L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[roi-lezard]

(*) citation du Best Seller : La Bible, par Saint Paul, épître aux Romains et ça tombe bien.







Puisque tous les chemins mènent à Rome ...



Printemps de l'AN de Grâce 1460.


Le Condottiere Raoul de Montjoye accompagné de certains de ses plus féaux compaings aventureux, formant alors légère troupe de voyageurs dont les ombres stoïques semblaient percer les dernières brumes de l'aube par leur marche résignée, s'étaient vus quelques temps auparavant contraints par décret impérial de prendre les sentiers de l'Italie en pèlerin pénitents.

La Borgia élue par la voix du peuple avait ordonné, alors les preux avaient obtempéré.

Ils avaient entrepris d'accomplir leur détour romain entre deux campagnes militaires d'envergure au service du Roy de France et sous la bannière de l'invincible armée de son frère le Prince de Pontoise. Tandis que l'Occident était en proie à dangereuse recrudescence des actes de félonie, les souverains ne lésinaient point sur le recrutement des franches compagnies de soldats de fortune qui à n'en point douter offraient à bon prix la meilleure des chair à canon, mais aussi quelques uns de ces héros qui possédaient l'art et la manière de faire basculer une guerre dans un camp ou bien dans l'autre.

Mais quel crime odieux reprochait-t'on à ces beaux Diables pour les envoyer ainsi faire acte d'humilité et de repentance aux pieds des hauts dignitaires de l'Aristotélité et jusqu'au seuil des tombeaux des Apôtres de Christos ?

Non moins que celui de lèse-majesté, du moins leurs détracteurs s'en été laissés convaincre. Mais les accusés, eux, avaient la conviction bien ancrée en leurs fors intérieurs qu'ils n'étaient qu'une délégation de boucs émissaires condamnés à expier les pêchés d'autres Démons dont les sortilèges demeuraient injustement impunis.

Ils avaient eu l'audace de fomenter une conjuration contre la tyrannie des Sparte qui assombrissait en déployant ses ailes noires de rapaces le ciel de la Lotharingie. Ils s'étaient opposés au péril de leur Vie et de leur Honneur à cette dynastie que ni le droit électif ni le droit du sang n'avait légitimé et qui menaçait à leurs yeux de faire sombrer le Royaume dans une fange de médiocrité absolue. Ils avaient voulu faire ressurgir la Lumière depuis la profondeur de Ténèbres insondables par la seule force de leurs bras. Tout ce qu'ils avaient réclamé ne concernait en rien Vanités ou Biens égoïstes, non, ils avaient lutté pour le Salut de tout un peuple. Ils avaient dénoncé le Parjure de la Foi, l'étouffement des Valeurs aristocratiques que l'on avait soudainement soumises à la Loi d'un despotisme népotique. Ils avaient passé le cours du Doubs tel César en avait fait autrefois du Rubicon, ils avait assiégé la capitale du Royaume et exigé l'abdication d'un Roy indigne.

S'ils avaient obtenu la chute de ce prétendu Roy et de sa famille cupide, c'était car le Très Haut n'en avait pas voulu autrement.

Alors ils parcourraient désormais la Via Francigena à destination de la Ville éternelle, nobles et simples soldats coudes à coudes, tous unis dans la Foi et l'Amitié, n'ayant plus à partager désormais que l'eau et le pain du jeûne. Ils avaient quitté le Palais des Ducs de Bourgogne que leurs armées venaient de libérer ainsi que leurs frères d'arme de la Memento Mori pour rejoindre la route d'Avignon puis les sentiers de la côte ligure, traversant les campagnes génoises pour rejoindre Pise et trouver enfin leur sainte destination au Sud.

Tandis que face à eux se dressait enfin la capitale du Monde Aristotélicien, après un éprouvant périple rendu supportable par le seul amour du divin, leurs yeux pétillèrent d'exaltation.

Ils étaient venus à Rome quérir le Pardon, mais peut-être allaient t'il aussi y trouver la Justice.

Celui que l'on surnommait le Lézard s'exclama alors :


" Mes compagnons, mes frères, voilà notre périple accompli. N'oublions pas qu'à Rome l'on doit vivre en respectant les coutumes romaines. Dieu nous regarde. "


Et ainsi ils passèrent l'enceinte fortifiée de la ville et pénétrèrent ses faubourgs grouillants de sa populace effervescente et citadine.
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[gamalinas]

Au pain sec et à l'eau tiède chauffée par le soleil. Voici une bien belle marche pour ouvrir les sens au Divin et acquérir un corps à toute épreuve. Dans sa grande mansuétude, sa Majesté l'Impératrice avait donné à ses gens les plus fidèles l'entraînement qui lui serait bénéfique un jour certain. La France était déchirée de parjures, l'Empire le sera peut être rapidement. Dans ce cas horrible, les gens de Savoie et d'ailleurs seront fin prêt pour aider leur Souveraine.

Guidé par le Très Haut sur toutes les routes menant à Rome, Gamalinas avait une pensée pour son Filleul Synésios. Sa dévotion le menait vers de plus grandes charges et même à Rome ; peut être que le Parrain allait le croiser sur la Place d'Aristote...

Arrivait dans les faubourg de la Sainte Cité, les yeux s’éclairèrent. Tant d'histoire rangée dans un si petit endroit. Les murs respirant l'antique et le moderne. C'était une belle ville à l'image de Venise ou Constantinople. Le groupe croisa plein de gens, des personnes parfois très différentes. Le temporel et l'intemporel se mariait si bien dans cette enceinte ensoleillée. Un vrai sas entre le Très Haut et les hommes.

-Où devons-nous aller à présent ?

Parole d'un égaré dans le tumulte des hommes.
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[Bastien de Louhans]

Quel épouvantable abus de pouvoir que de récompenser les gras-doubles qui méritaient de s'être fait assiéger, et de punir les justes défenseurs de leur pays. Qu'espérait-donc l'impératrice ? Qu'ils trouvent la sagesse à Rome ? A Rome ?! Là où ils pourraient vérifier que justice et conviction étaient des vertus aristotéliciennes, à la différence de corruption et foi en rien ? Non, bien sûr, c'était juste pour éloigner les bourreaux des victimes. Des victimes cachées profondément dans les jupes de l'impératrice, et trop terrifiées pour risquer de sortir de leur palais sans une puissante escorte. Et des bourreaux qui n'avaient commis aucune violence physique sur les courtisans, et avaient autre chose à faire que suivre leurs ordres. Mais hélas c'est aux plus intelligents de céder. N'empêche que la bêtise était fort tentante, en ce jour d'arrivée à Rome.

Maussade, Bastien enrageait d'être venu jusqu'ici. Monté sur son destrier, il suivait les autres partisans de la conjuration, ceux qui s'étaient fait reconnaître pendant le siège de Sparteville. Il était déjà venu avant ce jour dans la ville éternelle, et envoyait un serviteur faire tous les mois sont rapport à l'office du grand camérier, mais il n'était encore jamais entré dans les lieux saints. Cette sinistre farce servirait au moins à quelque chose. L'architecture de Saint-Titus et les reliques qui y reposaient valaient qu'on vienne s'y recueillir. Mais pas en pleine guerre contre les brigands et les félons.

- Où devons-nous aller à présent ? demandait Saint-Gervais.

- La basilique est par là je crois. Il faut qu'on trouve quelqu'un qui atteste qu'on est bien venus, sinon les courtisans vont considérer que la punition qu'ils nous infligent au travers des personnes qu'ils manipulent n'est pas effectuée. Peut-on entrer dans une maison et forcer la personne qui l'habite à reconnaître par écrit notre venue en ce jour ? Sinon la prochaine fois ils vont nous envoyer à Jérusalem, en espérant qu'on se fasse tuer en chemin.
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[Bastien de Louhans]

Toujours d'aussi mauvaise humeur, Bastien eut une impression étrange.

Raoul ? Ils sont où les autres ? Arrêtés dans une gargote pour se ravitailler, j'espère. Déjà que la moitié nous a lâché pour Besançon, maintenant si les autres refusent de venir à Rome, on va avoir l'air de quoi ? Il n'y a que nous ici ?

Le Bressan regarde Gamalinas et Raoul. Ils étaient trois. Trois personnes pour assiéger Besançon ? Non, personne n'y croirait, même à Rome, la ville où on sait que la foi transporte des montagnes.
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