L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Melo03]

Dans l'une des absides de la Ste Chapelle se trouve le confessionnal, pour tous ceux qui souhaitent confier leurs fautes et recevoir les conseils d'un clerc.

[Melo03]

Elle l'avait repoussé le plus longtemps possible.
D'abord ce fut : non tout va bien.
Quelques heures passèrent et ce fut : certes, je devrais peut-être aller me confesser...
Et quelques jours plus tard : oui, d'accord, je vais aller me confesser.

C'est pourquoi Melo entra dans la Ste Chapelle, lieu incontournable à l'AEF. Elle longea les allées et s'inclina devant l'autel.
Ses yeux cernés de mal dormir cherchèrent du regard les grandes armoires qui servaient de confessionnal.

Ah ! Trouvé ! L'archidiacre ouvrit une des portes et pénétra dedans, s'enfermant ensuite dans le noir. Elle s'assit sur le petit banc en bois, le dos plaqué contre la paroi et les yeux tournés vers un dessin d'Aristote qui trônait sur l'intérieur de la porte. Des petits trous laissaient passer quelques rayons de lumière.

L'on avait l'impression d'être seul au monde, l'impression de pouvoir confier tous ses pêchés en toute intimité... et c'était évidemment le but recherché.
_________________

[Lorenzo_cosini]

Lorenzo avait été informé qu’une personne désirait se confesser. Comme l’archidiacre ne semblait pas disponible, il décida alors d’aller assurer la confession lui-même. N’était-il pas le devoir de tout bon prêtre d’assister son prochain, d’aide ceux qui en font la demande ? C’est ainsi que l’évêque de Nîmes s’engouffra dans le confessionnal, prenant place sur ses bancs en bois entouré d’une pénombre timidement transpercé par quelques maigres lueurs. Il y régnait une ambiance particulière, celle qu’on retrouve que dans les lieux de profonde contemplation spirituelle.

« Soyez bienvenue. Comment puisse-je vous aider ? »

[Melo03]

Melo attendit dans le noir un certain temps.
Finalement quelqu'un se présenta. Un homme, la voix lui était familière mais impossible de replacer son nom. Ce n'était pas plus mal après tout. Cela donnerait une impression supplémentaire de pouvoir se confier sans limite.

Pardonnez moi mon Père car j'ai pêché...

Réponse simple et courte. Apprise et récitée des centaines de fois, pourtant ce jour, Melo se sentait mal en la prononçant. Peut-être parce que pour la première fois elle pressentait que c'était vrai ?
Elle soupira et reposa sa tête sur le mur, regardant aveuglement le plafond sombre.

A vrai dire, j'ignore ce que je dois dire. J'ai l'impression d'avoir fauté mais je n'arrive pas à savoir si c'est le cas. Peut-être que tout est dans ma tête, voyez-vous ? Peut-être que c'était juste... enfin je ne sais pas...

Confuse et brouillée, voilà comment elle se sentait ces derniers jours. En fermant les yeux, elle pouvait presque sentir à nouveau son souffle sur son oreille. Melo secoua la tête, presque épouvantée.
_________________

[Lorenzo_cosini]

Lorenzo écoutait attentivement les paroles de la femme, visiblement la voix était féminine et elle semblait légèrement perturbée. Il arrivait quelquefois que le péché se montre plus sournois, plus occulte et moins saisissable. Quoique, il était aussi possible que l’on confonde une chose anodine avec ce qui est imaginé être un péché. L’âme en quête de vertu pouvait quelquefois trébucher à cause d’un excès de piété. Comme toute chose, l’Homme devait chercher et trouver le juste milieu, celui qui permettait de se rapprocher le plus que possible de la vertu sans tomber dans un extrême.

Que dire, comment conseiller ? Lorenzo sentit surtout un besoin de parler, de s’exprimer. La Confession était aussi là pour cela. C’était un moment où on pouvait ouvrir son âme, parler de ce qui nous tracasse, sans craindre l’opprobre ou le jugement.

Ma fille, ne craignez rien. Vous avez dit que c’était juste quelque chose, sans le spécifier. Racontez-moi tout simplement les évènements qui semblent vous perturber. Vous parlez commencer par simplement raconter ce que vous avez vécu. Nous pourrons ensemble alors chercher à comprendre l’importance ou non de ce qui s’est passé.

L’évêque de Nîmes chercha à se montrer apaisant. Il n’était pas son but d’être dans le reproche, mais de suivre le chemin de la compréhension.

[Melo03]

Par où commencer ?

Tout a commencé avec Laodin. J'ai travaillé avec lui - ou plus exactement il a travaillé et je l'ai regardé. Il est archiviste à l'AEF, voyez-vous. Donc son rôle c'est de fouiller et trouver des informations. Quand j'ai eu cette idée, j'ai donc été le voir pour lui exposer et c'était la première fois que j'allais dans son bureau.
Bureau atroce, avec des toiles d'araignées, des rats et d'une taille minuscule... Un rat m'est passé entre les jambes !

Se perdait-elle en détails ? Sûrement, mieux valait parler de choses innocentes que d'arriver au nœud du problème.

Monseigneur Laodin a fait un travail superbe - comme d'habitude - souligna-t-elle. J'ai trouvé cela injuste qu'il soit relégué dans ce placard donc j'ai voulu l'emmener voir son Supérieur et réclamer un autre espace de travail pour lui...

Voilà on entrait dans le vif du sujet.

Il était amusant de constater qu'elle dit "son Supérieur" et pas "leur" car il était tout aussi bien celui de Laodin que le sien. Lapsus révélateur si elle y avait prêté attention... ce qui ne fut pas le cas.

Sa voix s'éteignit tandis qu'elle cherchait ses mots. Elle ne souhaitait pas mentionner qui était le supérieur en question, mais peut-être que le confesseur comprendrait seul... ou pas !

Sauf qu'il était énervé ce jour là... La conversation a vite perdu tout contrôle, voyez-vous... Il y a eu son lot d'incompréhension, il a mis en doute sa confiance vers moi, m'a plus ou moins insulté... ou en tout cas, j'ai cru l'être...

Qu'importe au final. La colère fait souvent dire des choses que l'on ne pense pas et les oreilles blessées n'entendent que ce qu'elles veulent...
Melo changea de position. A quand les petits coussins douillés sur les bancs en bois ?

J'ai donc rendu mes clés... Réaction puérile au possible, je ne le pensais pas vraiment. Je suis partie pour aller prier.

Elle soupira et avoua car elle ne savait que trop que c'était important d'être honnête en confession :

A vrai dire, je le connais suffisamment pour savoir qu'il allait regretter ses mots et viendrait un jour me chercher... Ce qui fut le cas dans les minutes qui suivirent. Bien plus rapide que ce que je croyais...

La rouquine ne put retenir un sourire qui la fit aussitôt culpabiliser. Elle posa ses coudes sur ses genoux et se prit la tête dans les mains, en grognant doucement. Comment pouvait-elle encore en être émue !?
Elle se défendit malgré elle en affirmant :

Nous avons toujours travaillé en bonne intelligence et sans aucun malentendu possible. En tout cas, le pensait-elle jusqu'à ce jour où il lui avait brisé le cœur en doutant d'elle.

Nous avons échangé des mots... devant témoin... Des mots que nous n'aurions pas dû... que l'on n'aurait jamais dû... enfin qui ne sont pas permis dans notre cas...

Elle bafouillait et jeta un coup d'œil vers le grillage occultant. L'histoire n'était pas tout à fait terminée mais l'hésitation la fit cesser de parler. De toute façon, le principal était dit...
_________________

[Lorenzo_cosini]

Lorenzo avait commencé à écouter avec attention le récit de la fidèle. L’histoire semblait au début très banale. Une simple dispute entre collègues ? Voilà quelque chose qui arrivait souvent. Devait-on vraiment s’inquiéter pour le salut de son âme ? Après oui, la colère était un vice, quelque chose qui pouvait non seulement teinter l’âme, mais également ouvrir le chemin à des vices bien plus graves et plus dangereux. En tout cas, on ne perdait jamais à partager ses manquements et ses erreurs, même s’ils pouvaient paraitre bien petits en comparaison avec des faits et méfaits bien plus graves et grands.



Monseigneur Laodin était donc au centre de cette dispute ? Décidément, il ne le connaissait pas comme un homme sujet à la colère. Certes, il avait quelquefois la capacité à se montrer insistant auprès de certains princes, du moins, c’est ce que Lorenzo avait pu apprendre de ses sources au sein de certains palais. Néanmoins, monseigneur Laodin ne lui semblait pas comme un homme au caractère bien méchant.

Il continua ainsi à écouter le récit. Tout prit un tournant vers la fin, tout particulièrement avec la phrase « Nous avons échangé des mots... devant témoin... Des mots que nous n'aurions pas dû... que l'on n'aurait jamais dû... enfin qui ne sont pas permis dans notre cas... ». Voilà qui semblait fort peu sujet à interprétation, du moins si on prenait en compte la toute dernière partie. Avait-il bien compris, avaient-ils échangé des paroles fort peu adéquates de leur rang ? Après, peut-être que ces paroles étaient un malentendu. On pouvait quelquefois confondre certains propos et leur accorder une importance excessive. Il fallait que Lorenzo pousse davantage pour avoir la certitude au sujet de ces paroles. Certes, c’étaient en soi que des paroles, mais les mots avaient la vilaine habitude à prendre vie et à aboutir aux actes, autant que la rivière cherche à atteindre la mer. Il dit alors.

Je vous remercie de votre confiance et de votre courage de parler librement. Nous sommes tous pécheurs, imparfaits et sujets aux erreurs. Notre quête de la vertu est un long chemin douloureux, marqué par les revers et les échecs. Toutefois, nous ne devons jamais cesser de nous battre pour nous améliorer et nous repentir de nos fautes. Le fait que vous soyez venu ici est déjà un grand pas, une prise de conscience desquels jaillira la source d’eau pure du Salut.

Il marqua une pause. Il ne voulait pas la brusquer. Elle était courageuse de venir narrer son vécu. Ce n’était certainement pas simple et il ne voulait pas violenter une âme déjà tourmentée par la conscience du péché. Néanmoins, il sentait qu’il devait lui poser une question supplémentaire, indispensable. Cela lui déplaisait de le faire, mais il ne pourrait pas aider sans connaitre davantage.

Je sais que le récit n’est pas simple, mais avez-vous la force de me dire quels furent les mots exacts que vous vous êtes échangés avec monseigneur Laodin ? Soyez sans crainte, nul ne vous juge ici, car vous êtes venu vous repentir.

[Melo03]

Les mots rassurants de Lorenzo eurent l'effet voulu. C'était assez étrange d'ailleurs, l'on aurait pu croire que, prononçant quasiment les mêmes à chaque confession, ils n'auraient plus d'impact sur elle... Et bien si...
La suite la surprit. Laodin ? Que venait-il faire dans cette partie de l'histoire. La méprise la fit doucement rire. Laodin, elle l'admirait autant qu'elle compatissait pour lui. Ses problèmes de santé inquiétait beaucoup la veuve. Son intelligence surpassait bon nombre de personne et la rouquine était heureuse de le connaître. Sans lui, St Benoît n'aurait pas eu l'accréditation, c'était évident. Il était indispensable. Mais delà à lui conter fleurette...

Il y a confusion, ce n'est pas avec Laodin les mots... mais avec le supérieur...

Sa tête se posa contre le mur derrière elle tandis qu'elle se repassait la scène.
Sa première phrase, il n'en restait pas grand chose, à vrai dire. A ce moment là, la surprise de leurs mains jointes l'avait coupé du monde. Mais la suite de leur discussion demeurait gravée en elle.

En résumé, il a dit que je tenais son âme entre mes mains et que seulement imaginer mon départ... il n'était plus rien... Ce fut comme ci il ouvrait une porte, voyez-vous ? Une porte que l'on tenait fermement fermé jusqu'ici. Au creux de ses bras, j'ai réalisé que moi aussi je tenais à lui et que m'éloigner de lui m'était impossible...

Elle ferma les yeux, respirant lentement, tentant de contrôler les larmes qui menaçaient de se frayer un chemin.

Mais c'est impossible. Lui il a son sacerdose et moi je suis plus ou moins en couple.
_________________

[Lorenzo_cosini]

Lorenzo était secrètement soulagé, car l’idée de voir monseigneur Laodin courir après des jupons semblait non seulement saugrenue, mais doublement choquante. Au moins, il savait donc désormais que c’était bel et bien un début de romance entre la gente dame et son supérieur. Oh, ce n’était pas vraiment quelque chose de bien surprenant, et à ce stade pas quelque chose de bien méchant, mais cela pouvait être la graine de quelque chose de bien plus dangereux. La femme semblait consciente de cela, mais il avait une différence entre le savoir intellectuellement et les agitations du cœur. Néanmoins, Lorenzo ne voulait pas agir en père sévère, mais en tant qu’Ami, comme le voulaient les Écritures.

Je vous remercie d’avoir clarifié ce point. Il est important que je puisse avoir une idée claire de la situation.

Il marqua une pause avant de dire.

Nous sommes des êtres en chair et en os. Nous avons des désirs et l’Amour en fait partie. Le fait que votre supérieur ressente cela est humain, mais hélas, et vous l’avez bien dit, c’est un sentiment que vous ne pouvez pas vous permettre de laisser agir librement.

Votre supérieur est déjà marié, à savoir avec l’Église. Le fait qu’il vous ait confessé ses sentiments est humain, mais la vérité est qu’il n’aurait pas dû faire cela, car il vous met dans une position difficile. Que vous ayez aussi des sentiments, c’est à nouveau très humain, mais vous devez savoir que cela équivaut à interagir avec un homme déjà uni par les liens de mariage avec une autre.

Je pense donc que vous devez contenir vos sentiments, du moins ne pas les permettre de prendre le dessus. Ils existent et ils sont en soi très naturels, mais les sentiments affectifs que vous avez un envers l’autre, si vous les laissez agir sans restriction, causeront de grands dégâts. Mais vous l’avez vous-même dit et donc vous le savez.

Toutefois, pensez-vous pouvoir garder des distances avec lui ? Cela peut être très dur et il faut être conscient que peut-être vous serez obligé de vous éviter pour le bien des deux.

[Melo03]

Evidemment qu'elle le savait marié à Dieu, à l'église. Tout aurait été beaucoup plus simple si ça n'avait pas été le cas...

"Contenir vos sentiments" : ça, elle s'en sentait capable. Par contre "garder vos distances"...
Alors qu'elle acquiesçait dans la pénombre à chacune des phrases du prêtre, là la diacre ne put que grimacer. Etait-ce seulement possible ? Ils passaient tant d'heures à travailler ensemble ! Comment arrêter du jour au lendemain ?

Depuis cet instant volé, ils faisaient malgré tout énormément attention à leurs gestes, à leurs sourires ou même en leurs regards. Jamais trop longtemps, jamais trop appuyés... Ils évitaient même que leurs yeux se croisent...
Ils savaient tous les deux que c'était risqué et interdit. Ils feraient tout pour éviter que cela se reproduise... Cela devrait suffire, non ?

Nous allons essayer oui... Je vous remercie de vos conseils avisés, mon Père.

Elle était à la fois soulagée d'en avoir parler et effrayée. S'ils n'arrivaient pas à contenir leur émotion, ils risquaient tant... Lui, son sacerdoce et elle sa place... Melo adorait vraiment ce qu'elle faisait. Rome c'était sa seconde maison avec St Benoît... Ainsi, se jura-t-elle de faire attention.
Mais en attendant, elle attendait sa punition pour son pêché...
_________________

[Lorenzo_cosini]

C’est mon devoir. Ce n’est pas une situation facile, mais hélas, il n’existe pas beaucoup de solutions. Vous ne pouvez pas cueillir le fruit interdit, car les conséquences seront très graves et le péché significatif.

Il marqua une petite pause, laissant à la femme quelques instants pour réfléchir. Il ajouta alors.

Je vous propose de prier avec moi la prière de la confession. Cela vous fera du bien et permettra de nous adresser à Dieu afin qu’il nous aide à lutter contre la tentation. Vous aurez besoin de beaucoup de force pour ne pas succomber à la tentation qui est posée.

Lorenzo récita alors.

Pour la fleur écrasée, le caillou balancé…
Pour l’enfant apeurée par les cris des adultes,
Le vélin déchiré par animosité,
Ou pour la main blasée pour le denier du culte,
Pour le fruit défendu cueilli et chapardé,
Pour le prêt non rendu, et le fiel envoyé,
J’en demande pardon.

Pour le Dogme bafoué en toute inconscience,
Pour l’impôt non donné au Duché sans patience,
Pour le noir coup de fouet que la mule renâcle,
Pour avoir pardonné Justice que l’on bâcle
Pour la flèche fichée au cœur de l’innocence,
Pour le vice niché dans un nid de jouvence,
J’espère rédemption.

Pour le vieil impotent, ignoré bien souvent,
Pour les cris entendus emportés par le vent,
L’acédie récurrente, le grimoire laissé,
Pour les malfrats pendus et leurs vies taciturnes,
Ceux que l’épée pourfend dans les chemins nocturnes,
Et pour la plaie béante portée au trépassé,
Donnez-moi rémission.

Pour les mots effrayants et la Loi repoussée,
Pour l’armée décimée, le voyageur tué,
Les dépits dissonants, les injures en taverne,
L’isolée dans sa ville, ou l’ascète en caverne,
Pour le maire mal aimé ou le pigeon blessé,
Le pouvoir qui rend vil souvent perpétué,
Je fais ma contrition.

Pour le couple lassé, pour l’amour mal traité,
Pour le champ non semé, pour l’office manqué…
Pour l’ami repoussé, ou l’érudit planqué,
Pour l’échoppe cramée par peine ou par fierté,
Moqueries ou mensonges, ou manipulations,
Par stratégies qui rongent ou bien par évictions,
J’en demande la grâce.

[Melo03]

Erf Melo se rapetissa dans son placard en entendant les paroles dures mais juste du prêtre.

Melo récita après lui :

Pour la fleur écrasée, le caillou balancé…
Pour l’enfant apeurée par les cris des adultes,
Le vélin déchiré par animosité,
Ou pour la main blasée pour le denier du culte,
Pour le fruit défendu cueilli et chapardé,
Pour le prêt non rendu, et le fiel envoyé,
J’en demande pardon.

Pour le Dogme bafoué en toute inconscience,
Pour l’impôt non donné au Duché sans patience,
Pour le noir coup de fouet que la mule renâcle,
Pour avoir pardonné Justice que l’on bâcle
Pour la flèche fichée au cœur de l’innocence,
Pour le vice niché dans un nid de jouvence,
J’espère rédemption.

Pour le vieil impotent, ignoré bien souvent,
Pour les cris entendus emportés par le vent,
L’acédie récurrente, le grimoire laissé,
Pour les malfrats pendus et leurs vies taciturnes,
Ceux que l’épée pourfend dans les chemins nocturnes,
Et pour la plaie béante portée au trépassé,
Donnez-moi rémission.

Pour les mots effrayants et la Loi repoussée,
Pour l’armée décimée, le voyageur tué,
Les dépits dissonants, les injures en taverne,
L’isolée dans sa ville, ou l’ascète en caverne,
Pour le maire mal aimé ou le pigeon blessé,
Le pouvoir qui rend vil souvent perpétué,
Je fais ma contrition.

Pour le couple lassé, pour l’amour mal traité,
Pour le champ non semé, pour l’office manqué…
Pour l’ami repoussé, ou l’érudit planqué,
Pour l’échoppe cramée par peine ou par fierté,
Moqueries ou mensonges, ou manipulations,
Par stratégies qui rongent ou bien par évictions,
J’en demande la grâce.
_________________

[Lorenzo_cosini]

Après avoir réalisé la prière de confession, Lorenzo prit la parole.

J’espère que cette prière vous a aidé. Sachez que même si vos sentiments sont très humains, il est important à ce qu’ils soient domptés. Je vous propose donc en tant que pénitence, mais surtout afin de vous aider, de lire le récit sur la vie de Sainte Raphaëlle.

Il attendit alors la réponse de la femme.

[Melo03]

La prière avait-elle aidé ? Aucune idée à vrai dire. Melo ne répondit donc pas dans le doute.
Sa pénitence lui convint et elle acquiesça.

Merci mon Père... J'étais perdue et vous m'avez un peu apaisé. J'espère être assez forte... J'espère que nous serons assez forts pour nous tenir loin des ennuis...

Cela était sincère. Pour elle mais surtout pour lui. Elle s'en voudrait tant si jamais il lui arrivait malheur.
_________________

[Lorenzo_cosini]

Lorenzo écouta la réponse de la fidèle. Il n’y avait rien d’autre à faire, à part qu’il prie pour que Dieu lui donne la force de ne pas commettre l’irréparable. Les tentations du corps et de l’esprit pouvaient être durs à résister.

Il conclut alors la confession avec les paroles de l’absolution.

Dieu, le Père miséricordieux, est envoyé pour la rémission des péchés, par le service de l'Église, Il vous donne le pardon et la paix. Je vous absous donc de vos péchés au nom du Père et des prophètes Christos et Aristote, Amen.

Il fit un signe de croix en accompagnement de la formule.