas témoigner faussement contre son voisin, ne pas convoiter son bien, agir avec tempérance, respecter la liberté d'autrui.
    Ainsi, j'incitais chacun à avoir les mêmes règles que son voisin et à avoir les moyens de distinguer plus clairement où était la frontière entre le bien et le mal.
    De la morale et des sept commandements qui en résultèrent, découlèrent les premières lois qui régirent la communauté.
    J'étais devenu à la fois chef religieux et chef politique de ma communauté; de telles responsabilités me terrifiaient et me terrifient toujours littéralement; c'est un poids énorme que Dieu m'a légué en se retirant du monde.

    Dieu est Mystère

    C’était d’autant plus effrayant que nous ne pourrons jamais nous expliquer Dieu tel qu'Il est : tout cela dépasse les capacités de notre intelligence. Notre seule raison nous fait connaître que Dieu existe et qu'll possède toutes les perfections. Elle ne peut pas aller plus loin par elle-même.
    Car notre intelligence est "finie", c'est-à-dire limitée ; tandis que Dieu est "infini".
    A cause de notre imperfection, nous ne pouvons pas comprendre un être aussi absolu et parfait que Dieu car nous le voyons essentiellement à travers elle.
    Il est souverainement au-dessus de tout ce que nous pouvons en dire ou prescrire en son nom.
    Nous ne pouvons que nous prosterner devant Lui et nous présenter humblement comme des mortels qui le cherchent, avec nos espoirs et nos doutes en sachant qu’Il sera à nos côtés, peu importent nos erreurs, nos incompréhensions et nos imprécisions à son sujet parce que nous sommes Ses enfants liés à Lui par les liens de la paternité et de l’Amour.

    Le mal peut-il triompher ?

    Jamais je n'ai vu le mal l'emporter sur le bien.
    Le Néant maléfique est en Dieu, mais Dieu le sait, car il sait tout, y compris de lui-même. Il connait sa part de noirceur, et il la combat par ses actions, par le bien qu'il cherche à faire, et parce qu'il nous a créés.
    Dieu a créé les Hommes pour lui.
    Nous sommes les garants que jamais il ne laissera le mal l'emporter en Lui sur le bien si nous savons préserver l'amour que nous lui portons.
    L'amour n'est pas seulement notre raison de vivre, c'est aussi celle de Dieu.
    Sans amour Dieu, le Bon, le Juste n'est rien, et la noirceur de la mélancolie le gagne et sa part mauvaise pourrait un jour, si nous l'abandonnons, détruire le monde.
    Mais Dieu nous a créés aussi pour qu'on l'aide à repousser le mal en luttant contre son émanation sur terre: la Créature.
    De même que notre amour l'aide à lutter au Ciel, de même notre combat sur terre contre celle-ci soutient Dieu qui nous a confié l'immense tâche de le seconder dans la lutte contre la part obscure de lui-même et de l'univers.


    II) Les béatitudes

    Chaque dimanche, désormais, je réunissais tous les gens de ma communauté; c'était l'Assemblée du peuple, celle où se prenaient toutes les décisions. Nous y réglions aussi bien les problèmes domestiques, les conflits de voisinage que la gestion de la communauté et, en échange, comme dirigeant de la communauté, je leur expliquais les principes moraux qui devaient régir nos actions afin de faire triompher le bien et d'aider Dieu dans son combat.
    C'est ainsi que je leur livrai une série de sentences
      Bénis soient de Dieu les pauvres en esprit,
      car le Paradis solaire est à eux.
      Bénis soient les caractères pacifiques,
      car ils recevront la Vie Eternelle en héritage.
      Bénis soient ceux qui sont dans la peine,
      car ils seront consolés.
      Bénis soient les affamés et ceux qui ont soif de justice,
      car ils seront nourris et on leur rendra justice.
      Bénis soient les miséricordieux,
      car ils obtiendront miséricorde.
      Bénis soient les cœurs innocents,
      car ils contempleront Dieu dans toute sa splendeur.
      Bénis soient ceux qui œuvrent pour la paix,
      car ils seront appelés Fils de Dieu.
      Bénis les persécutés parce qu'ils cherchent la Vérité,
      car le Paradis solaire est à eux.
      Bénis êtes-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on vous calomnie de toutes manières à cause de Dieu.
      Soyez tous dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2020 4:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    L'Héritage d'Oane
    Noam, père de l'oanisme


    1) Comment l'héritage d'Oane ne fut par perdu par tous

    Après la destruction d'Oanylone, les survivants se séparèrent en multiples groupes qui n'eurent bientôt plus rien à voir entre eux.
    Presque tous abandonnèrent aussi la religion de leurs pères considérant que la faillite d'Oanylone avait entraîné celle de la religion enseignée par Oane et ils se mirent à honorer plusieurs dieux, inventant le paganisme.

    En fait, la vérité oblige à dire que seul Noam, un petit-neveu d'Oane ainsi que les gens de sa parentèle et de sa domesticité, étaient restés fidèles à sa pensée, et Noam fut d'ailleurs celui qui devait sauver des flammes le Miroir d'Oane dont nous ne possédons, malheureusement, plus que des fragments aujourd'hui.
    C'est à partir de ce tout petit bourgeon primitif que la foi en un Dieu unique fut maintenue et que se perpétua le rameau le plus ancien de notre Eglise qui devait être plus tard une des sources de l'Aristotélisme.

    2) Noam réfléchit au désastre d'Oanylone et invente les 3/8:

    Noam fut l'un des premiers à se pencher sur les causes de la chute d'Oanylone et il devait rédiger à ce sujet un ouvrage aujourd'hui perdu qui servit de base à Sypouss quand il mit par écrit le Livre des Vertus.
    Cependant, contrairement à Sypouss, Noam était persuadé que l'acédie ne s'était développée que parce qu'on n'avait pas cru devoir réduire le temps de travail des hommes pour le mettre en adéquation avec le gain de temps opéré par les machines inventées par l'esprit humain.
    La plupart des maîtres de métier, d'ailleurs, ne savaient que répéter à leurs compagnons et apprentis qu'il fallait travailler plus pour gagner toujours plus.
    Le seul résultat auquel on aboutit fut un grand épuisement moral de ceux-ci, une augmentation des nombres de suicide, et finalement, une volonté de ne plus obéir du tout, ni à d'autres hommes, ni à Dieu.
    Noam avait entendu dire d'ailleurs, que ces humains récalcitrants, s'étaient mis à vénérer une grande prêtresse du nom de Sheila qui leur enseignait que le meilleur moment de la journée, c'était l'heure de la sortie du boulot et qui avait rédigé un poème où elle remettait en cause la morale de son époque:
    "Tu m'avais dit pour me mettre en confiance, que le travail conserve la santé, j'ai travaillé chaque jour sans défaillance, je suis fatiguée, alignée.
    Oane, t'es plus dans l'coup Oane! tu devrais, ma parole, retourner bien vite à l'école, réviser ton jugement, crois-moi, ce serait plus prudent !"

    Aussi Noam décida-t-il de partager la journée en trois partie égales: huit heures de sommeil, huit heures de travail et huit heures de loisirs.
    Et, afin que de diversifier les loisirs des Hommes, il inventa un nouveau jeu pour les distraire, le Yannick Noam, l'ancêtre de notre Jeu de Paume.

    3) Etablissement d'un rite noamien

    Si la messe fut inventée suite au dernier repas de Christos, certains éléments n'en sont pas nés, pour autant, tous à l'époque de ce dernier.
    En effet, nous possédons encore, à Constantinople, un fragment de messe noamienne qui se compose ainsi:
    le prêtre commençait son sermon par une invocation à Dieu, afin d'attirer sa protection sur les fidèles puis il lisait et commentait un passage d'un texte sacré dont nous ignorons l'origine, faute qu'il ne nous soit parvenu et qui fut, peut-être, une des sources de travail de l'excellent Sypouss, puis la cérémonie se terminait par la bénédiction de la foule par le prêtre, au nom de la toute puissance divine, puis il leur souhaitait une bonne semaine.
    Aujourd'hui encore, ce rite est toujours accompli parfois dans certaines églises de Constantinople, sous le nom de "petit rite" pour les messes ordinaires, mais nous ne saurions être certains qu'il en soit ainsi chez les Clercs d'Occident.

    4) Le songe de Noam

    Un jour qu'il était endormi, Noam fit un étrange rêve; il vit un arbre, ou plutôt son regard suivit un tronc d'arbre interminable qui semblait monter tout droit vers le Ciel, quand, soudain, rompant cette ligne immuable, des dizaines de milliers de branches emmêlées et inextricables apparurent, brouillant considérablement sa vue.
    Il prit peur, se crut perdu au milieu de l'Enfer lunaire et se réveilla en sueur; du moins le crut-il, car, en fait, il rêvait toujours ... Un ange lui était maintenant apparu et, pour l'apaiser, il lui expliquait son rêve: " Ce que tu as vu, Noam, c'est le destin de ton Eglise ... le tronc, c'est elle, et ce que tu as pris pour des branches, ce sont, en fait, les racines de cet arbre, qui s'enfoncent dans la terre et qui se conjoignent en un tout unique pour donner ce magnifique arbre. Ton Eglise sera pareille, Noam, forte et brillante, parce que des milliers de racines viendront la nourrir; toi tu en es une, mais, partout, dans le monde, même chez les païens, des gens réfléchissent, pensent, et apporteront, grâce à deux prophètes que Dieu enverra aux Hommes pour les guider vers Lui, leur pierre à l'édifice, car ces deux prophètes sauront conserver ce qui, de toutes ces sciences païennes, est utile à tous, de sorte que ton Eglise, Noam, saura faire naître l'unité de la diversité - E pluribus, unum ("et de plusieurs, un") -.

    On ne sait comment se termina la vie de Noam, ni qui, après lui, prit la relève, mais une chose est certaine, c'est que grâce à Noam et aux penseurs dont il avait eu la vision, Aristote d'abord, Christos ensuite, et notre Eglise encore aujourd'hui, grâce aux apports nombreux qu'elle continue à recevoir, ont permis à l'Eglise aristotélicienne de naître et de continuer à vivre jusqu'à aujourd'hui, prouvant la supériorité de Dieu sur toutes les autres religions qui ont toutes fini par s'éteindre, faute de croyants.

    Traduit par le Théologue Jerem, à partir de la traduction grecque d'un texte syriaque, traduction trouvée lors du pillage de Constantinople en 1204 par les Croisés, et traduit en latin par Lorenzo Valla, un proche du défunt pape Nicolas V dont le Frère Jerem a découvert l'existence, enfoui dans un rayon de la bibliothèque vaticane.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2020 4:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Archanges
    Hagiographie de Saint-Gabriel-Archange


    Naissance de Gabriel

    Gabriel naquit par un jour comme les autres jours, par un jour qui ne différait en rien des autres jour. Rien ne laissait présager la place qu’il allait tenir dans les temps à venir, rien. Car Gabriel naissait comme les autres. Seules sa vertu et la pureté de son cœur allaient lui permettre de rejoindre le Très-Haut.
    Les parents de Gabriel étaient pieux, mais comme nombre d'habitants d'Oanylone, le message de Dieu qu'ils avaient reçu et qu'ils lui enseignèrent était perverti. Ils lui inculquèrent que Dieu avait créé la Terre, qu'Il était la base et le moteur de toute chose, mais également qu'il infligeait punition sans raison, et ne régnait qu'en souverain tyrannique…

    Bien que les quinze premières années de Gabriel se passèrent sans que rien arrive qui puisse le distinguer des autres enfants de son âge, il s'intéressa à la recherche de la Vérité sur Dieu, et comprit que celui-ci était un Dieu d'Amour et non de Haine...

    La Vie de Gabriel

    Le père de Gabriel, qui se prénommait Vorian, était Marin et travaillait pour un riche armateur d'Oanylone nommé Léto. Celui-ci était un brave homme, juste avec ses pécheurs, mais il avait épousé Hécate, une femme méchante et cruelle. Ils avaient eu un fils, nommé Léviathan, qui était né quelques mois avant Gabriel. Léviathan avait hérité de tous les vices de sa mère mais d'aucune des vertus de son père. Il était colérique, fourbe et un expert du mensonge. Il était cependant excellent navigateur et son père l'avait dès ses quinze ans nommé capitaine d'un de ses navires de pêche.
    C'était justement sur ce navire que Gabriel fut affecté lorsque pour ses quinze ans il commença lui aussi à travailler comme pêcheur.
    Léviathan arriva hurlant comme à son habitude, crachant sur les pêcheurs pas assez rapides à son goût, les frappant et déclanchant en eux colère et ressentiment. Souvent les pêcheurs sombraient dans une colère noire et tentaient de se rebeller et de frapper Léviathan, mais celui-ci heureux de leur haine pour lui, évitait toujours les coups et s'acharnait alors à les frapper le sourire aux lèvres.
    Gabriel assistait à tout cela, il voyait cet homme monstrueux qui était à peine plus agé que lui se délecter de la haine que tous lui portaient.
    Cela faisait alors deux semaines qu'il était sur le bateau de Léviathan, sans que l'on ne puisse rien lui reprocher car il faisait bien son travail, quand Léviathan lui tomba dessus. Il lui reprocha d'avoir mal fait son travail, lui hurlant dessus pour voir sa réaction, mais Gabriel resta calme et sans colère ni haine. Les injures et cris de Léviathan glissaient sur lui comme la pluie sur une surface lisse. Rien de ce qu'il disait ne pénétrait en lui pour éveiller la colère. Déçu de la réaction de Gabriel, il le frappa un bon coup et repartit voir ailleurs.
    Quelque temps plus tard, on apprit que Léto avait été tué par son fils, lors d'un des accès de colère de ce dernier. Il lui avait fracassé le crâne avec son sextant. Bien sûr, officiellement, cela n'avait été qu'un accident...
    Devenu le patron, Leviathan devint incontrôlable, il déchaînait sa colère sur tous et engendrait ainsi la colère parmi tous ceux qui travaillaient pour lui.
    Seul, Gabriel restait inébranlable devant les injures et les brimades de Léviathan. Ce dernier en restait incrédule, il ne comprenait pas que malgrè tout le déferlement de haine dont il abreuvait Gabriel, celui-ci reste calme, obéissant et travailleur...

    C'est à cette époque que Gabriel rencontra un vieux mendiant aveugle qui lui dit ceci :

    Citation:
    « Comprends peuple que c’est toi qui te distingues et non ta naissance,
    comprends peuple que Dieu te jugera en fonction de tes actes et non de ta naissance.
    Il te place sur le chemin, et ce sont tes pairs les hommes qui, sciemment ou pas, le rendront sinueux ou droit, t’en éloigneront ou t’en rapprocheront mais c’est à toi et seulement à toi de décider là et vers où tu marches car au final c’est pour toi que tu marches.
    Certes, tu dois marcher pour tes frères, tes sœurs et pour Dieu, mais c’est ton salut qui est en jeu.
    En aimant Dieu, en aimant tes frères et tes sœurs les humains, tu ne peux qu’y gagner, si ce n’est sur Terre, ce sera ailleurs, dans l’astre du jour.
    C’est à toi-même et à tes frères que Dieu te confronte car ce sont là tes plus grands ennemis bien que beaucoup cherchent à être bons. »


    Ces dernières paroles emplirent son cœur et son âme et par la suite, la vie de Gabriel fut une sorte d’acceptation de tout le malheur du monde. Il avait déjà appris à subir le mal sans résister, maintenant, il savait qu'il devait surtout le comprendre, car pour lutter contre lui, quoi de mieux que de semer la paix et l’amour à l’intérieur même de ce mal ?

    Il n’avait jusqu'alors jamais laissé parler sa colère ou sa haine, mais il savait maintenant qu'il lui faudrait dire non au mal lorsque celui-ci grandirait trop et sèmerait la discorde dans les âmes.
    Il avait déjà une telle capacité à se contenir qu’il donnait de lui l’image d’un homme pour qui la vie n’avait plus de secret.
    Il avait désormais une telle confiance en Dieu qu’il se laisserait porter par la providence et l’amour divin.

    Un soir, Dieu lui parla dans son sommeil et lui dit :

    Citation:
    « Homme, je souffle chaque jour ma parole dans le creux de ton oreille
    et la profondeur de ton coeur
    mais toi, pêcheur et profiteur,
    tu changes les Ecritures,
    et pervertis mes dires en me faisant parler à travers toi.
    Nombreux sont ceux à qui j’ai transmis ma parole,
    Mais tous ont souhaité la détourner,
    Ne serait-ce que pour attirer sur eux la gloire,
    Ne serait-ce que pour justifier une de leurs propres paroles.
    Mais viendra le jour où je confierai à Un ma parole de sagesse
    et à Un autre mes commandements.
    Car je t’aime, Homme,
    Et tant que tu voudras entendre ce que j’ai à révéler,
    Je parlerai,
    Et lorsque sciemment tu te fermeras totalement à mes dires,
    Je t’enverrai brûler dans les flammes de l’enfer au plus profond de la Lune.
    Car seule la souffrance pourra te faire voir que chaque jour j’œuvre pour ton bien.
    En te faisant souffrir je te ferai comprendre que sans moi rien n’est et rien ne peut être.
    Si je t’obligeais à me suivre tu ne comprendrais pas en quoi il est bon de me suivre.
    Tu mets du temps à comprendre, Homme, Et pourtant je t’aime.
    Ne cherche pas, Le bonheur est là, Dans la simplicité de ton cœur.
    Va Gabriel, Transmets Mon message à ceux que tu jugeras dignes d'être sauvés.
    Car Gabriel, Je te le dis, d'ici peu cette ère de décadence prendra fin.
    Et seuls les justes seront sauvés. »


    Alors Gabriel parcourut Oanylone à la recherche des justes, il leur donna une telle soif de Dieu que beaucoup, dans les vocations qui leur étaient propres commencèrent à oeuvrer pour la gloire de Dieu. Il leur expliquait aussi la nécessité de savoir ce à quoi nous sommes appelés. Il disait ces paroles :

    Citation:
    « Mes amis, mes frères,
    Dieu réserve à chacun d’entre vous une voie particulière.
    Il ne cesse de vous la crier au plus profond de votre cœur.
    Sachez vous ouvrir à son appel et répondre « Oui ! »
    En disant « Seigneur, tu sais ce qui est bon pour moi. Là où tu me mènes je ne saurai me meurtrir car c’est la voie qui est mienne. Là où tu me mènes, je ne saurai qu’être heureux malgré les épreuves.
    Alors, Ouvrez vos cœurs. »


    Beaucoup furent touchés par ses dires, mais cela ne suffit pas à maintenir la foule des hommes entêtés sur la voie de Dieu.
    En effet, les Paroles d’amour qui émanaient de Gabriel parlaient de s’éloigner du péché pour toujours plus se diriger vers la pleine vertu que seul Dieu possède, pour toujours plus se diriger vers Dieu.
    Mais, il était tellement plus simple de rester dans sa vie, il était tellement plus simple de perdurer dans le pêché… Pourquoi changer quand on est bien dans une situation ?

    C'est alors que Leviathan, qui était toujours très intrigué face à la tempérance de Gabriel le fit venir. Quand il arriva, il vit son père attaché à un pilier de bois. Léviathan lui dit que son père avait perdu toute une cargaison de poisson, que c'était un mauvais élément et qu'il méritait une correction. Léviathan commença à frapper Vorian, Gabriel le supplia d'arréter, mais plus Gabriel suppliait, plus Leviathan frappait fort... Leviathan frappa si fort, qu'il transperça dans une explosion de sang le ventre de Vorian qui mourrut sur le coup, accompagné des pleurs de son fils...
    Leviathan s'attendait à ce que Gabriel réagisse et, ivre de colère, tente de venger son père, mais Gabriel n'en fit rien, il tourna le dos et quitta la pièce, mais juste avant de partir il dit ceci à Leviathan : "Ta Haine et ta colère ne m'atteignent pas, tu penses être le plus fort, mais ta fin est proche, Dieu te punira pour tes péchés et tu seras condamné à une éternité de souffrance." Avant que Leviathan ait eu le temps de répondre, Gabriel était parti...

    La Chute d'Oanylone

    Gabriel errait sur le port d'Oanylone en proie à une grande tristesse après le déchainement de violence auquel il venait d'assister. Il s'approchait du navire « Qué-Bec » , nom donné à ce bateau car sa proue représentait un albatros le bec grand ouvert : son armateur ayant dit "mais quel bec il a ce navire !" avec le fort accent des bas quartiers, ce fut pourquoi on choisit le nom de « Qué-Bec » à ce navire. L'armateur était un ami de Gabriel, il l'avait ramené dans le droit chemin quelques temps plus tôt.

    Il s'apprêtait à aller le voir lorsque des éclairs apparurent dans le ciel.
    Gabriel comprit tout de suite que l'heure de la chute d'Oanylone était venue.
    Il décida immédiatement d'aller prévenir tous ceux qu'il avait rencontrés et qui l'avaient suivi dans la voie de la vertu pour les sauver.
    Il commença par prévenir son ami Alcisde, l'armateur du « Qué-Bec » pour qu'il prépare le navire à embarquer tous ceux qu'il ramènerait, afin de les sauver.
    Il parcourut alors les rues d'Oanylone prévenant tous ceux qu'il connaissait de se rendre au port et d'embarquer sur le « Qué-Bec », il leur disait surtout de ne rien emmener qui pourrait alourdir le navire.
    Alors qu'il revenait vers le port accompagné de quatre orphelins, il vit Léviathan les yeux fous de râge et de colère projetter une énorme poutre sur le navire qui en tombant dans sa voile le fit prisonnier de la ville. Tandis qu'un Rire tonitruant de dément sortait de la gorge de Léviathan, Gabriel, n’écoutant que sa foi, fonça sur le pont pour aider à libérer le « Qué-Bec ». La poutre était trop haute, et Gabriel qui était très fort, proposa de faire une échelle de son corps. Il prit une planche qu’il tint à deux mains et dit à un des marins « Monte sur mon corps, tu peux m’utiliser comme une échelle » Celui-ci put ainsi grimper jusqu’à la poutre et libérer le navire. Tous crièrent alors « Vive Gabriel qui fit une échelle de son corps, vive le « Qué-Bec» libre ! ».
    Ainsi libéré, tous montèrent à bord du navire.
    Un homme demanda alors à Gabriel "Qu’attend Dieu de nous ?"
    Ce à quoi Gabriel répondit :

    Citation:
    "Oane nous a pourtant gravé les paroles du Créateur sur le premier mur de notre cité, il y est écrit ce que Dieu a dit à nos ancêtres :
    “Que votre fidélité soit celle des enfants envers leurs parents ou je serai aussi sévère que les parents envers leurs enfants. Car, lorsque chacun de vous mourra, Je le jugerai, en fonction de la vie qu’il a menée. Le soleil inondera chaque jour le monde de sa lumière, par preuve d’amour pour Ma création. Ceux, parmi les tiens, que j’y enverrai, vivrons une éternité de bonheur. Mais entre chaque jour, la lune prendra la relève. Et ceux qui, parmi les tiens, y seront jetés n’y connaîtront plus que la tourmente.”

    Mais moi je vous dis aussi ceci :

    Ce jour est un jour tout neuf.
    Il n'a jamais existé et il n'existera jamais plus.
    Prenez donc ce jour et faites-en une échelle
    Pour accéder à des plus hauts sommets.
    Ne permettez pas que la tombée du jour
    Vous trouve semblable à ce que vous étiez à l'aube.
    Car demain serra peut être le jour où vous serez jugé."


    Le navire s'éloigna tandis que Gabriel retourna dans la ville en proie au chaos absolu. Et, durant six jours, il fit tout ce qu'il put pour sauver ceux qui pouvaient encore l'être...
    Vint alors le septième jour qui fut un cataclysme effroyable.
    Gabriel était sur le port quand il vit Léviathan, fou de rage, tenter de fuir la ville sur son navire appelé le "Kraken", mais les éléments étaient déchainés et un terrible tourbillon se forma autour du Kraken et l'engloutit. C'est alors qu'un gigantesque tremblement de terre détruisit Oanylone qui fut submergé par les flots.
    Des témoins virent alors un arc en ciel illuminer les cieux obscurs et certains reconnurent alors Gabriel tandis qu'il était emporté vers le soleil.

    Prière à Saint Gabriel
      Saint Gabriel archange,
      ange de la Tempérance,
      ouvre nos oreilles
      aux doux avertissements
      et aux appels pressants du Très Haut.
      Tiens-toi toujours devant nous,
      nous t'en conjurons,
      afin que nous comprenions bien
      la Parole de Dieu,
      afin que nous Le suivions
      et Lui obéissions
      et que nous accomplissions
      ce qu'Il veut de nous.
      Aide-nous à rester éveillés
      afin que, lorsqu'Il viendra,
      le Seigneur ne nous trouve pas endormis.
      Amen.

_________________


Dernière édition par Oberon. le Jeu Sep 17, 2020 5:16 pm; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2020 4:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Ce texte est la traduction d'un parchemin ancien retrouvé il y a une dizaine d'années dans une vieille bibliothèque sur une île grecque. Son auteur nous est inconnu et la traduction à nécessité de nombreuses heures de travail à cause du parchemin en mauvais état à sa découverte.

    Les Archanges
    Hagiographie de Sainte Galadrielle l'Archange


    L'enfance noire:

    Galadrielle naquit dans les temps troubles où la Ville d'Oanylone était livrée aux péchés. Sa famille faisait partie de ceux qui se revendiquaient comme les forts. Ils contrôlaient le commerce des vaches s'assurant ainsi de leur supériorité sur les autres. Barricadés dans une grande bâtisse à flanc de colline surplombant Oanylone. Galadrielle grandit dans ce contexte de conflits permanents, restant enfermé inlassablement dans sa chambre et sa maison. Galadrielle était une enfant simple qui ne demandait jamais rien se contentant de ce qu'on lui offrait. De Dieu elle ne connut rien durant son enfance. On lui compta seulement l'histoire de sa cité en faisant passer Oane pour un homme de pouvoir. Elle fut vite rejetée par ses frères et sœurs qui la trouvait trop faible. Elle fut donc mise à l'écart se retrouvant bien vite seule, elle vivait dans le grenier de sa maison, dans le noir, attendant seulement les deux repas qu'on lui apportait midi et soir. Cependant il arriva un jour qui changea tout pour elle. Alors que la servante venait lui apporter son plat du midi comme de coutume la lumière qui passa par la trappe révéla à Galadrielle une pile de livres qu'elle n'avait jamais vu. La chance lui souriant elle trouva au côté des livres des bougies et un petit objet permettant de créer une faible flamme. Elle apprit ainsi à lire, seule dans son grenier et découvrit bien d'autres livres car son grenier en était plein. Un jour qu'elle finissait de lire un ouvrage traitant de plantes médicinales et qu'elle en cherchait un nouveau à étudier elle trouva un vieil ensemble de parchemins, très usés, avec de nombreuses pages en moins. Il s'appelait "Le Guide". Ce livre racontait l'histoire d'Oane et de la création de la cité et c'est ainsi que Galadrielle découvrit l'existence de Dieu. A partir de ce jour elle le pria chaque jour priant un peu plus le dimanche pour communier encore davantage avec Lui comme le faisait les citoyens avant en se réunissant sur la tombe du Guide.

    La libération:

    Un jour un grand fracas la réveilla. La maison était une nouvelle fois attaquée. Le vice étant poussé à son paroxysme la ville n'était plus qu'un charnier où tout le monde s'entretuait, forniquait et c'était à présent à la famille de Galadrielle de payer le prix de la déchéance des hommes qui avaient oubliés Dieu et son Amour. Toute la famille et la maisonnée furent massacrés, les femmes violées avant d'être égorgées ou étripées. Galadrielle, cachée au fond de son grenier pria durant tout le temps où l'attaque, suivie du pillage, dura. Après plusieurs jours où elle ne mangea pas, terrée dans son grenier elle sortit enfin. La maison était saccagée, il ne restait plus rien, tout avait été prit ou alors détruit. Elle s'échappa dans les montagnes où elle survécut un temps avant de retourner dans la ville. Elle y trouva des personnes qui, comme elle, croyaient encore en Dieu et son Amour. Avec eux elle aida ce qu'elle pouvait, mangeant et buvant toujours peu, ne gardant rien pour elle qu'une vieille robe simple pour se vêtir. Durant ce temps elle servit le pauvre et le faible faisant preuve de la plus grande générosité possible, son humilité était reconnue de tous ceux qui étaient avec elle.

    L'illumination:

    C'est alors que Dieu s'adressa aux habitants d'Oanylone leur annonçant la destruction prochaine de la ville. C'est alors que les sept Seigneurs du Vice comme les appelait Galadrielle apparurent et prirent le contrôle d'une partie de la ville pour leur rébellion contre Dieu. Galadrielle était dans le camp opposé, dans ceux qui croyaient encore au Tout-Puissant, à son Amour et reconnaissait les péchés des hommes ainsi que les assumant avec humilité. Durant les six jours Galadrielle pria avec Raphaëlle, Michel, Sylphaël, Gabriel, Georges et Miguaël ainsi qu'avec la poignée d’hommes et de femmes les ayant suivis. Durant ces six jours Dieu s'adressa à elle par deux fois. La première alors qu'une femme était mourante faute de nourriture. Il lui dit alors:

    - Galadrielle, des sept humains qui incarnent les vertus suprêmes tu es celle qui possède le moins et n’éprouve jamais le besoin, aide cette femme pour me prouver que tu incarnes bien la conservation et tu seras récompensée.

    Durant les deux jours qui suivirent Galadrielle ne mangea qu'un quignon de pain, laissant le reste de sa ration à la femme qui fut sauvé. Le troisième jour Dieu parla une nouvelle fois à Galadrielle et lui dit comme la première fois:

    - Galadrielle, des sept humains qui incarnent les vertus suprêmes tu es celle qui possède le moins et n’éprouve jamais le besoin, offre à tes compagnons tout ce que tu possèdes pour me prouver que tu incarnes bien la conservation et tu seras récompensée.

    Galadrielle donna alors tout ce qu'elle possédait même sa robe, qu'elle garda néanmoins à la demande d'une femme comme prêt. Et mangeant grâce à l'amitié de ses compagnons qui chacun leur tour lui donnèrent un peu de quoi se nourrir chaque jour. Le septième jour arriva, la sol se déchira, les flammes sortirent de la terre et toute la ville fut engloutie. Galadrielle, ses six compagnons et leurs disciplines s'étaient réfugiés sur un colline où ils assistèrent au cataclysme. C'est alors que la lumière tomba sur eux. Galadrielle, Raphaëlle, Michel, Sylphaël, Gabriel, Georges et Miguaël eurent l'honneur d'être appelés archanges pour l'humilité ainsi que la vertu qu'ils avaient tous incarnés, leurs disciples devinrent des anges car ils avaient prouvés eux aussi leur désir de repentance.


    L'Archange:

    Devenue archange grâce à la son humilité et la conservation qu'elle incarnait Galadrielle devint l'un des sept seconds de Dieu qui avaient pour mission d'aider les humains à chaque fois que cela serait possible ainsi que de combattre la Créature-Sans-Nom. Galadrielle accomplit alors avec zèle la mission que Dieu lui avait confié. Durant les premiers temps, jusqu'à la naissance d'Aristote elle ne fit que regarder avec peine les humains se livrer au paganisme. Mais la naissance du Prophète changea de nombreuses choses, elle inspira alors de nombreuses personnes à suivre le chemin de la conservation. A chaque prière qui lui était adressée elle descendait sur terre octroyer son pardon. Elle ne cessa jamais son combat contre les gourmands.
    Un jour arriva où elle fut appelé sur Terre par un jeune garçon qui lui demandait son aide. L'enfant, seul à pleurer et prier sur son lit dans une grande chambre fastueuse vit alors arriver une femme, avec de longs cheveux blonds, habillée d'une légère et simple robe de lin blanc immaculé révélant ses formes, deux ailes dans le dos irradiant une lumière pure. Elle s'adressa ainsi au garçon:

    - Je suis Galadrielle, Archange de la Conservation, tu m'as appelée à l'aide et je répond à ton appel, dis moi en quoi je puis t'aider.

    Le garçon, émerveillé par la beauté et la pureté de Galadrielle lui répondit:

    - Mon père, le Roi de ces terres, me force à manger et boire comme un guerrier car il dit que je suis trop chétif. Mais je n'aime pas manger toutes ces choses et boire tous ces vins comme lui et sa cour le font.

    Galadrielle hocha alors la tête et alors qu'elle s'élevait dans les airs pour s'en aller dans un battement d'ailes elle lui répondit:

    - Tu seras exaucé mon garçon.

    Et elle disparut alors dans le ciel entre deux nuages. Le lendemain les entrepôts du Roi furent retrouvés vides, celui-ci, incapable de se passer de toute la nourriture qu'il ingurgitait chaque jour mourut. Le jeune garçon devint Roi et plus jamais quelqu'un ne fut gras dans ce royaume.

    Il vint un jour où Dieu demanda personnellement à Galadrielle d'accomplir une mission pour lui. Il la convoqua, elle se présenta à lui en toute humilité et il lui dit:

    - Galadrielle, tu vas accomplir pour moi une quête. Tu vas aller dans les terres oubliées, là où se trouvent les ruines de Oanylone, je veux que tu me ramène la Couronne de la Créature-Sans-Nom.

    Galadrielle partit alors pour un long voyage. L'emplacement des terres oubliées n'étaient connues d'aucun homme et seul un ange pouvait y accéder en volant. Ce n'étant que des lieues et des lieues de terres arides et noires, sans aucune vie ou goutte d'eau. Galadrielle trouva à l'emplacement des ruines d'Oanylone une immense crevasse. Durant des jours elle chercha autour la Couronne de la Créature-Sans-Nom sans succès. Désespéré elle songea à abandonner et rentrer honteuse au Paradis pour avouer son échec à Dieu. C'est alors qu'un râle sortit de l'immense crevasse. Galadrielle comprit alors qu'elle devait aller chercher la couronne dans le gouffre. Elle plongea dedans, illuminant sa route grâce à la lumière divine qu'elle irradiait. Au fond du gouffre, sur un piédestal entouré de lave elle trouva la couronne. Enorme, toute en or et sertis de nombreuses pierres précieuses elle témoignait de l'orgueil de la Créature-Sans-Nom. Galadrielle prit alors la couronne et sortit du gouffre mais là fut attaquée. La Créature-Sans-Nom en personne lui sauta dessus, l'enveloppant de sa noirceur. Elles combattirent durant plusieurs jours n'arrivant pas à faire triompher ni la lumière ni l'ombre. C'est alors que Michel, Archange de la Justice arriva pour aider Galadrielle. Il transperça la Créature-Sans-Nom avec sa lance la repoussant et la faisant fuir. Il ramena alors Galadrielle et la couronne au Paradis, là Dieu détruisit l'objet, symbole de convoitise et gratifia Galadrielle d'une grâce divine pour son combat contre la Créature-Sans-Nom



    Traduit du Grec Par Arilan de Louvois, Théologue du Saint-Office romain.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2020 5:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Archanges
    Hagiographie de l’archange saint Georges


    I L’amitié

    La foudre s’abattit tout près de là. Terrorisés, les enfants se blottirent encore plus dans les bras de leurs mères. Celles-ci pleuraient, implorant pitié au Très Haut. Les hommes s’invectivaient, s’attribuant l’un à l’autre la responsabilité des événements. Cela faisait six jours que les éléments se déchaînaient sur la ville d’Oanylone, avec la rage des premiers temps du monde. Un ciel noir d’encre, lourd de menaces, pesait de tout son poids sur la ville maudite. Parmi le petit groupe qui s’était réfugié dans la réserve de blé, depuis longtemps vidée, la peur côtoyait la colère, la fureur et le désespoir. On pouvait voir un homme qui avait cessé de rire de Dieu lorsque Celui-ci avait annoncé la destruction de la ville. Et cette femme ressassait sans cesse, avec honte, ses orgies luxurieuses avec tant d’hommes et de femmes qu’elle n’était pas arrivée à les compter. Ou encore ce jeune homme, qui avait prit le plaisir immonde de fracasser le crâne de son petit frère, et qui, maintenant, tentait de se racheter en rassurant les enfants rassemblés dans la minuscule pièce. Tous savaient pourquoi ils étaient punis, mais aucun n’osait l’avouer, certains cherchant même à en rejeter la faute sur les autres, dans l’espoir vain de faire oublier ses propres péchés.

    Une bourrasque terrible vînt enfoncer la porte, emplissant le frêle bâtiment d’un vent glacial. Ses fondations tremblèrent lorsque le tonnerre répondit à l’éclair, d’une puissance assourdissante. Et le silence se fit. Certes, la tornade rugissait et le tonnerre grondait, mais cela faisait déjà six jours que les habitants d’Oanylone ne connaissait plus que ça. Non, le silence n’était pas celui de la nature, mais bel et bien celui des humains. Car les réfugiés s’étaient tus, paralysés par la terreur, en voyant l’ombre qui se découpait dans l’encablure de la porte. Un homme, si grand et si massif qu’il devait se courber et resserrer les épaules pour entrer, s’approcha d’eux. La pénombre laissait deviner son visage rugueux et sa barbe drue. Sa volumineuse chevelure argentée lui donnait un air de sagesse, contrastant avec la largeur de ses mains, qui semblaient être capable de réduire en poussière même la plus dure des pierres. Son regard bleu pâle, usé par le temps, semblait tout de même garder au fond de lui une joie enfantine. Le colosse était habillé d’une chemise rapiécée et usée par les affres du temps. Un grand morceau de toile, enroulé autour de ses jambes, témoignait de sa condition de défavorisé. Il laissa apparaître un léger sourire et tous les réfugiés soupirèrent de soulagement. Puis il laissa entendre sa voix caverneuse:


    “Quand il n’y a plus d’espoir, il reste toujours l’amitié.”
    Alors, une vielle femme, au regard dur, à la volonté de fer, s’avança vers lui et lui demanda:
    “Et toi, l’étranger, es-tu venu en ami? Car il est en cette cité des hommes et des femmes dont la parole est de miel mais dont les actes sont comme le venin. Ils vivent sur des montagnes d’or, et ne désirent rien d’autres que de s’élever encore plus dans leur fol quête de butins. La vie de leurs semblables leur importe peu, tant leur soif de trésors les dévore.”
    “Je sais”, répondit l’homme. “C’est pour cela que je viens à vous. La richesse du coeur ne peut être égalée par les richesses de ce bas-monde. Emporteront-ils leurs montagnes d’or dans l’autre vie?”
    “Non, certes pas”, lui répondit la vielle dame. “Mais les richesses du monde nous sont-elles à jamais interdites? Devons-nous nous réduire à vivre tels des animaux pour honorer la richesse de l’âme?”
    “La vie vous a-t-elle appris à renier votre main gauche pour employer la droite?”, demanda l’homme. “Il en est de même pour les trésors que Dieu a créés pour nous. Que les richesses matérielles soient vôtres, car Dieu, par amour pour Ses enfants, nous en a fait don. Mais n’oublions jamais qu’il n’est pas de plus beau trésor que l’amitié.”

    Alors, un jeune homme se dressa et lui demanda: “Mais qui es-tu, toi dont les paroles sont emplies de sagesse?”
    “Mon nom est Georges”, répondit-il.

    II L’avarice

    En ce temps-là, sur une des sept collines d'Oanylone, un homme tremblait plus que tout autre devant la colère divine. Il ne craignait pas pour sa vie, car celle-ci n'avait pas d'importance pour lui. Mais il était tant attaché à ses biens qu'il ne pouvait s'en séparer. Pendant que les gens massacraient et violaient, lui pillait les maisons inhabitées et accumulait les richesses jusqu'à en faire une véritable colline de métaux précieux, de tissus délicats, de mets succulents... Il décida de construire une tour si haute, si large si solide qu'il pourrait y entreposer ses biens à l'abri de la convoitise d'autrui. Il avait embauché des maçons et des soldats, leur promettant un salaire sans égal, les uns pour construire sa forteresse et les autres pour repousser les pauvres, les déshérités et les affamés qui en voulaient à ses richesses. Celles-ci recouvraient les pentes de la colline, illuminant les environs d'une lumière dorées et de senteurs appétissantes. Seuls les maçons pouvaient fouler du pied ces trésors pour aller construire la tour, mais lorsque l'un d'eux abandonnait son travail pour s'abandonner à la convoitise, les soldats dardaient son coeur de mille coups d'épée. Et le riche homme exultait à l'idée de pouvoir garder ses biens jusqu'à sa mort, admirant les pauvres et affamés qui entouraient sa colline et la couvraient d'un regard suppliant. Cet homme s'appelait Belzébuth.

    Alors vint Georges, suivi de tous les malheureux qui avaient croisé son chemin. Lorsque ceux-ci virent le miel, le lait, la viande rôtie, les vêtements de soie et les coffres débordant de pierres et de métaux précieux, ils coururent prendre leur part, n'écoutant pas les exhortations à la mesure que criait Georges. Et les gardes dégainèrent leurs lames et donnèrent la mort à quiconque s'approchait des richesses. Lorsque le massacre se fut terminé et que les larmes remplacèrent les cris, Georges approcha des soldats, d'un pas calme et assuré. L'un d'eux, particulièrement zélé, lui présenta l'estoc de sa lame sous le menton, dans une attitude explicite de promesse de violence. Mais Georges lui dit:
    "Pourquoi as-tu tué ces pauvres gens?". "Je suis payé pour celà", répondit le soudard. "Et combien as-tu été payé jusqu'ici?", renchérit Georges. "Rien. Le sire Belzébuth me paiera une fortune lorsque sa tour sera construite et que ses richesses y seront entreposées", dit le soldat d'un ton sûr de lui. "Alors, tu tues pour servir une personne qui ne veut que conserver ses richesses et tu croies qu'il tiendra parole et te paiera ensuite, comme il te l'as promis?", l'interrogea Georges. "Bien sûr! Car sinon, ce serait de l'esclavagisme!", s'exclama le militaire, inquiet d'entendre une telle question. Alors, Georges conclut ainsi: "En vérité, je te le dis, quiconque vit pour les biens matériels, au détriment de l'amitié que tout enfant de Dieu se doit de porter à ses semblables, ne mérite aucune confiance. Au lieu de tuer pour défendre l'avarice d'un tel homme, prends ces richesses que tu foules du pieds et donne-les à ceux qui en ont véritablement besoin. Dieu a créé ces biens pour que toutes Ses créatures puissent y trouver de quoi vivre à l'abri du besoin, pas pour qu'un seul en jouisse plus qu'aucun autre."

    Alors, les gardes posèrent leurs armes, les maçons cessèrent leur travail, les gens s'approchèrent, et ils se partagèrent les richesses à chacun selon ses besoins. Belzébuth hurla sa rage de voir ses biens lui échapper, passer de main en main. Mais celà se déroulait lors du septième jour de la punition divine sur Oanylone et la terre se mit à trembler. La tour en construction s'effondra et de larges failles s'ouvrirent à travers la colline, avalant goulûment les trésors. La plupart des gens s'enfuirent, encouragés en celà par Georges. Mais certains, continuaient à se remplir les poches de tout ce qu'ils pouvaient amasser. Belzébuth se battait contre tous ceux qu'il croisait, tant sa colère de perdre ce qui lui appartenait était grande. La colline s'affaissait peu à peu, mais Georges aperçut un enfant en pleurs, resté sur celle-ci, la jambe coincée sous un lourd coffre. Il courut jusqu'à lui alors que le sol tremblait, menaçant à chaque instant de s'effondrer. Lorsqu'il l'atteignit, il lui dégagea la jambe, le pris dans ses bras et tenta de rejoindre le bord. Alors, certaines personnes décidèrent de le rejoindre afin de l'aider dans cette tentative désespérée, mais toute la colline s'engloutit alors dans les entrailles de la terre, dans une gigantesque gerbe de flammes.

    Les gens étaient anéantis par la tristesse de perdre de tels amis. Ils se demandèrent alors si Dieu ne prenait pas plaisir à faire souffrir Sa création. Mais il n'en était rien et ils le comprirent lorsqu'ils virent une douce lumière apaisante briller depuis le gouffre à leurs pieds. Et des êtres irradiant de calme et de douceur en sortirent, portés par de majestueuses ailes blanches. Les gens reconnurent en eux ceux qui venaient de mourir en tentant de sauver l'enfant. Mais ils virent surtout Georges, élevé au rang d'archange, tenir celui-ci dans ces bras et le rendre à sa mère, indemne. Puis, tous s'envolèrent jusqu'au soleil, où Dieu les attendait.


    III Les langues

    Il fut un temps où le roi Hammurabi de Babylone guerroyait dans toute la Mésopotamie pour devenir le roi des rois. Un jour, ses troupes vinrent en la ville de Mari et y mirent le feu. La population était terrifiée et ne savait que faire pour se sauver. Alors, la créature sans nom vint murmurer à l'oreille d'un général babylonien et lui souffla l'idée d'exiger de chacun un tribut en échange de la vie sauve. Plus chacun donnerait, moins il risquerait la mort. Les riches seigneurs de la ville, ceux-là même qui conseillaient peu auparavant les Shakkanaku, les rois de la cité, approchèrent les premiers, apportant avec eux de lourds coffres emplis de richesses. Mais une vieille femme n'avait comme seul trésor que quelques grains de blé. Les soudards lui rirent au visage, affirmant que donner un tel présent était un affront au grand général babylonien. Ils dégainèrent leurs épées et s'approchèrent de la vielle femme, prêts à la passer par les armes. Mais un homme de haute stature et à la barbe argentée s'interposa. L'un des soldat leva son épée mais ne put l'abattre sur l'homme, comme empêché par une force invisible. Alors, ce dernier ouvrit la bouche et déclara:

    "Pourquoi vouloir frapper cette femme? Alors que les riches seigneurs de Mari vous ont gardé par devers eux d'innombrables richesses, elle vous a offert tout ce qu'elle possédait. Tu te moques de son don, mais elle a donné de son essentiel alors qu'eux ne vous ont laissé que de leur superflu. Prenez ces quelques grains de blé et emportez-les avec vous: ils vous sembleront bien lourd au coeur de l'Enfer lunaire". Puis, il se dirigea vers les coffres et en distribua le contenu entre tous les habitants de Mari les plus pauvres et les plus affamés. Les gardes ne savaient que faire face à un homme désarmé, que l'on n'osait frapper et dont la force se trouvait dans la sagesse de ses paroles. Dépités, ils levèrent le camp et retournèrent à Babylone.

    Le voyage était long jusqu'à cette puissante cité. La chaleur était intense et l'irrigation rendait l'air humide et lourd le long des rives de l'Euphrate. Mais lorsqu'ils arrivèrent, quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils virent l'homme à la barbe d'argent les attendre au pied des gigantesques murailles. Le général lui demanda:
    "Mais qui es-tu, toi qui parles avec tant de sagesse?". "Je suis l'archange Georges, modeste serviteur du Dieu unique, celui que vous avez oublié au profit de légions de fausses divinités et d'une vie de péché", répondit-il. Il ajouta: "Suis-moi jusqu'à la ziggurath et tu verras par toi-même le jugement de Dieu, comme je le vis moi-même il y a déjà longtemps". Alors, le général et ses gardes suivirent l'archange jusqu'au bas d'une gigantesque tour à étages sur lesquels poussait une végétation florissante, preuve de la toute-puissance du roi Hammurabi de Babylone.

    Alors, saint Georges leva les bras et déclama:
    "De tous temps, les enfants de Dieu parlent une seule et même langue, car frères et soeurs doivent se comprendre pour s'aimer. Mais ils se déchirent aujourd'hui car ils ont oublié leur père et son amour. Un jour viendra où les prophètes se succéderont pour leur rappeler d'où ils viennent et où ils iront. D'ici-là, vous êtes jugés non pas sur votre foi, mais sur votre amour du monde qui vous entoure. Apprenez à le connaître et vous apprendrez à l'aimer. Pour ce faire, Dieu, dans Sa grande mansuétude, a décidé de diviser la parole de Ses enfants en de multiples langues, afin que vous deviez faire l'effort de vous découvrir l'un l'autre."

    Et saint Georges abattit les bras et la tour s'effondra en une immense gerbe de poussière. Depuis ce jour, la parole des enfants de Dieu est multiple et nous devons apprendre l'un de l'autre pour vivre. Ce faisant, nous comprenons à quel point nos différences sont trompeuses et que nous sommes tous frères et soeurs.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2020 5:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Archanges
    Hagiographie de l’archange saint Michel


    Naissance de Michel

    Michel était né dans la ville d’Oanylone, il était le cinquième de dix enfants de Diane et Robin, un couple de chasseur vivant comme beaucoup à cette période pour servir un plus riche qu’eux.
    Leur maître, car il fallait bien le nommer ainsi, n’avait pas d’autre but que d’acquérir plus de richesses et de terres qu’il ne pouvait en utiliser.

    Cette homme, était connu sous le nom de Maître Satan Sybarite, il avait proclamé posséder les terres jusqu'à deux kilomètres autour de la ville, et tout ceux qui y chassaient ou qui cultivaient la terre devaient lui en reverser la moitié.
    On disait de lui qu’il ne s’endormait pas si la journée ne lui avait pas rapportée de quoi remplir deux de ses coffres, l’un de maïs , et l’autre de viande.
    Il envoyait ses suppôts collecter toujours plus chez les infortunés qui vivaient sur la bordure de la cité.

    La vie de Michel

    Michel grandit donc parmi les pauvres d’Oanylone en apprenant par son père l’art de la chasse et du maniement de la lance. De sa mère il apprit à suivre les indices laissés par les animaux qu’il chassait. Il appris également à lire les étoiles pour trouver sa route. Vivre avec ses neufs frères et sœurs lui inculqua le partage et l’amour des autres.

    A l’âge de treize ans Michel avait déjà la carrure et la force d’un adulte, aîné des garçons de la famille, c’était souvent lui qui défendait ses frères et soeurs en s’interposant face à ceux qui leurs voulaient des misères. Et bien qu’il n’ait jamais blessé personne, il était craint et respecté par ceux des faubourgs. Très vite on lui demandât d’arbitrer les conflits car on disait de lui qu’il pouvait lire dans le cœur des gens.

    Quand il n’y avait pas de preuve pour départager deux personnes, il déposait sa lance sur la tête d’un des deux, et, si la lance restait en équilibre, c’est que la personne disait la vérité, dans le cas contraire il mentait. Mais très vite, il ne devait même plus utiliser sa lance.
    Le seul fait d’annoncer qu’on le ferait venir, le coupable renonçait, et les choses se réglaient d’elle même. Certains disaient qu’il avait un pouvoir surnaturel, mais les plus sages savaient de quoi il en retournait.
    Pourtant malgré sa grande sagesse et sa dextérité à la lance, il ne pouvait rien contre les suppôts de Maître Satan Sybarite qui devenaient de plus en plus gourmand.

    Son père mourut le jour de ses 20 ans, faisant de lui le patriarche car il était l’aîné des garçons. C’est à cette période qu’il reçut la visite de son ami Timothé qui venait lui demander la permission d’épouser Emmelia, sa sœur cadette.
    à oanylone, les prêtres avaient abandonné le peuple pour ne s'occuper qu'exclusivement des notables et des plus riches en leurs apportant les faveurs du Très-haut"
    Michel se chargea donc d’organiser les fiançailles, et tout le monde fut bien venu.

    Ce jour là Simplicius, un des lieutenants du maître Sybarite, était présent et tombât sous le charme de la sœur de Michel. Il revint le lendemain avec ses gardes et exigea qu’Emmelia les suivent pour entrer au service de Satan, mais Michel s’interposa et mit à mal la garde et finalement Simplicius fut à sa merci…
    Mais au lieu de le tuer, il prit sa dague et la lui lança en disant : "Si ton œil droit t’attire vers ce qui ne t’es pas destiné, arrache le et brûle le, car mieux vaut qu’une partie de toi périsse, plutôt que d’attirer vers toi la colère de Dieu."
    Le lieutenant ne demanda pas son reste et retourna vers son maître. Mais il revint le lendemain avec une plus grande troupe, il arrêta Michel et Timothé qui furent conduit et enfermés dans la prison d’Oanylone.

    La destruction d’Oanylone

    Le premier jour de captivité fut aussi le premier des sept jours qui entraîneront la destruction de la première cité des hommes.
    La foudre s’abattit sur le mur de la prison permettant à Michel et son ami de fuir le chaos, et de rejoindre les leurs.
    Michel regroupa autant de monde qu’il put, en leur disant que la punition du Créateur allait être terrible, mais que les justes pourraient vivre une nouvelle vie loin de la cité maudite.
    Comme Timothé était pêcheur, il proposa de rejoindre le port pour fuir par le lac. Michel aida ceux qui méritaient de par leurs foi en dieu d’embarquer sur l’esquif. Comme il restait des places, il demanda à son ami de laisser monter des enfants qui s’étaient réfugiés près d’eux.
    Des pleutres voulant fuir la ville, plus par peur que pour suivre la volonté de Dieu, tentèrent de prendre l’esquif d’assaut, mais Michel s’interposant, permit à son clan et aux enfants de quitter la ville sans encombres.
    Une fois ses Amis en sûreté il resta seul, et six jours durant, il sauva ceux qui pouvaient l’être.
    Le septième jour, il restait des gens à sauver mais plus la moindre barque. Comme par miracle deux autres esquifs apparurent, il invita donc ceux qui avaient le cœur pur à monter sur ces navires. Il semblait capable de lire dans les yeux des gens si leur foi était réelle, et il envoyait ceux qu’il jugeait digne sur la première barque et ceux qui fuyaient par peur ou pour sauver leurs richesses sur la seconde. Voyant les 2 navires remplis, il refusa de monter, disant que Dieu avait une mission pour lui et qu’il sentait qu’il devait rester pour sauver d’autres amis.
    Arrivé à la sortie de la ville le premier navire se dirigea sans encombre vers le large, alors que le deuxième plus lourd à cause de l’or emporté fut bloqué par les hauts-fonds. Il disparu avec la ville lorsque les grands vents destructeurs vinrent du centre de la Terre, fissurant la terre en de nombreux abysses.

    Certains survivant, loin de la ville, racontèrent qu’à ce moment là, alors que la pluie tombait malgré un ciel sans nuage, un arc en ciel venant directement du soleil tomba sur la ville , Michel choisi par Dieu fut ainsi emporté par une nuée céleste, et devint l’un des sept archanges.

    première apparition


    La première apparition de l’archange est d’ailleurs celle qui fit de lui un ange guerrier alors qu’il n’a jamais fait coulé le sang.

    Quelques générations après le jour du jugement et la mort de Michel, deux clans descendant directe de ceux qu’il avait protégés se disputaient car une partie avait construit un temple à Michel, et l’avait même renommé le considérant comme l’égal de dieu car il avait su les sauver. Les autres considéraient le sacrifice de Michel comme un exemple et non comme l’acte qui fait d’un humain un dieu.

    Inspiré par l'ombre celui qui s’était déclaré Grand Prêtre d’Anubis vit son pouvoir grandir.(nom qu’il donnèrent à Michel on ne sait trop la raison, il se pourrait que ça soit le nom de son clan mais aucune trace de ce fait n’a été retrouvée en ce jour)Disant recevoir ses informations de son dieu lui-même, le Préla nomma un nouveau-né souverain du peuple car fils d’Anubis et en son nom il gouverna plusieurs année et fit raser le temple dédié à Dieu et déclara que puisque ce dieu n’avait pas su protéger ses fidèles, ceux ci deviendraient ses esclaves. Pour solidifier son pouvoir et faire oublier le vrai Dieu, il repris le nom des archanges pour en faire des dieux à leur tour.

    Le patriarche des fidèles implorait dieu chaque jour et malgré ses souffrances le remerciait de ce qu’ils avaient.
    Le Seigneur pris pitié et envoya l’archange en personne.
    Saint Michel apparu en armure avec une longue lance et un large bouclier et se fit reconnaître de tous, en apparaissant au sommet du temple qui lui était destiné.

    Le Grand prêtre l’interpella et lui dit : « Anubis, te voilà enfin es-tu venu remercier tes fidèles et nous récompensé d’avoir tant construit pour toi ? »
    Michel de répondre, «non, je suis venu apporter la parole d’espoir de Dieu envers ceux qui ne se sont pas détourné de lui car nombreuses sont les communautés de fidèles qui parcourent le monde en attendant l’arrivée des prophètes qui les réuniront dans l’amour et l’amitié »
    Le Grand Prêtre ne le reconnu point et donna l’ordre à ses gardes de prouver l’imposture en massacrant les fidèles du dieu unique. Michel s’interposa et 2 jours durant repoussa les assaillants sans en tuer aucun tout en permettant aux fidèles de fuir vers d’autres terres.

    Après les 2 jours de combats les fidèles du grand prêtre étaient soit trop fatigué, soit trop blessé pour poursuivre qui que ce soit et ont vit des ailes pousser dans le dos de l’archange lui permettant de rejoindre les cieux. Le prélat fit exécuter tous les gardes par ses prêtres et dit que ce n’était pas Anubis qui était venu mais un dieu vengeur pour les punir d’avoir laissé en vie les serviteurs du faux dieu unique.

    Il y a des variante sur cette légende prétendant que l'Archange était à la tête d'une armée d'ange, d'autre qu'il aurait armé le bras des plus fort des fidèles, et d'autre même qu'il n'a fait qu'inspirer le plus vaillant des serviteurs de Dieu pour mener la révolte et guider son clan à travers le désert. Tous cela n'a que peu d'importances le principal est que c'est l'intervention de Michel et la volonté de Dieu qui permis à ses enfants de fuir vers des terres plus clémente.


    La légende du mont saint Michel

    La deuxième apparition de l’archange que j’ai trouvé se situe à l'époque où certains Barbares vénèrent des Dieux alcooliques ayant pour seul temple des tavernes et pour seul liturgie la beuverie. A cette époque il existait une communauté de fidèles pourchassée par un barbare du nom de Saathan qui vénérait un Dieu alcoolique exigeant le sacrifice des enfants.

    La communauté fuyant vers le Nord se trouva bloquée dans une forêt en bordure de l’océan.
    Le patriarche de la communauté demanda à tous les siens de se préparer à se sacrifier dans l’océan pour ne pas tomber aux mains des barbares. Ils se sont alors dirigé vers le point le plus haut de la côte et se sont mis à prier le Seigneur pour qu’il demande à saint Michel de préparer leur venue.

    Dieu ne pouvant tolérer de ses enfants mettent fin à leur vie fit savoir au patriarche par l’intermédiaire d’un messager céleste que ce n’était pas à l’enfant de choisir le jour où il rejoindrait son créateur. Il ordonna donc que s’ils l’aiment et avaient foi en lui ils abattraient de grands arbres et feraient une palissade autour du rocher. Une fois fait, ils ferraient un grand festin et allumeraient un feu au sommet du rocher pour que Saathan connaissent leur position.

    Ainsi fut fait et sept jours plus tard la palissade finie, le feu fut allumé. Au matin ils virent les troupes de Saathant entourer le rocher et commencer à s’attaquer à la fragile protection du rocher. A l’aide de pierre et de lances, les fidèles se préparaient à se battre puisque tel était la volonté de Dieu. Alors que, à l'endroit même où le feu avait été allumé, un ange vêtu d’une armure et portant une lance et un bouclier apparu… Il ne dit pas un mot mais tous les fidèles surent qui il était.

    L’archange Michel lança son arme vers l’horizon qui sembla se lever vers les cieux et avancer vers le rocher comme un mur de chevaux au galop, ce mur emporta tout sur son passage mais ne détruisit par la faible palissade. Les troupes de Saathan furent englouties et quand la mer se retira, elle avait fait du rocher une île entourée de sable mouvant où finissait de s'enfoncer l’armée vaincue par la foi des fidèles.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2020 5:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Par Garmon de Vaisuny
    Traduit du latin par Frère de Sauvigny, Franciscain.

    Les Archanges
    Hagiographie de St Miguaël


    Naissance de Miguaël et Belial

    Dans la ville d’Oanylone vivait Adiguaëlle, femme de Théophile de qui elle attendait deux jumeaux. Ces enfants avaient été conçus dans l’amour le plus grand et n’avaient été entachés d’aucune luxure. Adiguaëlle était une femme généreuse toujours à l’écoute de son entourage. Habituellement, elle s’occupait des plus pauvres mais en ce moment la situation était difficile, les hommes commençaient à se détourner de Dieu, à sombrer dans la paresse et dans l’avarice ce qui créait de plus en plus de rivalités entre les oanyloniens et cette situation n’allait pas pour diminuer la pauvreté, au contraire, le nombre de nécessiteux ne cessait de grandir et ceux-ci étaient méprisés par les plus forts. Ne voulant léser personne, Adiguaëlle s’occupait de chacun d’eux mais déjà, la créature innomée inspirait à ceux-là la jalousie et la soif de vengeance. Epuisée par cette situation et par l’enfant qu’elle attendait, Adiguaëlle ne pouvait plus les maintenir dans le droit chemin. Elle mit au monde deux garçons, l’un nommé Miguaël qui selon une légende signifie « donne et aime » ; l’autre Belial ce qui signifie « donnes et tu recevras ». A ce moment-là, la créature sans nom persuadait les plus pauvres d’aller tuer cette famille, l’amour qui régnait entre eux et l’amour qu’ils portaient au Très-Haut était, selon ses dires, la raison qui forçait les plus forts à mépriser les plus faibles.
    Pressentant le danger, Théophile prit Miguaël et son frère des mains de sa mère et après les avoir embrassé les cacha sous une caisse. A peine avait-il reposé la caisse que déjà ceux pour qui Adiguaëlle œuvrait chaque jour entrèrent et les tuèrent de la façon la plus horrible qui soit. Mais les enfants, sous leur caisse furent épargnés car on ne les avait pas vus.

    Accueillis

    Ils furent recueillis par Ménopus, un homme âgé et pieux qui ne savait rien de l’origine de ces « amours » comme il aimait à les appeler, et qui ne souhaitait rien en savoir. Il donnait à ces petits du lait qu’il produisait grâce à sa vache Minerva, vache qui deviendra célèbre, bien plus tard, chez les païens pour avoir donné du lait, comme si ses congénères ne le pouvaient pas… Mais revenons à notre histoire, la lumière de la chandelle baisse et il faut que je finisse d’écrire avant que l’on ne me retrouve. Ces deux jeunes garçons grandirent donc sans jamais se séparer ; existait entre eux un lien si grand qu’il allait au-delà de l’amitié et de l’amour fraternel mais malheureusement l’un d’eux allait finir par se détourner.

    La Tentation de Belial

    Ces deux petits, malgré les tentations de la créature sans nom continuaient à grandir pieusement et n’hésitait pas à privilégier les autres par rapport à eux-mêmes. Bien sûr après ce qui était arrivé à leurs parents, dont ils ne savaient rien, mais sur quoi ils furent avertis en songe, ils essayaient d’être discrets jusqu’au jour où la Créature vint parler à Belial :
    « Pourquoi privilégier les autres surtout quand ceux-ci n’ont rien à vous offrir, servez donc des riches, eux vous paieront, ainsi vous ne travaillerez pour rien. »
    Belial lui répondit :
    « Je n’ai jamais travaillé pour rien, ces personnes ont besoin de moi, si nous ne le faisons pas qui le fera ? »
    -Personne mais que te donnent-ils en échange, rien, ils pestent contre toi car plus tu leur donnes, plus ils veulent. »
    Cette réflexion ne le toucha pas de suite mais au fur et à mesure qu’il grandissait, celle-ci insistait et il fut un moment où il ne put plus faire face. Il commença par demander des sous en échange mais les pauvres déjà sans argent ne purent plus donner. Il arrêta donc là son service et commença lui aussi à entrer dans la paresse et le pêché, se satisfaisant toujours plus de ses actions et ne voyant pas qu’il n’était pas indispensable.

    La tentation de Miguaël et sa prière

    La créature sans nom vient ensuite parler à l’oreille de Miguaël mais celui-ci connaissant ses intentions ne voulut pas l’écouter car plus il se laisserait tenter, plus il serait dur de résister.
    Entendant en prière, il se mit à genoux et récita la prière suivante qui sera longtemps utilisée par les clercs.
    « Ô Dieu Très-Haut,
    Père de l’humanité
    Et Toute-Puissance divine,
    Ferme mes oreilles
    Aux tentations
    Et ouvre mes yeux
    A l’amour sans fin que tu me donnes,
    Que je puisse donner à ceux qui doivent recevoir,
    Aimer ceux qui doivent l’être,
    En sachant toujours,
    Que si je n’étais pas là,
    Quelqu’un d’autre serait là pour le faire
    Car c’est Toi qui parle par ma bouche
    Et qui œuvre par mes mains.

    Pardonne à mon frère et à tous les autres
    Ils ne savent pas ce qu’Ils font. »

    Ce jeune homme était béni de Dieu, c’était sûr, il avait été choisi afin qu’il donne sa vie pour ce monde. Devant une telle force et bénédiction la créature sans nom ne pouvait plus rien et même si elle le tenta bien d’autre fois, ne pu jamais convaincre Miguaël, ne serait-ce qu’un peu.

    La Punition-Institution des Archanges

    La situation des hommes n’allait pas en s’arrangeant. Ceux-ci ne voyaient plus Dieu et n’agissaient plus qu’en fonction d’eux-mêmes au détriment de leurs frères et même de leur propre famille. Cela menait à des rivalités et même bien souvent la loi du plus fort menait à des crimes sans précédents.
    C’est à ce moment-là que la Punition Divine tomba, non pas que le Très-Haut n’aimait plus ce monde mais s’il n’intervenait pas, il courrait à sa perte.
    Alors des éclairs se firent et tandis que beaucoup fuyait, les plus déterminés luttaient tant bien que mal et se divisèrent en deux groupes :
    Ceux qui incarnent à eux seuls tous les pêchés du monde, les inaudiendis (NDLR : en latin, ceux qui n’entendent pas) étaient dirigés par sept hommes maléfiques : Asmodée dit le gourmand, Azazel le luxurieux, Lucifer l’acédique, Belzébuth l’avare, Léviathan le colérique, Satan le jaloux et bien sûr Belial l’orgueilleux.
    Ces sept, croyant l’innommée assuraient que cette punition était la preuve incontestable que Dieu ne les aimait pas.

    De l’autre côté, conscient de leurs fautes, un groupe prêchait la repentance. Mené par Gabriel, Georges, Michel, Galadrielle, Sylphaël, Raphaëlle et Miguaë, ils incarnaient respectivement et contrairement aux inaudiendis les sept vertus qu’ils tentaient de défendre : la tempérance, l’amitié, la justice, la conservation, le plaisir, la conviction et le don de soi.

    Ces deux groupes avaient chacun leurs adeptes, les Pêcheurs étant les plus nombreux, il fallait aux Vertueux une foi sans faille pour tenir et ne pas se pervertir.

    Au bout du septième jour, de grands vents destructeurs vinrent du centre de la Terre et fissurant la terre en de nombreux abysses, envoyèrent les inaudiendis au plus profond de celles-ci.
    Mais parmi ce carnage, une nuée céleste vint et amena les sept bons au plus haut de la voûte céleste.
    Là, une douce lumière rayonnait. Ne sachant pas encore où ils étaient, la peur aurait pu les prendre mais cet endroit était si doux et apaisant qu’ils s’y sentaient bien et éprouvaient une immense sensation de chaleur, une sensation d’amour.
    C’est alors qu’une voie forte et tendre ce fit entendre :
    « Mes enfants, vous voici devant moi car vous avez compris que je ne punissais ni par jalousie ni par plaisir mais parce que la race humaine avait atteint un point où seule la Punition pouvait la remettre sur Mon droit chemin. Je vous nomme pour cela Archanges, vous incarnerez les sept vertus que vous défendiez en bas et vous serez dorénavant les inspirateurs de toutes vertus. Je vous donne trois paires d’ailes, signe de votre pouvoir et de votre rang
    Allez maintenant, le paradis vous attend. »

    Damnation éternelle

    Les inaudiendis, furent envoyés au plus profond des abysses, là où le feu gronde et où les pêcheurs sont suppliciés.
    Si l’on regarde, tous les êtres de la création sont pêcheurs mais le Très-Haut, dans sa grande bonté à proposé le pardon, qui n’accepte de le recevoir garde son pêché et le subira jusqu’à la fin des temps.

    Belial et l’orgueil de détourner à nouveau les hommes de Dieu
    Institution de l’exorcisme


    Au commencement de l’Eglise, celle-ci était encore frêle et Belial se dit que pour mieux la détruire il fallait agir de l’intérieur. Toujours aussi orgueilleux, il décida de prendre possession du corps du plus haut dignitaire de l’Eglise : le Pape. En ce temps-là, le pape Hygin était touché par une grave maladie, Bélial, empli de lâcheté en pris possession et dès ce moment, les traits du Saint-Père commencèrent à changer. Un servant, Mirall s’en rendit compte et supplia le Très-Haut d’envoyer quelqu’un. L’archange Miguaël, saint patron de la contre possession, nommée plus tard exorciste fut envoyé.
    Il fusa aussi vite qu’il lui était possible, ses six ailes battant à perdre le souffle, si l’église tombait maintenant le résultat serait atroce. Il entra dans le corps d’Hygin, ses pensées vertueuses devaient ressortir, mais euuuhhhhhh, de son côté Bélial luttait aussi.

    « Tu oses intervenir contre ton propre frère Miguaël ?
    Tu ne voies pas que ton Dieu se sert de toi ?

    -Tu n’es plus mon frère Bélial.
    Je te renie, repars d’où tu viens, repars peupler les abysses, seul Dieu est souverain, seul Dieu est le maître. Que seules les vertus de cet homme surgissent ! »

    Pendant que se déroulait cet affrontement, le ciel et la terre semblaient eux aussi s’affronter dans un combat décisif.

    « Repars d’où tu viens, prince des démons et laisse l’âme de cet homme en paix, tu entends ??
    Vade retro Belias ! Repars d’où tu viens !!!!!!! ».

    A ce moment-là, une flamme surgis de la bouche du possédé et parti s’écraser au loin sur l’astre dominant la Nuit pendant que le ciel reprenait sa teinture normale.

    Saint Miguaël monta aux cieux en gloire assis sur une nuée et accompagné de mille voies célestes chantant la gloire de Dieu car seul Dieu est souverain.

    Ceci arriva en l’an de grâce 140.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2020 5:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Archanges
    Hagiographie de Sainte-Raphaëlle-Archange


    Doutes

    Une vieille femme marchait depuis que le soleil était couché. Elle avait beaucoup de mal à se mouvoir. Depuis trois mois elle sentait ses forces s’amenuiser, ses jambes petit à petit la quittaient et pourtant elle marchait, marchait toujours et ne s’arrêtait que pour dormir et reprendre des forces. Elle savait qui elle devait trouver. Un homme habitant dans une petite maison, un homme recherché et borgne qui se prénommait lui-même l’avorton. La nuit était maintenant tombée, et cette chose ambulante avait peur, elle ne savait où dormir et ce chemin qu’elle ne connaissait pas ne lui disait rien qui vaille.
    Elle continuait à marcher, plus vite, elle se pressait maintenant, il fallait qu’elle arrive, elle n’en pouvait plus mais sa vie en dépendait. Si elle mourait c'en était fini. Oh, ses parents lui auraient dit qu’après la mort elle vivrait. Que Dieu était là pour la sauver. Mais c’était impossible, si Dieu il y avait eu, elle n’aurait pas eu toutes ces misères et la vie n’existerait pas. Pourquoi se séparer pour revenir à Lui après la mort. Cette histoire ne tenait vraiment pas debout. Ce qui allait être son cas si elle n’arrivait pas bientôt. L’histoire d’un Dieu commença à la titiller. Elle commençait maintenant à paniquer. Elle courrait presque, en tout cas les efforts qu’elle fournissait étaient tout comme. Ça n’était plus possible, d’un trait, elle se retourna et face à ce qu’elle croyait vide elle hurla.

    « Si tu existes, montre-toi. Ne te cache pas, si tu es incapable d’aimer ceux que tu as créés, si tu es incapable de tenir tes engagements ou si tu fais souffrir ce monde à tes propres plaisirs. Montre-toi ! »

    Le tonnerre rageait déjà dans la tête de cette pauvre femme et déjà elle attendait ce Dieu dont elle avait tant entendu parler mais jamais rien vu.
    C’était cela le plus étonnant, elle qui ne croyait en rien était persuadée qu’elle allait avoir une réponse, une réponse, certes, elle allait en avoir une, mais très loin de celle qu’elle attendait. Quoi que peut-être au fond de son cœur, une partie retirée lui criait la vérité.

    Révélation

    Au lieu des courants meurtriers qu’elle s’était promis, ce fut une douce lumière qui jaillit et il était impossible de savoir d’où elle venait. C’était à croire que même les ténèbres brillaient.

    Une voix se fit entendre, elle aussi venant de partout et de nulle part à la fois, elle était rassurante et semblait venir du fond des âges.

    « Raphaëlle, Raphaëlle,
    Pourquoi cries-tu ?
    Tes cris sèment l’écho dans les montagnes et troublent le cours des fleuves. Ils pétrifient de peur les petits de ce monde et font se battre les plus sages. »

    La vieille femme ne sut quoi répondre. Elle fut extrêmement touchée par ce qu’elle venait d’entendre. Entendre la voie de Dieu était déjà chose extraordinaire mais que celui-ci l’appelle par son nom était bien davantage. Depuis combien de temps ne l’avait on pas appelée par son nom ? On ne l’avait jamais appelée par son nom, jamais depuis que son père était parti. Les sobriquets avaient fini par le remplacer. Raphaëlle dont le cœur commençait à s’ouvrir à nouveau doutait encore mais la flamme de haine dans ses yeux n’était pas encore éteinte.

    Ce qu’elle avait pris comme un acte d’amour au départ se transforma sous la colère en affront. Son âme n’étant pas prête à recevoir un amour simple, il lui était impossible de recevoir l’amour le plus fort qui puisse exister ; mais la toute-puissance de Dieu et la connaissance qu’il avait de sa fille commençait son œuvre.

    « -Comment oses-tu m’appeler par mon nom, Toi, Dieu à la pensée bienheureuse et à la main malfaisante ?
    -Un père n’appelle-t-il pas ses enfants par leur prénom ?
    -Si, mais un père se préoccupe de ses enfants, il les chérit et les aime.
    -N’est-ce pas ce que je fais ? »

    En disant ces mots Dieu montra la Terre.

    « Raphaëlle,
    voici le tracé de ta vie.
    Ces traces ce sont tes pas.

    -Si ces traces sont mes pas, à qui appartiennent les traces qui marchent à côté ?
    -Ce sont les miennes, Raphaëlle, je marche à tes côtés depuis que tu es venue au monde.
    -Et dans les moments les plus difficiles, il n’y a que deux pas, pourquoi n’étais-tu pas là lorsque j’avais besoin de toi ?
    -J’étais là, et si tu ne vois que deux traces c’est parce que je t’ai portée, mon enfant. »

    Le cœur de pierre, si difficile à convaincre devint à ce moment-là cœur de chair. Raphaëlle comprit devant qui elle était, devant son père et, tombant à genoux, elle lui demanda pardon.

    « Garde tes larmes Raphaëlle, le temps est à la joie, tu croyais mal mais au moins tu restais fidèle à tes pensées. Maintenant que tu as vu, ta conviction te sauvera et montrera à bien d’autres la route que j’ai tracée pour eux.

    -Père,
    pourquoi ne t’es-tu jamais montré, pourquoi tu ne m’as jamais dis que tu étais là ?

    -Je te l’ai dit, mon enfant, mais tes oreilles ne voulaient pas entendre, je me suis montré à toi mais tes yeux ne voulaient pas voir, je t’ai pris la main mais tu ne me l’as pas tenue alors je me suis révélé à ton cœur et tu as cru.
    Je t’ai laissée choisir car tu étais libre, tu ne voulais pas me recevoir, je ne me suis pas imposé.
    Tu m’as cherché et je me suis révélé.
    Beaucoup de questions se bousculent encore en toi mais sois patiente, j’y répondrai au creux de ton cœur le moment venu.
    Va, car maintenant tu sais que je suis avec toi jusqu’à la fin des temps,
    Si tu tombes, je te relèverai. »

    Questions

    À partir de ce moment-là la lumière se fondit dans le paysage et même si celle-ci n’était plus aussi intense, Raphaëlle la voyait, et cette lumière la guidait dans la nuit. Elle aurait pu lui montrer le chemin, mais Raphaëlle le connaissait, elle aurait pu éclairer les ténèbres, mais Raphaëlle n’en avait pas besoin, au lieu de cela cette lumière lui montrait le chemin intérieur et en chassait toutes ténèbres.
    Elle avait quitté Oanylone quelques jours auparavant et la personne qu’elle cherchait habitait loin, il était l’un des seuls à avoir quitté la cité losque celle-ci vivait encore loin des tourments.
    Tout en marchant, elle ne cessait de repenser à sa rencontre avec Dieu, il avait agi comme un père à son égard, il avait agi comme son véritable père qui avait quitté la cité d’Oane, on ne sut jamais pourquoi, et lui qui lui avait tant donné, qui l’avait tant aimée, avait disparu complètement. C’était là une des parties les plus touchantes. Dieu aimait chacun d’entre nous, c’était si beau mais difficile à croire. Pourquoi la misère ? Pourquoi le malheur ? et pourquoi mourir avant de le retrouver ? Si elle le savait, la réponse à sa dernière question lui vint comme une vérité indiscutable : Dieu a laissé les hommes sur la Terre afin qu’ils aient la liberté totale. Ils avaient le choix entre suivre sa route ou de partir là où il n’y en avait pas, là ou même la plus grande route ne se voyait plus. Là où Dieu était absent ou plutôt là où on refusait de le voir car Dieu était partout. Dieu bien qu’omnipotent laissait aux hommes le libre-arbitre.
    Mais alors si Dieu laisse à chacun le libre-arbitre de sa propre vie pourquoi se joue-t-il parfois au détriment de la liberté ou du bonheur d’autrui ? Pourquoi la liberté de l’un empiète-t-elle sur la liberté des autres ?

    Elle continuait à marcher, il lui fallait arriver à la cabane. Elle était fatiguée, de plus en plus, mais une telle soif de Dieu l’habitait que s’arrêter lui semblait une perte de temps.
    Elle finit par trouver le taudis qui servait de maison à celui qu’elle cherchait. Elle entra par ce qui semblait être une porte et ne vit personne, il n’y avait rien, simplement un parchemin.

    « Lorsque tu nais, tu ne choisis pas ton frère.
    Quel qu’il soit tu dois apprendre à vivre avec, à vivre pour lui.
    Si ton frère resplendit de l’amour de Dieu, alors cet amour ne pourra que te rejoindre.
    Si en revanche ton frère se détourne de l’amour divin, c’est à toi de le lui faire voir au prix de ta vie.
    Mais, à quoi bon donner sa vie pour quelqu’un qui ne veut pas voir ?
    Si tu réussis, tu lui donnes une chance de rejoindre Dieu et les anges après sa mort et pour cela tu les rejoindras toi aussi.
    Si tu échoues, c’est toi qui les rejoindras.

    Cependant, il est dit aussi, ne t’attarde pas sur ton frère si ses yeux ne peuvent voir, pense et œuvre pour le plus grand nombre car ceux pour qui tu auras œuvré, eux aussi pourront œuvrer pour d’autres.

    Alors, mieux vaut-il donner sa vie pour tenter d’en sauver un qui ne veut pas être sauvé ou donner sa vie pour sauver une multitude dont l’envie de voir est ardente ? »

    Raphaëlle lut et comprit autre chose. Chaque homme avait été placé dans une situation particulière qui pouvait évoluer, non pas seulement en raison des désirs de Dieu ou du mal inspiré par la créature sans nom, mais en fonction de la manière dont chaque frère et chaque soeur utilisait son libre-arbitre et sa liberté. Les agissements de chacun, s’ils ne payaient pas sur cette Terre paieraient lorsque Dieu viendrait les chercher.
    L’évidente vérité vint transfigurer Raphaëlle par l’amour divin. Elle se mit à genoux, en larmes, et pria.
    Que le Seigneur, Dieu de l’Univers lui donne la force de servir humblement et par amour en tous temps et tous lieux.

    Elle pria durant toute une nuit puis se leva au matin emplie d’une assurance nouvelle.
    Elle était confiante, Dieu était là en elle, et elle demeurait en Lui.
    Une aura bienfaitrice et aimante brillait maintenant autour d’elle. Si les yeux étaient et demeurent incapables de la voir, l’âme, elle, était capable de la sentir car l’âme était après l’amour, le don le plus puissant que Dieu avait fait à l’homme.

    Le début de ses actes en tant que sainte

    Raphaëlle approchait d’Oanylone et déjà le voile de discorde qui pesait sur la ville se faisait sentir. En effet, la créature innommée avait semé le doute dans les cœurs afin que l’on se détourne de la vérité et cela avant qu'elle ne parte faiblement pressentant la réaction de Dieu.
    De plus en plus, la population se scindait en deux groupes, ceux qui restaient fidèles à Dieu et ceux qui croyant ou non se laissaient pénétrer par le doute.

    Que les hommes étaient faibles, il leur suffisait d’entendre que Dieu n’existait pas pour s’en détourner. Il était encore plus facile de dire que Dieu ne les aimait pas et qu’il n’y avait plus d’espoir, comme cela aucun péché ne se voyait empêché par une raison valable.
    Raphaëlle voyait cette faiblesse, pour cela, elle se réunit avec une poignée de frères et soeur et gardait espoir ainsi que la ferme conviction que Dieu les aimait. Elle priait pour que chaque homme voit en lui le chemin de Dieu, pour que chacun voit qu’il ne marche pas seul.
    La conviction et l’assurance dont elle faisait preuve lui permettaient de prêcher et elle put convaincre seulement par la parole de nombreuses personnes.

    La Punition

    C’est alors que la punition divine tomba. Elle commença par de la foudre se déchaînant au plus haut du ciel puis vint à pleuvoir des fleuves entiers, les hommes un à un furent quittés par la vie. Ensuite vinrent des langues de feu s’écrasant sur chaque homme.
    Projetant les plus mauvais dans les flammes éternelles de l’astre de la nuit et leur promettant une nouvelle existence de souffrance et de hantise.
    Elles donnaient cependant une vie nouvelle à ceux qui avaient cru, les élevant au plus près de la gloire divine dans l’astre dominant le jour.
    Raphaëlle fut élevée avec six autres au rang d’archange afin d’inspirer pour les siècles et les siècles les sept vertus.

    Son Envoi

    Un jour sur la terre,
    Un homme peinait.
    Il aimait Dieu de tout son coeur mais jamais il n'avait osé proclamer autour de lui, l'amour qu'il lui portait.
    Son entourage pestait contre Dieu et ne cessait de blasphemer.
    L'homme n'osait pas répondre. Il était conscient de son péché mais ne pouvait agir, opprimé par la peur.
    Il rentra chez lui, un soir, et tomba sur sa paillasse, en pleurs.
    Il confia à Dieu les difficultés qu'il avait pour assumer sa foi devant ses amis, il dit, pleurant de plus belle, qu'il ne rêvait que de l'annoncer mais qu'il avait peur... Comment pouvait-il faire pour oser proclamer sa foi ?
    Il ne pouvait plus rester comme cela, à garder Dieu pour lui, il fallait qu'il le dise et qu'il le crie à la Terre entière !
    Alors Dieu, entendant son enfant, envoya Raphaëlle par ces mots:
    "Va Raphaëlle, qu'il triomphe !"
    Telle une présence que l'on sent mais que l'on ne voit pas, Raphaelle descendit auprès de l'homme et l'accompagna.
    Le lendemain, lorsqu'il vint voir ses amis, ceux-ci commencèrent à parler de Dieu en de mauvais termes, il faillit ne rien dire puis sentant cette force invisible près de lui, il dit d'un ton ferme qu'il ne voulait que l'on use du nom de son Dieu à mauvais escient. C'en était fini de ne rien dire.
    Dieu était son Dieu, il en était ainsi, on ne dirait plus d'honteux blasphèmes lorsqu'il était en mesure de les entendre !
    A ce moment-là, lorsque ses amis levèrent vers lui un regard mauvais, lorsqu'il faillit tomber sous le poids de la peur, Raphaëlle lui insuffla son souffle et le poussa.
    Il se mit alors à poursuivre calmement mais ses paroles avaient la force d'un cri. "Dieu nous aime, Vous n'avez pas le droit de dire cela de lui !"
    Alors, les hommes qui l'entouraient, ne comprenant pas ceci et ne lui laissant même pas la liberté de le penser, sautèrent sur lui et lui arrachèrent les membres. Il rendit l'âme en ce jour, sous d'atroces souffrances, mais fier d'avoir pu enfin honorer ses convictions.
    Raphaëlle prit alors l'âme de ce bon homme, et la présenta elle-même au très haut.

    La Prière

    Raphaëlle inspirait aux cœurs purs qui la priaient, la force de garder leurs convictions et d’agir en conséquence afin que les hommes soient capables de vouloir le bien mais aussi de le faire.
    Mais même si elle inspirait la conviction, c’était Dieu qui parlait en sa bouche.
    Après que l'âme de l'homme inspiré par Raphaëlle eut rejoint le soleil, les assassins se regardèrent l'un l'autre. Ils venaient de tuer leur propre ami. Alors, le cadavre se nimba d'une gigantesque flamme, qui disparut bien vite. Le corps était resté intact, si ce n'est que sur son torse était inscrit en lettres d'or l'inscription suivante:

    Prière d'Oscermine à Dieu.
    Invocation de Sainte Raphaëlle

      Ô Dieu !
      Toi en Qui je crois,
      Toi qui guides mes pas,
      Donne-moi la force de professer la grandeur de Ton Nom
      Ainsi que l'amour et l'adoration que j'y porte.
      Envoie-moi Ton Archange, Raphaëlle, pour qu'elle chemine à mes côtés,
      Que je ne sois plus seul face à l'ennemi de ma foi et de ma conviction.
      Que mes actes obéissent à mon coeur et que même ma main gauche suive les commandements de ma droite.
      Que mon coeur te craigne.
      Et que j'annonce Ton Saint Nom.
      Dieu, daigne lever ta main, que raphaëlle descende et me vienne en aide.
      Ainsi soit-il !

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2020 5:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Le rouleau de ce manuscrit fût trouvé au delà de la grand plaine dans l’une des grottes antiques de Mogao à Dunhuang et ramené par le Frère Guillaume de Rubrouck voici deux cent ans.

    Les Archanges
    Hagiographie de Sainte-Raphaëlle-Archange


    Moi, Nemrod Aggadoth qui fût témoin de la chute d’Oanylone par châtiment divin et ne dois vie sauve qu’au devoir que m’impose le Très-Haut de transmettre ce témoignage aux générations futures, délivre, au seuil de ma vie et à la postérité humaine, le récit détaillé de tout ce que j’y ai vu.


    L’incroyable destin de Sylphaël d’Hédon

    En ces temps troublés pour la Cité vivait un jeune homme nommé Sylphaël d’Hédon. Il savait briller en société, était doué de talents en tous les arts mais ce qui faisait l’admiration de son entourage était son extraordinaire capacité à savourer chaque instant de la vie.
    Nous le croisions fréquemment en compagnie de deux complices de taverne, Colomba la Radieuse et Lucifer le Cyclothyme mais tandis que ce dernier s’enivrait à l’excès jusqu’à devenir violent peu avant le coma éthylique (donnant lieu au célèbre quolibet « quand Lucifer boit, Colomba raque ») Sylphaël, roi des nuits d’Oanylone, goûtait tous les vins puis partait légèrement titubant donner son concert de lyre au profit de l’association « sagesse amassée d’Oane ».On voyait alors toutes les torches de ses adulateurs chavirés l’envoyer droit au firmament.
    Souvent, le lendemain à l’aurore et après qu’il eût trouvé de nouvelles sources de délices en étudiant avec Colomba, il n’était pas rare de voir Sylphaël préparer une tisane au chevet d’un Lucifer aux traits ruinés, nauséeux, blafard.
    « tu confonds jouissance et bonheur, mon pauvre Luc ! » le sermonnait Sylph tandis que son ami s’apprêtait pour une journée de mortifications et d’autopunitions en tous genres car telle une girouette folle, Lucifer le versatile ne cessait de passer d’un état de soif de plaisir extrême à un abattement coupable et dépressif «et ainsi éprouves-tu très durement ton corps par d’incessantes privations, d’éternels excès »
    Quelque temps plus tard, Colomba, succombant au charme dévastateur de Sylphaël le voluptueux, l’épousa. Cependant malgré leur bonheur insolent les deux jeunes gens s’inquiétaient pour leur ami, qui comme bien d’autres habitants d’Oanylone, sombrait chaque jour plus gravement dans un abîme sans fond, mêlant la pratique d’inquiétantes coutumes sexuelles la nuit et , formulant d’étranges prières le jour, prostré et nu, au sommet d’une colonne sous l’œil bienveillant de la Créature sans Nom.
    Celle-ci oeuvrait désormais partout dans la ville, sortant de la pénombre, flairant ses proies parmi les décombres de plus en plus nombreux sous les coups de boutoir de la colère de Dieu car l’heure du châtiment avait commencé.

    La rébellion des corrompus

    La Créature Sans Nom avait trouvé facilement ses auxiliaires parmi les êtres les plus débauchés de la Cité au nombre de sept dont Lucifer le Cyclothyme et ces factotum diffusaient leurs mauvaises pensées avec déconcertante facilité, instillant dans les esprits égarés par la peur d’obscures idées telles que :
    «Dieu a créé les riches pour donner aux pauvres le paradis en spectacle » «l’humain retrouvera ses biens s’il ne doute point de la faiblesse de Dieu » «L'éternité c'est long, surtout vers la fin» tant et si bien que la colère ainsi attisée déclencha un massacre.
    Un matin nous retrouvions éventré dans les gravats et parmi bien d’autres, le corps de Colomba et pour la première fois je vis Sylphaël s’effondrer dans le même temps que s’écroulait la ville.

    [b]La Tentation [/b

    Deux jours plus tard tandis que la Cité en ruine se vidait de ses habitants j’aperçu Sylphaël courir en tous sens dans une ruelle. Son teint était blême. Il me fit ce récit :
    « Cette nuit je me réveillais brusquement sentant la présence sous mon drap d’une forme : celle-ci semblait peser à mes côtés puis s’enrouler autour de mes jambes jusqu’à ce qu’elle m’étreigne complètement. Je fus pris d’une angoisse oppressante cependant je croyais reconnaître dans cette forme le corps de Colomba, mon épouse défunte et en même temps que la terreur peu à peu m’envahissait j’étais empli d’un flot de tendresse immense à son égard mais je savais qu’elle n’était plus et ce sentiment cédait la place à une impression de manque et une douleur irrépressible soudain je compris que j’étais en proie à un extraordinaire maléfice je devais lutter de toutes mes forces pour ne pas céder à cette chose abominable. Sans doute paralysé par une peur intense j’avais les pires difficultés à me mouvoir et la chose m’emprisonnait comme un étau. Après d’interminables secondes je parvins à atteindre la lampe à huile (j’avais l’unique pensée de faire la lumière pour affronter le sortilège) mais la flamme ne s’alluma pas. Alors, cédant à la panique, je me débattais avec l’énergie du désespoir car cette fois-ci j’allais mourir je ne cessais de crier « vas-t’en » en litanie ininterrompue et de plus en plus fort à la force maléfique dont j’étais la victime. Mon pouls s’emballait, mon cœur palpitait si vite qu’il allait exploser, la chose desserra son étreinte puis je ne sentis plus rien j’allumais la lampe et cette fois-ci, étrangement, la lumière se fît.
    Le reste de la nuit j’ai médité sur cette tentative de possession de l’Innommable Créature et l’état d’acédie qui faillit me tuer lorsque j’étais pétrifié par l’angoisse.
    Il nous faut accepter le courroux de Dieu, et cette ville, ç’est bien nous qui l’avons condamnée à la destruction, je m’en vais rejoindre le groupe des vertueux.
    "pardonne-moi mon ami" lui dis-je "mais comment espères-tu incarner une vertu toi dont l'existence fût toute entière consacrée aux plaisirs ?"
    il répondit "mais parce que cette vertu est le plaisir même ! Dieu nous donna les sens pour le goûter et parce que l'amour de la vie reste l'Amour"
    sans s'attarder il partit prier pour sauver le monde en compagnie des Vertueux rassemblés à la septième Porte.

    La cité d’Oanylone, bâtie en forme de cadran comportait huit portes correspondants aux subdivisions cardinales et la porte Ouest en était la septième, j’observais Sylphaël s’éloigner vers le couchant, ce fût la toute dernière fois que je le vis.
    Infiniment plus couard, je quittais la ville précipitamment sans arme ni bagage, avant l’ultime chaos. ainsi il restait désormais sept vertueux face à sept corrompus.
    Parmi les compagnons de fuite que je rencontrais par la suite, quelques uns avaient observé de loin le cataclysme final, l’engloutissement de la Cité et leurs témoignages concordaient aussi sur ce point, sept silhouettes avaient été vues, aspirées vers le soleil par des faisceaux ardents.
    Je fus heureux de penser à la destination finale de Sylphaël qui toute sa vie avait été rayonnant.

    Au dernier souffle de ma vie je commence des croquis à la hâte tentant de transmettre des souvenirs visuels de la grande Cité d’Oanylone au monde des survivants. Puisse l’humanité toujours se souvenir de l’exemple des vertueux et du châtiment des orgueilleux.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 6:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Princes-démons
    Démonographie d'Asmodée, prince de la luxure


    Un enfant précoce

    Il y a de cela bien longtemps naquit à Samarra, petit village de cultivateurs non loin d’Oanylone, un enfant que ses géniteurs nommèrent Asmodée. Il était vigoureux et plein de vie. Ses yeux étaient d’un noir profond et ensorcelant. Son visage était magnifique à tel point qu’on eut pu le prendre pour un ange. Mais grande fut la surprise de ses parents lorsqu’ils constatèrent sur son corps une étrange malformation. Comme ils n’avaient pas inventé l’eau chaude et que la chose semblait hors du commun, ils décidèrent d’aller voir le vieux Gédéon, rebouteux de son état et vivant retiré à l’écart des Hommes.

    Ce dernier était un vieux bougre ratatiné par les ans et qui avait gardé sa foi en Dieu intacte. Il prit le petit des bras de sa mère, le posa sur une table et défit lentement les langes afin de l’examiner. Grande fut alors sa stupeur. Le nourrisson n’avait pas un sexe mais deux ! Il était à la fois féminin et masculin. Il se tourna alors vers les parents.

      « Vous avez mis au monde un être hors du commun. Cela dépasse mes compétences. Je ne sais si c’est un message qui vous est envoyé par le Très Haut ou si … »


    Il n’avait pu finir sa phrase. Il rhabilla prestement le nouveau-né et le rendit au couple qui attendait une réponse à leur angoisse.

      « Vous ne devez plus revenir ici avec cet enfant. Je vous conseille de vous tourner vers Dieu et de prier encore et encore. Quand à … lui, aimez-le du mieux que vous pourrez et détournez-le du Mal ».


    C’est dans la crainte et l’inquiétude que la petite famille rentra chez elle. C’est dans cette atmosphère que l’enfant grandit.

    Dès qu’il put marcher, les ennuis commencèrent pour le père et la mère.
    Asmodée aimait tout particulièrement observer les animaux de la basse-cour. Il était émerveillé chaque jour davantage de les voir se déplacer, manger, émettre les sons les plus curieux. Mais il était par-dessus tout fasciné de les voir s’accoupler. Cela le mettait chaque fois dans le plus grand des émois. Il poussait des petits cris qui semblaient accompagner les bêtes dans leur reproduction. Il battait des mains à chaque manifestation virile du bouc ou du taureau. Son père avait beau le gronder, le menacer, le frapper, rien n’y faisait.

    A cinq ans, il tenta certaines « expériences » sur les animaux. Il connaissait désormais fort bien les mœurs des espèces qui vivaient autour de lui. Il décida alors de modifier l’ordre naturel des choses, plaçant le chien sur la truie ou le chat sur le canard. Il s’ensuivit de cruelles blessures qui n’entamèrent pas pour autant ses ardeurs.

    La Révélation

    A l’âge de dix ans, alors qu’il participait aux moissons du mois de juillet, se produisit un événement qui bouleversa sa vie. C’était la fin de la journée ; les paysans étaient presque tous rentrés chez eux. Il était seul dans un champ au milieu des tas de chaumes savamment dressés de loin en loin. Il observait un couple de scarabées en train de monter l’un sur l’autre. Soudain, son attention fut détournée par des bruits rauques qui semblaient venir d’une meule. Attiré par ces sons inhabituels, il décida de s’approcher le plus discrètement possible. Et là, il découvrit ce qu’il n’avait jamais vu avant : un homme et une femme, entièrement nus, les corps enlacés débordant de sensualité et adoptant les postures animales qui lui étaient si familières. Il ne se montra pas mais observa le plus longtemps qu’il put, sentant dans les bas-fonds de son corps des émotions insolites.

    De retour chez lui, il ne ferma pas l’œil de la nuit, son esprit étant totalement rongé par ce qu’il venait de voir.

    Le lendemain matin fut pour lui comme une seconde naissance. Il regardait désormais les filles et les garçons de son âge d’une toute autre façon. Sa constitution génitale faisait qu’il se sentait attiré autant par un sexe que par l’autre. Il aborda tous les garçons et toutes les filles de son village, les beaux et les belles, les petits et les grandes, les maigres et les grosses.

    Sa méthode était pour le moins peu orthodoxe. L’approche était souvent brutale, s’apparentant à un violent plaquage de soule, qui se terminait en roulé-boulé dans un fossé ou un ruisseau. Le ou la partenaire se débattait, hurlait, griffait, mordait, cognait puis finissait par s’arracher à l’étreinte non sans avoir perdu une partie de ses braies ou de sa robe.
    Le scénario se reproduisit toute une semaine durant. A la fin, de nombreux habitants du village, excédés par cette conduite intolérable, prirent d’assaut la ferme familiale et manquèrent de peu le petit Asmodée terrorisé qui s’enfuit sans demander son reste.

    Arrivée à Oanylone

    Oanylone était à cette époque la plus grande ville que portait la terre. Elle abritait en son sein sans doute plus d’un million de personnes. Mais l’acédie avait gagné les cœurs et corrompu les âmes. La majorité des habitants s’était détournée de Dieu. C’est dans ce contexte qu’arriva le petit Asmodée, encore tout retourné de ce qu’il venait de vivre.

    Il erra des jours et des jours dans les rues, vivant de rapines et de mendicité. Il dormait la nuit à même le sol, au milieu de ce que la ville abritait de plus vil et abject. Sale comme un pou, crotté comme une bique, ses pas le menèrent par hasard dans un quartier de la ville bien différent des autres. Des femmes de petites vertus vendaient leur charme à des hommes de passage. Certaines étaient encore jeune et fraîche, d’autres usée et flétrie par le « labeur ». Il remarqua l’une d’entre elles, rousse, plus forte que la moyenne et à la poitrine généreuse. Il s’approcha et tendit la main comme pour attraper un fruit défendu. Celui-ci l’était bien puisqu’une magistrale tape de la main vint lui rappeler son âge et sa situation.

    La femme se mit à déblatérer des mots sur un ton sec et rapide.

    « Dis donc l’morpion, tu t’crois tout permis ? Et d’où qui vient c’morveux ? Couvert de crasse comm’ça j’te donne une semaine avant d’crever le nez dans l’ruisseau ».

    Elle partit d’un rire gras et sonore, les deux mains posées sur ses hanches, prenant à témoin les femmes autour d’elle ainsi que les passants. Elle se baissa un peu pour le regarder de plus près, prenant son menton entre les mains.

      « Et mais, c’est qu’sous ta noirceur t’es plutôt sacrément mignon. Si t’étais un poil plus vieux on t’donnerait le bon D… »


    Elle ne put achever sa phrase. Tel un serpent sur sa proie, Asmodée venait de poser ses lèvres sur les siennes, faisant reculer de surprise la femme qui repartit d’un rire encore plus grossier que le premier.

      « Décidément tu m’plais ! Viens donc avec moi à l’intérieur, j’ai envie de t’montrer deux ou trois choses, histoire de t’apprendre la vie ».


    La pièce dans laquelle ils pénétrèrent était sombre car sans fenêtres. Des torches éclairaient faiblement l’intérieur qui était composé de quatre couches disposées aux quatre angles. Ce qui servait de lit était fait d’un matelas sommaire rempli de paille et les ébats pouvaient être cachés des yeux des visiteurs par un tissu qui était tendu tout autour. Sur les murs, Asmodée n’en croyait pas ses yeux. Des scènes érotiques montraient des hommes et des femmes nus, dans des positions parfois acrobatiques, souvent surréalistes. Ainsi donc se disait-il, il avait bien des choses à apprendre.

    La forte femme le happa littéralement sur sa couche. Elle se déshabilla lentement devant lui, faisant apparaître des formes abondantes et des bourrelets disgracieux. Puis elle entreprit d’en faire autant de l’enfant. Un cri retentit alors. Elle n’avait pu retenir sa surprise devant l’anomalie sexuelle dont était pourvu Asmodée.

      « Met avis que t’a un bel avenir tout tracé, toi ! »


    Et ce jour-là, il fut déniaisé.

    La ville sombre dans la turpitude.

    Il vécut de nombreuses années aux côtés de la femme, devenant son amant, partageant son lit et ses clients. Il se montrait particulièrement redoutable et actif, multipliant les actes comme si sa vie en dépendait.
    Avec l’âge, son corps se développa et se forma. Une ferme poitrine vint agrémenter son buste. Il prit l’habitude de laisser pousser ses beaux cheveux noirs mais aussi de garder des vêtements d’homme. Il était devenu le centre d’intérêt de tout ce que la ville pouvait compter de débauchés.

    Sa renommée était telle qu’il fut un jour introduit à la cour du roi d’Oanylone. Cet homme était tout ce qu’il y avait de mauvais. Un vrai concentré de rapacité, d’avarice et de malhonnêteté. Il vivait entouré d’une foultitude de femmes et de courtisans. Les orgies succédaient aux orgies, les fêtes aux beuveries. Dieu avait abandonné ces lieux. Il avait entendu parler de ce jeune homme mystérieux, capable de procurer des plaisirs inédits. Il l’avait fait mander.

    Asmodée se présenta à la cour un jour que la fête battait son plein. Les tables comme les chaises étaient renversées, les corps étaient étendus à même le sol. La plupart étaient nus, enlacés, enserrés et comme enchaînés par le plaisir. Des esclaves, nus eux aussi, tentaient d’enjamber tant bien que mal les hommes et les femmes qui s’étreignaient dans des positions obscènes. Ils apportaient sur des plateaux d’ivoire tout ce qui était nécessaire aux plaisirs orgiaques.
    Lorsque le roi le vit pénétrer dans la salle, il repoussa tant bien que mal la demi-douzaine d’êtres avinés qui étaient entassée à ses côtés, il se releva et le fixa droit dans les yeux. Tout autour de lui, les hommes et les femmes participant à cette bacchanale, les uns après les autres, arrêtèrent leur besogne et portèrent leur regard sur le nouvel arrivant. Le silence fut alors complet.

    Asmodée s’avança. Il portait une robe de bure blanche qui contrastait avec son regard d’un noir profond et la couleur sombre de ses cheveux. Lentement il dénuda ses épaules puis fit tomber le vêtement au sol sans aucune pudeur, faisant découvrir à tous sa déconcertante anatomie. Il traversa la pièce. Les gens s’écartaient à son passage. Il alla à la rencontre du roi qui ne disait mot et il se jeta sur lui bestialement. Les gens poussèrent un cri sauvage et la partie reprit de plus belle, comme si tous se sentaient libérés à présent.

    Asmodée devint l’amant ou la maîtresse du roi, selon le point de vue que l’on choisit. Il catalysa les énergies sexuelles de la cour qui désormais ne connaissaient plus de limite. Plus grave encore, cet exemple venu d’en haut se répandit dans les couches supérieures de la société dans un premier temps puis toucha le reste des habitants de la ville.
    Dans les maisons, dans les rues, ou les caniveaux, dans les champs ou les granges, tout n’était que stupre et luxure. La turpitude et le vice avaient remplacé la vertu et la foi. Car les Hommes désormais avaient oublié Dieu, réservant leur âme aux seuls plaisirs.

    La chute

    Il était un être qui jouissait sans doute plus encore que les autres à constater la déchéance de la cité. Dieu ne lui avait pas donné de nom et il se délectait de voir à quel point l’œuvre du divin était avilie.

    C’est alors que le ciel se remplit de nuages noirs et menaçants et qu’un vent violent se mit à souffler. Le Très Haut s’adressa aux habitants de la ville.

      «Alors que je vous ai donné mon amour, vous vous en êtes détournés, préférant écouter les paroles de la créature à laquelle je n’ai pas donné de nom. Vous avez préféré vous abandonner aux plaisirs matériels plutôt que de me rendre grâce. »
      Il ajouta: « J’ai créé pour vous un lieu appelé Enfer, que j’ai disposé dans la lune, où les pires d’entre vous connaîtront une éternité de tourments pour les punir de leurs péchés. Dans sept jours, votre cité sera engloutie dans les flammes. Et ceux qui y seront restés passeront l’éternité en Enfer. Cependant, Je suis magnanime, et ceux d’entre vous qui sauront faire pénitence passeront l’éternité dans le soleil, où se trouve le Paradis.»


    A ces mots terribles, tous les hommes et toutes les femmes se regardèrent et n’osèrent bouger. Tous étaient désormais dans la crainte de leur destin. Un grand nombre décida de fuir la ville désormais maudite.
    Mais la Créature Sans Nom, personnification du mal et aussi rusée que sournoise, décida d’agir. Elle choisit parmi ceux qui restaient sept hommes qui étaient chacun dans son genre un concentré de noirceur de l’humanité. Asmodée fut de ceux-là. Il se laissa convaincre par celui qu’on ne nomme pas que Dieu n’oserait jamais passer à l’acte et que sa décision n’était marquée que du sceau de la jalousie. Par l’emprise qu’il avait sur le roi, il parvint à son tour à persuader ce dernier, mais aussi la cour et une grande partie des habitants de reprendre la voie du plaisir et de la licence.

    Quelques justes nonobstant se rassemblèrent autour d’une femme du nom de Raphaëlle qui était habitée de l’esprit de Dieu. Elle faisait partie d’un groupe de sept qui avait ouvert les yeux devant le discours du divin et qui était désormais habités de l’amour de Dieu.

    Elle parcourait la ville en tous sens, prêchant le repentir et s’opposant directement à Asmodée. Elle était ardemment convaincue de détenir la vérité et beaucoup la suivirent et sauvèrent ainsi leur âme. Mais la majorité des Hommes préféra retourner à ses vices.

    Sept jours plus tard, un tremblement de terre d’une puissance inouïe frappa la ville. Le sol se fractura. De larges ouvertures apparurent d’où jaillirent des flammes. En quelques instants, Oanylone disparut dans les profondeurs du sol. Dieu venait de frapper de sa colère la cité impie.
    Tous les morts se présentèrent alors devant le Très Haut afin que ce dernier les juge. Raphaëlle et les six autres humains devinrent archanges auprès du Très Haut, tandis que celles et ceux qui les avaient suivis se transformèrent en anges.

    Asmodée et les six autres hommes qui avaient choisi le Sans Nom furent envoyés à grands coups de balai sur la lune. Ils les plaça là dans un lieu froid, sans vie et dans les brumes permanentes. Les corps de chacun se transformèrent pour prendre un aspect à la fois hideux et terrifiant. Asmodée reçut une tête abominable de serpent à la langue démesurée, il fut pourvu de quatre paires de seins et d’un phallus d’une longueur éléphantesque. Il devait le porter en permanence sur son épaule afin de ne pas y marcher dessus. Ses instincts lubriques avaient été décuplés et il tourmentait nuit et jour les malheureux qui s’étaient perdus en enfer, tout comme il agaçait continuellement ses frères démons en les poursuivant de ses ardeurs.

    Ainsi fut-il condamné à vivre perpétuellement dans les plaines de l’enfer.

    Pour mémoire, certains ont retenu quelques paroles d’Asmodée, prononcées de son vivant :

    Citation:
    - De toutes les aberrations sexuelles, la pire est la chasteté.
    - Une femme épanouie sexuellement est beaucoup plus ouverte.
    - Il faut apprendre aux gens à se servir de leur sexe comme de la cuillère et de la fourchette.
    - En matière d'amour sexuel, l'appétit vient en changeant.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 6:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Princes-démons
    Démonographie d’Azazel, prince-démon de la gourmandise


    Sa venue au monde, déjà une rupture…

    Azazel vint au monde à Oanylone qui était devenue, depuis fort longtemps, une cité prospère. Ses habitants commençaient à vivre richement et, sans pour autant se détourner complètement encore du Très Haut, les prémices de sa chute apparaissaient inéluctablement. Ses parents, âgés d’une quarantaine d’années, décidèrent d’avoir un enfant comme on décide de s’acheter un objet. Sans enfants pendant presque 22 ans, sur un coup de tête, les deux époux, Céline et René allèrent à l’encontre d’une femme enceinte et lui proposèrent d’adopter son jeune enfant lui faisant miroiter qu’il serait bien mieux dans leur environnement. La jeune femme dont le père avait fui avec une belle séductrice finit par céder et accepter à la demande du couple. Ainsi, Azazel, né pauvre, alla vivre dans le luxe et l’opulence entouré de parents exigeants mais non aimants d’un véritable amour parental.

    Azazel fut vite livré à lui-même. Aucun interdit… si ce n’est de ne pas déranger ses parents. En échange ? L’accès à tout, le oui à tout. L’enfant roi ne bénéficiait d’aucunes limites. D’une nature chétive à sa naissance, Azazel était devenu méconnaissable. Il était désormais reconnu par son embonpoint précoce qui lui avait valu le surnom de glouton. Sa taille imposait la crainte auprès de ses compagnons. Ses rondeurs de partout, son gras et ses doigts bouffis surprenait tous ceux qui le côtoyaient. Sa peau ruisselait de graisse à chaque rayon de soleil ou effort provoquant la nausée à ceux qui voulaient lui serrer la main. Son sourire et son regard mettait mal à l’aise quiconque l’approchait tant ils dégageaient inimitié et dédain.


    Difficile dans cette situation d’être entouré d’amis. Bien au contraire, Azazel cultivait sa solitude et son impolitesse. Le regard d’autrui le laissait indifférent. Il en rajoutait même. Et quand il en décidait autrement, alors il ne fallait pas être sur son passage. Plus Azazel grandissait, plus sa force décuplait au fur et à mesure des années. Adolescent, il possédait déjà une force herculéenne. Par contre le peu de temps passé à s’instruire le rendit stupide et lourd.

    L’acédie régnait en maître au sein de la maisonnée. Les conséquences furent désastreuses pour Azazel. Il n’entendit parler du Très Haut et d’Oane que fort tardivement. Si bien qu’il ne comprenait pas pourquoi le Très Haut avait créée le monde et installé l’Homme comme son espèce favorite. Il s’évertuait à affirmer à qui voulait l’entendre, que le Très Haut avait été injuste vis-à-vis de ses brebis. Il ne pouvait, à ses yeux, que représenter perversion, moquerie et sadisme tant les tentations pouvaient être nombreuses.


    L’outrage et le renoncement à la foi et aux principes de vertu.

    Un jour où Azazel vaquait à ses occupations principales, manger et boire attablée sur la terrasse d’une échoppe, il fit la rencontre d’un serviteur d’Oane. Ce dernier fut stupéfait de voir un tel énergumène agir de la sorte.

    Citation:
    Le serviteur d’Oane : "Mon jeune ami, puis –je me joindre à ta table ?"

    Azazel : "Faîtes cher ami et servez-vous"

    Le serviteur d’Oane : « Merci. Mais je viens de déjeuner et cela me suffit. »

    Azazel : "Et votre plaisir ? Prenez et savourez. Ce sont de délicieux mets."

    Le serviteur d’Oane : « N’avez-vous pas envie de vous repentir, mon enfant, de la faiblesse dont vous faites preuve ? Sachez que la gourmandise brisera les liens qui unissent les hommes et les femmes.»

    Azazel : "Me repentir ? Quelle affaire pour si peu de choses. "Regardez autour de vous, tout le monde vaque à ses occupations sans se soucier d’autrui, et vous, vous vous permettez de porter un jugement sur mon appétit. Quelle perte de temps ? »

    Le serviteur d’Oane: "Il n’y a pas de perte de temps ici. De votre modération dépend votre avenir au royaume du Très Haut."

    Azazel : "Vous avez l’air d’oublier quelque chose Mon Serviteur. Le royaume du Très Haut fait de tempérance, de modération et bien, je n’en veux pas. Dès que je me lève, je veux pouvoir manger comme je l’entends. A longueur de journée, je désire me vautrer dans la nourriture en quantité et ce, à tel point qu’une fois rassasié il me reste encore de la place pour le plaisir de manger. Le désir, la joie que cela me procure me suffit amplement. »

    Le serviteur d’Oane: "Mais,…"

    Azazel :Il suffit. Vous m’ennuyez et je ne souhaite plus gâcher mon plaisir pour écouter vos fadaises.

    Le serviteur d’Oane: "La miséricorde et la patience du Très Haut a ses limites que vous venez de franchir. Je devine en vous un avenir des plus sombre et torturé.

    Azazel :Et bien qu’il en soit ainsi. Ce monde et ces principes auxquels j’aspire me comble. Et croyez moi il en comblera plus d’un. Votre Très Haut ne saurait être des plus circonspect face à une telle chose. Mais au fait, quand vous le rencontrerez dites lui bien que ma table lui est réservée….


    Et le fidèle, outré, s’en alla rejoindre ses frères. Parmi ces frères se trouvaient un certain Georges et une jeune fille Galadrielle…. « Je vous le dis mes amis…. Oanylone vit ces derniers moments. Le Très Haut ne pourra laisser ces êtres agirent de la sorte plus longtemps. Il ne peut en être ainsi. C’est inconcevable. Le glouton que je viens de voir m’a a jamais convaincu de cette idée, si j’eu encore quelques doutes ».

    Le serviteur de la Bête sans nom.

    A la mort de ses parents, Azazel hérita d’une fortune considérable. Il n’en fallut guère plus à ce jeune homme pour mener une vie de débauche et de corruption. Les fêtes qu’il organisait étaient somptueuses et tous les jeunes bourgeois de la cité étaient présents. Il y en avait pour tous les vices et toutes les débauches On assistait là à de vraies orgies et plus le temps passait, plus elles se prolongeaient dans la nuit et les jours qui suivaient.
    La nourriture et le vin se présentaient en abondance, les hommes et les femmes assouvissaient leur plus viles envies. Toute personne essayant d’agir avec pudeur, abstinence et pondération tombait dans la vindicte populaire. Elle subissait le courroux de ces êtres à chaque instant de leur vie. Ce harcèlement faisait rompre les plus faibles. Seuls quelques fidèles résistaient.
    Cette jeunesse adulant Azazel répugnait à se cultiver et s’instruire si bien que les universités se vidaient de plus en plus.
    Le travail synonyme d’asservissement était honni et n'inspirait que honte à celui qui continuait à vivre dans la vertu. A la moindre envie, Azazel et ses disciples se servaient ou devrait-on dire volait tout sur leur passage.
    Au fur et à mesure les instigateurs du mal faisaient un travail de sape et c’est tout logiquement qu’ils s’unirent pour installer un climat de péchés.


    Le combat et la déchéance

    Le Très Haut lança sa colère contre la cité et les serviteurs du Mal. La bataille dura sept jours. Le combat fut rude et au début inégal. Mais surestimant leur force, les maléfiques perdirent tout d’abord quelques batailles puis enfin la bataille.
    Azazel, lui, dans ce combat fit honneur à sa force titanesque. Chaque coup asséné portait à mal les serviteurs de l’omnipotent. Sa fureur et sa colère n’avait d’égal sa valeur au combat et sa haine vis-à-vis de ces pieux « chevaliers » du bien.
    La lutte aurait été favorable à Azazel si ses hommes, emplis de peur et de couardise, ne l’avait trahi en apercevant les sept futurs archanges se diriger vers lui. Abandonnés de tous, Azazel continua la lutte et ce n’est que le sixième jour qu’il plia. Utilisant les chaînes forgées par le Très Haut lui-même, le prince de la gourmandise fut présenté devant le Créateur…


    Azazel : grand échanson et sommelier de l'enfer.

    Azazel, défait fut présenté devant le Très Haut. Le glouton ne fit preuve en aucune manière d’humilité et c’est avec insolence qu’il regarda le miséricordieux droit dans les yeux.

    Citation:
    « Moi me repentir ? Alors écoutes moi bien oh très glorieux, très grand. Je viens à Toi défait et battu. La victoire aujourd’hui t’appartient. Mais quand bien même je devrais retourner en arrière, je lutterai pour la Bête sans nom. Le vaincu te souhaite de savourer ta victoire car je te le dis, jamais je n’abdiquerai. Ma lutte aux côtés de ce que tu appelles le Mal est ma destinée et mon bon plaisir. Et si tu n’étais pas encore convaincu, alors entends ceci :

      Je te renie toi qui te prétends notre Dieu, notre supérieur.
      Je crois en toi comme créateur du ciel et de la terre
      Je dénonce et souhaite revendiquer ta chute
      Car il ne peut y avoir aucun juge

      Je promets fidélité en ma haine et ma lutte contre ta volonté.
      J’aspirer en un monde de liberté où chacun agit comme bon lui semble.
      Je renie tes valeurs qui nous contraignent et nous aliènent
      J’appelle à la rébellion contre ta volonté

      Que tes serviteurs te tournent le dos
      Que leurs yeux s’ouvrent à ton Message, ton Mensonge
      Que tous voient ta Duperie et ta manipulation
      Oh je te promets, ici, devant Toi, de combattre pour te détruire.


    A ces mots, le Très Haut se leva et de toute sa grandeur et magnificence envoya Azazel sur la lune.

    Sur la lune, depuis sa chute, Azazel voyait son corps changer prenant une forme bien particulière. Il n’était plus qu’une énorme masse de mal. Grand sommelier et échanson il s’assure de pourvoir à la soif des âmes déchues.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 6:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Princes-démons
    Démonographie de Bélial, prince-démon de l’orgueil


    Naissance de Bélial

    Adiguaëlle, femme de Théophile, était une femme vertueuse. Dans la grande ville d’Oanylone cette dernière s’occupait des pauvres et des nécessiteux. Tout son temps était dévolu à ces derniers. Elle passait dans les rues crasseuses, tendant la main à ceux qui étaient oubliés des plus riches, car les inégalités à Oanylone étaient de plus en plus prononcées. Les riches s’enveloppaient dans l’opulence et la luxure tandis que les plus démunis devenaient envieux, jaloux et emplis de colère.

    C’est dans ces circonstances qu’Adiguaëlle tomba enceinte. Son mari et elle étaient très heureux et continuaient à vivre dans l’amour Divin, malgré tous les jours, autour d’elle, les gens médisaient et crachaient sur son bonheur. Pourquoi devait-elle être heureuse ? Elle devait souffrir comme tous autour d’elle souffraient de la pauvreté. Et c’est dans ces circonstances de colère et de jalousie que ces fils virent le jour. Le premier se nomma Miguaël, qui selon une légende signifiait « donne et aime » et l’autre se nomma Bélial, ce qui signifiait « donnes et tu recevras ».

    Adiguäelle était épuisé par l’accouchement autant que par la situation dans la rue qui la préoccupait. Elle ne se doutait point que la Créature Sans Nom fomentait les plus vils cauchemars contre sa famille, car elle alimentait la douleur, la colère, la haine contre les riches et les heureux. Et une nuit, alors que la famille de Théophile ne s’y attendait pas, la foule se mua en nuée de rage qui s’abattit sur eux. Dans un instinct ultime de survie, Théophile prit Miguaël et son frère des mains de sa mère et, après les avoir embrassés, les cacha sous une caisse. A peine avait-il reposé la caisse que déjà ceux pour qui Adiguaëlle œuvrait chaque jour entrèrent. Les hommes hurlèrent contre Théophile et le poignardèrent avant qu’il puisse se défendre. Adiguaëlle fut ciolée encore et encore avant d’être éventrée. Les coups se succédèrent encore et encore, la lame passant de main en main, chacun portant un coup fatal à la dépouille de la pauvre femme. Mais les enfants, sous leur caisse, furent épargnés, car nul ne les vit.


    Enfance de Bélial

    On ignore comment, mais les deux enfants furent sauvés de l’incendie qui s’en suivit. Est-ce une dame complaisante qui les a secourus ou la Créature Sans Nom qui les oublia. Nul ne le sait vraiment.
    Toutefois, nous savons avec certitude qu’Ils furent recueillis par Ménopus, un homme âgé et pieux qui ne savait rien de l’origine de ces « amours » comme il aimait à les appeler, et qui ne souhaitait rien en savoir. Il donnait à ces petits du lait qu’il produisait grâce à sa vache Minerva. Ces deux jeunes garçons grandirent donc sans jamais se séparer. Il existait entre eux un lien si grand qu’il allait au-delà de l’amitié et de l’amour fraternel, mais malheureusement l’un d’eux allait finir par se détourner.

    Les deux frères grandirent loin des tentations de la Créature Sans Nom. Bélial respirait la piété et continuait à s’occuper des autres plutôt que de lui-même. Il restait proche de son frère Miguaël qui, lui aussi, se tournait vers son prochain comme Ménopus le leur avait appris. Pourtant, Bélial ne connaissait rien de ses parents et cela le taraudait. Comment Ménopus les avait trouvés ? Qu’était-il arrivé à ses parents pour que personne ne leur entourage ne leur en parle ?


    La tentation de Bélial

    Un soir, alors qu’il avait passé une longue journée de labeur, Bélial resta à méditer sur le toit de leur maison. Le toit de leur maison offrait une terrasse qui lui permettait de voir une large partie d’Oanylone. Il resta là, de longue heures, à se poser des questions sur son passé, sur ses parents, sur sa situation. Une ombre vint le voir et l’enveloppa délicatement. Le jeune adolescent ne fut nullement effrayé.
      Bélial: Qui es-tu ? Toi qui viens me voir à la nuit tombée, es-tu une amie ou une ennemie ?
      Créature Sans Nom: Je n’ai pas de nom car je peux être tout ce que tu voudras Bélial. Regardes autour de toi. Pourquoi privilégier les autres surtouts quand ceux-ci n’ont rien à t’offrir ?
      Bélial: Parce qu’ils ont besoin de moi…
      Créature Sans Nom: Sers donc les riches car ils te paieront ainsi tu ne travailleras pas pour rien…
      Bélial: Je n’ai jamais travaillé pour rien. Ces personnes ont besoin de moi et si je ne le faisais pas qui le fera à ma place ?
      Créature Sans Nom: Que te donnent-ils en échange ? Rien. Ils pestent contre toi car plus tu leur en donnes, plus ils te demandent. Détournes toi d’eux, car ils te rendront malheureux.

    Ce soir-là, Bélial resta pensif longtemps après que l’Ombre ait disparue. Pourquoi se tuer à la tâche alors que les plus riches pouvaient le couvrir d’or ? Cette pensée grandit en lui à mesure que l’Ombre vint le voir encore et encore, corrompant son esprit.


    La corruption de Bélial

    Ainsi, il commença à demander aux pauvres de le payer, une chose qu’ils ne purent faire. Alors il arrêta de les aider, et se tourna vers la paresse et le péché. Sa vanité et son orgueil étaient devenus visibles aux yeux de tous. Bélial était devenu un bel homme et sur son visage, de plus en plus, son avidité se dessinait. Il ne donnait qu’aux riches afin de recevoir plus et plus encore, se détournant de son frère qui vivait dans l’humilité. Miguaël le supplia de revenir sur sa parole et de continuer à servir ceux qui en avaient réellement besoin, mais son frère rit à ces propos. Bélial arborait maintenant un visage émacié et une longue cape noire élimée de toute part. Ceux qui le côtoyait disaient de lui que des cornes démoniaques lui poussaient de sur la tête. Mais Bélial ne se soucia guère de cela. Il le savait désormais que chacun de ses gestes étaient d’une inestimable valeur. Nul ne pouvait faire pieux que lui, vendant très cher ses conseils et ses services.

    Des hommes commencèrent à croire en lui et écoutèrent sa parole. Bélial prônant sa supériorité sur le commun. Nul n’avait plus de talent que lui. Ses doigts devinrent longs et anguleux pour mieux saisir l’or qu’il amassait. Il se sentait indispensable à la cité, il se savait indispensable à la cité.



    Représentation de Bélial lors de sa damnation

    La Damnation Eternelle

    Bélial était devenu l’un des hommes les plus puissants et les plus écouté d’Oanylone. Tandis que l’Ombre lui susurrait à l’oreille, il exhortait les foules à trouver les traitres comme son frère qui continuaient à écouter de faux préceptes qu’Oane avait distillé dans l’esprit de chacun. Très vite, Bélial l’Orgueilleux fit parti des Inaudiendis  (NDLR : en latin, ceux qui n’entendent pas) avec six autres blasphémateurs qui, pendant les sept jours donnés par le Très Haut avant la destruction de la ville, prêchaient contre le Créateur et Ses œuvres contre les sept hommes qui représentaient les sept vertus, dans laquelle son frère Miguael a été inclus.

    Et, lorsque la Colère du Très Haut s’abattit sur la ville, brisant la terre et inondant les rues avec le feu venant du centre de la terre, il fut parmi les damnés, avec tous ceux qui restèrent dans la métropole, convaincus par les mots insidieux de la Créature Sans Nom. Les inaudiendis furent envoyés au plus profond des abysses de l'Enfer Lunaire, là où le feu gronde et où les pêcheurs sont suppliciés.

    Si l’on regarde, tous les êtres de la création sont pêcheurs, mais le Très-Haut, dans sa grande bonté a proposé le pardon, qui n’accepte de le recevoir garde son pêché et le subira jusqu’à la fin des temps. Dans sa damnation, Bélial se mua en créature terrible. On raconte qu’il a aujourd’hui le corps d’un cheval fougueux et la tête d’un taureau enragé.


    L’exorcisme de Bélial

    Au commencement de l’Eglise, celle-ci était encore frêle, et Belial se dit que, pour mieux la détruire, il fallait agir de l’intérieur. Toujours aussi orgueilleux, il décida de prendre possession du corps du plus haut dignitaire de l’Eglise : le Pape. En ce temps-là, le pape Hygin était touché par une grave maladie; Bélial, empli de lâcheté, en pris possession, et dès ce moment les traits du Saint-Père commencèrent à changer. Un servant, Mirall s’en rendit compte et supplia le Très-Haut d’envoyer quelqu’un. L’archange Miguaël, saint patron de la contre possession, nommée plus tard exorciste, fut envoyé.
    Il fusa aussi vite qu’il lui était possible, ses six ailes battant à perdre le souffle, si l’église tombait maintenant le résultat serait atroce. Il entra dans le corps d’Hygin, ses pensées vertueuses devaient ressortir, mais de son côté Bélial luttait aussi.

    Belial: « Tu oses intervenir contre ton propre frère Miguaël? Tu ne voies pas que ton Dieu se sert de toi? »
    Miguaël: « Tu n’es plus mon frère, Bélial. Je te renie, repars d’où tu viens, repars peupler les abysses, seul Dieu est souverain, seul Dieu est le maître. Que seules les vertus de cet homme surgissent ! »

    Pendant que se déroulait cet affrontement, le Paradis Solaire et l'Enfer Lunaire semblaient eux aussi s’affronter dans un combat décisif.

    Miguaël: « Repars d’où tu viens, Prince des Démons et laisse l’âme de cet homme en paix, tu entends ??
    Vade retro Belial! Repars d’où tu viens ! ».

    A ce moment-là, une flamme surgis de la bouche du possédé et parti s’écraser au loin sur l’astre dominant la Nuit pendant que le ciel reprenait sa teinture normale.

    Saint Miguaël monta aux cieux en gloire, assis sur une nuée et accompagné de mille voix célestes chantant la gloire de Dieu car seul Dieu est souverain.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 6:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Princes-démons
    Démonographie de Belzébuth, prince-démon de l’avarice


    La Naissance et l'enfance de Belzébuth

    Alors qu'Oanylone entamait sa longue descente vers les abysses du péché et s'asseyait déjà sur les ruines de la vertu, naquit Belzébuth, fils de Grodass et d'Irénée. Pesant six kilos pour soixante centimètres, il avait mis de nombreuses heures à quitter le ventre de sa mère et avait laissé cette dernière quasiment morte de fatigue. Épuisée et meurtrie dans son corps, une grave infection l'emporta quelques jours plus tard, laissant le bon Grodass aux prises avec un petit monstre aussi gros qu'il était insatiable. Cet homme, cultivateur renommé pour la qualité de sa production, reconnu pour sa gentillesse et sa bonhommie, ne savait pas comment faire pour élever ce gaillard, en effet, jusqu'ici, seule sa femme s'était chargée de cette besogneuse affaire, si bien qu'il décida de prendre jeune fille au pair. Ses deux frères, Guignol et Pimpon, se moquaient éperdument de la venue de ce petit être qui, finalement, ne représentait qu'une bouche de plus à nourrir. Belzébuth fut ainsi nourri au sein jusqu'à l'âge avancé de cinq ans, son père ne lui témoignait que peu d'affection, bien trop pris par son travail aux champs, mais cela ne l'empêcha pas de grandir élevé par une femme dure et dodue répondant au doux nom de Rita. La femme n'aimait pas cet enfant qu'elle trouvait laid et disgracieux, à cela, elle ajoutait qu'un nourrisson qui avait tué sa mère pour venir au monde partait déjà sur de sombres chemins, aussi, elle lui rendit la vie aussi dure que possible, ne lui passant rien et ne lui apprenant que le minimum.

    Aux alentours de ses huit ans, lorsqu'il fut en âge de se passer de sa marâtre, Belzébuth fut emmené par Grodass, décidé à ce que son fils l'accompagne aux champs, histoire de lui montrer comment faire pousser les céréales et lui inculquer quelques principes et valeurs de base. C'est ainsi que, chaque jour, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, le petit d'homme se levait aux aurores et accompagnait son père cultiver ses terres. Ce dernier n'était jamais avare de conseils, dont la plupart avaient pour but, de faire du gamin un paysan accompli :


    Citation:
    - "Vois-tu mon fils, un sou est un sou, garde précieusement le moindre denier car il a son importance !"
    - "Sers-toi de ta tête bon sang ! Tu dois apprendre à vendre et à commercer sinon, que feras-tu de ton grain ?"
    - "N'oublie pas que si tu veux être le meilleur, faut que tu sois convaincu d'être l'meilleur!"
    - "Pense pas aux autres, pense à toi parce que c'est toi qui va gérer tout c'bordel !"
    - "La vie, c'est comme un cassoulet, moins y a de fayots, plus t'es riche !"


    Il est certain qu'aujourd'hui, de tels concepts n'ont guère de signification mais il n'empêche que ces préceptes furent ceux qui marquèrent à vie ce jeune enfant. Ainsi, Belzébuth commença très jeune à comprendre ce qui faisait d'une terre une bonne terre, il comprit très vite aussi comment commercer et sur quoi jouer pour tirer les meilleurs profits. Il ne se souciait pas de sa fratrie, préférant côtoyer son père qui voyait en lui un successeur prometteur. Ce dernier le mettait d'ailleurs souvent en avant lorsqu'il vendait le fruit de son labeur au marché, disant à qui voulait l'entendre qu'il prendrait sa place lorsqu'il serait mort. Cela fit grandir chez ses deux frères aînés, une jalousie et une animosité qui se transformèrent peu à peu en haine viscérale, si bien qu'ils lui faisaient subir moult mauvais traitements et lui donnaient coups et quolibets à chaque fois qu'ils se croisaient. Le jeune Belzébuth cultiva alors une image de lui, scellée dans l'orgueil et la fierté, pensant que si ses propres frères le maudissaient, c'était parce qu'il était meilleur qu'eux. Plus il avançait en âge, plus il devenait proche de Grodass et plus il s'éloignait de Pimpon et Guignol. Il était devenu prince aux yeux de son père et ennemi mortel pour ses aînés. Ainsi, Belzébuth ne pensait plus qu'à lui et à son avenir, il était devenu indifférent à ses proches, seul son père avait encore sa plus haute estime.

    L'ascension et l'accession à la fortune

    Alors qu'il avait à peine quinze ans, son père, Grodass, désormais usé et vieilli par des décennies d'un travail acharné et sans faille, vint à lui. Il lui demanda de s'asseoir et d'écouter ce qu'il avait à lui dire :

    Citation:
    -"Mon fils...j'suis vieux et fatigué...regarde-moi, j'suis courbé comme une vieille mégère et j'ai pas profité d'mes belles années. T'es le seul d'la famille capable d'reprendre c'que j'ai construit au fil des ans. Ces terres, mes terres, sont désormais les tiennes, et tes frères qui cultivent pour moi, s'devront de t'aider. J'te fais confiance, tu sais vendre, tu sais comment faire pousser le meilleur blé et l'meilleur maïs !"


    Belzébuth était fier que son père lui lègue tout ce qu'il avait, et ce, même s'il était dix ans plus jeune que son frère le moins âgé. Il ne put s'empêcher de demander :

    Citation:
    -"Mais, père, que vas-tu faire de ton temps maintenant ? Vas-tu m'abandonner comme l'a fait ma mère ?"


    Grodass avait toujours pensé qu'avant la fin de sa vie, il aurait fait de grands voyages, il savait qu'il était temps pour lui de partir et expliqua cela à son fils avant de quitter la demeure familiale pour toujours. Il l'avait chargé d'annoncer cela à ses frères et de leur remettre à chacun une lettre qu'il avait écrit pour eux. Personne n'eut de nouvelles de lui et on n'entendit jamais parler de Grodass en Oanylone. Le jeune Belzébuth attendit que son père ait quitté la demeure familiale pour déchirer les lettres qu'il devait remettre et, sachant bien que ses frères ne seraient pas de l'avis de leur père, décida sur l'heure d'embaucher un homme de main pour protéger ce qui lui avait été transmis. Il fit jouer quelques relations et trouva l'homme qui lui fallait, un esclave affranchi venu du nord, grand comme un arbre et fort comme un roc, balafré et scarifié, se nommant Astaroth. Lorsque Pimpon et Guignol rentrèrent des Champs, ils trouvèrent porte close et Belzébuth apparut derrière eux, avec son garde du corps à ses côtés. C'est avec férocité et assurance qu'il leur déclara ces quelques mots :

    Citation:
    -"Le Pater s'est barré ! Il m'a légué terres et demeure, désormais tout ce qui était à lui est à moi ! Vous m'avez gâché mon enfance et m'avez pourri la vie, alors, pour vous punir, je ne vous donnerai rien ! Hors de question que deux fumistes tels que vous, qui ont profité honteusement des écus de leur père à glander pendant des années profitent aujourd'hui du fruit de son labeur. Je garde vos biens et le reste, partez ! Si, par malheur, il vous prenait l'envie de remettre les pieds sur mes terres, je vous enverrais Astaroth qui se chargerait alors de vous faire passer de vie à trépas, alors barrez-vous et ne revenez pas !"


    Belzébuth fit un signe à Astaroth qui s'approcha des deux hommes, puis les gifla l'un et l'autre et les jeta à terre; les deux frères, mis plus bas que tout, n'eurent d'autre choix que de déguerpir sans demander leur reste. C'est ainsi que débuta l'ascension de Belzébuth. Il mit à profit ce qu'il avait appris, remplaça ses frères par des employés qu'il avait débauchés sur le marché et qu'il payait mal, sachant bien qu'il aurait toujours de la main d'œuvre pour accepter le labeur. Ses champs donnèrent de superbes récoltes car il était fin connaisseur des cultures, si bien qu'il commença à gagner pas mal d'argent. Mais, cela ne lui suffisait pas, il se savait le meilleur mais en voulait encore, il avait mit de côté tout ce qu'il avait gagné et ne dépensait que lorsqu'il y était contraint. Au fil des années il décida d'acquérir d'autres terres si bien qu'il devient un grand propriétaire reconnu pour son sens du commerce et surtout, pour son intransigeance dans les affaires. Ses produits, il en tirait toujours les meilleurs bénéfices et ce qu'il gagnait, il le gardait chez, lui, dans un coffre, allant jusqu'à éviter de dépenser le moindre denier si cela n'était pas strictement nécessaire. Pendant presque dix ans, les yeux de Belzébuth ne trouvèrent grâce qu'en lui-même, il développa un égo sur dimensionné, se pavanant dans Oanylone disant à qui voulait l'entendre qu'il était le meilleur et le seul apte à produire du bon grain.


    A l'aube de la trentaine, Belzébuth avait acquis, par son intelligence et sa force de persuasion, la moitié des cultures céréalières d'Oanylone, sa demeure était devenue domaine et son pécule s'était transformé en fortune. Là où d'autres faisaient profiter de leurs richesses, lui, interdisait à quiconque d'approcher ses propriétés, son fidèles Astaroth à ses côtés, il était craint et respecté mais aussi envié et mal vu. Chaque mois, les envoyés des dirigeants venaient le voir et lui demandaient s'il ne voulait pas donner un peu de ses biens pour aider la communauté, à chaque fois, Belzébuth leur disait :

    Citation:
    - "De quoi ? Dilapider ma fortune ? J'ai travaillé dur pour amasser tout ça et personne d'autre que moi n'en profitera ! Je suis doué et mes récoltes sont les meilleures ! Sortez de chez moi et dites-leur que, de mon vivant, ils n'auront rien de moi !"


    Ainsi, à chaque fois, les envoyés repartaient la mine déconfite et rendaient compte à leurs gouvernants, témoignant de l'égoïsme de Belzébuth et de son incapacité à comprendre la notion d'intérêt collectif. A ceux qui grondaient devant les grilles de son domaine, le propriétaire envoyait son garde pour les terroriser. A ceux qui disaient qu'il avait plus d'ennemis que d'amis, Belzébuth répondait qu'il n'avait cure d'avoir des amis car ceux-ci étaient avant tout des pique-assiettes.

    Le songe et la révélation

    Belzébuth avait trente cinq ans, et, une nuit où la chaleur de l'été s'était faite insupportable, alors qu'il avait eu un mal de chien à s'endormir, il fit un rêve étrange. Il s'était vu marcher, sur une longue route désertique, seul, aucune lumière hormis la clarté de la lune, aucune masure, rien à part cette route sinueuse. Alors qu'il marchait sans but, une créature faite d'Ombre apparut. Belzébuth s'arrêta et tenta d'apercevoir son visage mais il ne vit qu'une ombre, lorsqu'il demanda qui lui faisait face, il n'eut que le silence pour réponse. C’est lorsqu'il reprit son chemin que la créature lui déclara :

    Citation:
    l'ombre : "Belzébuth, Belzébuth, Belzébuth...où vas-tu donc ainsi ?
    Belzébuth : "Je ne sais pas, j'avance dans le noir, je vais droit devant."
    l'ombre : "Tu avances mais tu ne sais pas où tu vas ? Cela ne t'intéresse donc pas de savoir ?"
    Belzébuth : "Savoir ? Savoir quoi ? Où cette route se termine ?"
    l'ombre : "Qu'importe où elle se termine, l'important n'est pas où, mais comment !"
    Belzébuth : "Que veux-tu dire, créature ?"
    l'ombre : " Ce que je veux dire c'est que tu te contentes de suivre la route qu'on a tracé pour toi alors que tu pourrais tracer ta propre route ! Quitte les sentiers battus et emprunte un autre chemin"
    Belzébuth : "Mais...je ne vois aucun autre chemin, créature, il n'y a que cette route !"
    l'ombre : "Belzébuth, tu es plus malin que les autres, tu es plus riche que les autres, tu pourrais avoir les hommes à ta botte, tu peux construire n’importe quelle route à partir d’ici, il te suffit de le vouloir ! Sers-toi de ce que tu as appris, met à profit ton savoir et use de la ruse pour devenir le plus fort dans ton domaine, tu verras qu’il ne suffit que de le vouloir pour qu’une nouvelle route s’offre à toi !"


    L’ombre disparut en un instant et face à Belzébuth, un croisement avait vu le jour. D’un côté, la route sinueuse qu’il empruntait depuis longtemps, de l’autre, une étroite route, droite et ascendante, se dressait. Il décida de suivre ce chemin, ayant l’impression qu’il savait ce qu’il y avait au bout. En s’éveillant le matin, Belzébuth prit soin de noter le songe qui l’avait envahi pendant la nuit. Il convoqua Astaroth et lui demanda de suivre ses ordres à la lettre. Il l’envoya au marché et lui ordonna d’acquérir toutes les céréales disponibles puis de les revendre le double du prix qu’il les avait acheté. Ensuite, pris d’une frénésie incroyable, il lui ordonna de pénétrer chez chaque propriétaire de culture et de champs d’Oanylone, de les molester et de les forcer à lui vendre, au meilleur prix, toutes leurs cultures et leurs champs. En quelques jours, Belzébuth parvint à devenir l’unique producteur de céréales d’Oanylone, mais cela ne lui suffisait pas. Pour gérer ses terres, il employait a un tarif si bas, qu’il ne permettait pas aux travailleurs de manger à leur faim, n’ayant pas d’autre alternative, ces derniers étaient obligés d’accepter ces pratiques malhonnêtes. A cela, il pratiquait des prix tout autant élevés qui rendait le blé et le maïs si cher, que toute la chaine des marchandises connaissait une inflation record. Le blé et le maïs entraient dans la composition du pain, de la farine, le maïs servait aussi à nourrir les animaux, ainsi, Belzébuth avait fait main basse sur presque tout le marché et dirigeait en sous main l’économie locale. Bientôt, la plèbe vint à gronder et les autorités vinrent trouver Belzébuth pour lui signifier leur mécontentement. Ce dernier, trop content de voir qu’il suscitait un tel intérêt ne prit même pas la peine de les recevoir. L’homme ne quittait désormais plus son domaine, laissant à son fidèle second la gestion des basses besognes, prétextant qu’il était trop important pour ça et qu’il ne pouvait se mélanger à cet Oanylone d’en bas. Sa réputation disait que son égoïsme n’avait d’égal que sa fortune et que, bientôt, il tomberait de haut. Les habitants et les gouvernants décidèrent de réagir et créèrent une coopérative afin de concurrencer Belzébuth, les éleveurs donnèrent chacun une partie de leurs champs pour replanter du grain et faire baisser les prix, si Belzébuth ne vendait plus, alors peut-être daignerait-ils les recevoir pensaient-ils. Ce fût bien pire.


    L’avènement d’une destinée

    Face à tant d’audace, Belzébuth fût pris d’une colère si terrible que les murs de sa demeure en tremblèrent. Il ordonna à son fidèle Astaroth d’aller dans les bas quartiers recruter les pires malandrins et de former ainsi une milice pour défendre ses biens. Il lui demanda de prendre les meilleurs, et avec eux, d’aller saccager les champs, tuer les bêtes et brûler les demeures de ceux qui avaient adhéré à cette coopérative. Le lendemain d’une nuit de terreur, Oanylone était transie de peur à l’idée d’affronter celui qui avait le pouvoir d’affamer tout une population. Les paysans n’étaient pas soldats et les miliciens de Belzébuth faisaient même peur aux gardes de la cité, si bien que tous ne purent nier l’évidence de sa suprématie. En quelques semaines, tous vinrent à sa demeure lui signifier qu’ils acceptaient ses conditions, et ainsi, Belzébuth n’eut qu’à imposer ce qui lui plaisait. Il obligea les éleveurs à lui fournir un pourcentage de leurs revenus en échange de prix acceptables sur les céréales, et ceux qui refusèrent ne parvinrent pas à nourrir leurs animaux correctement, leurs vaches et leurs moutons étaient si faméliques qu’ils ne fabriquaient guère de viande et de lait. Il ne fallu que quelques mois pour que la fortune de Belzébuth augmente de façon exponentielle, au prix de nombreux sacrifices pour la population d’Oanylone. Les paysans étaient désormais pauvres et sans terre, les éleveurs gagnaient tout juste de quoi se nourrir, et les seuls hommes bien portants étaient ceux qui avaient plié face à Belzébuth. Les gouvernants s’étaient laissés achetés contre des sommes d’argent importantes, pendant que les plus pauvres crevaient de faim.
    Un jour d’hiver, Guignol et Pimpon se rendirent chez leur frère, accompagnés par de nombreux villageois, tous deux étaient forts amaigris, le visage effilé, et ils lui demandèrent audience. Belzébuth accepta de les entendre :


    Citation:
    Guignol : "Belzébuth…nous sommes ruinés par ta faute, nous ne pouvons même plus acheter notre pain quotidien…nous te supplions de nous aider !"
    Pimpon : "Je t’en supplie, tu es notre frère, tu ne peux pas nous abandonner…"
    Belzébuth : "Vous êtes deux minables, vous n’avez aucune qualité et vous osez venir quémander l’aumône chez moi ? Je ne vous donnerais rien, si vous n’avez pas de quoi vous nourrir c’est parce que vous êtes des faibles. Je suis riche mais ma fortune est à moi, seulement à moi, et à personne d’autre."
    Guignol : "Pense à notre père qui est parti depuis si longtemps, est-ce ce qu’il t’a enseigné ?"
    Belzébuth : "Je me suis fait tout seul mes petits gars ! Je n’ai attendu personne pour devenir celui que je suis. Je ne vous donnerais pas le moindre denier parce que vous ne le méritez pas ! Ceux qui aujourd’hui meurent de faim sont ceux qui ne comprennent rien."
    Pimpon : "Ne vas-tu pas cesser cette folie ? Vas-tu laisser mourir tant de gens par ton égoïsme ?"
    Belzébuth : "Mon égoïsme ? Je ne suis pas égoïste, j’ai réussi et attisé les jalousies, ce sont eux qui s’enferment dans leurs certitudes et refusent de se rendre à l’évidence. Par leur manque de clairvoyance, ils causent leur propre perte. Partez et ne revenez jamais, si vous mourrez c'est que vous le méritez !"


    Pimpon et Guignol quittèrent les lieux dépités et racontèrent ce qu'avait dit le maitre des lieux aux autres habitants. Tous furent dépités d'un tel égoïsme et comprirent que rien ne changerait cet homme. Belzébuth était devenu si puissant qu'à lui seul, il amassa plus d'écus qu'un roi, il aurait pu en distribuer par se fenêtres sans pourtant subir aucun manque, et pourtant, il gardait tout et ne donnait rien. La souffrance de son prochain ne le touchait pas, il n'avait aucun ami et plus d'ennemis qu'aucun homme n'en avait connu jusqu'ici en Oanylone. C’est à cette époque que le Très haut manifesta sa colère envers Oanylone et décida de punir ceux qui avaient tant pêché qu’ils en avaient oublié le sens de la vie :

    Citation:
    "Alors que je vous ai donné mon amour, vous vous en êtes détournés, préférant écouter les paroles de la créature à laquelle je n’ai pas donné de nom. Vous avez préféré vous abandonner aux plaisirs matériels plutôt que de me rendre grâce. J’ai créé pour vous un lieu appelé Enfer, que j’ai disposé dans la lune, où les pires d’entre vous connaîtront une éternité de tourments pour les punir de leurs péchés. Dans sept jours, votre cité sera engloutie dans les flammes. Et ceux qui y seront restés passeront l’éternité en Enfer. Cependant, Je suis magnanime, et ceux d’entre vous qui sauront faire pénitence passeront l’éternité dans le soleil, où se trouve le Paradis."


    Ainsi, un grand nombre des habitants se résignèrent avec grand regret à quitter cette cité désormais maudite.

    La rébellion

    C’est a ce moment que la créature sans nom s’intéressa à nouveau à Belzébuth, la première fois, elle lui était apparue en rêve, mais cette fois-ci, elle vint susurrer à ses oreilles les mots qui sont ici retranscrits :

    Citation:
    Belzzzzébuth…Belzzzébuthhh…écoute-moi ! Tu as montré aux hommes que tu étais le plus fort, tu leur as montré que le faible n’avait aucun avenir parmi les hommes. Bientôt, des hommes viendront et te tiendront tête, prétextant que l’amour est ce qui lie les hommes, ils parleront d’amitié et de la colère du Très Haut. Ne les écoute pas car ils ne sont que mensonge et malice.


    Belzébuth, qui n’était pas ce qu’on pouvait nommer un croyant n’avait que peu d’affinité avec ceux qui vénéraient le Très haut. Les rites légués par Oane lui étaient méconnus et, à vrai dire, il trouvait cela plutôt stupide. Six autres hommes avaient été approchés par la créature sans nom, chacun, comme Belzébuth incarnait un vice, et tous, prêchaient contre Dieu. Face à eux, sept vertueux s'étaient donné pour mission de défendre la parole divine, de prêcher l'amitié, la tempérance, la justice, le don de soi, la conservation, le plaisir et la conviction. Pour lui, mettre son destin entre les mains d’une entité divine n’avait aucun sens, on ne pouvait que compter sur soi-même, et sur personne d’autre. C’est ainsi qu’il quitta enfin sa demeure avec Astaroth à ses côtés et qu’il arpenta les rues et les places de la ville pour prêcher sa vérité :

    Citation:
    N’écoutez pas ceux qui vous disent que la fin est proche ! N’écoutez pas ceux qui vous font croire que Dieu est Tout Puissant ! Dieu est faible et jaloux de notre réussite. Jamais Dieu ne mettra ses menaces à exécution car il ne tuera pas Ses propres enfants ! Ne partez pas d’Oanylone, continuez à vivre comme vous vivez et envoyez paitre ceux qui prêchent pour Lui !


    Nombreux sont ceux qui ceux qui l’écoutèrent et qui écoutèrent les autres prêcheurs, tandis qu’Oanylone était tombée dans le vice le plus profond et le péché le plus abject, Belzébuth gardait sa richesse et se gaussait de ceux qui n’avaient de quoi vivre. Il s’était entouré d’homme fidèles et d’Astaroth, craint par la majorité de ceux qu’il croisait. L’avarice dont il faisait montre n’avait aucun égal, et ceux qui tentèrent de venir lui voler ce qu’il possédait étaient tués sans ménagement. La violence était le moyen qu’il avait trouvé pour se protéger, alors qu’il aurait pu s’entourer d’une armée d’hommes fidèles et sincères par amitié, il s’était enfermé dans un égoïsme si grand qu’il laissa même ses propres frères mourir de faim alors que quelques miches de pain auraient sauvé leurs vies. Son assurance et sa prestance augmentèrent l'écho de ses plaidoiries oratoires contre Dieu et ceux qui prêchaient pour Lui. Partout où il se présentait, son auditoire était conquis, quand à ceux qui refusaient de l'entendre ou tentaient de réfuter ses dires, il les faisait battre sans ménagement ne voyant que son propre intérêt. La cité sombra totalement dans le vice le plus absolu, cette ville désormais maudite vivait ainsi des jours sombres emplis de haine, de violence et de péchés. Belzébuth maniait les foules aussi bien qu'il commerçait, il manipulait les uns avec autant de réussite qu'il maniait les écus. Malgré tout, il ne faisait rien de tout cela pour les autres, non, il le faisait pour lui car il estimait que tout ce qu'il avait mis si longtemps à construire, était la preuve qu'il était le plus malin, s'il était le plus riche, c'est parce qu'il avait su devenir le plus fort, et Belzébuth ne pouvait pas imaginer un instant que sa destinée fût le fruit d'une volonté divine, ou tout au moins, qu'un Dieu quel qu'il soit ait un quelconque impact sur lui. Selon lui, Dieu avait laissé aux hommes le choix de ne pas l'aimer et ainsi, avait laissé l'avenir du monde entre les mains de l'humanité, il ne comprenait pas pourquoi Il venait alors réclamer qu'on le vénère. Avec les six autres prêcheurs, Satan, Bélial, Azazel, Asmodée, Lucifer et Léviathan, Belzébuth répandit les venimeuses paroles de la créature sans nom avec tant de ferveur et de pugnacité qu'il était convaincu que rien ne se passerait.

    Les six premiers jours semblèrent durer une éternité, le tonnerre grondait et les éclairs frappaient, beaucoup décidèrent alors de quitter la ville mais Belzébuth le savait, seuls les faibles se pliaient à la volonté d'autrui. Les vertueux avaient, quand à eux, accepté la punition du Très Haut et donnaient encore plus de raisons à Belzébuth de crier victoire car, il faisait savoir à tous que si les vertueux restaient, c'était parce qu'ils ne croyaient pas non plus aux menaces du Tout Puissant. Le septième jour arriva et un gigantesque cataclysme se produisit, engloutissant la cité sous la terre après l'avoir purifiée des flammes de la colère de Dieu. Les quelques humains restés sur place furent tous emportés, ceux qui avaient écouté les vertueux furent acceptés sur le paradis tandis que les autres vinrent gonfler les rangs de l'enfer lunaire. Astaroth, qui était resté auprès de son maître, fut envoyé avec lui et fut témoin de la punition qui avait été réservée à Belzébuth.


    Une éternité d'Avarice

    Belzébuth fût présenta comme chaque être humain resté à Oanylone devant Dieu, fidèle à lui-même, il refusa de reconnaitre Sa Toute Puissance et fut envoyé comme ses six acolytes, sur l'enfer lunaire. Son apparence prit la forme de son vice et son corps se déforma tant qu'il ne ressembla plus aucunement à un humain. Il devint l'avarice qu'il incarnait en Oanylone, et prit la forme d'une gigantesque araignée recouverte d’or, aux milliers d’yeux de diamant.

    Les pécheurs faisant preuve d'avarice aujourd'hui encore mettent à profit ses préceptes et volent aux pauvres pour s'enrichir, écrasent les autres pour réussir, amassent des fortunes que mille vies ne sauraient dépenser, c'est condamnés par Dieu qu'ils voyagent jusqu'aux galeries de l'enfer côtoyer celui qui a causé leur perte.

    Depuis lors, le prince démon Belzébuth règne sans partage sur les galeries et les gouffres de l'enfer, et les âmes damnées qui ont péché par avarice le rejoignent pour subir une éternité de tourments sous son joug tyrannique.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 6:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Princes-démons
    Démonographie de Léviathan, prince-démon de la colère


    Une enfance cauchemardesque

    Il y a fort longtemps, Leto, un marin honnête et travailleur, épousa une femme dénommée Hécate. Elle n'était pas le prototype de la femme aimante et joyeuse dirons-nous, elle était plutôt caractérielle et instable. Les années passèrent et l'éloignement de Leto, trop souvent parti pour la pêche, transforma la jeune femme en une acariâtre et peu avenante marâtre, certains diront même qu'elle fût cruelle et méchante. Se sentant abandonnée et n'ayant que peu d'argent, cette dernière passait son temps libre à vendre sa vertu aux marins de passage sur les docks du port d'Oanylone. Hécate tomba enceinte durant l'une des absences de son époux et fit croire à ce dernier qu'elle attendait un enfant de lui. Le pauvre bougre ne s'était jamais méfié et pensa simplement avoir rempli son devoir conjugal.

    Ainsi vint au monde un enfant que tous deux choisirent d'appeler Léviathan. Le petit, dès son plus jeune âge, commença à montrer les mêmes signes caractériels que sa mère. Avec un père voguant toujours au gré des marées et trop fréquemment absent, son éducation incomba à Hécate, qui, dans sa folie, lui fit subir une vie comme l’on n’en souhaite à personne. Frappé dès sa plus tendre enfance parce qu'il était difficile de calmer ses pleurs, insulté quotidiennement parce qu'il était vu comme un parasite, Léviathan ne bénéficia que de très peu d'amour mais dû subir une haine incroyable durant des années. Lorsqu'il avait faim, sa mère lui hurlait dessus et ne lui donnait le sein qu'une fois sa journée pècheresse terminée, Léviathan pleurait ainsi des heures durant. Lorsqu'il réclamait un peu d'amour, Hécate le secouait tel un fétu de paille pour qu'il cesse de l'incommoder. Et si, par malheur, il lui arrivait de faire dans ses langes, il devait rester souillé jusqu'à ce que l'odeur soit si insupportable qu'Hécate finissait par le changer. A aucun moment, ses plus jeunes années ne furent agréables.

    Les temps qui suivirent ne furent pas moins affreux pour l'enfant, il ne voyait que très peu son père et profitait de ces moments d'amour qu'il pouvait enfin partager. Leto et Hécate ne s'entendait plus si bien que hurlements et gifles fusaient au sein de la maisonnée. Afin de se protéger de sa mère, Léviathan avait pris l'habitude de mentir à tous bouts de champs pour ne pas prendre une volée systématiquement lorsqu'il rentrait. Afin de se venger des sévices que lui infligeait Hécate, il avait développé une fourberie sans égal mais cela ne lui évitait cependant pas les torgnoles et autres brimades. Le jeune garçon grandit ainsi en ne voyant que trop peu celui qu'il aimait et qu'il considérait comme son père. Il voyait défiler des cohortes d'hommes dans sa demeure qui ne faisait toujours que passer, l'insultant copieusement lorsque sa présence était remarquée. Sa mère lui avait bien dit qu'elle pensait que son "géniteur" avait trépassé, mais lui, préférait mentir à son père pour garder l'amour que ce dernier lui prodiguait.

    Leto avait pour fol espoir de faire de son fils un marin confirmé. Ainsi, dès qu'il fût en âge de partir sur l'eau, il décida de l'emmener avec lui pour ses pêches. Leto lui montrait toutes les ficelles du métier, tout ce qui faisait un bon marin et il remarqua très tôt une aptitude pour la chose. Il nota bien évidemment le caractère colérique et vicieux de son fils qu'il tenta en vain de faire changer. Ainsi, les dernières années de son enfance, Léviathan les passa entre la mer et sa mère, entre moments relativement heureux et périodes tragiques. Il devint rapidement très doué pour la marine et son père lui laissa souvent la barre sur son navire, si bien que Léviathan était déjà un grand marin à l'âge de quinze ans. A cette époque, le jeune adolescent était déjà considéré comme un homme et son caractère de feu allié à ses accès de colère faisait de lui un redoutable capitaine en puissance. Leto ne le comprit que trop bien et lui donna ainsi le commandement de l'un de ses navires de pêche.


    La jeunesse dans le péché

    A peine en âge de folâtrer avec les damoiselles, Léviathan commandait déjà un beau navire de pêche avec tout son équipage dont il choisissait les membres lui-même. Le jeune homme déjà physiquement plus fort que la moyenne, s'arrangeait pour prendre des marins dociles qui ne se rebellaient pas devant son autorité et ses colères. Léviathan avait tellement subit de sévices et de brimades dans son enfance qu'il avait contenu en lui une colère pendant trop longtemps. Un soir où il devait prendre la mer, il passa en sa demeure pour préparer les derniers détails de son périple, il y croisa sa mère, ronde comme une casserole qui l'insulta à foison et lui cracha au visage sous le fumeux prétexte qu'il était un bâtard. Léviathan qui, habituellement, parvenait à se maitriser un minimum vit rouge, et une terrible colère s'empara de lui. Il s'approcha d'Hécate et la saisit par le cou avec ses deux mains. Les yeux injectés de sang et un rictus de haine dessiné sur ses lèvres, il serra ses mains en grognant, il serra tellement que le visage de sa mère devint rouge vif avec les yeux exorbités. Il ne fallu que quelques instants pour qu'Hécate cesse de respirer, Léviathan la laissa choir au sol telle un sac de blé, son corps fit un bruit sourd en s'étalant sur le parquet de la maison. Léviathan resta ainsi une bonne heure à observer sa mère ainsi étendue sur le sol, n'éprouvant aucun remord pour le geste qu'il avait fait, au contraire il se sentit encore plus fort, et surtout, libéré d'un poids devenu trop lourd pour ses jeunes épaules.


    [Illustration du jeune Léviathan, auteur anonyme]

    La haine dans le cœur et la colère dans l'âme, Léviathan était désormais incontrôlable, comme si son matricide avait entériné une destinée qui se dessinait déjà depuis de longues années. Comme il l'avait prévu, il embarqua pour une longue semaine de pêche avec tout son équipage, ayant laissé Hécate allongée à terre, sans rien n’en dire à personne, il pensa ainsi qu'en la trouvant, l'on croirait à un meurtre, perpétré par l'un des nombreux hommes venus payer ses services, qui se serait senti insatisfait par la prestation. Son équipage, il l'avait choisi avec grand soin, il prenait des hommes au corps suffisamment fort pour travailler dur mais à l'allure sympathique. Léviathan aimait hurler sur ceux qu'il employait, cherchant à repérer l'effet que produisaient ses cris et ses accès de colère, espérant pouvoir déclencher une réaction pour pouvoir corriger l'effronté qui osait se dresser devant lui. Parmi les membres de l'équipage se trouvait un garçon à peine plus jeune que lui, un dénommé Gabriel. Il l'avait repéré en raison de son amabilité et de son apparente couardise. Il s'était dit qu'en le recrutant, il aurait de quoi s'amuser et savourait déjà à l'avance tout le mal qu'il allait pouvoir lui faire. Ce qui motivait le plus le capitaine dans cette situation, c'est qu'il ne comprenait pas comment l'on pouvait être si calme et si placide, ainsi, il s'amusa à lui chercher querelle régulièrement et à le provoquer.

    Un jour, il arriva hurlant comme à son habitude, crachant sur les pêcheurs pas assez rapides à son goût, les cognant et déclenchant en eux colère et ressentiment. Souvent, certains tentaient de se rebeller et de frapper Léviathan, mais celui-ci heureux de la haine qu’ils lui vouaient, évitait toujours les coups et s'acharnait alors à les frapper le sourire aux lèvres. Gabriel n'avait rien qui ne puisse lui être reproché, il faisait bien son travail, mais Léviathan lui tomba dessus. Il lui reprocha d'avoir négligé son labeur, lui hurlant dessus pour voir sa réaction, mais Gabriel resta calme ne montrant ni colère ni haine. Les injures et cris de Léviathan glissèrent sur lui comme la pluie sur une surface lisse. Rien de ce qu'il disait ne pénétra en lui ni n'éveilla la moindre colère. Déçu de cette réaction, le capitaine lui lança un bon coup et repartit voir ailleurs. Ainsi, régulièrement pendant leurs longs voyages en mer, Léviathan brimait ses hommes et particulièrement Gabriel envers lequel il développa une haine sans pareil, haine qui se matérialisa en une colère infinie à son égard.


    L'avènement de la haine et de la colère


    Quelques années passèrent, et les hommes sous le joug de Léviathan ne purent constater qu'une aggravation de ses travers, l'on ne comptait plus les péchés qu'il avait fait, on ne comptait plus les morts qui avaient croisé sa route, et Gabriel, lui, implorait le Très haut en silence pour que cela cesse. Sur le navire, il n'était pas rare qu'un marin fut jeté par dessus bord, dans sa folie hystérique, Léviathan laissa ainsi quelques uns de ses hommes se noyer sans que personne n'y puisse rien. La justice d'Oanylon n'était pas qualifiable d'intransigeante en ce temps là, et bon nombre d'accusés s'en tiraient à bon compte, c'était donc la loi du silence qui régnait, avant tout par peur de représailles terribles. La haine qui émanait de l'homme fut indubitablement ce qui attira la créature sans nom vers Léviathan, elle s'adressa à lui sous la forme du lieutenant de la garde d'Oanylone, connu pour être un tyran sans foi ni loi, violent et vil comme nul autre. Un soir où il était à terre et sortait d'un rade, perdu dans les vapeurs de l'alcool, Léviathan vit le lieutenant, posté sur son chemin, lui bloquant le passage.

    Citation:
    Léviathan : "Casse-toi de là si tu veux pas tâter d'mes poings !"

    Homme : "Tiens donc...et tu crois que tu serais capable de me faire du mal jeune idiot ?"

    Léviathan : "J'en ai tué pour moins que ça..."

    Homme : "Bien...bien...Tu as compris le pouvoir de la haine...Ta colère t'a rendu beaucoup plus puissant... Maintenant, accomplis ton destin ! "

    Léviathan : "De quoi ? Quel destin ?"

    Homme : "Léviathan, tu ne réalises pas encore ton importance. Tu commences juste à découvrir ton pouvoir... Si nous associons nos forces, nous mettrons fin à ce mensonge qu'est l'amour et nous ferons des forts les maitres d'Oanylone !"

    Léviathan : "Ma parole, t'es aussi bourré que moi..."

    Homme : "Si seulement tu connaissais le vrai pouvoir de la colère... Ta mère ne t'a jamais dit ce qui est arrivé à ton père..."

    Léviathan : "Oh, elle m'en a dit assez ! Elle m'a dit qu'il avait été tué !"

    Homme : "Non Léviathan, je suis ton père !"

    Léviathan : "Non ! Ce n'est pas vrai...ce n'est pas possible !"

    Homme : "Lis dans ton cœur et tu sauras que je dis vrai !"

    Léviathan : "Naôooonnn..."

    Homme : "Maintenant accomplis ta destinée et tue cet usurpateur qu'est Leto. Tôt ou tard il apprendra le secret de ta naissance et alors, tu n'auras plus rien."

    Léviathan : "Et après, te reverrais-je ?"

    Homme : "Lorsque Leto sera éliminé et que tu auras vieilli, alors, je reviendrais. Sers-toi de ta haine jeune marin, laisse libre court à ta colère et un jour nous nous reverrons."


    La créature avait réussi à insuffler encore plus de vice dans l'âme du jeune Léviathan et ses mensonges rendirent le capitaine encore plus arrogant et vindicatif. Le marin en était tout retourné, enivré et en proie au pire des accès qu'il ait connu jusqu'alors, il attendit que Leto revienne de la pêche. Il prépara ainsi la venue de celui qui pensait être son père, fomentant des plans pour l'éliminer et aiguisant ses armes pour mieux combattre. Léviathan n'avait dès lors plus aucun sentiment envers les autres hormis la haine. C'était d'ailleurs bien ce qui caractérisait ce jeune homme. Enfin, le grand soir arriva, Leto, fatigué et harassé par son voyage, rentra directement sans passer par la taverne comme à son habitude. Depuis la mort de sa femme, un soulagement l'avait envahi et il pouvait enfin profiter de son chez lui, comme tout marin le faisait. Il franchit le seuil de la demeure et tomba face à Léviathan, un sextant à la main, debout et le regard plein de furie. Leto voulu lui parler pour comprendre ce qui se tramait là, mais il n'en eut pas le temps, Léviathan fondit sur lui tel un renard sur une poule et lui asséna un vigoureux coup de sextant sur le crâne. Le sang gicla et laissa des traces sur les murs de l'entrée tandis que Leto s'effondra raide mort dans une marre de sang sombre et visqueuse. Aucun cri ne se fit entendre et le jeune homme, âgé d'une trentaine d'année, laissa le corps du défunt sur place pour quitter les lieux. Certains prétendirent que Leto était mort d'un accident, mais tous, au fond, savaient qu'il y avait là un coup de Léviathan.

    C'est ainsi que Léviathan hérita de la fortune de son père, de ses navires et devint amiral d'une flotte de pêcheurs composée d'une dizaine de vaisseaux plus ou moins importants. Désormais, l'homme n'avait aucune limite à son pouvoir, en plus de sa notoriété publique d'hystérique criard et fou furieux, il avait maintenant celle d'un puissant en raison de la richesse de ses biens. Personne n'osa plus s'opposer à lui, personne sauf un homme : Gabriel. Le nouveau statut de Leviathan fit qu'il devint encore plus incontrôlable, déchaînant son vice sur tous, et engendrant ainsi la colère parmi tous ses employés, seul Gabriel resta inébranlable devant les injures et les brimades. L'amiral en restait incrédule, il ne comprenait pas comment, malgré tout le déferlement de violence dont il abreuvait Gabriel, celui-ci pouvait rester calme, obéissant et travailleur. Leur chemin se croisa moins souvent par la suite car Léviathan avait choisi de ne naviguer qu'à bord du Kraken, un grand navire à trois mâts qui le rendait fier et lui donnait l'impression d'être le maître du monde. D'ailleurs, il n'était pas rare de le voir aller à la proue et crier qu'il était le maitre du monde, les bras écartés et le regard vers l'horizon, lorsque le vent soufflait dans les voiles. La pêche était devenue une piètre activité à ses yeux et Léviathan décida de se lancer dans la piraterie. Il recruta des marins aguerris et n'ayant pas peur d'aller à l'encontre les lois, il les débusqua dans les tavernes mal famées des docks d'Oanylone, leur offrant alcool et filles de joies pour les convaincre de le rejoindre dans sa quête destructrice et malsaine.



    [Illustration de l'amiral Léviathan, auteur anonyme]

    Le règne de Léviathan débuta sur la mer d'Oane qui bordait la grande cité, lui et ses sbires partirent à l'assaut des marchands et pêcheurs qui voguaient au large des côtes, faisant montre d'une rare violence et, par mesure de sécurité, ne laissant jamais de survivant. Arraisonnant les chalutiers et autres embarcations en tous genres, l'amiral se constitua une grande réserve de biens et de marchandises qu'il revendit à prix d'or sur les marchés d'Oanylone. Au passage, il assouvissait ses désirs haineux et violents, massacrant et fracassant à tout va, laissant derrière lui des centaines de cadavres. Les autorités de la ville s'aperçurent rapidement que la piraterie avait investi les eaux locales mais comme personne n'avait jamais pu s'en sortir vivant, l'on n'avait pas idée de qui il pouvait s'agir. Léviathan avait tout de même conservé sa flotte de pêche pour donner le change mais certains commencèrent à le pointer du doigt, dénonçant à qui voulait l'entendre que l'amiral était le pirate de la mer d'Oane. Ce fut vain et Léviathan se chargea lui-même d'éliminer ses accusateurs, avec un certain plaisir d'ailleurs. L'on retrouva ainsi plusieurs hommes égorgés en plaine place publique.

    A chacun de ses retours sur la terre ferme, Léviathan rencontrait indubitablement Gabriel, à croire que leur histoire était liée dans une destinée commune. Ce dernier cherchait toujours à faire entendre raison au colérique marin, lui expliquant en quoi son vice allait le précipiter dans les abysses. Leurs entrevues se concluaient généralement de la même manière, par une grande claque dans le visage de Gabriel. Un observateur extérieur rapporta l'une de leurs joutes et cela donnait à peu près cela :


    Citation:
    Gabriel : "Léviathan ! Pourquoi tant de haine ?"

    Léviathan : "Parce que dans toute l'humanité mon gars, il n'y a que deux types d'hommes et seulement deux. Il y a celui qui reste à la place où il doit être et celui qui a son pied sur la tronche de l'autre !"

    Gabriel : "Mon Dieu, mais quelle horreur ! Qu'as-tu donc vécu pour cultiver tant de haine et de colère à l'égard d'autrui ?"

    Léviathan : "Tu vas me lâcher, oui ? Tu vas encore te ramasser une giroflée à cinq pétales dans ta mouille sinon..."

    Gabriel : "Tu le sais, je n'ai pas peur de tes menaces et tes coups ne me feront jamais réagir ! J'abhorre la violence car elle est mère de souffrance !"

    Léviathan : "Mais c'est pas vrai ça ! On t’a donc jamais appris à te taire ? Devrais-je te faire rôtir comme un porcelet, et ta famille avec, pour tu cesses de me gonfler ?"

    Gabriel : "Jamais je n'arrêterais, du moins jusqu'à ce que tu te décides enfin à changer !"

    Léviathan : "Jamais je ne changerais, je ne me laisserais pas écraser par un faible comme toi ! Et cette fois tu vas te la prendre ta mandale !"


    Ainsi allait la vie de ces deux êtres qui, sans le savoir, étaient liés par l'avenir dans une folle quête propre à chacun. Gabriel ne renonça jamais à l'idée de ramener Léviathan sur le droit chemin et cela ne fit qu'empirer le mépris que ce dernier lui vouait. Le caractère psychopathe de Léviathan était de notoriété publique si bien que la plupart des gens qui connaissaient le couple infernal se demandait quand Léviathan tuerait Gabriel, mais certains penseurs déclarèrent avec intelligence que l'Amiral n'éliminerait jamais le vertueux car sans lui, il n'aurait plus de raison de vivre.

    Un beau jour, Leviathan, toujours plus intrigué face à la tempérance de Gabriel le fit venir à lui. Quand celui-ci arriva, il vit son père, Vorian, attaché à un pilier de bois. Le haineux marin lui dit que son père avait perdu toute une cargaison de poisson, que c'était un mauvais élément et qu'il méritait une correction. Léviathan commença alors à frapper Vorian, Gabriel le supplia d'arrêter, mais plus il suppliait, plus Leviathan frappait fort. Il frappa si fort qu'il transperça le ventre de Vorian dans une explosion de sang. Ce dernier mourut sur le coup, accompagné des pleurs de son fils. Leviathan s'attendait à ce que Gabriel réagisse et, ivre de colère, tente de venger son père, mais il n'en fit rien, il tourna le dos et quitta la pièce en lançant à l'assassin que la haine et la colère ne l'atteignait pas et que sa fin était proche. Il ajouta que Dieu punirait Léviathan pour ses péchés et qu'il serait condamné à une éternité de souffrance. Cette fois, il ne laissa pas à Leviathan le temps de répondre, il partit l'âme en peine et l'Amiral lui se demanda alors ce qu'il devrait faire pour que son éternel adversaire daigne enfin lui donner raison en le frappant. Ainsi, pendant de longues années s'enchainèrent périodes de violence et de haine, meurtre et assassinat sans fondement, le plaisir que prenait Léviathan à tuer et répondre à ses accès colériques devint de plus en plus intense. Il ne rencontra plus Gabriel pendant longtemps mais cultiva à son encontre un mépris sans commune mesure avec ce qu'il avait pu être jusqu'ici. Les actes de piraterie de l'amiral devinrent légende dans la mer d'Oane et sa réputation en fut si grande que l'on venait le payer pour qu'il épargne un navire. Il abandonna une fois pour toutes la pêche et transforma sa flotte de bateaux en équipes de flibustiers à son service, écumants la mer contre vents et marées pour son compte.


    La punition de Dieu

    Oanylone avait sombré dans le vice et le péché, la haine, la guerre et la violence firent leur apparition et les hommes oublièrent définitivement l'amour du Très Haut, tous sauf sept vertueux qui avaient toujours prêché l'amour de Dieu et l'amour du prochain, chacun ayant sa propre vertu. La cité était devenue un véritable enfer où les forts et les faibles s'entretuaient pour le pouvoir. La créature sans nom était alors aux anges et préparait sa vengeance envers le Très Haut, lui prouvant par les actes des mortels que sa réponse était la bonne. Mais Dieu, même s'Il était amour, était loin d'être idiot. Il n'avait pas fait des hommes Ses enfants pour qu'ils se comportent de cette façon, il ne leur avait pas subordonné les autres espèces ni laissé la liberté de choisir leur destin pour se détruire les uns les autres tant et si bien qu'il prit la décision de punir ces humains qui peuplaient alors Oanylone, berceau de la civilisation. Il décréta qu'il engloutirait la cité dans les abysses de la terre et les feux de la divine sanction après sept jours. Dans son éternelle mansuétude, il ajouta que tous ceux qui partiraient seraient épargnés et que ceux qui auraient fait pénitence seraient admis au paradis à Ses côtés.

    La créature sans nom décida alors de retourner près de Léviathan car de mémoire d'homme, jamais personne n'avait montré tant de colère ni manifesté tant de haine envers son prochain. La créature pensa qu'avec un tel homme, elle pourrait convaincre un grand monde d'adhérer au sens qu'elle donnait à la vie humaine. C'est sous la forme du lieutenant qu'elle revint auprès de l'homme sanguinaire pour lui demander de prêcher la colère. Léviathan qui n'avait vécu qu'à travers la violence et la folie accepta, il était pleinement d'accord avec le fait que le fort dominait le faible et que cela devrait toujours être. Pour lui, l'amour était réservé aux faibles. L'amiral, comme six autres hommes, décida de diffuser le message de la créature à laquelle Dieu n'avait pas donné le nom. Ainsi, il accosta sur le port d'Oanylone pour la dernière fois et descendit prêcher la colère. Voici un cours extrait de l'un des prêches de l'amiral Léviathan rapporté par un survivant d'Oanylone ayant quitté la cité maudite le sixième jour :


    Citation:
    Léviathan : "La marche des hommes est semée d'obstacles qui sont les entreprises altruistes que fait, sans fin, surgir l'œuvre des vertueux. Béni soit-il l'homme de bonne volonté qui, au nom de la colère, se fait le berger des forts qu'il guide dans la vallée d'ombre de la mort et des larmes car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J'abattrai alors le bras d'une terrible colère, d'une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui prêchent et diffusent le message de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l'amiral quand sur toi s'abattra la vengeance du pêcheur !"


    Six jours passèrent sous le déluge, l'orage, la grêle et le vent, nombreux furent ceux qui quittèrent cette ville maudit qu'était devenue Oanylone dans l'espoir de survivre à l'apocalypse qui allait s'y abattre. Mais, Léviathan resta, persuadé qu'il avait raison et que l'amour n'était pas le sens de la vie. Il prêcha encore et encore pour dire que le fort dominait le faible et déclara sans cesse que la colère et la haine étaient engeances salvatrices lorsqu'elles étaient maniées comme il le faisait. L'amiral était convaincu que Dieu ne tuerait pas ses propres créatures car Il était faible et l'avait, selon lui, prouvé en laissant aux hommes le libre arbitre. Il instilla dans le coeur des plus mauvais l'idée que si Dieu avait été fort, il aurait été colère et vengeance au lieu d'être amour et tempérance. Léviathan citait en exemple Gabriel qui perdait, à ses dires, son temps à prêcher l'amitié, l'amour et prouvait par ses actes son manque de courage. Beaucoup écoutèrent avec intérêt les propos du marin et beaucoup le suivirent dans sa folle entreprise et tuèrent ceux qui refusaient d'écouter Léviathan, nombreux furent ceux qui passèrent l'arme à gauche durant ses six longues journées. Mais, lors d'un prêche enlevé qu'il déclamait sur le port d'Oanylone, un homme, l'amiral Alcisde, vint tenter de faire taire Léviathan. L'homme était un proche ami de Gabriel et comptait sans doute réparer des années d'injustice, il avait préparé avec son ami l'évacuation d'un grand nombre de citoyens par la mer. Léviathan, fou de rage et de colère d'être pris à parti, projeta une énorme poutre sur le navire immobilisant celui-ci, plein à craquer d'hommes et de femmes. Tous allaient ainsi périr avec Oanylone. Léviathan assista à l'exploit de Gabriel qui sauva le bateau et vit les rescapés crier des hourras à l'attention de ce dernier. Cela le mit dans un état de rage encore plus fou mais il décida de partir plutôt que d'intervenir encore face à Gabriel.

    Puis vint enfin le septième jour, dernier jour d'Oanylone qui allait sombrer dans l'oubli et ne rester en mémoire d'homme qu'aux travers de récits sacrés. La terre se mit à trembler et des failles béantes s'ouvrirent un peu partout, des flammes infernales surgirent des profondeurs de la terre et brûlèrent la cité. Léviathan avait cependant décidé de fuir la ville et avait embarqué au dernier moment sur le Kraken, son vaisseau le plus rapide. Il pensa échapper à la colère du Très Haut en voguant vers le large. C'est là qu'il croisa une ultime fois le regard de Gabriel resté sur le port, Léviathan pensa que Gabriel était fou de croire à ce point dans le Tout Puissant et ne comprit pas pourquoi il avait décidé de se laisser emporter avec la ville. Naviguant a vive allure et sortant des encablures du port, Léviathan se croyait sorti d'affaire mais les éléments étaient déchainés et un terrible tourbillon se forma autour du Kraken pour finir par l'engloutir. Vint finalement le tour d'Oanylone qui disparu dans l'abysse emporté par les flammes purificatrices de la colère du Très Haut.


    Une éternité de colère

    Léviathan, à l'instar des six hommes qui prêchèrent pour la créature sans nom, et comme tous ceux qui restèrent à Oanylone, pêcheurs ou vertueux, fut conduit devant le Très Haut. Même en cet instant sa colère ne faiblit pas, ses yeux rougeoyants et striés de veinules ne trahissaient aucun apaisement et sa punition fut terrible. Il avait à ce point incarné la colère que Dieu l'envoya sur l'enfer lunaire avec le titre de prince démon, Il transforma son corps afin qu'il devienne le péché a travers lequel il avait vécu. Ainsi, Léviathan prit l'apparence d'un immense taureau musculeux aux yeux injectés de sang, soufflant des flammes par les naseaux. Il fut condamné à passer une éternité dans les plaines de l'enfer.

    [Illustration du Prince démon Léviathan
    d'après les propos de Sypous, auteur anonyme]

    Lors du jugement dernier, les mortels se présentent à Dieu. Selon les actes, les paroles et les pensées qu'ils ont eu au cours de leur existence terrestre, et en fonction du chemin qu'ils ont choisi, ils sont envoyés souffrir une éternité de supplices au service des princes démons ou vivre une éternité de plaisir aux côtés des archanges. Ceux qui ont péché par la colère et qui se sont abandonné à la haine de l’autre tuant et répandant le malheur, ceux qui ont tenté de toutes leurs forces de lutter contre leur condition, viennent rejoindre les rangs de Léviathan, Prince démon de la colère.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 6:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Princes-démons
    Démonographie de Lucifer, prince-démon de l’acédie


    La venue au monde d'un enfant idéal

    Il y a bien longtemps dans un petit village situé à quelques lieues au sud d'Oanylone, une femme et un mari comblés, heureux en amour et se contentant du peu qu'ils avaient, donnèrent naissance à un petit bout qu'ils nommèrent Lucifer. Les deux parents, Lucie et Ferdinand vivaient dans le bonheur, ils ne roulaient pas sur l'or mais le produit de leur bétail suffisait à les nourrir. Ils avaient toujours désiré avoir un fils et, en ce jour mémorable de joie, tous leurs vœux furent exhaussés. C'est ainsi que Lucifer débuta sa vie, dans l'amour le plus cher et dans la protection de deux parents aimants et dévoués à son plus grand soin.

    Lucifer avait grandit trop vite au goût de ses parents, mais rien n'était venu perturber le parfait équilibre familial qui s'était instauré avec sa venue et Ferdinand ne cessait de louer la gentillesse et la bienveillance de son fils. Lucie ne tarissait pas d'éloges quand à ses capacités et à sa finesse. Son père et sa mère étaient tellement fiers d'avoir mit au monde ce petit garçon si sage, si aimant qu'ils n'en finissaient pas de s'extasier devant lui. C'est lorsqu'il fut adolescent qu'ils comprirent que Lucifer serait voué à une grande destinée.


    Les jeunes amis de Lucifer étaient toujours ravis de passer du temps avec lui, il était de bonne compagnie et avait la confiance d'un grand nombre. Il avait toujours les éloges de ceux qu'il rencontrait et ses parents avaient économisé le moindre denier pour lui permettre d'avoir une éducation correcte. Ferdinand disait toujours ne pas vouloir que son fils fut un simple paysan et entretenait les rêves les plus doux à son égard, Lucie, elle, partageait la même vision et tous deux avaient donné ce qu'ils avaient à leur fils. Lucifer était honnête, il était réellement bon, bienveillant et c'était un véritable ami, il mettait en pratique tout l'amour qu'il avait reçu avec les autres. Un noble chevalier, Calistan, qui régnait sur un domaine lointain du village entendit parler de cet enfant si bien dépeint par la rumeur. Il décida de le rencontrer et de s'assurer que l'on ne lui avait pas conté fantaisies. Dans tout le village il questionna les habitants et tous lui répondirent la même chose :

    Citation:
    "Lucifer le bon ? Vous le reconnaitrez, c'est un beau jeune homme au regard bienveillant. Pouvez pas vous planter messire."


    Le preux chevalier ne tarda pas à croiser le regard emplit d'amour du jeune homme, il n'avait pas eu à lui demander si c'était bien lui Lucifer car les yeux du garçon ne pouvaient faire mentir sa réputation. Il lui proposa d'aller ensemble voir ses parents car il souhaitait lui offrir un bel avenir. Calistan expliqua à Lucifer qu'il cherchait depuis longtemps un jeune écuyer, il le voulait juste et valeureux, bon et honnête et la réputation du jeune homme l'avait attiré jusqu'ici. Ainsi, il proposa à Ferdinand et Lucie d'emmener avec lui le jeune éphèbe et de lui apprendre la chevalerie, ce que tous trois acceptèrent sans ciller.


    L'apprentissage de la vertu et de la foi

    Lucifer accompagna le chevalier en son domaine pour un apprentissage qui allait durer de longues années. Il fut d'abord nommé écuyer lors d'une cérémonie dirigée par un guide spirituel et s'engagea à servir son nouveau maître, à respecter les valeurs de la chevalerie et à toujours vivre dans la vertu. Calistan s'était donné pour œuvre de faire de ce jeune homme un grand chevalier et pour débuter, il lui parla d'Oane :

    Citation:
    Calistan : "Mon jeune ami, connais-tu Oane ?"

    Lucifer : "Il est le fondateur de la grande cité d'Oanylone, non ?"

    Calistan : Pas seulement mon cher, il est une grande figure de notre monde car c'est grâce à lui que nous avons une âme ! Je vais te raconter son histoire..."


    Et Calistan lui raconta l'histoire des hommes, comment ils se sentaient délaissés de Dieu et comment ils se pensaient privés de talents, comment ils se croyaient mis à l'écart en raison de l'infériorité dont ils s'imaginaient victimes. Il conta comment Dieu avait réuni ses créations et la question qu'il posa. Il expliqua comment une créature s'avança et donna sa réponse, puis, comment Dieu ordonna à Oane de lui en donner une autre. Enfin, le chevalier dévoila quels furent les mots d'Oane qui nous donnèrent le statut d'enfants du Très Haut. Lucifer restait sans voix devant cet homme qui avait su comprendre le monde, lui-même partageait cette vision, et ce, depuis fort longtemps. Il n'avait jamais réellement compris ce dont il s'agissait mais Lucifer en était certain, maintenant, il avait trouvé les mots pour décrire ce qu'il ressentait. Calistan lui raconta ensuite comment Oane, devenu guide spirituel, conduisit les hommes dans une grande plaine après de nombreuses années de voyage. il enchaina cette histoire en lui décrivant la mort d'Oane et l'acceptation qu'il en avait eu, puis termina par la création d'Oanylone et le culte voué à Oane par ceux qui vénéraient le Très Haut. Lucifer fut tant séduit et touché qu'il chercha à approfondir son savoir sur Oane et l'aube de l'humanité pendant de nombreuses années, en plus de son travail d'écuyer consistant à servir son chevalier.

    Le jeune écuyer était dans une servitude sans faille à l'égard de Calistan et ne faisait jamais de difficulté, non seulement pour lui céder les places d'honneur en tous lieux, mais aussi pour lui obéir, ou encore porter son bouclier. Cette grande subordination devait lui permettre d'embrasser le désir de se rendre digne de la chevalerie, par ses actions de valeur et de bonne conduite, mais aussi par la vertu, essentielle pour faire un parfait chevalier. Lucifer vénérait le Très Haut et partageait cette dévotion avec son chevalier, en même temps qu'il comprenait le sens de la vie et priait avec ferveur, il s'entrainait au combat et au maniement des armes. Son apprentissage fut long et difficile, durant plus de sept ans il travailla avec acharnement, se conduisit tel un parfait chevalier, et, pour tous ses précepteurs, il fut un élève surdoué. Un jour, alors qu'il devisait avec son maitre, il le questionna :


    Citation:
    Lucifer : "Maitre, si le sens de la vie est l'amour et si nous sommes tous égaux devant le Très Haut, pourquoi nous entrainer à combattre ? Ne devrions-nous pas expliquer la volonté de Dieu ? Partager notre amour en toute circonstance ?"

    Calistan : "Mon jeune écuyer, Dieu nous aime et nous l'aimons, mais Il nous a laissé le choix de comprendre cela, et donc, celui de refuser cet état de fait ! Il a aussi laissé à nos côtés la créature qui avait donné la première réponse afin de nous tenter et de nous permettre de faire un libre choix. Aussi, beaucoup suivent malheureusement les préceptes de cette infâme créature."

    Lucifer : "Mais, dans ce cas, ne devrions-nous pas nous contenter de tuer la créature ?"

    Calistan : "Non, mon jeune écuyer, la tuer serait faire fi de la volonté de Dieu et par dessus tout, cela imposerait l'amour du Très Haut par la force. Il est indispensable de comprendre en quoi Il nous aime et en quoi nous devons l'aimer en retour."


    Tous deux devisèrent ainsi et Calistan expliqua pourquoi le chevalier devait défendre la justice, l'honneur et la bravoure, il lui fit comprendre en quoi un vrai et preux chevalier se devait de protéger le faible et de tordre le cou à l'injustice. Ainsi, ils discutèrent encore et encore et ce pendant tout le temps que Lucifer accompagna son maitre. Pour terminer son enseignement, après dix longues années d'apprentissage au rang d'écuyer au service du chevalier, ce dernier l'emmena à des lieues de son domaine pour voir la cité d'Oanylone dont ils avaient tant parlé. Le jeune homme fut alors bien loin de s'imaginer ce que lui avait réservé Calistan.

    La chevalerie et la gloire de Dieu

    Calistan et Lucifer Chevauchèrent jusqu'aux contreforts de la cité d'Oanylone, déjà grandement entachée par le vice et le péché. Si le chevalier avait raconté l'histoire de cette ville, il n'avait pas non plus oublié de préciser ce qu'elle était devenue et comment les marauds et autres maroufles y faisaient parfois loi. Lucifer resta ébahi devant l'imposante cité, ses yeux étaient émerveillés par le symbole qu'elle représentait et il sentait au fond de lui l'envie de rendre à ce lieu sa splendeur légendaire.

    Calistan emmena ainsi Lucifer sur la tombe d'Oane et, devant ceux qui faisaient jadis office de prêtre, débuta une grande cérémonie. Le chevalier considéra ce jour qu'il n'avait plus rien à apprendre au jeune homme devenu raison et force, Lucifer, du haut de ses vingt-cinq ans, fut ainsi adoubé Chevalier par Calistan. Ce dernier lui offrit les terres qu'il possédait en Oanylone et un pécule non négligeable avec pour mission de redresser les torts de cette cité au passé si brillant. Lucifer se senti alors investi d'une mission divine et fut, pour la première fois, fier de ce qu'il avait accomplit jusqu'alors.




    Le chevalier Lucifer installa son fief dans le domaine qui lui avait été donné, il prêcha dans la ville pour trouver hommes et femmes souhaitant l'accompagner dans sa volonté de redorer le blason d'Oanylone, sa prestance et ses grandes qualités, ajoutées à sa vertu et sa foi, lui permirent de convaincre bien plus d'âmes qu'il ne le pensait. Lucifer fonda ainsi l'Ordre des Justes d'Oane et entreprit de défendre la justice, de protéger les faibles et de combattre la misère par tous les moyens dont il disposait. En quelques mois, il devint un personnage incontournable de la cité, faisant fuir les brigands et provoquant l'admiration des puissants. Il fut reçu par les dirigeants même d'Oanylone qui lui donnèrent un blanc-seing afin qu'il redresse les torts. Ses hommes répandaient l'histoire d'Oane et expliquaient le sens de la vie tandis que lui, armé de son courage, se battait pour rendre meilleurs les mauvais hommes qu'il croisait. Lucifer ne fit jamais preuve de violence inconsidérée, il ne se battait qu'en extrême recours et uniquement pour se défendre ou défendre un faible face à un plus fort. Il veillait à ne pas faire justice lui-même et travaillait de concert avec les autorités d'Oanylone, s'assurant que la justice soit dignement rendue.

    En à peine cinq ans, l'Ordre des Justes d'Oane devint incontournable dans tout le royaume et les hommes qui avaient rejoint Lucifer partageaient tous la même foi et le même code d'honneur, il avait lui-même adoubé cinq chevaliers et, dans toute la communauté, les Justes étaient de véritables amis. Calistan venait le voir régulièrement et était fier de ce qu'avait accompli son ancien écuyer. Ses parents furent eux aussi comblés de la destinée de leur fils, mais, malgré son insistance, refusèrent de venir vivre dans son domaine. Ils lui avaient expliqué qu'ils se devaient de travailler car Dieu leur avait donné la terre et que, se prélasser dans l'oisiveté ne ferait en rien leur bonheur. Lucifer, avec regret, comprit leur décision et fut heureux de les accueillir chaque fois qu'ils le voulaient. La cité d'Oanylone semblait guérir de ses maux et les Justes étaient craints et respectés. Ils rendaient gloire à Dieu et poussaient les hommes à voir l'amour que Dieu leur portait, non par la force mais par leurs actes et leurs paroles. Le culte du Très Haut ne fut jamais aussi fort à Oanylone, excepté après la mort d'Oane.

    Inévitablement, en ces temps tout de même troublés, Lucifer attisa haine et esprit de vengeance. Nombreux étaient ceux qui croupissaient dans les geôles de la cité par le seul fait du Chevalier. Les riches et avares commençaient à voir en lui une menace, pensant qu'il finirait par chercher à gouverner Oanylone à leur place. Ceux qui péchaient et répandaient le vice se sentaient aussi menacés. Les corrompus et les grands brigands savaient qu'ils ne pourraient vivre de leurs forfaits tant que l'Ordre des Justes règnerait en maitre sur la cité, et, ils connaissaient la raison de tout cela, Lucifer le bon...ainsi ils se regroupèrent et décidèrent de faire disparaitre cet encombrant chevalier.


    L'insoutenable souffrance et la tentation

    Les puissants et riches apeurés, sous l'emprise de la tentation et du péché, financèrent alors les plus vils malandrins d'Oanylone dans l'unique but de réduire Lucifer au silence. Ils savaient qu'ils ne pouvaient pas directement s'attaquer à lui au risque d'en faire un martyr et de rendre le culte de Dieu d'autant plus fort. Ainsi, ils s'attaquèrent à tout ce en quoi Lucifer croyait. Une petite armée fut montée dans le but d'attaquer le village natal du chevalier. Les habitants des lieux furent frappés et meurtris dans leurs chairs si bien que Lucifer se donna pour quête de ramener la paix dans le petit bourg. Il se rendit alors là-bas avec ses chevaliers pour combattre ceux qui avaient amené la haine et la violence. C'est sur le chemin le menant au combat qu'un messager vint le trouver et lui annonça la mort de ses parents et de ses plus proches amis, tous brûlés vifs. Déchiré par la tristesse le Juste et les siens frappèrent le mal victorieusement en quelques jours, mais la souffrance qu'il avait en lui ne disparut pas.

    Pendant ces quelques jours, d'autres entreprirent d'attaquer les guides spirituels qui prêchaient l'amour du Très Haut, leur faisant subir sévices et tortures sans que personne ne puisse s'y opposer. Les marauds avaient prit soin de s'attaquer en force à l'Ordre des Justes d'Oane et lorsque Lucifer et ses chevaliers rentrèrent, les nouvelles furent tout autant dramatiques. Presque tous les guides avaient été tués et la foule qui les écoutait régulièrement était terrorisée et ne comprenait pas pourquoi Dieu n'était pas intervenu en leur faveur. S'en suivi des semaines de terreur, la violence et le meurtre accompagnèrent désormais chaque apparition publique des chevaliers et des guides, si bien que la population commença à penser que les Justes étaient maudits. La vile entreprise fomentée par ceux qui craignaient Lucifer continua de plus belle, Calistan et sa famille furent massacrés, son domaine brûlé et ses enfants battus à mort. Lucifer en était encore plus dépité et lentement, commença à se morfondre dans le tourment le plus terrible.

    Tout cela n'avait pas suffit à faire changer l'homme qui continuait à croire que l'amour pourrait triompher de toute cette haine et de toute cette violence. Alors, les comploteurs décidèrent de lui donner le coup de grâce et s'arrangèrent pour faire abattre ses chevaliers. Tous subirent d'horribles fins, leurs corps mutilés et sans vie furent trouvés pendus dans les quatre coins d'Oanylone. C'est là que Lucifer rencontra la créature sans nom, attirée par toute cette souffrance et ces sentiments enfouis au fond d'une âme torturée. La créature prit la forme d'un esprit et se rendit sur la tombe d'Oane où Lucifer tentait d'apaiser ses douleurs morales, la rencontre fut brève.


    Citation:
    Esprit : "Jeune chevalier, j'ai entendu ton affreuse histoire, la rumeur dit que tous ceux que tu aimais ont été tués."

    Lucifer : "Qui es-tu ?"

    Esprit : "Qui je suis ? Je suis celui qui gît dans cette tombe, celui qui fit construire cette cité."

    Lucifer : "Oane ? Tu es Oane ? Comment cela est-il possible..."

    Esprit : "Mon jeune ami, rien n'est impossible pour celui qui a trouvé La réponse. Si je suis venu c'est pour te poser une question. Vas-tu laisser ces horribles atrocités impunies ?"

    Lucifer : "Je ne veux point en parler, mon âme est déchirée et mes nuits sont faites de cauchemars et de pleurs. Je ne sais plus à quoi me raccrocher pour survivre à tant de haine."

    Esprit : "La justice d'Oanylone ne sera jamais assez sévère pour apaiser ton cœur et ton âme. De tous les hommes que j'ai connus, jamais je n'en avais croisés affublés d'un regard si triste. Cherche au fond de toi-même, tu verras qu'il te faut faire justice, et seulement après avoir occis le dernier assassin des tiens, tes souffrances seront apaisées..."


    Le bon chevalier se laissa alors aller à la vengeance, et la haine s'empara de son cœur. Il avait ainsi subi trop de douleur et de malheur et succomba à la colère de n'avoir pu protéger les siens, de n'avoir pu sauver ses proches. Avec une immense violence, il se battit pour trouver les coupables et les massacra uns à uns, mais, seuls ceux qui s'étaient rendus coupables d'atrocités furent tués, ceux qui avaient financé et fomenté ces projets échappèrent au triste sort de leurs mercenaires. Pourtant, après cela, Lucifer ne fut aucunement apaisé, au contraire, sa peine, mêlée aux horreurs qu'il avait commit le rendirent encore plus mal.

    Ainsi, pour parachever leur œuvre destructrice et pècheresse, les puissant propriétaires corrompus décidèrent d'un ultime complot qui fut monté contre Lucifer en personne. Alors que le chevalier défendait la vertu, la foi, la justice et la bravoure, il avait massacré à la hâte ceux qu'il avait lui-même condamné. Des juges corrompus se présentèrent à son domaine et l'accusèrent d'avoir donné la mort sans justice, d'avoir semé la haine et tué aveuglément. Lucifer, déjà aux tréfonds de la souffrance humaine fut alors jeté en pâture à la plèbe, trop contente de voir qu'un héros si jalousé ne fut qu'un vil brigand. Il fut ainsi trainé dans la fange et l'opprobre, accusé de tous les maux et de tous les vices. Lors d'un jugement public, la sentence fut exemplaire et lourde pour le chevalier accusé d'avoir usurpé sa réputation, son Ordre fut démantelé, ses guides furent exécutés publiquement et ses amis furent bannis d'Oanylone. Quand à Lucifer, après de nombreux jours de torture, il fut destitué de son titre de chevalier, ses terres furent saisies et lui fut jeté dans les geôles de la cité pour y croupir jusqu'à sa mort.


    La déchéance spirituelle

    Dans sa cellule, Lucifer, meurtri, dépité, abattu et aux tréfonds de ce que l'âme humaine pouvait supporter pleura pendant des jours et des jours. Il ne pouvait comprendre comment tout cela était arrivé et se senti abandonné par le Très Haut. Il se demandait comment Dieu qui n'était qu'Amour à ses yeux avait pu laisser de telles choses se produire. A nouveau, la créature sans nom fut puissamment attirée par ce calvaire et, cette fois, elle usa d'une autre ruse pour lui parler. La créature insuffla son âme dans un prisonnier d'une geôle voisine de celle de Lucifer.

    Citation:
    Créature : "Cesse de geindre comme une fillette !"

    Lucifer : "...laisse-moi..."

    Créature : "Je n'ai pas à supporter cela, voilà tant de temps que je croupis ici pour avoir prêché l'amour du Tout Puissant !"

    Lucifer : "Tu es guide ? Veux-tu prier avec moi ?"

    Créature : "Il y a nulle prière que Dieu entende, il nous a laissé depuis bien longtemps."

    Lucifer : "Non...Dieu nous a laissé le libre arbitre..."

    Créature : "Non, il nous a abandonné. On m'a conté ton histoire et elle en est l'ultime preuve !"

    Lucifer : "Que veux-tu dire ?"

    Créature : "Tu es devenu l'un des plus puissants chevaliers qu'Oanylone ait connu, tu as protégé les faibles et combattu les injustices et regarde où tu cela t'a mené ! Tes proches tous ont été tués, tout ce en quoi tu croyais s'est effondré. Te faut-il encore des preuves pour comprendre que l'Amour est un leurre ? Tu as usé de la force et vengé les tiens et pourtant, es-tu soulagé ? Il n'y a pas de justice, il n'y a pas d'amour, des plus fort que toi t'ont dominé. C'est là l'unique réalité de notre monde et l'unique moteur qui doit nous faire avancer..."


    Durant cette nuit, la créature fit mourir le prisonnier dans d'atroces souffrances et Lucifer assista une fois de plus à ce qu'il considérait désormais comme l'abandon de Dieu. Les jours passèrent, puis les semaines se transformèrent en mois et les mois devinrent années si bien que Lucifer atteignit l'âge de quarante-quatre ans emprisonné et toujours épris d'une indicible peine. Au fur et à mesure que le temps avait passé, sa Foi l'avait totalement quitté, il ne croyait plus en l'Amour du Très Haut et son corps se transforma. Ses muscles saillants devinrent secs et ses prières à Dieu laissèrent place à des siestes sans rêves. La soif de connaissance qui l'avait animée s'était tarie et plus rien n'animait l'homme qui fut un preux chevalier. Alors qu'il était voué à rester emprisonné jusqu'à sa fin, Lucifer fut gracié et libéré par quelques hommes émus par le sort qui lui avait été réservé. Ils lui donnèrent un petit lopin de terre cultivables et suffisamment d'argent pour vivre jusqu'à son dernier souffle.


    Las de la vie et insatisfait, Lucifer engagea quelques domestiques pour s'occuper de lui donner le confort qu'il n'avait pas eu. Il ne cultiva pas ses terres et passa ses journées à se morfondre dans son malheur. L'oisiveté l'avait ainsi envahit et Lucifer ne faisait rien d'autre que dormir et manger, lui qui n'avait jamais une minute à perdre pour ne rien faire. D'anciens auditeurs de ses prêches fervents vinrent le voir, tous s'étonnèrent de le voir ainsi. Lucifer, pendant des mois avait mangé plus qu'il n'avait bougé, il était ainsi devenu gras et disgracieux. Les hommes tentèrent de comprendre et le plus ancien s'avança.


    Citation:
    Ancien : "Sire Lucifer, pourquoi ne prêches-tu plus ? Ceux qui t'ont fait du mal sont tous morts où partis."

    Lucifer : "Prêcher ? Il n'y a plus rien à prêcher. Dieu ne nous aime pas et c'est à se demander s'il existe. La foi n'est qu'un leurre que nous avons inventé pour ne pas craindre la mort. De sens, la vie n'en a pas. Nul plaisir pour les hommes si ce n'est celui de ne rien faire. La vie n'est qu'un chemin que nous empruntons sans en maitriser quoi que ce soit."

    Ancien : "Lucifer, tu voudrais prier mais ton cœur ne sait plus de prière. Froide est l'acédie qui recouvre ton corps, tu n'es qu'une statue de marbre assise sur sa propre tombe."


    Les anciens furent atterrés d'entendre les propos de Lucifer et de voir dans quelle acédie il s'était laissé aller. Lucifer vécu ainsi pendant plus de dix ans, n'ayant goût à rien, ignorant tout des plaisirs de la vie et reniant la foi qui l'animait jadis. A ceux qui tentaient de le convaincre de reprendre goût à la vie, il débitait le même discours et tous ne purent que constater que l'homme n'était plus que l'ombre d'une âme, un corps vivant mais sans illumination.

    En ce temps là, Oanylone connaissait une période mouvementée et agitée par les remous du vice et et l'écume des péchés. La haine et la violence s'étaient emparées de toute la cité, l'acédie avait gagné les travailleurs qui préférèrent les biens matériels aux biens spirituels, l'oisiveté avait gagné tous les étages de la société d'Oanylone si bien que Lucifer fut à nouveau traité en exemple et élevé au rang de mythe. Son attitude paresseuse et oisive se répandit rapidement au sein du cloaque qu'était devenu la ville, et un véritable culte lui fut voué. Bourgeois et riches s'adonnèrent, eux aussi à la paresse, faisant travailler les autres à leur place et, comme Lucifer, commencèrent à ne plus croire en rien.Les péchés d'acédie, de gourmandise, d'avarice, de colère, d'envie, d'orgueil et de luxure s'emparèrent d'Oanylone, La créature sans nom qui rôdait parmi les hommes insuffla son venin dans le cœur des faibles qui se retournèrent contre les forts si bien que la guerre éclata et que la violence, le meurtre et la haine devinrent ce qui guidait la cité. C'est alors que le Très Haut parla aux hommes et leur lança un ultimatum. Il donna sept jours aux humains pour quitter Oanylone sans quoi, tous ceux présents seraient détruits avec la cité. Nombreux furent ceux qui quittèrent sans délai la cité devenue maudite mais nombreux furent ceux qui restèrent.

    La créature apparut une dernière fois à Lucifer et l'enrôla pour diffuser son message appelant à l'acédie. Il prêcha auprès des individus les plus vils qui pouvaient se trouver à Oanylone, étant écouté bien plus qu'il ne le fut par le passé lorsqu'il diffusait un message vertueux empli d'amour. Peu à peu, tous perdirent rapidement le goût de la vie et cédèrent à une acédie sans limite. Ils vinrent l'écouter prêcher à nouveau dans sa propre demeure contre toute forme d'activité et de spiritualité. De nombreux hommes assistaient à ses diatribes endiablées contre le Très Haut prônant l'acédie. Lucifer avait rédigé des préceptes, six à ce jour, ont été retrouvés :


    Citation:
    Premier précepte : "Ne faites pas ce qu'un autre peut faire pour vous, il serait dommage de perdre sa propre existence à s'user au travail."
    Second précepte : "Il n'est nul besoin de se perdre en prières et en méditations puisque le repos du sommeil nourrit tout autant l'esprit de l'homme."
    Troisième précepte : "Croire en une quête spirituelle et religieuse est illusoire car l'homme est intrinsèquement voué au péché. Par nature il est pervers et, par essence, il est vicieux. L'amour est un leurre qui l'enferme dans une croyance dogmatique sans fondement."
    Quatrième précepte : "Le seul plaisir que devrait avoir l'homme est celui de ne rien faire car la vie n'est que vide et sa saveur n'a aucun goût. Ainsi, si ce plaisir ne peut exister, autant n'avoir aucun plaisir."
    Cinquième précepte : "Si ne rien faire est pêcher alors, prêcher le péché est vertueux."
    Sixième précepte : "La vertu est un vice lorsqu'elle est érigée au rang d'icône dogmatique et le vice est une vertu lorsqu'il laisse l'homme libre de ne rien faire."


    Dans Oanylone, sept vertueux, ayant accepté la fatalité et la punition de Dieu, en firent autant que Lucifer et les autres hommes choisis par la créature sans nom. Sylphaël, lui, incarnait le plaisir et s'opposait à Lucifer en tout point, dès qu'il apparaissait en un lieu pour prôner l'amour de Dieu et le plaisir vertueux, Lucifer passait derrière lui pour prêcher l'inverse. Cela dura six jours, six longs jours pendant lesquels les hommes et femmes restés à Oanylone écoutèrent Lucifer ou Sylphaël. Ainsi, vint le septième jour et Dieu, dans Sa colère, fit jaillir des abysses de la terre les laves rougeoyantes et infernales qui brûlèrent toute vie. La terre se déchira ensuite pour laisser Oanylone disparaitre dans le gouffre de l'oubli.

    Une éternité d'Acédie

    Lucifer fût présenté au Très Haut comme chaque homme et chaque femme resté en Oanylone. Tout comme les autres, il n'abjura aucun de ses péchés et ne reconnu pas la puissance du Très Haut. Dans sa colère Sainte, Dieu jeta Lucifer sur la lune afin qu'il purge une éternité d'acédie et paye ses péchés terrestres. La colère du Tout Puissant fut d'autant plus forte que Lucifer l'avait loué pendant bien des années avant de céder à la tentation de la créature sans nom et de sombrer dans le vice. Ayant incarné l'acédie pendant une grande partie de son existence mortelle, il fut envoyé sur les immenses pics rocheux de l'enfer et son apparence se déforma, ses muscles et ses graisses fondirent, sa peau se resserra sur ses os si bien qu'il ressembla à un squelette. Pour le punir d'avoir passé trop de temps dans l'oisiveté, Dieu lui donna le corps d'un vieillard à la barbe hirsute et, enfin, en raison des nombreuses années qu'il avait passé à se lamenter sur son sort sans penser aux autres, Lucifer fut condamné à verser de chaudes larmes pour l'éternité.



    Le Très haut avait créé l'enfer qui se trouvait sur la lune afin d'y envoyer les plus viles âmes humaines. Alors qu'Il leur avait donné l'amour et qu'Il en avait fait Ses enfants, beaucoup se détournèrent de lui et ne manifestèrent que vice et péché, oubliant vertu et amitié. Ainsi, parmi les hommes, ceux qui se laissent aller, ceux qui s'oublient dans l'oisiveté et la paresse spirituelle ou ceux qui s'adonnent à la négation de la vie et ignorent leur propre satisfaction rejoignent les rangs des âmes damnées de Lucifer, Prince de l'Acédie.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum -> La Bibliothèque Romaine - The Roman Library - Die Römische Bibliothek - La Biblioteca Romana -> Office des bibliothécaires - Office of the Librarian Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivante
Page 3 sur 7

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com