L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church
Forum RP de l'Eglise Aristotelicienne du jeu en ligne RR
Forum RP for the Aristotelic Church of the RK online game
 
Lien fonctionnel : Le DogmeLien fonctionnel : Le Droit Canon
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

[Etagère 1]Dogme - Livre des Vertus

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum -> Ordre Grégorien - Abbaye de Seclin -> Bibliothèque de Seclin
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Péris



Inscrit le: 02 Jan 2013
Messages: 244

MessagePosté le: Mer Fév 19, 2025 7:20 am    Sujet du message: [Etagère 1]Dogme - Livre des Vertus Répondre en citant

Citation:
Le Livre des Vertus



    Rangé B : Livre 2. Le Duo Prophétique

      La Vita d'Aristote

          Livre Ier - Dialogues
          Livre II - Panégyrique
          Livre III - Récit de Collagène de Mégare
          Livre IV - Le siège d'Aornos
          Livre V - Les logions


      La Vita de Christos

          Prologue
          Partie principale
          Epilogue
          Logions

_________________


Dernière édition par Péris le Lun Mar 03, 2025 1:03 pm; édité 12 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Péris



Inscrit le: 02 Jan 2013
Messages: 244

MessagePosté le: Jeu Fév 20, 2025 12:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:



    Livre 1. Le mythe Aristotélicien

    La Création
    par Spyosu


    Chapitre I - « L'Univers »

      1 Au commencement, il n’y avait que Dieu.

      2 Il n’y avait encore ni matière, ni énergie, ni mouvement. Il n’y avait même pas le vide, comme celui qui aujourd’hui sépare le monde des étoiles, car même le vide est quelque chose. Non, ce qui Le composait alors, c’était le Néant. Cela ne se définit pas comme l’absence de toute chose car, lorsque l’on dit de quelque chose qu’il est absent, nous avons conscience de la possibilité de son existence. Le Néant, c’est lorsque même l’idée de l’existence est impossible. Sauf pour Dieu.

      3 Mais Dieu est supérieur à tout, y compris au Néant. Il n’a pas de commencement ni de fin. Il est donc l’Infini et l’Eternel. Il est l’Être Parfait, sur qui rien n’a de prise, rien ne peut agir, rien ne peut interférer. Il Lui suffit d’une simple pensée pour que quelque chose passe du Néant à l’Existence et d’une autre simple pensée pour que cela retourne de l’Existence au Néant. Tout Lui est donc possible et tout Lui doit donc son existence.

      4 Dieu est la Matière Première à partir de laquelle tout est créé. La matière, l’énergie, le mouvement et le temps sont eux-mêmes composés de Lui. Ceci fait que tout ce qui existe, ainsi que le Néant lui-même, fait partie de Lui. Il est aussi le Créateur de toute chose. C’est Lui qui crée tout ce qui existe et lui donne sa forme et son contenu. Il est enfin le Très Haut, car Il est la cause même de l’existence de toute chose, y compris du Néant.

      5 De ce fait, Dieu sait tout, car le savoir même fait partie de Lui, est créé par Lui et trouve sa cause en Lui. On dit ainsi qu’Il est omniscient. De plus, Il est partout car, aussi loin que l’on aille, on se trouve toujours en Lui. On le qualifie donc d’omniprésent. Enfin, Il peut agir partout car, étant partout et sachant tout, rien ne peut entraver Son action.

      6 Dieu pensa et un point minuscule apparut. Ainsi, par la création de cet unique minuscule point, Il venait de faire disparaître le Néant. Dorénavant, Il serait composé de l’Existence et du vide, mais plus du Néant. Il décida de nommer ce point minuscule “univers” et le fit exploser en une myriade d’étoiles, qui vinrent peupler le vide. Jamais plus, elles ne cessèrent de resplendir au firmament céleste.

      7 Alors Dieu créa les deux mouvements : les choses lourdes iraient vers le bas et les choses légères vers le haut. Il créa également les quatre éléments. Le plus lourd était la terre. Puis venaient l’eau, le vent et le feu. Il les disposa dans l’ordre hiérarchique de leur pesanteur. La terre se trouvait donc au centre. Elle fut recouverte par l’eau, elle-même recouverte par l’air. Enfin, le plus léger des éléments, le feu, vint couvrir le tout.

      8 Cette boule de matière, Dieu la nomma Monde. Afin que mouvement se fasse, Il entreprit de défaire l’ordre hiérarchique des éléments. Il plaça le feu au centre de la terre et l’eau dans le ciel, au-dessus de l’air. Les éléments bougeaient, alternant ordre et désordre, retournant systématiquement du désordre à l’ordre. Dieu se plaisait à voir comment Sa création se mouvait pour correspondre à l’ordre hiérarchique de leur pesanteur.




    Chapitre II - « La vie »

      1 Mais Dieu était parfait, alors que Sa création était imparfaite. Alors qu’Il était conscient de Lui-même, Sa création ne pensait pas. Alors qu’Il choisissait ce qu’Il faisait, Sa création ne faisait que s’adapter. Alors qu’Il était capable de créer, Sa création ne faisait que se suffire à elle-même. Alors qu’il voulait aimer Sa création et être aimé d’elle en retour, elle en était incapable.

      2 Dieu réunit alors l’amour qu’Il avait en Lui. Il en fit l’esprit, qui ne pouvait être ni touché, ni vu, ni senti, ni goûté, ni entendu, car il était différent de la matière. L’esprit contenait l’intelligence, composée de la raison et des sentiments. Dieu y avait mis le plus de Lui-même: la capacité de choisir et celle de ressentir. Le Très Haut associa la matière à l’esprit, pour que ce dernier puisse exister en harmonie avec le monde, et nomma le tout "vie".

      3 Mais la vie était imparfaite. Bien que créée par Dieu et composante de Lui, elle n’était pas Lui tout entier. Sa capacité de choisir était partielle, car son savoir et son pouvoir n’était pas illimités. Sa capacité de ressentir était tronquée, car elle était composée de matière, neutre et impersonnelle. Mais Dieu voulait aimer la vie et que la vie l’aime en retour.

      4 Mais, pour que Dieu et la vie puissent s’aimer mutuellement, il fallait que cette dernière s’efforce constamment de se rapprocher de la perfection divine. Car elle était incapable de l’égaler. Le Très Haut créa donc le troisième mouvement: les choses supérieures iraient vers Dieu. Ainsi, la matière dont la vie était composée étant une chose lourde, elle fut posée sur le monde, car elle allait vers le bas. Mais, comme elle était aussi composée d’esprit, qui était une chose supérieure, elle tendrait vers la perfection divine.

      5 Et sur le monde, la vie prit une multitude de formes, des plus petites aux plus grandes. Les végétaux s’emplissaient de la lumière des étoiles, couvrant ainsi le monde d’une couche de verdure. Les animaux gambadaient ou voletaient entre les végétaux. Ainsi, alors que Dieu semblait immobile, la vie se manifestait par un mouvement incessant. En effet, Dieu, étant éternel, n’était pas soumis à ce besoin perpétuel de mobilité qui faisait que la vie était sans cesse en activité. Il paraissait ainsi être immobile. Mais c’est cette action ininterrompue que Dieu aimait par dessus tout observer dans Sa création.

      6 Mais Dieu n’avait pas conçu le mouvement de la vie comme une force infinie et, pour qu’il se perpétue, il fallait que l’animal broute le végétal, que le prédateur dévore la proie, et que les cadavres d’animaux pourrissent pour nourrir les végétaux. Ainsi, la mort faisait partie intégrante de la vie. Mais, pour que cela ne détruise pas Ses créatures, Dieu partagea chaque espèce en deux principes complémentaires, qu’il appela masculin et féminin. Tous deux étaient égaux et devaient se rechercher pour s’unifier, et ainsi perpétuer la vie.

      7 Ainsi, de la vie Dieu créa le temps, où la mort succède à la vie, la vie à la mort, et la progéniture à ses géniteurs. De même, l’eau rejoignait le ciel pour descendre sur terre et alimenter les rivières, et le feu sortait des volcans pour alimenter la terre, qui s’accumulait pour nourrir le feu en son sein. Le monde tout entier était uni dans un mouvement perpétuel de vie, alors que Dieu paraissait immobile, échappant aux contraintes du temps.




    Chapitre III - « Les créatures »

      1 Un groupe de ces créatures composant la vie décida de parcourir le monde pour découvrir les autres espèces, tant animales que végétales. Tous prirent leurs affaires sur leur dos et parcoururent le monde, poussés par la soif de découverte qui leur avait fait prendre cette décision.

      2 Ils arpentèrent donc le monde. Ils grimpèrent sur des collines verdoyantes et de gigantesques montagnes. Ils traversèrent des ravins, burent dans des rivières, se reposèrent dans des prairies. Ils dégustaient tout ce que la vie avait à donner de plus beau et doux. Ainsi, ils goûtèrent à la saveur du miel et des fruits. Ils s'enivrèrent de la senteur des fleurs. Ils admirèrent les aurores boréales et les arcs-en-ciel.

      3 Dieu, dans son infinie perfection, avait fait de la vie une merveille, un délice pour ceux qui savaient la déguster. Mais toutes les créatures ne savaient pas apprécier ce cadeau à sa juste valeur. Ainsi, le petit groupe fut surpris à chaque fois qu’il rencontra de nouvelles espèces. Chacune d’elles était dotée de talents qui les rendaient uniques. Ainsi, le petit groupe pouvait admirer à quel point Dieu avait doté la vie d’une infinie variété de richesses. Chaque espèce était l’occasion pour chacun d’entre eux d’en admirer les particularités.

      4 Ainsi, ils rencontrèrent des vaches. Celles-ci, broutant placidement l’herbe, donnaient la tétée à leurs petits. Plus loin, ils passèrent près d’une plaine recouverte de blé, ondulant sous la brise, et croisèrent la route de nombreux moutons au doux pelage blanc, qui broutaient eux aussi paisiblement. Continuant de cheminer à travers le monde, ils entendirent le chant joyeux des oiseaux. Levant les yeux au ciel, ils les virent virevolter sous les doux nuages couleur de crème, alors que le ciel d’azur était enluminé par l’astre solaire.

      5 Ils s’arrêtèrent un moment pour déguster des légumes goûteux, rivalisant de formes, de senteurs et de saveurs. Pendant leur repas, ils purent suivre les galopades de plusieurs chevaux dont les crinières volaient au vent. Plus loin, ils s’approchèrent d’un lac et virent des poissons jouer à se poursuivre mutuellement. Non loin du rivage avait pris racine une forêt de gigantesques chênes dont les branches formaient comme un gigantesque dôme de feuilles vertes.

      6 Plus loin, ils virent un champ de maïs dont les épis se gorgeaient de soleil. Quelques cochons s’y trouvaient, en train de s’en nourrir. Mais toutes ces créatures ne surprenaient pas seulement le petit groupe par la variété de leurs natures, mais également par un aspect commun plus troublant.

      7 En effet, toutes avaient comme point commun de se vanter d’être l’espèce préférée de Dieu. Leurs talents étaient la raison qu’ils avançaient tous. Les vaches vantaient leur nombreuse progéniture, les moutons leur laine, les oiseaux leurs ailes, les chevaux leur vitesse, les poissons leur possession des mers, le plus grand territoire du monde, les chênes leur longévité sans égal, le blé, le maïs, les fruits et les légumes leurs goûts et leurs senteurs variés, le cochon sa force...




    Chapitre IV - « Le Doute »

      1 Le petit groupe décida de s’arrêter un moment. Ils s’installèrent sur une colline verdoyante, où poussaient de superbes fleurs que les abeilles venaient butiner. Une légère brise venait courber l’herbe. Les oiseaux chantaient. Les étoiles venaient éclairer les créatures pendant qu’elles posaient leurs sacs à terre et s’asseyaient en cercle. L’ambiance était maussade, car elles se posaient toutes la même question.

      2 Toutes les espèces qu’elles avaient rencontrées était doté d’un talent particulier. Les vaches, créatures qui broutaient placidement l’herbe, avaient une nombreuse famille. Les moutons avaient une laine douce et volumineuse. Les ailes des oiseaux leur servaient à parcourir le monde en volant. Les chevaux, nobles et fougueux animaux, galopaient à la vitesse de l’éclair. Les poissons étaient les maîtres des vastes océans. Les cochons étaient puissants et farouches.

      3 Même les végétaux étaient dotés de talents uniques. Les chênes étaient dotés d’une longévité qui n’avait rien à envier à leur taille. Le blé se multipliait à l’envi, couvrant de larges territoires. Le maïs avait ses épis, gorgés de vie. Les fruits avaient un délicieux goût sucré et les légumes des senteurs appétissantes. Et le petit groupe s’interrogeait. Mais pourquoi leur espèce n’avait-elle aucun talent particulier ?

      4 Certes, les créatures du petit groupe avaient des mains, mais leur force n’égalait pas celle du cochon. Certes, elles avaient des jambes, mais elles ne les amenaient pas aussi loin que les oiseaux et pas aussi vite que les chevaux. Certes, elles pouvaient procréer, mais pas autant que les vaches ou le blé. Certes, certaines étaient barbues, mais c’était une bien piètre consolation comparé à la volumineuse laine des moutons.

      5 Certes, elles étaient pleines de vie et de santé, mais bien moins que le maïs, les fruits et les légumes. Et elles n’osèrent même pas se comparer à la longévité et à la taille des chênes. Toutes ces créatures, animales comme végétales, avaient de sérieux arguments pour affirmer, tel qu’elles le faisaient, qu’elles étaient les préférées de Dieu. Leurs talents étaient uniques. Alors, le petit groupe essaya de se trouver un talent qui était propre à son espèce.

      6 Son espèce se tenait debout. Mais quel avantage cela lui donnait ? "Aucun", répondirent de concert tous les membres du groupe. Leurs mains leur servaient à construire des outils, mais c’était pour compenser le manque de griffes ou d’autres organes. Ainsi, leur estomac était si faible qu’il leur fallait cuire la viande pour la manger. Et leurs yeux étaient si peu perçants, contrairement aux chats ou aux hiboux, qu’il leur fallait s’éclairer dans le noir. Leur fourrure était si peu épaisse qu’ils devaient s’abriter lorsque la pluie, la neige ou la grêle tombaient ou lorsque le vent soufflait trop fort.

      7 Faisant ce sinistre constat, les créatures du petit groupe se mirent à pleurer. Ils étaient persuadés que leur espèce était le moins aimée de Dieu, qu’Il les méprisait, qu’ils étaient la lie de Sa création. Un silence pesant s’était installé, alors que tous se regardaient mutuellement, chacun cherchant dans les regards des autres une réponse à ses questions. Mais ces regards ne portaient aucune réponse. Ils étaient juste dégoulinants de larmes.

      8 Mais l’un d’eux était resté à l’écart du groupe. Il regardait vers les étoiles. Tous les membres du groupe le négligeaient, le considérant comme un faible d’esprit. Il leur répondait souvent "Heureux les pauvres en esprit...", mais ne savait que rajouter à cette réplique. Pourtant, de tous, il était le seul à se demander ce que Dieu désirait, au lieu de se plaindre de son sort. Cet homme s’appelait Oane.




    Chapitre V - « La réunion »

      1 Dieu regardait, ému, le petit groupe de créatures qui pleurait. Elles se sentaient abandonnées de Lui, car elles n’étaient pas dotées de talents particuliers. Elles en étaient venues à croire qu’Il les détestait, alors qu’Il aimait chacune de Ses créations. Elles faisaient partie de Lui et les détester reviendrait à haïr une part de Lui. Il avait créé l’univers, le monde et la vie pour pouvoir les aimer, et Il les aimait.

      2 Par à cet amour, Dieu avait doté chaque espèce de créatures composant la vie de talents afin qu’elles trouvent toutes leur place dans Sa création. Mais ce magnifique cadeau restait invisible aux yeux de ce petit groupe de membres. Les humains qui le composaient étaient habités par le doute, restant aveugles à Son amour. Leurs larmes étaient sincères mais injustes. Ils ne demandaient qu’à être aimés de Lui, mais ne voyaient pas qu’Il le faisait déjà.

      3 Les autres créatures étaient conscientes de ce cadeau, mais n’en avaient pas compris la raison. Elles s’imaginaient toutes être les seules à être ainsi récompensées. Les unes pensaient que seule la force était un cadeau de Dieu. D’autres faisaient la même erreur avec la vitesse, la nombreuse progéniture, la longévité, la laine, la capacité à voler ou encore le territoire qui leur avait été alloué par Lui. Elles s’estimaient donc toutes favorisées de Lui et se croyaient Ses préférées.

      4 Mais cet humain, que les siens appelaient Oane, portait en lui le germe du talent que Dieu avait donné aux siens. Il prenait petit à petit conscience du véritable amour que Dieu portait à Sa création. Il commençait à comprendre que chaque composante de la création était aimée de Dieu, mais ne savait pas encore pourquoi. Il passait son temps à regarder les étoiles, espérant y trouver le Très Haut, mais il ne savait rien de Son omniprésence.

      5 Alors, Dieu décida que le temps était venu de donner sa véritable place dans l’univers à l’espèce dans laquelle se trouvait la seule créature qui comprenait l’amour, seul véritable sens de la vie. Il se dit qu’il fallait éprouver l’amour que Ses créatures avaient pour Lui. Pour ce faire, Il décida de réunir toutes les créatures du monde en un seul endroit et de leur demander ce qu’était la vie. Ce qu’Il ferait d’elles dépendrait de leurs réponses.

      6 Alors, d’une seule pensée de Dieu, toutes les créatures du monde entier furent au courant de la convocation divine. Sans attendre, elles se mirent en route. Il existait une gigantesque plaine verdoyante sur un continent verdoyant. C’était là que le monde entier devait se réunir pour entendre la question divine. C’était là que le sort de l’univers allait se jouer.

      7 Il fallut de nombreuses années pour réunir tant de créatures. Toutes ne survécurent pas à ce long voyage, mais aucune n’avait l’intention de rebrousser chemin. Dieu avait insufflé en elles l’envie irrépressible de venir rejoindre la grande réunion de toute la création. Elles traversèrent les mers, les montagnes, les glaciers, les déserts brûlants et tant d’autres lieux difficiles. Elles continuaient cependant à vivre, à mourir, à se nourrir et à procréer. Mais tout cela en ne cessant jamais d’avancer.

      8 Et enfin vint le jour fatidique où toute la création était réunie.




    Chapitre VI - « La question »

      1 Ce fut la plus grande concentration de créatures qui ait jamais eu lieu.

      2 Elles étaient plusieurs milliards à s’être réunies sur la même gigantesque plaine. Elles se côtoyaient sans la moindre animosité. Les loups attendaient auprès des moutons, les chiens auprès des chats, les aigles auprès des mulots et les lions auprès des gazelles. On y voyait même des végétaux. Ainsi, les chênes, sapins, peupliers, oliviers, pommiers, dattiers et autres arbres formaient la plus gigantesque forêt qui soit. Les fleurs, les légumes, les fruits, le blé et le maïs étaient aussi présents. La gigantesque plaine était un véritable sanctuaire pour toute la vie, car elles attendaient toutes patiemment que Dieu vienne à elles pour leur poser la question.

      3 Alors gronda le tonnerre, les nuages s’écartèrent et une douce lumière se fit dans l’espace ainsi dégagé dans le ciel. Parmi les créatures, un grand silence se fit. De la lueur céleste, une voix grave, pénétrante, mais douce et sereine se fit entendre. Alors, la voix dit: "Ecoutez-Moi, vous que J’ai conçus, car Je suis votre Dieu. Sans Moi, vous n'existeriez pas, et à Moi, vous devez fidélité."

      4 Dieu ajouta : "Nombre d’entre vous se disent Mes préférés, mais jamais Je n’ai jusqu’alors donné de préférence à quelque créature que ce soit. Alors, le temps est venu que Je change cela. Le temps est venu que Je fasse un choix parmi Mes créatures. Le temps est venu que Je nomme une espèce parmi vous "Mes enfants". Pour faire ce choix, Je vais vous poser une unique question."

      5 Dieu leur demanda donc : "Vous vivez grâce à Moi, car Je suis votre créateur. Vous vous nourrissez, vous vous reproduisez, vous élevez votre progéniture. Mais vous ne savez pas pourquoi vous vivez. Selon vous, quel sens ai-Je donné à la vie ?"

      6 La plupart des créatures ne surent que répondre. Elles se regardaient les unes les autres, espérant trouver chez leurs voisines la réponse à cette bien étrange question. On pouvait observer un poisson rester béat, ne sachant que dire, un cheval frottant le sol de ses sabots, un chêne se courbant, cherchant désespérément la réponse à ses racines, et même une colombe se grattant la tête en signe de réflexion.

      7 Mais l’une d’entre elles s’avança. Elle semblait sûre d’elle et de sa réponse. Toutes les autres espèces lui ouvrirent le passage et, bientôt, un espace se dégagea autour d’elle. Elle leva les yeux vers Dieu, mais son regard était plein de suffisance. Elle répondit: "Tu as fait les créatures animées par le besoin de se nourrir. Tu as fait les forts capables de dévorer les faibles. Sans conteste, il s’agit donc d’assurer la domination du fort sur le faible !"

      8 Elle ajouta: "J’en veux pour preuve que je suis le dernier représentant de mon espèce. Seul le plus fort a survécu parmi les miens ! Si Tu me nommes "Ton enfant", je saurai Te montrer qui, de toutes créatures, doit dominer le monde."

      9 Elle attendit que Diaeu la félicite pour sa réponse, mais en vain. Car Il ne lui répondit pas.




    Chapitre VII - « L’amour »

      1 Dieu ne répondit pas à la créature qui avait fait l’apologie de la domination du fort sur le faible.

      2 Il se tourna vers un groupe de créatures. C’était justement celui qui faisait partie de l’espèce humaine et qui avait parcouru le monde. Dieu savait que ce groupe se croyait rejeté par Lui. Ces humains pensaient être privés de tout talent. Ils estimaient être mis à l’écart de la création du fait de leur prétendue infériorité. Mais, parmi eux, l’humain qui portait le nom d’Oane détenait, sans en être sûr, la réponse à la question posée par le Très Haut.

      3 Car Oane doutait. Il regardait souvent les étoiles, espérant voir Dieu. Il aimait le Très Haut d’un amour sincère, mais ne savait pas si cela était le véritable sens de la vie. Il voulait bien donner sa réponse, mais il était considéré comme faible d’esprit par son groupe et personne ne voulait le laisser parler. Mais Dieu était omnipotent. Il avait écouté le groupe d’humains se plaindre. Mais surtout, Il avait perçu l’amour et le doute dans le coeur d’Oane.

      4 Alors, depuis le ciel, un rayon de lumière se fit et vint nimber Oane. Toutes les créatures furent ébahies, admirant la douce lumière qui auréolait l’humain. Elles s’écartèrent alors, le laissant seul face à Dieu. Il contempla son corps enluminé d’un regard plein de curiosité. Puis il se tourna vers les membres de son groupe. Pour la première fois de sa vie, il put voir dans leur regard non pas du mépris mais du respect.

      5 Et Dieu lui demanda: "Et toi, l’humain, n’as-tu rien à Me répondre ? J’ai ici convoqué toute Ma création pour trouver celui qui donnera la juste réponse à Ma question. Tu es venu et tu n’as pas répondu. Alors, maintenant, Je te somme de le faire !" Alors, Oane, terrifié par le ton sévère de son créateur, leva les yeux vers Lui et, d’un ton hésitant, dit: "Mais, ô Très Haut, je ne sais si ma réponse est juste..." Et Dieu lui ordonna: "Parle et je te le dirai !"

      6 Alors, Oane répondit: "Tu as certes fait Tes créatures se nourrissant les unes des autres. Il leur faut chasser et tuer pour se nourrir. De même, il leur faut se battre pour défendre sa vie. Mais il n’y a pas de fort ni de faible. Personne ne rabaisse ni ne piétine les autres. Nous sommes tous unis dans la vie et nous sommes tous Tes humbles serviteurs. Car Tu es notre créateur."

      7 "C’est pour cela que Tu as donné des talents plus beaux les uns que les autres à toutes Tes créatures. Chacune d’elles a sa place dans Ta création. Son talent permet à chacune d’elles de la trouver. De ce fait, il n’y a pas de créature préférée de Toi, ô Très Haut. Nous sommes toutes pareillement aimées par Toi et nous nous devons tous de t’aimer en retour. Car, sans Toi, nous n’existerions pas. Tu nous a créés alors que rien ne t’y obligeait et nous nous devons de t’aimer pour te remercier de ce geste."

      8 "Nous sommes certes enchaînés à la matière, certes soumis à ses lois, mais notre but est de tendre vers Toi, l’Esprit Éternel et Parfait. Donc, selon moi, le sens que Tu as donné à la vie est l’amour." Alors Dieu dit: "Humain, puisque tu es le seul à avoir compris ce qu’était l’amour, Je fais de tes semblables Mes enfants. Ainsi, tu sais que le talent de ton espèce est sa capacité à M’aimer et à aimer ses semblables. Les autres espèces ne savent aimer qu’elles-mêmes."




    Chapitre VIII - « La décision »

      1 Toutes les autres créatures furent surprises de cette décision de Dieu de faire des humains Ses enfants. Elles ne comprenaient pas ce qu’était l’amour et ne pouvaient concevoir que le Très Haut y accorde tant d’importance. Toutes se mirent à chuchoter, espérant que l’une d’elles explique aux autres ce choix divin.

      2 Mais Dieu tourna Sa voix en direction des créatures qui n’avaient pu Lui donner de réponse. Il leur dit : "Vous qui n’avez pas su me répondre, vous qui vous prétendiez Mes créatures préférées. Vos esprits ne seront plus des choses supérieures. Elles ne tendront plus vers Moi. Comme vous serez dorénavant soumis à l’humain, de part votre nature strictement matérielle, je vous prive du langage. Vous bêlerez, meuglerez, grognerez, siffloterez, miaulerez ou aboierez jusqu’à la fin des temps !"

      3 Puis, Dieu tourna Sa voix en direction de la créature qui avait affirmé la domination du fort sur le faible. Il lui dit : "Puisque tu es si sûre de ton choix, je te laisse l’occasion de le prouver. Tu conserveras ton esprit, mais ton corps sera fait d’ombre. Ainsi, tu vivras, seule, côtoyant les humains, jusqu’à ce que Je te délivre de ta peine. Ainsi, personne ne te verra et personne ne te nommera, car J’ai Moi-même décidé de ne pas le faire."

      4 Dieu tourna ensuite Sa voix en direction d’Oane et lui dit : "J’ai fait de ton espèce Mes enfants. Je fais maintenant de vos esprits des âmes. Elles se différencient des esprits des autres espèces en ce qu’elles resteront dorénavant les seules à être de nature supérieure, à tendre vers Ma divine perfection. Ainsi, je divise le temps en sept parties, appelées "jours", afin qu’à chaque septième jour, toi et les tiens vous vous réunissiez pour honorer votre père : Moi."

      5 "Mais il faudra encore que, chaque jour, toi et les tiens fassiez perdurer votre espèce. A l’exception de celle que Je n’ai pas nommée, J’ai fait de toutes les créatures vos soumises. Ainsi, vous vous en nourrirez, sans qu’elles ne se nourrissent de vous. Ce pouvoir dont vous disposez de vous nourrir des autres espèces, Je le nomme "travail". Mais, afin que vous n’oubliiez jamais que ce pouvoir est un don de Moi, vous récompensant ainsi de ta bonne réponse, Oane, le travail sera laborieux, difficile, usant et fatigant. Mais ne te plains pas de la souffrance que cela te cause, car, en vérité, c’est un bien beau cadeau que Je te fais."

      6 "Afin que vous remplaciez par de nouvelles générations celles dont la vie se termine, je vous fais un cadeau bien plus beau encore. Cet amour que J’attends de vous, Je vous permets aussi de l’éprouver également envers vous, en couple. La tendresse et le désir mutuels seront les composantes de ce pur sentiment. La procréation en sera le but. Mais seul l’amour que J’aurai béni pourra permettre l’acte de chair, afin que votre espèce perdure dans Mon amour."

      7 Alors Dieu ajouta un deuxième astre au-dessus du monde. A l'astre rayonnant de lumière qui éclairait le monde depuis les temps anciens et qu'il avait appelé "soleil", il en ajouta un autre, luisant froidement, qu'il nomma "lune". Dieu expliqua à Oane: "Que votre fidélité soit celle des enfants envers leurs parents ou je serai aussi sévère que les parents envers leurs enfants. Car, lorsque chacun de vous mourra, Je le jugerai, en fonction de la vie qu’il a menée. Le soleil inondera chaque jour le monde de sa lumière, par preuve d’amour pour Ma création. Ceux, parmi les tiens, que j’y enverrai, vivrons une éternité de bonheur. Mais entre chaque jour, la lune prendra la relève. Et ceux qui, parmi les tiens, y seront jetés n’y connaitront plus que la tourmente."





_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Péris



Inscrit le: 02 Jan 2013
Messages: 244

MessagePosté le: Jeu Fév 20, 2025 12:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:



    Livre 1. Le mythe Aristotélicien

    La Pré-Histoire
    par Spyosu


    Chapitre I - « Oanylone »

      1 Les humains étaient désormais les enfants de Dieu. Cela avait pour conséquence qu’ils étaient maintenant dotés d'une âme, qu'ils seraient jugés à la fin des temps en fonction de leur pratique de la vertu. De plus, cela faisait qu’ils étaient maintenant voués à travailler pour assurer leur subsistance. Les autres créatures de la création, exceptée celle que le Très Haut n’avait pas nommée, leur étaient soumises. Les humains pouvaient ainsi les cultiver et les élever pour s’en nourrir.

      2 Dieu n’intervint plus dans le monde, laissant Ses enfants vivre et prospérer. Il avait donné à la créature qu’Il n’avait pas nommée la liberté de les tenter pour qu’ils doivent avoir à choisir entre le chemin de la vertu et celui du péché. Etant omniscient, Il savait déjà comment serait leur avenir, mais il voulait que ce soit à eux de faire leurs preuves, sans les juger par avance.

      3 Oane, celui qui avait correctement répondu à Dieu, était maintenant passé du statut de simple d’esprit de la communauté à guide de celle-ci. Il ne rechignait pas à la tâche. Il les conduisit à travers le monde se trouver un lieu propice à leur épanouissement. Pendant des années, ils traversèrent des déserts, des montagnes et des plaines du monde entier. Oane s’affaiblissait tout au long de ce périple, mais il n’abandonna jamais.

      4 Finalement, le jour vint où ils trouvèrent une vallée propice à leur établissement. Il s'y trouvait un lac, qui semblait foisonnant de poissons. De vastes espaces étaient propices à l’élevage et à la culture. Les forêts environnantes fourniraient du bois. Il y avait même un verger, où poussaient de nombreux arbres fruitiers. La vallée se trouvait au pied d’une montagne, d’où des minéraux, tels que de l’or, du fer ou du charbon, pouvaient être extraits.

      5 Oane était ravi que sa quête soit enfin arrivée à son terme. Il admirait la plaine du regard lorsqu’il s’effondra. Tous s’attroupèrent autour de lui pour lui venir en aide. Quelques-uns tentaient de le maintenir dans une position presque assise, mais il était clair pour tous qu’il vivait ses derniers instants. Mais, malgré le tragique de l’événement, alors que tous étaient effarés, Oane arborait un sourire plein de sérénité.

      6 Il dit: “N’ayez crainte, car ma mort n’est qu’un passage pour rejoindre Dieu. J’ai atteint la place que Dieu m’a réservée dans le monde et ai accompli ce qu’Il attendait de moi. La mort n’est pas pour moi la perte de la vie mais le passage vers une autre, bien meilleure. Il en sera de même pour vous si vous savez vivre dans la vertu. Alors, que vos larmes ne soient pas de tristesse mais de joie, car le Très Haut me fait le plus beau des cadeaux. Aimez Le et Il vous aimera. Adorez-Le et Il vous bénira. Vivez dans la vertu et Il vous accueillera à Ses côtés.”

      7 Alors, il rendit son dernier soupir. Et tous se regardèrent les uns les autres, ne comprenant pas cette sérénité qui s’affichait encore sur le visage de leur guide. Ils enterrèrent son corps au milieu de la vallée, là où ils vivraient dorénavant. Ils firent le serment que, chaque semaine, ils se réuniraient autour de sa tombe, afin qu’il les accompagne et les guide lorsqu’ils rendraient hommage à Dieu.

      8 Mais aucun ne comprit l’amour qu’avait Oane pour Dieu lui fasse accepter la mort avec autant de sérénité. Mais personne ne voulait lui faire le moindre reproche, à lui qui avait tant fait pour eux. En hommage à sa vie au service des humains et de Dieu, ils décidèrent de nommer la cité qu’ils allaient construire Oanylone, “la cité d’Oane”.




    Chapitre II - « Le travail »

      1 Le temps faisant son travail, les hommes et les femmes devinrent de plus en plus nombreux, maintenant leur amour pour Dieu et rejetant dans l’ombre La Créature Sans Nom. Celle-ci nourrissait chaque jour un peu plus son amertume et sa colère envers ce peuple tant aimé de Dieu qui lui avait pris sa place de reine de la Création. Les hommes et les femmes vivaient insouciants alors que dans l’ombre, leur ennemi préparait sa vengeance.

      2 Dieu avait ordonné aux hommes et aux femmes de travailler pour assurer leur subsistance. Ce dur labeur les éloignait ainsi de l’acédie. Et les hommes et les femmes savaient être inventifs, car Dieu les avait conçus ainsi. Ils récoltaient ce qu’Il avait placé pour eux dans la nature. Ils se mirent à contrôler ces ressources afin d’assurer leur subsistance et leur vie n’en fut que meilleure.

      3 Ils prirent le blé qui poussait dans la nature et le cultivèrent dans leurs champs. Le meunier transforma le blé en farine dans son moulin. Le boulanger la cuisit dans son four pour faire le pain. Ils prirent le maïs qui poussait dans la nature et le cultivèrent dans leurs champs. Ils prirent les légumes qui poussaient dans la nature et les cultivèrent dans leurs potagers. Ils cueillirent les fruits qui se trouvaient dans certains arbres et purent ainsi s’en nourrir. Le plaisir apporté par les légumes et les fruits les rendait plus agréables à côtoyer.

      4 De la mer, des rivières et des lacs, ils pêchèrent du poisson. Et leur intelligence s’en trouva grandie. Ils inventèrent la barque et les poissons se firent plus nombreux encore entre leurs mains. Parfois, certains d’entre eux se réveillaient un matin sous une barque. Ils priaient alors Dieu de ce cadeau. Ils élevèrent des vaches, des cochons et des moutons dans leur pâturage, prenant soin de ces créatures qui leur avait été confiées par Dieu. Ils les nourrirent et ces créatures devinrent plus grasses.

      5 Le boucher prépara la viande à partir des carcasses de ces créatures. Pour cela, ils inventèrent le couteau, instrument permettant de séparer les chairs les unes des autres. La viande qu’ils en tirèrent les nourrissait, mais ils se sentaient surtout plus forts après en avoir consommé. Des vaches, ils prirent également le lait, doux nectar sans égal.

      6 Ils tondirent les moutons et en prélevèrent la laine. Ils en récupérèrent la peau pour en faire du cuir. Le tisserand lia la laine et le cuir pour en faire des vêtements, qui les protégeaient du vent et assuraient la décence de leur apparence. La nature leur donnant accès à tout ce qu’ils pouvaient espérer, ils durent inventer des tonneaux, où ils purent entreposer les fruits de leur labeur.

      7 Pour se protéger lorsque les fenêtres du ciel s’ouvraient, ils créèrent les maisons et y habitèrent. Ils les aménagèrent avec des lits, des bougies, des tables, des chaises... et tout ce qui pouvait améliorer le confort de leur vie. Pour cela, le mineur préleva la pierre et le fer dans les mines. Et le bûcheron coupa le bois des arbres. Pour faciliter ce travail, le forgeron modela le fer et le bois pour en forger des outils, tels que les haches ou les couteaux.

      8 Parfois, Dieu contribuait à cet âge de bonheur en donnant à ceux qui savaient aimer le monde de la nourriture, qu’ils n’avaient alors pas à produire. Parfois également, ils les encourageait en les rendant temporairement plus forts, plus intelligents ou plus charismatique. Et le dimanche, avant le repas, ils se réunissaient au milieu de leurs habitats, autour de la tombe d’Oane, pour prier ensemble Celui qui les aimait tant. En effet, ils n’avaient pas encore de clercs, car n’en avaient pas encore l’utilité, étant en communion directe avec Dieu.




    Chapitre III - « L'acédie »

      1 La société des hommes et des femmes était belle et raffinée.

      2 Ainsi, ils apprirent à produire du vin à partir du raisin, après de longues années passées à tenter de saisir les subtilités de l’affinement d’une telle boisson. Ils découvrirent également comment brasser la bière à partir de l’orge et du houblon. Pour cela, ils inventèrent des fours à la taille impressionnante. Ils durent apprendre à travailler de concert afin d’arriver à de tels résultats. Mais aucun ne doutait que le jeu en valait la chandelle.

      3 De plus, les arts et les sciences furent alors conçues pour les élever encore plus vers Dieu. Ils apprirent à composer de la musique, les chants devenant de plus en plus beaux et les instruments qui les accompagnaient de mieux en mieux conçus. Ils découvrirent les plantes qui soignaient les plaies et les maladies, afin que leur santé serve à glorifier le Très Haut plus longtemps. Ils inventèrent l’écriture, qui leur permit de conserver tout leur savoir pour les générations à venir.

      4 Dieu était satisfait. Ses enfants se sublimaient dans la place qu’Il leur avait donnée. Mais Il savait que ce beau printemps allait voir les fleurs de la vertu se faner. Car la Créature Sans Nom ruminait encore et toujours sa rage et sa colère. Tapie dans l’ombre, elle attendait le moment propice pour prouver au Très Haut que la réponse qu’avait donnée Oane n’était pas la bonne. Elle persistait dans l’erreur, niant la force de l’amour et s’entêtant à concevoir la domination du faible par le fort comme le sens de la vie.

      5 Mais toutes les inventions que les humains avaient créées rendaient leur labeur moins dur. Ils avaient de moins en moins de travail à faire et de plus en plus de fruits à récolter. Là où auparavant, il leur fallait un mois pour récolter du blé, il ne leur en fallait plus désormais que le tiers. Alors qu’ils ne pêchaient auparavant qu’un poisson tous les deux jours, ils en avaient dorénavant un par jour, parfois deux. Là où ils leur fallait jadis travailler chaque jour pour cultiver des légumes, il ne leur restait plus désormais qu’à récolter.

      6 Et la principale des sciences n’existait pas encore. La théologie était inconnue de ces humains. N’ayant pas de clercs, il n’y avait encore personne pour se consacrer entièrement à Dieu. N’ayant pas de texte sacré, il n’y avait rien à étudier. La foi humaine était brute, en cela qu’elle n’avait pas encore d’intermédiaire. Mais cette apparente pureté de leur amour pour Dieu était justement ce qui allait les conduire à leur perte.

      7 Les humains se laissèrent griser par la douceur de leur vie. Elle leur semblait si douce et si agréable qu’ils ne comprenaient plus l’intérêt de consacrer leur vie au travail. Chaque plaisir leur donnait l’occasion de négliger leur labeur. Ils aimaient le monde, mais ils l’aimaient pour lui-même, pas parce que Dieu leur avait donné, par amour pour eux. Ils se détournaient peu à peu de l’amour de Dieu.

      8 Le premier péché fut ainsi involontairement découvert par les humains. Elle porta plus tard le nom d’acédie. Celle-ci consistait à se détourner de l’amour divin, de s’abandonner à la vie matérielle en négligeant la vie spirituelle, de se préoccuper de l’instant sans garder à l’esprit ce pour quoi Dieu nous avait conçus. Elle allait amener aux autres péchés, conduisant ainsi les humains à leur perte. Elle atteignit son comble lorsque le dimanche ne fut plus occupé à la prière, mais à la paresse.




    Chapitre IV - « Les péchés »


      1 Les humains avaient découvert l’acédie. Ils avaient dédaigné l’amour de Dieu pour lui préférer les choses matérielles qu’Il avait créées. Ils avaient pris goût à une part du divin, en oubliant qu’il fallait aimer l’ensemble. Oane n’était plus là pour les guider, lui qui avait été le seul à comprendre ce qu’était l’amour du Très Haut. Maintenant seuls, privés de leur guide, les humains ne savaient plus différencier la vertu de l’erreur.

      2 Certains se mirent alors à manger plus que la faim ne le leur demandait, y prenant un plaisir qui ne faisait que s’amplifier. Le goût sucré des fruits, la chaleur de la viande et l’ivresse de l’alcool prirent le pas sur les plaisirs simples de la vie. Il n’y avait plus la moindre place dans leurs plaisirs pour la douce senteur des fleurs, ni pour la beauté des paysages. Ils en arrivèrent à un tel point que même les si nombreux fruits de leur labeur ne suffisaient plus à combler leurs envies.

      3 C’est alors que la gourmandise brisa les liens qui unissaient les hommes et les femmes. Chacun gardait pour soi les fruits de son propre labeur et refusait de les partager. Le fort produisait plus, mangeait plus, buvait plus, et devenait plus fort encore. Le faible produisait moins, mangeait moins, buvait moins, et s’affaiblissait. La communauté des hommes et des femmes se divisait à cause de leur goût immodéré des choses matérielles, qui les conduisit à l’avarice.

      4 Alors, l’homme et la femme se firent orgueilleux. Le fort se mit à mépriser le faible, qui ne pouvait pas se nourrir autant qu’il le souhaitait. Comme la Créature Sans Nom, ils pensaient maintenant que le rôle des forts était de dominer les faibles. Celle-ci vit donc que l’heure de sa revanche était venue. Elle se mut dans l’ombre et s’approcha alors de ceux qui étaient ainsi méprisés, car ils n’avaient plus assez pour se nourrir. Elle leur demanda: “Pourquoi vous laissez-vous faire ainsi, pourquoi ne pas renverser les rôles?”

      5 Et le faible se mit à envier le fort. Le fort, satisfait de sa situation, ne voyait pas le faible se demander pourquoi il était moins bien loti que lui. La Créature Sans Nom exultait de joie, car elle sentait l’heure de sa gloire arriver. Elle murmura à l’oreille du faible et attisa son envie. La colère gronda dans le coeur du faible, qui se révoltait intérieurement contre cette injustice. Elle lui demanda pourquoi il liait ce sentiment dans son esprit et ne le laissait-il pas s’exprimer?

      6 Alors, l’homme et la femme frappèrent leurs frères et leurs soeurs. Prenant couteau et hache en main, chacun frappa l’autre en une tempête de violence et de destruction. Ils venait d’inventer la guerre, qui atteignit son paroxysme lorsque chacun se mit à brûler la maison et à dévaster les champs de l’autre. La Créature Sans Nom vint à nouveau près de ceux qui l’écoutaient et leur dit que la violence et la haine leur permettraient dorénavant de dominer leur prochain.

      7 L’homme prit alors la femme et la femme prit l’homme. Le fort abusa du faible et le faible subit le fort. Tous s’unirent en une orgie bestiale de stupre et de violence. Leurs corps mêlés reflétaient les flammes des maisons qui brûlaient. La nourriture était dévorée, la boisson engloutie. Les paroles suaves encourageaient les gestes indécents. Une véritable orgie de débauche avait lieu. Et de l’amour de Dieu il ne fut plus question.




    Chapitre V - « Le roi du péché »

      1 Cela dura des semaines et des mois. La débauche des humains n’avait plus de limites. Plus aucun, alors, n’avait la moindre intention de travailler. La violence et le stupre étaient leur pain quotidien. Les greniers furent jetés à bas et tous se battirent pour récupérer le plus possible de denrées. Ils ne voulaient plus que s’abandonner à leur excès pour les choses matérielles.

      2 Tous se méfiaient les uns des autres. Le moindre prétexte était bon pour recommencer leur ode à la violence. Lorsque l’un, poussé par la gourmandise, enviait les nourritures que l’autre possédait et tentait de les lui dérober, l’autre, poussé par l’avarice, répondait par la violence. Plus personne ne se parlait, sinon en se menaçant et en s’insultant.

      3 Les hommes et les femmes ne regardèrent plus vers les étoiles. Le péché avait prit le contrôle de leur vie. Ils avaient oublié jusqu’à l’existence même de Dieu et ne ressentaient plus son amour. Ils n’aimaient plus que les plaisirs malsains du péché. Sans Oane pour la leur rappeler, la vertu fut oubliée et le vice fut élevé sur le piédestal de leur détestable vie.

      4 Leur seul interlocuteur était la créature à laquelle Dieu n’avait pas donné de nom. Elle exultait de bonheur, pensant avoir enfin démontré au Très Haut que sa réponse était la bonne et que celle d’Oane était fausse. Selon elle, le fort devait dominer le faible et le faible se soumettre au fort. Elle niait la puissance de l’amour comme sens de la vie et détestait Oane pour la pureté de sa foi.

      5 Elle fut la seule à s’être rappelé qu’il avait été enterré au centre de la cité. Pour le défier, elle alla sur sa tombe et en renversa la pierre tombale. Elle déterra le cadavre d’Oane et dansa une nuit entière, piétinant son corps, en chantant sa joie d’avoir détruit son oeuvre. Tout autour d’elle, la ville était en flammes, alors que les humains se battaient, se violaient, se tuaient et se torturaient mutuellement. L’heure du triomphe semblait être venue pour la créature que Dieu n’avait pas nommée.

      6 Elle alla dans les mines récupérer ce dont elle avait besoin pour se forger sa couronne de reine de la Création. Elle était faite d’or, d’argent, de diamants, de rubis, d’émeraudes et de tout ce qu’on pouvait trouver de plus précieux au monde. Son poids témoignait de l’orgueil et de la haine envers les hommes et les femmes qu’avait développés la créature que Dieu n’avait pas nommée. Et celle-ci était la seule à lever les yeux au ciel, mais c’était pour afficher son sourire de triomphe envers Celui dont elle attendait l’aveu d’échec.

      7 Alors, Dieu voulut donner une grande leçon à ces humains, qui l’avaient trahi. Le ciel se fit noir au-dessus de la communauté et les vents soufflèrent avec force. Il leur dit: “Alors que je vous ai donné mon amour, vous vous en êtes détournés, préférant écouter les paroles de la créature à laquelle je n’ai pas donné de nom. Vous avez préféré vous abandonner aux plaisirs matériels plutôt que de me rendre grâce.”

      8 Il ajouta: “J’ai créé pour vous un lieu appelé Enfer, que j’ai disposé dans la lune, où les pires d’entre vous connaîtront une éternité de tourments pour les punir de leurs péchés. Dans sept jours, votre cité sera engloutie dans les flammes. Et ceux qui y seront restés passeront l’éternité en Enfer. Cependant, Je suis magnanime, et ceux d’entre vous qui sauront faire pénitence passeront l’éternité dans le soleil, où se trouve le Paradis.”




    Chapitre VI - « La punition »

      1 Les humains s’étaient tant abandonnés au péché que Dieu avait décidé de les punir. Mais la plupart d’entre eux ne comprenaient pas en quoi ils avaient fauté, tant avait été grand leur abandon au vice. Ils avaient tellement pris goût aux plaisirs de la vie qu’ils tremblaient à l’idée de la quitter. Nombre d’entre eux décidèrent alors de fuir la ville maudite d’Oanylone. Mais la Créature Sans Nom trouva sept humains dont le goût pour le péché était si prononcé qu’ils en incarnaient chacun un.

      2 Azazel s’était abandonné à la gourmandise, Asmodée à la luxure, Belial à l’orgueil, Lucifer à l’acédie, Belzébuth à l’avarice, Léviathan à la colère et Satan à l’envie. Suivant les conseils de la Créature Sans Nom, ils prêchèrent la rébellion contre Dieu, affirmant que seule la jalousie Le motivait dans sa décision de punir les humains. Ils ajoutaient qu’Il était faible et ne pourrait jamais mettre Sa menace à exécution. Nombre d’humains les écoutaient avec attention.

      3 Sept humains avaient cependant compris quelle erreur ils avaient commis. Leur noms étaient Gabriel, Georges, Michel, Miguaël, Galadrielle, Sylphaël et Raphaëlle. Ils prêchèrent l’humilité, affirmant qu’il fallait accepter la punition pour se laver de ses péchés. Le discours de chacun témoignait des vertus qu’ils s’étaient mis à incarner. Gabriel faisait montre de tempérance, Georges d’amitié, Michel de justice, Miguaël de don de soi, Galadrielle de conservation, Sylphaël de plaisir et Raphaëlle de conviction. Seule une poignée d’humains était sensible à leurs paroles, mais la pureté de la foi de chacun d’entre eux valait le vice de cent pécheurs.

      4 Les six jours furent terribles, les éclairs déchirant le ciel et le tonnerre ébranlant la volonté des plus faibles. Nombre d’humains fuirent alors la ville. Seuls restaient les plus vils, qui écoutaient les prêches des sept incarnations du péché, et les plus vertueux, qui, à l’instar des sept incarnations de la vertu, acceptaient la punition de Dieu. Même la Créature Sans Nom eut la prudence de prendre la fuite, laissant les sept corrompus s’aveugler dans leur folie.

      5 Le septième jour vint conclure la sentence divine dans un titanesque cataclysme. Dans un tremblement assourdissant, le sol s’ouvrit sous les pieds des rares à être restés en ville. Des flammes hautes comme une cathédrale vinrent les dévorer. Les bâtiments furent mis à bas, les pierres s’effondrant sur leurs habitants, et les flammes dévastaient tout. Bientôt, toute la cité fut engloutie dans les entrailles de la terre, ne laissant plus aucune trace de son existence.

      6 Les sept incarnations du péchés furent punies par Dieu. Elles furent jetées dans la lune, vivant depuis une éternité de souffrances sous le titre de Princes-démons. Ceux qui les avaient écoutés subirent le même terrible sort, portant depuis le titre de démons. Leur amour du vice et leur haine de Dieu ne faisant que s’accroître au cour des siècles, ils prirent de plus en plus de malsain plaisir à pratiquer leur office. Et leur corps refléta peu à peu la noirceur et la bestialité de leur âme.

      7 Mais Dieu vit que les sept purs, ainsi que leurs disciples, avaient prouvé que les humains étaient capables de repentance et d’humilité. Il les éleva dans le soleil et furent bénis par une éternité de bonheur au Paradis. Les sept purs furent appelés archanges et leurs disciples anges. Ils devaient seconder le Très Haut en aidant les humains, chaque fois que ce serait nécessaire, à combattre la tentation de la créature qu’Il n’avait pas nommée.




    Chapitre VII - « L’exode »

      1 La ville toute entière d’Oanylone fut ainsi engloutie dans les entrailles du monde, dévorée par les flammes. Afin de purifier les lieux, Dieu répandit du sel sur les traces de la cité du péché, afin que plus aucune vie ne s’y installe et n’y prospère. La puissance du cataclysme divin vint couvrir le ciel de poussière sur plusieurs lieues à la ronde. Les divers groupes qui l’avaient fui redoublèrent de célérité afin d’échapper à la catastrophe, laissant derrière eux leur ancienne vie. La plupart pleurèrent de ce qui leur semblait être une injustice. S’étant détournés de Dieu et de Son amour, ils ne comprenaient pas Sa juste décision divine.

      2 Certains arrivèrent jusqu’à la mer. Ils coupèrent du bois et en firent des bateaux. Ils mirent beaucoup de temps pour achever ces constructions. En effet, ils avaient perdu l’habitude du labeur et peinaient à se mettre au travail. Ils passaient plus de temps à paresser sur la plage qu’à chercher à se nourrir ou à construire leur navires. Mais le sombre nuage de poussière leur rappelait sans cesse qu’ils devaient s’activer. Peu à peu, ils reprirent goût à l’effort et, même si ils ne vivaient plus dans la vertu, leur sociétés viciées ne connaissaient plus la débauche de péchés qu’ils pratiquaient à Oanylone.

      3 Lorsque les bateaux furent prêts, ils partirent parcourir le monde, traversant les mers et accostant sur toutes les côtes qui leur semblaient propices. D’autres groupes d’évadés fuirent le cataclysme en s’enfonçant encore plus loin à l’intérieur des terres. Ils traversèrent diverses forêts, marécages, rivières, fleuves, vallées, collines, montagnes, ravins, glaciers et plaines. Chaque fois qu’ils trouvaient un lieu propice à leur installation, un groupe s’y arrêtait et y fondait une ville.

      4 Ainsi, ils peuplèrent petit à petit le monde entier, installant des villages partout où ils passaient. Chaque cité organisa son système politique. Ils élirent des chefs, qui géraient les ressources de leurs communautés. Ceux-ci nommèrent des gardes, afin que les lois de la cité soient respectées. Afin de financer cette hiérarchie naissante, ils prélevèrent l’or et l’argent des mines et les fondirent pour en faire de la monnaie. Celle-ci leur facilitait les échanges au sein de chaque ville.

      5 Mais, surtout, cela leur permettait d’échanger des marchandises entre cités. Mais ce commerce enrichissait certaines alors qu’il appauvrissait les autres. Les cités se concurrençaient de plus en plus pour le contrôle des ressources. Ce qu’elles ne pouvaient avoir par le commerce, elles tentaient de l’obtenir par la force. Ainsi, chaque cité organisa une armée, engageant des soldats, afin de combattre pour enrichir leur communauté et ses dirigeants.

      6 Alors, Dieu décida de leur permettre d’apprendre ce qu’était l’amitié, afin que, plus jamais, un humain n’en tue un autre. Il divisa le langage unique en une multitude de langues. Les humains ne se comprirent alors plus entre les cités. Le Très Haut leur permit ensuite de pouvoir apprendre les langues qu’ils ne connaissaient pas. Cet apprentissage nécessitait pour chacun de s’ouvrir à la culture de l’autre. Ainsi, ils étaient moins enclins au combat, étant donné les efforts nécessaires pour apprendre les langages de ceux qu’ils voulaient attaquer.




    Chapitre VIII - « Le paganisme »

      1 Les groupes d’humains ayant fui Oanylone s’étaient ainsi dispersés et avaient peuplé le monde. Leurs descendants avaient constitué des cités, formé des gouvernements et inventé l’argent, qui permettait le commerce. Mais ils avaient aussi inventé la guerre et, pour les encourager à mieux se connaître au lieu de se battre, Dieu avait divisé le langage unique en une multitude de langues.

      2 Parmi tous ces humains, un groupe se forma, cherchant à comprendre la réalité divine. Mais ce groupe était tout aussi ignorant de Dieu que le reste de l’humanité. Les humains ne ressentaient plus l’amour divin, car ils s’étaient détournés de Lui. Ils cherchaient une explication à leur vie, alors que la réponse leur était donnée. Mais ils ne savaient plus l’écouter et y restaient sourds.

      3 Le groupe décréta que dans chaque chose, dans chaque élément qui entoure les hommes et les femmes, il y avait un esprit dont la puissance dépassait l’entendement. Ces esprits élémentaux possédaient des pouvoirs surhumains. Ils étaient dotés de personnalités variées et ne manquaient jamais de se concurrencer afin de prouver lequel était le plus fort. Ils entraient souvent en colère et n’hésitaient jamais à se mesurer l’un à l’autre, par humains interposés.

      4 Ainsi, n’ayant plus Dieu dans leur coeur, ils s’étaient inventés tout un panthéon de faux dieux. Comme le ciel couvre le monde et qu’il est la source de la lumière, il firent du dieu du ciel le roi de leurs divinités. Sa foudre devint rapidement célèbre et tout humain apprit très vite à la craindre. Comme les humains ne connaissaient plus la vertu, les dieux qu’ils s’étaient inventés étaient aussi débauchés qu’eux. Leur roi divin pouvait se transformer en nuage d’or pour pratiquer le péché de luxure avec des princesses.

      5 Pour honorer leurs multiples divinités, les humains créèrent des églises qui leur étaient dédiées et les nommèrent “temple”. Eux-mêmes, faisant office de clerc dans leur paganisme, se nommèrent “prêtres”. Ils suppliaient l’aide de leurs dieux et, en échange, leur sacrifiaient des animaux. Alors que Dieu avait enseigné à Oane que les multiples créatures du monde, bien que soumises aux humains, devaient être respectées, c’est par leur sang que les païens révéraient leurs fausses divinités.

      6 Mais il n’y avait pas d’amour pour leurs nouveaux dieux. Ceux-ci ne servaient qu’à rendre des services en échanges de ces sacrifices. Certes, ces païens respectaient leurs divinités, mais c’était par peur plutôt que par amour. De nombreuses cités se regroupèrent en royaumes, ayant à leur tête des rois. Ceux-ci firent appel aux prêtres païens afin que leurs divinités leur viennent en aide, et les faux clercs croyaient lire dans les entrailles l’avenir des cités.

      7 Mais il restait un vide dans le coeur des hommes et des femmes. Il leur manquait ce pour quoi ils avaient été conçus. Il leur manquait l’amour que Dieu voulait leur donner et qu’Il attendait en retour. Alors, Dieu décida que le moment était venu de se rappeler à Sa Création. Il trouva un enfant dans la cité qui s’appelait Stagire et lui enseigna Sa Parole afin que l’Homme retrouve le chemin de la vertu. Cet enfant s’appelait Aristote.





_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Péris



Inscrit le: 02 Jan 2013
Messages: 244

MessagePosté le: Jeu Fév 20, 2025 12:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:



    Livre 1. Le mythe Aristotélicien

    L'éclipse
    par Spyosu


    Chapitre I - « La lune »

      1 L’histoire que je vais vous raconter peut sembler surprenante, mais, lorsque vous l’aurez lue, vous saurez qu’il y a en elle beaucoup de vérité.

      2 Un jour qu’il faisait beau, je me promenais avec mon chien le long de petits chemins ondulant entre les champs. Je venais de manger et me cherchais un petit coin agréable où faire ma sieste. En cet après-midi de mai, le ciel était d’un bleu pur, vierge de tout nuage. Les oiseaux chantaient et mon chien courait à travers les blés, poursuivant de petits animaux bien plus rapides que lui. Il aboyait de toutes ses forces dans sa course-poursuite perdue d’avance.

      3 La journée semblait belle, mais la présence de la lune dans le ciel en plein jour m’inquiétait. Alors que le soleil était le lieu destiné à accueillir les justes après leur jugement, la lune était le futur lieu de supplice des pécheurs. Le premier était surnommé Paradis, alors que la seconde était appelée Enfer. Le rapprochement de ces deux astres divins en pleine journée ne pouvait qu’être annonciatrice de grands malheurs.

      4 Je me baissais pour admirer une petite fleur des prés, mais l’obscurité était telle que je ne pouvais plus la distinguer. L’obscurité, me dis-je? Comment pouvait-il y avoir la moindre obscurité pendant une si belle journée, alors que le soleil était à son apogée? Je levai les yeux au ciel et fus saisi d’horreur: la lune masquait maintenant le soleil, empêchant la divine lumière, source de vie, d’éclairer le monde. Seul un sinistre halo couleur de feu, ceignant l’astre de nuit, témoignait encore de la présence de l’astre de jour.

      5 Mon chien s’arrêta d’aboyer. Je me dis, pour me rassurer, qu’il ne s’agissait que d’un de ces événements cosmiques dont les anciens avaient régulièrement gardé trace, et que cela allait finir bientôt. Mais je n’en étais pas convaincu. Le halo de feu donnait à cette éclipse une atmosphère angoissante. Mais il finit par disparaître quand la lune acheva sa conquête du soleil. Il faisait un noir d’encre. Même les étoiles avaient décidé de s‘éclipser. C’est alors que la lune décida de contrevenir aux règles de la physique.

      6 Je la vis se colorer de diverses teintes. Au centre de ce disque d’obscurité, des taches de couleurs se mouvaient, comme des oiseaux virevoltant dans le ciel. Elles semblaient livrer batailles, se mêlant les unes aux autres, puis se séparant brusquement. Le mauve se jetait sur le bleu, qui esquivait le turquoise, alors que le vert fuyait le rouge, lui-même poursuivi par le jaune. Puis, les taches calmèrent leurs ébats. Je ne pouvais pas quitter la lune des yeux, alors que je voyais les couleurs se répartir la surface de l’astre de nuit, en un tout enfin ordonné.

      7 Elles restèrent ainsi toute une éternité, alors que mon chien geignait, caché dans le champ de blé. Puis, les taches de couleurs surgirent de la lune, telles des carreaux tirés par une arbalète. On aurait dit six rayons de lumière qui déchiraient le ciel en de longs traits colorés. Les couleurs se joignirent en un véritable arc-en-ciel qui vint s’abattre à mes pieds. J’avais devant moi un pont zébré de couleurs, formant une arche qui enjambait la distance qui me séparait de la lune.

      8 Je la regardai alors et vis que le pont de couleurs y tombait en une véritable chute de lumière blanche. Je regardai ensuite à mes pieds et vis qu’ils étaient aspergés de la même douce lumière laiteuse. Les six rayons, accolés sur toute la longueur du pont, venaient à ses extrémités fusionner en une même blancheur.

      9 Bien qu’étreint par une angoisse indescriptible, je décidai de poser le pied sur cet arc-en-ciel lunaire...




    Chapitre II - « Le brouillard »

      1 Je marchai donc sur un pont rayé de six couleurs, en destination de la lune, sous un ciel d’encre vide de toute étoile. Le trajet me sembla durer une éternité. Mais, alors que je commençais à désespérer de la distance qui me restait à parcourir, je perdis l’équilibre. En effet, les bandes de couleurs qui constituaient le pont que je traversais se mêlèrent en une seule et unique lumière blanche. Celle-ci, telle de l’eau, s'abattait sur la surface de la lune en une cascade laiteuse. Je m’effondrai pathétiquement au sol et, fortement agacé, me relevai, essuyant la poussière de mes vêtements..

      2 Tout autour de moi, je voyais un brouillard blanchâtre peu engageant. Il faisait chaud et moite au sein de cet air dense et irrespirable. J’essayais d’avancer mais mes mouvements étaient lents et maladroits, tant le brouillard semblait s’agripper à mon corps. Mes pieds s’enfonçaient dans le sol mou et visqueux. J’en venais à souhaiter que le vent se lève afin de disperser cette gangue crémeuse qui m’entourait. Mais ce lieu me donnait l’impression de ne pas avoir connu la moindre brise depuis la nuit des temps. C’était la même atmosphère moite qui régnait depuis. Je me croyais dans un tombeau.

      3 C’est alors que je sentis une longue langue me lécher le torse. Paralysé par la terreur, je m’immobilisai. Regardant autour de moi, je discernai enfin des formes. Elles étaient innombrables et ressemblaient fort peu à des êtres humains. L’une d’elles, de taille gigantesque se dressa face à moi, et je pus en détailler la laideur. Entièrement nu, ce démon avait une peau lisse, gorgée de sueur, et des jambes arquées, entre lesquelles les attributs de la masculinité s’affichaient sans pudeur. Je vis également que sa poitrine portait les attributs de la féminité. J’espérais découvrir un visage humain, mais, à la place, se trouvait une gueule semblable à celle d’un serpent, de laquelle sortait une longue langue dressée vers moi.

      4 Le monstre me dit: “ Je suis Asmodée, Prince de la Luxure. Raphaëlle, Archange de la Conviction, est mon opposée. Celui qui se complaît dans l’abus des choses de la chair et dans le nihilisme le plus total vient rejoindre les rangs de mes damnés.” Je ne savais pas quelle réponse donner à une si horrible créature, mais elle n’en attendait pas et s’écarta de mon chemin. C’est alors que je vis un long couloir creusé dans le dense brouillard. Je ne me fis pas prier pour l’emprunter et ainsi échapper à ces bêtes luxurieuses. Le sol était de moins en moins pâteux et devenait de plus en plus sableux. La couleur blanchâtre laissait peu à peu la place à une sombre lueur turquoise.

      5 Au bout d’un temps indéfinissable, j’accédai à une gigantesque grotte. Des piliers titanesques soutenaient sa voûte, que j’avais du mal à discerner, étant donnée sa hauteur. Un lac aux dimensions homériques emplissait les lieux. Son liquide, qu’aucune onde ne venait troubler, irradiait d’une sombre lueur turquoise, colorant ainsi toutes les roches environnantes. Aucune vie ne semblait pouvoir se maintenir en ces lieux. Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis, parmi les roches qui s’entassaient le long de la berge des formes obscures se lever. Leurs mouvements étaient lents, maladroits, et peu affirmés..

      6 Elles semblaient devoir faire un effort surhumain pour entrer en mouvement. Je les voyais toutes pleurer leur état déliquescent et amorphe. C’est alors qu’une gerbe de liquide turquoise surgit de lac surface du lac. Une énorme créature à la peau écailleuse et à la longue queue de lézard surgit du liquide. Surmontant une mâchoire titanesque, deux petits yeux d’émeraude me fixaient. Elle me dit: “ Je suis Belial, Prince de l’Orgueil. Miguaël, Archange du Don de soi, est mon opposé. Celui qui a le sentiment de pouvoir vivre hors de la communauté, ou d’être capable d’atteindre le statut de divin, vient rejoindre les rangs de mes damnés.”





    Chapitre III - « La plaine »

      1 Belial retourna dans les eaux stagnantes turquoises, qui retrouvèrent leur inquiétante surface lisse. Je remarquai alors une petite barque sur la rive. Comment avais-je pu ne pas la voir avant? Je la pris, ne voyant aucun des êtres amorphes s’y opposer. Je ramai alors pendant des heures, les gigantesques piliers de roche se succédant les uns aux autres. J’avançai de plus en plus vite, mais la joie que cela m’apportait fut vite changée en horreur lorsque je me rendis compte que ce n’était que parce que j’étais aspiré dans un tourbillon. Ne pouvant m’y soustraire, je tombai alors au fond de cet orifice.

      2 Lorsque je me réveillai, le corps endolori, je vis autour de moi un sombre couloir. Le sol était recouvert d’un tissu doux et chaud, dont la couleur mauve faisait ton sur ton avec les améthystes qui composaient les murs. Je décidai de suivre cette étrange pièce. Tout au long de mon trajet, je pouvais admirer des tas gigantesques d’or, d’argent et de bijoux le long des murs. Des mets délicieux exhalaient leurs appétissantes senteurs. Des créatures à l'apparence d'humains, hommes ou femmes pourvus d'un corps magnifiques se pavanaient devant moi. Mais je vis surtout de nombreuses personnes, assises, qui dévoraient des yeux ce formidable luxe.

      3 Je me demandai pourquoi ils ne s’appropriaient pas ce qui s’offrait à eux, mais je compris bien vite. Un des damnés prit une pièce d’or, mais la relâcha de suite dans un hurlement de douleur. Ces maudits étaient condamnés à convoiter un tel luxe sans jamais pouvoir en profiter. C’est alors que j’entendis un bruit d’ailes et je vis se poser devant moi une créature herculéenne aux grandes ailes de chauve-souris et à la peau couleur d’améthyste. Elle me dit: “Je suis Satan, Prince de l’Envie. Michel, Archange de la Justice, est mon opposé. Celui qui désire bénéficier des justes récompenses attribuées à autrui, ou qui convoite les biens ou le bonheur de son semblable, vient rejoindre le rang de mes damnés.”

      4 Puis, sans rien ajouter d’autre, Satan reprit son envol. Je repris donc ma marche vers le bout du couloir, que je finis enfin par trouver. La sortie était une petite ouverture chapeautée par un arc-boutant de pierres noires, où étaient sculptés des crânes. J’hésitai à m’engager, mais je me souvins de ce qu’il y avait derrière moi et ne tint pas à y retourner. Je passai donc cette encablure de porte et me retrouvai face à une plaine qui s’étendait à l’infini. Sur mes côtés, je pouvais voir de grandes montagnes rouges circonscrivant avec précisions les limites de ce plat pays.

      5 Ce décor pouvait ressembler à un paysage terrestre, mais les montagnes et l’herbe étaient couleur de sang. Le soleil brûlait juste au-dessus de la plaine. Il emplissait la moitié du ciel et semblait être collé à la lune. Il se découpait dans une nuit étoilée qui semblait peser de tout son poids sur moi. Je remarquai un vertigineux pic bleu qui s’élevait au milieu de la plaine, qui atteignait le gigantesque astre de jour. A son pied se trouvait une grande construction de bois. Je décidai d’avancer, afin de rejoindre ce doigt de pierre pointé vers le haut. Mais, à mi-chemin, je compris que je ne pouvais l’atteindre.

      6 En effet, tout autour du pic bleu, sur des centaines de lieues alentour, des milliers de damnés se battaient comme des forcenés. Ils n’avaient pas la moindre pitié les uns envers les autres. Chaque occasion était bonne pour arracher un membre à son adversaire. Lorsque les armes et les poings ne suffisaient plus, les dents prenaient le relais. Alors, sortant de la gigantesque mêlée, un énorme taureau avança vers moi. En dessous de ses yeux injectés de sang, des flammes sortaient de ses narines. Il me dit: “Je suis Léviathan, Prince de la Colère. Gabriel, Archange de la Tempérance, est mon opposé. Celui qui s’abandonne à la haine de l’autre, ou qui de toutes ses forces tente de lutter contre sa condition vient rejoindre les rangs de mes damnés.”




    Chapitre IV - « Les galeries »


      1 Alors, Léviathan frappa l’herbe sanguine de son sabot, et une ouverture se fit dans le sol. J’y vis un escalier de pierre en colimaçon descendre dans l’obscurité. Prenant mon courage à deux mains, je m’y engageai, pendant que le Prince-démon retournait au combat. Je descendis prudemment les marches, car il n’y avait pas de lumière pour m’aider à savoir où j’avançais et le chemin semblait encore long. Pour m’aider, je faisais glisser ma main le long du mur, et je pouvais me rendre compte au toucher qu’il était simplement creusé dans la terre.

      2 Je sursautai de peur lorsque mes doigts touchèrent une forme visqueuse. C’est alors que l’escalier s’emplit d’une couleur verdâtre. Je retournai mon regard vers la cause de mon sursaut et vis avec dégoût un long lombric sortir du mur. Il irradiait de cette lumière répugnante, tout comme les milliers de créatures similaires qui sortaient elles aussi de la terre. Commençant à avoir l’habitude du fonctionnement lunaire, je me demandai quel péché était puni en ces lieux. J’obtins ma réponse en bas de l’escalier en colimaçon, où se trouvait une dizaine de galeries creusées à même la terre, infestées de ces immondes bestioles verdâtres.

      3 Des damnées bouffis, qui avaient du mal à avancer tant leur corps était rempli de graisse, attrapaient et dévoraient celles qui passaient à leur portée. Je retins ma nausée, lorsque une nouvelle galerie s’ouvrit, laissant passer la tête d’un énorme vers de terre répugnant. Celui-ci me dit: “Je suis Azazel, Prince de la Gourmandise. Galadrielle, Archange de la Conservation est mon opposée. Celui qui abuse du plaisir des besoins premiers, qui n’a pas la mesure des nécessités de sa subsistance, vient rejoindre les rangs de mes damnés.”

      4 Puis il ajouta: “Suis-moi”. Il recula et continua à creuser sa galerie. Je le suivis sur de nombreuses lieues, suivant ses multiples changements d’orientation. Puis, le tunnel déboucha sur un grand hangar de bois. Je compris que je me trouvais au pied du pic de pierre. Azazel, qui m’attendait près de la sortie, repartit en creusant un nouveau tunnel. Je regardai autour de moi et m'aperçus que j’étais sur une sorte de butte de terre. Tout autour d’elle, un gouffre semblait ne pas avoir de fond.

      5 Mais il devait forcément y en avoir, car de nombreux pilonnes de bois en surgissaient arrivant à ma hauteur. Des damnés étaient placés dessus. Même debout, ils devaient faire de difficiles efforts afin de se maintenir dessus et de ne pas tomber. Mais le plus étrange, c’était que chacun tenait entre ses bras des trésors incomparables en valeur et en beauté. Ils s’agrippaient à ces lourds coffres remplis d’or, à ces gros sacs pleins de pierres précieuses, comme si leur vie en dépendait.

      6 Parfois, un mouvement un peu moins mesuré que les autres faisait tomber certaines de ces richesses. Ceux qui faisaient l’erreur d’essayer de les rattraper finissaient invariablement par tomber. Du gouffre une pâle lueur jaune témoignait des innombrables richesses qui y étaient tombées, entraînant dans leur sillage les maudits, dont aucun ne semblait vouloir laisser s’échapper le moindre écu. Certains devaient même s’accrocher depuis longtemps, car leurs jambes étaient atrophiées. Mais ils ne laissaient échapper la moindre plainte, craignant de faire tomber leur or dans le gouffre.

      7 Alors, je vis descendre du plafond, rattachée à son fil, une gigantesque araignée toute couverte d’or, aux milliers d’yeux de diamant. Arrivée près de moi, elle me dit: “Je suis Belzébuth, Prince de l’Avarice. Georges, Archange de l’Amitié, est mon opposé. Celui dont l’égoïsme n’a d’égal que le mépris de l’autre vient rejoindre les rangs de mes damnés.” Puis, sans ajouter quoi que ce soit, le Prince-démon tissa un pont, avec sa toile, reliant mon îlot et le bord du hangar de bois..




    Chapitre V - « Le pic »

      1 Au bout du pont de toile se trouvait une petite porte de bois. Je tournai la poignée, mais elle ne s’ouvrit pas. Je forçai un bon moment, puis elle finit par céder. Cela devait faire une éternité qu’elle n’avait pas été utilisée. Lorsque la porte fut ouverte, je me trouvai devant une masse de pierre bleue. Je passai l’encablure et levai les yeux. Le pic que j’avais pu observer tout à l’heure pointait jusqu’au soleil, qui, d’où je me trouvais, emplissait le ciel tout entier.

      2 Ne voulant pas rester en Enfer pour l’éternité, j'entreprit d’escalader le pic rocheux. Pendant des heures, je m’accrochais tant bien que mal à chaque aspérité, avançant à une très faible allure à cause des conditions difficiles de ma progression. Je n’étais pas le seul à tenter cette terrible expédition. De nombreuses personnes peinaient autant que moi dans cette difficile épreuve. Elles pleuraient devant cette tâche surhumaine, et certaines finissaient par abandonner.

      3 Ceux-là ne trouvaient plus la force de continuer et tentaient de redescendre. Mais il était encore plus dur de se déplacer dans ce sens que de se diriger vers le sommet du pic bleu. Tout ceux qui se résignaient ainsi finissaient par lâcher prise et aller s’écraser tout en bas dans un sinistre bruit mat. Chaque chute semblait affaiblir la volonté des survivants, mais je m’accrochai à ma volonté et continuai. Je finis par me retrouver seul dans cette terrible ascension.

      4 Alors que je pensais être arrivé à mi-parcours et que mes muscles me faisaient mal à en pleurer, je vis une corniche non loin de moi. Enchanté par cette découverte inespérée, je m’y dirigeai. Une fois arrivé à bon port, je me décidai enfin à regarder vers le sol, afin de voir quelle hauteur j’avais grimpé. Quelle ne fut pas mon horreur lorsque la lune toute entière apparut à mes yeux, sous des volutes de fumée bleue semblable à des nuages. Aucune montagne sur terre ne pouvait être si haute! J’étais ravi de l’efficacité de mes efforts, mais je me rappelai alors qu’il restait autant à parcourir jusqu’au sommet..

      5 Je m’écroulai sur la corniche pour essayer de trouver quelque repos, lorsque j’entendis des pleurs. Je tournai ma tête et vis un vieil homme à la barbe hirsute qui versait de chaudes larmes. Son corps était si sec qu’il en paraissait squelettique. Il me dit: “Je suis Lucifer, Prince de l’Acédie. Sylphaël, Archange du Plaisir, est mon opposé. Celui qui entre en dépression spirituelle, qui reste passif, qui n’a plus goût à la vie, et qui ignore sa propre satisfaction rejoint les rangs de mes damnés, qui jamais n’arrivent à atteindre le soleil.”

      6 Je vis une grotte derrière lui. Il me fit signe d’y aller, sans dire un mot. Un long couloir dallé se dirigeait vers une porte de métal, qui présentait une étrange veinure verticale en son milieu. Je cherchai une quelconque poignée, mais n’en trouvai pas. Après de longues recherches, je finis par m’adosser sur un côté de l’encablure, épuisé. J’entendis alors un petit bruit de clochette et la porte s’ouvrit, les deux moitiés de la porte coulissant sur les côtés. Surpris, je regardai à l’intérieur et y vis un miroir magnifique, qui reflétait comme aucun autre mon image.

      7 J’entrai dans le petit espace dans lequel il se trouvait, mes yeux n’arrivant pas à s’en détacher. J’entendis alors une voix calme me dire: “Vous montez?”. Je me retournai, abasourdi par une question si étrange et vis une personne souriante attendant une réponse. Nous nous trouvions ensemble dans une pièce minuscule où seule une demi-douzaine de personnes tout au plus aurait pu y tenir debout. Elle était assez bien éclairée, bien que la lumière blanche, qui descendait du plafond, me semblât un peu terne. Ne sachant que dire, je répondis “Oui.”. Alors, la personne posa son doigt sur un carré où était écrit le mot “Dernier étage”. La porte se referma, ses deux moitiés se joignant à nouveau, et je sentis la pièce monter.




    Chapitre VI - « Le soleil »

      1 Alors que la petite pièce où je me trouvais avec cette étrange inconnu montait, j’avais la sensation désagréable d’être plus lourd qu’à mon habitude. Mais, lorsque elle s’arrêta, je me sentis un instant extrêmement léger. Je n’avais pourtant ni grossi ni maigri pendant ce court laps de temps. La porte s’ouvrit en deux, comme je l’avais vu plus bas. L’inconnu se retourna alors vers moi et me dit: “Vous êtes arrivé.”. Il arborait un sourire plein de gentillesse et de douceur. Cela me redonna un peu d’entrain et j’osai enfin lui demander: “Mais qui êtes-vous donc ?”..

      2 Il me répondit: “Je suis le passeur, le seul ange à rester pour l’éternité en dehors du Paradis. Mon rôle est d’accompagner jusqu’ici ceux qui n’ont pas encore fait le choix.”. “Quel choix?”, m’écriais-je, interloqué. Mais, sans me répondre, il afficha encore un de ses beaux sourires et tendit sa main vers l’extérieur de la pièce pour m’inviter à avancer. Voyant que rien ne pourrait lui soutirer plus d’informations, je décidai d’avancer. Une fois sorti, la porte se referma derrière moi, ses deux parties se rejoignant, et j’entendis la pièce redescendre.

      3 Je m’attendais à trouver un paysage idyllique, mais, au lieu de ça, j’avais encore et toujours cette détestable pierre bleue qui composait le pic infernal. Elle avait été taillée pour obtenir une sorte de terrasse. Je me demandai comment sortir de ce que je croyais alors être un ignoble traquenard. En effet, j’avais atteint le sommet et n’avais aucune chance de ne pas tomber si j’essayais de descendre par la paroi du pic. Quant à l’étrange porte, je ne savais pas comment l’ouvrir. Je m'asseyais donc, en pleurs, me demandant quel horrible péché j’avais pu connaître pour être ainsi puni.

      4 Quelques instants plus tard, j’entendis un concert de battements d’ailes. Je levai les yeux et vis un magnifique spectacle: sept anges étaient en train de se poser sur la terrasse bleue. Je reconnu l’Archange Michel, saint patron de la Justice, en armure, tenant en main une magnifique épée et un grand bouclier aux merveilleux ornements. Mais mes connaissances théologiques étaient limitées et je demandai, non sans honte à qui j’avais affaire. Je m'attendais à entendre quelque reproche, mais ce ne fut pas le cas. Tous me regardèrent d’un regard plein de douceur et d’amour.

      5 L’un d’eux s’avança et me dit: “Je suis Georges, Archange de l’Amitié. Et voici Gabriel, Archange de la Tempérance, Michel, Archange de la Justice, Miguaël, Archange du Don de soi, Galadrielle, Archange de la Conservation, Sylphaël, Archange du Plaisir, et Raphaëlle, Archange de la Conviction. Nous sept, sous les ordres du prophète Aristote et du messie Christos, sommes chargés de guider les humains sur le chemin de la vertu, qui les mène vers Dieu et Son Paradis.”

      6 J’avais en face de moi les sept humains les plus importants de l’histoire, exception faite d’Aristote et de Christos. Devant un tel privilège, je ne pus que me prosterner à leurs pieds, face contre terre. Mais Georges me dit: “Ne te prosterne pas devant nous : nous ne sommes en définitive que des humains. Seul Dieu mérite cela. Nous sommes Ses humbles serviteurs, accomplissant Sa divine volonté. Mais viens avec nous, car l’heure est bientôt venue de faire le choix. Nous sommes là pour te mener au soleil.”




    Chapitre VII - « Le paradis »

      1 Les sept anges se tenaient face à moi. Ils arboraient un grand sourire plein de gentillesse que venait souligner leur regard plein de tendresse. Pour la première fois depuis que j’avais laissé mon chien seul dans le champ, je me détendis et m’emplis de la sérénité qu’ils dégageaient. Ils m’aidèrent à me lever et Michel, le plus robuste, me fit monter sur son dos. Je rougis à l’idée de chevaucher un Archange comme un cheval. Mais ils rirent tous, voyant la gêne s’afficher sur mon visage. Ces rires n’étaient pas moqueurs, mais pleins d’amitié.

      2 Alors, sept grandes paires d’ailes magnifiques s’étendirent. Ils s’approchèrent du bord et se laissèrent tomber. Je hurlai de terreur, mais mon cri s’étouffa lorsque les Archanges redressèrent leur vol et s’envolèrent vers la soleil. Je pus voir sous moi l’ensemble de la lune et me promis intérieurement, si l’occasion m’en était donnée, de toujours vivre dans la vertu, suivant les préceptes d’Aristote et de Christos, afin de ne jamais plus retourner dans un endroit aussi sordide. Galadrielle me lança un sourire complice et me dit: “C’est bien. Tu as pris une judicieuse décision. Puissent les autres vivants faire la même.”

      3 Je me demandai comment elle avait pu connaître aussi bien le fond de mes pensées. Mais mon esprit fut bien vite plutôt intéressé par le spectacle qui s’offrait à moi. Nous venions de quitter la lune et nous volions dans l’espace qui la sépare du soleil. Les étoiles s’offraient à mon regard comme autant de spectacles magiques. Je pouvais même discerner de nombreux autres astres dont je ne connaissais pas l’existence, ne pouvant être vus depuis le monde. Mais l’essentiel de ma vision était occupé par ce soleil immense, brûlant, que je n’avais jamais vu d’aussi près. Je me sentais comme une mouche face à une vache: minuscule.

      4 Nous nous approchâmes si près de l’astre divin que des flammes de plusieurs lieues de long nous frôlèrent. Je me demandai si je n’allais pas partager avec les sept Archanges une bien funeste fin. Mais Michel, sur lequel j’étais toujours juché, me dit: “N’aie crainte et regarde.”. Je vis alors les flammes qui couvraient le soleil s’ouvrir, pour laisser place à un magnifique spectacle. Sous cette couche brûlante se trouvait ce dont j’avais entendu parler depuis ma plus tendre enfance, sans jamais savoir ce en quoi cela consistait : le Paradis!

      5 Nous atterrîmes dans un lieu magique. Tout était baigné d’une douce lumière. Où que je regardais, je ne trouvais pas la moindre obscurité. A perte de vue, il n’y avait ni habitation, ni la moindre construction. Ceux qui avaient faim se servaient sur les arbres fruitiers. Ceux qui appréciaient les plaisirs de la détente s’allongeaient dans l’herbe. Des enfants jouaient innocemment, riant et courant à travers les hautes herbes. Les sept Archanges me prévinrent qu’ils devaient me laisser, leur mission étant terminée. Je les remerciai grandement et leur dis au revoir.

      6 Je décidai de visiter ces lieux enchanteurs. Tous ceux que je rencontrais me souhaitèrent la bienvenue en me souriant. Je leur rendais leur sourire et les remerciais. Tout respirait le bonheur, la bonté et la joie. Alors que je m’approchai d’une petite fontaine où l’eau semblait si claire que je ne résistais pas à l’envie de m’y désaltérer, je vis deux hommes discuter. Ils me remarquèrent et me firent signe de venir. J’eus alors en face de moi rien de moins qu’Aristote et Christos. Ils m’accueillirent avec la plus grande gentillesse. Ils me demandèrent si les lieux me plaisaient et si j’avais fait un bon voyage. J’étais si ému que je ne savais pas quoi répondre. Je bafouillai quelque vague parole, alors que j’essayai encore de réaliser qui se trouvait devant moi. C’est alors que j’entendis une voix.




    Chapitre VIII - « La résurrection »

      1 Cette voix que j’entendis, alors que je me trouvais en compagnie d’Aristote et de Christos, était calme et pénétrante. Ils m’expliquèrent que c’était Dieu Lui-même qui allait me poser la question. J’allai enfin savoir laquelle était-ce. La voix divine me dit: “Toi, l’humain que les tiens nomment Sypous, tu es venu à Moi, découvrant tout ce qu’un humain pourra connaître après sa mort. Tu as visité chacun des sept Enfers, où tu as rencontré chacun des Princes-démons, qui se sont présentés à toi, conformément à Ma volonté. Qu’as-tu retenu de tes périples ?”

      2 Je répondis: “J’ai compris le sens du Salut. Lorsqu’un humain a vécu dans la vertu, s’étant ainsi conformé à Ta divine parole, transmise par le prophète Aristote et par Christos, le messie, Tu lui accordes le droit d’accéder en ces lieux, au Paradis, au sein du soleil. S'il se détourne de la vertu, refusant d’écouter Ta divine parole, qu’il s’abandonne aux plaisirs terrestres, à l’égoïsme, à la tentation, à de fausses divinités, Ton infinie sagesse t’amène à l’envoyer en Enfer, dans la lune, pour y être puni pour l’éternité. Tu nous aimes, mais c’est également à nous de T’aimer.”

      3 Dieu me dit: “Maintenant, le temps est venu pour toi de faire ton choix. Tu peux décider d’accepter la mort. Dans ce cas, je jugerai toute ta vie, les moments où tu as su oeuvrer pour la vertu et ceux où tu t’es détourné d’elle. Si, alors, Je juge que tu le mérites, tu rejoindras les élus pour une éternité de joie et de bonheur. Mais si Je juge alors que ta vie n’a pas été assez vertueuse, tu connaîtras une éternité de tourments en Enfer. Mais, si tu penses que ton temps n’a pas encore été accompli, que tu n’as pas encore fait tes preuves devant Moi, tu peux décider de revenir à la vie.”

      4 Je ne savais que répondre. Avais-je mérité de rejoindre le Paradis ou finirais-je en Enfer? Alors, j’entendis des voix. C’était celles de mes amis, qui priaient pour le Salut de mon âme. Bien qu’ils se trouvassent sur terre, je les entendais distinctement. Cela me faisait chaud au cœur de voir qu’ils se souciaient tant de ce qui allait m’arriver. Il me fallait leur montrer que leurs prières n’étaient pas vaines. Je décidai d’accepter la résurrection, afin de pouvoir vivre dans la vertu et de mériter le Paradis. Je leur devais bien ça, au moins autant que je me le devais à moi-même.

      5 Dieu me dit alors: “Depuis que J’ai décidé de changer l’esprit des humains en âme, afin qu’elle soit jugée à leur mort, chacun d’eux parcourt le chemin qui t’a conduit à Moi, et Je pose la même question à chacun d’eux. Certains ont la même prudence que toi, d’autres accèdent au Paradis, et d’autres surestiment la qualité de leur vécu et sont envoyés en Enfer.”

      6 “Ceux qui ont opté, comme toi, pour la résurrection ne gardent pas traces de leur périple céleste dans leur mémoire. Ainsi, leur comportement ne change que si la leçon s’est gravée au fond de leur cœur. Mais, afin que tous sachent quel sort terrible les attend s'ils se détournent de mon amour, je te laisse exceptionnellement la mémoire. Tu pourras ainsi témoigner de ton périple. Et ton témoignage restera pour les siècles des siècles. Maintenant que tu sais quelle tâche Je t’ai confiée, retourne à la vie, jusqu’à ce que Je te rappelle pour que tu fasses un nouveau choix.”

      7 Alors, ma vue se brouilla. J’eus tout juste le temps de voir Aristote et Christos me dire à bientôt avant de perdre connaissance. Lorsque je me réveillai, je me trouvais dans mon lit, les bras en croix. Autour de moi des cierges étaient allumés et mes amis étaient en train de prier. En larmes, mais visiblement soulagés, ils m’expliquèrent que cela faisait neuf jours que j’étais mort. Je me levai, alla à la fenêtre, et vis que le soleil diffusait à nouveau sa chaleureuse lumière sur le monde. Je racontai à mes amis mon incroyable périple et décidai de coucher sur le papier tout ce que je venais de connaître pendant ma mort.





_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Péris



Inscrit le: 02 Jan 2013
Messages: 244

MessagePosté le: Jeu Fév 20, 2025 12:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Livre 1. Le mythe Aristotélicien

    La fin des temps
    par Ysupso

    Chapitre I - « Le rêve »

      1 Moi, Ysupso d’Alexandrie, pieux croyant d’Egypte, vais vous décrire la révélation qui me fut faite en songe. Cela peut paraître étrange de considérer un rêve comme une véridique prémonition, mais la lecture de mes révélations vous montrera qu’il ne s’agit pas d’un rêve ordinaire. Je remercie d’ailleurs le Très Haut de m’avoir confié la divine mission de transmettre au monde Sa volonté.

      2 Mon rêve commença par une douce lumière blanche. J’avais la sensation de me réveiller et, comme au petit matin, j’émergeais petit à petit de mon état léthargique. La lumière apporta, au fur et à mesure de mon réveil imaginaire, son lot de nuances. Je finis par voir un groupe d’être humains aux grandes ailes d’oiseaux, surmontés d’un anneau lumineux. Ils resplendissaient d’amour et de douceur. Leurs regards étaient pleins de bonté et de tendresse.

      3 J’avais en face de moi tous les humains qui, par leur sainte vie vertueuse, avaient accédé au statut d’anges. Sept d’entre eux dépassaient leurs compagnons par la sensation de bien-être que je ressentais en leur présence. Je reconnus sans difficulté les sept archanges bénis de Dieu: Georges, patron de l’amitié, Miguaël, patron du don de soi, Raphaëlle, patronne de la conviction, Gabriel, patron de la tempérance, Michel, patron de la justice, Sylphaël, patron du plaisir, et Galadrielle, patronne de la conservation.

      4 Derrière eux, je voyais de vastes paysages idylliques. Tout resplendissait la beauté et donnait envie d’y rester pour l’éternité. Mais cela semblait bien vide. Je pouvais admirer les innombrables élus, peuplant le Paradis, sur le visage desquels s’affichait la béatitude. Voyant un tel bonheur emplir ceux qui avait vécu dans la vertu, je me réjouissais pour eux et espérais pouvoir les rejoindre.

      5 Alors, j’entendis une voix dure et sereine me dire: “Ceux que tu vois ici sont ceux qui ont su gagner le Paradis, suivant la parole que J’ai confiée à Aristote et à Christos. Mais sache que l’avenir ne sera pas aussi radieux pour tous”. Je compris que c’était Dieu Lui-même qui m’adressait ce divin message. Alors, les anges me laissèrent seul, en communion avec le Très Haut. “Regarde dans la flaque d’eau à tes pieds”, me dit-Il.

      6 J’y vis alors un beau pays. La douce chaleur du soleil caressait les arbres des vergers, nourrissait les épis de blé, qui se dressaient, fiers, vers le ciel, et donnait tout son amour aux légumes, qui prospéraient. Plus loin, je pouvais voir les vaches paître placidement, accompagnées de moutons gardés par leur pâtre. L’agréable brise prêtait sa force au travail du meunier en faisant tourner les ailes du moulin.

      7 La mer fournissait aux pêcheurs moult poissons, afin de les nourrir, et exhalait ses senteurs rustiques mais si agréables à ceux qui savaient les apprécier. Au coeur de cette paisible vie, une ville, ceinte de murailles, fourmillait d’activité. Les artisans oeuvraient afin de fournir à la population tout ce dont elle avait besoin et les commerçants faisaient l’éloge de leur marchandises aux clients venant faire leur marché.

      8 Les enfants jouaient, riant et courant le long des rues animées. Des tavernes sortaient des rires et des bruits de liquides que l’on versait dans les chopes. Un petit groupe était attroupé autour du maire, qui écoutait leurs interrogations et y répondait. Les cloches se mirent à sonner et nombre d’habitants sortirent de leurs maisons pour se rendre à la messe.



    Chapitre II - « Le château »

      1 Et c’est alors que l’horreur commença.

      2 Le ciel s’assombrit, se chargeant de ténébreux nuages. Le tonnerre gronda, résonnant dans toutes les chaumières. Et la pluie se mit à tomber. Un déluge comme personne n’en avait vu jusqu’alors! Les bourrasques tourbillonnaient et la mer se fit si houleuse que je vis plusieurs pêcheurs disparaître sous les flots. Tous se mirent à l’abris, mais la pluie ne cessa plus de tomber.

      3 Trois jours et trois nuits durant, elle travailla à réduire à néant tous les efforts des agriculteurs, qui voyaient, impuissants, leurs récoltes mourir. Les rues se transformaient en torrents. Tout le pays était gorgé d’eau. Et la mer frappait de tout son courroux contre la cité, détruisant les embarcadères, coulant même les bateaux les plus gros, et venant s’abattre contre la côte.

      4 Puis, le ciel s’assombrit encore, étouffant totalement les rayons du soleil, et ne s’éclairait que par les éclairs dont le tonnerre résonnait dans toutes les maisons où les gens se massaient, apeurés. La pluie se fit de plus en plus froide, se changeant en neige. Le gel acheva de détruire les récoltes et le vent glacial fouettait les maisons, où les gens, terrifiés, souffraient de la faim et de la soif sans oser dire un mot.

      5 Alors, la neige se changea en grêle. Celle-ci était composée d’énormes grêlons gros comme une balle de soule et durs comme la pierre. Ils frappèrent de toutes leurs forces les solides murailles et les bâtiments de pierre. Les toits semblaient souffrir de ce traitement, mais s'efforçaient de résister. Cela ne suffit pas toujours, car nombre de maisons s’effondrèrent sur leurs infortunés habitants, dans des cris déchirants d’appel à l’aide qui se perdirent dans le bruit du cataclysme.

      6 Mais le calvaire sembla prendre fin lorsque la grêle diminua, puis s’arrêta. Petit à petit, les gens sortirent de leur modestes abris et nombre d’entre eux, hagards, se dirigèrent vers le château, afin de trouver des réponses à leurs questions. Le curé et le duc s’adressèrent alors à la foule. Mais le discours du seigneur temporel fut interrompu par l’effondrement de la tour, qui l’écrasa sans autre forme de procès.

      7 En effet, la terre s’était mise à trembler. Et le malheureux élu s’était trouvé sous la trajectoire verticale de l’énorme monument. Les gens se mirent à courir afin de rejoindre à nouveau leurs abris. Mais les faibles maisonnées s’effondraient les unes après les autres. Les rues s’ouvraient, des crevasses s’ouvrirent, dévorant de leurs crocs de terre les infortunés qui se faisaient prendre dans leur terrible piège. Les murailles, déjà ébranlées par la grêle s’effondrèrent, apportant elles aussi leur lot de morts.

      8 Toute la ville s’écroula ainsi peu à peu, laissant de nombreuses personnes aux prises avec la panique. Seule l’église avait survécu aux assauts des éléments déchaînés, le saint bâtiment semblant épargné par les éléments déchaînés. La terre s’arrêta de trembler et le calme se fit. Sans un mot, les survivants s’attroupèrent donc dans la maison du Très Haut. Le curé s’y trouvait. Il prêchait la repentance des fautes commises. Sa verve était d’or, mais on sentait dans sa voix l’angoisse que ses prières ne suffisent pas à les secourir. Mais tous écoutaient cependant le prêche du curé comme ils ne l’avaient jamais fait auparavant.



    Chapitre III - « L’église »

      1 Le vent battait sur les flancs de l’église, faisant frémir toute sa structure. Le ciel, ténébreux et glacial, était empli de menaçants nuages aux proportions herculéennes. Tout autour du saint bâtiment, la foudre déchirait l’air, bientôt suivie par son complice, le tonnerre, dont le grondement résonnait dans les cœurs terrifiés des ouailles.

      2 Le curé les encourageait à la prière. Il n’avait de cesse de leur rappeler qu’ils n’avaient rien à craindre si ils gardaient dans leur esprit les paroles divines révélées par le prophète Aristote et par Christos, le messie. La pureté de sa foi le poussait à encourager ses auditeurs à faire pénitence de leur fautes. Et il répétait sans cesse qu’il était temps d’entendre en confession ceux qui avaient des péchés à leur actif. Mais personne ne l’écoutait plus, la terreur prenant le pas sur la raison, et tous regardaient à présent à travers les vitraux de l’église.

      3 C’est alors que la troisième calamité s’abattit sur eux. Le vent redoubla d’intensité, se changeant en bourrasques et les bourrasques en tempête. Le cataclysme atteignit son paroxysme lorsqu’une terrible tornade vint investir le saint bâtiment. Celle-ci brisa les vitraux de l’église, venant emplir le saint bâtiment de son souffle glacial. Les morceaux de verre teint retombèrent en une pluie de lames aiguisées sur les infortunés qui se trouvaient en-dessous.

      4 La tornade propulsa les bancs contre les murs, ce qui les fit voler en éclats. Elle renversa les ouailles, qui se percutèrent les uns les autres. Elle fit s’effondrer les statues du haut de leur piédestal, en les brisant en mille morceaux. Les lourdes et imposantes portes de l’église étaient vieilles de plusieurs siècles. Elles avaient connu les affres du temps sans jamais faire montre de la moindre faiblesse. Mais la tornade les fit s’envoler comme des fétus de paille.

      5 Le bruit de la tempête couvrait les exhortations à la prière du curé. Celui-ci s’interrompit alors lorsqu’il vit un jeune enfant à terre. Une poutre énorme menaçait de s’abattre sur lui. Le curé se jeta alors sur lui et poussa l’enfant de la trajectoire du monstre de bois. Ce sacrifice s’avéra malheureusement inutile, car le bâtiment tout entier s’effondra sur ses habitants, dont seuls quelques survivants parvinrent à s’échapper.

      6 Ceux-ci ne furent pas les plus chanceux, car ils eurent enfin le malheur d’assister à la dernière des calamités. La ville n’était plus qu’un champ de ruines au sol craquelé, la mer était déchaînée sous un ciel d’encre fendu par les éclairs, les champs, les pâturages et les vergers étaient noyés et seuls quelques arbres tenaient encore plus ou moins debout.

      7 Les survivants virent alors ces derniers s’embraser. Ils crièrent de toutes les forces qui leur restaient. Le vent, jusqu’alors glacial, s’embrasa en un véritable bûcher à ciel ouvert. Les nuages rougirent, reflétant les flammes qui baignaient le pays. Celles-ci dévoraient tout ce qui avait survécu en un gigantesque brasier. Les infortunées personnes qui avaient survécu aux trois autres calamités hurlèrent de douleur quand le brasier détruisit leurs chairs, ne laissant plus rien de leurs corps.



    Chapitre IV - « Le jugement divin »

      1 Je levai les yeux de la flaque d’eau où toutes ces images horribles venaient de s’offrir à mes yeux. Je tremblais de toute mon âme, les cris de souffrance des pauvres victimes de ces quatre calamités résonnant encore dans mon cœur. Je pleurais de chaudes larmes, tant était horrible le sort de ces pauvres malheureux.

      2 Alors, Dieu, d’une voix douce et apaisante, me dit: “Vois, comment risque de finir le monde que tu aimes tant. Il sera détruit par l’eau, la terre, le vent et le feu. Mais n’aie crainte, car si vous vous montrez vertueux, vous pourrez éviter ces inutiles souffrances. Et que ceux qui vivent dans la vertu ne s’inquiètent pas, car jamais Je n’oublie ceux qui M’aiment.”, me dit le Très Haut. Je vis en effet les nuages s’en aller, les vents se calmer, les flammes mourir. Mais la terre trembla de plus belle.

      3 Et les hommes et les femmes qui avaient vécu les atrocités que j’avais pu voir dans la flaque sortirent du monde en volant. Ils étaient innombrables, debout les uns près des autres, tels une mer d’humains. Malgré le temps indéfinissable qu’ils avaient attendu sous terre, ils avaient l’air de retrouver une nouvelle jeunesse. Ils s’envolèrent en un magnifique nuage d’êtres venant rejoindre leur Créateur.

      4 Derrière eux, je vis le monde, gigantesque boule de matière. Tous les humains l’avaient quitté. Sa surface se mit à se craqueler, des flammes titanesques surgissant des crevasses ainsi formées. Puis, le monde tout entier s’embrasa. Il illuminait les autres astres d’une puissante lumière rouge. Enfin, dans une incommensurable explosion, il acheva la mission que Dieu lui avait confiée.

      5 Les humains s’installèrent le long des étoiles, sur ce que l’on appelle la voie lactée. Ils s’organisèrent alors en une file qui semblait interminable. Certains avaient l’air heureux d’attendre le Jugement Divin, d’autres versaient de chaudes larmes, regrettant de n’avoir pas su écouter les paroles divines transmises par le prophète Aristote et Christos, le messie. Les anges attendaient patiemment les humains sur le soleil. Et sur la lune, les démons crachaient leur haine à la face des futurs jugés.

      6 Et Dieu me parla: “Vois. Ces hommes et ces femmes qui sont maintenant unis dans l’attente du jugement de leur âme. Je vous ai faits aspirant à la vertu et J’ai fait celle-ci de telle manière que si l’un d’entre vous la pratiquait, elle se communiquerait aux autres.” Je reconnaissais là l’enseignement d’Aristote et les paroles de Christos! “Il y avait un but à cela, ajouta-t-il, Me servir, M’honorer et M’aimer, mais aussi vous aimer les uns les autres. Je suis la main invisible qui guide vos pas, mais nombre d’entre vous se sont détournés de Ma Parole.”

      7 “Vous êtes jugés un à un lorsque vous mourrez, mais cela ne sera pas toujours le cas. En effet, j’ai laissé la créature à laquelle Je n’ai pas donné de nom prouver ses dires, selon lesquels c’est au fort de dominer le faible. Si, encore une fois, vous vous détournez de Moi en trop grand nombre, ce que tu as vu dans la flaque s’accomplira. Si vous oubliez à nouveau l’amour que J’ai pour vous et que vous ne m’aimiez plus à nouveau, cela sera vérité. Si Ma parole, révélée par Aristote et Christos n’est plus écoutée, Je détruirai le monde et la vie, car l’amour n’en sera plus le sens. Alors, prends garde à ne pas laisser Ma parole se perdre dans les gouffres de l’oubli.”

      8 Voilà pourquoi je vous révèle cela. La vertu doit guider chacun de nos pas. Chacun doit la transmettre à son prochain. Telle est la Parole de Dieu. Ne vous échappez pas de la sage voie de sa main, ou viendra le jour où le monde disparaîtra et où nous seront tous jugés !



    Chapitre V - « Les questions »

      1 Mais nombre de questions n’avaient pas encore trouvé de réponse. Je demandai à Dieu si Il voulait bien éclairer ma lanterne et, dans Sa grande miséricorde, Il accepta.

      2 Je Lui demandai: “Quand serons-nous jugés? Quelles seront les peines et les récompenses que nous aurons?” Il me répondit: “J’ai décidé, lorsque J’ai fait des humains Mes enfants, de leur faire le plus beau des cadeaux: J’ai fait de tous vos esprits des âmes, vous permettant de gagner le Paradis si vous suivez les enseignements d’Aristote et de Christos, mais vous punissant des Enfers si vous vous détournez du chemin qu’ils ont tracé. Vous êtes en cours de jugement tout au long de votre vie. Chaque pensée, chaque parole et chaque action influent sur Ma décision finale. Lorsque chacun de vous meurt, Je décide de votre destination éternelle. Selon que vous avez été vertueux ou pécheur, vous rejoignez les rangs des élus ou des damnés.”

      3 Je Lui demandai ensuite: “Mais à quoi ressembleront les humains qui accéderont au soleil ou à la lune? Ne serons-nous que de purs esprits? Que deviendront nos corps? Que sont ces anges et ces démons?” Il me répondit: “Le corps ne peut vivre sans l’esprit et l’esprit sans le corps, car J’ai fait de la vie l’union de ces deux états. Lorsqu’un humain accède au Paradis ou à l’Enfer, le corps qu’il avait sur le monde est abandonné pour nourrir la vie et un nouveau corps lui est donné en échange. Celui-ci est à l’image de l’esprit de l’humain: il en représente soit la beauté soit la laideur. Les anges sont ceux qui, par leur sainteté, ont obtenu un corps si parfait qu’ils me secondent dans le soleil. Les démons sont ceux qui ont tant vécu dans l’erreur que leur corps n’est qu’horreur et bestialité.”

      4 Je Lui demandai encore: “Le baptême est le sacrement qui consacre l’entrée d’un humain dans la communauté des croyants (*). Sans ça, il n’y a pas d’accès au Paradis possible. Mais que deviennent les pauvres enfants dont la vie s’achève avant qu’ils aient la chance d’être baptisés?” Il me répondit: “Je vous ai fait élus à votre naissance, car vous tendez naturellement vers Moi. Ce sont vos péchés qui vous détournent de Ma divine perfection.”

      5 “Le baptême permet à la vertu de racheter le péché, permet à l’amour de vaincre l’acédie. Un vertueux qui n’est pas baptisé ne se verra pas effacer ses fautes, car Je n’ai pas béni son entrée dans la communauté de Mes fidèles. Mais ne crois pas que le fait d’être baptisé t’autorise à pécher sans vergogne. Ce sacrement n’est que le moyen de vivre dans la vertu. Mais tous ceux qui n’ont pas été baptisés, qu’ils soient enfants ou adultes, si ils n’ont absolument jamais péché, pourront de même accéder au Paradis.”

      6 Je Lui demandai enfin: “La Fin des Temps aura-t-elle forcément lieu?” Il me répondit: “Non, Je déciderai de détruire le monde si les humains s’abandonnent tant dans le péché qu’ils ont fini par donner raison à la créature à laquelle Je n’ai pas donné de nom. Sache que l’avenir du monde ne dépend que de votre vertu. A vous de respecter la parole que j'ai transmise à Aristote et Christos car, si vous vous comportez comme les habitants d’Oanylone, votre vice liera le sort du monde que vous aimez tant.”

      7 Alors, Dieu me dit que le temps était venu que je retourne chez moi, que mon rêve se finisse, et que je me réveille. Soulagé d’avoir tant appris de Dieu Lui-même, je retournai donc à mon lit douillet, où je me réveillai. Encore troublé par ces révélations, j'entrepris de coucher par écrit ce message de Dieu Lui-même.



_________________


Dernière édition par Péris le Lun Mar 03, 2025 12:55 pm; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Péris



Inscrit le: 02 Jan 2013
Messages: 244

MessagePosté le: Lun Mar 03, 2025 12:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Livre 1. Le mythe Aristotélicien

    La fin des temps
    par ...

    Le miroir d'Oane

      I) Fragments oaniens

      Dieu, le Néant et la Créature Sans Nom

      J'ai longtemps réfléchi au Néant qui existait avant tout, qui existait avec Dieu et qui existait en Dieu; j'en suis arrivé à la conclusion que cela ne pouvait être que la part obscure de Dieu, un peu comme la terre, sale, grasse et collante qu'il a créée, lieu où tout fermente, pourrit et où grouillent aussi ces vers de terre qui se tordent d'une façon qui, à elle-seule, reflète leur noirceur.
      Et c'est pourtant de ce lieu sordide que sortent les plus beaux fruits du monde et que du noir Néant naquirent les beaux fruits des vertus divines.
      Comme si le Néant lui-même, était un chaos à la fois putride et fécond, exactement comme la terre que nous foulons aux pieds.
      Bien et mal, noir et blanc; c'est un peu comme si du noir naissait le blanc, et sans doute du blanc, le noir, en une sorte de mouvement perpétuel infernal qui reproduirait le chaos primitif.
      Ainsi, de Dieu lui-même naquit une sorte de rejet maléfique, la Créature Sans Nom que l'on ne peut nommer précisément parce qu'elle s'appellerait pareillement Dieu.
      Dieu est le créateur du bien; il l'est aussi du mal.
      De même que le Néant est la part obscure de Dieu au Ciel, de même la Créature Sans Nom l'est sur terre.
      Et moi, Oane, seul parmi les Hommes, je suis au centre de ce duo infernal où Dieu affronte Dieu.

      Les trois sphères

      Le monde est constitué de trois sphères, celle du bien, celle du mal et celle de l'incertain.
      La sphère du bien est le Soleil qui nous réchauffe et permet aux plantes de pousser, celle du mal est la lune, d'une couleur jaune maladive, pâle reflet du soleil dont la surface apparait crevassée comme si mille volcans y crachaient du feu en permanence et celle de l'incertain est la terre.
      La terre, elle-même, est divisée en ces trois entités: il y a le Ciel où siège le bien, le sol de terre et de fange où siège le mal, et l'entre-deux, le monde des hommes et de l'incertain.
      Sur cette sphère de l'incertain vit l'Homme, création de Dieu et miroir de celui-ci.
      Aussi, avons-nous tous en nous, comme Dieu notre Père l'a en lui, une part de mal et de noirceur et celle-ci préexistait à la Révélation.
      Elle préexistait parce que la Créature Sans Nom est née et était devenue malsaine bien avant que Dieu ne l'a transforme en chose invisible capable de tenter les Hommes impunément.
      Elle était un homme parmi les Hommes, et partagée comme Dieu, le monde et la terre, en trois sphères, le bien, le mal et la conscience, glaise de l'incertain.
      Chez certains Hommes, le bien l'emporte, chez d'autres le mal triomphe et enfin, il y a ceux qui naviguent dans un entre deux perpétuel.

      L'incertain du bien et du mal

      Mais, en vérité, en dehors de la Créature et de ses serviteurs attitrés, rares sont les personnes qui savent si leurs actions sont bonnes ou mauvaises.
      J'ai connu un homme persuadé que le bien était ce qui faisait son bonheur et que seul l'argent pouvait l'accroitre.
      Aussi passa-t-il le plus clair de son temps à s'enrichir, à vendre sa femme comme esclave sexuelle à d'autres hommes pour en tirer encore plus d'argent et plus il était riche et plus il semblait heureux.
      Et puis, je le vis gagné par l'oisiveté et s'enivrer d'ennui car le vin était devenu sa seule source de distraction.
      Je le vis devenir un homme plein de fureur et de colère, et, dans ses soirées d'ivrognerie, chercher finalement à sacrifier son fils unique à Dieu.
      Alors, au dernier moment, alors que le couteau du père sacrificateur allait s'abattre sur la victime et qu'un infanticide allait se commettre, je ne sais quoi, mais quelque chose retint son geste, comme si soudain, l'éclat du bien et du mal venait de l'aveugler comme un métal brillant et réveiller sa conscience.
      Le bien, le mal, où est la frontière ?
      Cet homme avait voulu faire le bien et ses actes engendrèrent le mal.
      Il avait voulu faire le mal et le bien en était sorti.
      Souvent, je pense qu'en voulant faire le bien, on arrive parfois, involontairement à faire le mal.

      La morale

      C'est en tout cas cet épisode qui me fit prendre conscience, à moi, Oane, que des règles de vie devaient être fixées.
      J'inventai la morale.
      Tous les sentiments sont jouissifs en eux-mêmes : l'amour, la perversion, la haine. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils se transforment généralement en actes. Seulement certains comme le mal, à la fois séduisent mais également détruisent celui qui les ressent.
      Je listai tout ce qui me semblait pouvoir détruire ceux qui ressentent le mal et j'édictai des lois qui formèrent la base de la morale:
      - ne pas voler
      - ne pas tuer
      - respecter son père et sa mère
      - ne pas témoigner faussement contre son voisin
      - ne pas convoiter son bien
      - agir avec tempérance
      - respecter la liberté d'autrui

      Ainsi, j'incitais chacun à avoir les mêmes règles que son voisin et à avoir les moyens de distinguer plus clairement où était la frontière entre le bien et le mal.
      De la morale et des sept commandements qui en résultèrent, découlèrent les premières lois qui régirent la communauté.
      J'étais devenu à la fois chef religieux et chef politique de ma communauté; de telles responsabilités me terrifiaient et me terrifient toujours littéralement; c'est un poids énorme que Dieu m'a légué en se retirant du monde.

      Dieu est Mystère

      C’était d’autant plus effrayant que nous ne pourrons jamais nous expliquer Dieu tel qu'Il est : tout cela dépasse les capacités de notre intelligence. Notre seule raison nous fait connaître que Dieu existe et qu'll possède toutes les perfections. Elle ne peut pas aller plus loin par elle-même.
      Car notre intelligence est "finie", c'est-à-dire limitée ; tandis que Dieu est "infini".
      A cause de notre imperfection, nous ne pouvons pas comprendre un être aussi absolu et parfait que Dieu car nous le voyons essentiellement à travers elle.
      Il est souverainement au-dessus de tout ce que nous pouvons en dire ou prescrire en son nom.
      Nous ne pouvons que nous prosterner devant Lui et nous présenter humblement comme des mortels qui le cherchent, avec nos espoirs et nos doutes en sachant qu’Il sera à nos côtés, peu importent nos erreurs, nos incompréhensions et nos imprécisions à son sujet parce que nous sommes Ses enfants liés à Lui par les liens de la paternité et de l’Amour.

      Le mal peut-il triompher ?

      Jamais je n'ai vu le mal l'emporter sur le bien.
      Le Néant maléfique est en Dieu, mais Dieu le sait, car il sait tout, y compris de lui-même. Il connait sa part de noirceur, et il la combat par ses actions, par le bien qu'il cherche à faire, et parce qu'il nous a créés.
      Dieu a créé les Hommes pour lui.
      Nous sommes les garants que jamais il ne laissera le mal l'emporter en Lui sur le bien si nous savons préserver l'amour que nous lui portons.
      L'amour n'est pas seulement notre raison de vivre, c'est aussi celle de Dieu.
      Sans amour Dieu, le Bon, le Juste n'est rien, et la noirceur de la mélancolie le gagne et sa part mauvaise pourrait un jour, si nous l'abandonnons, détruire le monde.
      Mais Dieu nous a créés aussi pour qu'on l'aide à repousser le mal en luttant contre son émanation sur terre: la Créature.
      De même que notre amour l'aide à lutter au Ciel, de même notre combat sur terre contre celle-ci soutient Dieu qui nous a confié l'immense tâche de le seconder dans la lutte contre la part obscure de lui-même et de l'univers.

      II) Les béatitudes

      Chaque dimanche, désormais, je réunissais tous les gens de ma communauté; c'était l'Assemblée du peuple, celle où se prenaient toutes les décisions. Nous y réglions aussi bien les problèmes domestiques, les conflits de voisinage que la gestion de la communauté et, en échange, comme dirigeant de la communauté, je leur expliquais les principes moraux qui devaient régir nos actions afin de faire triompher le bien et d'aider Dieu dans son combat.

      C'est ainsi que je leur livrai une série de sentences

      Bénis soient de Dieu les pauvres en esprit,
      car le Paradis solaire est à eux.
      Bénis soient les caractères pacifiques,
      car ils recevront la Vie Eternelle en héritage.
      Bénis soient ceux qui sont dans la peine,
      car ils seront consolés.
      Bénis soient les affamés et ceux qui ont soif de justice,
      car ils seront nourris et on leur rendra justice.
      Bénis soient les miséricordieux,
      car ils obtiendront miséricorde.
      Bénis soient les cœurs innocents,
      car ils contempleront Dieu dans toute sa splendeur.
      Bénis soient ceux qui œuvrent pour la paix,
      car ils seront appelés Fils de Dieu.
      Bénis les persécutés parce qu'ils cherchent la Vérité,
      car le Paradis solaire est à eux.
      Bénis êtes-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on vous calomnie de toutes manières à cause de Dieu.
      Soyez tous dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.



    Noam, père de l'oanisme

      1) Comment l'héritage d'Oane ne fut par perdu par tous

      Après la destruction d'Oanylone, les survivants se séparèrent en multiples groupes qui n'eurent bientôt plus rien à voir entre eux.
      Presque tous abandonnèrent aussi la religion de leurs pères considérant que la faillite d'Oanylone avait entraîné celle de la religion enseignée par Oane et ils se mirent à honorer plusieurs dieux, inventant le paganisme.

      En fait, la vérité oblige à dire que seul Noam, un petit-neveu d'Oane ainsi que les gens de sa parentèle et de sa domesticité, étaient restés fidèles à sa pensée, et Noam fut d'ailleurs celui qui devait sauver des flammes le Miroir d'Oane dont nous ne possédons, malheureusement, plus que des fragments aujourd'hui.
      C'est à partir de ce tout petit bourgeon primitif que la foi en un Dieu unique fut maintenue et que se perpétua le rameau le plus ancien de notre Eglise qui devait être plus tard une des sources de l'Aristotélisme.

      2) Noam réfléchit au désastre d'Oanylone et invente les 3/8:

      Noam fut l'un des premiers à se pencher sur les causes de la chute d'Oanylone et il devait rédiger à ce sujet un ouvrage aujourd'hui perdu qui servit de base à Sypouss quand il mit par écrit le Livre des Vertus.
      Cependant, contrairement à Sypouss, Noam était persuadé que l'acédie ne s'était développée que parce qu'on n'avait pas cru devoir réduire le temps de travail des hommes pour le mettre en adéquation avec le gain de temps opéré par les machines inventées par l'esprit humain.
      La plupart des maîtres de métier, d'ailleurs, ne savaient que répéter à leurs compagnons et apprentis qu'il fallait travailler plus pour gagner toujours plus.
      Le seul résultat auquel on aboutit fut un grand épuisement moral de ceux-ci, une augmentation des nombres de suicide, et finalement, une volonté de ne plus obéir du tout, ni à d'autres hommes, ni à Dieu.
      Noam avait entendu dire d'ailleurs, que ces humains récalcitrants, s'étaient mis à vénérer une grande prêtresse du nom de Sheila qui leur enseignait que le meilleur moment de la journée, c'était l'heure de la sortie du boulot et qui avait rédigé un poème où elle remettait en cause la morale de son époque:
      "Tu m'avais dit pour me mettre en confiance, que le travail conserve la santé, j'ai travaillé chaque jour sans défaillance, je suis fatiguée, alignée.
      Oane, t'es plus dans l'coup Oane! tu devrais, ma parole, retourner bien vite à l'école, réviser ton jugement, crois-moi, ce serait plus prudent !"

      Aussi Noam décida-t-il de partager la journée en trois partie égales: huit heures de sommeil, huit heures de travail et huit heures de loisirs.
      Et, afin que de diversifier les loisirs des Hommes, il inventa un nouveau jeu pour les distraire, le Yannick Noam, l'ancêtre de notre Jeu de Paume.

      3) Etablissement d'un rite noamien

      Si la messe fut inventée suite au dernier repas de Christos, certains éléments n'en sont pas nés, pour autant, tous à l'époque de ce dernier.
      En effet, nous possédons encore, à Constantinople, un fragment de messe noamienne qui se compose ainsi:
      le prêtre commençait son sermon par une invocation à Dieu, afin d'attirer sa protection sur les fidèles puis il lisait et commentait un passage d'un texte sacré dont nous ignorons l'origine, faute qu'il ne nous soit parvenu et qui fut, peut-être, une des sources de travail de l'excellent Sypouss, puis la cérémonie se terminait par la bénédiction de la foule par le prêtre, au nom de la toute puissance divine, puis il leur souhaitait une bonne semaine.
      Aujourd'hui encore, ce rite est toujours accompli parfois dans certaines églises de Constantinople, sous le nom de "petit rite" pour les messes ordinaires, mais nous ne saurions être certains qu'il en soit ainsi chez les Clercs d'Occident.

      4) Le songe de Noam

      Un jour qu'il était endormi, Noam fit un étrange rêve; il vit un arbre, ou plutôt son regard suivit un tronc d'arbre interminable qui semblait monter tout droit vers le Ciel, quand, soudain, rompant cette ligne immuable, des dizaines de milliers de branches emmêlées et inextricables apparurent, brouillant considérablement sa vue.
      Il prit peur, se crut perdu au milieu de l'Enfer lunaire et se réveilla en sueur; du moins le crut-il, car, en fait, il rêvait toujours ... Un ange lui était maintenant apparu et, pour l'apaiser, il lui expliquait son rêve: " Ce que tu as vu, Noam, c'est le destin de ton Eglise ... le tronc, c'est elle, et ce que tu as pris pour des branches, ce sont, en fait, les racines de cet arbre, qui s'enfoncent dans la terre et qui se conjoignent en un tout unique pour donner ce magnifique arbre. Ton Eglise sera pareille, Noam, forte et brillante, parce que des milliers de racines viendront la nourrir; toi tu en es une, mais, partout, dans le monde, même chez les païens, des gens réfléchissent, pensent, et apporteront, grâce à deux prophètes que Dieu enverra aux Hommes pour les guider vers Lui, leur pierre à l'édifice, car ces deux prophètes sauront conserver ce qui, de toutes ces sciences païennes, est utile à tous, de sorte que ton Eglise, Noam, saura faire naître l'unité de la diversité - E pluribus, unum ("et de plusieurs, un") -.

      On ne sait comment se termina la vie de Noam, ni qui, après lui, prit la relève, mais une chose est certaine, c'est que grâce à Noam et aux penseurs dont il avait eu la vision, Aristote d'abord, Christos ensuite, et notre Eglise encore aujourd'hui, grâce aux apports nombreux qu'elle continue à recevoir, ont permis à l'Eglise aristotélicienne de naître et de continuer à vivre jusqu'à aujourd'hui, prouvant la supériorité de Dieu sur toutes les autres religions qui ont toutes fini par s'éteindre, faute de croyants.

      Traduit par le Théologue Jerem, à partir de la traduction grecque d'un texte syriaque, traduction trouvée lors du pillage de Constantinople en 1204 par les Croisés, et traduit en latin par Lorenzo Valla, un proche du défunt pape Nicolas V dont le Frère Jerem a découvert l'existence, enfoui dans un rayon de la bibliothèque vaticane.



_________________


Dernière édition par Péris le Lun Mar 03, 2025 12:56 pm; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Péris



Inscrit le: 02 Jan 2013
Messages: 244

MessagePosté le: Lun Mar 03, 2025 12:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Livre 1. Le mythe Aristotélicien

    La fin des temps
    par ...

    Les Archanges (1)

    Hagiographie de Saint-Gabriel-Archange

      Naissance de Gabriel

      Gabriel naquit par un jour comme les autres jours, par un jour qui ne différait en rien des autres jour. Rien ne laissait présager la place qu’il allait tenir dans les temps à venir, rien. Car Gabriel naissait comme les autres. Seules sa vertu et la pureté de son cœur allaient lui permettre de rejoindre le Très-Haut.
      Les parents de Gabriel étaient pieux, mais comme nombre d'habitants d'Oanylone, le message de Dieu qu'ils avaient reçu et qu'ils lui enseignèrent était perverti. Ils lui inculquèrent que Dieu avait créé la Terre, qu'Il était la base et le moteur de toute chose, mais également qu'il infligeait punition sans raison, et ne régnait qu'en souverain tyrannique…

      Bien que les quinze premières années de Gabriel se passèrent sans que rien arrive qui puisse le distinguer des autres enfants de son âge, il s'intéressa à la recherche de la Vérité sur Dieu, et comprit que celui-ci était un Dieu d'Amour et non de Haine...


      La Vie de Gabriel

      Le père de Gabriel, qui se prénommait Vorian, était Marin et travaillait pour un riche armateur d'Oanylone nommé Léto. Celui-ci était un brave homme, juste avec ses pécheurs, mais il avait épousé Hécate, une femme méchante et cruelle. Ils avaient eu un fils, nommé Léviathan, qui était né quelques mois avant Gabriel. Léviathan avait hérité de tous les vices de sa mère mais d'aucune des vertus de son père. Il était colérique, fourbe et un expert du mensonge. Il était cependant excellent navigateur et son père l'avait dès ses quinze ans nommé capitaine d'un de ses navires de pêche.
      C'était justement sur ce navire que Gabriel fut affecté lorsque pour ses quinze ans il commença lui aussi à travailler comme pêcheur.
      Léviathan arriva hurlant comme à son habitude, crachant sur les pêcheurs pas assez rapides à son goût, les frappant et déclanchant en eux colère et ressentiment. Souvent les pêcheurs sombraient dans une colère noire et tentaient de se rebeller et de frapper Léviathan, mais celui-ci heureux de leur haine pour lui, évitait toujours les coups et s'acharnait alors à les frapper le sourire aux lèvres.
      Gabriel assistait à tout cela, il voyait cet homme monstrueux qui était à peine plus agé que lui se délecter de la haine que tous lui portaient.
      Cela faisait alors deux semaines qu'il était sur le bateau de Léviathan, sans que l'on ne puisse rien lui reprocher car il faisait bien son travail, quand Léviathan lui tomba dessus. Il lui reprocha d'avoir mal fait son travail, lui hurlant dessus pour voir sa réaction, mais Gabriel resta calme et sans colère ni haine. Les injures et cris de Léviathan glissaient sur lui comme la pluie sur une surface lisse. Rien de ce qu'il disait ne pénétrait en lui pour éveiller la colère. Déçu de la réaction de Gabriel, il le frappa un bon coup et repartit voir ailleurs.
      Quelque temps plus tard, on apprit que Léto avait été tué par son fils, lors d'un des accès de colère de ce dernier. Il lui avait fracassé le crâne avec son sextant. Bien sûr, officiellement, cela n'avait été qu'un accident...
      Devenu le patron, Leviathan devint incontrôlable, il déchaînait sa colère sur tous et engendrait ainsi la colère parmi tous ceux qui travaillaient pour lui.
      Seul, Gabriel restait inébranlable devant les injures et les brimades de Léviathan. Ce dernier en restait incrédule, il ne comprenait pas que malgrè tout le déferlement de haine dont il abreuvait Gabriel, celui-ci reste calme, obéissant et travailleur...

      C'est à cette époque que Gabriel rencontra un vieux mendiant aveugle qui lui dit ceci :

      Citation:
      « Comprends peuple que c’est toi qui te distingues et non ta naissance,
      comprends peuple que Dieu te jugera en fonction de tes actes et non de ta naissance.
      Il te place sur le chemin, et ce sont tes pairs les hommes qui, sciemment ou pas, le rendront sinueux ou droit, t’en éloigneront ou t’en rapprocheront mais c’est à toi et seulement à toi de décider là et vers où tu marches car au final c’est pour toi que tu marches.
      Certes, tu dois marcher pour tes frères, tes sœurs et pour Dieu, mais c’est ton salut qui est en jeu.
      En aimant Dieu, en aimant tes frères et tes sœurs les humains, tu ne peux qu’y gagner, si ce n’est sur Terre, ce sera ailleurs, dans l’astre du jour.
      C’est à toi-même et à tes frères que Dieu te confronte car ce sont là tes plus grands ennemis bien que beaucoup cherchent à être bons. »


      Ces dernières paroles emplirent son cœur et son âme et par la suite, la vie de Gabriel fut une sorte d’acceptation de tout le malheur du monde. Il avait déjà appris à subir le mal sans résister, maintenant, il savait qu'il devait surtout le comprendre, car pour lutter contre lui, quoi de mieux que de semer la paix et l’amour à l’intérieur même de ce mal ?

      Il n’avait jusqu'alors jamais laissé parler sa colère ou sa haine, mais il savait maintenant qu'il lui faudrait dire non au mal lorsque celui-ci grandirait trop et sèmerait la discorde dans les âmes.
      Il avait déjà une telle capacité à se contenir qu’il donnait de lui l’image d’un homme pour qui la vie n’avait plus de secret.
      Il avait désormais une telle confiance en Dieu qu’il se laisserait porter par la providence et l’amour divin.

      Un soir, Dieu lui parla dans son sommeil et lui dit :

      Citation:
      « Homme, je souffle chaque jour ma parole dans le creux de ton oreille
      et la profondeur de ton coeur
      mais toi, pêcheur et profiteur,
      tu changes les Ecritures,
      et pervertis mes dires en me faisant parler à travers toi.
      Nombreux sont ceux à qui j’ai transmis ma parole,
      Mais tous ont souhaité la détourner,
      Ne serait-ce que pour attirer sur eux la gloire,
      Ne serait-ce que pour justifier une de leurs propres paroles.
      Mais viendra le jour où je confierai à Un ma parole de sagesse
      et à Un autre mes commandements.
      Car je t’aime, Homme,
      Et tant que tu voudras entendre ce que j’ai à révéler,
      Je parlerai,
      Et lorsque sciemment tu te fermeras totalement à mes dires,
      Je t’enverrai brûler dans les flammes de l’enfer au plus profond de la Lune.
      Car seule la souffrance pourra te faire voir que chaque jour j’œuvre pour ton bien.
      En te faisant souffrir je te ferai comprendre que sans moi rien n’est et rien ne peut être.
      Si je t’obligeais à me suivre tu ne comprendrais pas en quoi il est bon de me suivre.
      Tu mets du temps à comprendre, Homme, Et pourtant je t’aime.
      Ne cherche pas, Le bonheur est là, Dans la simplicité de ton cœur.
      Va Gabriel, Transmets Mon message à ceux que tu jugeras dignes d'être sauvés.
      Car Gabriel, Je te le dis, d'ici peu cette ère de décadence prendra fin.
      Et seuls les justes seront sauvés. » .



      Alors Gabriel parcourut Oanylone à la recherche des justes, il leur donna une telle soif de Dieu que beaucoup, dans les vocations qui leur étaient propres commencèrent à oeuvrer pour la gloire de Dieu. Il leur expliquait aussi la nécessité de savoir ce à quoi nous sommes appelés. Il disait ces paroles :
      Citation:

      '« Mes amis, mes frères,
      Dieu réserve à chacun d’entre vous une voie particulière.
      Il ne cesse de vous la crier au plus profond de votre cœur.
      Sachez vous ouvrir à son appel et répondre « Oui ! »
      En disant « Seigneur, tu sais ce qui est bon pour moi. Là où tu me mènes je ne saurai me meurtrir car c’est la voie qui est mienne. Là où tu me mènes, je ne saurai qu’être heureux malgré les épreuves.
      Alors, Ouvrez vos cœurs. »


      Beaucoup furent touchés par ses dires, mais cela ne suffit pas à maintenir la foule des hommes entêtés sur la voie de Dieu.
      En effet, les Paroles d’amour qui émanaient de Gabriel parlaient de s’éloigner du péché pour toujours plus se diriger vers la pleine vertu que seul Dieu possède, pour toujours plus se diriger vers Dieu.
      Mais, il était tellement plus simple de rester dans sa vie, il était tellement plus simple de perdurer dans le pêché… Pourquoi changer quand on est bien dans une situation ?

      C'est alors que Leviathan, qui était toujours très intrigué face à la tempérance de Gabriel le fit venir. Quand il arriva, il vit son père attaché à un pilier de bois. Léviathan lui dit que son père avait perdu toute une cargaison de poisson, que c'était un mauvais élément et qu'il méritait une correction. Léviathan commença à frapper Vorian, Gabriel le supplia d'arréter, mais plus Gabriel suppliait, plus Leviathan frappait fort... Leviathan frappa si fort, qu'il transperça dans une explosion de sang le ventre de Vorian qui mourrut sur le coup, accompagné des pleurs de son fils...
      Leviathan s'attendait à ce que Gabriel réagisse et, ivre de colère, tente de venger son père, mais Gabriel n'en fit rien, il tourna le dos et quitta la pièce, mais juste avant de partir il dit ceci à Leviathan :

      Citation:
      "Ta Haine et ta colère ne m'atteignent pas, tu penses être le plus fort, mais ta fin est proche, Dieu te punira pour tes péchés et tu seras condamné à une éternité de souffrance."


      Avant que Leviathan ait eu le temps de répondre, Gabriel était parti...

      La Chute d'Oanylone

      Gabriel errait sur le port d'Oanylone en proie à une grande tristesse après le déchainement de violence auquel il venait d'assister. Il s'approchait du navire « Qué-Bec » , nom donné à ce bateau car sa proue représentait un albatros le bec grand ouvert : son armateur ayant dit "mais quel bec il a ce navire !" avec le fort accent des bas quartiers, ce fut pourquoi on choisit le nom de « Qué-Bec » à ce navire. L'armateur était un ami de Gabriel, il l'avait ramené dans le droit chemin quelques temps plus tôt.

      Il s'apprêtait à aller le voir lorsque des éclairs apparurent dans le ciel.
      Gabriel comprit tout de suite que l'heure de la chute d'Oanylone était venue.
      Il décida immédiatement d'aller prévenir tous ceux qu'il avait rencontrés et qui l'avaient suivi dans la voie de la vertu pour les sauver.
      Il commença par prévenir son ami Alcisde, l'armateur du « Qué-Bec » pour qu'il prépare le navire à embarquer tous ceux qu'il ramènerait, afin de les sauver.
      Il parcourut alors les rues d'Oanylone prévenant tous ceux qu'il connaissait de se rendre au port et d'embarquer sur le « Qué-Bec », il leur disait surtout de ne rien emmener qui pourrait alourdir le navire.
      Alors qu'il revenait vers le port accompagné de quatre orphelins, il vit Léviathan les yeux fous de râge et de colère projetter une énorme poutre sur le navire qui en tombant dans sa voile le fit prisonnier de la ville. Tandis qu'un Rire tonitruant de dément sortait de la gorge de Léviathan, Gabriel, n’écoutant que sa foi, fonça sur le pont pour aider à libérer le « Qué-Bec ». La poutre était trop haute, et Gabriel qui était très fort, proposa de faire une échelle de son corps. Il prit une planche qu’il tint à deux mains et dit à un des marins « Monte sur mon corps, tu peux m’utiliser comme une échelle » Celui-ci put ainsi grimper jusqu’à la poutre et libérer le navire. Tous crièrent alors « Vive Gabriel qui fit une échelle de son corps, vive le « Qué-Bec» libre ! ».
      Ainsi libéré, tous montèrent à bord du navire.
      Un homme demanda alors à Gabriel "Qu’attend Dieu de nous ?"
      Ce à quoi Gabriel répondit :


      Citation:
      "Oane nous a pourtant gravé les paroles du Créateur sur le premier mur de notre cité, il y est écrit ce que Dieu a dit à nos ancêtres :

      “Que votre fidélité soit celle des enfants envers leurs parents ou je serai aussi sévère que les parents envers leurs enfants. Car, lorsque chacun de vous mourra, Je le jugerai, en fonction de la vie qu’il a menée. Le soleil inondera chaque jour le monde de sa lumière, par preuve d’amour pour Ma création. Ceux, parmi les tiens, que j’y enverrai, vivrons une éternité de bonheur. Mais entre chaque jour, la lune prendra la relève. Et ceux qui, parmi les tiens, y seront jetés n’y connaîtront plus que la tourmente.”

      Mais moi je vous dis aussi ceci :

      Ce jour est un jour tout neuf.
      Il n'a jamais existé et il n'existera jamais plus.
      Prenez donc ce jour et faites-en une échelle
      Pour accéder à des plus hauts sommets.
      Ne permettez pas que la tombée du jour
      Vous trouve semblable à ce que vous étiez à l'aube.
      Car demain serra peut être le jour où vous serez jugé."


      Le navire s'éloigna tandis que Gabriel retourna dans la ville en proie au chaos absolu. Et, durant six jours, il fit tout ce qu'il put pour sauver ceux qui pouvaient encore l'être...
      Vint alors le septième jour qui fut un cataclysme effroyable.
      Gabriel était sur le port quand il vit Léviathan, fou de rage, tenter de fuir la ville sur son navire appelé le "Kraken", mais les éléments étaient déchainés et un terrible tourbillon se forma autour du Kraken et l'engloutit. C'est alors qu'un gigantesque tremblement de terre détruisit Oanylone qui fut submergé par les flots.
      Des témoins virent alors un arc en ciel illuminer les cieux obscurs et certains reconnurent alors Gabriel tandis qu'il était emporté vers le soleil.

      Prière à Saint Gabriel

      Saint Gabriel archange,
      ange de la Tempérance,
      ouvre nos oreilles
      aux doux avertissements
      et aux appels pressants du Très Haut.
      Tiens-toi toujours devant nous,
      nous t'en conjurons,
      afin que nous comprenions bien
      la Parole de Dieu,
      afin que nous Le suivions
      et Lui obéissions
      et que nous accomplissions
      ce qu'Il veut de nous.
      Aide-nous à rester éveillés
      afin que, lorsqu'Il viendra,
      le Seigneur ne nous trouve pas endormis.
      Amen.



    Hagiographie de Sainte Galadrielle l'Archange

      L'enfance noire:

      Galadrielle naquit dans les temps troubles où la Ville d'Oanylone était livrée aux péchés. Sa famille faisait partie de ceux qui se revendiquaient comme les forts. Ils contrôlaient le commerce des vaches s'assurant ainsi de leur supériorité sur les autres. Barricadés dans une grande bâtisse à flanc de colline surplombant Oanylone. Galadrielle grandit dans ce contexte de conflits permanents, restant enfermé inlassablement dans sa chambre et sa maison. Galadrielle était une enfant simple qui ne demandait jamais rien se contentant de ce qu'on lui offrait. De Dieu elle ne connut rien durant son enfance. On lui compta seulement l'histoire de sa cité en faisant passer Oane pour un homme de pouvoir. Elle fut vite rejetée par ses frères et sœurs qui la trouvait trop faible. Elle fut donc mise à l'écart se retrouvant bien vite seule, elle vivait dans le grenier de sa maison, dans le noir, attendant seulement les deux repas qu'on lui apportait midi et soir. Cependant il arriva un jour qui changea tout pour elle. Alors que la servante venait lui apporter son plat du midi comme de coutume la lumière qui passa par la trappe révéla à Galadrielle une pile de livres qu'elle n'avait jamais vu. La chance lui souriant elle trouva au côté des livres des bougies et un petit objet permettant de créer une faible flamme. Elle apprit ainsi à lire, seule dans son grenier et découvrit bien d'autres livres car son grenier en était plein. Un jour qu'elle finissait de lire un ouvrage traitant de plantes médicinales et qu'elle en cherchait un nouveau à étudier elle trouva un vieil ensemble de parchemins, très usés, avec de nombreuses pages en moins. Il s'appelait "Le Guide". Ce livre racontait l'histoire d'Oane et de la création de la cité et c'est ainsi que Galadrielle découvrit l'existence de Dieu. A partir de ce jour elle le pria chaque jour priant un peu plus le dimanche pour communier encore davantage avec Lui comme le faisait les citoyens avant en se réunissant sur la tombe du Guide.

      La libération:

      Un jour un grand fracas la réveilla. La maison était une nouvelle fois attaquée. Le vice étant poussé à son paroxysme la ville n'était plus qu'un charnier où tout le monde s'entretuait, forniquait et c'était à présent à la famille de Galadrielle de payer le prix de la déchéance des hommes qui avaient oubliés Dieu et son Amour. Toute la famille et la maisonnée furent massacrés, les femmes violées avant d'être égorgées ou étripées. Galadrielle, cachée au fond de son grenier pria durant tout le temps où l'attaque, suivie du pillage, dura. Après plusieurs jours où elle ne mangea pas, terrée dans son grenier elle sortit enfin. La maison était saccagée, il ne restait plus rien, tout avait été prit ou alors détruit. Elle s'échappa dans les montagnes où elle survécut un temps avant de retourner dans la ville. Elle y trouva des personnes qui, comme elle, croyaient encore en Dieu et son Amour. Avec eux elle aida ce qu'elle pouvait, mangeant et buvant toujours peu, ne gardant rien pour elle qu'une vieille robe simple pour se vêtir. Durant ce temps elle servit le pauvre et le faible faisant preuve de la plus grande générosité possible, son humilité était reconnue de tous ceux qui étaient avec elle.

      L'illumination:

      C'est alors que Dieu s'adressa aux habitants d'Oanylone leur annonçant la destruction prochaine de la ville. C'est alors que les sept Seigneurs du Vice comme les appelait Galadrielle apparurent et prirent le contrôle d'une partie de la ville pour leur rébellion contre Dieu. Galadrielle était dans le camp opposé, dans ceux qui croyaient encore au Tout-Puissant, à son Amour et reconnaissait les péchés des hommes ainsi que les assumant avec humilité. Durant les six jours Galadrielle pria avec Raphaëlle, Michel, Sylphaël, Gabriel, Georges et Miguaël ainsi qu'avec la poignée d’hommes et de femmes les ayant suivis. Durant ces six jours Dieu s'adressa à elle par deux fois. La première alors qu'une femme était mourante faute de nourriture. Il lui dit alors:

      - Galadrielle, des sept humains qui incarnent les vertus suprêmes tu es celle qui possède le moins et n’éprouve jamais le besoin, aide cette femme pour me prouver que tu incarnes bien la conservation et tu seras récompensée.

      Durant les deux jours qui suivirent Galadrielle ne mangea qu'un quignon de pain, laissant le reste de sa ration à la femme qui fut sauvé. Le troisième jour Dieu parla une nouvelle fois à Galadrielle et lui dit comme la première fois:

      - Galadrielle, des sept humains qui incarnent les vertus suprêmes tu es celle qui possède le moins et n’éprouve jamais le besoin, offre à tes compagnons tout ce que tu possèdes pour me prouver que tu incarnes bien la conservation et tu seras récompensée.

      Galadrielle donna alors tout ce qu'elle possédait même sa robe, qu'elle garda néanmoins à la demande d'une femme comme prêt. Et mangeant grâce à l'amitié de ses compagnons qui chacun leur tour lui donnèrent un peu de quoi se nourrir chaque jour. Le septième jour arriva, la sol se déchira, les flammes sortirent de la terre et toute la ville fut engloutie. Galadrielle, ses six compagnons et leurs disciplines s'étaient réfugiés sur un colline où ils assistèrent au cataclysme. C'est alors que la lumière tomba sur eux. Galadrielle, Raphaëlle, Michel, Sylphaël, Gabriel, Georges et Miguaël eurent l'honneur d'être appelés archanges pour l'humilité ainsi que la vertu qu'ils avaient tous incarnés, leurs disciples devinrent des anges car ils avaient prouvés eux aussi leur désir de repentance.

      L'Archange:

      Devenue archange grâce à la son humilité et la conservation qu'elle incarnait Galadrielle devint l'un des sept seconds de Dieu qui avaient pour mission d'aider les humains à chaque fois que cela serait possible ainsi que de combattre la Créature-Sans-Nom. Galadrielle accomplit alors avec zèle la mission que Dieu lui avait confié. Durant les premiers temps, jusqu'à la naissance d'Aristote elle ne fit que regarder avec peine les humains se livrer au paganisme. Mais la naissance du Prophète changea de nombreuses choses, elle inspira alors de nombreuses personnes à suivre le chemin de la conservation. A chaque prière qui lui était adressée elle descendait sur terre octroyer son pardon. Elle ne cessa jamais son combat contre les gourmands.
      Un jour arriva où elle fut appelé sur Terre par un jeune garçon qui lui demandait son aide. L'enfant, seul à pleurer et prier sur son lit dans une grande chambre fastueuse vit alors arriver une femme, avec de longs cheveux blonds, habillée d'une légère et simple robe de lin blanc immaculé révélant ses formes, deux ailes dans le dos irradiant une lumière pure. Elle s'adressa ainsi au garçon:

      - Je suis Galadrielle, Archange de la Conservation, tu m'as appelée à l'aide et je répond à ton appel, dis moi en quoi je puis t'aider.

      Le garçon, émerveillé par la beauté et la pureté de Galadrielle lui répondit:

      - Mon père, le Roi de ces terres, me force à manger et boire comme un guerrier car il dit que je suis trop chétif. Mais je n'aime pas manger toutes ces choses et boire tous ces vins comme lui et sa cour le font.

      Galadrielle hocha alors la tête et alors qu'elle s'élevait dans les airs pour s'en aller dans un battement d'ailes elle lui répondit:

      - Tu seras exaucé mon garçon.

      Et elle disparut alors dans le ciel entre deux nuages. Le lendemain les entrepôts du Roi furent retrouvés vides, celui-ci, incapable de se passer de toute la nourriture qu'il ingurgitait chaque jour mourut. Le jeune garçon devint Roi et plus jamais quelqu'un ne fut gras dans ce royaume.

      Il vint un jour où Dieu demanda personnellement à Galadrielle d'accomplir une mission pour lui. Il la convoqua, elle se présenta à lui en toute humilité et il lui dit:

      - Galadrielle, tu vas accomplir pour moi une quête. Tu vas aller dans les terres oubliées, là où se trouvent les ruines de Oanylone, je veux que tu me ramène la Couronne de la Créature-Sans-Nom.

      Galadrielle partit alors pour un long voyage. L'emplacement des terres oubliées n'étaient connues d'aucun homme et seul un ange pouvait y accéder en volant. Ce n'étant que des lieues et des lieues de terres arides et noires, sans aucune vie ou goutte d'eau. Galadrielle trouva à l'emplacement des ruines d'Oanylone une immense crevasse. Durant des jours elle chercha autour la Couronne de la Créature-Sans-Nom sans succès. Désespéré elle songea à abandonner et rentrer honteuse au Paradis pour avouer son échec à Dieu. C'est alors qu'un râle sortit de l'immense crevasse. Galadrielle comprit alors qu'elle devait aller chercher la couronne dans le gouffre. Elle plongea dedans, illuminant sa route grâce à la lumière divine qu'elle irradiait. Au fond du gouffre, sur un piédestal entouré de lave elle trouva la couronne. Enorme, toute en or et sertis de nombreuses pierres précieuses elle témoignait de l'orgueil de la Créature-Sans-Nom. Galadrielle prit alors la couronne et sortit du gouffre mais là fut attaquée. La Créature-Sans-Nom en personne lui sauta dessus, l'enveloppant de sa noirceur. Elles combattirent durant plusieurs jours n'arrivant pas à faire triompher ni la lumière ni l'ombre. C'est alors que Michel, Archange de la Justice arriva pour aider Galadrielle. Il transperça la Créature-Sans-Nom avec sa lance la repoussant et la faisant fuir. Il ramena alors Galadrielle et la couronne au Paradis, là Dieu détruisit l'objet, symbole de convoitise et gratifia Galadrielle d'une grâce divine pour son combat contre la Créature-Sans-Nom


      Traduit du Grec Par Arilan de Louvois, Théologue du Saint-Office romain.


    Hagiographie de l’archange saint Georges

      I. L’amitié

      La foudre s’abattit tout près de là. Terrorisés, les enfants se blottirent encore plus dans les bras de leurs mères. Celles-ci pleuraient, implorant pitié au Très Haut. Les hommes s’invectivaient, s’attribuant l’un à l’autre la responsabilité des événements. Cela faisait six jours que les éléments se déchaînaient sur la ville d’Oanylone, avec la rage des premiers temps du monde. Un ciel noir d’encre, lourd de menaces, pesait de tout son poids sur la ville maudite. Parmi le petit groupe qui s’était réfugié dans la réserve de blé, depuis longtemps vidée, la peur côtoyait la colère, la fureur et le désespoir. On pouvait voir un homme qui avait cessé de rire de Dieu lorsque Celui-ci avait annoncé la destruction de la ville. Et cette femme ressassait sans cesse, avec honte, ses orgies luxurieuses avec tant d’hommes et de femmes qu’elle n’était pas arrivée à les compter. Ou encore ce jeune homme, qui avait prit le plaisir immonde de fracasser le crâne de son petit frère, et qui, maintenant, tentait de se racheter en rassurant les enfants rassemblés dans la minuscule pièce. Tous savaient pourquoi ils étaient punis, mais aucun n’osait l’avouer, certains cherchant même à en rejeter la faute sur les autres, dans l’espoir vain de faire oublier ses propres péchés.

      Une bourrasque terrible vînt enfoncer la porte, emplissant le frêle bâtiment d’un vent glacial. Ses fondations tremblèrent lorsque le tonnerre répondit à l’éclair, d’une puissance assourdissante. Et le silence se fit. Certes, la tornade rugissait et le tonnerre grondait, mais cela faisait déjà six jours que les habitants d’Oanylone ne connaissait plus que ça. Non, le silence n’était pas celui de la nature, mais bel et bien celui des humains. Car les réfugiés s’étaient tus, paralysés par la terreur, en voyant l’ombre qui se découpait dans l’encablure de la porte. Un homme, si grand et si massif qu’il devait se courber et resserrer les épaules pour entrer, s’approcha d’eux. La pénombre laissait deviner son visage rugueux et sa barbe drue. Sa volumineuse chevelure argentée lui donnait un air de sagesse, contrastant avec la largeur de ses mains, qui semblaient être capable de réduire en poussière même la plus dure des pierres. Son regard bleu pâle, usé par le temps, semblait tout de même garder au fond de lui une joie enfantine. Le colosse était habillé d’une chemise rapiécée et usée par les affres du temps. Un grand morceau de toile, enroulé autour de ses jambes, témoignait de sa condition de défavorisé. Il laissa apparaître un léger sourire et tous les réfugiés soupirèrent de soulagement. Puis il laissa entendre sa voix caverneuse:

      “Quand il n’y a plus d’espoir, il reste toujours l’amitié.”
      Alors, une vielle femme, au regard dur, à la volonté de fer, s’avança vers lui et lui demanda:
      “Et toi, l’étranger, es-tu venu en ami? Car il est en cette cité des hommes et des femmes dont la parole est de miel mais dont les actes sont comme le venin. Ils vivent sur des montagnes d’or, et ne désirent rien d’autres que de s’élever encore plus dans leur fol quête de butins. La vie de leurs semblables leur importe peu, tant leur soif de trésors les dévore.”
      “Je sais”, répondit l’homme. “C’est pour cela que je viens à vous. La richesse du coeur ne peut être égalée par les richesses de ce bas-monde. Emporteront-ils leurs montagnes d’or dans l’autre vie?”
      “Non, certes pas”, lui répondit la vielle dame. “Mais les richesses du monde nous sont-elles à jamais interdites? Devons-nous nous réduire à vivre tels des animaux pour honorer la richesse de l’âme?”
      “La vie vous a-t-elle appris à renier votre main gauche pour employer la droite?”, demanda l’homme. “Il en est de même pour les trésors que Dieu a créés pour nous. Que les richesses matérielles soient vôtres, car Dieu, par amour pour Ses enfants, nous en a fait don. Mais n’oublions jamais qu’il n’est pas de plus beau trésor que l’amitié.”

      Alors, un jeune homme se dressa et lui demanda: “Mais qui es-tu, toi dont les paroles sont emplies de sagesse?”
      “Mon nom est Georges”, répondit-il.


      II. L’avarice

      En ce temps-là, sur une des sept collines d'Oanylone, un homme tremblait plus que tout autre devant la colère divine. Il ne craignait pas pour sa vie, car celle-ci n'avait pas d'importance pour lui. Mais il était tant attaché à ses biens qu'il ne pouvait s'en séparer. Pendant que les gens massacraient et violaient, lui pillait les maisons inhabitées et accumulait les richesses jusqu'à en faire une véritable colline de métaux précieux, de tissus délicats, de mets succulents... Il décida de construire une tour si haute, si large si solide qu'il pourrait y entreposer ses biens à l'abri de la convoitise d'autrui. Il avait embauché des maçons et des soldats, leur promettant un salaire sans égal, les uns pour construire sa forteresse et les autres pour repousser les pauvres, les déshérités et les affamés qui en voulaient à ses richesses. Celles-ci recouvraient les pentes de la colline, illuminant les environs d'une lumière dorées et de senteurs appétissantes. Seuls les maçons pouvaient fouler du pied ces trésors pour aller construire la tour, mais lorsque l'un d'eux abandonnait son travail pour s'abandonner à la convoitise, les soldats dardaient son coeur de mille coups d'épée. Et le riche homme exultait à l'idée de pouvoir garder ses biens jusqu'à sa mort, admirant les pauvres et affamés qui entouraient sa colline et la couvraient d'un regard suppliant. Cet homme s'appelait Belzébuth.

      Alors vint Georges, suivi de tous les malheureux qui avaient croisé son chemin. Lorsque ceux-ci virent le miel, le lait, la viande rôtie, les vêtements de soie et les coffres débordant de pierres et de métaux précieux, ils coururent prendre leur part, n'écoutant pas les exhortations à la mesure que criait Georges. Et les gardes dégainèrent leurs lames et donnèrent la mort à quiconque s'approchait des richesses. Lorsque le massacre se fut terminé et que les larmes remplacèrent les cris, Georges approcha des soldats, d'un pas calme et assuré. L'un d'eux, particulièrement zélé, lui présenta l'estoc de sa lame sous le menton, dans une attitude explicite de promesse de violence. Mais Georges lui dit: "Pourquoi as-tu tué ces pauvres gens?". "Je suis payé pour celà", répondit le soudard. "Et combien as-tu été payé jusqu'ici?", renchérit Georges. "Rien. Le sire Belzébuth me paiera une fortune lorsque sa tour sera construite et que ses richesses y seront entreposées", dit le soldat d'un ton sûr de lui. "Alors, tu tues pour servir une personne qui ne veut que conserver ses richesses et tu croies qu'il tiendra parole et te paiera ensuite, comme il te l'as promis?", l'interrogea Georges. "Bien sûr! Car sinon, ce serait de l'esclavagisme!", s'exclama le militaire, inquiet d'entendre une telle question. Alors, Georges conclut ainsi: "En vérité, je te le dis, quiconque vit pour les biens matériels, au détriment de l'amitié que tout enfant de Dieu se doit de porter à ses semblables, ne mérite aucune confiance. Au lieu de tuer pour défendre l'avarice d'un tel homme, prends ces richesses que tu foules du pieds et donne-les à ceux qui en ont véritablement besoin. Dieu a créé ces biens pour que toutes Ses créatures puissent y trouver de quoi vivre à l'abri du besoin, pas pour qu'un seul en jouisse plus qu'aucun autre."

      Alors, les gardes posèrent leurs armes, les maçons cessèrent leur travail, les gens s'approchèrent, et ils se partagèrent les richesses à chacun selon ses besoins. Belzébuth hurla sa rage de voir ses biens lui échapper, passer de main en main. Mais celà se déroulait lors du septième jour de la punition divine sur Oanylone et la terre se mit à trembler. La tour en construction s'effondra et de larges failles s'ouvrirent à travers la colline, avalant goulûment les trésors. La plupart des gens s'enfuirent, encouragés en celà par Georges. Mais certains, continuaient à se remplir les poches de tout ce qu'ils pouvaient amasser. Belzébuth se battait contre tous ceux qu'il croisait, tant sa colère de perdre ce qui lui appartenait était grande. La colline s'affaissait peu à peu, mais Georges aperçut un enfant en pleurs, resté sur celle-ci, la jambe coincée sous un lourd coffre. Il courut jusqu'à lui alors que le sol tremblait, menaçant à chaque instant de s'effondrer. Lorsqu'il l'atteignit, il lui dégagea la jambe, le pris dans ses bras et tenta de rejoindre le bord. Alors, certaines personnes décidèrent de le rejoindre afin de l'aider dans cette tentative désespérée, mais toute la colline s'engloutit alors dans les entrailles de la terre, dans une gigantesque gerbe de flammes.

      Les gens étaient anéantis par la tristesse de perdre de tels amis. Ils se demandèrent alors si Dieu ne prenait pas plaisir à faire souffrir Sa création. Mais il n'en était rien et ils le comprirent lorsqu'ils virent une douce lumière apaisante briller depuis le gouffre à leurs pieds. Et des êtres irradiant de calme et de douceur en sortirent, portés par de majestueuses ailes blanches. Les gens reconnurent en eux ceux qui venaient de mourir en tentant de sauver l'enfant. Mais ils virent surtout Georges, élevé au rang d'archange, tenir celui-ci dans ces bras et le rendre à sa mère, indemne. Puis, tous s'envolèrent jusqu'au soleil, où Dieu les attendait.


      III. Les langues

      Il fut un temps où le roi Hammurabi de Babylone guerroyait dans toute la Mésopotamie pour devenir le roi des rois. Un jour, ses troupes vinrent en la ville de Mari et y mirent le feu. La population était terrifiée et ne savait que faire pour se sauver. Alors, la créature sans nom vint murmurer à l'oreille d'un général babylonien et lui souffla l'idée d'exiger de chacun un tribut en échange de la vie sauve. Plus chacun donnerait, moins il risquerait la mort. Les riches seigneurs de la ville, ceux-là même qui conseillaient peu auparavant les Shakkanaku, les rois de la cité, approchèrent les premiers, apportant avec eux de lourds coffres emplis de richesses. Mais une vieille femme n'avait comme seul trésor que quelques grains de blé. Les soudards lui rirent au visage, affirmant que donner un tel présent était un affront au grand général babylonien. Ils dégainèrent leurs épées et s'approchèrent de la vielle femme, prêts à la passer par les armes. Mais un homme de haute stature et à la barbe argentée s'interposa. L'un des soldat leva son épée mais ne put l'abattre sur l'homme, comme empêché par une force invisible. Alors, ce dernier ouvrit la bouche et déclara:

      "Pourquoi vouloir frapper cette femme? Alors que les riches seigneurs de Mari vous ont gardé par devers eux d'innombrables richesses, elle vous a offert tout ce qu'elle possédait. Tu te moques de son don, mais elle a donné de son essentiel alors qu'eux ne vous ont laissé que de leur superflu. Prenez ces quelques grains de blé et emportez-les avec vous: ils vous sembleront bien lourd au coeur de l'Enfer lunaire". Puis, il se dirigea vers les coffres et en distribua le contenu entre tous les habitants de Mari les plus pauvres et les plus affamés. Les gardes ne savaient que faire face à un homme désarmé, que l'on n'osait frapper et dont la force se trouvait dans la sagesse de ses paroles. Dépités, ils levèrent le camp et retournèrent à Babylone.

      Le voyage était long jusqu'à cette puissante cité. La chaleur était intense et l'irrigation rendait l'air humide et lourd le long des rives de l'Euphrate. Mais lorsqu'ils arrivèrent, quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils virent l'homme à la barbe d'argent les attendre au pied des gigantesques murailles. Le général lui demanda: "Mais qui es-tu, toi qui parles avec tant de sagesse?". "Je suis l'archange Georges, modeste serviteur du Dieu unique, celui que vous avez oublié au profit de légions de fausses divinités et d'une vie de péché", répondit-il. Il ajouta: "Suis-moi jusqu'à la ziggurath et tu verras par toi-même le jugement de Dieu, comme je le vis moi-même il y a déjà longtemps". Alors, le général et ses gardes suivirent l'archange jusqu'au bas d'une gigantesque tour à étages sur lesquels poussait une végétation florissante, preuve de la toute-puissance du roi Hammurabi de Babylone.

      Alors, saint Georges leva les bras et déclama: "De tous temps, les enfants de Dieu parlent une seule et même langue, car frères et soeurs doivent se comprendre pour s'aimer. Mais ils se déchirent aujourd'hui car ils ont oublié leur père et son amour. Un jour viendra où les prophètes se succéderont pour leur rappeler d'où ils viennent et où ils iront. D'ici-là, vous êtes jugés non pas sur votre foi, mais sur votre amour du monde qui vous entoure. Apprenez à le connaître et vous apprendrez à l'aimer. Pour ce faire, Dieu, dans Sa grande mansuétude, a décidé de diviser la parole de Ses enfants en de multiples langues, afin que vous deviez faire l'effort de vous découvrir l'un l'autre."

      Et saint Georges abattit les bras et la tour s'effondra en une immense gerbe de poussière. Depuis ce jour, la parole des enfants de Dieu est multiple et nous devons apprendre l'un de l'autre pour vivre. Ce faisant, nous comprenons à quel point nos différences sont trompeuses et que nous sommes tous frères et soeurs.


    Hagiographie de l'archange Michel

      Naissance de Michel

      Michel était né dans la ville d’Oanylone, il était le cinquième de dix enfants de Diane et Robin, un couple de chasseur vivant comme beaucoup à cette période pour servir un plus riche qu’eux.
      Leur maître, car il fallait bien le nommer ainsi, n’avait pas d’autre but que d’acquérir plus de richesses et de terres qu’il ne pouvait en utiliser.

      Cette homme, était connu sous le nom de Maître Satan Sybarite, il avait proclamé posséder les terres jusqu'à deux kilomètres autour de la ville, et tout ceux qui y chassaient ou qui cultivaient la terre devaient lui en reverser la moitié.
      On disait de lui qu’il ne s’endormait pas si la journée ne lui avait pas rapportée de quoi remplir deux de ses coffres, l’un de maïs , et l’autre de viande.
      Il envoyait ses suppôts collecter toujours plus chez les infortunés qui vivaient sur la bordure de la cité.

      La vie de Michel

      Michel grandit donc parmi les pauvres d’Oanylone en apprenant par son père l’art de la chasse et du maniement de la lance. De sa mère il apprit à suivre les indices laissés par les animaux qu’il chassait. Il appris également à lire les étoiles pour trouver sa route. Vivre avec ses neufs frères et sœurs lui inculqua le partage et l’amour des autres.

      A l’âge de treize ans Michel avait déjà la carrure et la force d’un adulte, aîné des garçons de la famille, c’était souvent lui qui défendait ses frères et soeurs en s’interposant face à ceux qui leurs voulaient des misères. Et bien qu’il n’ait jamais blessé personne, il était craint et respecté par ceux des faubourgs. Très vite on lui demandât d’arbitrer les conflits car on disait de lui qu’il pouvait lire dans le cœur des gens.

      Quand il n’y avait pas de preuve pour départager deux personnes, il déposait sa lance sur la tête d’un des deux, et, si la lance restait en équilibre, c’est que la personne disait la vérité, dans le cas contraire il mentait. Mais très vite, il ne devait même plus utiliser sa lance.
      Le seul fait d’annoncer qu’on le ferait venir, le coupable renonçait, et les choses se réglaient d’elle même. Certains disaient qu’il avait un pouvoir surnaturel, mais les plus sages savaient de quoi il en retournait.
      Pourtant malgré sa grande sagesse et sa dextérité à la lance, il ne pouvait rien contre les suppôts de Maître Satan Sybarite qui devenaient de plus en plus gourmand.

      Son père mourut le jour de ses 20 ans, faisant de lui le patriarche car il était l’aîné des garçons. C’est à cette période qu’il reçut la visite de son ami Timothé qui venait lui demander la permission d’épouser Emmelia, sa sœur cadette.
      à oanylone, les prêtres avaient abandonné le peuple pour ne s'occuper qu'exclusivement des notables et des plus riches en leurs apportant les faveurs du Très-haut"
      Michel se chargea donc d’organiser les fiançailles, et tout le monde fut bien venu.

      Ce jour là Simplicius, un des lieutenants du maître Sybarite, était présent et tombât sous le charme de la sœur de Michel. Il revint le lendemain avec ses gardes et exigea qu’Emmelia les suivent pour entrer au service de Satan, mais Michel s’interposa et mit à mal la garde et finalement Simplicius fut à sa merci…
      Mais au lieu de le tuer, il prit sa dague et la lui lança en disant : "Si ton œil droit t’attire vers ce qui ne t’es pas destiné, arrache le et brûle le, car mieux vaut qu’une partie de toi périsse, plutôt que d’attirer vers toi la colère de Dieu."
      Le lieutenant ne demanda pas son reste et retourna vers son maître. Mais il revint le lendemain avec une plus grande troupe, il arrêta Michel et Timothé qui furent conduit et enfermés dans la prison d’Oanylone.

      La destruction d’Oanylone

      Le premier jour de captivité fut aussi le premier des sept jours qui entraîneront la destruction de la première cité des hommes.
      La foudre s’abattit sur le mur de la prison permettant à Michel et son ami de fuir le chaos, et de rejoindre les leurs.
      Michel regroupa autant de monde qu’il put, en leur disant que la punition du Créateur allait être terrible, mais que les justes pourraient vivre une nouvelle vie loin de la cité maudite.
      Comme Timothé était pêcheur, il proposa de rejoindre le port pour fuir par le lac. Michel aida ceux qui méritaient de par leurs foi en dieu d’embarquer sur l’esquif. Comme il restait des places, il demanda à son ami de laisser monter des enfants qui s’étaient réfugiés près d’eux.
      Des pleutres voulant fuir la ville, plus par peur que pour suivre la volonté de Dieu, tentèrent de prendre l’esquif d’assaut, mais Michel s’interposant, permit à son clan et aux enfants de quitter la ville sans encombres.
      Une fois ses Amis en sûreté il resta seul, et six jours durant, il sauva ceux qui pouvaient l’être.
      Le septième jour, il restait des gens à sauver mais plus la moindre barque. Comme par miracle deux autres esquifs apparurent, il invita donc ceux qui avaient le cœur pur à monter sur ces navires. Il semblait capable de lire dans les yeux des gens si leur foi était réelle, et il envoyait ceux qu’il jugeait digne sur la première barque et ceux qui fuyaient par peur ou pour sauver leurs richesses sur la seconde. Voyant les 2 navires remplis, il refusa de monter, disant que Dieu avait une mission pour lui et qu’il sentait qu’il devait rester pour sauver d’autres amis.
      Arrivé à la sortie de la ville le premier navire se dirigea sans encombre vers le large, alors que le deuxième plus lourd à cause de l’or emporté fut bloqué par les hauts-fonds. Il disparu avec la ville lorsque les grands vents destructeurs vinrent du centre de la Terre, fissurant la terre en de nombreux abysses.

      Certains survivant, loin de la ville, racontèrent qu’à ce moment là, alors que la pluie tombait malgré un ciel sans nuage, un arc en ciel venant directement du soleil tomba sur la ville , Michel choisi par Dieu fut ainsi emporté par une nuée céleste, et devint l’un des sept archanges.

      Première apparition

      La première apparition de l’archange est d’ailleurs celle qui fit de lui un ange guerrier alors qu’il n’a jamais fait coulé le sang.

      Quelques générations après le jour du jugement et la mort de Michel, deux clans descendant directe de ceux qu’il avait protégés se disputaient car une partie avait construit un temple à Michel, et l’avait même renommé le considérant comme l’égal de dieu car il avait su les sauver. Les autres considéraient le sacrifice de Michel comme un exemple et non comme l’acte qui fait d’un humain un dieu.

      Inspiré par l'ombre celui qui s’était déclaré Grand Prêtre d’Anubis vit son pouvoir grandir.(nom qu’il donnèrent à Michel on ne sait trop la raison, il se pourrait que ça soit le nom de son clan mais aucune trace de ce fait n’a été retrouvée en ce jour)Disant recevoir ses informations de son dieu lui-même, le Préla nomma un nouveau-né souverain du peuple car fils d’Anubis et en son nom il gouverna plusieurs année et fit raser le temple dédié à Dieu et déclara que puisque ce dieu n’avait pas su protéger ses fidèles, ceux ci deviendraient ses esclaves. Pour solidifier son pouvoir et faire oublier le vrai Dieu, il repris le nom des archanges pour en faire des dieux à leur tour.

      Le patriarche des fidèles implorait dieu chaque jour et malgré ses souffrances le remerciait de ce qu’ils avaient.
      Le Seigneur pris pitié et envoya l’archange en personne.
      Saint Michel apparu en armure avec une longue lance et un large bouclier et se fit reconnaître de tous, en apparaissant au sommet du temple qui lui était destiné.

      Le Grand prêtre l’interpella et lui dit : « Anubis, te voilà enfin es-tu venu remercier tes fidèles et nous récompensé d’avoir tant construit pour toi ? »
      Michel de répondre, «non, je suis venu apporter la parole d’espoir de Dieu envers ceux qui ne se sont pas détourné de lui car nombreuses sont les communautés de fidèles qui parcourent le monde en attendant l’arrivée des prophètes qui les réuniront dans l’amour et l’amitié »
      Le Grand Prêtre ne le reconnu point et donna l’ordre à ses gardes de prouver l’imposture en massacrant les fidèles du dieu unique. Michel s’interposa et 2 jours durant repoussa les assaillants sans en tuer aucun tout en permettant aux fidèles de fuir vers d’autres terres.

      Après les 2 jours de combats les fidèles du grand prêtre étaient soit trop fatigué, soit trop blessé pour poursuivre qui que ce soit et ont vit des ailes pousser dans le dos de l’archange lui permettant de rejoindre les cieux. Le prélat fit exécuter tous les gardes par ses prêtres et dit que ce n’était pas Anubis qui était venu mais un dieu vengeur pour les punir d’avoir laissé en vie les serviteurs du faux dieu unique.

      Il y a des variante sur cette légende prétendant que l'Archange était à la tête d'une armée d'ange, d'autre qu'il aurait armé le bras des plus fort des fidèles, et d'autre même qu'il n'a fait qu'inspirer le plus vaillant des serviteurs de Dieu pour mener la révolte et guider son clan à travers le désert. Tous cela n'a que peu d'importances le principal est que c'est l'intervention de Michel et la volonté de Dieu qui permis à ses enfants de fuir vers des terres plus clémente.

      La légende du mont saint Michel

      La deuxième apparition de l’archange que j’ai trouvé se situe à l'époque où certains Barbares vénèrent des Dieux alcooliques ayant pour seul temple des tavernes et pour seul liturgie la beuverie. A cette époque il existait une communauté de fidèles pourchassée par un barbare du nom de Saathan qui vénérait un Dieu alcoolique exigeant le sacrifice des enfants.

      La communauté fuyant vers le Nord se trouva bloquée dans une forêt en bordure de l’océan.
      Le patriarche de la communauté demanda à tous les siens de se préparer à se sacrifier dans l’océan pour ne pas tomber aux mains des barbares. Ils se sont alors dirigé vers le point le plus haut de la côte et se sont mis à prier le Seigneur pour qu’il demande à saint Michel de préparer leur venue.

      Dieu ne pouvant tolérer de ses enfants mettent fin à leur vie fit savoir au patriarche par l’intermédiaire d’un messager céleste que ce n’était pas à l’enfant de choisir le jour où il rejoindrait son créateur. Il ordonna donc que s’ils l’aiment et avaient foi en lui ils abattraient de grands arbres et feraient une palissade autour du rocher. Une fois fait, ils ferraient un grand festin et allumeraient un feu au sommet du rocher pour que Saathan connaissent leur position.

      Ainsi fut fait et sept jours plus tard la palissade finie, le feu fut allumé. Au matin ils virent les troupes de Saathant entourer le rocher et commencer à s’attaquer à la fragile protection du rocher. A l’aide de pierre et de lances, les fidèles se préparaient à se battre puisque tel était la volonté de Dieu. Alors que, à l'endroit même où le feu avait été allumé, un ange vêtu d’une armure et portant une lance et un bouclier apparu… Il ne dit pas un mot mais tous les fidèles surent qui il était.

      L’archange Michel lança son arme vers l’horizon qui sembla se lever vers les cieux et avancer vers le rocher comme un mur de chevaux au galop, ce mur emporta tout sur son passage mais ne détruisit par la faible palissade. Les troupes de Saathan furent englouties et quand la mer se retira, elle avait fait du rocher une île entourée de sable mouvant où finissait de s'enfoncer l’armée vaincue par la foi des fidèles.


    Hagiographie de l'archange Miguaël

      1. Naissance de Miguaël et Belial

      1. Dans la ville d’Oanylone vivait Adiguaëlle, femme de Théophile de qui elle attendait deux jumeaux. Ces enfants avaient été conçus dans l’amour le plus grand et n’avaient été entachés d’aucune luxure. Adiguaëlle était une femme généreuse toujours à l’écoute de son entourage. Habituellement, elle s’occupait des plus pauvres mais en ce moment la situation était difficile, les hommes commençaient à se détourner de Dieu, à sombrer dans la paresse et dans l’avarice ce qui créait de plus en plus de rivalités entre les oanyloniens et cette situation n’allait pas pour diminuer la pauvreté, au contraire, le nombre de nécessiteux ne cessait de grandir et ceux-ci étaient méprisés par les plus forts. Ne voulant léser personne, Adiguaëlle s’occupait de chacun d’eux mais déjà, la créature innomée inspirait à ceux-là la jalousie et la soif de vengeance. Epuisée par cette situation et par l’enfant qu’elle attendait, Adiguaëlle ne pouvait plus les maintenir dans le droit chemin. Elle mit au monde deux garçons, l’un nommé Miguaël qui selon une légende signifie « donne et aime » ; l’autre Belial ce qui signifie « donnes et tu recevras ». A ce moment-là, la créature sans nom persuadait les plus pauvres d’aller tuer cette famille, l’amour qui régnait entre eux et l’amour qu’ils portaient au Très-Haut était, selon ses dires, la raison qui forçait les plus forts à mépriser les plus faibles.
      Pressentant le danger, Théophile prit Miguaël et son frère des mains de sa mère et après les avoir embrassé les cacha sous une caisse. A peine avait-il reposé la caisse que déjà ceux pour qui Adiguaëlle œuvrait chaque jour entrèrent et les tuèrent de la façon la plus horrible qui soit. Mais les enfants, sous leur caisse furent épargnés car on ne les avait pas vus.


      2. Accueillis

      2. Ils furent recueillis par Ménopus, un homme âgé et pieux qui ne savait rien de l’origine de ces « amours » comme il aimait à les appeler, et qui ne souhaitait rien en savoir. Il donnait à ces petits du lait qu’il produisait grâce à sa vache Minerva, vache qui deviendra célèbre, bien plus tard, chez les païens pour avoir donné du lait, comme si ses congénères ne le pouvaient pas… Mais revenons à notre histoire, la lumière de la chandelle baisse et il faut que je finisse d’écrire avant que l’on ne me retrouve. Ces deux jeunes garçons grandirent donc sans jamais se séparer ; existait entre eux un lien si grand qu’il allait au-delà de l’amitié et de l’amour fraternel mais malheureusement l’un d’eux allait finir par se détourner.

      3. La Tentation de Belial

      3. Ces deux petits, malgré les tentations de la créature sans nom continuaient à grandir pieusement et n’hésitait pas à privilégier les autres par rapport à eux-mêmes. Bien sûr après ce qui était arrivé à leurs parents, dont ils ne savaient rien, mais sur quoi ils furent avertis en songe, ils essayaient d’être discrets jusqu’au jour où la Créature vint parler à Belial :
      « Pourquoi privilégier les autres surtout quand ceux-ci n’ont rien à vous offrir, servez donc des riches, eux vous paieront, ainsi vous ne travaillerez pour rien. »
      Belial lui répondit :
      « Je n’ai jamais travaillé pour rien, ces personnes ont besoin de moi, si nous ne le faisons pas qui le fera ? »
      -Personne mais que te donnent-ils en échange, rien, ils pestent contre toi car plus tu leur donnes, plus ils veulent. »
      Cette réflexion ne le toucha pas de suite mais au fur et à mesure qu’il grandissait, celle-ci insistait et il fut un moment où il ne put plus faire face. Il commença par demander des sous en échange mais les pauvres déjà sans argent ne purent plus donner. Il arrêta donc là son service et commença lui aussi à entrer dans la paresse et le pêché, se satisfaisant toujours plus de ses actions et ne voyant pas qu’il n’était pas indispensable.

      4. La tentation de Miguaël et sa prière

      4. La créature sans nom vient ensuite parler à l’oreille de Miguaël mais celui-ci connaissant ses intentions ne voulut pas l’écouter car plus il se laisserait tenter, plus il serait dur de résister.
      Entendant en prière, il se mit à genoux et récita la prière suivante qui sera longtemps utilisée par les clercs.

      Citation:
      « Ô Dieu Très-Haut,
      Père de l’humanité
      Et Toute-Puissance divine,
      Ferme mes oreilles
      Aux tentations
      Et ouvre mes yeux
      A l’amour sans fin que tu me donnes,
      Que je puisse donner à ceux qui doivent recevoir,
      Aimer ceux qui doivent l’être,
      En sachant toujours,
      Que si je n’étais pas là,
      Quelqu’un d’autre serait là pour le faire
      Car c’est Toi qui parle par ma bouche
      Et qui œuvre par mes mains.

      Pardonne à mon frère et à tous les autres
      Ils ne savent pas ce qu’Ils font. »


      Ce jeune homme était béni de Dieu, c’était sûr, il avait été choisi afin qu’il donne sa vie pour ce monde. Devant une telle force et bénédiction la créature sans nom ne pouvait plus rien et même si elle le tenta bien d’autre fois, ne pu jamais convaincre Miguaël, ne serait-ce qu’un peu.


      5. La Punition-Institution des Archanges


      5. La situation des hommes n’allait pas en s’arrangeant. Ceux-ci ne voyaient plus Dieu et n’agissaient plus qu’en fonction d’eux-mêmes au détriment de leurs frères et même de leur propre famille. Cela menait à des rivalités et même bien souvent la loi du plus fort menait à des crimes sans précédents.
      C’est à ce moment-là que la Punition Divine tomba, non pas que le Très-Haut n’aimait plus ce monde mais s’il n’intervenait pas, il courrait à sa perte.
      Alors des éclairs se firent et tandis que beaucoup fuyait, les plus déterminés luttaient tant bien que mal et se divisèrent en deux groupes :
      Ceux qui incarnent à eux seuls tous les pêchés du monde, les inaudiendis (NDLR : en latin, ceux qui n’entendent pas) étaient dirigés par sept hommes maléfiques : Asmodée dit le gourmand, Azazel le luxurieux, Lucifer l’acédique, Belzébuth l’avare, Léviathan le colérique, Satan le jaloux et bien sûr Belial l’orgueilleux.
      Ces sept, croyant l’innommée assuraient que cette punition était la preuve incontestable que Dieu ne les aimait pas.

      De l’autre côté, conscient de leurs fautes, un groupe prêchait la repentance. Mené par Gabriel, Georges, Michel, Galadrielle, Sylphaël, Raphaëlle et Miguaë, ils incarnaient respectivement et contrairement aux inaudiendis les sept vertus qu’ils tentaient de défendre : la tempérance, l’amitié, la justice, la conservation, le plaisir, la conviction et le don de soi.


      Ces deux groupes avaient chacun leurs adeptes, les Pêcheurs étant les plus nombreux, il fallait aux Vertueux une foi sans faille pour tenir et ne pas se pervertir.

      Au bout du septième jour, de grands vents destructeurs vinrent du centre de la Terre et fissurant la terre en de nombreux abysses, envoyèrent les inaudiendis au plus profond de celles-ci.
      Mais parmi ce carnage, une nuée céleste vint et amena les sept bons au plus haut de la voûte céleste.
      Là, une douce lumière rayonnait. Ne sachant pas encore où ils étaient, la peur aurait pu les prendre mais cet endroit était si doux et apaisant qu’ils s’y sentaient bien et éprouvaient une immense sensation de chaleur, une sensation d’amour.
      C’est alors qu’une voie forte et tendre ce fit entendre :

      Citation:
      « Mes enfants, vous voici devant moi car vous avez compris que je ne punissais ni par jalousie ni par plaisir mais parce que la race humaine avait atteint un point où seule la Punition pouvait la remettre sur Mon droit chemin. Je vous nomme pour cela Archanges, vous incarnerez les sept vertus que vous défendiez en bas et vous serez dorénavant les inspirateurs de toutes vertus. Je vous donne trois paires d’ailes, signe de votre pouvoir et de votre rang
      Allez maintenant, le paradis vous attend. »



      6. Damnation éternelle

      6. Les inaudiendis, furent envoyés au plus profond des abysses, là où le feu gronde et où les pêcheurs sont suppliciés.
      Si l’on regarde, tous les êtres de la création sont pêcheurs mais le Très-Haut, dans sa grande bonté à proposé le pardon, qui n’accepte de le recevoir garde son pêché et le subira jusqu’à la fin des temps.

      7. Belial et l’orgueil de détourner à nouveau les hommes de Dieu
      Institution de l’exorcisme

      7. Au commencement de l’Eglise, celle-ci était encore frêle et Belial se dit que pour mieux la détruire il fallait agir de l’intérieur. Toujours aussi orgueilleux, il décida de prendre possession du corps du plus haut dignitaire de l’Eglise : le Pape. En ce temps-là, le pape Hygin était touché par une grave maladie, Bélial, empli de lâcheté en pris possession et dès ce moment, les traits du Saint-Père commencèrent à changer. Un servant, Mirall s’en rendit compte et supplia le Très-Haut d’envoyer quelqu’un. L’archange Miguaël, saint patron de la contre possession, nommée plus tard exorciste fut envoyé.
      Il fusa aussi vite qu’il lui était possible, ses six ailes battant à perdre le souffle, si l’église tombait maintenant le résultat serait atroce. Il entra dans le corps d’Hygin, ses pensées vertueuses devaient ressortir, mais euuuhhhhhh, de son côté Bélial luttait aussi.

      « Tu oses intervenir contre ton propre frère Miguaël ?
      Tu ne voies pas que ton Dieu se sert de toi ?

      -Tu n’es plus mon frère Bélial.
      Je te renie, repars d’où tu viens, repars peupler les abysses, seul Dieu est souverain, seul Dieu est le maître. Que seules les vertus de cet homme surgissent ! »

      Pendant que se déroulait cet affrontement, le ciel et la terre semblaient eux aussi s’affronter dans un combat décisif.

      « Repars d’où tu viens, prince des démons et laisse l’âme de cet homme en paix, tu entends ??
      Vade retro Belias ! Repars d’où tu viens !!!!!!! ».

      A ce moment-là, une flamme surgis de la bouche du possédé et parti s’écraser au loin sur l’astre dominant la Nuit pendant que le ciel reprenait sa teinture normale.

      Saint Miguaël monta aux cieux en gloire assis sur une nuée et accompagné de mille voies célestes chantant la gloire de Dieu car seul Dieu est souverain.

      Ceci arriva en l’an de grâce 140.



_________________


Dernière édition par Péris le Lun Mar 03, 2025 1:02 pm; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Péris



Inscrit le: 02 Jan 2013
Messages: 244

MessagePosté le: Lun Mar 03, 2025 1:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Livre 1. Le mythe Aristotélicien

    La fin des temps
    par ...

    Les Archanges (2)

    Hagiographie de l'Archange Saint Raphaël

      Doutes

      Au lieu des courants meurtriers qu’elle s’était promis, ce fut une douce lumière qui jaillit et il était impossible de savoir d’où elle venait. C’était à croire que même les ténèbres brillaient.

      Une voix se fit entendre, elle aussi venant de partout et de nulle part à la fois, elle était rassurante et semblait venir du fond des âges.

      « Raphaëlle, Raphaëlle,
      Pourquoi cries-tu ?
      Tes cris sèment l’écho dans les montagnes et troublent le cours des fleuves. Ils pétrifient de peur les petits de ce monde et font se battre les plus sages. »

      La vieille femme ne sut quoi répondre. Elle fut extrêmement touchée par ce qu’elle venait d’entendre. Entendre la voie de Dieu était déjà chose extraordinaire mais que celui-ci l’appelle par son nom était bien davantage. Depuis combien de temps ne l’avait on pas appelée par son nom ? On ne l’avait jamais appelée par son nom, jamais depuis que son père était parti. Les sobriquets avaient fini par le remplacer. Raphaëlle dont le cœur commençait à s’ouvrir à nouveau doutait encore mais la flamme de haine dans ses yeux n’était pas encore éteinte.


      Ce qu’elle avait pris comme un acte d’amour au départ se transforma sous la colère en affront. Son âme n’étant pas prête à recevoir un amour simple, il lui était impossible de recevoir l’amour le plus fort qui puisse exister ; mais la toute-puissance de Dieu et la connaissance qu’il avait de sa fille commençait son œuvre.

      « -Comment oses-tu m’appeler par mon nom, Toi, Dieu à la pensée bienheureuse et à la main malfaisante ?
      -Un père n’appelle-t-il pas ses enfants par leur prénom ?
      -Si, mais un père se préoccupe de ses enfants, il les chérit et les aime.
      -N’est-ce pas ce que je fais ? »

      En disant ces mots Dieu montra la Terre.

      « Raphaëlle,
      voici le tracé de ta vie.
      Ces traces ce sont tes pas.

      -Si ces traces sont mes pas, à qui appartiennent les traces qui marchent à côté ?
      -Ce sont les miennes, Raphaëlle, je marche à tes côtés depuis que tu es venue au monde.
      -Et dans les moments les plus difficiles, il n’y a que deux pas, pourquoi n’étais-tu pas là lorsque j’avais besoin de toi ?
      -J’étais là, et si tu ne vois que deux traces c’est parce que je t’ai portée, mon enfant. »

      Le cœur de pierre, si difficile à convaincre devint à ce moment-là cœur de chair. Raphaëlle comprit devant qui elle était, devant son père et, tombant à genoux, elle lui demanda pardon.

      « Garde tes larmes Raphaëlle, le temps est à la joie, tu croyais mal mais au moins tu restais fidèle à tes pensées. Maintenant que tu as vu, ta conviction te sauvera et montrera à bien d’autres la route que j’ai tracée pour eux.

      -Père,
      pourquoi ne t’es-tu jamais montré, pourquoi tu ne m’as jamais dis que tu étais là ?

      -Je te l’ai dit, mon enfant, mais tes oreilles ne voulaient pas entendre, je me suis montré à toi mais tes yeux ne voulaient pas voir, je t’ai pris la main mais tu ne me l’as pas tenue alors je me suis révélé à ton cœur et tu as cru.
      Je t’ai laissée choisir car tu étais libre, tu ne voulais pas me recevoir, je ne me suis pas imposé.
      Tu m’as cherché et je me suis révélé.
      Beaucoup de questions se bousculent encore en toi mais sois patiente, j’y répondrai au creux de ton cœur le moment venu.
      Va, car maintenant tu sais que je suis avec toi jusqu’à la fin des temps,
      Si tu tombes, je te relèverai. »

      Questions

      À partir de ce moment-là la lumière se fondit dans le paysage et même si celle-ci n’était plus aussi intense, Raphaëlle la voyait, et cette lumière la guidait dans la nuit. Elle aurait pu lui montrer le chemin, mais Raphaëlle le connaissait, elle aurait pu éclairer les ténèbres, mais Raphaëlle n’en avait pas besoin, au lieu de cela cette lumière lui montrait le chemin intérieur et en chassait toutes ténèbres.
      Elle avait quitté Oanylone quelques jours auparavant et la personne qu’elle cherchait habitait loin, il était l’un des seuls à avoir quitté la cité losque celle-ci vivait encore loin des tourments.
      Tout en marchant, elle ne cessait de repenser à sa rencontre avec Dieu, il avait agi comme un père à son égard, il avait agi comme son véritable père qui avait quitté la cité d’Oane, on ne sut jamais pourquoi, et lui qui lui avait tant donné, qui l’avait tant aimée, avait disparu complètement. C’était là une des parties les plus touchantes. Dieu aimait chacun d’entre nous, c’était si beau mais difficile à croire. Pourquoi la misère ? Pourquoi le malheur ? et pourquoi mourir avant de le retrouver ? Si elle le savait, la réponse à sa dernière question lui vint comme une vérité indiscutable : Dieu a laissé les hommes sur la Terre afin qu’ils aient la liberté totale. Ils avaient le choix entre suivre sa route ou de partir là où il n’y en avait pas, là ou même la plus grande route ne se voyait plus. Là où Dieu était absent ou plutôt là où on refusait de le voir car Dieu était partout. Dieu bien qu’omnipotent laissait aux hommes le libre-arbitre.
      Mais alors si Dieu laisse à chacun le libre-arbitre de sa propre vie pourquoi se joue-t-il parfois au détriment de la liberté ou du bonheur d’autrui ? Pourquoi la liberté de l’un empiète-t-elle sur la liberté des autres ?

      Elle continuait à marcher, il lui fallait arriver à la cabane. Elle était fatiguée, de plus en plus, mais une telle soif de Dieu l’habitait que s’arrêter lui semblait une perte de temps.
      Elle finit par trouver le taudis qui servait de maison à celui qu’elle cherchait. Elle entra par ce qui semblait être une porte et ne vit personne, il n’y avait rien, simplement un parchemin.

      « Lorsque tu nais, tu ne choisis pas ton frère.
      Quel qu’il soit tu dois apprendre à vivre avec, à vivre pour lui.
      Si ton frère resplendit de l’amour de Dieu, alors cet amour ne pourra que te rejoindre.
      Si en revanche ton frère se détourne de l’amour divin, c’est à toi de le lui faire voir au prix de ta vie.
      Mais, à quoi bon donner sa vie pour quelqu’un qui ne veut pas voir ?
      Si tu réussis, tu lui donnes une chance de rejoindre Dieu et les anges après sa mort et pour cela tu les rejoindras toi aussi.
      Si tu échoues, c’est toi qui les rejoindras.

      Cependant, il est dit aussi, ne t’attarde pas sur ton frère si ses yeux ne peuvent voir, pense et œuvre pour le plus grand nombre car ceux pour qui tu auras œuvré, eux aussi pourront œuvrer pour d’autres.

      Alors, mieux vaut-il donner sa vie pour tenter d’en sauver un qui ne veut pas être sauvé ou donner sa vie pour sauver une multitude dont l’envie de voir est ardente ? »

      Raphaëlle lut et comprit autre chose. Chaque homme avait été placé dans une situation particulière qui pouvait évoluer, non pas seulement en raison des désirs de Dieu ou du mal inspiré par la créature sans nom, mais en fonction de la manière dont chaque frère et chaque soeur utilisait son libre-arbitre et sa liberté. Les agissements de chacun, s’ils ne payaient pas sur cette Terre paieraient lorsque Dieu viendrait les chercher.
      L’évidente vérité vint transfigurer Raphaëlle par l’amour divin. Elle se mit à genoux, en larmes, et pria.
      Que le Seigneur, Dieu de l’Univers lui donne la force de servir humblement et par amour en tous temps et tous lieux.

      Elle pria durant toute une nuit puis se leva au matin emplie d’une assurance nouvelle.
      Elle était confiante, Dieu était là en elle, et elle demeurait en Lui.
      Une aura bienfaitrice et aimante brillait maintenant autour d’elle. Si les yeux étaient et demeurent incapables de la voir, l’âme, elle, était capable de la sentir car l’âme était après l’amour, le don le plus puissant que Dieu avait fait à l’homme.

      Le début de ses actes en tant que sainte

      Raphaëlle approchait d’Oanylone et déjà le voile de discorde qui pesait sur la ville se faisait sentir. En effet, la créature innommée avait semé le doute dans les cœurs afin que l’on se détourne de la vérité et cela avant qu'elle ne parte faiblement pressentant la réaction de Dieu.
      De plus en plus, la population se scindait en deux groupes, ceux qui restaient fidèles à Dieu et ceux qui croyant ou non se laissaient pénétrer par le doute.

      Que les hommes étaient faibles, il leur suffisait d’entendre que Dieu n’existait pas pour s’en détourner. Il était encore plus facile de dire que Dieu ne les aimait pas et qu’il n’y avait plus d’espoir, comme cela aucun péché ne se voyait empêché par une raison valable.
      Raphaëlle voyait cette faiblesse, pour cela, elle se réunit avec une poignée de frères et soeur et gardait espoir ainsi que la ferme conviction que Dieu les aimait. Elle priait pour que chaque homme voit en lui le chemin de Dieu, pour que chacun voit qu’il ne marche pas seul.
      La conviction et l’assurance dont elle faisait preuve lui permettaient de prêcher et elle put convaincre seulement par la parole de nombreuses personnes.

      La Punition

      C’est alors que la punition divine tomba. Elle commença par de la foudre se déchaînant au plus haut du ciel puis vint à pleuvoir des fleuves entiers, les hommes un à un furent quittés par la vie. Ensuite vinrent des langues de feu s’écrasant sur chaque homme.
      Projetant les plus mauvais dans les flammes éternelles de l’astre de la nuit et leur promettant une nouvelle existence de souffrance et de hantise.
      Elles donnaient cependant une vie nouvelle à ceux qui avaient cru, les élevant au plus près de la gloire divine dans l’astre dominant le jour.
      Raphaëlle fut élevée avec six autres au rang d’archange afin d’inspirer pour les siècles et les siècles les sept vertus.

      Son Envoi

      Un jour sur la terre,
      Un homme peinait.
      Il aimait Dieu de tout son coeur mais jamais il n'avait osé proclamer autour de lui, l'amour qu'il lui portait.
      Son entourage pestait contre Dieu et ne cessait de blasphemer.
      L'homme n'osait pas répondre. Il était conscient de son péché mais ne pouvait agir, opprimé par la peur.
      Il rentra chez lui, un soir, et tomba sur sa paillasse, en pleurs.
      Il confia à Dieu les difficultés qu'il avait pour assumer sa foi devant ses amis, il dit, pleurant de plus belle, qu'il ne rêvait que de l'annoncer mais qu'il avait peur... Comment pouvait-il faire pour oser proclamer sa foi ?
      Il ne pouvait plus rester comme cela, à garder Dieu pour lui, il fallait qu'il le dise et qu'il le crie à la Terre entière !
      Alors Dieu, entendant son enfant, envoya Raphaëlle par ces mots:
      "Va Raphaëlle, qu'il triomphe !"
      Telle une présence que l'on sent mais que l'on ne voit pas, Raphaelle descendit auprès de l'homme et l'accompagna.
      Le lendemain, lorsqu'il vint voir ses amis, ceux-ci commencèrent à parler de Dieu en de mauvais termes, il faillit ne rien dire puis sentant cette force invisible près de lui, il dit d'un ton ferme qu'il ne voulait que l'on use du nom de son Dieu à mauvais escient. C'en était fini de ne rien dire.
      Dieu était son Dieu, il en était ainsi, on ne dirait plus d'honteux blasphèmes lorsqu'il était en mesure de les entendre !
      A ce moment-là, lorsque ses amis levèrent vers lui un regard mauvais, lorsqu'il faillit tomber sous le poids de la peur, Raphaëlle lui insuffla son souffle et le poussa.
      Il se mit alors à poursuivre calmement mais ses paroles avaient la force d'un cri. "Dieu nous aime, Vous n'avez pas le droit de dire cela de lui !"
      Alors, les hommes qui l'entouraient, ne comprenant pas ceci et ne lui laissant même pas la liberté de le penser, sautèrent sur lui et lui arrachèrent les membres. Il rendit l'âme en ce jour, sous d'atroces souffrances, mais fier d'avoir pu enfin honorer ses convictions.
      Raphaëlle prit alors l'âme de ce bon homme, et la présenta elle-même au très haut.

      La Prière

      Raphaëlle inspirait aux cœurs purs qui la priaient, la force de garder leurs convictions et d’agir en conséquence afin que les hommes soient capables de vouloir le bien mais aussi de le faire.
      Mais même si elle inspirait la conviction, c’était Dieu qui parlait en sa bouche.
      Après que l'âme de l'homme inspiré par Raphaëlle eut rejoint le soleil, les assassins se regardèrent l'un l'autre. Ils venaient de tuer leur propre ami. Alors, le cadavre se nimba d'une gigantesque flamme, qui disparut bien vite. Le corps était resté intact, si ce n'est que sur son torse était inscrit en lettres d'or l'inscription suivante:

      Prière d'Oscermine à Dieu.
      Invocation de Sainte Raphaëlle

      Ô Dieu !
      Toi en Qui je crois,
      Toi qui guides mes pas,
      Donne-moi la force de professer la grandeur de Ton Nom
      Ainsi que l'amour et l'adoration que j'y porte.
      Envoie-moi Ton Archange, Raphaëlle, pour qu'elle chemine à mes côtés,
      Que je ne sois plus seul face à l'ennemi de ma foi et de ma conviction.
      Que mes actes obéissent à mon coeur et que même ma main gauche suive les commandements de ma droite.
      Que mon coeur te craigne.
      Et que j'annonce Ton Saint Nom.
      Dieu, daigne lever ta main, que raphaëlle descende et me vienne en aide.
      Ainsi soit-il !


    Hagiographie de Sylphaël, Archange de la Plaisir

      Le rouleau de ce manuscrit fût trouvé au delà de la grand plaine dans l’une des grottes antiques de Mogao à Dunhuang et ramené par le Frère Guillaume de Rubrouck voici deux cent ans.


      Moi, Nemrod Aggadoth qui fût témoin de la chute d’Oanylone par châtiment divin et ne dois vie sauve qu’au devoir que m’impose le Très-Haut de transmettre ce témoignage aux générations futures, délivre, au seuil de ma vie et à la postérité humaine, le récit détaillé de tout ce que j’y ai vu.

      L’incroyable destin de Sylphaël d’Hédon

      En ces temps troublés pour la Cité vivait un jeune homme nommé Sylphaël d’Hédon. Il savait briller en société, était doué de talents en tous les arts mais ce qui faisait l’admiration de son entourage était son extraordinaire capacité à savourer chaque instant de la vie.
      Nous le croisions fréquemment en compagnie de deux complices de taverne, Colomba la Radieuse et Lucifer le Cyclothyme mais tandis que ce dernier s’enivrait à l’excès jusqu’à devenir violent peu avant le coma éthylique (donnant lieu au célèbre quolibet « quand Lucifer boit, Colomba raque ») Sylphaël, roi des nuits d’Oanylone, goûtait tous les vins puis partait légèrement titubant donner son concert de lyre au profit de l’association « sagesse amassée d’Oane ».On voyait alors toutes les torches de ses adulateurs chavirés l’envoyer droit au firmament.
      Souvent, le lendemain à l’aurore et après qu’il eût trouvé de nouvelles sources de délices en étudiant avec Colomba, il n’était pas rare de voir Sylphaël préparer une tisane au chevet d’un Lucifer aux traits ruinés, nauséeux, blafard.
      « tu confonds jouissance et bonheur, mon pauvre Luc ! » le sermonnait Sylph tandis que son ami s’apprêtait pour une journée de mortifications et d’autopunitions en tous genres car telle une girouette folle, Lucifer le versatile ne cessait de passer d’un état de soif de plaisir extrême à un abattement coupable et dépressif «et ainsi éprouves-tu très durement ton corps par d’incessantes privations, d’éternels excès »
      Quelque temps plus tard, Colomba, succombant au charme dévastateur de Sylphaël le voluptueux, l’épousa. Cependant malgré leur bonheur insolent les deux jeunes gens s’inquiétaient pour leur ami, qui comme bien d’autres habitants d’Oanylone, sombrait chaque jour plus gravement dans un abîme sans fond, mêlant la pratique d’inquiétantes coutumes sexuelles la nuit et , formulant d’étranges prières le jour, prostré et nu, au sommet d’une colonne sous l’œil bienveillant de la Créature sans Nom.
      Celle-ci oeuvrait désormais partout dans la ville, sortant de la pénombre, flairant ses proies parmi les décombres de plus en plus nombreux sous les coups de boutoir de la colère de Dieu car l’heure du châtiment avait commencé.

      La rébellion des corrompus

      La Créature Sans Nom avait trouvé facilement ses auxiliaires parmi les êtres les plus débauchés de la Cité au nombre de sept dont Lucifer le Cyclothyme et ces factotum diffusaient leurs mauvaises pensées avec déconcertante facilité, instillant dans les esprits égarés par la peur d’obscures idées telles que :
      «Dieu a créé les riches pour donner aux pauvres le paradis en spectacle » «l’humain retrouvera ses biens s’il ne doute point de la faiblesse de Dieu » «L'éternité c'est long, surtout vers la fin» tant et si bien que la colère ainsi attisée déclencha un massacre.
      Un matin nous retrouvions éventré dans les gravats et parmi bien d’autres, le corps de Colomba et pour la première fois je vis Sylphaël s’effondrer dans le même temps que s’écroulait la ville.

      La Tentation

      Deux jours plus tard tandis que la Cité en ruine se vidait de ses habitants j’aperçu Sylphaël courir en tous sens dans une ruelle. Son teint était blême. Il me fit ce récit :
      « Cette nuit je me réveillais brusquement sentant la présence sous mon drap d’une forme : celle-ci semblait peser à mes côtés puis s’enrouler autour de mes jambes jusqu’à ce qu’elle m’étreigne complètement. Je fus pris d’une angoisse oppressante cependant je croyais reconnaître dans cette forme le corps de Colomba, mon épouse défunte et en même temps que la terreur peu à peu m’envahissait j’étais empli d’un flot de tendresse immense à son égard mais je savais qu’elle n’était plus et ce sentiment cédait la place à une impression de manque et une douleur irrépressible soudain je compris que j’étais en proie à un extraordinaire maléfice je devais lutter de toutes mes forces pour ne pas céder à cette chose abominable. Sans doute paralysé par une peur intense j’avais les pires difficultés à me mouvoir et la chose m’emprisonnait comme un étau. Après d’interminables secondes je parvins à atteindre la lampe à huile (j’avais l’unique pensée de faire la lumière pour affronter le sortilège) mais la flamme ne s’alluma pas. Alors, cédant à la panique, je me débattais avec l’énergie du désespoir car cette fois-ci j’allais mourir je ne cessais de crier « vas-t’en » en litanie ininterrompue et de plus en plus fort à la force maléfique dont j’étais la victime. Mon pouls s’emballait, mon cœur palpitait si vite qu’il allait exploser, la chose desserra son étreinte puis je ne sentis plus rien j’allumais la lampe et cette fois-ci, étrangement, la lumière se fît.
      Le reste de la nuit j’ai médité sur cette tentative de possession de l’Innommable Créature et l’état d’acédie qui faillit me tuer lorsque j’étais pétrifié par l’angoisse.
      Il nous faut accepter le courroux de Dieu, et cette ville, ç’est bien nous qui l’avons condamnée à la destruction, je m’en vais rejoindre le groupe des vertueux.
      "pardonne-moi mon ami" lui dis-je "mais comment espères-tu incarner une vertu toi dont l'existence fût toute entière consacrée aux plaisirs ?"
      il répondit "mais parce que cette vertu est le plaisir même ! Dieu nous donna les sens pour le goûter et parce que l'amour de la vie reste l'Amour"
      sans s'attarder il partit prier pour sauver le monde en compagnie des Vertueux rassemblés à la septième Porte.

      La cité d’Oanylone, bâtie en forme de cadran comportait huit portes correspondants aux subdivisions cardinales et la porte Ouest en était la septième, j’observais Sylphaël s’éloigner vers le couchant, ce fût la toute dernière fois que je le vis.
      Infiniment plus couard, je quittais la ville précipitamment sans arme ni bagage, avant l’ultime chaos. ainsi il restait désormais sept vertueux face à sept corrompus.
      Parmi les compagnons de fuite que je rencontrais par la suite, quelques uns avaient observé de loin le cataclysme final, l’engloutissement de la Cité et leurs témoignages concordaient aussi sur ce point, sept silhouettes avaient été vues, aspirées vers le soleil par des faisceaux ardents.
      Je fus heureux de penser à la destination finale de Sylphaël qui toute sa vie avait été rayonnant.

      Au dernier souffle de ma vie je commence des croquis à la hâte tentant de transmettre des souvenirs visuels de la grande Cité d’Oanylone au monde des survivants. Puisse l’humanité toujours se souvenir de l’exemple des vertueux et du châtiment des orgueilleux.



_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum -> Ordre Grégorien - Abbaye de Seclin -> Bibliothèque de Seclin Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com