L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Juste_Watelse]

Sa mère, ancienne nonne, lui avait souvent dit que la foi se manifestait par des biais parfois bien étonnants. Pour Juste-Parfait Watelse, elle lui était apparu un matin de printemps dans son jardin sous la forme d'une carotte.

Puis d'un navet.

Puis d'une citrouille.

Des topinambours portèrent la bonne parole, les courges se gorgèrent d'eau bénite tombée du ciel par une nuit d'orage, des haricots s'assemblèrent en chapelet appelant à la méditation.

Jeune homme malhabile à l'ouvrage de l'or dans l'enseigne de son père orfèvre, ses mains trouvèrent la grâce en traçant du bout du couteau l'auréole des saints dans ces légumes frais, l'ovale de nonnes en pleine prière dans leurs racines, la croix aristolicienne entre deux asticots.

Sa foi avait été tellement prolifique que le jeune artiste sculpteur de légumes avait rempli une pleine charrette de ses œuvres et avait chevauché à tout allure (ses oeuvres ayant une date de péremption) vers Rome.

Là dans les faubourgs de Rome où pullulaient pèlerins et hommes d'église, il espérait susciter la ferveur religieuse en étalant sous leurs yeux ses œuvres potagères.

Au-dessus de son étal ambulant en pleine rue, il installa une banderole où l'on pouvait lire : "Art'istote : art éphémère & foi comestible".

A un passant, il tenta de vendre l'une de ses créations :

Une carotte d'Aristote, Sieur? A disposer au choix en chemin de croix sur la table pour faire pénitence pendant la pitance ou à tenir bien en main lors d'une prière à un saint en particulier. Non?

Un client de perdu, dix dévots de retrouvés! Il interpela une dame grassouillette qui se signait à chaque courges qu'elle voyait :

Dame, un petit creux entre deux credos? Croquez donc un bout de rutabaga et rassasiez votre âme et votre corps d'une pierre deux coups!

Il empocha les quelques sous que la matrone lui tendit et à cet instant comme une bénédiction du ciel, les cloches d'une église tintinnabulèrent. Il eut alors une vision : celle d'un poireaux sur lequel valseraient trois cloches l'une en dessus de l'autre. Sortant de sa rêverie artistique, le brun se tourna vers un moine qui scrutait avec intérêt un navet.

Ah.. Vous avez l'oeil, mon Frère, c'est l'un de mes chefs d’œuvre. Le N'Ave Maria. En salade ou en potage, votre rot de digestion s'envole vers le firmament divin.

(Au plaisir d'écrire avec quiconque intéressé par mon navet littéraire )

[Melo03]

Il n'était pas rare de voir Melo vagabondait dans les rues quand le soleil pointait son nez. Ces derniers temps, bien évidemment, elle était plutôt enfermée dans une chambre obscure à veiller sur le Primat.
Malgré tout, Lorenzo lui avait rappelé ses obligations. L'AEF avait encore besoin d'aide, surtout en ses temps de changements.
Elle profita donc d'un aller-retour à l'AEF pour s'arrêter sur la place. Un rayon de soleil faisait du bien et elle avait grand besoin d'un peu de vitamines.

Une étale attira son regard et ses pieds l'y conduisirent aussitôt. Que c'était étrange... Etait-ce ? Oui, des visages ! et ici ? Une croix Aristotélicienne !

Melo ne l'eut pas cru si on l'avait prévenu mais ses lèvres s'étirèrent en un sourire. Ses yeux épuisés se levèrent vers le marchand.

Ma Foy Aristotélicienne : c'est original vos légumes ! Au vu de l'état de fatigue, c'était le ton le plus enthousiaste que notre rouquine pouvait prendre.

Je vais vous prendre celui-ci, montra un chapelet d'haricot qu'elle prévoyait d'offrir à Cnedra.

et pour la guérison du Primat, avez-vous St Grégoire ?

Sa gorge se serra à la mention du Primat, elle n'avait soudainement plus qu'une envie : repartir.
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[Juste_Watelse]

Les passants se succédaient devant son étal et les Aris'carottes surtout rencontraient un vif succès. Le jeune artiste commençait à sculpter une courge entre deux client,s esquissant de la pointe de son couteau les reliefs de l'église qui se dressait non loin. Il en était à affiner la pulpe du toit en pointe lorsque une jeune femme de belle allure, mais au regard lourd de sommeil s'approcha et s'enquit de quelques légumes célestes. Le rose aux joues de gêne face aux gentilles paroles de la personne, il répondit courtoisement :

Damoiselle, votre enthousiasme pour mes créations me ravit, elles résultent de gestes dictés par Christos et d'images insufflées par Aristote. Je leur dois tout.

Se disant, les doigts habiles s'emparèrent d'un chapelet de haricots et les emballa avec soin dans un tissu, puis l'inséra précieusement dans une boite au bois sculptée de petites croix. Juste-Parfait tenait de son père pour le soucis des détails et pour le soin apporté aux petits plus qui faisaient mouche auprès des clients. Ne quittant pas de l'oreille sa cliente, il opina du chef quant à St-Grégoire.

Damoiselle, j'ai une création de taille humble mais le tout-puissant lui a donné un piquant qui réveillera St-Grégoire dans les cieux. Le voici, sculpté sur un radis noir. L'esprit entame un chant grégorien entre chaque gorgée d'une infusion de notre cher saint. Si je peux me permettre, de quoi souffre le Primat?

[Melo03]

Hmm...

Se fut tout ce qu'elle répondit quand il parla d'Aristote et de Christos. Que pouvait-elle répondre d'autre de toute manière ?

La boîte, dans laquelle il enveloppa les haricots, était ravissante. Melo apprécia davantage le jeune homme. Un artiste au bon goût, cela faisait plaisir.
Il hocha la tête. A sa réponse, elle haussa les épaules.

Oh, je ne cherche pas des chants, juste... Je ne sais pas quoi en réalité. Nous nous sommes fait attaquer par des brigands sur la route... Il a dû mal à rouvrir les yeux...

Oui, elle minimisait. Oui, elle positivait. Cependant, l'on se doutait à ses traits tirés que l'histoire était bien plus tragique qu'une simple difficulté à battre des cils.
Melo réfléchit quelques secondes.

Je vais prendre le radis noir. Après tout, l'on dit bien que la musique peut réchauffer les cœurs...
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[Juste_Watelse]

L'artiste s'émut de l'apparente détresse de la damoiselle. Il prit autant de soin du radis noir que possible et le calfeutra dans une seconde boite cette fois sculptée de petits calices. La damoiselle avait de toute évidence accumulé les nuits blanches. Si elle n'y prenait pas garde, sa propre santé déclinerait, fragilisée par l'angoisse.

Brisant le silence qui s'installait, il lui montra un potimarron de la taille d'une main ouverte où s'incrustait parfaitement les formes d'une sainte à la poitrine opulente.

Voyez ... Sainte Brigitte Bobot. Elle est davantage priée sur les bords de la Méditerranée, souvent associée à un autre saint homme, Saint-Tropez, mais elle est celle à invoquer pour retrouver le moral, l'énergie et le teint vif comme après une journée passée au soleil. Il parait même que, comme par miracle, elle aurait réussi à faire danser le Sans-Nom en plein jour! Pour vous, tenez, c'est un cadeau pour vos premiers achats.

Un peu hésitant, il reprit :

Je n'imagine même pas votre frayeur lors de l'attaque. S'en prendre à un homme de Dieu et sa compagne de route... A t'on retrouvé les marauds?

[Melo03]

Sainte Brigitte Bobot ? Melo ne la connaissait pas. Voilà qu'elle allait devoir se replonger dans le Livre des Vertus pour en savoir plus sur elle et sur St Tropez.
Elle prit la "statuette" et le remercia.

Ce fut affreux oui... Elle ne souhaitait visiblement pas en parler. Le contre choc ou l'envie de partir... Melo n'aurait su le dire.

Je vous remercie. Combien vous dois-je ?

Elle sortit sa bourse.
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[Juste_Watelse]

Vraisemblablement, la cliente ne souhaitait pas s'éterniser en bavardage, et Juste-Parfait Watelse respectait son souhait. Il lui tendit ses achats et lui demanda huit écus, et se faisant il nota que le voile de tristesse sur son visage serait divin, sculpté sur la blancheur d'un panais. Il se promit de mettre sur l'étalage cette création dès le lendemain.

Voilà, dame. Auriez-vous besoin que je porte vos achats jusqu'à votre habitat? Ce ne serait pas grand dérangement.

Il lui offrait gentiment son aide mais doutait qu'elle acceptât. Après tout, elle ne le connaissait pas et marcher côte à côte dans les rues sans être mariés attirerait les foudres de bien des Romains.

[Lorenzo_cosini]

Lorenzo di Cosini passa par hasard dans une des nombreuses rues bruyantes de la capitale du monde aperçut un stand de...agrumes? fort inhabituel. Il s'approcha et inspecta ce qui semblait être un mélange entre sculpture et légumes fort peu orthodoxe. Comme quoi, il faut de tout pour faire un monde...

[Melo03]

Melo allait lui répondre poliment que non merci pour l'aide, quand Lorenzo arriva. Elle sourit en voyant sa perplexité. Un coup de menton vers lui, elle informa le vendeur.

Cet homme va prendre mes... sculptures. N'est-ce pas, Monseigneur ?

Hop elle vida sa bourse sur une planche pour payer.
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