L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Ettore_Asburgo_D'Argovia]

Son Éminence Ettore Asburgo d'Argovia, Doyen du Tribunal de la Rote Romaine, entre dans la salle et prend place derrière un large pupitre.

Moi, Ettore Asburgo d'Argovia, je jure d’accomplir correctement et fidèlement ma charge de juge pour ce procès.
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+ Ettore Asburgo D'Argovia
Cardinale-Presbitero di San Barnaba a Ripa
Decano del Tribunale della Rota Romana
Ufficiale dell'Ordine pontificio di Nicola V

[Ettore_Asburgo_D'Argovia]

[Ellea]

Elle arriva la première. Jamais elle n'avait imaginé se retrouver un jour dans ce lieu, pourtant elle était là, sa convocation à la main.

-Bonjour Eminence. Je suis Ellea de Grand-Vivy de Sparte von Dumb.
Je viens pour l’audience concernant la dissolution de mon mariage.

[Ettore_Asburgo_D'Argovia]

Bonjour Madame de Grand-Vivy, je vous prie à présent de prêter serment selon cette formule.

[Ellea]

Une main posée sur le Livre des Vertu, Ellea prêta solennellement serment.

-Moi, Ellea Rose de Grand-Vivy, jure solennellement sur le Livre des Vertus devant ce tribunal, devant le Dogme Sacré de l'Eglise Aristotélicienne, et devant le Très-Haut qui veille sur moi et me juge, que tout ce que je dirai est la vérité et rien que la vérité, sans aucun mensonge ou réticence, et que je ne cacherai rien à ce tribunal pour qu'il fasse triompher la Sainte Vérité. Si je contreviens à ce serment, que mon âme soit éternellement damnée dans l'enfer lunaire.

[Ettore_Asburgo_D'Argovia]

La Cour vous remercie sincèrement, Madame, pour votre serment prononcé avec dignité. Dans l’attente de l’arrivée de votre époux, nous vous prions de bien vouloir livrer votre témoignage, en retraçant les faits et les émotions qui ont marqué votre relation depuis votre première rencontre jusqu’à ce jour.
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+ Ettore Asburgo D'Argovia
Cardinale-Presbitero di San Barnaba a Ripa
Decano del Tribunale della Rota Romana
Ufficiale dell'Ordine pontificio di Nicola V

[Ellea]

Oui, bien sûr, mais cela représente 10 ans de notre vie, je vais devoir résumer une partie...

Nous nous sommes rencontrés à Saint-Claude en Franche-Comté, j’avais 15 ans et lui 22. J’étais maréchale et Grégor a remplacé le responsable de la maréchaussée.
Nous étions opposés en tout, mais contre toute attente, nous sommes tombés amoureux. Très vite, nous avons parlé de mariage, mais cela s’est fait beaucoup plus tard, nous sommes restés fiancés très longtemps. Notre amour semblait indestructible et les obstacles ne nous faisaient pas peur. Nous étions heureux.

La guerre a éclaté entre l’Empire et la France. Mes parents étaient des nobles français, Grégor était noble impérial. Il est parti combattre pendant que je devais rester à Saint-Claude pour défendre la ville. Nous avons été séparés de longues semaines, mais nous nous écrivions régulièrement.
J’étais devenue baronne en Lyonnais-Dauphiné par la volonté de ma mère et lorsque la guerre a été terminée, nous ne pouvions toujours pas nous marier, car les noblesses n’étaient plus reconnues entre la France et l’Empire. Nous devions encore patienter, mais nous étions sûrs de nous et de ce que nous voulions.

Puis Grégor s’est lancé dans la politique et a enchaîné les mandats. Il avait moins de temps à me consacrer évidemment. Nous avions déménagé à Dole. Je sortais moins qu’avant.

Ma mère me poussait à venir en Lyonnais-Dauphiné. Le duché avait besoin de sang neuf à cette époque. Elle visualisait bien l’ascension qui, selon elle, devait me mener tout droit au trône de duchesse. Je ne voulais pas partir, j’aimais Grégor, il m’aimait, et partir aurait été la fin de tout. Mais il avait de moins en moins de temps à me consacrer et ma mère avait raison, en Franche-Comté je n’avais pas de perspectives. Je suis restée, mais pour le mandat suivant, je lui ai dit que j’en avais assez de regarder, que moi aussi je voulais participer. Je suis devenue bailli, puis j’ai fait encore deux mandats.

Nous avons pu enfin nous marier le 27 octobre 1465. Notre mariage a été magnifique, notre bonheur était immense, c’était le plus beau jour de ma vie.

J’ai dû parfois partir en France pour des levées de ban, Grégor restait à Dole. Je lui écrivais alors régulièrement, sans trop parler des combats pour ne pas l’inquiéter. De même, il devait répondre au ban comtois et parfois au ban impérial. Nous étions habitués à vivre ainsi.

Nous avions dès le début rêvé de fonder une famille. Alors quand j’ai été enceinte, nous étions évidemment très heureux et très impatients. Le bébé devait naître un peu avant Noël. Nous avons eu des jumeaux, Jean et Alice en décembre 1468. Nous avions enfin cette famille dont nous avions tant rêvé. Notre vie était calme, simple et heureuse.

Avec le temps Grégor a commencé à se plaindre de très grande fatigue [raisons personnelles IRL]. J’étais impuissante à l’aider, j’essayais de le soutenir de mon mieux. Au bout de quelques mois, il a pris le chemin du monastère. Je m’y attendais, je n’ai pas été surprise. Il y est resté plus d’un an et demi.
Les enfants sont tombés gravement malades et malgré tous les soins qui leur étaient prodigués, ils n’ont pas survécu. Ce fut une période terrible.

Au bout de quelques mois au monastère, l’hérauderie a considéré Grégor disparu[retranchement] et a ouvert son testament. J’ai hérité de ses terres en Franche-Comté, ses autres terres ont été retirées. Tous me disaient qu’il ne reviendrait pas… Je n’écoutais pas, j’avais confiance dans le fait que s’il le pouvait, il reviendrait. Je n’ai pas demandé la dissolution de notre mariage, je l’attendais sans l’attendre, je ne cherchais pas la compagnie d’un autre homme. Et lorsque je partais en France, je m’assurais toujours qu’il sache où j’étais s’il revenait en mon absence.

Il est revenu un jour, perdu de voir que tout avait changé, ou presque. J’ai dû lui expliquer que la perte du certificat de mariage civil [mariage IG sur la fiche] ne représentait rien, que nous étions toujours mariés aux yeux de l’Eglise et que c’était le seul mariage valide. Cela l’a rassuré.
Notre vie a repris son cours, comme avant, notre amour était intact et nous espérions être parents à nouveau.
J’ai attendu quelques temps, pour m’assurer qu’il n’allait pas retourner s’enfermer au monastère, puis j’ai contacté l’hérauderie pour lui faire don des terres comtoises.

Et puis, en France, la situation est devenue compliquée. J’ai attendu le plus longtemps possible, en sachant que je finirais par être obligée d’y aller et que cela risquait de durer longtemps. J’avais quelques réserves à Lyon, mais elles ne suffiraient pas pour ce qui s’annonçait. Nous avons convenu que je déplacerais temporairement mon domicile là-bas, pour pouvoir faire cultiver un champ, en laissant toutes mes possessions dans un appartement de Dole. Grégor était d’accord, il comprenait, il m’a assurée de tout son soutien et des prières de la cure de Dole contre la promesse de lui écrire et de revenir. J’ai évidemment promis, comme à chaque fois. Je n’ai jamais manqué à aucune promesse, même les plus petites. Le ban a été levé et j’ai été obligée de partir.

A mon arrivée à Lyon, je lui ai écrit, comme toujours. Il a répondu à ce courrier. Puis environ une semaine plus tard, j’ai réalisé que j’étais enceinte à nouveau. Je lui ai écrit pour lui annoncer, j’ai continué à écrire régulièrement, il ne m’a jamais répondu. Puis un jour nos serviteurs de Dole m’ont prévenue qu’il était retourné au monastère.

J’ai vécu cette grossesse dans l’angoisse des attaques, des nouvelles rumeurs de guerre et l’angoisse qu’il aille mal à nouveau et que cette fois il ne revienne pas. A Lyon des amis me soutenaient, et s’assuraient que tout se passe bien, tout en écoutant mes inquiétudes avec bienveillance.
Emma et Gabriel sont nés le 24 novembre 1472. Leur naissance a été difficile. Les semaines qui ont suivi sont floues. Je sais qu’on a pris soin de nous au mieux, puis au printemps il a fallu que je me repose quelques semaines dans un couvent.[moi aussi j’ai une vie IRL]
A ma sortie du couvent, la guerre n’était pas terminée, et d’ailleurs, elle ne l’est toujours pas aujourd’hui. Mais le ban n’était plus levé. J’ai décidé qu’on m’avait suffisamment volé ma vie, que je rentrerais chez moi à Dole et que je ne reviendrais que si j’y étais obligée.

Deux amis ont tenu à m’accompagner pour que je ne voyage pas seule avec mes deux bébés. J’ai écrit à Grégor puis nous avons pris la route. Nous étions pratiquement arrivés quand j’ai reçu une réponse. Une lettre me disant que j’étais partie sans rien lui dire et qu’il avait suivi un autre chemin. Notre maison était vide, il n'était pas à Dole. Je lui ai répondu, en lui rappelant les circonstances de mon départ, notre arrangement, son accord pour tout, et les lettres que j’avais écrites sans recevoir de réponse. Le ton s’est adouci, il disait se souvenir, qu’il avait prévu de me répondre mais qu’il ne l’avait pas fait tout de suite, puis qu’il avait été faible, qu’il m’aimait encore et m’aimerait toujours, mais autrement désormais, qu’il suivait un autre chemin. Moi je lui parlais de nos enfants et il me répondait avec un chemin.

Et puis, j’ai su.
Tous ces échanges de courrier ont pris beaucoup de temps, il se passait plusieurs jours entre nos lettres. Mes amis fréquentaient les tavernes de Dole. Ils ont créé l’étonnement en parlant de mon retour et appris qu’il s’était mis en quête d’une nouvelle épouse, et qu’on pensait qu’il avait trouvé quelqu’un. Il était pourtant marié…
Mon cœur s’est brisé.

Mais ce n’est pas tout. Il ne souhaitait pas voir ses enfants, il ne les a d’ailleurs toujours pas vus. Il m’a écrit d’en prendre soin, qu’il les aimerait de loin, qu’il penserait à eux le jour de son trépas, que sa porte leur serait ouverte s’ils le souhaitaient. Ils n’ont que 8 mois…

Il me demandait justifier son absence dans leur vie en leur disant les mêmes choses que celles qu’il utilisait pour moi. Je ne peux qu’imaginer qu’il ne veut pas que leur existence soit connue, tout cela n’aurait sinon aucun sens. Il écrivait encore qu’il ne me demandait pas de comprendre et qu’il ne me demandait pas pardon, car il ne méritait pas une rédemption.

Nous avons repris la route de Lyon. Je lui ai adressé un dernier courrier lui disant que vu l’âge des enfants, ce serait à lui de se déplacer et qu’il aurait toujours la possibilité de les voir, en lui demandant de ne pas les laisser grandir sans le connaître. Il n’a pas connu son père, il sait ce que cela fait.

[Ettore_Asburgo_D'Argovia]

Le Cardinal Asburgo d'Argovia écouta avec la plus grande attention le récit, mais ne put dissimuler sa stupeur lorsque la dame révéla que son époux s’était remarié. Ses yeux s’écarquillèrent ; d’un geste mesuré, il saisit ses lunettes à pince-nez, les essuya soigneusement avec un linge, puis les remit en place. Enfin, il posa un sablier au centre de la table, comme pour rythmer le temps de la réflexion.

Pardonnez-moi… aurais-je mal compris? Vous dites que votre mari a contracté un nouveau mariage? Comment cela est-il possible ? Disposez-vous de documents attestant vos dires?



[HRP] Le mari dispose d’un délai allant jusqu’au 31 de ce mois pour comparaître devant cette Cour.
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+ Ettore Asburgo D'Argovia
Cardinale-Presbitero di San Barnaba a Ripa
Decano del Tribunale della Rota Romana
Ufficiale dell'Ordine pontificio di Nicola V

[Ellea]

Son récit terminé, Ellea suivit les gestes du Cardinal, son regard restant un instant fixé sur le sablier qu'il venait de déposer sur la table. A sa question, elle porta vivement sa main à son coeur.

-Oh!
Non, non, non!
Je vous prie de me pardonner Eminence si j'ai mal choisi mes mots, il n'a pas contracté un autre mariage.
Je ne veux surtout pas l'accuser de quelque chose qu'il n'a pas fait.

Elle marqua une petite pause pour chercher une meilleure formulation.

-Il a fait savoir qu'il souhaitait se remarier, comme s'il en avait le droit, comme si je n'étais plus son épouse.
La personne qui a parlé avec mes amis leur a dit qu'elle croyait qu'il courtisait une autre dame. Je ne sais pas qui est cette dame. Je suppose qu'elle ne sait pas qu'il est marié, et qu'elle ne sait pas non plus qu'il est père de deux enfants âgés de 8 mois.

[Gregor.]

Grégor se présenta dans la salle qu'on lui avait indiqué.
Convoqué ? D'où on le convoque, on l'astreint à se déplacer à Rome ? Qui peut l'obliger à faire cela ?
Visiblement, Rome ... Mais cela sera court. Cela le devra, il devait rentrer à Dole pour sa prise de pose prochaine au Parlement.

Bonjour Ellea-Rose.
Bonjour ... Éminence ? Nous ne nous connaissons pas. Je suis Grégor de Sparte von Dumb ... convoqué ici pour cette fâcheuse affaire. Je vous prierai de votre vite, je me dois de rentrer au plus tôt en Franche-Comté.

[Ettore_Asburgo_D'Argovia]

Bonjour, Messire de Sparte von Dumb. Le procès suivra son cours avec la diligence requise, sans prolongations superflues, et nous nous efforcerons de ne pas retenir Votre Seigneurie au-delà du nécessaire. Avant toute chose, je vous invite à prêter serment sur le Livre des Vertus, selon la formule suivante:

[Ellea]

L'arrivée de Grégor l'arracha à la contemplation du sablier dans laquelle elle était retombée. Il y avait quelque chose de fascinant à regarder ces grains s'écouler.

- Bonjour Grégor répondit-elle simplement.

Elle ne put s'empêcher de le regarder avec étonnement à l'évocation d'une fâcheuse affaire. Il n'y avait certes rien de joyeux dans la dissolution de leur mariage, mais c'était lui qui suivait un autre chemin. Elle n'avait fait que déposer la demande pour ne plus être liée à lui par le sacrement du mariage puisqu'il ne voulait plus d'elle dans sa vie.

[Gregor.]

Et en plus, on lui donnait des ordres ?
De mieux en mieux cette histoire ...
Mais plus vite plié, plus vite parti. L'homme d'église avait réussi ... Grégor était ronchon à présent, un trait bien connu d'Ellea et de toute la Franche-Comté. Et que Grégor était ronchon, la corde n'était jamais loin.
Mais bon, ça ferait peut-être mauvais genre en de telles circonstances. Encore que, ça se tentait peut-être...

Nous, Grégor de Sparte von Dumb, jurons solennellement sur le Livre des Vertus devant ce tribunal, devant le Dogme Sacré de l'Eglise Aristotélicienne, et devant le Très-Haut qui veille sur nous et nous juge, que tout ce que nous dirons est la vérité et rien que la vérité, sans aucun mensonge ou réticence, et que nous ne cacherons rien à ce tribunal pour qu'il fasse triompher la Sainte Vérité. Si nous contrevenons à ce serment, que notre âme soit éternellement damnée dans l'enfer lunaire.

Rien que cela...
Il risqua un regard à son bientôt ex-femme devant le Très-Haut. Il n'avait pas eu le temps de se préparer à ce procès, enfin ... il ne comprenait pas ce terme d'ailleurs. Pas en cette occasion.
Enfin, il n'avait jamais été trop au courant de ces choses, c'était Ellea qui avait les connaissances dans leur couples. Et puis, ne dit on pas que les voies du Très Haut sont impénétrables ?

Hâtons, Eminence ... Hâtons, je vous prie.

[Ettore_Asburgo_D'Argovia]

Monsieur, je vous remercie tout d'abord pour avoir prêté serment. À présent, je vous invite à vous exprimer au sujet du témoignage de votre épouse : avez-vous des observations, des rectifications ou des ajouts à formuler? Je vous prie donc de bien vouloir livrer votre propre témoignage. Je vous demanderais de raconter avec clarté et précision la manière dont vous avez rencontré votre épouse, et de partager, dans la mesure du possible, l'histoire de votre vie commune jusqu’à aujourd’hui.
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+ Ettore Asburgo D'Argovia
Cardinale-Presbitero di San Barnaba a Ripa
Decano del Tribunale della Rota Romana
Ufficiale dell'Ordine pontificio di Nicola V

[Gregor.]

Hum ? Hormis un bonjour ... Il n'avait entendu rien d'autre de sa bouche.

Parce qu'elle a déjà parlé ?
Mais Eminence, je suis arrivé alors que vous étiez tous les deux dans cette salle, a contempler un ... sablier. Donc je ne sais pas ce qu'elle a raconté mais je suis certain qu'il s'agit de la vérité. Ellea-Rose n'est pas une menteuse, jamais !