L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church
Forum RP de l'Eglise Aristotelicienne du jeu en ligne RR
Forum RP for the Aristotelic Church of the RK online game
 
Lien fonctionnel : Le DogmeLien fonctionnel : Le Droit Canon
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

[F-Dogma]Le Livre des Vertus
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum -> La Bibliothèque Romaine - The Roman Library - Die Römische Bibliothek - La Biblioteca Romana -> Office des bibliothécaires - Office of the Librarian
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 6:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Les Princes-démons
    Démonographie de Satan, prince-démon de l’envie


    La naissance de Satan

    Il était une fois, jadis, lorsqu’Oanylone recelait une vie agréable et paisible, un jeune homme de bonne famille du nom de Gaël Sybarite tomba éperdument amoureux d’une des plus belles femmes de la ville. Elle se prénommait Aurore. La blondeur de ses cheveux n’avait d’égal que la clarté de ses yeux bleus et sa gentillesse et sa bienveillance étaient connues de tous. Gaël entreprit de lui faire une cour assidue et la belle Aurore n’y fut pas insensible. Après quelques temps, elle accepta avec plaisir d’offrir sa main à Gaël, l’aimant secrètement du plus profond de son cœur depuis maintes années.

    Les années passèrent et le couple était très heureux. Mais Aurore ne parvenait toujours point à avoir un descendant. Elle se sentait coupable de ne pouvoir donner à son mari un fils qu’il attendait tant. Elle alla voir les meilleurs médicastres d’Oanylone qui tous lui prodiguèrent de précieux conseils. Mais le temps passa et rien n’y fit, elle n’arrivait point à engendrer.
    Alors Aurore pria de toute son âme, de tout son être. Et la femme, dans ses prières, bien qu’ayant un cœur aussi pur que l’eau de la rivière, ne pût s’empêcher de réclamer, à tous prix, un garçon. Elle était prête à tout pour rendre Gaël heureux et fier d’elle.

    Son désir, si intense, dû faire son œuvre, puisque de cette heureuse union naquit, dans les premiers jours du printemps, un enfant d’une beauté manifeste. Une chevelure d’un noir ébène, des yeux d’un vert de jade : il fit le bonheur de ces bonnes gens et la fierté des habitants alentours. A la vue de ce bébé qui jamais n’était rassasié du sein de sa mère, Gaël décida alors de lui donner le nom de Satan. Aurore et Gaël oublièrent bien vite ces années de tourments et profitèrent de Satan, l’enfant-roi désiré depuis si longtemps.




    Les premières années de leur vie à trois furent bénies. Tout semblait être propice à un bonheur sans fard. Gaël réussissait en affaires et sans cesse gagnait plus d’argent. Aurore était une femme de maison occupée et une mère aimante. Satan, lui, était un enfant vif et curieux. Il s’intéressait à tout et qu’importait qu’il fasse des bêtises ou non, tout le monde lui pardonnait de suite ses écarts.
    Mais un tel bonheur ne semblait pouvoir durer éternellement. Ainsi, lorsque Satan atteignit ses douze printemps, Aurore tomba subitement gravement malade. Après plusieurs mois d’atroces souffrances, elle mourut sans que personne réussisse à la sauver. Gaël, fou d’amour et de tristesse, S’enfuit de la ville et se jeta du haut des falaises proches d’Oanylone.

    Satan se retrouva alors seul, abandonné par des parents aimants et pourtant, il s’en rendait compte aujourd’hui, absents lorsqu’il avait besoin d’eux. Il restait dans cette vaste demeure, héritage empoisonné d’une famille détruite. Il devait retrouver le faste de son enfance, coûte que coûte. Le jeune adulte se mit en tête d’amasser tout ce qui se trouvait à Oanylone et qui avait un tant soit peu de valeur. Il n’était jamais rassasié. Il n’en avait jamais assez. Rien de ce qu’il acquérait ne trouvait grâce à ses yeux. Rien de ce que lui offrait la Vie n’arrivait à combler le vide béant qui animait le jeune homme au regard ombrageux.
    Il changeait irrémédiablement et perdait peu à peu l’éclat enfantin que sa mère lui avait transmis.

    Ses sombres pensées et ses peines infinies attirèrent la Créature Sans Nom près de l’enfant. Voyant en lui un hôte prédestiné à porter en lui un des péchés du monde, elle finit d’accabler le jeune cœur de Satan d’amertume et de regret, pour ne laisser en lui qu’une envie insatiable et intarissable.





    A jamais, des richesses entassées...

    Satan était encore jeune lorsqu’il fit outrageusement fructifier son domaine aux dépends des paysans des environs. Il s’acharna contre eux et les appauvrissait sans remords aucun, leur réclamant la moitié de leur rente et, quand bien même avait-il gagné en une journée ce qui aurait suffit à quiconque pour toute une vie, cela ne semblait toujours pas lui convenir.

    Le malheur de ces hommes le réjouissait, la misère des bûcherons le contentait. Et, chaque jour et à chaque heure, il désirait causer encore plus de tristesse, encore plus de désespoir, encore plus de rancœur. Car rien à ses yeux ne valait ce qu’il ressentait au plus profond de son être. Car ses sentiments s’étaient mués en haine envers l’humanité, envers ceux qui pouvaient encore prétendre au bonheur.

    Cela était sa nourriture vitale, sa revanche sur la vie, sa vie en elle-même.


    Et l’innocence vint lui résister…

    Un jour d’hiver, alors qu’il se promenait sur ses terres, Satan vit une petite cabane cachée derrière de grands arbres. Furieux de voir que certains se dissimulaient et ne payaient pas les dettes qu’ils lui devaient, il ouvrit à grands fracas la porte. Face à lui, apparut une jeune fille d’une grâce divine, à la peau laiteuse et aux lèvres vermeilles.



    Il sût de suite qu’elle devait lui appartenir, comme toutes les belles choses de ce monde. Il l’exhorta alors à le suivre pour qu’elle vienne en son domaine afin qu’il puisse l’épouser. Malheureusement pour lui, Aliénor, car tel était le nom de cette jeune femme, avait voué son existence au Très Haut et refusa d’épouser le beau et ténébreux Satan. Il entreprit alors de la séduire comme jadis son père Gaël le fit pour sa mère Aurore. Car il était clair dans l’esprit malade du jeune homme qu’Aliénor porterait son engeance. Mais Aliénor, chaque jour, refusa ses avances, qu’elles soient doucereuses, passionnées ou d’une violence inégalée. Chaque jour, Satan revint chez luy ivre de rage et chaque jour il faisait exécuter l’un de ses esclaves.

    Au soir du quatre vingt dix neuvième jour, fou de rage d’être encore rejeté par une souillon, il ordonna à ses suppôts de s’en saisir et de la torturer avant de la brûler vive. Ces derniers appartenaient à la garde rapprochée du jeune seigneur et œuvraient sur ses terres en se chargeant de récolter les biens des habitants et en leur faisant subir mille douleurs si ceux-ci refusaient. Ils firent donc selon sa volonté.

    Les cris d’Aliénor emplirent le domaine et la pauvre brûla pendant des heures. A la nuit tombée, sur le cadavre de la vierge encore fumant, Satan récupéra une cornaline couleur sang qu’elle portait au cou et qui devait être son seul et unique trésor. Accrochant le pendentif sur lui, il arborait ainsi fièrement la victoire qu’il avait eue contre la jeune fille.




    Satan continuait son chemin vers le Vice Ultime, vers l’annihilation Deux jours après cette mésaventure, un de ses fidèles lieutenants, Simplicius, tomba amoureux d’une des femmes qui résidait dans la cité. Ne parvenant à la séduire, il voulut l’emporter de force mais un homme s’interposa et luy arracha l’œil droit.
    C’était Michel.
    Humilié, Simplicius en avertit son maître Sybarite qui, écœuré par la race féminine depuis la mort d’Aliénor, envoya toute une troupe arrêter la famille de cette Emmelia.




    Puis, il ordonna à ses suppôts de faire venir, chaque jour, une femme de la ville, pour qu’elle se donne à lui et à ses envies. Toutes celles qui refuseraient mourraient. Les autres vivraient encore pour quelques temps.

    Cela ne suffisait pourtant pas à faire son bonheur, et il voulait encore davantage : les mères, les vierges, les trésors, les champs… Rien ne pouvait assouvir Satan et son corps se marquait chaque fois un peu plus des atrocités qu’il faisait endurer aux autres.

    Son envie ne connaissait plus le repos. Les souffrances que subissaient les habitants d’Oanylone endurer non plus.
    A ce moment, Satan n’eut plus rien d’humain et son apparence bestiale effrayait quiconque croisait son chemin. Des excroissances déformaient sa tête et chaque recoin de sa peau était recouvert de scarifications, vestiges de ses pulsions sadiques.


    Dieu punit alors les hommes…

    Il faut savoir qu’en ces temps-là, Satan n’était pas le seul homme à s’être abandonné aux péchés. La cité d’Oanylone, autrefoy si prospère, était devenue l’Antre du Vice et la Créature Sans Nom jouissait du Chaos quy y régnait.
    Furieux, Dieu décida alors de punir la race humaine en détruisant l’intégralité de la ville d’Oanylone.

    Certains, alors, qui ne réalisaient pas combien avaient été grandes leurs fautes et qui ne pouvaient accepter l’idée de quitter cette vie faite de saveurs doucereuses à la décrépitude certaine, décidèrent de fuir pour échapper au Courroux Divin.


    D’autres, au nombre de sept, et parfaitement conscients des vices qu’ils incarnaient, furent choisis par la Créature Sans Nom. Ils prêchèrent, sous ses ordres, la rébellion contre le Très Haut et réussirent à rallier nombre de partisans à leur cause.

    Satan, prêcha de tout sa haine. Son énergie décuplée par le soutien de la Bestia Innominata le guida pour insuffler à chacun le Désir que tout homme se devait d’avoir. Ce Désir était l’incarnation de toute la perversité humaine et Satan la personnifiait. Il leur criait de vouloir, toujours et sans répit. Il les exhortait à désirer toujours plus, de devenir un désir à part entière, comme une fin en soi. Le Prince Sybarite était Sy tant convaincu des propos qu’il avançait, qu’il persuada de pauvres âmes. Il exultait, il jubilait.

    Ses yeux verts à la luminescence cadavérique captivaient la foule, sa richesse et sa beauté démoniaque devinrent les premiers désirs des êtres l’écoutant. Chacun louèrent sa prestance et sa virilité. La foule en vint à se désirer les uns les autres. L’Envie devint le fiel suintant de toutes part. Dans le flot de Vice permanent qui inondait la Ville Maudite les horreurs devinrent légions sans noms et sur les immondices putréfiées des vestiges du passé, Satan se tint fièrement debout avec ses six autres incarnations démoniaques en signe de Défi contre l’Unique.

    Le septième jour après la sentence de Dieu, la cité fut engloutie et, avec elle, les sept incarnations du péché. Satan ne sentit aucune douleur, tant son esprit avait pris possession de son corps et s’était englouti dans le nombre de désirs qu’il avait en lui. Ayant perdu la raison, il ne se rendit pas compte qu’il ne désirait plus rien. Il n’avait en son être que l’ultime désir de vouloir désirer.




    Il demeure pour l’éternité avec ses péchés…

    Satan fut envoyé avec les six autres hommes sur la Lune et fut puni à une éternité de souffrances sous le titre de Prince Démon.

    son corps, déjà meurtri à l’extrême, se transforma jusqu’à refléter la noirceur de son âme.

    Sa chevelure, qui faisait jadis sa fierté, s’allongea et imprégna son corps pour former dans son dos deux grandes ailes chitineuses semblables à celles d’une chauve-souris. Les larmes de ses beaux yeux, qui coulaient par rage et désir irraisonnés, se confondirent alors avec la pierre d’Aliénor et finirent par colorer peu à peu son corps. Sa peau prit alors une couleur améthyste. La pierre d’aliénor s’incrusta en sa chair et ainsy enchastrée, luy rappelle pour l’éternité son amour perdu.

    Il s’entoura, dans ses tourments sans fin, d’or, d’argent et de bijoux, de mets parmi les plus exquis, d’hommes et de femmes dont les corps rivalisaient en beauté. Il laissait chacun d’entre eux dévorer du regard ses trésors et ses merveilles jusqu’à ce qu’ils se dévorent intérieurement eux-mêmes.

    En effet, dans sa cruauté la plus totale, il décida que quiconque toucherait à ce qu’il entreposait subirait une affreuse douleur. Ainsi, conservait-il son butin. Ainsi pouvait-il voir son propre désir dans les yeux des autres. Et il se complaisait à observer la souffrance qui le rongeait lui-même.




    Au Prince-Démon s’oppose l’Archange…

    À Satan, Prince de l’Envie, s’oppose Michel, Archange de la Justice. Ce dernier était, du temps de son vivant, le frère de la belle Emmelia, dont était tombé amoureux un des suppôts de Satan.

    On retrouve d’ailleurs Satan se battre contre lui lors de la célèbre légende du Mont Saint-Michel qui remonte à l’époque où certains Barbares vénéraient des Dieux alcooliques.

    Un d’entre eux, du nom de Saathan honorait son Dieu en lui sacrifiant des enfants. Ce barbare poursuivait une communauté de fidèles qui tenta de fuir mais se retrouva bloquée en pleine forêt, près de l’océan.

    Préférant mourir dans les bras de la mer que dans ceux de Saathan, les fidèles prièrent le Saint Michel pour qu’il prépare leur venue.

    Le Très Haut, en désaccord avec cette décision car l’Homme n’a pas à décider de l’heure où il ira rejoindre l’astre solaire, leur ordonna par l’intermédiaire d’un messager céleste de construire une palissade à l’aide des troncs d’arbres. Quand elle serait construite, ils devraient alors allumer un grand feu afin que le Barbare découvre leur position.

    Les fidèles exécutèrent le souhait de Dieu et, au bout de sept jours, le feu fut allumé. Les troupes de Saathan arrivèrent alors et commencèrent à s’attaquer à la palissade. Au moment où la communauté s’apprêtait à se défendre, munie de pierres et de lances, l’archange Michel, vêtu d’une armure et portant une lance et un bouclier, apparut au milieu des flammes qui avaient été allumées quelques heures plus tôt.

    Le saint Michel lança son arme vers l’horizon et la mer, éveillée, engloutit les troupes du Barbare.

    L’Archange Michel reconnut immédiatement en Saathan son ennemi intime. Ses yeux verts à la luminescence cadavérique ne laissaient aucun doute. Le païen avait été possédé par le Prince Démon et corrompu par les mêmes péchés que Satan : l’envie inaltérable d’avoir ce qu’il désirait, sans qu’on ne lui oppose de résistance.


    Dans le cœur des pécheurs, résonne le Chant de Satan…

    Satan, alors qu’il était encore jeune et vivant, était connu pour fredonner à toutes heures du jour ou de la nuit ces quelques mots.
    Ces paroles n’ont pas été perdues, puisque quiconque se laisse noircir le cœur par le vice du désir a ce refrain en tête :

    Le désir cherche,
    Un précieux cœur, il cherche.
    Laisse-moi voir si c’est le tien
    Et alors, il m’appartiendra.
    Et si tu ne l’as pas ?
    Le désir cherche,
    Tout ce que tu possèdes, il cherche.
    Laisse-moi te détruire pour m’en enrichir,
    pour devenir mien.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre I - La naissance


    Dure est la tache de celui qui veut plonger son regard dans l’abîme des siècles passés, et qui cherche par ses mots à faire vivre dans les cœurs les héros de jadis. S’il en est un dont la vie mérite d’être conté, n’est ce pas cet Aristote dont les enseignements illuminent encore notre vie et notre mort ?
    Voilà ce que moi, pauvre fidèle, j’entend vous conter aujourd’hui. Si la simplicité de ce récit vous touche, si la noble figure du Sage parvient jusqu'à votre cœur, alors mon œuvre aura fait sourire les puissances des cieux.

    Introduction :

    Vie d’Aristote le sage, serviteur du Très-Haut, à qui le Verbe divin a été révélé et qui annonça la venue du salut et de la lumière.

    Chapitre premier.

    En ce temps là une grande nouvelle se répandit dans la ville de Stagire : les sages astrologues venaient de repérer une comète inconnue dans le firmament. Aussitôt l’assemblée de la ville se réunie sur l'agora, tentant de découvrir le message que les cieux voulaient transmettre aux hommes. Hélas leur cœur était obscurci par leur foi erronée en de faux dieux, et ils s’égaraient dans des suggestions impies : pour l’un il s’agissait de la venue d’Hermès aux pieds ailés. Pour d’autre la foudre de Zeus allait s’abattre au milieu des hommes, et les temps touchaient à leur fin.
    Seul dans l’assemblée un homme se taisait : son épouse était sur le point d’enfanter, et l’angoisse qui était la sienne ne lui permettait pas d’intervenir. Il n’était pourtant pas le moins sage, ni le moins écouté. La noblesse et la paix se lisait sur son visage, ainsi que les marques d’un dur labeur et d’une vie sans mollesse.

    Les discussions touchant à leur fin sans qu’aucune solution n’émerge, l’homme retourna chez lui en hâte.

    Là, allongée sur un lit de cuir, sa femme venait de mettre au monde un fils. L’homme s’approcha avec respect du nouveau né, le pris entre ses bras, le leva vers le ciel en disant : « Puissances célestes, je vous confie mon fils. Donnez lui une vie droite et juste. Que son cœur soit pur, son intelligence éveillée et sa vertu sans faille. Que votre sagesse guide ses pas et ses pensées, afin que son existence soit comme un chêne solide à l’ombre duquel les malheureux viendront se reposer. ». Reposant l’enfant près de sa mère, l’homme s’agenouilla près du lit et resta un long temps immobile, contemplant silencieusement sa femme et son fils.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre II - La révélation


    Un jour le jeune Aristote, agé seulement de cinq ans, voulu s'asseoir près du temple du faux dieu Apollon dans sa ville de Stagire. Le temple était sur une petite colline à l'extrémité est de la ville. L'enfant aimait regarder les hautes colonnes de pierre blanche se découpant dans l'azur du ciel.

    Alors qu'il s'approchait des marches du temple il s'arrêta, comme immobilisé par une force invisible. Ne comprenant pas ce qui ce passait, il se retourna vers la ville pour appeller sa mère Phaetis, qui était à quelque distance de là. Mais ses lèvres ne produisirent aucun son.
    La terreur commencait à inonder son âme, quand un roulement de tonnerre gronda au dessus du temple du faux dieu. Un éclair vint le frapper en son centre et il s'écroula aux pieds de l'enfant.
    Puis une voix puissante qui faisait frémir les cieux retentie dans l'esprit d'Aristote; elle disait: "Voilà ce que ma puissance réserve aux idoles qui se font honorer comme des dieux. Cherche le Dieu unique, cherche la Vérité et la Beauté, car un jour viendra celui qui restaurera tout".

    Bouleversé l'enfant tomba inanimé sur le sol. Lorsque ses yeux se rouvrirent il était dans la maison de son père, et sa mère était tendrement penchée sur lui: " Mon fils, que t'est'il arrivé? Nous t'avons trouvé près du temple écroulé, le visage tourné vers le ciel. Est-ce le dieu qui t'es apparut? Qui a détruit le temple? "
    Mais l'enfant ne répondit rien. Il restait en silence et regardait sa mère avec les yeux de quelqu'un qui voit pour la première fois.
    Enfin il pris la parole: " Mère chérie, je vous en prie, dites moi: qu'est ce que la Vérité? "
    La pauvre femme était bonne, mais hélas son âme était encore pleine des erreurs paiennes, et elle ne sut répondre à cette question. Elle se pencha sur le front de son fils, l'embrassa et lui ferma les yeux avec douceur.
    "Je t'aime mon fils, n'est ce pas la seule chose importante? Dors maintenant; demain ton père revient de guerre et il faut que tu sois reposé pour le recevoir dignement."

    Et se levant elle quitta la pièce, l'esprit rempli d'angoisse.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre III - L'âme


    Depuis quelques mois déja Aristote et sa famille habitaient à Pélas, la ville capitale de la Macédoine. Nicomaque, son père, venait en effet d'être nommé médecin personnel du roi de Macédoine, Amyntas II. Aristote grandissait en sagesse sous la direction éclairé de son precepteur. Un jour, alors qu'Aristote revenait de la palestre, il s'assit sur une fontaine de la cour intérieur de la maison paternelle, et demanda à son precepteur:

    Aristote: "Maitre, par quelle merveille l'homme peut-il penser, alors que les animaux ne le peuvent point?".

    Son precepteur, Epimanos, lui répondit:

    Epimanos: "Qui peut prétendre lire le livre de la nature et en tirer les secrets des dieux? Aristote je te le dis: nous ne savons pas si les animaux ne pensent pas. l'homme pense, cela est certain. Mais les animaux? Sommes nous dans leur esprit?".

    Aristote: "N'êtes vous pas d'accord noble maitre, que l'homme est sans cesse en quête de nouveauté?".

    Epimanos: "Oui, certes, il est rare de voir l'homme tenir en place, et se contenter de ce qu'il possède et de ce qu'il sait. "

    Aristote: "Hélas oui, c'est bien rare, et souvent je me dis qu'il vaudrait mieux pour l'homme d'être heureux dans la vie simple des anciens. Toujours est il que cette recherche incessante se retrouve sans cesse chez l'homme. Mais dis moi Noble Epimanos, cette quête de l'homme, n'est elle pas la preuve la plus évidente de son esprit et de son intelligence? "

    Epimanos: "Je vois ce que tu veux dire: si l'homme ne cherchait pas sans cesse, alors cela voudrait dire qu'il se contente de ce qu'il a reçu, qu'il n'innove pas, qu'il ne pense pas même. En fait seul cette curiosité de l'homme nous garantie l'existence de son esprit."

    Aristote: "Effectivement, c'est ce que je voulais dire. Je vois bien que je n'ai rien a t'apprendre. Mais continuons un peu. Tu possèdes un beau chien je crois? Un lévrier?"

    Epimanos: " Oui, un cadeau de notre roi pour mon comportement à ses cotés lors de la dernière guerre contre les envahisseurs celtes. J'y suis très attaché."

    Aristote: "Je te comprend. Quand tu élèves ton chien, comment fait tu?"

    Epimanos: "C'est bien simple: je lui impose de faire quelque chose, et quand il le fait correctement je lui offre une récompense. Et s'il le fait mal je le puni légèrement."

    Aristote: "Parfait! Une fois dressé, il fera toujours bien ce que tu lui as appris à faire n'est ce pas? Il a compris que s'il ne fait pas ce que tu lui demande il ne sera pas récompensé."

    Epimanos: " En effet. Mais je ne vois pas où tu veux en venir. "

    Aristote: " A ceci mon maitre: ce chien si noble et si bien dressé ne fait ce qu'il fait qu'en vertu de ce que tu lui as appris. Il ne le fait pas de sa propre initiative et une fois dressé il n'est plus en mesure de changer. N'êtes vous pas d'accord?"

    Epimanos: " Il est vrai que pour le faire changer il faudrait le dresser à nouveau, et le punir alors qu'on le récompensais jadis. Et le pauvre deviendrai fou. Ce serait scandaleux."

    Aristote: " Oui. Mais n'avons nous pas dit tout à l'heure que c'était la curiosité de l'homme et sa capacité à inventer de nouvelles choses qui montraient que l'homme avait un esprit?"

    Epimanos: " Nous avons dit cela en effet. Et si je te suis, cela veut dire que les animaux, comme mon chien, qui ne peuvent pas changer de comportement par eux mêmes, n'ont pas le même esprit que l'homme. "

    Aristote: " Exactement! Il est donc établi qu'il y a une différence entre l'homme et les animaux. Mais laquelle? Le sais-tu? "

    Epimanos: " Non, je l'ignore. Veux-tu que nous cherchions ensemble une réponse à cela? "

    Aristote: " Avec joie! Mais pas tout de suite, car je vois mon père revenir de la cour du Roi, et j'ai hâte d'entendre les nouvelles du palais. Portes toi bien! "

    Epimanos: " Et toi aussi brillant disciple! "

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre IV - Le devenir de l'âme


    Le soir tombait sur le ville de Pélas. On entendait que les murmures des femmes qui, près des temples paiens, invoquaient les faux dieux pour la santé du roi. Ce dernier en effet, était mourant. Nicomaque, le père d'Aristote, était à son chevet pour tenter de retarder, et d'alléger le poid de l'échéance fatale.
    Aristote, agé maintenant de 14 ans, marchait au hasard dans les rues de la ville, sans voir ni entendre ce qui se passait autour de lui. Qu'adviendrait il de son père si le roi venait à mourir? Bien sur, il ne saurait être tenu pour responsable, mais qui sait ce que des courtisans mal intentionnés pouvaient imaginer, et quelles vengeances pouvaient s'exercer dans ces moments d'interrêgne?
    Il s'arrêtta près du temple de Proserpine. Il ne croyait certes pas à la puissance de ces dieux, qui ne lui semblait que des pantins morts, mais il y avait comme une majesté secrête dans cette évocation de la déesse des morts en un instant pareil.
    Il sentit une main se poser sur son épaule. C'était Epimanos.

    Epimanos: Tu prie pour le Roi Aristote?

    Aristote: Prier? Qui devrais-je prier? Et que dois-je demander?

    Epimanos: Que veut tu demander? Qu'il vive bien sur! Et si tu ne crois pas en cette déesse tu crois bien en une force supérieure qui régie notre vie?

    Aristote: Qu'il vive? Il va mourrir, tu le sais aussi bien que moi. Nos prières ne peuvent pas lui rendre la jeunesse ni la santé. Il a vécu longtemps, et il est temps pour lui de partir. Non, si je prierai, ce n'est pas pour qu'il vive.

    Epimanos: Pour quoi donc alors?

    Aristote: Qu'y a t'il après la vie Epimanos? Cette âme unique que l'homme possède et qui nous différencie des animaux, survie t'elle à cette vie?

    Epimanos: Je ne sais Aristote. Ma science porte sur la vie et non sur la mort. Je peux te dire comment bien vivre, comment être heureux et connaitre les êtres au quotidien, mais pas ce qu'il y a après la mort.

    Aristote: Tu peux me dire comment bien vivre? Voyons cela. N'est tu pas d'accord que pour faire un acte intelligent il faut en prévoir les conséquences?

    Epimanos: Si bien sur, cela évite de faire des erreurs, de mal agir ou de mal juger des situations. C'est important de prévoir.

    Aristote: Oui, c'est ce que tu m'as appris depuis mon plus jeune âge. Mais si tu le veux bien prenons un exemple: imaginons que tu veuilles te marier. Tu es d'accord que c'est un engagement définitif, et qu'il te faudra choisir avec soin?

    Epimanos: Certes! Nos lois ne prévoient pas le divorce, et je crois bien que celui qui veut se marier règlera tout ses actes pour que ce mariage soit heureux, sinon ce serai une véritable folie!

    Aristote: Tu penses tout comme moi que ce mariage se prépare avant même que l'on prenne l'engagement solennel: on cherche à corriger ses défauts, a se rendre aimable et bon, afin qu'au jour du mariage tout ce passe pour le mieux.

    Epimanos: Si tous suivaient ces conseils il y aurait plus de mariages heureux, mais je pense en tout cas que c'est ce qu'il faudrait faire.

    Aristote: Je suis content que nous soyons d'accord. Donc pour bien vivre il faut savoir ce qu'il y a après la mort.

    Epimanos: Ah!? Là je ne te suis plus. Que veux tu dire?

    Aristote: C'est bien simple: tout comme le mariage la mort est un évènement définitif. Il faut s'y préparer donc soigneusement. Si il y a une vie après la mort, alors la vie que nous menons avant la mort doit être consacré à préparer cette vie après la mort. Tout comme notre vie avant le mariage doit être consacrée à préparer notre vie après le mariage.

    Epimanos: Je vois où tu veux en venir. Pour toi la mort n'est qu'un passage qui mène à une autre vie?

    Aristote: Oui, et notre vie présente doit se consacrer à préparer cette ve future.

    Epimanos: Mais pourquoi cette vie future serait elle plus importante que la présente? Et comment peut-tu être sur de son existence?

    Aristote: Tu te souviens de notre discussion sur la différence entre les animaux et les hommes?

    Epimanos: Oui, je m'en souviens très bien. Tu disais qu'il y avait une différence entre les deux, que l'homme était intelligent quand la bête ne cherchait rien de nouveau.

    Aristote: Oui. Mais comment l'homme fait il pour chercher du nouveau, pour creer même en lui et autour de lui ce nouveau?

    Epimanos: Et bien si je pars de ma propre expérience, je dirais que j'ai des idées qui me viennent, et qui ne semblent venir de personne d'autre que de moi même, et que je réflechie sur ces idées.

    Aristote: J'en suis arrivé à la même conclusion. Ce qui m'a frappé c'est que cela ne venait pas de ce qui m'entoure, mais de moi même, de mon intérieur. Cela semblait...

    Epimanos: Immatériel non?

    Aristote: Oui, immatériel. Ce n'était pas la conséquence d'une impression sensible mais d'une impression immatérielle, spirituelle.

    Epimanos: Je comprend. Mais quelles conclusions en tirer? Il est évident que ces impressions viennent de notre âme.

    Aristote: Oui, mais cela veut dire que notre âme est immatérielle, car l'immatériel ne peux pas venir du matériel. Personne ne peut donner ce qu'il n'a pas. N'est tu pas d'accord?

    Epimanos: Oui, dit comme cela c'est compréhensible. Mais où veux tu en venir?

    Aristote: Mon père est médecin Epimanos, et il m'a souvent décrit la mort: la matière se putréfie, se désintègre sous l'effet du temps. Et regarde autour de toi: la mort est toujours marquée par la destruction de la matière.

    Epimanos: Oui, tout passe en ce monde, et ce que les anciens on construit est déja presque disparu.

    Aristote: Mais si tu prends quelque chose qui n'est pas composé de matière, cela disparaitra t'il?

    Epimanos: Il ne me semble pas: si ce n'est pas composé de matière alors cela ne peut pas se désintégrer. Cela ne mourra pas. Ainsi la pensée d'un homme comme Pythagore sera éternelle et vivra encore dans plus de mille ans.

    Aristote: Donc tu penses que ce qui est immatériel ne meurt pas?

    Epimanos: Avec tout ce que nous avons dit jusqu'ici, je crois que c'est une chose établie.

    Aristote: Alors notre âme, qui est immatérielle, doit elle aussi, ne pas mourir. Quand nous mourons notre corps disparait, mais notre âme, elle demeure. Et c'est cette vie de l'âme qui est la vie future. C'est cette vie que notre vie présente, dans notre corps, doit préparer.

    Epimanos: Le roi qui meurt va donc vivre encore?

    Aristote: Oui, et c'est pour que cette vie de son âme soit heureuse que je vais prier ce soir.

    Epimanos: Nous prierons ensemble alors.

    Et sur ces mots les deux amis se séparèrent, Epimanos rentra dans le temple de Proserpine, pendant qu'Aristote se dirigea vers la sortie de la ville pour marcher dans la campagne.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre V - L'errance


    Aristote ayant atteint l’age de quinze ans, il perdit père et mère, et fut confié à la tutelle d’un proche parent, Proxène, lequel vivait dans des contrées reculées, entre Stagire et Athènes. Le jeune orphelin était éduqué au rude travail de la terre. Cette condition ne le satisfaisait guère, persuadé que son esprit était plus capable que ses mains. Il faisait souvent la rencontre d’humbles paysans, avec lesquels Proxène travaillait. Il admirait certes leur goût pour la vie simple, loin des fastes somptueux et du luxe qui, il le pressentait, conduisaient certainement au vice. Mais Aristote s’étonnait cependant de leurs coutumes.

    Un jour, il vit l’un d’eux se livrer à la prière. Aristote se souvint de son dernier dialogue avec Epimanos, et voulut prendre le paysan en défaut.


    Aristote : "A qui adressez –vous vos prières, brave homme ?"

    Le paysan : "Et bien aux dieux, mon jeune ami."

    Aristote : "Aux dieux ? Mais qui sont-ils ?"

    Le paysan : "Ils sont Aphrodite, Apollon, Arès, Artémis, Athéna, Déméter, Dionysos, Hadès, Héra, Hermès, Héphaïstos, Poséidon, et le plus grand de tous, Zeus. Chacun siège à Olympe."

    Aristote : "A Olympe, où est-ce ?"

    Le paysan : "C’est une cité merveilleuse, perchée en haut d’un mont que nul n’a jamais vaincu. Vois-tu le mont Athos ? Et bien l’Olympe est cent ou mille fois plus élevé, un truc du genre."

    Aristote : "Mais vous même, n’avez vous jamais tenté de grimper sur cette montagne ? N’êtes-vous pas curieux de voir de vos yeux ces divinités que vous priez chaque jour ?"

    Le paysan : "Oh non, jeune homme. Je ne suis qu’un humble paysan. Ma place est ici, non sur l’Olympe."

    Aristote : "Mais alors, comment pouvez vous croire en la réalité de ces dieux, si vous n’avez point constaté leur existence de vous même ?"

    Le paysan : "Parce qu’on m’a enseigné qu’ils existaient, et qu’il fallait que je les prie pour que ma récolte soit meilleure, et que mes vaches deviennent grasses."

    Aristote : "Voilà bien une chose étrange, vous ne priez pas par amour pour le divin mais par appétit terrestre. Je pense pour ma part qu’il est irrationnel de rechercher le matériel dans le spirituel. Mais à dire vrai, il n’y a pas que ça que je trouve irrationnel dans ce que vous me dites."

    Le paysan : "Que me reprocheras-tu encore ?"

    Aristote : "Et bien, il y a une chose que je ne comprends pas : pourquoi donc prier plusieurs dieux ?"

    Le paysan : "Ainsi que je te l’ai dit, c’est ce qu’on m’a enseigné, qu’ils étaient plusieurs, et c’est ainsi depuis la nuit des temps."

    Aristote : "Voilà bien une chose compliquée inutilement. Au lieu de plusieurs divinités, ne serait-ce pas plus pratique de n’en louer qu’une seule ?"

    Le paysan : "Tu commence à me courir, jeune voyageur. Je t’en pose des questions, moi ? Je te demande si tu mets des braies ou des frocs ? Maintenant, laisse moi à mes méditations."

    Aristote : "Non, non, je n’en ferai rien. Tu dois d’abord admettre, brave homme, que prier un seul dieu serait plus logique. Qu’attend t-on d’un dieu, sinon qu’il soit tout puissant et omniscient, qu’il soit un ? Rendre grâce à plusieurs dieux, c’est comme fragmenter en autant de parties le pouvoir qu’un seul pourrait réunir en lui. Je crois qu’en toutes choses, l’unité est préférable à la division."

    Le paysan : "Peut être."

    Aristote : "Non, certainement. Le divin est un Tout unique et le divin est la perfection, donc la perfection est unité. L’unité est la forme idéale des choses.

    Le paysan : "Mouais, enfin moi, jeune homme, je suis bien trop stupide pour entendre ton charabia. Je suis loin d’être lettré. Si je te donne un conseil, me laisseras-tu en paix ?"

    Aristote : "Et bien oui, cela me convient."

    Le paysan : "Prends la route d’Athènes, si Proxène te le permet, et tu y trouveras un professeur qui saura t’écouter. On le nomme Platon."

    Aristote : "Merci, brave homme."

    Et Proxène d’envoyer Aristote, les dix-huit printemps révolus, à Athènes, trop heureux que ce piètre paysan le quitta.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre VI - Le maître


    Aristote, après des jours d’un voyage épuisant, fit enfin son entrée dans la cité athénienne. Ce qu’il y vit le laissa pantois. La ville était merveilleuse, et l’architecture d’une pureté superbe. Les colonnades se déployaient dans une harmonie qui ravissait l’esprit. A chaque coin d’allée, des marchés grouillant attestaient de la formidable activité commerciale qui régnait en ces lieux. Les jardins étaient multitudes, et l’on pouvait y voir de petits groupes de philosophes, qui se complaisaient aux sophismes entre les plantes luxuriantes, les fontaines au charme ineffable, et les roches millénaires. Un temple magnifique, perché sur un plateau, dominait la cité.

    Aristote était fort impressionné, mais finit par trouver l’académie, où l’illustre Platon enseignait. La magnificence du lieu le consternait, et tel un halluciné il errait dans les immenses couloirs de marbre de la bâtisse. Ses pas le conduisirent vers une lourde porte, sur laquelle on pouvait lire l’indication « scolarité second cycle ». Aristote n’avait jamais rien vu de pareil, et se demandait ce que pouvait signifier cette mystérieuse formulation, mais il se décida à entrer, pour y demander son chemin. L’accueil fut fort désagréable. De vieilles femmes antipathiques lâchèrent à Aristote, du bout des lèvres, que « le professeur Platon devait donner un cour en troisième année, à droite au fond du couloir, puis à gauche, puis deux fois à droite, puis à gauche, puis tout droit, puis en haut de l’escalier B ». Enfin l’une d’entre elles fit comprendre à Aristote, d’un regard sombre, qu’il fallait qu’il quitte les lieux aussitôt.

    Après moult pérégrinations, et mines méprisantes des disciples auxquels il demandait son chemin, Aristote parvint enfin dans un grand amphithéâtre, où il fit une intrusion remarquée du professeur.


    Platon : "Quel est ton nom, jeune homme ?"

    Aristote : "Aristote."

    Platon : "Fort bien. Aristote, sache que je n’accepte personne dans mon cour que je n’ai d’abord testé."

    Aristote : "Je suis prêt."

    Platon : "Bien. Aristote, si je t’admets en mon enseignement, je t’apprendrai les rudiments de la logique, et davantage si ton intelligence le permet. Mais d’abord, tu dois savoir te détacher de ce que tu considères comme certain. Un bon philosophe ne fait confiance qu’à sa propre raison, et doit être capable de démonter les raisonnements pervers des sophistes pour avoir une connaissance parfaite des choses de ce monde. Ecoute bien ceci : il faut dire qu’aucun chat n’a huit queues, mais cependant, un chat a une queue de plus que nul chat. Donc, un chat doit avoir neuf queues."

    Aristote écoutait avec attention.

    Platon : "Alors, peux-tu me démontrer l'absurdité de ce sophisme ?"

    Aristote réfléchit un instant puis énonça la chose suivante...

    Aristote : "Et bien continuons le raisonnement. Un chat doit donc avoir neuf queues, donc un chat a neuf queues de plus que nul chat. Et comme aucun chat n'a huit queues, un chat doit en avoir dix-sept..."

    Platon : "Bien vu"

    Aristote : "Si on fait tourner le raisonnement en boucle, il en vient à se contredire. L'énoncé qui vient en conclusion ne peut donc qu'être faux."

    Platon : "C’est remarquable, jeune homme. Je vois qu’il n’est pas nécessaire de t’enseigner l’art du syllogisme, il est inné chez toi."

    Et Aristote fut heureux d’avoir satisfait son nouveau professeur.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre VII - La rupture


    Aristote suivait l’enseignement de Platon avec avidité. Ce que le maître disait, l’élève l’intégrait comme inaltérable vérité. Les grandes capacités d’Aristote en avaient fait le disciple préféré de Platon, et lorsque le maître énonçait un principe, l’élève trouvait toujours le moyen d’en assurer l’exactitude, par quelques réflexions ou exemples bien trouvés.

    Mais un beau jour, le maître et l’élève eurent leur première dissension, alors que Platon affirmait la chose suivante.


    Platon : "Ainsi, les idées sont une création abstraite de notre intellect. Elles ont une existence qui leur est propre."

    Aristote : "Vous voulez dire, maître, qu’il n’existe pas autant de choses que d’idées ?"

    Platon : "Oui, c’est ce que je veux dire, brillant disciple."

    Aristote : "Mais par là même, vous prétendez qu’il existe des choses sans qu’une idée y soit associée, et inversement."

    Platon : "En effet, l’idée est le produit de la conscience, et la chose celle du réel. C’est deux objets qu’il convient de distinguer."

    Aristote : "Voilà bien une proposition étrange, cher maître, de dissocier ainsi ce qui est indubitablement lié."

    Platon : "Que veux-tu dire ?"

    Aristote : "Et bien qu’une idée ne peut exister sans la chose à laquelle elle se réfère."

    Platon : "Mais que fais-tu de l’abstraction, Aristote ?"

    Aristote : "L’abstraction est une illusion, cher maître. L’idée ne vient à l’esprit que tant qu’il existe la chose. Nous sommes parties d’un tout, et si un élément devient intelligible, c’est bien parce qu’il existe."

    Platon : "Mais par telle affirmation, tu nies le pouvoir créateur de l’esprit."

    Aristote : "L’esprit ne fait qu’observer et constater. Les idées ne sont que la faculté de l’homme à voir ce qui l’entoure. Elles ne font que rendre intelligible l’essence des choses. Et par extension, les choses qui sont intelligibles à l’homme ne sont qu’une copie des idées qu’il s’en fait. Rien n’existe en dehors de l’intelligibilité."

    Dès lors, la rupture fut consommée entre le maître et le disciple. Aristote, entretenant toutefois un respect à l’égard de Platon qu’il conserva intact jusqu’à son trépas, prit la décision de s’affranchir de son professeur, et quitta Athènes.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre VIII - L'unité de Dieu


    Aristote, qui se sentait en age de maturité philosophique, et émancipé de la tutelle de son maître, décida qu’il était temps pour lui de fonder sa propre école. Il savait qu’Hermias, son ami de longue date et seigneur d’Atharnée, avait réuni un petit cénacle d’anciens élèves de l’académie d’Athènes à Axos, sur la côte de la Troade. Aristote décida donc de diriger cet enseignement, et fonda ainsi sa première école.

    L’académie d’Aristote avait grand succès. Des élèves de toute la Grèce affluaient pour recevoir les lumières du maître. Par un beau jour de printemps, un disciple prometteur vint trouver Aristote.


    Le disciple : "Maître, j’ai bien pensé, jusqu’à n’en point dormir, et il est toujours une question qui taraude mon esprit juvénile."

    Aristote : "Je t’écoute. Dis moi ce qui te tracasse."

    Le disciple : "Et bien maître, vous nous enseignez que l’univers est dynamique, vous nous enseignez que si l’essence est statique, la forme, elle, est mouvante comme une onde sur la surface de l’eau."

    Aristote : "Oui, c’est vrai."

    Le disciple : "Mais maître, selon ce principe, à tout acte correspond une puissance, comme vous le dites vous même, et ainsi donc, à tout effet correspond une cause."

    Aristote : "Certes."

    Le disciple : "Alors, maître, si je remonte dans l’ordre des effets et des causes, je ne devrais aboutir qu’à une seule cause pour tous les effets. Or, sauf votre respect, il est notoire que les dieux sont plusieurs. Ainsi, selon votre théorème, le monde ne devrait être que chaos, car dès l’origine, les causes sont multiples et ne se concertent pas en volonté. A moins de postuler que tous les dieux ne sont les effets que d’un seul, puissant par-dessus tout. Pouvez-vous m’éclairer ?"

    Aristote : "Mais, cher disciple, la solution se trouve dans l’énoncé du problème. Raisonne un peu, mon ami. Tiens t-en aux principes de la dialectique et du syllogisme. Il y a, dans ton exposé, un élément exogène, et parasitaire, à savoir ce que tu qualifies de savoir public. Je te l’ai déjà dit, nous sommes des philosophes, et l’on ne peut atteindre la vérité que par l’action de notre esprit qui qualifie la substance, non en prenant quelques postulats pour argent comptant."

    Le disciple : "Que voulez-vous dire, maître ?"

    Aristote : "Je veux dire que si tu remontes l’ordre des causes et des effets, tu trouveras la cause finale, l’intelligibilité pure, comme tu l’as dit. Ainsi, s’il est notoire que les dieux sont plusieurs, ça n’en est pas moins faux, car telle affirmation ne résiste pas à l’examen logique de la proposition."

    Le disciple : "Euh, pouvez vous être plus clair, maître ?"

    Aristote : "Certes, je le peux, par ce syllogisme enfantin : une cause finale est une intelligence pure, une divinité. Si on remonte l’ordre des causes et des effets, on ne trouve qu’une seule cause finale. Donc Dieu est unique."

    Le disciple : "Ah bah ça alors !"

    Aristote : "Je ne te le fais pas dire, cher disciple. De Dieu il n’y en a qu’un, ce moteur immobile du monde, cette volonté parfaite qui est la source de toute substance, de tout mouvement. Dieu est la finalité cosmique de l’univers."

    Et le disciple de s’en retourner à ses pénates, satisfait de la réponse de son maître…

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre IX - La nature des astres


    Par un jour sans nuage, Aristote avait convié ses disciples à admirer la voûte céleste. Tous s’émerveillaient de la beauté des astres, brillant comme des flambeaux sur un ciel d’encre. Le maître montrait à ses élèves comme les étoiles ont un mouvement caractéristique. Mais certains commençaient à avoir froid et voulaient rentrer se coucher.

    Sargas : "Maître, ne serait-il pas plus profitable pour nous de discuter et d'étudier plutôt que de paresser ainsi dehors ?"

    Aristote : "Ainsi donc, tu penses que nous paressons. Ne crois-tu pas que les sphères célestes soient les choses les plus parfaites qui existent ?"

    Sargas : "Je ne sais pas."

    Aristote : "De quelle manière se déplacent les astres, dis-moi ?"

    Sargas : "Maître, ils se déplacent en cercles, fixés qu'ils sont sur des sphères cristallines et transparentes."

    Aristote : "Bien. Et la Terre, quelle est sa forme ?"

    Sargas : "L'observation des étoiles à l'horizon, lors d'un voyage ou depuis le pont d'un bateau, nous montrent qu'elle est ronde."

    Aristote : "Ainsi donc tu écoutes fidèlement mes leçons. La Terre est sphérique, et le ciel se compose de sphères supportant les astres. Le cercle et le mouvement circulaire sont partout. Or quel mouvement est plus parfait que le mouvement circulaire ?"

    Sargas : "Aucun maître, car il se suffit à lui-même et traduit la continuité. Le mouvement circulaire est le mouvement parfait par excellence."

    Aristote : "Or un mouvement parfait ne peut être produit que par une puissance parfaite. Et la seule puissance parfaite, c'est Dieu ! Chers disciples, l'observation des cieux nous permet de comprendre comme sont bien agencées les sphères célestes. Et cette perfection porte la marque de Dieu."

    Sargas : "Vous avez raison, maître, merci pour cette leçon."

    Aristote : "Ne me remercie pas, remercie les astres ! Tiens, prend ces pièces et va nous cherchez un peu de vin chez Oinos"

    Sargas : "J'y cours, maître"

    Sargas revint avec du vin pour tous les disciples. Et ils restèrent encore un moment à contempler les étoiles.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre X - La morale


    Par un rude jour d’hiver, un disciple, qui avait atteint le terme de son enseignement, vint trouver Aristote, avant de quitter le lycée.

    Le disciple : "Cher maître, maintenant que je vais être livré à moi-même, il y a une chose que j’aimerais savoir."

    Aristote : "Je t’écoute, brillant disciple."

    Le disciple : "Vous m’avez remarquablement formé à l’art de la logique et à la science métaphysique, mais vous ne m’avez rien dit quant à la morale."

    Aristote : "Tu dis vrai, mon ami. C’est en effet une lacune de mon enseignement. Que veux-tu savoir au juste ?"

    Le disciple : "Il est important pour un homme, je le crois, de savoir identifier le bien du mal, afin de se conformer aux règles qui conduisent au premier, et qui permettent d’éviter le second."

    Aristote : "Certes."

    Le disciple : "Ce qui m’amène à cette question simple, maître, qu’est-ce que le bien ?"

    Aristote : "C’est un problème tout à la fois vaste et d’une simplicité limpide comme le cristal. Le bien, dans son principe, c’est la perfection de la nature de l’objet, de sa substance."

    Le disciple : "Mais pourquoi donc, cher maître ?"

    Aristote : "Parce que le bien ultime réside dans le divin, sans nul doute. Et pour identifier le bien, il suffit donc de s’attacher à l’analyse de l’essence du divin. La substance du tout puissant étant intelligibilité pure et parfaite, le bien ne peut être que perfection de la substance, et donc de la nature d’une chose. Comprends-tu ?"

    Le disciple : "Oui, cher maître, je comprends."

    Aristote : "Je t’ai enseigné, cher disciple, que la nature d’une chose réside dans sa destination, puisque le mouvement révèle la substance de l’objet. Tu sais donc quelle est la nature de l’homme n’est-ce pas ?"

    Le disciple : "Certes, maître, la nature de l’homme est de vivre en collectivité, et cette collectivité prend le nom de cité."

    Aristote : "Tout à fait. Le bien de l’homme, c’est à dire ce qui tend à réaliser la perfection de sa propre nature, est donc une vie vouée à assurer les conditions de l’harmonie au sein de la cité. Or, le bien de la cité, est tout ce qui participe à son équilibre, puisque la nature de la collectivité est de se perpétuer. Ainsi donc, tu peux le constater, le bien de l’homme conduit au bien de la cité."

    Le disciple : "C’est remarquable !"

    Aristote : "En effet, ça l’est. Vois-tu, l’homme ne fait le bien qu’en s’intégrant pleinement à la cité, en participant à la politéïa, et en faisant tout son possible pour en maintenir l’harmonie."

    Le disciple : "Alors, cher maître, l’homme de bien est donc le citoyen ?"

    Aristote : "Je n’ai pas dit cela, cher disciple. Un esclave peut être un homme de bien, s’il a conscience de sa propre nature d’homme, et qu’il sait se satisfaire de sa condition, car ainsi il œuvre au maintien de l’équilibre de la cité. La politéïa n’est pas que la participation aux assemblées."

    Le disciple : "Et bien, cher maître, voilà des réponses qui me satisfont."

    Aristote : "J’en suis heureux, mon ami."

    Et sur ce, Aristote ne revit jamais son disciple qui, selon la légende, vécut une existence exemplaire, inspirée par les principes de la vertu.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre XI - Le songe


    Un matin, Aristote avait une mine préoccupée. Son fidèle Sargas, qui fréquentait le lycée depuis des mois, vint à sa rencontre pour s’enquérir de son sort. Le maître lui fit cette réponse…

    Aristote : "Cette nuit, mon cher disciple, j’ai fait un rêve."

    Sargas : "Ah oui, maître ? Racontez-moi."

    Aristote : "Certes oui. J’ai songé qu’en orient existait une cité merveilleuse."

    Sargas : "Quel genre de cité ?"

    Aristote : "Une cité idéale, parfaite, où tous vivaient en une fabuleuse harmonie. L’équilibre y était si solide que nul n’aurait pu le rompre, pas même la venue d’un étranger comme je l’étais dans mon imaginaire. J’y ai fait intrusion, y ait importé mes mœurs, que je dirais à présent corrompues, mais j’y ai été accueilli comme un frère."

    Sargas : "Quels étaient ses principes, maîtres ?"

    Aristote : "Cette cité est organisée selon le principe de trois cercles concentriques, ou trois classes de citoyens si tu préfères.

    Je commencerai par te décrire ce qui constitue la plus basse de ces classes, à savoir celle des producteurs, la classe d’airain. Ils constituent la majorité, et vivent paisiblement de la culture de leurs champs et de l’élevage de leurs bêtes. Ils prennent ce qui est nécessaire à leur subsistance, et à celle de leurs familles, dans leur propre production, et donnent le reste aux classes supérieures. Si ces hommes constituent la base de la cité, leur sort est cependant enviable. Ils connaissent les joies de la tranquillité, d’une existence simple au service de la collectivité. Ils s’adonnent à l’activité physique qu’exige un travail régulier, et qui maintient leur corps en condition, meublent leur temps libre par la contemplation des choses de la nature, par l’éducation des enfants que ces gens là placent en très haute considération, et par la prière, adressant leurs louanges à Dieu qui leur a donné les plaisirs dont ils sont bénéficiaires.

    La seconde classe de citoyens, la classe d’argent, est celle des gardiens, des soldats. Ceux là sont autorisés à l’oisiveté, et profitent, en temps de paix, d’une subsistance gratuite qui leur est fournie par les producteurs. Ils philosophent, admirent eux aussi les bienfaits de la nature, s’instruisent quel que soit leur age, s’entraînent au maniement des armes. En temps de guerre, ils se font les plus fervents défenseurs de la cité. Leur courage n’a pas d’égal, et ils donneraient leur vie, sans hésitation, pour la conservation de la communauté, ou pour défendre leur foy qu’ils placent en très haute estime. Et au retour des combats, ils sont accueillis comme des héros. On dépose sur leurs têtes des couronnes de lauriers, on les traite comme des princes, et de fabuleux festins sont tenus en leur honneur. Ils sont portés en triomphe par le peuple, et aimés par les femmes.

    La troisième classe de citoyens est celle des philosophes rois, la classe d’or. Ceux là sont les plus anciens, recrutés parmi les gardiens qui se sont montrés les plus braves, les plus aptes au commandement, et les plus doués en matière de philosophie. Leur seul bien est la raison, car ils sont délivrés de leurs possessions terrestres. Leur foy en Dieu est leur seule arme. Ils s’illustrent par la pratique des vertus de la manière la plus parfaite. Ils sont un exemple pour tous, et le peuple est heureux de sacrifier un peu de sa propriété pour assurer la survie de ses maîtres. Les philosophes rois constituent le gouvernement de la cité. Ils décident collégialement de ses destinées. Ils sont également les ministres du culte rendu au Tout-Puissant, et là réside leur légitimité. On tient leur pouvoir comme inspiré par le Très-Haut, de part leur condition de prêtres. Ils organisent l’ensemble de la cité, planifient la production, rendent la justice, et légifèrent."

    Sargas : "Par ma foi, voilà une formidable cité que vous me décrivez."

    Aristote : "Certes, c’est vrai. Et j’ai la conviction intime qu’elle doit exister, quelque part."

    Sargas : "Croyez-vous, maître ? N’est-ce pas là un simple songe ?"

    Aristote : "Non, je crois plutôt qu’il s’agit d’une prémonition. Et je veux m’en assurer par moi même. J’ai fait mon temps ici, et de ta condition de disciple, tu vas passer maître. Le lycée t’appartient."

    Sargas : "Comment, maître ? Mais j’ai encore beaucoup à apprendre."

    Aristote : "De moi, non, mon cher ami."

    Et le maître, toujours aussi grave, laissa Sargas décontenancé, pour s’intéresser aux préparatifs de son voyage en orient…

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre XII - L'ermite


    Aristote cheminait en Attique alors qu'il avait rendu visite à un lointain parent vivant à Thèbes. Il était seul, ayant laissé la responsabilité de son école à ses meilleurs élèves. Mais à une bifurcation, il se trompa de chemin et au lieu de redescendre vers la plaine et la ville, il s'engagea dans les collines. Au bout de deux heures de marches, il se rendit compte de son erreur et avisa une habitation isolée. Il décida d'y aller demander conseil sur la route à suivre.

    Au fur et à mesure qu'il s'approchait, il se rendit compte que ce qui de loin passait pour une maison n'était une mauvaise cabane adossée aux rochers, masquant grossièrement l'entrée d'une grotte.

    Il frappa à la porte et héla, on vint lui ouvrir. L'homme, âgé, était à peine vêtu, et seulement de haillons. Il était maigre et hirsute.


    Aristote : "Bonjour, vieil homme. Je me suis perdu et cherche le chemin de Mégare."

    Ermite : "C'est si tu y vas, que tu seras perdu."

    Aristote : "Je n'ai point souvenir que la ville ou les routes alentours soient à ce point peuplées de brigands."

    Ermite : "Qui donc te parle de brigands. Elles sont peuplées d'humains. C'est déjà bien assez dangereux. "

    Aristote comprit alors qu'il avait affaire à un ermite.

    Aristote : "Dis-moi, es-tu heureux ?"

    Ermite : "Si je suis heureux ? Et comment ! J'ai tout ce qu'il me faut : l'eau de la rivière, des oliviers, un petit jardin. Et comme je ne suis pas maladroit de mes mains, je fabrique ce dont j'ai besoin. Je n'ai besoin de rien, ni de personne. Je suis parfaitement heureux."

    Aristote : "Un homme ne peut pas se contenter d'une telle vie. Ou alors il n'est pas pleinement."

    Ermite : "Balivernes ! Je suis le meilleur des hommes."

    Aristote : "Comment le saurais-tu, toi qui ne connais pas les autres ? Etre un humain, c'est vivre selon la vertu. Et la vertu est une pratique qu'on ne peut exprimer qu'avec les autres. Tu vis bien certes, mais tu ne pratiques aucune vertu puisqu'il n'y a personne avec qui tu puisses la pratiquer. Tu vis comme un ours, indépendant. Mais a-t-on vu un ours faire preuve de vertu ? Tu n'es pas un homme heureux puisque tu n'es même pas un humain. Un humain a des amis, où sont les tiens ?"

    Ermite : "Mes amis sont la nature, mes oliviers, mes légumes."

    Aristote : "Une véritable amitié se fait entre égaux. Tu es donc l'égal d'un olivier : planté et immobile. Tu survis en marge de la Cité au lieu d'y participer comme le fait tout véritable humain. Je vais donc te laisser prendre racine, adieu !"

    Et Aristote reprit sa route, descendant vers Mégare.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre XIII - La réception chez Polyphilos


    Aristote avait été invité à une réception chez un riche marchand athénien exerçant également les fonctions d'archonte. Il s'appelait Polyphilos. C'était un homme riche et puissant, passionné par la philosophie. Il venait souvent écouter Aristote, aussi souvent que ses charges et son statut le lui permettaient. Sa maison était pleine à craquer, et les tables regorgeaient de victuailles.

    Aristote tenait une coupe de vin qu'il venait de remplir au cratère. Il prit une feuille de vigne farcie quand Polyphilos s'approcha de lui.


    Polyphilos : Aristote, cher maître. Comment trouvez-vous cette réception ?

    Aristote : Je vous avoue que je préfère les plus petits comités, on ne s'entend pas, ici. Mais votre maison est splendide et le banquet est digne des plus grands rois.

    Polyphilos : Merci pour ces compliments. Mais rien n'est trop beau pour mes amis et j'aime à les avoir tous autour de moi.

    Aristote : Tous ces gens ici, sont donc vos amis ?

    Polyphilos : Bien entendu. Nul n'entre ici qui ne soit mon ami.

    Aristote : Je vois pourtant des gens de toutes extractions sociales et occupant diverses fonctions pour la Cité.

    Polyphilos : Et alors ? Je ne suis pas hautain. Je laisse ça au nouveaux riches.

    Aristote : Certes, c'est tout à votre honneur. Mais il ne peut s'agir d'amitié véritable. Un vrai ami est un égal car l'amitié doit être parfaitement réciproque et équitable. Si elle ne l'est pas, ce n'est plus de l'amitié mais de l'intéressement. Un roi ne peut rien attendre d'un mendiant, ce dernier est incapable de l'aider en cas de besoin, or l'entraide est la base de l'amitié. Donc il n'y a pas d'amitié possible entre personnes par trop inégales.

    Le jeune fils de Polyphilos s'était approché.

    Eumónos : Je le répète sans cesse à mon père. Ces gens ne sont pas ses amis et il doit prendre ses distances.

    Aristote : Ce serait tomber dans l'excès inverse, jeune homme. L'amitié est le plus grand bien de l'homme. Elle noue les liens des communautés. Et les communautés forment à leur tour la Cité. L'amitié permet les relations sociale et l'Humain peut alors prendre part dans les affaires de la Cité. Et comme la vertu cardinale de l'homme est la participation à la cité, l'amitié est une chose essentielle.

    Eumónos : Mais comment trouver un parfait égal ?

    Aristote : Ce n'est pas nécessaire. Il faut surtout que l'intéressement ne soit pas trop prononcé dans le chef d'un des prétendus amis. Le juste milieu, celui de la vertu, c'est de savoir s'entourer d'amis véritables, de gens qui peuvent compter sur vous et sur qui vous pouvez compter.

    Polyphilos et Eumónos hochèrent la tête pour marquer leur accord. Aristote s'éloigna de quelques pas avant de se retourner.

    Aristote : Ces feuilles de vigne sont délicieuses, aussi délicieuses que le conseil d'un ami, vous ne trouvez pas ?

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Oberon.



Inscrit le: 08 Déc 2016
Messages: 769

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2020 7:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    La Vita d'Aristote, Livre Ier - Dialogues
    Chapitre XIV - Le jeune philosophe


    Aristote en était au soir de sa vie. Sa réputation dépassait largement les mers qui bordent l'Ellade. Mais le vieux maître aimait de plus en plus à se promener dans les campagnes qui jouxtent Athènes. Un jour qu'il passait la porte ouest, il remarqua un groupe de jeunes gens assis dans un jardin. L'un d'entre eux se tenait sous un olivier, il semblait mener leur discussion. Si la vieillesse avait émoussé le corps d'Aristote, son esprit et sa curiosité étaient encore aussi affutés que la lame d'un couteau scythe. Il s'approcha du groupe. Il s'aperçut alors qu'ils parlaient de philosophie.

    Un jeune : O Epikouros, parle-nous des Dieux.

    Epikouros : Qu'est-ce qu'un Dieu, sinon un être parfait, et donc un être parfaitement heureux. Et s'ils sont parfaits, ils sont incorruptibles, donc leur bonheur est éternel. Aussi pourquoi les Dieux se soucieraient-ils de nous ? Nous devons nous désintéresser des Dieux car ils n'ont en retour aucun intérêt pour nos petites affaires.

    Aristote : Quelles sottises !

    Alors que tous se retournaient pour voir qui avait prononcé ces paroles, Aristote s'approcha, considéra une pierre et s'y assit.

    Epikouros : Tu n'es pas d'accord avec ce que je viens de dire ?

    Aristote : Comment le pourrais-je, puisque c'est faux ? Tu dis que les Dieux sont parfaits, n'est-ce pas. Mais réfléchi à ce qu'est la perfection. La perfection n'est pas seulement physique, elle est aussi morale. Un Dieu doit forcément être parfaitement moral, donc vertueux, donc bon.

    Epikouros : Mais peut importe qu'il soit bon. Il est tellement parfait qu'il ne se soucie pas de nous.

    Aristote : Que du contraire, sa perfection l'oblige à se préoccuper de tout, sans cela, il lui manquerait quelque chose et il serait imparfait. Et puis ,tu parles des Dieux, il n'en existe pourtant qu'un seul. Comment un être parfait pourrait-il exister à côté d'un autre ? De même, s'il est parfait, il est unique car toute perfection étrangère à la sienne ne peut que lui être retranchée.

    Epikouros : L'unicité ne peut engendre la multiplicité. Si ton être parfait existe, rien ne peut exister à côté.

    Aristote : L'argument est beau, mais il est inutile car visiblement nous existons, et de toute évidence Dieu existe. Je dirais même plus, notre existence implique celle de Dieu. Tout effet a une cause. L'existence elle-même doit avoir une cause, qui en a une elle-même... Si on veut éviter la régression à l'infini, il faut postuler une cause première. Or qui d'autre peut-être cette cause première sinon un être tellement parfait qu'il ne peut avoir ni début ni fin ? Cette cause première est la source de toutes les causes. Cette discussion, d'ailleurs, a plusieurs causes.

    Epikouros : Tu m'intrigues...

    Aristote : Alors tu es moins borné que je le pensais. Ecoute bien les autre causes de notre discussion. La cause matérielle, c'est toi, car tu es là et tes propos ont provoqué cette discussion. Tu es la matière première. La cause efficiente, c'est moi, car c'est moi qui instille en toi un peu de sagesse. Je suis l'artiste. La cause formelle, c'est la dialectique, que tu dois encore apprendre à maîtriser. C'est la technique de l'art. Et la cause finale, c'est la vérité qui s'implanter dans ton âme. C'est l'oeuvre terminée.

    Aristote se leva alors que le jeune philosophe ne trouvait rien à répondre. Il épousseta son chiton et partit sans un mot. Arrivé à quelque distance, il leva les yeux vers le ciel et prononça ces mots :

    Ce jeune homme ira loin. Ses idées risquent de se propager rapidement. Espérons que d'autres viendront qui poursuivront mon oeuvre et traqueront ce genre de pensées.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum -> La Bibliothèque Romaine - The Roman Library - Die Römische Bibliothek - La Biblioteca Romana -> Office des bibliothécaires - Office of the Librarian Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivante
Page 4 sur 7

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com