L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Melo03]

Melo récita le credo et se tourna vers Antoine.

Je vais vous demander de vous agenouiller pour vos vœux.

Elle attendit que ce fut fait et enchaina.

Mon Frère, vous engagez-vous à ne pas porter d'armes ? Vous engagez-vous à ne pas fonder de famille ? Vous engagez vous à être exemplaire ? Vous engagez vous à la triple obéissance ? A celle de la hiérarchie, au Dogme et au Droit Canon ?

Melo le regarda. C'était lourd comme engagement. Elle se souvenait parfaitement les mots de Pie à l'époque qui résonnaient à ses oreilles. Parfois, souvent, elle se demandait si cela avait été le bon choix.
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[Antoine..]

Antoine posa un genou au sol, sans lenteur ni précipitation, comme on scelle une offrande. L’autre suivit dans un bruissement de drap froissé, grave et contenu, tandis que ses mains, jointes avec une austère élégance, remontèrent contre son poitrail. Aucun tremblement ne troubla le geste. Ses épaules droites, son cou dégagé, et le front incliné à peine non dans la soumission, mais dans l’acceptation fervente. Dans la nef, le silence semblait s’épaissir autour de lui.

Il ne doutait de rien. Il n’y avait ni trouble dans ses veines, ni murmure dans sa conscience. Seuls comptaient l’engagement et l’éternel.

Il leva les yeux et répondit, la voix dense :

J'ai porté l'épée, l'armure et des médailles. J'ai vu les lignes s'effondrer, des cendres sur les blé. Je m'engage à ne plus porter d'armes.

Je m'engage à ne pas fonder de famille. Je renonace à la lignée de sang pour me lier à celle de l'Esprit.

Je m'engage à être exemplaire. Je dois représenter le roc solide contre lequel les plus faibles pourront s'adosser.

Je m'engage à la triple obéissance, à la Hiérarchie, au Dogme et au Droit canon.

Tels sont mes voeux.

[Laodin]

-----Il avait été difficile de ne pas tourner la nuque pour observer l'entrée d'Antoine, difficile de fixer l'avant de la chapelle sans se retourner. Toutes ces fois passées du côté de l'autel l'avaient habitué à découvrir les futurs clercs dans toute leur grâce, entendant et voyant leurs pas marquer le sol lustré.

-----C'est ainsi qu'il ne put voir dans un premier temps que son profil, puis son dos qui s'inclina devant Melo. Non loin derrière lui, deux enfants l'avaient accompagné, que Laodin n'imagina pas un instant comme étant les enfants d'Antoine. Ils étaient bien trop petits pour cela, trop petits pour être lésés par l'ordination majeure de leur père. Ou bien Melo avait-elle estimé qu'ils ne le seraient pas grâce à une enquête approfondie sur leur famille ? Tout sacerdoce était un sacrifice, un don de sa personne à l'ensemble de l'humanité. Christos l'avait dit et répété. Les apôtres avaient bien dû s'efforcer de quitter leurs familles pour mener leur œuvre aux quatre coins du monde... Et d'apôtre, Antoine semblait en porter tout l'héritage, grave et solennel, intense et gracieux.

-----Melo commença à discourir, douce et enjouée. Ses yeux se fermèrent puis s'ouvrirent, mentionnant la solitude, la difficulté d'un tel statut. Laodin fut surpris d'entendre des exemples aussi intimes, comme le fait de dormir sans personne à ses côtés. Cette réalité ne lui avait jamais traversé l'esprit, étant donné qu'il ne souffrait pas plus d'être seul depuis son ordination. Cela l'avait même aidé à s'y restreindre, puni qu'il était pour sa vie passée. Un instant porté par des souvenirs vagues, il en récita presque sans le vouloir le confiteor, un réflexe qui eut heureusement le mérite d'apparaître au bon moment.

------ Je confesse à Dieu Tout-Puissant, à tous les saints, et à vous aussi, mes amis, parce que j'ai beaucoup péché, en pensée, en parole, en action... Je supplie tous les saints, et vous, mes amis, de prier le Créateur pour moi. Que le Très-Haut nous accorde le pardon, l'absolution et la rémission de tous nos péchés.

-----Melo passa ensuite quelques instants le relais à Daidara, co-officiante sérieuse. Le Credo fut naturellement récité à la suite de son propre discours, auquel Laodin se joignit :

------ Je crois en Dieu, le Très-Haut tout-puissant, créateur du Ciel et de la Terre, des Enfers et du Paradis, juge de notre âme à l'heure de la mort... Et en Aristote, son prophète, le fils de Nicomaque et de Phaetis, envoyé pour enseigner la sagesse et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés. Je crois aussi en Christos, né de Maria et de Giosep. Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis. C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce, il est mort dans le martyre pour nous sauver. Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut. Je crois en l'Action Divine ; en la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible ; en la communion des Saints ; en la rémission des péchés ; en la Vie Éternelle. Amen.

-----Vint ensuite le moment du serment. Antoine s'agenouilla, empli d'humilité et d'émotion. Laodin le regarda, le souffle coupé en attendant sa réponse. Heureusement, il n'eut pas à retenir sa respiration bien longtemps : l'hésitation ne marquait d'aucune façon le futur prêtre, qui parla de son passé guerrier, de sa volonté de ne plus le porter. Sa décision avait visiblement été prise bien avant la cérémonie, contrairement à Melo qui s'y était résolue sur le fil. C'était une attitude rassurante, même si sa volonté se confirmerait avec le temps. Laodin leva ensuite les yeux en direction de Melo et de Daidara, toutes deux convaincues de leur sacerdoce malgré leurs parcours différents.
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[Daidara]

Mais non elle ne s'était pas endormie. Savourait-elle simplement les mots du serment prété par son frére en la foi.
A nouveau s'avança-t-elle, et préparant loinge et coupelle d'eau bénite prononça ces mots.

- Frère Antoine, ce jour vous avez prété serment en prononçant vos vœux, vous avez ainsi scellé votre vie au service du Très-Haut et de l'Eglise.
Puisse les mots de Christos envers ses apôtres vous accompagner.
"N’ayez donc pas de peine, car vous serez mes successeurs, vous diffuserez la bonne nouvelle à toutes les nations en aidant Titus à créer mon Eglise. Ainsi, Je fais de vous les guides des fidèles de Dieu. Soyez des modèles pour ceux qui vous écoutent, car un mauvais guide trace une mauvaise route à ceux qui le suivent."

Puis s'étant avancé vers le neo-prêtre fit-elle couler l'eau sur son front en récitant.

- Puisse l'eau, symbole de pureté, laver vos péchés et faire de vous une âme vertueuse !
Puisse le feu, symbole de la connaissance, vous guider à travers les ténèbres sur le chemin de la droiture et de la sanctification !
Puisse la pierre, symbole de la résistance et de la détermination, vous garder indemne face à l'adversité et aux griefs contre la Foi !
Puisse l'air, symbole d'élévation spirituelle, faire de votre ministère une porte de salut pour les hommes et s'élever, comme une offrande d'encens agréable, jusqu'au Tout-Puissant dans le Paradis solaire.
Puisse l’Éther vous guider dans votre sacerdoce et vous montrer la voie pour toujours, afin qu’à votre tour vous puissiez guider les brebis sur le chemin du Salut Éternel !

L'eau, avec le linge, doucement fut esuyée avant qu'elle ne trempe la tenue du desromais pére Antoine.
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[Melo03]

Daidara n'était pas connue pour avoir la main légère, que ce soit en chope qu'en eau bénite visiblement !
Melo manqua de se marrer en voyant le pauvre Antoine tout humide. Heureusement, l'évêque essuya toutes traces d'humidité avant que ça n'aille jusqu'aux vêtements.

En parlant de vêtements, Melo prit la chasuble et s'avança vers Antoine.

Aujourd'hui, je vous couvre de votre dernier habit enfin on se comprend, vous avez le droit de le laver de temps en temps ! Oui oui elle précisait parce que l'on ne sait jamais !

Hop elle lui passa par dessus la tête, l'ébouriffant grandement au passage. Ça coinçait, non ? Non ouf ! ça finit par descendre. Melo retira un pli de la haute et large épaule d'Antoine.
Puis revint vers l'autel pour prendre l'étole dont elle le para.

Ces habits vous permettront de vous distinguer et surtout de faire savoir aux fidèles de votre rang. Vous êtes à présent leur berger !
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[Antoine..]

L’eau s’écoula lentement sur le front d’Antoine, traçant sur sa peau la fraîcheur muette du sacré. Son visage demeurait impassible, tendu par une concentration qui ne laissait place à aucun trouble. Ses paupières closes semblaient sceller le monde, non pour l’exclure, mais pour mieux en porter le poids. La lumière, tombant des vitraux, effleurait ses tempes sans qu’il y prenne garde. Son souffle était régulier, contenu, comme retenu par la gravité de l’instant. Chaque mot prononcé par la célébrante pénétrait en lui sans résistance, trouvé en terre déjà labourée. Le linge passa sur son front sans rompre l’équilibre intérieur. Antoine ne remua pas. Il recevait, et dans ce recevoir, se donnait tout entier.

Et dans son for intérieur une voix, la sienne semblait se livrer à un serment sprituel, une promesse, quelques mots, quelques vers qu'il égare volontier au Très-Haut.

Me voici prosterné, poussière en ta clarté,
Offrant tout mon néant à ton éternité.

Je te rends mes désirs, mes colères muettes,
Les élans interdits, les voix trop indiscrètes,

Fais de moi ton servant, non l’écho de moi-même,
Un vase dépouillé, un refus du blasphème.

Et d'autres vers qui iront à qui de droit. Les traits d'Antoine sont à peine tirés, un premier souffle, celui sa seconde naissance. Il reçoit son dernier habit, la chasuble et relève la tête tout en restant agenouillé.

Merci Monseigneur. Je prendrai soin de ces habits croyez-moi.. Il sont désormais aussi précieux que n'importe quel diamant ou rubis qui pourrait siéger face à moi.

Antoine esquisse un petit sourire discret, sans en faire trop. Il regarde Melo et Daidara, attendant d'elles un signe, une parole, de se relever ou quelconque chose qu'il doit faire désormais.

[Daidara]

Et voilà nous y étions.
D'un sourire satisfait, la blonde présenta-t-elle un document à l'intronisé.

- Mon frére, mes félicitations.
Voici le document attestant de votre entrée en prétrise.
Je me chargerai d'en déposer une copie aux registres.

[Antoine..]

Et Antoine se redresse avec une certaine langueur ajustant sa chasuble et récupère en main propre le cerficicat de son serment, un léger sourire est suspendu à ses lèvres, neutre mais avec cette pointe d'accomplissement dans sa vie. S'il avait eu l'impression il y a encore quelques mois d'être perdu ou d'avoir raté sa vie, désormais et plus qu'il n'a jamais été, il se sent pleinement bien dans ses bottes.

Merci Monseigneur.

[Melo03]

Melo prit délicatement le parchemin et le signa.

[Laodin]

-----Voilà qu'Antoine se révélait comme étant un poète ! Laodin applaudit instinctivement à ses vers, appréciant toujours l'art et en particulier celui dédié au Très-Haut. Heureusement, la cérémonie venait tout juste de s'achever, ce qui voulait dire qu'il n'en perturberait pas le déroulement. Melo et Daidara s'affairaient d'ailleurs maintenant à rédiger le certificat, après avoir accueilli le nouveau prêtre par l'eau et les habits liturgiques.

-----Laodin s'approcha de celui-ci doucement, sans imposer un pas d'antilope ou d'éléphant. Ils étaient dans la Sainte-Chapelle après tout, et il sentait bien que l'atmosphère était davantage au recueillement qu'à l'explosion de joie. Malgré tout, son ton se fit des plus enthousiastes :

------ Félicitations Père Antoine ! Mon Frère ! Je suis Monseigneur Laodin, désormais de même statut que vous. Je crois comprendre pourquoi vous avez eu la chance d'être ordonné en ces lieux : vous êtes d'une grande élégance, que ce soit dans l'attitude ou dans les mots. En espérant ne pas me tromper, bien sûr ! ajouta-t-il avec un clin d'œil malicieux.
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[Antoine..]

Antoine demeura un instant immobile, tel un cierge encore tiède après l’extinction de sa flamme. Le drapé sacerdotal, encore solennellement ajusté sur ses épaules, semblait peser moins par sa matière que par la charge symbolique qu’il contenait désormais. Ses mains croisées reposaient à hauteur du nombril, dans une posture d’équilibre entre offrande et retenue. Son regard, clair mais tamisé par une réserve naturelle, vint se poser sur Laodin avec lenteur, comme on feuillette un ouvrage ancien dont on sait que chaque page doit être respectée.

Mon frère, vos mots sont un vitrail d’éloges à travers lequel, je l’avoue, je distingue mal ma propre silhouette. Mais j’en reconnais l’éclat, et l’intention vaut parfois davantage que la vérité qu’elle pare...

Il laissa passer une infime respiration, presque une suspension du monde, et reprit, plus bas :

Quant à cette élégance, elle doit venir de la manifestation d'une coquetterie que je ne parviens pas à dissimuler.. Vous m'avez démasqué.

Il baissa légèrement les yeux, l’ombre d’un sourire aux lèvres.

Mes vers étaient comme de petits galets lancés dans l'eau... Le mérite, si tenté que l'on puisse parler ainsi, ne revient pas à la main qui jette, mais à l'oreille qui écoute.

Heureux de savoir que ces vers ont trouvé un bon accueil. Je n'étais pas certain que mes mots devaient être entendus, persuadé qu'à ce moment, ma bouche se devait d'être liée. Mais leur poids ont dépassé mes lèvres.

Un temps.

Je suis content de vous rencontrer Monseigneur. J'espère pouvoir compter sur vous à mes débuts, j'entre dans un royaume à découvrir.

[tokai]

Passant par là, elle ne peut s’empêcher de regarder le cérémonial et de prendre des notes..
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