L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Evrard]

Ce n'était pas à proprement parler une bijouterie. Oh, certes Maître Evrard était un joaillier hors pair, capable de produire les plus belles pièces d'orfèvrerie, recevant de bonne pierreries d'Anvers, de ses amis Spinozistes, comme lui. Evrard, d'ailleurs, n'était pas son vrai nom. Dans la cité-coeur de la Foy Aristotélicienne, mieux valait ne pas porter de noms à connotation spinoziste. Evrard avait bien été choisit.

Il était installé depuis quelques mois désormais, dans un local renfoncé dans une petite ruelle, un coupe gorge diraient certains. Au moins ne se faisait il pas remarquer. En tant que bijoutier il craignait les attaques, les voleurs de petite semaine, qui, s'ils savaient ce qu'il y avait sous son comptoir, n'hésiteraient pas à tout piller. Et c'était sans compter ce qui lui rapportait le plus d'argent, à lui et à son associé. Car si la devanture ne payait pas de mine, et si l'intérieur était, somme toute, assez bien fournit et propre, c'était l'arrière boutique qui avait le plus d'intérêt.

Oh, le véritable propriétaire de cet endroit ne voulait pas que l'on sache qu'il abritait les nuits de stupre des bourgeois et des prélats de ce quartier de Rome. Evrard n'aimait pas le terme bordel, ce n'était pas un bordel, mais plutôt un lieu de plaisir, où l'on se payait du bon temps et où l'on achetait des bijoux. C'était fort rentable ici, avec tout ces curetons prêts à tout pour se dégorger le cèleri...Et ravir leurs maîtresses de merveilleux présents.

Ce matin là, Maître Joachim Evrard ouvrit sa boutique, après avoir reçut un paquet d'Anvers. Avec ravissement, il découvrit une série de six pierres rouges comme le sang. Un bel assemblage en perspective...

Derrière lui, une jeune femme regardait avec avidité et émerveillement.

[Frère Franck]

La cité papale répondait à l'idée qu'on s'en faisait : vaste et pleine de recoins, magnifique et nauséabonde... Mais pour son premier séjour au delà d'une frontière connue, le corps émacié d'un diacre de campagne, bien que doté d'une certaine instruction, ne voulait rien perdre de tout ce qui pouvait l'aider à comprendre la sainte ville.
Et curieusement, comme il souffrait un peu d'une lanière qui avait séchée prématurément sur sa sandale gauche, et qu'il s'était accroupi pour détendre ce lien comme il pouvait, une sensation lui ordonna de lever le nez. Il savait que les Florentins étaient dompteurs en diable de la joaillerie. Surement qu'un de leurs comptoirs se devaient d'être ici, à en juger par les éclats colorés qui frappaient le sol, tout autour de quelques orteils rougis par l'effort et le froid.

[Frère Franck]

Baillant d'ennui, le pauvre diacre tourna les talons... IL voulait parler à un romain, il ne vit que les ferrures de Rome !