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L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Forum RP de l'Eglise Aristotelicienne du jeu en ligne RR Forum RP for the Aristotelic Church of the RK online game 
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Navigius

Inscrit le: 18 Sep 2007 Messages: 2965 Localisation: Orléans, Orléans
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Posté le: Sam Aoû 22, 2015 4:48 am Sujet du message: [RP] Tous les chemins mènent à Rome |
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RP : Rebonjour à tous! Quel plaisir que de reprendre la plume. Que tout ceux qui souhaitent participer le fassent avec grande ouverture!
C’était un de ces matins d’été où l’air frais se faisait maître de la Cité-Éternelle pendant un moment fugace avant de battre en retraite sous les rayons d’un Soleil impitoyable chauffant les galets et le marbre de Rome. La Ville-Éternelle bouillonnait comme à son habitude d’une activité rappelant presque des jours plus heureux et glorieux, écho fugitif d’une époque ancienne et lointaine. L’heure était celle lors de laquelle l’on pouvait entendre, en se promenant entre les rues étroites, les prières et psaumes récités dans le confort des maisons, le luxe des palais et l’humilité des couvents. Rome la pieuse se tournait vers le Ciel, ainsi bas, en son sein, le simple peuple et son lot d’escroc de tout acabits s’affairait à la possession de cette ville qui rapidement leur échapperait à nouveau, sous l’affluence des litières, des mitres et des étoles.
Plus que ce portrait du quotidien romain, la cité trahissait ses airs ennoblis d’encens et d’or par une odeur qui était si caractéristique qu’elle faisait frétiller la narine de quiconque ne l’avait fréquenté récemment, véritable catin olfactive. Cette touche de putréfaction se mêlait aux effluves et se rappelait à la mémoire du vieil homme, car il devait bien être dans la cinquantaine, un âge tout à fait vénérable en ces temps. Cachant le Soleil de sa main, il plissa le visage afin de distinguer son entourage, les attraits de Rome, sa beauté et ses défauts, lui frappant l’esprit et le propulsant dans ses souvenirs.
La canne frappa le sol avec son bruit mat mais décelant une touche de vigueur renouvelée. Le bruissement de la sempiternelle soutane noire sur le galet se fit entendre de nouveau. Lissant sa barbe, l’ecclésiaste italien s’avança à nouveau dans la Ville qui représentait à la fois toutes les vertus mais aussi la tentation de tous les vices.
Avisant un simple banc en marge de la Place d’Aristote, sobre emplacement magnanime dans l’ombre qu’il offrait, l’évêque in partibus de Caesariana se reposa quelqu’instant, feuilletant son bréviaire avec les murmures de l’initié. La douceur du matin était autant de plaisir que la liberté dont jouissait le prélat, lui qui laissait désormais au Très-Haut le soin de le guider en toute chose. _________________ Évêque Suffragant d'Orléans
"Sic nos sic sacra tuemur" |
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Yut

Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 8076 Localisation: Lyon
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Posté le: Sam Aoû 22, 2015 8:21 am Sujet du message: |
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Le prélat ne dormait que fort peu durant ces lourds moments dans lesquels il était pris, à son plus grand dam, ceux d'une guerre fratricide entre l'Empire, sa terre d'adoption, et la France, lieu de sa naissance. Ces combats, qui duraient depuis la mort de la défunte impératrice Jade de Sparte, avaient causés beaucoup trop de troubles, beaucoup trop d'innocents tués sur les champs de batailles, que ce soit d'un côté ou de l'autre de la frontière.
Sorti doucement de son sommeil dès l'aube par les premiers rayons qui filtraient par la fenêtre du large Palais qu'il avait fait construire sur le Quirinal, prime rencontre du merveilleux avec de l'astre solaire.
Les deux billes grises se fixèrent sur le buste d'Aristote qui trônait dans le coin de la pièce, un fin sourire se dressant sur sa lippe inférieure alors qu'il se levait pour gagner une pièce attenante à son appartement, où un large bureau de chêne était positionné devant une grande tapisserie de perse que le prélat avait acheté, il y avait de cela un peu d'un an, à un marchand d'eunuques venus d'orients, et destinés à activités bien trop peu aristotéliciennes pour que quelconque cardinal normal s'y intéresse... Et pourtant. Mais lucrative affaire avait est-ce été, il fallait en convenir.
S'asseyant sur le haut fauteuil de bois, rembourré de confortables coussins carmins, il prit entre ses doigts les parchemins qui lui avaient été parvenus dans la nuit, beaucoup trop nombreux. Les affaires du Borgia le menant de Strasbourg à Rome en passant par Lyon et allant même jusqu'à Valence, lorsqu'il était occupé en son Palais Romain, il se devait d'être en permanence à l’affût de toute nouvelle, et c'est des quatre coins des Royaumes occidentaux qu'étaient scellés les missives qu'ouvrait machinalement le lyonnais tous les matins, les yeux plissés derrière ses binocles, les lisant avec une attention des plus méticuleuses. C'est après une séance de deux bonnes heures de lecture, puis d'écriture, que le merveilleux se releva lentement, portant sur ses épaules son écarlate soutane, sur laquelle il revêtit une longue cappa magna de pourpre.
Il se devait de sortir. Après avoir été encloitré pendant près de deux heures, tel les moines de son Abbaye de Stavelot-Malmedy, avec comme unique compagnie celle de sa plume qui grattait sur le vélin, l’action des débats houleux des Assemblées épiscopales ou de la Curie Romaine lui manquait. Et cela faisait qui plus est parti des attributions liées à sa tâches, aussi se devait-il de se rendre pour ce jour en le Sacré Collège pour une énième séance en compagnie de ses confrères pourprés. Les deux chausses rouges dévalèrent les escaliers jusqu’à se rendre dans le grand hall d’entrée du Palais cardinalice, et c’est encadré d’une demi-douzaine de gardes épiscopaux, et suivi de son plus-que-fidèle-secrétaire qu’il sortait de sa demeure. Vaisseau-amiral suivi de son habituel armada, il rejoignait à pas lent la Place d’Aristote déjà grouillante d’activité, pour y prendre un brin de repos avant de se lancer à nouveau dans tous les tourments impétueux d’une vie beaucoup trop remplie.
C’est en voguant dans ses pensées, son index faisant rouler l’imposant anneau cardinalice d’or serti de rubis contre son annulaire gauche, que le prélat vit chacun de ses sourcils s’arquer brusquement, ses deux opales détaillant au loin ce que son cerveau refusait de croire, mais qui semblait pourtant si palpable à sa vision. Étais-ce Navigius? Un signe de main au Lieutenant de sa garde pour qu’il l’accompagne alors qu’il bifurquait pour rejoindre l’endroit, un peu retiré sur l’arrière de la Place d’Aristote, à l’ombre, où un vieil homme était assis, tranquillement. En s’approchant de celui-ci, il semblait qu’il s’agissait effectivement de l’ancien Primat de France, vieil ami de l’actuel Primat d’Empire, dont les traits semblaient avoir encore vieilli depuis qu’il avait rendu sa démission de l’Archevêché de Tours déjà deux ans auparavant maintenant. Ce simple souvenir n’était pas pour rajeunir non plus le presque-quarantenaire de Lyon, dont les pupilles parcouraient avec un étonnement mêlé à une joie qu’il arrivait difficilement à contenir l’évêque. S’approchant à une courte distance de celui-ci, dictant à ses gardes de rester éloignés, il adressa à son collègue un franc sourire.
Mon très cher frère Navigius, est-ce bien vous?
Peut-être lui-même aurait-il de la difficulté à le reconnaître, sous ses vêtements désormais d’une autre couleur. Il n’en savait rien; pour l’instant, tout ce qui comptait, c’était de savoir si oui ou non il avait bien vu réapparaître Navigius di Carenza. _________________

« Les paroles sincères ne sont pas élégantes ; les paroles élégantes ne sont pas sincères. » |
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Navigius

Inscrit le: 18 Sep 2007 Messages: 2965 Localisation: Orléans, Orléans
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Posté le: Dim Aoû 23, 2015 5:05 am Sujet du message: |
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La brise soufflait doucement, portant un répit aux pèlerins épars qui allaient et venaient sur la Place d’Aristote, venus à Rome pour la plupart d’entre eux à la recherche d’un accomplissement spirituel, le terme d’un long pèlerinage expiatoire. La foy, bien que malmenée par la noblesse, était et demeurait toujours le ciment profond qui liait l’humanité toute entière et lui donnait une cohésion qui, bien que mise à mal par les conflits politiques, lui permettait aussi de se revêtir de la plus pure noblesse lorsque confrontés à de graves périls.
Ce tableau de la vie quotidienne des Romains et de leurs invités se trouva brouillé un instant par le convoi de quelqu’homme d’église à la facture fort importante et d’égale grandeur. Le passage d’un cardinal, sur la Place, causait toujours un émoi chez le bon peuple qui s’impressionnait toujours de côtoyer un prince de l’Église autant que chez le courtisan, qui en habitué des antichambres, n’hésitait jamais à quémander quelques faveurs à l’occasion d’un moment fugace sur le passage dudit prélat.
Léger sourire en coin, l’italien observa la scène de son emplacement privilégié, avec le calme et la béatitude du retraité sur lequel ne pèse plus que les charges de la conscience et de la mémoire. Son doigt filait sur les lignes de son bréviaire, un passage quelconque de Sainct-Origène au sujet de l’humilité dans lequel il s’était tant de fois réfugié que l’encre en avait pali à l’usage.
Une étincelle se fixa au fond de sa pupille lorsque le convoi fit un détour sans appel vers son humble banc. Le doute se dissipa à mesure que le cardinal approcha, le fixant comme s’il était une émanation passée ressurgie d’outre-tombe. Certes, les habits rigoristes de l’italien étaient passés de mode, depuis un bon quarante ans, mais il avait toujours soigneusement évité de passer l’arme à gauche, ou comme l’on disait plutôt dans le métier, de passer la crosse à gauche.
Il se leva doucement, le mouvement plus ferme qu’il ne l’eût été auparavant, tel un vieux chêne qui se roidit avec l’âge. Un bref moment lui resta pour épousseter sa soutane, geste dont la futilité se mira dans le velours éclatant des habits cardinalice. Son regard se baissa tout naturellement en signe de respect mais n’en perdit pas moins le détail de son interlocuteur.
Un torrent de souvenir se déversa dans sa tête alors qu’il revit l’ami et l’acolyte d’une vie qui lui paraissait bien antérieure. Il sourit, de ce sourire de vieil homme qui trouve toujours que le destin est une chose bien curieuse qui ne manque jamais d’étonner. Posant les deux mains sur sa canne, il s’inclina légèrement, marque franche d’un respect qui n’avait rien à envier aux courbettes des sycophantes qui peuplaient les palais.
- Votre éminence, il s’agit bien du vieillard Navigius qui traîne encore sa paisible carcasse au gré des chemins. Me voilà bien honoré que vous eussiez diverti votre chemin afin de me saluer. Vous excuserez certes mes habitudes fortes peu convenables de provincial, mais je pousserais l’audace et afficherai l’outrecuidance de m’enquérir de votre nom, puisque votre faciès me rappelle un ami cher qui aurait donc renoué avec la Fortuna de bien belle façon si je puis me fier à la situation délicate dans laquelle il m’a été donné de le voir il y a plusieurs années.
Il toisa le cardinal, essayant de retrouver dans ces pupilles noires le regard d’antan d’un jeune homme au nom très long, Yvon-Ulrich de Taschereau Diftain d’Embussy de Borja, si la mémoire lui était toujours aussi favorable, bien que l’on ne puisse oublier un nom aussi massif. _________________ Évêque Suffragant d'Orléans
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Rehael

Inscrit le: 16 Sep 2007 Messages: 13676 Localisation: Roma
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Posté le: Mar Aoû 25, 2015 10:49 am Sujet du message: |
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Le Connétable revenait des casernements de la Garde pontificale d'un pas rapide. Il en avait profité pour faire son inspection quotidienne, faire le tour des problèmes de sécurité de la ville, et s'enquérir des besoins des gardes. Les journées étaient courtes et les dossiers s’accumulaient sur son bureau. Il avait de moins en moins de temps pour ses exercices quotidiens auxquels il s'astreignait depuis sa jeunesse, et les premiers affres de l'âge commençaient à se faire ressentir. Les articulations... Il préférait les ignorer pour le moment, il irait voir un médicastre lorsqu'il aurait le temps. Cela pouvait bien attendre.
Une réunion des cardinaux devait avoir lieu dans peu de temps, il allait être en retard. Alors qu'il traversait la Place d'Aristote au pas de course, il lui sembla reconnaître la silhouette du Cardinal Yut, conversant avec une personne qui lui était étrangement familière, sans qu'il puisse - à cette distance - reconnaître qui que ce soit. Sa curiosité piquée à vif, il décida de faire un bref détour. Après tout, un peu plus ou un peu moins de retard, ses collègues lui pardonneraient bien.
Alors qu'il approchait des deux hommes, il commença à plisser les yeux, quelque peu perplexe. Le vieux Plantagenest était physionomiste, il oubliait rarement une personne. Était-ce bien celui qu'il pensait ? Était-ce bien Navigius di Carenza ? S'il lui ressemblait énormément, l'homme était également changé. Il avait vieillit, mais pas seulement. Le Connétable fut prit d'un doute. Alors qu'il s'approchait, il entendit Yut s'enquérir de l'identité de l'individu qui affirma en retour être Navigius. Cela semblait impossible, Navigius avait disparu depuis bien des années et, aux dernières nouvelles, était toujours en retraite dans un monastère tourangeaux.
Encore un gredin qui tentait de se faire passer pour l'ancien Primat, sans doute dans l'idée de récupérer quelques écus en profitant d'une quelconque ressemblance. Vêtu d'une simple robe de bure, rien ne permettrait de reconnaître le Connétable qui ne portait aucun attribut. Il rabattu sa capuche afin de masquer son visage, et s'approcha de celui qui se disait être Navigius. Il décida de lui tendre un piège : s'il s'agissait bien de celui qu'il prétendait être, il reconnaitrait sa voix sans mal. Si ce n'était pas le cas, le Plantagenest se chargerait de faire arrêter l'imposteur qui se permettait d'usurper l'identité de son vieil ami.
Saluant Yut :
Eminence...
Puis, se tournant vers le prétendu Navigius :
Bien le bonjour, mon frère. Je suis le Père Parfait. A qui ai-je l'honneur ? |
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Navigius

Inscrit le: 18 Sep 2007 Messages: 2965 Localisation: Orléans, Orléans
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Posté le: Mer Aoû 26, 2015 4:34 am Sujet du message: |
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Les voies du Très-Haut sont impénétrables, mais elles ont cette manie de placer sur un chemin perpendiculaire le parcours de nombre de ses disciples. C’est donc ainsi qu’un vieil homme, profitant de la brise matinale sur un simple banc de pierre, à l’ombre de la Basilique Saint-Titus, fit osciller la direction de deux princes de l’Église, curieux de s’enquérir d’une émanation presque fantomatique provenant du passé.
Toutefois, ces concepts étaient bien loin de l’esprit de notre humble italien, qui peinait de prime abord à reconnaître un homme dont l’écarlate cardinalice semblait hors de portée quelques années auparavant. Encore moins de chance avait-il de déceler la présence d’un second membre du Saint-Collège, surtout lorsque celui-ci se présentait sous des habits on ne peut plus commun.
Discutant avec le Cardinal de Borja, en attente que celui-ci confirme bien sa félicité fulgurante, l’ecclésiaste décela un moine qui bifurqua en sa direction. S’il est un talent d’observation, c’est bien celui d’être capable de déceler un mouvement qui ne suit pas son cours normal. S’il est un meilleur professeur pour ce talent que la persécution de Feu Sa Majesté Eusaias de Blanc-Combaz, il ne pouvait s’agir que du plus récent voyage du prélat vers Caesarina, en territoire occupé et impie. L’expérience avait vieilli l’homme et le Soleil des côtes barbares lui avait léguer en souvenir un teint plus basané que la nature lui réservait d’accoutumée.
Le moine, car nous assumerons qu’il s’agit d’un moine sans entrer dans les délicatesses de distinction, fut-il oblat, chanoine, prêtre et encore, lui adressa la parole d’un timbre de voix qui percute la mémoire et fait ressurgir les souvenirs. Pourtant, la seule phrase qui lui revenait en mémoire ne lui était pas destinée, mais visait plutôt un ancien confrère. « Finalement, quelle était le but de votre déclaration ? Etrangement vous préférez pondre une déclaration imbécile plutôt que d'intervenir ici. Cela pose beaucoup de questions. »
Souriant et aimable comme à son habitude, il toisa légèrement le nouvel arrivant avant de lui répondre de cette voix feutrée qui si souvent avait épilogué sans jamais s’élever, sauf lors de débats avec Arthur de Nivellus, puisque tout saint homme puisse t’il aspirer être, la vie nous réserve toujours des rencontres qui dépassent tout niveau de patience où d’entendement.
- La bonne journée à vous aussi, Père Parfait. Permettez-moi de m’introduire comme étant un simple serviteur du Très-Haut dénommé Navigius. Vous conviendrez qu’il s’agit d’un nom fort simple comparé au vôtre, qui se veut fort évocateur et qui nous rappelle la mansuétude et la perfection du Très-Haut. Ce doit être une lourde charge que de porter la perfection en guise d’appellation, n’est-ce pas?
Il sourit faiblement du jeu d’esprit qu’il eût fait, puisque ces petits moments constituaient l’un des rares privilèges de l’âge qui ne soit point accompagner de douleurs, de diminutions et d’inquiétude. Dans son esprit, il recherchait toujours le propriétaire de cette voix, ne pouvait bien voir le visage du moine et ne pouvant se résoudre à la réponse que sa vieille mémoire lui susurrait, tant l’aspect banal de l’homme ébranlait le souvenir. Il hésita, mais s’enquit.
- Pardonnez-moi l’impolitesse, Père Parfait, mais seriez-vous d’une quelconque façon lié par le sang à la très noble Maison de Plantagenest? C’est que l’inflexion de votre voix, l’accent et le timbre, m’interpelle et me porte en mémoire un très saint homme, qui jadis brillait parmi les joyaux de l’Église. Assurément serait-il un membre de votre famille et si c’est le cas, j’ose espérer qu’il est toujours bien portant?
_________________ Évêque Suffragant d'Orléans
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Yut

Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 8076 Localisation: Lyon
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Posté le: Lun Aoû 31, 2015 5:44 am Sujet du message: |
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Les traits de l’italien se découvraient peu à peu aux yeux gris du cardinal, qui détaillaient le visage de l’évêque dans tous ses détails, s’arrêtant quelques secondes sur la grises barbe qu’il avait laissé pousser depuis maintenant quelques années, marque caractéristique qui rendait le florentin beaucoup plus facilement reconnaissable. Sa prime impression tendait à son confirmer à mesure que les secondes s’écoulaient, et que des souvenirs maintenant vifs des moments passés venaient s’étaler dans la cardinalice mémoire.
Les quelques instants qui suivirent la question du Borgia furent accompagné d’un certain engouement, qui se termina d’un haussement de sourcil coïncidant avec l’apparition d’un sourire à la commissure droite de ses lèvres, lorsque Navigius prit finalement la parole. Le sourire s’affermissait à mesure que l’évêque continuait de parler.
Voilà qui était une nouvelle à fêter! Il n’avait, pour l’instant, aucune idée pourquoi le florentin était subitement de retour à Rome, mais il avait confirmation que pour l’instant, il y était bel et bien. Alors que son vieil ami continuait de discourir, le lyonnais pencha la tête pour observer sa soutane maintenant écarlate drapée dans une épaisse cape de pourpre, acquiesçant doucement.
Il y avait deux ans, presque jour pour jour, que Navigius avait décidé de se retirer. Et il fallait dire que pour le Primat impérial, bien des choses s’étaient déroulées entre temps. Il se souvenait du jour retour de son mentor Tully Farnese de Sparte, qui, l’ayant laissé jeune évêque du Mans, s’était étonné avec une agréable surprise de voir son ancien élève devenu Primat de France.
Il en allait probablement de même pour Navigius. Il fallait en convenir, les conditions étaient loin d’être favorables à une accession Yutienne à la pourpre cardinalice, il y a deux ans de cela. Même quelques mois à peine avant que la décision ne tombe, en avril quatorze cent soixante-deux, rien ne l’y prédestinait. Au contraire, même. Ce mouton noir éternel de l’Église, qui devenait le mouton noir au sein de la Curie… Voilà qui en avait surpris plus d’un –dont le principal intéressé lui-même-, et avec raison, il allait sans dire.
La quarantaine approchante ne m’aide pas à me faire reconnaître, je puis en convenir. Et plus particulièrement, effectivement, le Très-Haut qui m’a confié une nouvelle mission, alors que jamais quiconque eut pu s’y attendre, et qu’encore aujourd’hui certains se demande comment fut-ce possible, comme vous l’avez noté avec grande acuité. Je suis effectivement Yvon-Ulrich Borgia-Diftain d’Embussy-Taschereau, le même.
Il ne tendit pas son anneau cardinalice, comme il l’eut fait en temps normal, parce qu’il vouait un respect trop grand à l’homme qui se tenait devant lui, et qu’il considérait, comme il l’avait toujours fait par le passé, comme son égal.
Et pour ce qui est des situations délicates, vous pouvez bien vous doutez, nous connaissant si bien, que j’y suis encore bien plongé –comme à l’habitude, et à mon plus grand dam-, seulement dans une autre mesure, à présent.
Les opales roulèrent, observant quelques instants le ciel d’un bleu métallique qu’offrait cette matinée romaine. Il était vrai que le prélat avait une tendance à se positionner de telle sorte qu’il recevait maintes critiques, pour finalement –mais au bout d’un acharnement tel que bien peu de gens réussiraient à avoir la force de subir telle pression- arriver au bout de ses projets.
C’est alors qu’il songeait à toutes les difficultés qu’il avait entretenues au courant de sa vie qu’un homme vêtu de bure vint interrompre les heureuses retrouvailles avec son ancien collègue, arrachant au cardinal une moue bien singulière. Il se demandait même s’il n’était pas mieux de faire chasser cet importun qui avait l’indécence de couper une discussion de cette manière. Que venait-il faire à s’incruster ainsi dans les conversations?
Mais c’est en entendant la voix de l’homme que le prélat lyonnais se résigna. Il l’avait bien reconnue; il l’entendait à tous les jours. Aussi esquissa-t-il très légèrement un sourire, ployant la tête pour tenter de voir sous la capuche, tentative qui se révéla assez infructueuse, et qu’il retenta à deux autres reprises alors que Navigius s’affairait à répondre à l’homme. Le pourpré finit par abandonner et hausser les épaules. Le connétable de Rome devait assurément avoir eu la même réaction que lui lorsqu’il avait vu cette ancienne connaissance. Il se contenta simplement de lui adresser un silencieux hochement de tête, le laissant répondre. _________________

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