L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Chevreux]

Il n'avait pas l'intention de ne pas laisser savoir sa façon de penser de bien des choses.

Les chaînes de certaines choses étaient trop souvent incompréhensibles et c'est d'un esprit désillusionné que l'aristotélicien qu'il était se présenta à ce lieu qu'on lui avait indiqué.

Un jugement avait été porté à son encontre. Des obligations lui avaient été imposées et bien que Rome avait largement l'habitude de faire traîner les choses, voilà qu'il avait eu un ultimatum. Comme quoi il est plus facile de dire aux autres quoi faire que de montrer l'exemple.

Il avait longtemps réfléchit à la réponse qu'il donnerait à la suite de cet ultimatum. Était-il prêt a subir la conséquence de ne pas se présenter ? La curiosité de voir jusqu'à où pouvait aller la désillusion était-elle plus forte ? L'absence de regret d'avoir fait ce qu'il avait fait pouvait-il justifier cette pénitence ?

Tant de questions qui avaient tous comme conséquence d'augmenter encore et encore plus ce sentiment d'avoir été trahi, d'avoir été abandonné par ce en quoi il avait tant cru... Non. Peu importait sa décision, cela ne changerait pas les choses. Rome était une institution à laquelle l'aristotélicien qu'il était ne croyait que de moins en moins.

Aussi bien aller voir jusqu'où l'Église était capable d'aller lorsqu'elle décidait d'imposer sa justice.


Arrivé dans le lieu qui lui avait été indiqué, il se présenta au premier serviteur qu'il croisa.

« Dominus Vobiscum. Pouvez-vous annoncer à qui de droit que Chevreux d'Entrelacs était arrivé. »

Il n'avait même pas usé de son titre, cela lui paraissant tellement inutile maintenant. L'homme qu'il était n'avait pas besoin de titre pour être qui il était.
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Nolite haud magni facere imbecilliorem vobis.
Ne sous-estimez pas plus faible que vous !

[Yrh Grialaltro]

Le grand brun fut prévenu de l’arrivée du Teuton, il se présenta donc à l’Aula Jarkov. Ils ne s’étaient jamais rencontrés, s’étant contentés d’échanges épistolaires. Cela avait d’ailleurs interpellé le chevalier, il faudrait certainement qu’il lui réponde de vive voix sur ce point, maintenant qu’ils avaient l’occasion de se voir. Sans doute son erreur d’avoir organisé les choses de cette manière là. Une erreur de débutant.


Yrh était le stéréotype du montagnard. Grand, larges épaules, de très bonne condition physique. Il aurait pu servir dans l’armée s’il ne s’était pas fait ordonner prêtre. Quoique… il avait toujours été étranger à l’environnement militaire. Il avait à son actif une maigre expérience dans les institutions ducales en tant que responsable du pôle sécurité et le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne lui avait pas réussi. Cela l’avait d’ailleurs conduit à suivre de loin le conflit entre la France et l’Empire.


Il ne s’était pas particulièrement porté volontaire pour l’affaire des plaintes de Namay de Salmo Salar, mais, par défaut, il était l’un des seuls à ne pas pouvoir être qualifié de « juge et partie ». L’enquête avait été laborieuse et la décision tout aussi difficile. Le verdict étant rendu, il fallait donc parler de la pénitence. L’objet de la rencontre du jour.


Le bonjour. Yrh Grialaltro, enchanté.


Lui non plus n’usait pas de ses titres en toutes circonstances. Tout simplement parce qu’il trouvait ça surfait. Il fit un sourire poli à son interlocuteur. Avant de l’emmener dans l’une des salles de travail, il voulait néanmoins éclaircir quelques points avec lui, relatifs à la tonalité de ses missives. Il l’invita donc à prendre place dans un des recoins de la grande salle, où étaient disposés des fauteuils et une petite table avec de quoi se rafraîchir.


Je suis content que vous ayez fait le déplacement jusqu’ici. Cependant, dans notre correspondance écrite, je n’ai abordé que la forme de vos demandes et non le fond. Y a t il quelque chose dont vous voudriez que nous discutions avant de nous mettre au travail ? Je veux dire par là… concernant le verdict et l’affaire de manière plus générale. Je vous sens quelque peu tourmenté par la manière dont tout cela s’est terminé.


Cela pourrait sembler être un doux euphémisme pour le Teuton. Mais bon… ils étaient aussi là pour discuter. Et Yrh aimait toujours éclaircir les zones d’ombre et lever les malentendus quand il pouvait percevoir qu’il y en avait.

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[Chevreux]

Après quelques instant d'attente, un homme se présenta à lui. Après qu'il se soit présenté, il apprit qu'il s'agissait de l'auteur de la dernière missive qu'il avait reçu.

« Dominus Vobiscum, Monseigneur Yrh Grialaltro.

Merci de votre accueil. Peut-être pourrions nous nous asseoir quelque part. Mon voyage de Dole à ici n'a pas été sans épuisement.

Vous savez, je n'en doute pas, que j'arrive directement de Dole où vous me savez aider le peuple comme je peux. »

Oui, là était toute l'idée à la base : son devoir envers le peuple avant lui-même. Il avait, depuis des années, prioriser aider le peuple avant ses propres affaires. Et voilà qu'encore une fois, on lui avait reproché des choses...

Alors qu'ils se dirigeaient dans le coin de la salle pour prendre place sur des fauteuil, il s'aperçu qu'il s'égaraient encore dans ses pensées obscures, il secoua la tête et écouta l'introduction de ce qui serait fort probablement une discussion lourde a supporter pour lui-même.

« Seulement abordé la forme, vous dite. ? Vous vous demandez s'il y a des choses dont j'aimerais aborder ?

Oui, il y en a peut-être plus que vous ne pouvez l'imaginer. Hélas, et je ne vous le cacherai pas et ne passerai pas par cinquante chemins pour le dire, mais ma foie et mon espoir envers notre Très Sainte Église s'assombrie de mois en mois dans mon âme.

Désolé d'être franc, mais j'y vois de plus en plus d'injustice, de bureaucratie, de recherche de pouvoir. Et ceux qui tentent de rester prêts du peuple, de les aider conter la folie des hommes, se retrouvent comme moi, accusés d'avoir agit plus vite que Rome. Voilà ce qui me dérange.

Donc oui, si je suis venu ici, c'est avec un esprit tourmenté, une désillusion de la gloire et de la justice de Rome. Et malheureusement, je sais que cela n'est pas "terminé" comme vous le dite. Cela c'était produit vers les années 1458, cela c'est produit l'an dernier et cela s'est reproduit cette année. J'ai donc la certitude que cela se produira encore et encore...

Voilà l'état de mon esprit et ce qui le tourmente.

Mais vous désiriez me voir, vous désirez me faire "subir ma pénitence". Alors soit, faites le... Puisque cela aura au moins pour effet de satisfaire quelqu'un, quelque part. Je n'en ai cure et cela ne soignera pas toutes les blessures que Rome a pu faire à mon âme. J'aurai au moins la satisfaction de savoir que quelqu'un, quelque part aura réussi a atteindre son but, alors que moi je continuerai a faire ce que tout aristotélicien devrait faire : aider le peuple, aider le simple citoyen, apporter son expertise là où elle peut être utile sans attendre que la bureaucratie prenne des décisions après d'éternelles discussions et réflexions.

Donc voilà, faite de moi ce qui vous plaira... »

Si avec ce discours les choses n'étaient pas claires... Il savait que de tels propos soulèveraient des conséquences. Mais il était épuisé de toute cette affaire et voulait y mettre fin. Alors il était décidé d'en subir les conséquences.



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[HRP:
Chevreux est un "Teutonique", pas un "Teuton".
Le nom "Teuton" désigne de manière caricaturale "les Allemands".
Or Chevreux n'est pas allemand, mais francophone, donc pas "Teuton" mais "Teutonique".
L'Ordre teutonique tiens son nom de "Teuton" car il a été créé par un "Teuton".
Mais l'association "allemande" de l'Ordre n'est pas systématique.
/HRP]
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[Yrh Grialaltro]

Le Prélat écouta avec attention le propos du Teutonique*. Il reconnaissait en grande partie le raisonnement qu’il avait formulé quelques mois plus tôt, au moment de l’enquête.


En soi, le fait d’avoir défendu Dole ne vous est nullement reproché. De mon point de vue c’était sans doute la meilleure chose à faire. Toutefois, vous êtes un militaire de l’église, ainsi, chacune de vos actions vous engage. Vous savez bien que les faits et gestes des milites sont toujours scrutés par les détracteurs de l’Eglise. Vous avez été pris en défaut comme faisant partie d’une armée temporelle, vous l’avez vous-même confirmé, et cela bien avant que le Cardinal-Connétable accorde une dérogation pour la défense des villes lors du conflit Franco-impérial. A ce moment-là, vous auriez pu défendre votre ville autrement, en groupe individuel ou via la milice… les règles canoniques peuvent vous sembler absurdes mais elles ne tombent pas de nulle part. En tant que Chevalier Teutonique vous prêtez serment à l’Eglise et votre appartenance à une armée sous une autre bannière peut entraîner un conflit d’allégeances. Vous êtes Noble, vous avez déjà fait un peu de politique… vous savez très bien de quoi je veux parler.


Il prit quelques instants pour réfléchir à la suite de son propos.


Preuve en est que nous avons pris en compte la situation exceptionnelle, votre pénitence est très faible et bien en deçà de ce que demandaient les plaignants. Cela aurait été une injustice de vous condamner sévèrement… et cela aurait tout autant été une injustice de ne rien dire, car l’infraction au Droit canonique était caractérisée.


Je ne prends aucun plaisir à vous faire subir quoi que ce soit… et j’espère pour vous qu’être en ma compagnie ce jour n’est nullement une souffrance. Je ne suis pas dans le secret des discussions à la Congrégation des Saintes-Armées et je ne veux pas m’immiscer dans ce qui ne me regarde plus. Si vous avez des déceptions, ne vous privez pas de les contacter directement. Je suis par ailleurs conscient que les fonctionnaires romains ne sont pas parfaits et que les délais peuvent parfois laisser à désirer. Toutefois, vous avez mis un grand temps à vous manifester auprès de nous… considérons-donc que nous sommes quittes sur ce registre.


Léger sourire en coin. Si son interlocuteur voulait ou craignait de le provoquer, il n’avait aucune idée de la grande patience du montagnard. Démêler les affaires complexes était devenu sa spécialité et il lui en fallait beaucoup pour qu’il hausse le ton. Le discours sur la défense du peuple versus la bureaucratie, il en avait soupé régulièrement. Chevreux ignorait sans doute qu’Yrh avait passé beaucoup de temps à plaider des peines légères là où une avocate quasi hystérique voyait les choses tout autrement. Enfin... le grand brun n'attendait aucune considération particulière, seulement que le Teutonique décrypte un peu mieux la décision de l'inquisition et n'ait pas une lecture décalée de cette dernière. Après quelques instants de réflexions et de longues secondes de silence, il crut bon d'ajouter...


Comme vous, je suis attaché à l'action de proximité et je ne peux que louer votre volonté d'aider votre prochain sur le terrain. Je pense qu'il est inutile, entre nous, de disserter sur la distance entre Rome et le peuple. Je passe plus de temps dans mon diocèse qu'ici. Encore une fois, j'aurais sans doute défendu la ville comme vous, si j'avais été dans la même situation, étant moi-même très attaché à mes paroisses. A la différence près que je ne l'aurais pas fait au sein d'une armée temporelle.


En outre, Yrh n'avait plus le droit de porter les armes, mais c'était encore autre chose.


Aviez-vous d’autres choses à me dire avant que nous rejoignons votre consoeur, Monseigneur Haeven, dans la salle de travail du dicastère ?



* HRP : haha, merci ^^ je me coucherai moins bête, pour le coup

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[Chevreux]

« L'heure de la souffrance est pour moi chose du passé.
Trop de blessure m'ont été faite au nom de l'Église qui, je le répète, n'a plus la gloire qu'elle avait a mes yeux.
La souffrance que ces blessures m'apportent est maintenant partie intégrante de ma personne.
Un mal quotidien dont on fini par faire abstraction sa présence.

Je ne vous tiens pas responsable de la situation, sachez le.

Ce qui est reprochable ici est qu'il semble y avoir double justice en certains faits. Voir un archevêque lever le fer se voir totalement lavé de cette affront envers son voeux clérical, et me vois affublé d'avoir outrepassé mon devoir de milite. Non, j'ai perdu confiance envers la justice de notre Église.

Une question que je me pose. Si j'avais mis sur pied l'Ost Parangon, mon armée qui a un contrat entre la Franche Comté et l'Ordre Teutonique, un devoir qui m'est dû d'aider au besoin, les choses en auraient-elles été autrement ?

Bref, peu importe ce qui me sera demandé, que cela soit fait.

Allons donc où vous voudrez, quand vous voudrez, voir qui vous voulez.
Que cela soit fait ! »
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[Yrh Grialaltro]

Bon. Là, franchement, il marquait un point. Pour des faits ayant eu lieu autour des mêmes jours, l'Archevêque n'avait eu aucun mal à avoir une dérogation en temps et en heure... et cela n'avait pas été le cas pour le Teutonique. Vu comme ça, c'était effectivement injuste.


Oui... Monseigneur de Besançon... ne parlons pas des choses qui fâchent...


Il n'en dirait pas plus, mais implicitement il voulait faire comprendre qu'il partageait son avis, même s'il ne pouvait pas le formuler comme tel. Le Prélat avait cependant été révoqué quelques mois plus tard, et Yrh se dit que son répit suite aux évènements de Dole n'avait été que de courte durée. Car ceux qui jouent avec les règles et en exploitent les limites le payent toujours à un moment ou un autre.


... il a, depuis, été remercié.


Bien, je vous invite à me suivre jusqu'au Salon Saint-Louis. Nous y serons plus au calme pour la suite de nos travaux.


Et d'associer le geste à la parole, il se leva et traversa l'Aula Jarkov en direction de leur lieu de travail.

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[Chevreux]

Chevreux écoutait la réponse silencieusement. Ses justifications ou ses propos ne serviraient pas a changer les choses et il était inutile d'étirer la discussion qui ne se voulait pas être dans une situation où les choses changeraient.

Lors qu'il fut invité a se rendre dans l'autre salle, il s'exécuta simplement.
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