L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Al Bashir Fathi Han]

Une fois arrivé dans cette cité de tous les saints, que faire, donc, sans un logis ? L'ottoman, ayant eu audience avec ce grec trop barbu pour être honnête, devait trouver un moyen de rester dans le lieu. Sa mission n'était pas terminée, le chien à la crosse allait payer !

Des heures de quête... Des palabres inutiles avec des italiens qui parlaient bien trop... des chambres hors de prix... des réduits pourris, mais toujours aussi chers... IL fallut donc se résoudre à accepter cette adresse, dans le pire des venelles romaines.

Un endroit enterré, sous un bordeau réputé pour plaire aux cardinaux. Un endroit qui puait. Un endroit qui puait le chou rance. Un endroit qui puait la paille pourrie. Un endroit qui puait les crottes de rat. Un endroit où même l'air frais était puant ! Bref, un endroit où, même lui, ne serait pas ennuyé... Car les souffrances qu'il allait endurer n'était rein en regard de la haine qu'il éprouvait pour ce chien de religieux qui avait cru bon faire l'homme, sans songer qu'il avait en face des homes vrais, et pas des pantins pleurant devant la menace romaine... Ce pouilleux, étant sans doute aussi corrompu de cœur que de bourse, allait faire au moins don de quelque organe...

[Al Bashir Fathi Han]

Le temps d'un battement de coeur, et l'ottoman avait fait de ce cloaque un endroit presque vivable.
La paille pourrie avait été sortie, et finissait désormais sa vie dans la venelle. Elle avait laissé la place à un sol pavé défoncé, mais il avait au moins le mérite d'être moins malsain.
La faible lampe à huile donnait, à cet endroit, autant de chaleur que de lumière... Mais cela suffisait à l'ottoman. Il en avait subi de plus dures, des vies, alors qu'il était devant Islam-Bol. Il restait tout de même à trouver comment évacuer l'odeur tenace, malgré le soupirail. Les graisses les plus fines étant réservées aux "grands", il n'avait pu trouver que des huiles souillées et fumantes. Pourtant, cela n'entamait pas davantage sa volonté de vouloir rester dans cette cité.
Quant à sa couche, une paillasse défoncée, au tissu sale et rugueux, elle terminait ce tableau digne des pires geôles anatoliennes.

Il avait tenté de se faire entendre avec un grec... Idée idiote, sans doute ! Mais comme celui qui se disait puissant n'avait pas eu le courage de se lancer, il s'était tourné vers celui, vêtu de rouge, qui l'avait accueilli. et toujours rien. tant pis... Il passerait outre !

Ses divagations nocturnes, dans une pénombre salvatrice, il avait tout loisir d'écouter les conversations sans attirer l'attention. des noms étaient lancés, parfois moqués, parfois vénérés... Mais un revenait souvent : celui du Seigneur responsable du Tribunal. Avisant un mendiant trop propre pour être honnête, il stoppa devant lui et joua avec une dizaine d'écus. Les pièces passaient d'une paume à l'autre, sans que son regard ne quitte celui du jeune saltimbanque.

Si tu sais écrire, ces pièces sont à toi...

La réponse fut positive, aussitôt. Sans doute le regard du jeune homme, à la fois méprisant et avide, avait amusé l'ottoman, mais il n'en montra rien. Son visage restait aussi fermé que les cuisses d'une jeune princesse. Enfin, il fallait le dire vite, pourtant... ce qu'il fit donc, et dicta son courrier à ce scribe improvisé avant de s'en rentrer dans sa cave.

Une rave de céleri allait faire le repas, ce soir. Les derniers écus avaient servis à cette demande. Mais même cette racine ronde avait de quoi satisfaire l'ottoman, trop ravi de ne pas avoir à manger un chat sans viande, ou un rat mort !

[Al Bashir Fathi Han]

Personne ne pourrait jamais plus lui reprocher sa volonté de concilier sa vision à celle de cette terre pourrie... Car il avait attendu, et attendu... Mais à l'évidence, les grands de côté du monde, comme du côté terrestre, étaient les mêmes !

comment avait-il pu croire que Justice pouvait être réclamée, ici ? Alors même que chacun se contentait de comploter pour plus de pouvoir, plus d'ascendant sur son rival... Non, décidément, l'ottoman n'avait plus rien à faire dans ce cloaque pire que les pires des capitales.

Il décida donc, un matin, de ranger ses maigres affaires...

[-Félinia-]

Ca faisait longtemps que Féli essayait de parvenir à Rome, le chemin était long et sinueux surtout pour une femme enceinte jusqu'aux yeux.
Elle se renseigna partout pour savoir si un Ottoman, du nom de Bashir, n'avait pas été vu dans les parages.
Et après bon nombre d'heures de marche, elle le trouva enfin dans une cave qui lui donna la nausée.

Mon aimé, me voilà enfin, mais que fais tu, tu ranges tes affaires ??
Tu pars et moi j'arrive ??

[Al Bashir Fathi Han]

Les maigres possessions étaient empaquetées, et l'ottoman allait je jeter dehors, et retrouver ces ruelles puantes d'hommes si... grands ! Mais à sa surprise, il ne put rien en faire. Elle était là... Elle ! Et malgré les douleurs qu'ils s'infligeaient, ils étaient toujours là, l'un pour l'autre.
Il laissa tomber le paquet de tissu, contenant ses froques, et la saisit dans ses bras, la tenant aussi près de lui que son ventre rond le permettait.

Bayan, Bayan.. Mais que viens tu faire dans ce trou ? Je m'apprêtais à rentrer ! Ces chiens en calotte n'ont aucune notion qui permette d'imaginer qu'ils soient humains ! des jours que ces pouilleux auraient du me répondre !

Et toi... Tu viens donc dans ce cloaque ?

Bien que son visage impassible n'avait pas donné la mesure de la joie qu'il ressentait à la sentir, elle et l'enfant, vivant, et ici, avec lui, la pression qu'il exerçait avec ses bras suffisait à démontrer le cœur qu'il s'efforçait de réprimer.

Mais ne reste pas là... les romains chient par les fenêtres... Sans doute plus chic qu'à Toulouse !

L'ottoman attira sa femme vers l'intérieur, et entreprit de faire bruler à nouveau les lampes. Bon, l'odeur... Mais que lui importait, à vrai dire ce que l'environnement offrait... ou non... Seule comptait cette blonde intrépide et forte !
Il jeta un marmiton sur les braises, et les raviva pour avoir de l'eau chaude. IL invita l'infirmière à s'asseoir sur la paille encore fraiche de la veille.

repose-toi, un instant... Je te fais un bol de soupe. Elle sera claire, je n'ai rien d'autre que ces morceaux de raves. Mais elle sera chaude ! En attendant, dis moi donc... Pourquoi es-tu là ? Ne t'avais pas dis que je voulais entendre ceux qui brandissent leur foy comme pour effrayer les corbeaux au dessus d'une parcelle ?

[-Félinia-]

Le sentir contre elle valait tous les sacrifices du monde, toutes les langues mal pensantes et médisantes.
Ils étaient l'un contre l'autre, amoureux fous, fidèles, honnêtes avec leurs pensées et leurs coeurs.

J'ai averti les enfants que je te rejoignais, mais je leur avais pas dit quand, ils m'auraient pas laissé partir sinon.
Tu les connais

Elle lui sourit et se laissa guider à l'intérieur, elle s'efforça de ne pas lui montrer que l'odeur l'incommodait énormément.

Elle s'assit retira ses chausses, elle avait les pieds en feu.

Que ça fait du bien de les retirer ! Ouuuuhhhhhhhhh !

Elle le regarda cuisiner et lui sourit pour le mettre à l'aise.

Ce que tu feras m'iras très bien.
Je suis venue te soutenir et demander réparation pour les actes irrespectueux de montseigneur Pierroleon.
Tu es là depuis combien de jours ??
Je comprends pourquoi tu deviens fou, tu tournes en rond ici, toi qui aime tant le grand air, la forêt.
Comment peut on laisser un homme dans un tel bouge, alors qu'eux baignent dans le luxe et la volupté et qu'ils disent qu'il faut faire preuve de compassion envers son prochain, c'est ironique...

[Al Bashir Fathi Han]

Tout en secouant la soupe sans grande consistance, l'ottoman fit non de la tête.

Rien à voir avec l'ironie, Bayan. Il s'agit de faire sentir la supériorité, vois-tu ? Pourtant il me semble connaitre de vrais "grands" de ce monde, et ils n'agissent jamais de la sorte. Mais peu importe cela.

Ce qui importe c'est que tu sois là !

La température montait doucement dans cette cave humide, mais les pieds de la blonde était encore rouge de froid. L'homme cuivré lacha la cuiller de bois dans le marmiton, et s'avança, en se frottant les mains. La friction rapide eut pour effet de chauffer ses paumes, et enfin sur de la chaleur dégagée, il se mit à masser lentement la plante des pieds de la blonde.
Les gestes étaient aussi lent que le visage de l'ottoman était impassible. Il entreprit aussi de détendre les orteils, malmenés par un hiver rigoureux. De temps en temps, un regard noir se levait vers les yeux d'acier.

Des jours que je suis ici... des jours ! et la seule réponse que j'ai eu a été une menace à peine voilée de la part du grec ! J'en ai appelé au grand maitre des broyeurs d'hérétiques. Mais il est sans doute sourd et aveugle, pour qu'il n'a pas même pris la peine de me renvoyer chez nous...

Et pourtant, il l'avait attendu cette réponse : il s'y était préparé, même au pire ! Mais ces pouilleux à croix avaient en toute vraisemblance un devoir de protéger leurs coreligionnaires, même les pires rats ! Ils semblaient s'amuser, davantage, à conserver la terreur dans les terres du royaume, afin de garder une main forte sur une population idiote, mais docile...

[-Félinia-]

Que comptes faire ?
Restez ici ? Pour combien de temps ?
En quoi puis je t'être utile amour ?

Elle appréciait les massages de son aimé et retrouvait peu à peu ses sensations dans ses orteils

[Al Bashir Fathi Han]

Rester ici ? mais pour y faire quoi ? Voir les champignons pousser sur mes pieds ?

L'ottoman donna un tour de cuiller, dans le pot qui dégageait une odeur un peu sourde. La rave était abimée, et le cœur était piquant, comme un radis trop vieux. Il plongea la main dans son sac, et en sortit quelques feuilles sèches, et les jeta dedans. Une légère brume se fit, donnant à l'ensemble un bouquet moins dur... Presque agréable.

Non, Bayan... j'ai fait mon devoir, en perdant mon temps, ici... Si les chiens ont peur, qu'ils restent à la cuisine ! JE veillerai sur mon troupeau moi-même !

IL versa, ensuite, avec précaution, un peu de soupe dans une jatte en bois, fendue un peu sur le coté. Mais le liquide chaud regonfla rapidement la faille, et la soupe ne suinta plus.

[-Félinia-]

De toute façon je suis là et ta décision sera mienne.

Elle le regarda faire avec intérêt.
Elle entendit son ventre gronder et sentit l'enfant remuer

Je crois que nous avons faim !

Elle lui sourit

Nous reprenons la route quand ?

[Al Bashir Fathi Han]

Un peu après avoir bu lui-même un peu de soupe, l'ottoman reposa le bol de terre, avec lenteur et précaution.

D'abord, tu te reposes ! Voyager ainsi, grosse, c'est peu prudent ! et puis, Bayan, je ne pense pas, à vrai dire, en avoir fini avec ces chiens. Ils veulent montrer leur supériorité ? Ils ont sans doute cru que j'étais un pouilleux moi-même !

Un sourire presque inquiétant, mais le blonde savait voir au delà... et ce, depuis toujours ! et il ne faisait jamais semblant, quoi qu'il lui en coutait parfois.

Quand ils en auront assez de m'entendre gueuler, dans leurs couloirs, et tant que ce chien ne recevra pas une trempe pour avoir conchié un beau tapis, je resterai !

et l'ottoman de lui serrer les mains, avec force, et conviction.

[-Félinia-]

J'irais le voir et demanderais audience !

Elle finit son repas et se blottit dans ses bras

Demain j'irais le voir et je lui parlerais
Pour ce soir j'ai envie de t'aimer, rien d'autre.

Elle lui sourit et l'embrassa