L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Raymond-Roger]

Troisième office du Mois de la Création, célébré par le diocèse de Narbonne

Le jour venait de poindre, s’extirpant à grand peine des brumes pesantes du Tibre. Dans Rome qui se ranime, le clergé narbonnais achevait de chanter laudes.

Dieu Créateur de toutes choses, nous Te remettons cette journée !
Guide-nous dans nos actes, nos pensées les plus intimes,
Toi qui sais tout, purifies-les afin qu'ils soient conformes à Ta volonté.
Toi le Très-Haut, qui a tout prévu, mais nous laisse libre de notre destin,
Inspire ceux qui s’écartent de Ta parole divine,
Pour qu’ils nous aident à préserver le monde.

Dernier instant de silence. Tous se lèvent et quittent le chœur ; chacun connaît son devoir. L’office se doit de s’offrir aux fidèles, de les transporter, de rapprocher leur cœur du Créateur, leur raison de la parole des Ecritures. Théâtre sacré, spectacle mystique, rien n’y doit être abandonné au hasard, tout doit s’exécuter avec naturel, imprégné de cette évidence de la liturgie, prévenu contre la tentation de l’habitude ; rituelle et unique, communautaire et intime, telle est une messe qui tinte juste.

Préalable nécessaire à la paix de la prière, la Basilique Saint-Titus de Rome bruissait de mille bruits, raisonnait de mille trottinements ; ici un diacre ajustant les ornements de l’autel, là un bedeau allumant un à un une constellation de cierges. Cette farandole, ballet frénétique, s’exécutait sous l’œil placide des gardes pontificaux, présence indispensable garantissant la quiétude de la cérémonie.

Dans la vaste sacristie, les officiants achevaient de revêtir les vêtements liturgiques. C’était un étourdissant carnaval de soies, dentelles, velours et broderies fines, rehauts d’or et d’argent, pourpre cardinalice, crosse et croix d’orfèvrerie. La grande nef était vide, éclatante d’éternité. Bref répit : les lourdes cloches se balancent paresseusement puis s’emballent, s’emportent en une folle danse, appelant par leur chant clair et jubilatoire, irrésistible, hypnotique, les fidèles à les rejoindre. Encore une seconde ; le flot est là.
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« Etudier sans réfléchir est vain, réfléchir sans étudier est dangereux. »

Vicaire général de la province ecclésiastique de Narbonne - Curé de Béziers
Espital del Narbonès

[Xellotath]

Xellotath, assidue de la messe, et malgré tout très discrète.
Elle entra dans l'église et ne vit que très peu de fidèles déjà arrivés pour célébrer cet office si particulier.

Sans mot, pour ne pas troubler le recueillement et la quiétude du lieu. Elle alla s'asseoir au deuxième rang de la travée de gauche. Puis elle attendit le début.

[Frère Guilhem]

[A l'Espital del Narbonès, dans les faubourgs]

Forme rouge, ondulante ; la peau tombe ; une palette de rosés, tendres ; de la douceur... un cri ! Les cloches réveillèrent en sursaut le jeune Guilhem. Il épongea de sa manche de bure son front étoilé de gouttes de sueur. Décidément, il se remettait de plus en plus mal des matines ; aussi, obliger les gens à se lever au beau milieu de la nuit, il en fallait de la foi pour endurer ça... Et ce rêve... obsédant... une jeune fille, sait pas qui... Oh, là, là... Penser à confesser ça au Fraire Ramond-Rogièr, un de ces quatre... y penser... Et ces cloches, vont pas se taire ? Les cloches... les cloches ? Aïe, aïe, aïe ! L'office à Saint-Titus !

*- Fraire, vous êtes sûr que vous ne voulez pas que je vous fasse lever au jour dit ?
- Non, non, Fraire Ramond, pas de souci, je serai à l'heure à la Basilique...*

La conversation échangée avec le vicaire général de Narbonne lui revint en mémoire : la catastrophe...

[Basilique pontificale Saint-Titus, plus tard...]

Ereinté, dégoûtant de sueur et de poussière, chausses boueuses, le jeune religieux gravit les marches du saint édifice. Au haut des marches la porte, derrière la porte la nef, dans la nef des sièges... peut-être même une place réservée à sa personne, qui sait... C'était compter sans le garde pontifical, fermement campé au sommet desdites marches et qui toisait d'un regard soupçonneux notre étourdit, dont la tournure tenait plus du vagabond dépenaillé que du moine...

- Holà, mon garçon, vous semblez bien pressé, perdu peut-être ?

- Non, non, merci... je suis attendu pour l'office...

- Ben voyons...

Un bon moment fut encore perdu à expliquer par A, plus B, moins Z, divisé par X qu'il était bien un clerc, pas un traine-savate, non, non... un mendiant, non ! non plus... Bref ! Tiré de ces péripéties saugrenues dont lui seul avait le secret, notre bon Guilhem put enfin franchir le seuil patiné de la demeure du Très-Haut. Quelle chance ! Il existait un bon Dieu pour les retardataires : en témoignait l'assemblée clairsemée. Il en profita pour gagner les premiers rangs. Tient, justement, là, au second rang, une bien sympathique demoiselle... Mine de rien, il se glissa près de celle qu'il ignorait être l'une des ouailles de son supérieur, le Père Raymond-Roger...
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Frère toulousain attaché au service de l'Espital del Narbonès
« Je sers l’Eglise et c’est ma joie ! »

[hispahan]

Il faisait encore nuit lorsque Hispahan avait quitté Béziers pour venir assister à la messe célébrée en ce jour. C'est transie et d'assez méchante humeur qu'elle pénétra dans l'église et se mêla à l'assemblée des fidèles.
Après s'être recueillie, elle jeta un coup d'oeil autour d'elle et vit très peu de visages connus, ce qui ne l'étonna guère... Elle attendit sagement le début de l'office.
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Survivre à ses blessures rend plus fort

[Rehael]

Alors que l'essentiel du clergé narbonnais avait gagné la sacristie et que le Père Raymond-Roger faisait sonner les cloches de la fabuleuse et non moins célèbre Basilique Saint Titus de Rome, Tibère, surnommé Rehael, fit ouvrir grand les portes de la cathédrale.

Après avoir supervisé l'entretien des cierges de la Basilique et vérifié que tout était prêt pour l'office, il regagna l'autel avant de se signer, puis de se tourner vers la foule assemblée.



Eminences,
Excellences,
chers frères,
chères soeurs,

Permettez moi de vous souhaiter la bienvenue en notre Basilique Saint Titus de Rome, qui sera dédiée en ce jour au troisième office du Mois de la Création.
Comme à l'acoutumée, cet office nous permettra d'apréhender notre dogme de manière ludique et pertinente, tout en présentant les travaux d'enluminure de notre frère MrGroar.

Mais sans plus attendre, je cède la parole au Diacre Mastre, de notre bonne paroisse de Narbonne.

Et le prélat de s'écarter pour laisser la place au premier intervenant.

[neocor]

Le très vieux Neocor est impressionné par la carrure monumentale du Cardinal, Son Eminence Rehael qu'il voit de près pour la première fois... "Mais comment fait-il pour se porter aussi bien à son âge" songe-t-il...!

[mastre]

Mastre, qui essayait tant bien que mal de cacher les effets que lui faisaient une telle cérémonie, commença la confession :

Mes frères, malgré la vie très aristotélicienne que nous nous efforçons de vivre, nul ignore que ne commettre aucun péché est un véritable exploit.

Ainsi, pour nous mettre dans les meilleures dispositions lorsque nous nous adresserons au Très-Haut, confessons tous ensemble nos fautes passées.



Amen !

Mastre recula, afin de laisser place à son parrain Etiled, qui doit s'occuper du Credo.
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Mastre, languedocien, fonctionnaire, et aristotélicien.

[pierroleon]

En sortant de la nonciature, Pierroléon en profita pour se rendre au troisième office du Mois de la Création.

Entrant dans l'édifice qu'il connaissait maintenant pour y avoir fait le sermon, Pierroléon salua le clergé narbonnais qui s'échauffait dans la sacristie et s'asseya pas trop loin pour ne rien rater du spectacle aristotélicien.

Il vit alors Frère Raymond-Roger et lui fit un clin d'oeil pour lui souhaiter bonne chance.


Il fut ravi de voir Messire Mastre en ce lieu .


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Monseigneur Pierroléon de Riddermark + RIP "Quand je vous disais que j'allais pas bien..."
Ancien Vice-Primat de France. Ancien Vice-Préfet à l'Enseignement. Ancien Archevêque métropolitain de Narbonne. Ancien Evêque de Nîmes.

[Kad]

Kad pénétra dans la basilique pour assister au troisième office du mois de la Création. C'était désormais à l'équipe diocésaine de Son Eminence Tibère, son ami de longue date, d'officier. Il reconnu quelques visages dans la foule et parmi les officiants.

Alors qu'il s'en allait rejoindre les premiers rangs, un visage l'interpella. Virage à droite, pieds qui défaillent sous la soutane, il se rattrape in extrémis et vient se placer derrière la fidèle Biterroise qu'il avait aperçue. Des souvenirs lointains lui revinrent en mémoire. Il lui semblait bien que c'était elle... Il voulu vérifier.

Un sourire au lèvres, il se pencha en avant et glissa à l'oreille de la femme :

Bonjour ma fille. La réserve de vin de la paroisse de Béziers est elle toujours soumise à rude épreuve ?

Le ton était des plus détendus. L'archevêque aimait à se souvenir de cette anecdote et de la pénitence qui s'en était suivie.
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[Etiled]

S'avançant face à l'assemblé dans sa robe blanche de cérémonie, Etiled s'éclaircit la voix, et dit en ces termes :

Prions, et proclamons à présent notre Foy par la récitation du Crédo :



Retournant alors à la place qui était la sienne, le curé glissa un discret clin d'œil à son filleul.
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Etiled, théologien et curé de Narbonne.



Res Aristoteleus Fidamen

[pouic]

Monseigneur Pouic assistait discrètement au démarrage de ce troisième office qui allait voir encore une fois la parole du Très-Haut mise en valeur par une équipe diocésaine qu'il connaissait bien pour la cotoyer au conseil de la province épiscopale de Narbonne !

Il récita donc à son tour le Credo :

Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'aprés avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Trés-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.

AMEN
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Curé de Montpellier - Ex-Archevêque métropolitain de Narbonne - Licencié es Théologie du séminaire de Narbonne- Etoile d'argent d'Aristote

[Raymond-Roger]

Les échos du Credo résonnaient encore que le chœur d’enfants, mené par le chantre pontifical, entonna un alleluia, cristallin, conférant à l’espace immense de la basilique toute sa profondeur. Puis, le silence ; cette respiration qui donne à la parole toute sa valeur. Sans empressement, le vicaire général s’avança au lutrin où avait été disposé le Livre des Vertus. Ses yeux se posèrent sur la page richement enluminée. Il semblait détaché, fluide, souple malgré ses pesants habits liturgiques de brocart, aux luxueuses broderies. La voix jaillit, précise, ferme, pénétrante.

Livre des Vertus, La Création, Partie V « La Réunion » :


Le silence reprit brusquement possession de la nef, seulement animée par le bruit feutré des pas du religieux languedocien sur les marches montant à la chaire. Il interpella l’assemblée des fidèles en ces termes :

Aristotelei, fratres mei ; Aristòtelians, los meus fraires ; Aristotéliciens, mes frères. En ce troisième dimanche du Mois de la Création, nous sommes ici réunis pour écouter ce précieux passage du Livre de la Création. Que retenons-nous de la lecture de ce chapitre ? Sans doute beaucoup d’incompréhension, terre fertile de l’ennui. En effet, à quoi bon s’étendre si longuement sur la description de cette réunion de toute la Création, alors que cela pourrait aisément être résumé en une phrase, deux tout au plus ? Persuadez-vous que pas un mot n’y est superflu. A trop appliquer notre attention aux seuls résultats, nous en venons à oublier la cause ; nous sommes comme un porcher menant ses porcs à la glandée, s’extasiant devant un chêne vénérable, révérant sa robustesse, louant l’abri qu’il lui procure quand l’averse le surprend sans s’apercevoir que ces l’un de ces fragiles glands qu’il foule aux pieds avec mépris et donne en pâture à ses verrats qui en fut l’origine.

Mes frères, ce porcher peu avisé n’est autre que nous-même : il a à ses pieds ce qu’il recherche dans les nues. Ce passage n’est point le récit de quelque antique fable, tout juste bonne à abreuver les enfants encore en nourrisse ; il est le récit de notre rapport quotidien à notre Créateur, ce chêne dont nous sommes le fruit, ce Père dont nous sommes les Enfants. Car nous sommes également à l’image de ces glands : de quoi peut bien leur servir de contempler la cime du chêne dont ils sont les fruits, s’ils ne songent à se nourrir de la terre où ils sont tombés pour croître et embellir à leur tour ?

Mais pour que le gland songe à se planter et à étendre ses racines dans le sol, à élever ses rameaux vers les cieux, à former et fortifier son tronc, encore faut-il qu’il entrevît que tel est le sens de son existence. Car, voyons, à y bien regarder, par quel prodige le gland pourrait-il concevoir qu’il est fils du chêne ? Tout les oppose : l’un est fragile, l’autre semble devoir durer éternellement ; l’un est la proie des bêtes, l’autre en est le maître ; l’un se lamente de son sort, l’autre abrite toute la Création sous sa ramure. Dès lors, quoi de plus naturel que le Père, sitôt alerté du chagrin de Ses Enfants, en conçoive un chagrin plus grand encore et mette tout en œuvre pour les consoler ?

Le vicaire suspendit un instant son discours, avant que d’assener :

Mes frères, aujourd’hui sont réunies en cette basilique toutes les nations de la Terre, comme furent réunies aux premiers temps du monde toutes les créatures de l’univers en un seul et même lieu : quelle meilleure preuve de l’infinie actualité de ces paroles en nos vies ? Créatures de Dieu, le chemin vers le plein accomplissement de Sa divine volonté est long et peut nous décourager, « mais aucune n’avait l’intention de rebrousser chemin ».

Son sermon achevé, le clerc biterrois descendit sobrement de la chaire, cédant la place à l’archevêque de Narbonne, Son Eminence le cardinal de Plantagenêt.
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« Etudier sans réfléchir est vain, réfléchir sans étudier est dangereux. »

Vicaire général de la province ecclésiastique de Narbonne - Curé de Béziers
Espital del Narbonès

[hispahan]

Hispahan suivait l'office avec recueillement et s’apprêtait à réciter le Credo avec l’assemblée des fidèles quand elle sentit une présence derrière elle et une voix lui chuchota à l’oreille :