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[RP fermé] Huis clos

 
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Eugène



Inscrit le: 30 Juil 2011
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MessagePosté le: Sam Juil 30, 2011 8:14 pm    Sujet du message: [RP fermé] Huis clos Répondre en citant

Depuis combien de temps était-il là ? Il était incapable de répondre à cette question. S’il était écrit dans le Livre que « la vie se manifestait par un mouvement incessant », l’homme n’en avait plus aucune perception depuis qu’il était dans cet état. Il avait d’abord cru que cela ne saurait que concourir à renforcer sa sainteté, le plaçant dans un état proche de celui du Très-Haut, mais très vite il se ravisa : Dieu n’était pas soumis au mouvement mais, par l’observation qu’il en faisait, en possédait la perception. Lui non.
En réalité, si l’on devait rapprocher sa situation de celle d’un être dans vivant – ou plutôt survivant – dans d’autres conditions, c’est vers l’ermite qu’il fallait se tourner. Mais lui était un ermite forcé. Cela faisait longtemps qu’il l’était, d’ailleurs, mais cela s’était encore accentué depuis qu’il était là. Longtemps. Le temps. C’est le temps qui change tout.

Lentement, l’homme se leva. l’effort fourni dans ce geste fut plus important et plus douloureux que ce qu’il avait évalué. Depuis des années déjà, il passait sa vie à peser le pour et le contre de chaque mouvement, estimant s’il retirerait plus de bénéfice à se mouver dans la souffrance ou à stagner dans un confort somme toute extrêmement relatif.
Il était un homme malade. Depuis toujours, sa santé était précaire ; à un point tel qu’il aurait été incapable de préciser à partir de quel moment elle périclita. Cela était de notoriété publique, d’ailleurs ; aussi ceux qui le maintenaient là, dans ces conditions et dans cet état, agissaient-ils en parfaite connaissance de cause.
Il n’avait même pas assez de force pour se révolter. C’est avec angoisse qu’il sentait confusément que, d’ici un certain temps, il allait, pour la première fois, se résigner. Ses dernières forces allaient le quitter peu à peu, et ce ne sera alors plus péché que d’abandonner. Cette idée aurait dû le réconforter ; mais l’homme s’en désolait. Cela signifierait qu’il n’aura décidément été bon à rien.

À rien à part étudier. C’était là un des traits de son caractère qui le caractérisait le plus : il avait une surprenante capacité à s’enfermer des jours, parfois des semaines entières avec ses livres, énormément d’eau et quelques nourritures frustes pour seule compagnie. Son séjour ici ne lui aurait d’ailleurs presque pas été pénible avec de l’eau et des livres : ses deux aliments préférés lui auraient aisément fait oublier la terrible humidité du lieu, humidité qui faisait indiciblement souffrir le goutteux qu’il était.
Peu avant d’échouer ici, c’est avec une ineffable tristesse qu’il avait appris l’abdication de Lévan le troisième. Il avait toujours senti de grandes affinités entre ce roi honni et lui. Tous deux, par la grâce de Dieu, la volonté des hommes ou la force des choses, menaient une vie fort similaire : leur nom était devenu le symbole de la délégation à l’outrance, leur règne était perçu comme une imposture et nombreux étaient ceux qui, chaque jour, priaient le Très-Haut pour que la Terre soit délivrée de leur présence. Et à tous deux, cela indifférait de la manière la plus totale. Car ils avaient les livres. Ils n’auraient supporté de mener cette vie d’ermite s’ils n’y avaient été contraints, tant l’idée du péché leur était détestable, mais ils considéraient que la coercition à vivre de leur unique plaisir était un don de Dieu.

Laborieusement, il tenta de faire quelques pas. Ses articulations le faisaient souffrir au-delà du dicible, mais il n’aurait pu se rasseoir sans l’avoir constaté de lui-même une nouvelle fois. Regardant les murs nus autour de lui, il s’amusa à penser que la plupart des prisonniers faisaient le compte des jours passés dans leur lieu de captivité, alors que l’idée ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Il y avait une raison fort simple à cela : la plupart des prisonniers étaient parfaitement libres avant le début de leur captivité. Lui ne faisait que passer d’une prison dorée à une prison lugubre. Il aurait dû commencer à compter depuis bien plus longtemps que son entrée ici.
Ses articulations, endolories par un mouvement d’autant plus pénible qu’il était devenu inhabituel, lui hurlaient de retourner s’asseoir où il était quelques minutes avant mais, dans un suprême effort de volonté, il les fit taire et se dirigea vers la grille. Il s’y appuya et, rassemblant les derniers semblants de forces qu’il lui restait après cette opération, prit plusieurs profondes respirations avant de tonner, d’une voix qui se voulait étonnamment peu chevrotante :


J’ai soif !

Dehors, il pleuvait. Une averse de juillet crépitait sur les vitres enchâssées de plomb. Le temps. C’est le temps qui change tout.
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Thibaud Lechartreux



Inscrit le: 30 Juil 2011
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MessagePosté le: Sam Juil 30, 2011 9:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Qu'il faisait sombre dans ces geôles. Le peu de soleil qui traversait les vitres sales ne suffisait qu'à éclairer chichement les jours qui passaient inexorablement. La nuit, une unique torche, dernier rempart contre les ténèbres, grésillait désagréablement, manquait parfois de s'éteindre avant que Thibaud ne daigne laisser quelque éclairage nocturne.

D'un teint lunaire, aux cheveux roux dont le manque de tenue frisait l'insolence, pourvu de grands yeux bleus dans lesquels il était aisé de sombrer, le geôlier d'Eugène tranchait sur les masses abruptes et grossières des gardes habituels. Les ongles propres tintèrent gaiement contre les barreaux de fer, quand, à l'appel du prisonnier, Thibaud l'honora de sa présence.

Etait-il grand ? Difficile à dire, il semblait des plus communs, aucun trait ne le distinguait d'un autre roux aux autres yeux, si ce n'était cette expression perpétuelle sarcastique sur ses traits, comme si la vie n'était qu'une vaste blague. Peut-être était-ce le cas d'ailleurs ?
Il avait très bien entendu la requête d'Eugène, mais préféra jouer avec les nerfs du vieil homme.


Allons donc vieillard, qu'es-tu encore à réclamer ?
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Eugène



Inscrit le: 30 Juil 2011
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MessagePosté le: Sam Juil 30, 2011 10:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un de ses tourmenteurs s’approcha. Eugène ne savait même plus s’il l’avait déjà vu ou s’il le rencontrait pour la première fois, tant envers lui tous avaient la même attitude détestable. Au vu du peu de temps que celui-ci avait mis pour venir jusqu’à lui, il était impossible qu’il n’ait pas distinctement entendu la requête d’Eugène – aussi ce dernier était-il certain que ce geôlier était tout aussi cruel que les autres.

Tous agissaient de la sorte, et Eugène ne le comprenait pas : qu’avait-il fait pour mériter ça ? Il ne s’était certes attendu à aucun égard – et pourtant Dieu savait que son rang lui en donnait le droit –, mais il était loin d’imaginer le déchaînement qui allait se produire. Tous faisaient du zèle, allant bien au-delà des consignes qui leur étaient données – il le savait.

Le pire pour Eugène était de n’avoir d’autre choix que de collaborer. C’est donc d’une voix qui se voulait ferme mais dépourvue de grandiloquence qu’il répéta, feignant d’accorder du crédit à la mauvaise ouïe de son geôlier du jour et ignorant le mépris contenu par presque chacun des quelques mots qu’on venait de lui lancer à la face :


Je disais que j’avais soif.

Puis il réfléchit et ne parvint pas à se remémorer l’image du jeune homme. Il conclut que celui-ci le voyait peut-être pour la première fois, sans pour autant acquérir là-dessus la moindre certitude tant sa mémoire visuelle était défaillante et tant les conditions exacerbaient cette tare. N’ayant décidément plus que jamais rien à perdre, il tenta quelque chose :

Soif d’eau et de vertu. Vous serait-il possible de satisfaire ces deux besoins en me portant de quoi me désaltérer ? Tout liquide et toute édition du Livre des Vertus fera l’affaire.
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Thibaud Lechartreux



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MessagePosté le: Dim Juil 31, 2011 11:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Thibaud sourit, de ces sourires narquois qu'il arborait si souvent.

A quoi bon la vertu, vieillard ? As-tu pensé à te confesser ? Parce que le Livre ne te servira à rien ici...

Thibaud disparut un instant, et revint portant un carafon du plus pur cristal, qui miroitait malgré la faible lueur prodiguée par la torche et le soleil. Dans l'autre main, il avait un livre épais, relié de cuir. Il glissa l'ouvrage sous son bras, et d'une main déverouilla la cellule, pour y pénétrer.
Eugène pouvait constater que Thibaud était vêtu d'un velours tout à fait luxueux, dont le tissu chatoyait à chacun de ses mouvements. Sur le guéridon qui meublait humblement la cellule, il déposa le carafon, ainsi que le Livre.

Au loin, une cloche sonna trois coups.


N'est-ce pas plutôt le moment de réfléchir à votre vie désormais écoulée ?

D'un pas léger, Thibaud ressortit de la cellule, dont il referma la porte d'un coup sec. A travers les barreaux, il regarda Eugène, attendant sa réponse.
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Eugène



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MessagePosté le: Lun Aoû 01, 2011 6:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Devant une telle arrogance, Eugène préféra ne pas répondre à la question qui lui était posée. D’ailleurs, Thibaud lui-même n’attendait pas de réponse, et déjà disparaissait dans les méandres de la forteresse San-Angelo. Allait-il revenir avec ce qui lui avait été demandé ou allait-il laisser Eugène espérer en vain pendant de nombreuses minutes ?

Bientôt, il eut sa réponse. Quel luxe... Mais surtout quelle ostentation. Impossible qu’il effectue ce travail par foi. Il le faisait par un quelconque intérêt ou par obligation. Eugène était victime du second tranchant de l’arme de l’habitude de la pensée : il ne pouvait plus arrêter d’analyser et d’échafauder des hypothèses. Là, il s’imaginait que ce jeune freluquet était l’oncle d’un archevêque ou d’un haut préfet qui s’était servi de son parent pour accéder à ce poste et, par népotisme, observer les puissants et devenir lui-même puissant. Déjà, Eugène se demandait comment il allait pouvoir connaître son nom.

Thibaud déposa le livre et le carafon puis repartir vers la sortie de la cellule. « Suppôt de Belial », pensa Eugène. Il faillit le prononcer, d’ailleurs, mais il n’était pas tout à fait certain de ne plus avoir besoin de lui. Il pensa aussi que, malgré son impotence, il aurait pu tenter de le molester lorsqu’il étai retourné. Cette évasion aurait été des plus rocambolesques, digne d’un Borgia ou d’un Farnèse, et aurait plongé certains dans un embarras certain.


La vertu, mon fils, ne peut se passer de pensée ; et la pensée ne peut se passer de vertu.

Cette réponse avait été mûrie. Elle répliquait aux deux questions que Thibaud lui avait posée et était prononcée avec une voix savamment modulée, voulant transmettre à la fois des idées de sagesse, de mystère, de pardon et de résignation.

Eugène se dirigea vers la guéridon et but un peu d’eau le plus dignement que son état d’assoiffé et l’absence de verre lui permettaient. Quelques secondes, il se demanda si l’on n’avait pas glissé du poison dans cette eau ; mais cette idée lui sembla stupide : si on avait voulu le tuer, on l’aurait fait il y a bien longtemps. On le voulait donc vivant, et sa mort aurait plutôt nui à ses geôliers.
Il dirigea ensuite sa main vers le livre, ayant mis à profit le temps de sa boisson pour chercher et trouver un passage du Livre bien senti qui illustrerait à merveille ses propos. Il dut faire preuve d’un contrôle de soi qu’il n’avait que peu sollicité ces dernières années pour dissimuler sa surprise en y découvrant des gravures érotiques. Il referma le livre lentement et se retourna vers Thibaud de même.


Si vous m’amenez le vrai Livre des Vertus, je vous apprendrai un des secrets qu’il recèle.
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Thibaud Lechartreux



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MessagePosté le: Jeu Aoû 04, 2011 10:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Thibaud ne retint pas son sourire en voyant la tête d'Eugène face au livre. C'était de la provocation purement gratuite, il en avait parfaitement conscience. Le livre fut refermé et Eugène réclama à nouveau un ouvrage saint.

Pourquoi pas, après tout...

Thibaud disparut, ses pas s'éloignant au fur et à mesure dans le couloir. Combien de temps s'écoula ? Difficile à dire, cela pouvait paraitre une éternité, ou bien une expiration.

Les pas se firent à nouveau entendre dans le couloir, et Thibaud revint devant la porte, qu'il ouvrit, avant d'entrer dans la cellule.
Cette fois-ci, avec toute l'arrogance qui était sienne, il toisa Eugène, et lui tendit le Livre des Vertus.


Alors ?
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