L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Siddhartha Rujia]

Voilà que sa phrase finale semblait avoir été oubliée par le jeune homme mais qu’au contraire il semblait pour le moins curieux à son égard. Pour le maître la curiosité loin d’être un vilain défaut était une curiosité naturelle qu’il fallait cultive alors il ne pris pas ombrage de son attention. Au contraire.

De l’existence physique d’Aristote et Christos je n’en ai pas l’ombre d’un doute. De l’intérêt d’une croyance comme ciment d’une culture et donc d’une société tout autant. Enfin de l’influence que provoquer cette religion sur le comportement des gens encore. Mais je vois cela plus comme un objet d’étude que comme une vérité immuable.

D’ailleurs ce que je voulais vous avouer tout à l’heure était là-dessus. Si mon élève et moi-même sommes venus ici à Rome c’est afin de confronter nos idées avec ceux qui au cœur même de cette citée millénaire pense que Dieu est à l’origine de tout.
_________________
- PNJ -

L'expérience est une bougie qui n'éclaire que celui qui la porte.
La vie de l'homme dépend de sa volonté ; sans volonté, elle serait abandonnée au hasard

[Frère Guilhem]

Emoi du pauvre moine ! Pensez : avoir en face de soi un homme qui avoue volontiers ne pas croire à la vérité transcendante de la foi aristotélicienne ! Oh, là, là… Et il fallait que ça tombe sur lui… misère ! Un coup d’œil inquiet en direction de la tablée, heureusement trop occupée à rire et dérouler de doctes banalités pour attacher son oreille aux mots du vieux pèlerin. On ne sait jamais, les réactions passionnées des foules peuvent se révéler d’une impétueuse et rare violence. Et que dira le Frère Raymond-Roger ? Jès !* un hétérodoxe chez lui… et qui encore proclame vouloir mesurer ses idées – ses erreurs – aux saints préceptes de Dieu et de Ses prophètes… Il en avait tout à coup le vertige, tiens !
*Mon Dieu !

Euh, dites, vous voulez vraiment faire ça ? Le criez pas trop sur les toits… les pèlerins s’en trouveraient heurtés, on sait jamais… faut pas leur en vouloir… ils pourraient se retourner contre vous… ils ont la foi… ils peuvent être imprévisibles… Mieux vaut que vous voyez avec le Frère Raymond-Roger… ça, il s’y entend !

Guilhem avait chuchoté plus qu’il n’avait prononcé ces mots, effrayé par la réponse du visiteur – ça lui apprendra à être trop curieux –, par sa propre témérité, ensuite, par la bonne vingtaine de gaillards attablés, enfin, et dont la mine joviale se pouvait renverser du tout au tout par l’effet de la moindre brise, caractère aussi changeant que la mer.
_________________
Frère toulousain attaché au service de l'Espital del Narbonès
« Je sers l’Eglise et c’est ma joie ! »

[Siddhartha Rujia]

Ainsi donc certains auraient peur d’entendre contester leurs certitudes. Mais les certitudes ne seraient-ce pas le moyen de s’enfermer dans ses erreurs ?

Auriez vous peur jeune homme ? Je sens que votre ton à changer. Je ne suis pas là pour dire que vous avez tort, seulement discuter. Pensez vous par exemple qu’on ne peut discuter avec les hérétiques, même pour les faire changer d’avis ? C’est bien dommage voyez vous.

Il regarda l’attablée, peut-être était-ce plus la réaction de ces gens là qui le dérangeait.

Mais libre à vous de songer ce que vous voulez. Si un jour vous venez à changer d’avis venez me voir à la yourte installée près de la rivière. En attendant que faisons nous ?
_________________
- PNJ -

L'expérience est une bougie qui n'éclaire que celui qui la porte.
La vie de l'homme dépend de sa volonté ; sans volonté, elle serait abandonnée au hasard

[Siddhartha Rujia]

Le silence. Seul le silence répondait au maître. Celui-ci fut d'ailleurs étonné d'un tel silence. Le jeune clerc semblait tout à coup perdu. Il fallait vérifier si tout allait bien. Le maître dût s'en assurer.

Tout va bien Frère Guilhem ? Vous semblez tout à coup comme dirait absent.
_________________
- PNJ -

L'expérience est une bougie qui n'éclaire que celui qui la porte.
La vie de l'homme dépend de sa volonté ; sans volonté, elle serait abandonnée au hasard

[Frère Guilhem]

Ça, pour être perdu… L’indécision le laissait tout interdit, décontenancé, paralysé, pétrifié, inerte. Penser à demander au Frère Raymond-Roger une affectation loin de l’accueil… et surtout sans contact avec les visiteurs ! Penser aussi… mais non… Là, maintenant, il faut dire quelque chose, quelque chose d’intelligent tant qu’à faire… censé au moins… quelque chose de pas trop bête, quoi…

Escotatz…* Dans les faubourgs, vous risquez rien… la garde pontificale vient pas… ont la pétoche… trop de populaire. Quant au Fraire Ramond-Rogièr… il aime pas trop les hétérodoïsses, vertat**, mais il aime comprendre les gens… et raffole des disputes théologiques ; moi j’y entends pas toujours grand-chose… Voilà, on va faire comme ça : je vais aller trouver le Fraire Ramond, lui toucher deux mots... comprendra… vous pourrez venir ici quand vous voulez, manger si ça vous chante, débattre avec le Fraire… mais sans affoler les pèlerins, è ?***
*Ecoutez…
**c’est vrai
***hein ?

C’était plus fort que lui : son manque d’assurance lui avait fait prononcer ces paroles sur un ton bas, feutré. Sans même s’en apercevoir, le timide Guilhem venait pourtant de prendre sa première initiative sans en référer à son supérieur.
_________________
Frère toulousain attaché au service de l'Espital del Narbonès
« Je sers l’Eglise et c’est ma joie ! »

[Siddhartha Rujia]

Un coup d'oeil à gauche, un coup d'oeil à droite. Le petit sourire qui était dessiné sur le visage du maître signifiait qu'il prenait cette histoire avec humour.

Pourquoi parlez vous si bas ? Je ne vais pas crier sur tout les toits ce en quoi je crois. Rassurez vous si vous préférez que je parles à Frère Raymond-Roger je vais le faire. Je pense qu'il sera plus aise. Je comprends votre sentiment. Certains de mes amis dans mes jeunes années, ont eut le même lorsque des hommes venus d'ailleurs sont arrivés. Vous verrez. Un jour peut-être vous comprendrez mieux. Prenez votre temps à cela.

Puis pinçant délicatement sa lèvre il dit. On va voir Frère Raymond-Roger alors ? Je pense qu'il en a finit avec ces jeunes gens qui sont arrivés en même temps que moi.
_________________
- PNJ -

L'expérience est une bougie qui n'éclaire que celui qui la porte.
La vie de l'homme dépend de sa volonté ; sans volonté, elle serait abandonnée au hasard

[pierroleon]

Père Pierroléon arriva de nuit à l'auberge narbonnaise pour passer quelques semaines. Ce bel établissement qui était tout entier l'oeuvre du Frère Raymond-Roger resplendissait dans un quartier pas vraiment très propre. Le père aimait entendre parler la langue d'Oc même s'il ne comprenait pas toujours. Même jamais, je crois...

Mais enfin, ces accents chantants lui rappelaient sa bonne ville d'Alais, son église, ses gens, la place du marché, les discussions arrosées en taverne...

Pour agrémenter son séjour, Père Pierroléon fit amener quelques meubles pour décorer une grande chambre de l'hospice. En l'absence du regretté Raymond-Roger, le padre ne pouvait imaginer que tel édifice soit à l'abandon ou ignoré par les hôtes de passage dans la Cité romaine.
Il fallait donc assurer la suite.

A dos de mules, il rapporta quelques bibelots du Languedoc, des barriques de vin et des réserves d'huile d'olives. Un petit bureau aussi et un fauteuil.

Le petit personnel local se chargea de monter tout cela à l'étage et de faire un peu de cuisine car Pierroléon avait un peu faim avec le trajet...

C'était le début de ses vacances romaines et il espérait bien profiter des mets du coin. Pour commencer, il se fit servir une bonne rasade de vin du Languedoc. Il s'installa à la table de la cuisine dans une tenue plus légère à cause de l'étouffante chaleur et chipa un petit morceau de fromage....

hummm !
_________________

Monseigneur Pierroléon de Riddermark + RIP "Quand je vous disais que j'allais pas bien..."
Ancien Vice-Primat de France. Ancien Vice-Préfet à l'Enseignement. Ancien Archevêque métropolitain de Narbonne. Ancien Evêque de Nîmes.

[pierroleon]

Depuis quelques temps, Monseigneur Pierroléon investissait davantage ce lieu et prenait ses aises, dirigeant l'établissement narbonnais avec toute la maestria habituelle qu'on lui connaîssait.

Monseigneur Pierroléon, lorsqu'il était ici, était davantage aubergiste que prélat. Il n'était pas rare de voir le pauvre homme charger et décharger des chariots car le personnel était rare, changeant et trop souvent absent.

Une soutane noire passe-partout, un chapeau usé et le tour était joué.

Pierroléon était un curé comme les autres. Point d'étiquette ici, tout à la bonne franquette. Cependant, lorsque les menus travaux touchaient à leurs fins, Pierroléon redevenait ce qu'il était vraiment dans la solitude de ses appartements.

Il relisait des livres antiques, des manuscrits rares récupérés ici et là, traduisait volontiers et écrivait parfois.

Il recevait peu, voire jamais mais il envoyait du courrier pour diriger de loin son palais archiépiscopal.

Ses appartements étaient arrangés sobrement, avec beaucoup de rudesse.

A l'intérieur, les meubles étaient ceux d'un archevêque désargenté. Ils avaient bravé les routes de la Narbonnaise, les pillards et le soleil du Sud pour arriver jusqu'ici mais ne représentaient en rien le rang du propriétaire.

L'archevêque vivait pauvrement pour lui-même. N'aimant guère compter ou entretenir un patrimoine, les préoccupations de Monseigneur étaient plus grandes que ces simples histoires d'intérêts à tirer de terres ou de possessions.

Il contenait en lui une force intérieure terriblement présente mais celle-ci était de de plus en plus trahie par un corps qui le quittait.

Monseigneur Pierroléon avait toujours été un être sanguin, à fleur de peau. Sous de vieilles allures solides, il était devenu presque fragile.
_________________

Monseigneur Pierroléon de Riddermark + RIP "Quand je vous disais que j'allais pas bien..."
Ancien Vice-Primat de France. Ancien Vice-Préfet à l'Enseignement. Ancien Archevêque métropolitain de Narbonne. Ancien Evêque de Nîmes.

[Galahadd]

L'archevêque qui se rendait souvent à Rome aimait ce lieu chargé de l'atmosphère languedocienne qu'il affectionnait tant.

L'édifice n'avait que peu changé depuis longtemps.

Monseigneur Galahadd qui prenait de l'âge voulait en faire un lieu propice à la retraite et à la prière.

S'installant dans les meubles de son prédecesseur, il voulait continuer l'œuvre charitable et bien utile qu'est un hospice.

Rien ne l'ébranlait plus que de penser à ceux qui étaient ses amis et qui n'étaient plus.

Pour leur rendre hommage, il se prit l'audace d'investir dans ce lieu les fonds de l'archevêché de Narbonne.

Alors il eut le projet de faire abattre une vieille bâtisse attenante. Les ouvriers avaient bien mis plusieurs mois pour tout déblayer.

Derrière l'Hospice de Narbonne, il y avait désormais une large étendue de terre battue.

Avec un architecte qui avait été séduit par le panorama du lieu, suite à son passage en cet endroit, le vénérable prêtre fit élaborer sur plan un jardin agréable que l'on pourrait dire "à l'italienne".

Le terrassement avaient pris plusieurs jours. On devait construire plusieurs escaliers avec des roches venues des Alpes et qui avaient transitées jusqu'à Ostie.

En attente, de grands blocs de marbre étaient disposés. Des artistes en devenir venaient user leurs burins pour sculpter des statues sur le thème de l'antique.

Avec la pierre d'une colline voisine, les artisans assemblèrent les parois d' une petite grotte ouverte et accueillante pour recevoir une imposante statue de Thétis.
_________________
Monseigneur Galahadd
Archevêque métropolitain de Narbonne