L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[hernanie]

Elle manquait de courage pour annoncer ce qu’elle avait décidé. Mais il ne pouvait en être autrement pour être en paix avec le Très-Haut. Elle rédigea tout de même ce qui lui semblait juste, d’ailleurs comment prôner la vertu auprès des paroissiens si elle-même n’était plus vertueuse ? Elle sourit en songeant aux deux très chers amis de sa famille qui, il y a bien des années plus tôt, avaient effectué la même démarche pour épouser successivement la même femme.

[Adso]

Le courrier fut reçu par le consistoire pontifical qui examina la demande. Les débats promettaient d'être houleux...
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Cardinal émérite - Archevêque de Cambrai

[hernanie]

Hernanie se doutait bien que cela promettait d'être un débat des plus mouvementés. La seule chose qu'elle pouvait avancer c'est que la seule certitude depuis la disparition de David sa vie avait basculé dans le néant. D'ailleurs elle avait présenté des excuses publiques à son grand prieur en
leur abbaye

[Eloin]

L'abbesse avait reçu le courrier privé de son ancienne élève avant de voir la missive officielle déposée au CPF, et s'était décidée à prendre sous son aile, une nouvelle foys -mais point la dernière, elle l'espérait- la protégée de feu David.

Faisant mander vin chaud et douceurs dans un de ces petits salons chauffés dont regorgeaient les palais romains, la cistercienne se rendit auprès de la grégorienne, et la salua d'un grand sourire en prenant ses mains dans les siennes, comme les dames avaient coutume de le faire.

Ma très chère sœur, c'est toujours grand plaisir pour moy que de vous recevoir. Venez, je nous ai réservé un boudoir pour discuter plus confortablement...

Et elle la guida vers la petite pièce où crépitait déjà un bon feu. Deux fauteuils en osier garnis de coussins, un guéridon et un écritoire composaient l'essentiel du mobilier, et une fenestre à meneaux garnie de vitraux multicolores apportait une lumière tamisée à toute heure du jour.

Une foys qu'elles furent installées, l'abbesse en vint au sujet qui les intéressait.

Mes confrères du Consistoire et moy-mesme avons pris connaissance de vostre demande, et j'ai moy-mesme lu vostre lettre hier, mais SE Adso souhaiterait en savoir plus sur vostre souhait.

Est-ce simplement une démission de vostre évêché ; ou une demande de défrocage pour revenir au statut de laïc ?
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RIP 02.1467

[hernanie]

La grégorienne sourit à son vénéré professeur.
Gardant toujours les mains dans les siennes elle s'agenouilla face à celle qui avait été son enseignante durant de longs mois. Elle resta ainsi un long moment, le regard vidé de toute expression.
Elle finit par se relever et se laissait guider jusqu'au boudoir que son Eminence avait préparé à son intention.

Le feu crépitant dans la cheminée la réchauffait un peu. Elle attendit l'autorisation de SE Eloin pour prendre place dans un des fauteuils d'osier qui meublaient la pièce au demeurant très belle avec ses vitraux. Elle acceptait bien volontiers le vin chaud mais refusait les biscuits proposés. D'ailleurs toute forme de nourriture lui donnait la nausée, elle ne s'alimentait guère depuis la mi-décembre.

Votre Eminence merci d'avoir pris connaissance de ma missive, je sais que votre temps est précieux. Vous n'êtes pas sans ignorer les ravages causés par la disparition de David, je vais donc répondre à la question que vos vénérés confrères du Consistoire se posent :

Le prévôt soupira, que c'était dur à dire sans craindre leur courroux.

Je souhaiterai redevenir tout simplement comme il m'a connue lors de mon arrivée à Argentat, une laïque. Nul doute que cette réponse n'aura l'heur de vous plaire mais sans lui je suis bien incapable de continuer.

Puis elle finit par faire tourner dans son gobelet le vin chaud en songeant : Si seulement il pouvait s'y trouver quelques feuilles séchées de jusquiame.

[Eloin]

L'abbesse hocha la teste, buvant une gorgée de vin tandis qu'elle s'expliquait, avant de répliquer.

Mais dictes-moy, est-ce si important de retrouver ce statut de laïque ? Vous pourriez fort bien continuer à servir le Tout-Puissant et l'ordre grégorien comme vous l'avez toujours fait...

A moins que vous ne souhaitiez retrouver une vie civile, en dehors d'Argentat ?

Ce n'était surement pas une volonté de se marier, sinon, franche comme elle l'était, Hernanie le luy aurait dit de but en blanc.
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RIP 02.1467

[hernanie]

Le prévôt grégorien secoua la tête elle ne savait comment exprimer tout ce qui l'agitait intérieurement, elle avait même songé faire une retraite spirituelle prolongée voir peut-être pire...Alors avec le peu d'estime d'elle-même qui lui restait, elle répondit à son professeur en se basant sur un extrait du livre des vertus qu'elle relisait sans cesse depuis cette nuit terrible.

[Eloin]

Vous pouvez redevenir médecin et prévost sans renoncer à vostre ordination, vivre à Argentat comme naguère, démissionner de vostre évêché si tel est vostre souhait et ne point prendre de cure paroissiale. Vous ne seriez point la seule à vivre ainsi, au seing d'une abbaye sans autre charge de par le monde...

La moniale fronça les sourcils, signe chez elle d'une grande réflexion, avant de reprendre.

Vous dictes ne plus savoir guider les fidèles qui se présentent à vous... Mais, si je ne m'abuse, Argentat reçoit régulièrement des visiteurs qu'il faut accueillir et renseigner... Je doutes que vous les laissiez à la porte s'il n'y avait que vous pour leur ouvrir par une nuit froide ou une journée fortement pluvieuse. C'est cela aussi, guider les fidèles.

Quant à la soutane... Un léger sourire amusé ourla ses lèvres à ce sujet. Je portes encore, moy-mesme, des vestements laïcs à certaines occasions, et je vous confierais que certains de nos confrères évesques, notamment monseigneur d'Embrun, s'empressent d'échanger leur soutane contre des braies et un pourpoint dès que cela leur est possible !
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RIP 02.1467

[hernanie]

Le cœur de la grégorienne pleurait et son esprit vagabondait loin de Rome. Elle semblait écouter son Professeur mais ses pensées étaient ailleurs, non qu’elle lui manquait de respect, Hernanie la vénérait de trop pour cela. C’est le nom de son abbaye tant chérie qui la tira du brouillard dans lequel elle se trouvait. Elle posa respectueusement son regard sur le visage de SE Eloin, cette expression le prévôt la connaissait bien. Pour se donner du courage elle prit une profonde inspiration avant de ne répondre :

Très chère Mère, bien sur que je ne laisse pas quelqu’un à la porte du monastère, ce ne serait d’ailleurs pas humain et encore moins aristotélicien, surtout par les tempêtes de vent et de neige que nous essuyons actuellement. J’essaye bien évidemment de les aider dans leurs démarches avec mes modestes connaissances d’ailleurs il était toujours là pour pallier à mon ignorance. Bien souvent je me demande mais qu’ai-je donc à apporter à l’Eglise ?

Pour ce qui est de l’annulation de mes vœux, je m’en remets à la très vénérable Curie et accepterai avec grâce leur décision.