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Pour la Curie, une missive vanillée

 
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Armoria



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MessagePosté le: Mer Jan 27, 2010 6:42 pm    Sujet du message: Pour la Curie, une missive vanillée Répondre en citant

Sa maîtresse - dans le sens "patronne" du terme, hein - avait été très claire dans ses instructions :

Ne montre pas les armoiries de ta tenue : c'est un courrier privé que tu emportes, nul ne doit en avoir connaissance hormis les membres de la Curie. Fais-toi discret, rase les murs. Il est hors de question que des dissensions soient mises à jour. Si cela arrive par ta faute, tu croupiras au fond des oubliettes de Ménessaire. Confie ce message à Son Eminence Ingeburge : elle te connaît de vue. Voici où tu la trouveras. Ne parle à personne d'autre qu'elle : avec ce message, tu risques peut-être ta vie, s'il tombe entre de mauvaises mains. J'en suis à me demander si celle que je dénonce se laisserait arrêter par l'idée d'un meurtre. Allez, va.

Le temps de faire gloups, il était parti. Ah ça, la patronne, elle payait bien, mais fallait pas faire un pas de travers avec elle...

Une fois sur place, il se rendit tout droit vers Ingeburge et lui remit le précieux courrier.


Citation:
Aux éminents membres de la Curie, salut ;

Dieu que je crains les conséquences de nos actes à tous sur les simples fidèles ! Dieu que je redoute l'impact du silence opposé à mes demandes, à mes suppliques...

La bête est partout ; partout, elle oeuvre. Partout, elle tente ; partout, elle gagne du terrain. Et malheureusement, ce partout inclue certains des plus hauts placés, tant dans le monde spirituel que temporel.

Aurais-je dû empêcher les troupes que nous avions rassemblées suite à l'appel du Camerlingue de vous faire part de leur ressenti ? En théorie, oui. Dans les faits, non : j'ai cru que y liriez un appel au secours, un besoin que soient lavées les insultes qu'ils ont subies alors que leur souhait le plus profond, leur désir le plus ardent, était de servir Dieu.

Car ils avaient été appelés, souvenez-vous de cela. Et appelés, ils ont répondu. Mettant dans la balance leur vie, leur temps, leurs Ecus : cela n'était rien à leur yeux. Ils étaient Croisés, et se voulaient comme tels. Dieu qu'ils en étaient fiers !

Il aurait fallu que vous voyiez leurs yeux briller de fierté et de Foy : Son Eminence Ingeburge les a vus, elle qui les a bénis avant le départ vers l'antre de la bête.

On leur a tout dénié. Leur statut de Croisés, leur motivation. On les a insultés, on a tenté de les salir. Puis on les a renvoyés, comme s'ils n'étaient rien d'autre que des instruments. L'on m'accuse d'avoir rompu le statut de Croisés ? Mais qui nous a défendus quand ce statut était remis en cause ? Qui nous a dit qu'il était maintenu, alors même que l'on nous avait renvoyés vers nos foyers ?

Nous ne sommes pas des clercs ; nous ne sommes pas versés dans le Droit Canon : et moi pas plus que les autres. Pour nous, le fait de nous renvoyer signifiait de fait que nous n'étions plus Croisés. Le Connétable de France vous avait fait parvenir missive pour vous en aviser : a-t-il reçu réponse pour lui dire qu'il était dans l'erreur ? Tout ce que nous avons fait, nous l'avons fait de bonne foi.

Pourquoi ce silence ? Pourquoi n'avoir pas daigné nous défendre ? Pourquoi nous avoir abandonnés ?

Il m'est aussi reproché de me défier de la Curie. Il s'y trouve pourtant des gens que je suivrais les yeux fermés. Mais il s'y trouve aussi quelqu'un qui lutte contre l'Eglise, contre son unité, contre son impact, aussi sûrement, et peut-être encore plus efficacement que les hérétiques les plus acharnés.

Voici ce sur quoi j'ai tenté d'attirer votre attention : votre plus grande fermeté est requise, et votre clairvoyance aussi. Il y a parmi vous un cardinal qui pratique langage double, qui en public semble vous soutenir, et qui en privé, dans des sphères temporelles, insulte le Camerlingue, insulte un autre Cardinal, quelqu'un qui est allé jusques à corrompre le scribe chargé de retranscrire les minutes des débats afin qu'il change la teneur de ses paroles.

Citation:
"on verra bien ce que Rehael le crétin dira, mais bon quoi qu'il en soit Rome et surtout Rehael ont perdu le peu de crédibilité qu'ils avaient. Je suis bien contente d'avoir été dès le début contre ce merdier"


Citation:
"Je sais mais que voulez-vous, notre camerlingue est un âne. Normalement, on devrait en changer d'ici un mois, prions"


Ces mots ont été prononcés en Franche-Comté, laquelle Franche-Comté a tenté de s'opposer au passage des Croisés. Qui a alors pris leur défense ?

Ces mots ont été prononcés par le primat de l'Empire. Et je ne saurais me fier à quelqu'un parlant ainsi de Rome, du Camerlingue, d'une Saincte Croisade qualifiée de "merdier".

Les fidèles se sentent abandonnés, et c'est dangereux. En Béarn, la Comtesse a demandé conseil auprès des autorités spirituelles, et n'en a pas reçu. Elle ne sait pas si ses actions seront saluées ou décriées. Elle se sent seule, et doute.

Voici des mois et des mois que j'ai tenté de relancer les discussions autour du concordat : voici des mois et des mois que le silence est la réponse. Vous savez que ce concordat qui n'aurait jamais dû voir le jour tel qu'il fut rédigé me rend folle.

Mon Dieu, je prie chaque jour pour que vous ouvriez enfin les yeux sur ce qui menace le plus la Foy. Vous devez faire quelque chose. Ne nous laissez pas seuls. Ne nous laissez pas sans défense. Ne nous laissez pas sans réponses. Ne nous laissez pas mal interpréter vos silences, comme ce fut le cas pour la dispersion des Croisés. Ne nous laissez plus douter de vous.

Pour ma part, j'en reste à ces quelques mots que j'avais reçu d'un Cardinal lors de mon accession à ma charge, ces quelques mots qui souventes fois m'aident à ne pas perdre le cap :

Citation:
L’Etoile d’Aristote vous avait été remise après un investissement
reconnu dans l’Eglise et pour l’Eglise. Aujourd’hui, votre
investissement se révèle à la face de la France. J’espère très
sincèrement que la position que vous avez eu en Bourgogne à
l’égard de l’Institution de Dieu sera tout aussi identique au jour
d’aujourd’hui où vous avez en main les caducées d’or
fleurdelisée. J’espère, pour le concordat de Paris, précédemment
signé et officialisé par votre prédécesseur, le prince de
Fontainebleau, trouver en votre personne, une aristotélicienne
convaincue et attachée aux valeurs de notre Sainte Mère l’Eglise,
afin que le traité soit renégocier pour que la monarchie triomphe
dans la gloire du Tout-Puissant sous les auspices de Son
institution.


Je sais que tout ceci n'est au fond qu'une épreuve que Dieu m'envoie pour tester ma Foy. Elle ne vacille pas, et tout comme elle, je reste ferme.

Fait à Pau, le 27 de Janvier 1458,
Avec tout l'espoir que ma Foy me donne,
Armoria de Mortain signe et scelle


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MessagePosté le: Dim Jan 31, 2010 11:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Dans son bain la vilaine bullait et se demandait non pas in petto — les pensées, c'est mal! — et pas plus in vivo mais à voix haute :
— Aaaaaaaaaaaaaaaaaah, qu'est-ce-que je vais bien pouvoir inventer pour ne rien foutre aujourd'hui, moi, ô grande paresseuse devant l'Eternel?

Cruelle interrogation s'il en était car elle était loin d'être une professionnelle en ce domaine. Et ce fut alors qu'elle étudiait ce métaphysique postulat qu'elle fut interrompue.
Pas moyen de faire trempette en paix, jamais et la Folivora se résigna finalement à sortir dans son bain afin de prendre donc connaissance du pli qu'on lui mandait en toute urgence.

Séchée et vêtue, elle s'assit à son bureau et se saisit du stylet qui y était déposé afin de décacheter la missive. Mais elle suspendit son geste alors que la lame s'approchait du pli... Ventre-saint-gris, ce parfum! Elle comprenait mieux l'empressement du messager... Ce parfum sucré, ce n'était pas d'elle qu'il émanait même si elle sortait tout juste de ses ablutions, non, elle s'était Lys de Florence et non pas... vanille.
Intriguée de ce que la Princesse lui envoie message juste ici, elle ne tergiversera pas plus longtemps et ouvrit la fameuse lettre lourdement parfumée.

Elle lut et après des « ah », « oh », « han », non en fait, rein de tout cela, elle resta parfaitement impassible; elle ne fut pas étonnée, ou si peu. Elle replia la lettre, sonna, donna quelques ordres, se leva et finit par gagner les locaux de la mafia romaine afin de transmettre à ses consœurs et confrères la fameuse missive vanillée.

_________________
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Armoria



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MessagePosté le: Sam Fév 06, 2010 7:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Cette fois, il avait pour ordre d'aller trouver Rehael.

Citation:
Votre Eminence,

Comme convenu, dans le pli ci-joint, vous trouverez copie de la missive à vous mandée par le Connétable de France, et qui nous a convaincus, en l'absence de réponse, qu'effectivement, nous n'avions plus le statut de Croisés.

J'ignore si elle vous est parvenue, mais le contraire expliquerait bien des incompréhensions de part et d'autre.

Respectueusement,
Armoria de Mortain


Citation:
      A la Curie Romaine,    


   Par la présente, et conformément a la demande des Cardinaux qu'est celle de voir les Armées Saintes se retirer de Genève, nous annonçons le départ de celles-ci, prenant la direction de la Savoie. Dans le même temps, et conscient de l'impossibilité de chacune des quatre armées de rejoindre le Béarn, et ce pour un manque évident de ressources, manque dont nous vous eûmes fait part a maintes reprises, nous annonçons ce jour nous défaire du statut de Croisé pour chacun des volontaires et de celui d'Armée Sainte pour chacune de nos armées.

   Faict a Genève, le 31 du moys de Novembre de l'an de grâce de Nostre Seigneur 1457.



    

_________________

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