L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Seriella]

Seriella fronça un sourcil.

Ma soeur, vous ne semblez guère étonnée ou même surprise d'avoir ainsi le Très Haut qui vous parle... et vous dites que ce n'est pas la première fois qui plus est...

Vous semblez avoir une relation bien particulière avec Dieu dites moi...?
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SE Aaron lui même l'a dit : "C’est à regretter de n’être Lescurien de naissance" alors rejoignez nous.

[Sainte Wilgeforte]

Paf. En plein dans le mille. Wilgeforte esquiva comme elle put :

Dieu a, par le passé, fait plus que me parler. Mais cela, je m'en suis déjà confessée.
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[Seriella]

Hin hin... il y avait un truc qu'elle ne voulait pas dire... Plus curieuse qu'autre chose, elle insista

Hum... Certes ma soeur, mais si vous voulez que je puisse entendre votre confession au mieux, il me faut avoir tous les éléments... sinon comment puis-je juger ?

Et cela me semble être d'importance hum ?

Joue discrètement avec son anneau.
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SE Aaron lui même l'a dit : "C’est à regretter de n’être Lescurien de naissance" alors rejoignez nous.

[Sainte Wilgeforte]

Finalement, le meilleur moyen d’en être quitte, c’est de cracher le morceau. Ils seraient donc deux à savoir — mais le premier était déjà mort.

Dieu m’a sauvée du pire des sorts que l'on puisse me réserver : le mariage.
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[Seriella]

Repense avec nostalgie à son propre ex-mari...

Le pire des sorts ? A ce point ? Le mariage n'est-il donc pas le point d'orgue de l'amitié aristotélicienne sur Terre ?

Pas pour vous visiblement... Qu'a donc fait le Très Haut alors ?
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SE Aaron lui même l'a dit : "C’est à regretter de n’être Lescurien de naissance" alors rejoignez nous.

[Sainte Wilgeforte]

La gorge de la Sicilienne se noua lorsque le flot des souvenirs refit surface.

Pour moi, ça l'était. Je voulais rester vierge. Grâce à Dieu, je le suis toujours : Il m'a sauvée en me faisant pousser une épaisse barbe la veille de la noce.
C'est la raison de ma présence en France : j'ai été chassée par ma famille. Mais tout cela est terminé.

Ce n'était donc pas la première fois que Dieu se manifestait à moi. Il m'a même aidée. Et moi, ingrate que je suis, je n'ai même pas daigné L'écouter !
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[Seriella]

On allait de surprise en surprise. Seriella détailla le visage de Wilgeforte avec circonspection.

Rester vierge oui... je comprends. Non elle ne comprenait pas du tout. Rester vierge quelle idée. Mais passons.
Une barbe...

Oh c'est un étrange moyen. Et heu... pour l'entretien ça pose pas trop de problème ?

Puis revenant au sujet.

Oui le Très Haut tente parfois de nous mettre dans le droit chemin, et parfois les signes ne sont pas faciles à voir... Enfin bon là c'était évident mais bon.

Je suppose qu'étant donné votre position, vous avez déjà maintes fois lu l'hagiographie de Saint Michel... mais il serait bon que vous vous y replongiez, il reste un exemple pour nous tous.
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SE Aaron lui même l'a dit : "C’est à regretter de n’être Lescurien de naissance" alors rejoignez nous.

[Sainte Wilgeforte]

Seriella parvint à arracher un sourire à la Sicilienne, preuve que cette dernière était vraiment très mal.

Sitôt la menace du mariage passée, la barbe disparut.

Mais le sourire disparut vite.

Je l’ai lue et relue, mais ça ne m’a pas empêché de fauter… La Lune serait encore un trop doux châtiment pour moi. C’est sans doute pour cela que Dieu a décidé de me faire souffrir dès à présent, sans attendre mon trépas.
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[Seriella]

Hum je n'irais pas jusque là ma soeur... Certes Dieu a tenté de vous guider, mais Il sait tout, et Il sait également que ce que vous avez fait, vous l'avez fait pour Le servir...

Pour vous faire pardonner... Elle jeta un coup d'oeil circulaire à la pièce délabrée qui avait bien besoin de rangement... non, pas bien.
... et pour servir au mieux la justice de notre Eglise, vous devriez méditer sur l'exemple de notre archange Saint Michel, et prier ses reliques, au sein de l'abbaye du même nom, sur le Mont du même nom...
ça tombe bien c'est chez moi. Enfin chez Aranwae, m'enfin c'est tout comme.

Disons une bonne semaine, que vous ne fassiez pas le voyage pour rien.

Puis elle se leva et se pencha vers Wilgeforte, lui posa la main sur le front.

Je vous absous de vos pêchés ma soeur, et puisse le Très Haut dans Sa grande miséricorde en faire autant.
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SE Aaron lui même l'a dit : "C’est à regretter de n’être Lescurien de naissance" alors rejoignez nous.

[Sainte Wilgeforte]

Je vous absous de vos pêchés ma sœur, et puisse le Très Haut dans Sa grande miséricorde en faire autant.

Pour ces simples mots, Wilgeforte été prête à faire n’importe quoi : cinq allers-retours à Saint-Jacques de Compostelle, le port d’un panneau de vingt livres sur le dos pendant un mois, ne plus toucher à un seul manuscrit poussiéreux dans les prochaines vingt-quatre heures, ne plus pouvoir botter le fondement des touristes avant quinze jours ; tout, vous dis-je !

Absoute ! Elle était absoute ! Elle ne réalisait même pas à quel point la pénitence était légère — car elle s’en fichait. Oui, elle s’en fichait. Cela ne comptait pas. Ce n’était pas ce qui l’intéressait. Elle était venue chercher une absolution, et non une pénitence. La pénitence allait bien sûr de pair avec l’absolution, mais cela ne faisait rien, tout type de pénitence était bon à prendre pour une absolution, oui, toute pénitence, votre prix sera le mien, pourvu que l’on me libère enfin de ce fardeau.

On la libéra.

Les larmes coulèrent. Chaudes. Wilgeforte les sentit s’écouler lentement le long de ses joues. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pleuré ? Elle aurait été incapable de répondre à cette question. Vingt année durant, on lui avait appris à refouler, masquer et tricher. Montrer ses émotions était du dernier des vulgaires, et ne permettait en outre aucune installation d’autorité. Il fallait arborer un masque en permanence. C’est ce que Wilgeforte avait fait : ni le tortu ni ses proches n’avaient pu deviner à quel point elle regrettait.

Mais là, elle ne pouvait plus. Ces larmes auraient dû la couvrir de honte, mais il n’en était rien. Elles montraient sa faiblesse, son humanité ? Et alors ? Elle était faible et humaine. Elles traçaient des sillons ocres parmi son visage extrêmement pâle ? Et alors ? Elle était Sicilienne. Rien n’avait plus la même importance. En fait, rien n’était plus important. Sauf une chose : elle était absoute.

Merci, parvint-elle à dire d’une voix que personne, jusqu’ici, n’avait entendue. Cette voix était teintée d’émotions, vibrait de sentiments et tremblait de sensations. Cette voix était celle de la vraie Wilgeforte, celle que personne ne connaissait jusque lors. Maintenant, une personne la connaît.
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[Seriella]

Seriella resta interdite un long moment, debout devant Wilgeforte en larmes.
C'était bien la première fois qu'elle se retrouvait dans cette situation, une cliente en larmes à ses pieds.
Enfin si on enlève les pucelles pleurant en bégayant le jours de leur mariage, parce que pour elles - contrairement à d'autres - c'était le plus boooooooooooooo jour de leur vie.
Tellement beau qu'elle recevait une demande de "divorce" ? quelques mois après en général.
Mais passons, le problème actuel, outre son baquet éventré, c'était la jeune prélat défaillante par terre.

Telle une mère elle se pencha et l'aida à se relever

Ce n'est pas vers moi que doit aller votre merci ma fille, mais vers Dieu.
Allons allons remettez-vous, ces larmes ne vous vont pas eu teint.

Puis disparaissant dans la chapelle, elle poussa le lourd couvercle de l'autel qui servait également de bar, et sa voix parvient aux oreilles de Wilgeforte

Heu... Calva ?
Ou du chouchen sinon... une petite prune ?
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SE Aaron lui même l'a dit : "C’est à regretter de n’être Lescurien de naissance" alors rejoignez nous.

[Sainte Wilgeforte]

Wilgeforte, aidée de Seriella, se releva à grand peine. Une fois debout, elle tituba légèrement et prit aussitôt appui contre un mur. En temps normal, elle aurait aussitôt embrayé sur les paroles de Seriella, expliquant qu’il fallait autant remercier Dieu que la remercier elle, car ce n’était que grâce à elle qu’elle avait pu se confesser à Dieu, de même qu’il ne suffit pas de croire pour être baptisé, et c’est bien pour cela qu’il était normal de remercier les serviteurs du Très-Haut de maintenir un lien qui, sans eux, n’existerait pas. Mais là, elle ne pouvait pas.
Elle se contenta alors de se concentrer sur la seconde partie des paroles de l’archevêque et tamponna ses joues.

Ensuite, Seriella disparut. Wilgeforte se demanda ce que le cardinal faisait jusqu’à ce qu’elle entendisse les paroles de cette dernière. De l’alcool ? Alors qu’elle venait de pleurer pour la première fois depuis… depuis… très longtemps, et qu’elle avait eu de la peine à se maintenir debout sitôt qu’elle ne fut plus assise ? Certainement pas.

De l’eau, s’il vous plait.
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[Seriella]

Seriella eut l'air embêtée. De l'eau ? Où allait-elle bien trouver ça ?
Non pas qu'elle ne consommait jamais ce breuvage, mais sa réserve d'alcool était la seule chose qui n'avait pas été découverte.

Son broc à eau été brisé ainsi que - à son grand désespoir - son baquet pour son bain. La seule eau qui se trouvait dans son logement était donc cette de ses ablutions au sol.

Elle ne pouvait guère proposer à la jeune prélate de lécher le sol, aussi elle entrevit une autre solution, qui lui permettait de la mettre gentiment dehors.

Ma soeur, descendons alors dans la cour, je vous tirerais de l'eau fraîche.

Et à l'occasion, quand vous serez remise évidement, il faudra me rendre la pareille... j'ai moi aussi à me confesser...

Sur ces paroles, elle réajusta ses vêtements et ouvrit le passage dans les escaliers branlants.
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SE Aaron lui même l'a dit : "C’est à regretter de n’être Lescurien de naissance" alors rejoignez nous.

[Sainte Wilgeforte]

La Sicilienne se rendit alors compte, laquelle lui semblait toute simple, allait se révéler être un véritable casse-tête pour Seriella dont le logis avait été mis à sac. Le visage totalement « lost » de l’archevêque le lui prouvait. Cela l’amusa. Elle rit.

Rire ! Elle avait pleuré, et maintenant elle riait. Tout cela en quelques minutes. Décidément, quelque chose n’allait pas. Si elle avait agi ainsi en Sicile, elle aurait couvert de honte toute sa famiglia : cette attitude était indécente. Pour la première fois de sa vie, Wilgeforte pleurait et riait devant un autre être humain. Cela lui procurait une sensation indescriptible.

Bien sûr, ma sœur, bien sûr. Vous n’aurez qu’à venir à la Villa Farnesina, répondit Wilgeforte de la même voix chaude et traduisant une émotivité à fleur de peau.

Souriant à Seriella, elle se leva, épousseta sa houppelande de brocart noir et la suivit.
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