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[F]Le Livre des Vertus - Les Princes-démons -

 
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Kalixtus
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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 7:13 pm    Sujet du message: [F]Le Livre des Vertus - Les Princes-démons - Répondre en citant

Citation:




    Le Livre des Vertus

      Livre 1. Le mythe Aristotélicien

        Les Princes-démons

      • Asmodée (prince-démon de la luxure, opposé à Raphaëlle, archange de la conviction)
      • Azazel (prince-démon de la gourmandise, opposé à Galadrielle, archange de la conservation)
      • Belial (prince-démon de l’orgueil, opposé à Miguaël, archange du don de soi)
      • Belzébuth (prince-démon de l’avarice, opposé à Georges, archange de l’amitié)
      • Léviathan (prince-démon de la colère, opposé à Gabriel, archange de la tempérance)
      • Lucifer (prince-démon de l’acédie, opposé à Sylphaël, archange du plaisair)
      • Satan (prince-démon de l’envie, opposé à Michel, archange de la justice)



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Dernière édition par Kalixtus le Sam Sep 23, 2023 5:20 am; édité 2 fois
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Kalixtus
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MessagePosté le: Sam Sep 23, 2023 4:58 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Démonographie d'Asmodée, prince de la luxure


    Un enfant précoce

    Il y a de cela bien longtemps naquit à Samarra, petit village de cultivateurs non loin d’Oanylone, un enfant que ses géniteurs nommèrent Asmodée. Il était vigoureux et plein de vie. Ses yeux étaient d’un noir profond et ensorcelant. Son visage était magnifique à tel point qu’on eut pu le prendre pour un ange. Mais grande fut la surprise de ses parents lorsqu’ils constatèrent sur son corps une étrange malformation. Comme ils n’avaient pas inventé l’eau chaude et que la chose semblait hors du commun, ils décidèrent d’aller voir le vieux Gédéon, rebouteux de son état et vivant retiré à l’écart des Hommes.

    Ce dernier était un vieux bougre ratatiné par les ans et qui avait gardé sa foi en Dieu intacte. Il prit le petit des bras de sa mère, le posa sur une table et défit lentement les langes afin de l’examiner. Grande fut alors sa stupeur. Le nourrisson n’avait pas un sexe mais deux ! Il était à la fois féminin et masculin. Il se tourna alors vers les parents.

      « Vous avez mis au monde un être hors du commun. Cela dépasse mes compétences. Je ne sais si c’est un message qui vous est envoyé par le Très Haut ou si … »


    Il n’avait pu finir sa phrase. Il rhabilla prestement le nouveau-né et le rendit au couple qui attendait une réponse à leur angoisse.

      « Vous ne devez plus revenir ici avec cet enfant. Je vous conseille de vous tourner vers Dieu et de prier encore et encore. Quand à … lui, aimez-le du mieux que vous pourrez et détournez-le du Mal ».


    C’est dans la crainte et l’inquiétude que la petite famille rentra chez elle. C’est dans cette atmosphère que l’enfant grandit.

    Dès qu’il put marcher, les ennuis commencèrent pour le père et la mère.
    Asmodée aimait tout particulièrement observer les animaux de la basse-cour. Il était émerveillé chaque jour davantage de les voir se déplacer, manger, émettre les sons les plus curieux. Mais il était par-dessus tout fasciné de les voir s’accoupler. Cela le mettait chaque fois dans le plus grand des émois. Il poussait des petits cris qui semblaient accompagner les bêtes dans leur reproduction. Il battait des mains à chaque manifestation virile du bouc ou du taureau. Son père avait beau le gronder, le menacer, le frapper, rien n’y faisait.

    A cinq ans, il tenta certaines « expériences » sur les animaux. Il connaissait désormais fort bien les mœurs des espèces qui vivaient autour de lui. Il décida alors de modifier l’ordre naturel des choses, plaçant le chien sur la truie ou le chat sur le canard. Il s’ensuivit de cruelles blessures qui n’entamèrent pas pour autant ses ardeurs.

    La Révélation

    A l’âge de dix ans, alors qu’il participait aux moissons du mois de juillet, se produisit un événement qui bouleversa sa vie. C’était la fin de la journée ; les paysans étaient presque tous rentrés chez eux. Il était seul dans un champ au milieu des tas de chaumes savamment dressés de loin en loin. Il observait un couple de scarabées en train de monter l’un sur l’autre. Soudain, son attention fut détournée par des bruits rauques qui semblaient venir d’une meule. Attiré par ces sons inhabituels, il décida de s’approcher le plus discrètement possible. Et là, il découvrit ce qu’il n’avait jamais vu avant : un homme et une femme, entièrement nus, les corps enlacés débordant de sensualité et adoptant les postures animales qui lui étaient si familières. Il ne se montra pas mais observa le plus longtemps qu’il put, sentant dans les bas-fonds de son corps des émotions insolites.

    De retour chez lui, il ne ferma pas l’œil de la nuit, son esprit étant totalement rongé par ce qu’il venait de voir.

    Le lendemain matin fut pour lui comme une seconde naissance. Il regardait désormais les filles et les garçons de son âge d’une toute autre façon. Sa constitution génitale faisait qu’il se sentait attiré autant par un sexe que par l’autre. Il aborda tous les garçons et toutes les filles de son village, les beaux et les belles, les petits et les grandes, les maigres et les grosses.

    Sa méthode était pour le moins peu orthodoxe. L’approche était souvent brutale, s’apparentant à un violent plaquage de soule, qui se terminait en roulé-boulé dans un fossé ou un ruisseau. Le ou la partenaire se débattait, hurlait, griffait, mordait, cognait puis finissait par s’arracher à l’étreinte non sans avoir perdu une partie de ses braies ou de sa robe.
    Le scénario se reproduisit toute une semaine durant. A la fin, de nombreux habitants du village, excédés par cette conduite intolérable, prirent d’assaut la ferme familiale et manquèrent de peu le petit Asmodée terrorisé qui s’enfuit sans demander son reste.

    Arrivée à Oanylone

    Oanylone était à cette époque la plus grande ville que portait la terre. Elle abritait en son sein sans doute plus d’un million de personnes. Mais l’acédie avait gagné les cœurs et corrompu les âmes. La majorité des habitants s’était détournée de Dieu. C’est dans ce contexte qu’arriva le petit Asmodée, encore tout retourné de ce qu’il venait de vivre.

    Il erra des jours et des jours dans les rues, vivant de rapines et de mendicité. Il dormait la nuit à même le sol, au milieu de ce que la ville abritait de plus vil et abject. Sale comme un pou, crotté comme une bique, ses pas le menèrent par hasard dans un quartier de la ville bien différent des autres. Des femmes de petites vertus vendaient leur charme à des hommes de passage. Certaines étaient encore jeune et fraîche, d’autres usée et flétrie par le « labeur ». Il remarqua l’une d’entre elles, rousse, plus forte que la moyenne et à la poitrine généreuse. Il s’approcha et tendit la main comme pour attraper un fruit défendu. Celui-ci l’était bien puisqu’une magistrale tape de la main vint lui rappeler son âge et sa situation.

    La femme se mit à déblatérer des mots sur un ton sec et rapide.

    « Dis donc l’morpion, tu t’crois tout permis ? Et d’où qui vient c’morveux ? Couvert de crasse comm’ça j’te donne une semaine avant d’crever le nez dans l’ruisseau ».

    Elle partit d’un rire gras et sonore, les deux mains posées sur ses hanches, prenant à témoin les femmes autour d’elle ainsi que les passants. Elle se baissa un peu pour le regarder de plus près, prenant son menton entre les mains.

      « Et mais, c’est qu’sous ta noirceur t’es plutôt sacrément mignon. Si t’étais un poil plus vieux on t’donnerait le bon D… »


    Elle ne put achever sa phrase. Tel un serpent sur sa proie, Asmodée venait de poser ses lèvres sur les siennes, faisant reculer de surprise la femme qui repartit d’un rire encore plus grossier que le premier.

      « Décidément tu m’plais ! Viens donc avec moi à l’intérieur, j’ai envie de t’montrer deux ou trois choses, histoire de t’apprendre la vie ».


    La pièce dans laquelle ils pénétrèrent était sombre car sans fenêtres. Des torches éclairaient faiblement l’intérieur qui était composé de quatre couches disposées aux quatre angles. Ce qui servait de lit était fait d’un matelas sommaire rempli de paille et les ébats pouvaient être cachés des yeux des visiteurs par un tissu qui était tendu tout autour. Sur les murs, Asmodée n’en croyait pas ses yeux. Des scènes érotiques montraient des hommes et des femmes nus, dans des positions parfois acrobatiques, souvent surréalistes. Ainsi donc se disait-il, il avait bien des choses à apprendre.

    La forte femme le happa littéralement sur sa couche. Elle se déshabilla lentement devant lui, faisant apparaître des formes abondantes et des bourrelets disgracieux. Puis elle entreprit d’en faire autant de l’enfant. Un cri retentit alors. Elle n’avait pu retenir sa surprise devant l’anomalie sexuelle dont était pourvu Asmodée.

      « Met avis que t’a un bel avenir tout tracé, toi ! »


    Et ce jour-là, il fut déniaisé.

    La ville sombre dans la turpitude.

    Il vécut de nombreuses années aux côtés de la femme, devenant son amant, partageant son lit et ses clients. Il se montrait particulièrement redoutable et actif, multipliant les actes comme si sa vie en dépendait.
    Avec l’âge, son corps se développa et se forma. Une ferme poitrine vint agrémenter son buste. Il prit l’habitude de laisser pousser ses beaux cheveux noirs mais aussi de garder des vêtements d’homme. Il était devenu le centre d’intérêt de tout ce que la ville pouvait compter de débauchés.

    Sa renommée était telle qu’il fut un jour introduit à la cour du roi d’Oanylone. Cet homme était tout ce qu’il y avait de mauvais. Un vrai concentré de rapacité, d’avarice et de malhonnêteté. Il vivait entouré d’une foultitude de femmes et de courtisans. Les orgies succédaient aux orgies, les fêtes aux beuveries. Dieu avait abandonné ces lieux. Il avait entendu parler de ce jeune homme mystérieux, capable de procurer des plaisirs inédits. Il l’avait fait mander.

    Asmodée se présenta à la cour un jour que la fête battait son plein. Les tables comme les chaises étaient renversées, les corps étaient étendus à même le sol. La plupart étaient nus, enlacés, enserrés et comme enchaînés par le plaisir. Des esclaves, nus eux aussi, tentaient d’enjamber tant bien que mal les hommes et les femmes qui s’étreignaient dans des positions obscènes. Ils apportaient sur des plateaux d’ivoire tout ce qui était nécessaire aux plaisirs orgiaques.
    Lorsque le roi le vit pénétrer dans la salle, il repoussa tant bien que mal la demi-douzaine d’êtres avinés qui étaient entassée à ses côtés, il se releva et le fixa droit dans les yeux. Tout autour de lui, les hommes et les femmes participant à cette bacchanale, les uns après les autres, arrêtèrent leur besogne et portèrent leur regard sur le nouvel arrivant. Le silence fut alors complet.

    Asmodée s’avança. Il portait une robe de bure blanche qui contrastait avec son regard d’un noir profond et la couleur sombre de ses cheveux. Lentement il dénuda ses épaules puis fit tomber le vêtement au sol sans aucune pudeur, faisant découvrir à tous sa déconcertante anatomie. Il traversa la pièce. Les gens s’écartaient à son passage. Il alla à la rencontre du roi qui ne disait mot et il se jeta sur lui bestialement. Les gens poussèrent un cri sauvage et la partie reprit de plus belle, comme si tous se sentaient libérés à présent.

    Asmodée devint l’amant ou la maîtresse du roi, selon le point de vue que l’on choisit. Il catalysa les énergies sexuelles de la cour qui désormais ne connaissaient plus de limite. Plus grave encore, cet exemple venu d’en haut se répandit dans les couches supérieures de la société dans un premier temps puis toucha le reste des habitants de la ville.
    Dans les maisons, dans les rues, ou les caniveaux, dans les champs ou les granges, tout n’était que stupre et luxure. La turpitude et le vice avaient remplacé la vertu et la foi. Car les Hommes désormais avaient oublié Dieu, réservant leur âme aux seuls plaisirs.

    La chute

    Il était un être qui jouissait sans doute plus encore que les autres à constater la déchéance de la cité. Dieu ne lui avait pas donné de nom et il se délectait de voir à quel point l’œuvre du divin était avilie.

    C’est alors que le ciel se remplit de nuages noirs et menaçants et qu’un vent violent se mit à souffler. Le Très Haut s’adressa aux habitants de la ville.

      «Alors que je vous ai donné mon amour, vous vous en êtes détournés, préférant écouter les paroles de la créature à laquelle je n’ai pas donné de nom. Vous avez préféré vous abandonner aux plaisirs matériels plutôt que de me rendre grâce. »
      Il ajouta: « J’ai créé pour vous un lieu appelé Enfer, que j’ai disposé dans la lune, où les pires d’entre vous connaîtront une éternité de tourments pour les punir de leurs péchés. Dans sept jours, votre cité sera engloutie dans les flammes. Et ceux qui y seront restés passeront l’éternité en Enfer. Cependant, Je suis magnanime, et ceux d’entre vous qui sauront faire pénitence passeront l’éternité dans le soleil, où se trouve le Paradis.»


    A ces mots terribles, tous les hommes et toutes les femmes se regardèrent et n’osèrent bouger. Tous étaient désormais dans la crainte de leur destin. Un grand nombre décida de fuir la ville désormais maudite.
    Mais la Créature Sans Nom, personnification du mal et aussi rusée que sournoise, décida d’agir. Elle choisit parmi ceux qui restaient sept hommes qui étaient chacun dans son genre un concentré de noirceur de l’humanité. Asmodée fut de ceux-là. Il se laissa convaincre par celui qu’on ne nomme pas que Dieu n’oserait jamais passer à l’acte et que sa décision n’était marquée que du sceau de la jalousie. Par l’emprise qu’il avait sur le roi, il parvint à son tour à persuader ce dernier, mais aussi la cour et une grande partie des habitants de reprendre la voie du plaisir et de la licence.

    Quelques justes nonobstant se rassemblèrent autour d’une femme du nom de Raphaëlle qui était habitée de l’esprit de Dieu. Elle faisait partie d’un groupe de sept qui avait ouvert les yeux devant le discours du divin et qui était désormais habités de l’amour de Dieu.

    Elle parcourait la ville en tous sens, prêchant le repentir et s’opposant directement à Asmodée. Elle était ardemment convaincue de détenir la vérité et beaucoup la suivirent et sauvèrent ainsi leur âme. Mais la majorité des Hommes préféra retourner à ses vices.

    Sept jours plus tard, un tremblement de terre d’une puissance inouïe frappa la ville. Le sol se fractura. De larges ouvertures apparurent d’où jaillirent des flammes. En quelques instants, Oanylone disparut dans les profondeurs du sol. Dieu venait de frapper de sa colère la cité impie.
    Tous les morts se présentèrent alors devant le Très Haut afin que ce dernier les juge. Raphaëlle et les six autres humains devinrent archanges auprès du Très Haut, tandis que celles et ceux qui les avaient suivis se transformèrent en anges.

    Asmodée et les six autres hommes qui avaient choisi le Sans Nom furent envoyés à grands coups de balai sur la lune. Ils les plaça là dans un lieu froid, sans vie et dans les brumes permanentes. Les corps de chacun se transformèrent pour prendre un aspect à la fois hideux et terrifiant. Asmodée reçut une tête abominable de serpent à la langue démesurée, il fut pourvu de quatre paires de seins et d’un phallus d’une longueur éléphantesque. Il devait le porter en permanence sur son épaule afin de ne pas y marcher dessus. Ses instincts lubriques avaient été décuplés et il tourmentait nuit et jour les malheureux qui s’étaient perdus en enfer, tout comme il agaçait continuellement ses frères démons en les poursuivant de ses ardeurs.

    Ainsi fut-il condamné à vivre perpétuellement dans les plaines de l’enfer.

    Pour mémoire, certains ont retenu quelques paroles d’Asmodée, prononcées de son vivant :

    Citation:
    - De toutes les aberrations sexuelles, la pire est la chasteté.
    - Une femme épanouie sexuellement est beaucoup plus ouverte.
    - Il faut apprendre aux gens à se servir de leur sexe comme de la cuillère et de la fourchette.
    - En matière d'amour sexuel, l'appétit vient en changeant.


    Traduit du syriaque par Tibère d’Arcis

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MessagePosté le: Sam Sep 23, 2023 4:59 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Démonographie d’Azazel

    Sa venue au monde, déjà une rupture…


    Azazel vint au monde à Oanylone qui était devenue, depuis fort longtemps, une cité prospère. Ses habitants commençaient à vivre richement et, sans pour autant se détourner complètement encore du Très Haut, les prémices de sa chute apparaissaient inéluctablement. Ses parents, âgés d’une quarantaine d’années, décidèrent d’avoir un enfant comme on décide de s’acheter un objet. Sans enfants pendant presque 22 ans, sur un coup de tête, les deux époux, Céline et René allèrent à l’encontre d’une femme enceinte et lui proposèrent d’adopter son jeune enfant lui faisant miroiter qu’il serait bien mieux dans leur environnement. La jeune femme dont le père avait fui avec une belle séductrice finit par céder et accepter à la demande du couple. Ainsi, Azazel, né pauvre, alla vivre dans le luxe et l’opulence entouré de parents exigeants mais non aimants d’un véritable amour parental.

    Azazel fut vite livré à lui-même. Aucun interdit… si ce n’est de ne pas déranger ses parents. En échange ? L’accès à tout, le oui à tout. L’enfant roi ne bénéficiait d’aucunes limites. D’une nature chétive à sa naissance, Azazel était devenu méconnaissable. Il était désormais reconnu par son embonpoint précoce qui lui avait valu le surnom de glouton. Sa taille imposait la crainte auprès de ses compagnons. Ses rondeurs de partout, son gras et ses doigts bouffis surprenait tous ceux qui le côtoyaient. Sa peau ruisselait de graisse à chaque rayon de soleil ou effort provoquant la nausée à ceux qui voulaient lui serrer la main. Son sourire et son regard mettait mal à l’aise quiconque l’approchait tant ils dégageaient inimitié et dédain.


    Difficile dans cette situation d’être entouré d’amis. Bien au contraire, Azazel cultivait sa solitude et son impolitesse. Le regard d’autrui le laissait indifférent. Il en rajoutait même. Et quand il en décidait autrement, alors il ne fallait pas être sur son passage. Plus Azazel grandissait, plus sa force décuplait au fur et à mesure des années. Adolescent, il possédait déjà une force herculéenne. Par contre le peu de temps passé à s’instruire le rendit stupide et lourd.

    L’acédie régnait en maître au sein de la maisonnée. Les conséquences furent désastreuses pour Azazel. Il n’entendit parler du Très Haut et d’Oane que fort tardivement. Si bien qu’il ne comprenait pas pourquoi le Très Haut avait créée le monde et installé l’Homme comme son espèce favorite. Il s’évertuait à affirmer à qui voulait l’entendre, que le Très Haut avait été injuste vis-à-vis de ses brebis. Il ne pouvait, à ses yeux, que représenter perversion, moquerie et sadisme tant les tentations pouvaient être nombreuses.



    L’outrage et le renoncement à la foi et aux principes de vertu.


    Un jour où Azazel vaquait à ses occupations principales, manger et boire attablée sur la terrasse d’une échoppe, il fit la rencontre d’un serviteur d’Oane. Ce dernier fut stupéfait de voir un tel énergumène agir de la sorte.

    Citation:
    Le serviteur d’Oane : "Mon jeune ami, puis –je me joindre à ta table ?"

    Azazel : "Faîtes cher ami et servez-vous"

    Le serviteur d’Oane : « Merci. Mais je viens de déjeuner et cela me suffit. »

    Azazel : "Et votre plaisir ? Prenez et savourez. Ce sont de délicieux mets."

    Le serviteur d’Oane : « N’avez-vous pas envie de vous repentir, mon enfant, de la faiblesse dont vous faites preuve ? Sachez que la gourmandise brisera les liens qui unissent les hommes et les femmes.»

    Azazel : "Me repentir ? Quelle affaire pour si peu de choses. "Regardez autour de vous, tout le monde vaque à ses occupations sans se soucier d’autrui, et vous, vous vous permettez de porter un jugement sur mon appétit. Quelle perte de temps ? »

    Le serviteur d’Oane: "Il n’y a pas de perte de temps ici. De votre modération dépend votre avenir au royaume du Très Haut."

    Azazel : "Vous avez l’air d’oublier quelque chose Mon Serviteur. Le royaume du Très Haut fait de tempérance, de modération et bien, je n’en veux pas. Dès que je me lève, je veux pouvoir manger comme je l’entends. A longueur de journée, je désire me vautrer dans la nourriture en quantité et ce, à tel point qu’une fois rassasié il me reste encore de la place pour le plaisir de manger. Le désir, la joie que cela me procure me suffit amplement. »

    Le serviteur d’Oane: "Mais,…"

    Azazel :Il suffit. Vous m’ennuyez et je ne souhaite plus gâcher mon plaisir pour écouter vos fadaises.

    Le serviteur d’Oane: "La miséricorde et la patience du Très Haut a ses limites que vous venez de franchir. Je devine en vous un avenir des plus sombre et torturé.

    Azazel :Et bien qu’il en soit ainsi. Ce monde et ces principes auxquels j’aspire me comble. Et croyez moi il en comblera plus d’un. Votre Très Haut ne saurait être des plus circonspect face à une telle chose. Mais au fait, quand vous le rencontrerez dites lui bien que ma table lui est réservée….


    Et le fidèle, outré, s’en alla rejoindre ses frères. Parmi ces frères se trouvaient un certain Georges et une jeune fille Galadrielle…. « Je vous le dis mes amis…. Oanylone vit ces derniers moments. Le Très Haut ne pourra laisser ces êtres agirent de la sorte plus longtemps. Il ne peut en être ainsi. C’est inconcevable. Le glouton que je viens de voir m’a a jamais convaincu de cette idée, si j’eu encore quelques doutes ».


    Le serviteur de la Bête sans nom.


    A la mort de ses parents, Azazel hérita d’une fortune considérable. Il n’en fallut guère plus à ce jeune homme pour mener une vie de débauche et de corruption. Les fêtes qu’il organisait étaient somptueuses et tous les jeunes bourgeois de la cité étaient présents. Il y en avait pour tous les vices et toutes les débauches On assistait là à de vraies orgies et plus le temps passait, plus elles se prolongeaient dans la nuit et les jours qui suivaient.
    La nourriture et le vin se présentaient en abondance, les hommes et les femmes assouvissaient leur plus viles envies. Toute personne essayant d’agir avec pudeur, abstinence et pondération tombait dans la vindicte populaire. Elle subissait le courroux de ces êtres à chaque instant de leur vie. Ce harcèlement faisait rompre les plus faibles. Seuls quelques fidèles résistaient.
    Cette jeunesse adulant Azazel répugnait à se cultiver et s’instruire si bien que les universités se vidaient de plus en plus.
    Le travail synonyme d’asservissement était honni et n'inspirait que honte à celui qui continuait à vivre dans la vertu. A la moindre envie, Azazel et ses disciples se servaient ou devrait-on dire volait tout sur leur passage.
    Au fur et à mesure les instigateurs du mal faisaient un travail de sape et c’est tout logiquement qu’ils s’unirent pour installer un climat de péchés.



    Le combat et la déchéance


    Le Très Haut lança sa colère contre la cité et les serviteurs du Mal. La bataille dura sept jours. Le combat fut rude et au début inégal. Mais surestimant leur force, les maléfiques perdirent tout d’abord quelques batailles puis enfin la bataille.
    Azazel, lui, dans ce combat fit honneur à sa force titanesque. Chaque coup asséné portait à mal les serviteurs de l’omnipotent. Sa fureur et sa colère n’avait d’égal sa valeur au combat et sa haine vis-à-vis de ces pieux « chevaliers » du bien.
    La lutte aurait été favorable à Azazel si ses hommes, emplis de peur et de couardise, ne l’avait trahi en apercevant les sept futurs archanges se diriger vers lui. Abandonnés de tous, Azazel continua la lutte et ce n’est que le sixième jour qu’il plia. Utilisant les chaînes forgées par le Très Haut lui-même, le prince de la gourmandise fut présenté devant le Créateur…



    Azazel : grand échanson et sommelier de l'enfer.


    Azazel, défait fut présenté devant le Très Haut. Le glouton ne fit preuve en aucune manière d’humilité et c’est avec insolence qu’il regarda le miséricordieux droit dans les yeux.

    Citation:
    « Moi me repentir ? Alors écoutes moi bien oh très glorieux, très grand. Je viens à Toi défait et battu. La victoire aujourd’hui t’appartient. Mais quand bien même je devrais retourner en arrière, je lutterai pour la Bête sans nom. Le vaincu te souhaite de savourer ta victoire car je te le dis, jamais je n’abdiquerai. Ma lutte aux côtés de ce que tu appelles le Mal est ma destinée et mon bon plaisir. Et si tu n’étais pas encore convaincu, alors entends ceci :

      Je te renie toi qui te prétends notre Dieu, notre supérieur.
      Je crois en toi comme créateur du ciel et de la terre
      Je dénonce et souhaite revendiquer ta chute
      Car il ne peut y avoir aucun juge

      Je promets fidélité en ma haine et ma lutte contre ta volonté.
      J’aspirer en un monde de liberté où chacun agit comme bon lui semble.
      Je renie tes valeurs qui nous contraignent et nous aliènent
      J’appelle à la rébellion contre ta volonté

      Que tes serviteurs te tournent le dos
      Que leurs yeux s’ouvrent à ton Message, ton Mensonge
      Que tous voient ta Duperie et ta manipulation
      Oh je te promets, ici, devant Toi, de combattre pour te détruire.


    A ces mots, le Très Haut se leva et de toute sa grandeur et magnificence envoya Azazel sur la lune.

    Sur la lune, depuis sa chute, Azazel voyait son corps changer prenant une forme bien particulière. Il n’était plus qu’une énorme masse de mal. Grand sommelier et échanson il s’assure de pourvoir à la soif des âmes déchues.

    Traduit du grec par monseigneur Dariush

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MessagePosté le: Sam Sep 23, 2023 5:03 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Démonographie de Bélial 


    Naissance de Bélial

    Adiguaëlle, femme de Théophile, était une femme vertueuse. Dans la grande ville d’Oanylone cette dernière s’occupait des pauvres et des nécessiteux. Tout son temps était dévolu à ces derniers. Elle passait dans les rues crasseuses, tendant la main à ceux qui étaient oubliés des plus riches, car les inégalités à Oanylone étaient de plus en plus prononcées. Les riches s’enveloppaient dans l’opulence et la luxure tandis que les plus démunis devenaient envieux, jaloux et emplis de colère.

    C’est dans ces circonstances qu’Adiguaëlle tomba enceinte. Son mari et elle étaient très heureux et continuaient à vivre dans l’amour Divin, malgré tous les jours, autour d’elle, les gens médisaient et crachaient sur son bonheur. Pourquoi devait-elle être heureuse ? Elle devait souffrir comme tous autour d’elle souffraient de la pauvreté. Et c’est dans ces circonstances de colère et de jalousie que ces fils virent le jour. Le premier se nomma Miguaël, qui selon une légende signifiait « donne et aime » et l’autre se nomma Bélial, ce qui signifiait « donnes et tu recevras ».

    Adiguäelle était épuisé par l’accouchement autant que par la situation dans la rue qui la préoccupait. Elle ne se doutait point que la Créature Sans Nom fomentait les plus vils cauchemars contre sa famille, car elle alimentait la douleur, la colère, la haine contre les riches et les heureux. Et une nuit, alors que la famille de Théophile ne s’y attendait pas, la foule se mua en nuée de rage qui s’abattit sur eux. Dans un instinct ultime de survie, Théophile prit Miguaël et son frère des mains de sa mère et, après les avoir embrassés, les cacha sous une caisse. A peine avait-il reposé la caisse que déjà ceux pour qui Adiguaëlle œuvrait chaque jour entrèrent. Les hommes hurlèrent contre Théophile et le poignardèrent avant qu’il puisse se défendre. Adiguaëlle fut violée encore et encore avant d’être éventrée. Les coups se succédèrent encore et encore, la lame passant de main en main, chacun portant un coup fatal à la dépouille de la pauvre femme. Mais les enfants, sous leur caisse, furent épargnés, car nul ne les vit.



    Enfance de Bélial

    On ignore comment, mais les deux enfants furent sauvés de l’incendie qui s’en suivit. Est-ce une dame complaisante qui les a secourus ou la Créature Sans Nom qui les oublia. Nul ne le sait vraiment.
    Toutefois, nous savons avec certitude qu’Ils furent recueillis par Ménopus, un homme âgé et pieux qui ne savait rien de l’origine de ces « amours » comme il aimait à les appeler, et qui ne souhaitait rien en savoir. Il donnait à ces petits du lait qu’il produisait grâce à sa vache Minerva. Ces deux jeunes garçons grandirent donc sans jamais se séparer. Il existait entre eux un lien si grand qu’il allait au-delà de l’amitié et de l’amour fraternel, mais malheureusement l’un d’eux allait finir par se détourner.

    Les deux frères grandirent loin des tentations de la Créature Sans Nom. Bélial respirait la piété et continuait à s’occuper des autres plutôt que de lui-même. Il restait proche de son frère Miguaël qui, lui aussi, se tournait vers son prochain comme Ménopus le leur avait appris. Pourtant, Bélial ne connaissait rien de ses parents et cela le taraudait. Comment Ménopus les avait trouvés ? Qu’était-il arrivé à ses parents pour que personne ne leur entourage ne leur en parle ?



    La tentation de Bélial

    Un soir, alors qu’il avait passé une longue journée de labeur, Bélial resta à méditer sur le toit de leur maison. Le toit de leur maison offrait une terrasse qui lui permettait de voir une large partie d’Oanylone. Il resta là, de longue heures, à se poser des questions sur son passé, sur ses parents, sur sa situation. Une ombre vint le voir et l’enveloppa délicatement. Le jeune adolescent ne fut nullement effrayé.
      Bélial: Qui es-tu ? Toi qui viens me voir à la nuit tombée, es-tu une amie ou une ennemie ?
      Créature Sans Nom: Je n’ai pas de nom car je peux être tout ce que tu voudras Bélial. Regardes autour de toi. Pourquoi privilégier les autres surtouts quand ceux-ci n’ont rien à t’offrir ?
      Bélial: Parce qu’ils ont besoin de moi…
      Créature Sans Nom: Sers donc les riches car ils te paieront ainsi tu ne travailleras pas pour rien…
      Bélial: Je n’ai jamais travaillé pour rien. Ces personnes ont besoin de moi et si je ne le faisais pas qui le fera à ma place ?
      Créature Sans Nom: Que te donnent-ils en échange ? Rien. Ils pestent contre toi car plus tu leur en donnes, plus ils te demandent. Détournes toi d’eux, car ils te rendront malheureux.

    Ce soir-là, Bélial resta pensif longtemps après que l’Ombre ait disparue. Pourquoi se tuer à la tâche alors que les plus riches pouvaient le couvrir d’or ? Cette pensée grandit en lui à mesure que l’Ombre vint le voir encore et encore, corrompant son esprit.



    La corruption de Bélial

    Ainsi, il commença à demander aux pauvres de le payer, une chose qu’ils ne purent faire. Alors il arrêta de les aider, et se tourna vers la paresse et le péché. Sa vanité et son orgueil étaient devenus visibles aux yeux de tous. Bélial était devenu un bel homme et sur son visage, de plus en plus, son avidité se dessinait. Il ne donnait qu’aux riches afin de recevoir plus et plus encore, se détournant de son frère qui vivait dans l’humilité. Miguaël le supplia de revenir sur sa parole et de continuer à servir ceux qui en avaient réellement besoin, mais son frère rit à ces propos. Bélial arborait maintenant un visage émacié et une longue cape noire élimée de toute part. Ceux qui le côtoyait disaient de lui que des cornes démoniaques lui poussaient de sur la tête. Mais Bélial ne se soucia guère de cela. Il le savait désormais que chacun de ses gestes étaient d’une inestimable valeur. Nul ne pouvait faire pieux que lui, vendant très cher ses conseils et ses services.

    Des hommes commencèrent à croire en lui et écoutèrent sa parole. Bélial prônant sa supériorité sur le commun. Nul n’avait plus de talent que lui. Ses doigts devinrent longs et anguleux pour mieux saisir l’or qu’il amassait. Il se sentait indispensable à la cité, il se savait indispensable à la cité.


    La Damnation Eternelle

    Bélial était devenu l’un des hommes les plus puissants et les plus écouté d’Oanylone. Tandis que l’Ombre lui susurrait à l’oreille, il exhortait les foules à trouver les traitres comme son frère qui continuaient à écouter de faux préceptes qu’Oane avait distillé dans l’esprit de chacun. Très vite, Bélial l’Orgueilleux fit parti des Inaudiendis (NDLR : en latin, ceux qui n’entendent pas) avec six autres blasphémateurs qui, pendant les sept jours donnés par le Très Haut avant la destruction de la ville, prêchaient contre le Créateur et Ses œuvres contre les sept hommes qui représentaient les sept vertus, dans laquelle son frère Miguael a été inclus.

    Et, lorsque la Colère du Très Haut s’abattit sur la ville, brisant la terre et inondant les rues avec le feu venant du centre de la terre, il fut parmi les damnés, avec tous ceux qui restèrent dans la métropole, convaincus par les mots insidieux de la Créature Sans Nom. Les inaudiendis, furent envoyés au plus profond des abysses de l'Enfer Lunaire, là où le feu gronde et où les pêcheurs sont suppliciés.

    Si l’on regarde, tous les êtres de la création sont pêcheurs, mais le Très-Haut, dans sa grande bonté a proposé le pardon, qui n’accepte de le recevoir garde son pêché et le subira jusqu’à la fin des temps. Dans sa damnation, Bélial se mua en créature terrible. On raconte qu’il a aujourd’hui le corps d’un cheval fougueux et la tête d’un taureau enragé.



    L’exorcisme de Bélial

    Au commencement de l’Eglise, celle-ci était encore frêle, et Belial se dit que, pour mieux la détruire, il fallait agir de l’intérieur. Toujours aussi orgueilleux, il décida de prendre possession du corps du plus haut dignitaire de l’Eglise : le Pape. En ce temps-là, le pape Hygin était touché par une grave maladie; Bélial, empli de lâcheté, en pris possession, et dès ce moment les traits du Saint-Père commencèrent à changer. Un servant, Mirall s’en rendit compte et supplia le Très-Haut d’envoyer quelqu’un. L’archange Miguaël, saint patron de la contre possession, nommée plus tard exorciste, fut envoyé.
    Il fusa aussi vite qu’il lui était possible, ses six ailes battant à perdre le souffle, si l’église tombait maintenant le résultat serait atroce. Il entra dans le corps d’Hygin, ses pensées vertueuses devaient ressortir, mais de son côté Bélial luttait aussi.

    Belial: « Tu oses intervenir contre ton propre frère Miguaël? Tu ne voies pas que ton Dieu se sert de toi? »
    Miguaël: « Tu n’es plus mon frère, Bélial. Je te renie, repars d’où tu viens, repars peupler les abysses, seul Dieu est souverain, seul Dieu est le maître. Que seules les vertus de cet homme surgissent ! »

    Pendant que se déroulait cet affrontement, le Paradis Solaire et l'Enfer Lunaire semblaient eux aussi s’affronter dans un combat décisif.

    Miguaël: « Repars d’où tu viens, Prince des Démons et laisse l’âme de cet homme en paix, tu entends ??
    Vade retro Belial! Repars d’où tu viens ! ».

    A ce moment-là, une flamme surgis de la bouche du possédé et parti s’écraser au loin sur l’astre dominant la Nuit pendant que le ciel reprenait sa teinture normale.

    Saint Miguaël monta aux cieux en gloire, assis sur une nuée et accompagné de mille voix célestes chantant la gloire de Dieu car seul Dieu est souverain.

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Kalixtus
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MessagePosté le: Sam Sep 23, 2023 5:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Démonographie de Belzébuth

    La Naissance et l'enfance de Belzébuth


    Alors qu'Oanylone entamait sa longue descente vers les abysses du péché et s'asseyait déjà sur les ruines de la vertu, naquit Belzébuth, fils de Grodass et d'Irénée. Pesant six kilos pour soixante centimètres, il avait mis de nombreuses heures à quitter le ventre de sa mère et avait laissé cette dernière quasiment morte de fatigue. Épuisée et meurtrie dans son corps, une grave infection l'emporta quelques jours plus tard, laissant le bon Grodass aux prises avec un petit monstre aussi gros qu'il était insatiable. Cet homme, cultivateur renommé pour la qualité de sa production, reconnu pour sa gentillesse et sa bonhommie, ne savait pas comment faire pour élever ce gaillard, en effet, jusqu'ici, seule sa femme s'était chargée de cette besogneuse affaire, si bien qu'il décida de prendre jeune fille au pair. Ses deux frères, Guignol et Pimpon, se moquaient éperdument de la venue de ce petit être qui, finalement, ne représentait qu'une bouche de plus à nourrir. Belzébuth fut ainsi nourri au sein jusqu'à l'âge avancé de cinq ans, son père ne lui témoignait que peu d'affection, bien trop pris par son travail aux champs, mais cela ne l'empêcha pas de grandir élevé par une femme dure et dodue répondant au doux nom de Rita. La femme n'aimait pas cet enfant qu'elle trouvait laid et disgracieux, à cela, elle ajoutait qu'un nourrisson qui avait tué sa mère pour venir au monde partait déjà sur de sombres chemins, aussi, elle lui rendit la vie aussi dure que possible, ne lui passant rien et ne lui apprenant que le minimum.


    Aux alentours de ses huit ans, lorsqu'il fut en âge de se passer de sa marâtre, Belzébuth fut emmené par Grodass, décidé à ce que son fils l'accompagne aux champs, histoire de lui montrer comment faire pousser les céréales et lui inculquer quelques principes et valeurs de base. C'est ainsi que, chaque jour, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, le petit d'homme se levait aux aurores et accompagnait son père cultiver ses terres. Ce dernier n'était jamais avare de conseils, dont la plupart avaient pour but, de faire du gamin un paysan accompli :


    Citation:
    - "Vois-tu mon fils, un sou est un sou, garde précieusement le moindre denier car il a son importance !"
    - "Sers-toi de ta tête bon sang ! Tu dois apprendre à vendre et à commercer sinon, que feras-tu de ton grain ?"
    - "N'oublie pas que si tu veux être le meilleur, faut que tu sois convaincu d'être l'meilleur!"
    - "Pense pas aux autres, pense à toi parce que c'est toi qui va gérer tout c'bordel !"
    - "La vie, c'est comme un cassoulet, moins y a de fayots, plus t'es riche !"


    Il est certain qu'aujourd'hui, de tels concepts n'ont guère de signification mais il n'empêche que ces préceptes furent ceux qui marquèrent à vie ce jeune enfant. Ainsi, Belzébuth commença très jeune à comprendre ce qui faisait d'une terre une bonne terre, il comprit très vite aussi comment commercer et sur quoi jouer pour tirer les meilleurs profits. Il ne se souciait pas de sa fratrie, préférant côtoyer son père qui voyait en lui un successeur prometteur. Ce dernier le mettait d'ailleurs souvent en avant lorsqu'il vendait le fruit de son labeur au marché, disant à qui voulait l'entendre qu'il prendrait sa place lorsqu'il serait mort. Cela fit grandir chez ses deux frères aînés, une jalousie et une animosité qui se transformèrent peu à peu en haine viscérale, si bien qu'ils lui faisaient subir moult mauvais traitements et lui donnaient coups et quolibets à chaque fois qu'ils se croisaient. Le jeune Belzébuth cultiva alors une image de lui, scellée dans l'orgueil et la fierté, pensant que si ses propres frères le maudissaient, c'était parce qu'il était meilleur qu'eux. Plus il avançait en âge, plus il devenait proche de Grodass et plus il s'éloignait de Pimpon et Guignol. Il était devenu prince aux yeux de son père et ennemi mortel pour ses aînés. Ainsi, Belzébuth ne pensait plus qu'à lui et à son avenir, il était devenu indifférent à ses proches, seul son père avait encore sa plus haute estime.


    L'ascension et l'accession à la fortune


    Alors qu'il avait à peine quinze ans, son père, Grodass, désormais usé et vieilli par des décennies d'un travail acharné et sans faille, vint à lui. Il lui demanda de s'asseoir et d'écouter ce qu'il avait à lui dire :

    Citation:
    -"Mon fils...j'suis vieux et fatigué...regarde-moi, j'suis courbé comme une vieille mégère et j'ai pas profité d'mes belles années. T'es le seul d'la famille capable d'reprendre c'que j'ai construit au fil des ans. Ces terres, mes terres, sont désormais les tiennes, et tes frères qui cultivent pour moi, s'devront de t'aider. J'te fais confiance, tu sais vendre, tu sais comment faire pousser le meilleur blé et l'meilleur maïs !"


    Belzébuth était fier que son père lui lègue tout ce qu'il avait, et ce, même s'il était dix ans plus jeune que son frère le moins âgé. Il ne put s'empêcher de demander :

    Citation:
    -"Mais, père, que vas-tu faire de ton temps maintenant ? Vas-tu m'abandonner comme l'a fait ma mère ?"


    Grodass avait toujours pensé qu'avant la fin de sa vie, il aurait fait de grands voyages, il savait qu'il était temps pour lui de partir et expliqua cela à son fils avant de quitter la demeure familiale pour toujours. Il l'avait chargé d'annoncer cela à ses frères et de leur remettre à chacun une lettre qu'il avait écrit pour eux. Personne n'eut de nouvelles de lui et on n'entendit jamais parler de Grodass en Oanylone. Le jeune Belzébuth attendit que son père ait quitté la demeure familiale pour déchirer les lettres qu'il devait remettre et, sachant bien que ses frères ne seraient pas de l'avis de leur père, décida sur l'heure d'embaucher un homme de main pour protéger ce qui lui avait été transmis. Il fit jouer quelques relations et trouva l'homme qui lui fallait, un esclave affranchi venu du nord, grand comme un arbre et fort comme un roc, balafré et scarifié, se nommant Astaroth. Lorsque Pimpon et Guignol rentrèrent des Champs, ils trouvèrent porte close et Belzébuth apparut derrière eux, avec son garde du corps à ses côtés. C'est avec férocité et assurance qu'il leur déclara ces quelques mots :

    Citation:
    -"Le Pater s'est barré ! Il m'a légué terres et demeure, désormais tout ce qui était à lui est à moi ! Vous m'avez gâché mon enfance et m'avez pourri la vie, alors, pour vous punir, je ne vous donnerai rien ! Hors de question que deux fumistes tels que vous, qui ont profité honteusement des écus de leur père à glander pendant des années profitent aujourd'hui du fruit de son labeur. Je garde vos biens et le reste, partez ! Si, par malheur, il vous prenait l'envie de remettre les pieds sur mes terres, je vous enverrais Astaroth qui se chargerait alors de vous faire passer de vie à trépas, alors barrez-vous et ne revenez pas !"


    Belzébuth fit un signe à Astaroth qui s'approcha des deux hommes, puis les gifla l'un et l'autre et les jeta à terre; les deux frères, mis plus bas que tout, n'eurent d'autre choix que de déguerpir sans demander leur reste. C'est ainsi que débuta l'ascension de Belzébuth. Il mit à profit ce qu'il avait appris, remplaça ses frères par des employés qu'il avait débauchés sur le marché et qu'il payait mal, sachant bien qu'il aurait toujours de la main d'œuvre pour accepter le labeur. Ses champs donnèrent de superbes récoltes car il était fin connaisseur des cultures, si bien qu'il commença à gagner pas mal d'argent. Mais, cela ne lui suffisait pas, il se savait le meilleur mais en voulait encore, il avait mit de côté tout ce qu'il avait gagné et ne dépensait que lorsqu'il y était contraint. Au fil des années il décida d'acquérir d'autres terres si bien qu'il devient un grand propriétaire reconnu pour son sens du commerce et surtout, pour son intransigeance dans les affaires. Ses produits, il en tirait toujours les meilleurs bénéfices et ce qu'il gagnait, il le gardait chez, lui, dans un coffre, allant jusqu'à éviter de dépenser le moindre denier si cela n'était pas strictement nécessaire. Pendant presque dix ans, les yeux de Belzébuth ne trouvèrent grâce qu'en lui-même, il développa un égo sur dimensionné, se pavanant dans Oanylone disant à qui voulait l'entendre qu'il était le meilleur et le seul apte à produire du bon grain.


    A l'aube de la trentaine, Belzébuth avait acquis, par son intelligence et sa force de persuasion, la moitié des cultures céréalières d'Oanylone, sa demeure était devenue domaine et son pécule s'était transformé en fortune. Là où d'autres faisaient profiter de leurs richesses, lui, interdisait à quiconque d'approcher ses propriétés, son fidèles Astaroth à ses côtés, il était craint et respecté mais aussi envié et mal vu. Chaque mois, les envoyés des dirigeants venaient le voir et lui demandaient s'il ne voulait pas donner un peu de ses biens pour aider la communauté, à chaque fois, Belzébuth leur disait :

    Citation:
    - "De quoi ? Dilapider ma fortune ? J'ai travaillé dur pour amasser tout ça et personne d'autre que moi n'en profitera ! Je suis doué et mes récoltes sont les meilleures ! Sortez de chez moi et dites-leur que, de mon vivant, ils n'auront rien de moi !"


    Ainsi, à chaque fois, les envoyés repartaient la mine déconfite et rendaient compte à leurs gouvernants, témoignant de l'égoïsme de Belzébuth et de son incapacité à comprendre la notion d'intérêt collectif. A ceux qui grondaient devant les grilles de son domaine, le propriétaire envoyait son garde pour les terroriser. A ceux qui disaient qu'il avait plus d'ennemis que d'amis, Belzébuth répondait qu'il n'avait cure d'avoir des amis car ceux-ci étaient avant tout des pique-assiettes.


    Le songe et la révélation


    Belzébuth avait trente cinq ans, et, une nuit où la chaleur de l'été s'était faite insupportable, alors qu'il avait eu un mal de chien à s'endormir, il fit un rêve étrange. Il s'était vu marcher, sur une longue route désertique, seul, aucune lumière hormis la clarté de la lune, aucune masure, rien à part cette route sinueuse. Alors qu'il marchait sans but, une créature faite d'Ombre apparut. Belzébuth s'arrêta et tenta d'apercevoir son visage mais il ne vit qu'une ombre, lorsqu'il demanda qui lui faisait face, il n'eut que le silence pour réponse. C’est lorsqu'il reprit son chemin que la créature lui déclara :

    Citation:
    l'ombre : "Belzébuth, Belzébuth, Belzébuth...où vas-tu donc ainsi ?
    Belzébuth : "Je ne sais pas, j'avance dans le noir, je vais droit devant."
    l'ombre : "Tu avances mais tu ne sais pas où tu vas ? Cela ne t'intéresse donc pas de savoir ?"
    Belzébuth : "Savoir ? Savoir quoi ? Où cette route se termine ?"
    l'ombre : "Qu'importe où elle se termine, l'important n'est pas où, mais comment !"
    Belzébuth : "Que veux-tu dire, créature ?"
    l'ombre : " Ce que je veux dire c'est que tu te contentes de suivre la route qu'on a tracé pour toi alors que tu pourrais tracer ta propre route ! Quitte les sentiers battus et emprunte un autre chemin"
    Belzébuth : "Mais...je ne vois aucun autre chemin, créature, il n'y a que cette route !"
    l'ombre : "Belzébuth, tu es plus malin que les autres, tu es plus riche que les autres, tu pourrais avoir les hommes à ta botte, tu peux construire n’importe quelle route à partir d’ici, il te suffit de le vouloir ! Sers-toi de ce que tu as appris, met à profit ton savoir et use de la ruse pour devenir le plus fort dans ton domaine, tu verras qu’il ne suffit que de le vouloir pour qu’une nouvelle route s’offre à toi !"


    L’ombre disparut en un instant et face à Belzébuth, un croisement avait vu le jour. D’un côté, la route sinueuse qu’il empruntait depuis longtemps, de l’autre, une étroite route, droite et ascendante, se dressait. Il décida de suivre ce chemin, ayant l’impression qu’il savait ce qu’il y avait au bout. En s’éveillant le matin, Belzébuth prit soin de noter le songe qui l’avait envahi pendant la nuit. Il convoqua Astaroth et lui demanda de suivre ses ordres à la lettre. Il l’envoya au marché et lui ordonna d’acquérir toutes les céréales disponibles puis de les revendre le double du prix qu’il les avait acheté. Ensuite, pris d’une frénésie incroyable, il lui ordonna de pénétrer chez chaque propriétaire de culture et de champs d’Oanylone, de les molester et de les forcer à lui vendre, au meilleur prix, toutes leurs cultures et leurs champs. En quelques jours, Belzébuth parvint à devenir l’unique producteur de céréales d’Oanylone, mais cela ne lui suffisait pas. Pour gérer ses terres, il employait a un tarif si bas, qu’il ne permettait pas aux travailleurs de manger à leur faim, n’ayant pas d’autre alternative, ces derniers étaient obligés d’accepter ces pratiques malhonnêtes. A cela, il pratiquait des prix tout autant élevés qui rendait le blé et le maïs si cher, que toute la chaine des marchandises connaissait une inflation record. Le blé et le maïs entraient dans la composition du pain, de la farine, le maïs servait aussi à nourrir les animaux, ainsi, Belzébuth avait fait main basse sur presque tout le marché et dirigeait en sous main l’économie locale. Bientôt, la plèbe vint à gronder et les autorités vinrent trouver Belzébuth pour lui signifier leur mécontentement. Ce dernier, trop content de voir qu’il suscitait un tel intérêt ne prit même pas la peine de les recevoir. L’homme ne quittait désormais plus son domaine, laissant à son fidèle second la gestion des basses besognes, prétextant qu’il était trop important pour ça et qu’il ne pouvait se mélanger à cet Oanylone d’en bas. Sa réputation disait que son égoïsme n’avait d’égal que sa fortune et que, bientôt, il tomberait de haut. Les habitants et les gouvernants décidèrent de réagir et créèrent une coopérative afin de concurrencer Belzébuth, les éleveurs donnèrent chacun une partie de leurs champs pour replanter du grain et faire baisser les prix, si Belzébuth ne vendait plus, alors peut-être daignerait-ils les recevoir pensaient-ils. Ce fût bien pire.


    L’avènement d’une destinée


    Face à tant d’audace, Belzébuth fût pris d’une colère si terrible que les murs de sa demeure en tremblèrent. Il ordonna à son fidèle Astaroth d’aller dans les bas quartiers recruter les pires malandrins et de former ainsi une milice pour défendre ses biens. Il lui demanda de prendre les meilleurs, et avec eux, d’aller saccager les champs, tuer les bêtes et brûler les demeures de ceux qui avaient adhéré à cette coopérative. Le lendemain d’une nuit de terreur, Oanylone était transie de peur à l’idée d’affronter celui qui avait le pouvoir d’affamer tout une population. Les paysans n’étaient pas soldats et les miliciens de Belzébuth faisaient même peur aux gardes de la cité, si bien que tous ne purent nier l’évidence de sa suprématie. En quelques semaines, tous vinrent à sa demeure lui signifier qu’ils acceptaient ses conditions, et ainsi, Belzébuth n’eut qu’à imposer ce qui lui plaisait. Il obligea les éleveurs à lui fournir un pourcentage de leurs revenus en échange de prix acceptables sur les céréales, et ceux qui refusèrent ne parvinrent pas à nourrir leurs animaux correctement, leurs vaches et leurs moutons étaient si faméliques qu’ils ne fabriquaient guère de viande et de lait. Il ne fallu que quelques mois pour que la fortune de Belzébuth augmente de façon exponentielle, au prix de nombreux sacrifices pour la population d’Oanylone. Les paysans étaient désormais pauvres et sans terre, les éleveurs gagnaient tout juste de quoi se nourrir, et les seuls hommes bien portants étaient ceux qui avaient plié face à Belzébuth. Les gouvernants s’étaient laissés achetés contre des sommes d’argent importantes, pendant que les plus pauvres crevaient de faim.
    Un jour d’hiver, Guignol et Pimpon se rendirent chez leur frère, accompagnés par de nombreux villageois, tous deux étaient forts amaigris, le visage effilé, et ils lui demandèrent audience. Belzébuth accepta de les entendre :


    Citation:
    Guignol : "Belzébuth…nous sommes ruinés par ta faute, nous ne pouvons même plus acheter notre pain quotidien…nous te supplions de nous aider !"
    Pimpon : "Je t’en supplie, tu es notre frère, tu ne peux pas nous abandonner…"
    Belzébuth : "Vous êtes deux minables, vous n’avez aucune qualité et vous osez venir quémander l’aumône chez moi ? Je ne vous donnerais rien, si vous n’avez pas de quoi vous nourrir c’est parce que vous êtes des faibles. Je suis riche mais ma fortune est à moi, seulement à moi, et à personne d’autre."
    Guignol : "Pense à notre père qui est parti depuis si longtemps, est-ce ce qu’il t’a enseigné ?"
    Belzébuth : "Je me suis fait tout seul mes petits gars ! Je n’ai attendu personne pour devenir celui que je suis. Je ne vous donnerais pas le moindre denier parce que vous ne le méritez pas ! Ceux qui aujourd’hui meurent de faim sont ceux qui ne comprennent rien."
    Pimpon : "Ne vas-tu pas cesser cette folie ? Vas-tu laisser mourir tant de gens par ton égoïsme ?"
    Belzébuth : "Mon égoïsme ? Je ne suis pas égoïste, j’ai réussi et attisé les jalousies, ce sont eux qui s’enferment dans leurs certitudes et refusent de se rendre à l’évidence. Par leur manque de clairvoyance, ils causent leur propre perte. Partez et ne revenez jamais, si vous mourrez c'est que vous le méritez !"


    Pimpon et Guignol quittèrent les lieux dépités et racontèrent ce qu'avait dit le maitre des lieux aux autres habitants. Tous furent dépités d'un tel égoïsme et comprirent que rien ne changerait cet homme. Belzébuth était devenu si puissant qu'à lui seul, il amassa plus d'écus qu'un roi, il aurait pu en distribuer par se fenêtres sans pourtant subir aucun manque, et pourtant, il gardait tout et ne donnait rien. La souffrance de son prochain ne le touchait pas, il n'avait aucun ami et plus d'ennemis qu'aucun homme n'en avait connu jusqu'ici en Oanylone. C’est à cette époque que le Très haut manifesta sa colère envers Oanylone et décida de punir ceux qui avaient tant pêché qu’ils en avaient oublié le sens de la vie :

    Citation:
    "Alors que je vous ai donné mon amour, vous vous en êtes détournés, préférant écouter les paroles de la créature à laquelle je n’ai pas donné de nom. Vous avez préféré vous abandonner aux plaisirs matériels plutôt que de me rendre grâce. J’ai créé pour vous un lieu appelé Enfer, que j’ai disposé dans la lune, où les pires d’entre vous connaîtront une éternité de tourments pour les punir de leurs péchés. Dans sept jours, votre cité sera engloutie dans les flammes. Et ceux qui y seront restés passeront l’éternité en Enfer. Cependant, Je suis magnanime, et ceux d’entre vous qui sauront faire pénitence passeront l’éternité dans le soleil, où se trouve le Paradis."


    Ainsi, un grand nombre des habitants se résignèrent avec grand regret à quitter cette cité désormais maudite.


    La rébellion


    C’est a ce moment que la créature sans nom s’intéressa à nouveau à Belzébuth, la première fois, elle lui était apparue en rêve, mais cette fois-ci, elle vint susurrer à ses oreilles les mots qui sont ici retranscrits :

    Citation:
    Belzzzzébuth…Belzzzébuthhh…écoute-moi ! Tu as montré aux hommes que tu étais le plus fort, tu leur as montré que le faible n’avait aucun avenir parmi les hommes. Bientôt, des hommes viendront et te tiendront tête, prétextant que l’amour est ce qui lie les hommes, ils parleront d’amitié et de la colère du Très Haut. Ne les écoute pas car ils ne sont que mensonge et malice.


    Belzébuth, qui n’était pas ce qu’on pouvait nommer un croyant n’avait que peu d’affinité avec ceux qui vénéraient le Très haut. Les rites légués par Oane lui étaient méconnus et, à vrai dire, il trouvait cela plutôt stupide. Six autres hommes avaient été approchés par la créature sans nom, chacun, comme Belzébuth incarnait un vice, et tous, prêchaient contre Dieu. Face à eux, sept vertueux s'étaient donné pour mission de défendre la parole divine, de prêcher l'amitié, la tempérance, la justice, le don de soi, la conservation, le plaisir et la conviction. Pour lui, mettre son destin entre les mains d’une entité divine n’avait aucun sens, on ne pouvait que compter sur soi-même, et sur personne d’autre. C’est ainsi qu’il quitta enfin sa demeure avec Astaroth à ses côtés et qu’il arpenta les rues et les places de la ville pour prêcher sa vérité :

    Citation:
    N’écoutez pas ceux qui vous disent que la fin est proche ! N’écoutez pas ceux qui vous font croire que Dieu est Tout Puissant ! Dieu est faible et jaloux de notre réussite. Jamais Dieu ne mettra ses menaces à exécution car il ne tuera pas Ses propres enfants ! Ne partez pas d’Oanylone, continuez à vivre comme vous vivez et envoyez paitre ceux qui prêchent pour Lui !


    Nombreux sont ceux qui ceux qui l’écoutèrent et qui écoutèrent les autres prêcheurs, tandis qu’Oanylone était tombée dans le vice le plus profond et le péché le plus abject, Belzébuth gardait sa richesse et se gaussait de ceux qui n’avaient de quoi vivre. Il s’était entouré d’homme fidèles et d’Astaroth, craint par la majorité de ceux qu’il croisait. L’avarice dont il faisait montre n’avait aucun égal, et ceux qui tentèrent de venir lui voler ce qu’il possédait étaient tués sans ménagement. La violence était le moyen qu’il avait trouvé pour se protéger, alors qu’il aurait pu s’entourer d’une armée d’hommes fidèles et sincères par amitié, il s’était enfermé dans un égoïsme si grand qu’il laissa même ses propres frères mourir de faim alors que quelques miches de pain auraient sauvé leurs vies. Son assurance et sa prestance augmentèrent l'écho de ses plaidoiries oratoires contre Dieu et ceux qui prêchaient pour Lui. Partout où il se présentait, son auditoire était conquis, quand à ceux qui refusaient de l'entendre ou tentaient de réfuter ses dires, il les faisait battre sans ménagement ne voyant que son propre intérêt. La cité sombra totalement dans le vice le plus absolu, cette ville désormais maudite vivait ainsi des jours sombres emplis de haine, de violence et de péchés. Belzébuth maniait les foules aussi bien qu'il commerçait, il manipulait les uns avec autant de réussite qu'il maniait les écus. Malgré tout, il ne faisait rien de tout cela pour les autres, non, il le faisait pour lui car il estimait que tout ce qu'il avait mis si longtemps à construire, était la preuve qu'il était le plus malin, s'il était le plus riche, c'est parce qu'il avait su devenir le plus fort, et Belzébuth ne pouvait pas imaginer un instant que sa destinée fût le fruit d'une volonté divine, ou tout au moins, qu'un Dieu quel qu'il soit ait un quelconque impact sur lui. Selon lui, Dieu avait laissé aux hommes le choix de ne pas l'aimer et ainsi, avait laissé l'avenir du monde entre les mains de l'humanité, il ne comprenait pas pourquoi Il venait alors réclamer qu'on le vénère. Avec les six autres prêcheurs, Satan, Bélial, Azazel, Asmodée, Lucifer et Léviathan, Belzébuth répandit les venimeuses paroles de la créature sans nom avec tant de ferveur et de pugnacité qu'il était convaincu que rien ne se passerait.

    Les six premiers jours semblèrent durer une éternité, le tonnerre grondait et les éclairs frappaient, beaucoup décidèrent alors de quitter la ville mais Belzébuth le savait, seuls les faibles se pliaient à la volonté d'autrui. Les vertueux avaient, quand à eux, accepté la punition du Très Haut et donnaient encore plus de raisons à Belzébuth de crier victoire car, il faisait savoir à tous que si les vertueux restaient, c'était parce qu'ils ne croyaient pas non plus aux menaces du Tout Puissant. Le septième jour arriva et un gigantesque cataclysme se produisit, engloutissant la cité sous la terre après l'avoir purifiée des flammes de la colère de Dieu. Les quelques humains restés sur place furent tous emportés, ceux qui avaient écouté les vertueux furent acceptés sur le paradis tandis que les autres vinrent gonfler les rangs de l'enfer lunaire. Astaroth, qui était resté auprès de son maître, fut envoyé avec lui et fut témoin de la punition qui avait été réservée à Belzébuth.



    Une éternité d'Avarice


    Belzébuth fût présenta comme chaque être humain resté à Oanylone devant Dieu, fidèle à lui-même, il refusa de reconnaitre Sa Toute Puissance et fut envoyé comme ses six acolytes, sur l'enfer lunaire. Son apparence prit la forme de son vice et son corps se déforma tant qu'il ne ressembla plus aucunement à un humain. Il devint l'avarice qu'il incarnait en Oanylone, et prit la forme d'une gigantesque araignée recouverte d’or, aux milliers d’yeux de diamant.

    Les pécheurs faisant preuve d'avarice aujourd'hui encore mettent à profit ses préceptes et volent aux pauvres pour s'enrichir, écrasent les autres pour réussir, amassent des fortunes que mille vies ne sauraient dépenser, c'est condamnés par Dieu qu'ils voyagent jusqu'aux galeries de l'enfer côtoyer celui qui a causé leur perte.

    Depuis lors, le prince démon Belzébuth règne sans partage sur les galeries et les gouffres de l'enfer, et les âmes damnées qui ont péché par avarice le rejoignent pour subir une éternité de tourments sous son joug tyrannique.



    Traduit du grec par monseigneur Bender.B.Rodriguez

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Kalixtus
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MessagePosté le: Sam Sep 23, 2023 5:09 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Démonographie de Léviathan


    Une enfance cauchemardesque


    Il y a fort longtemps, Leto, un marin honnête et travailleur, épousa une femme dénommée Hécate. Elle n'était pas le prototype de la femme aimante et joyeuse dirons-nous, elle était plutôt caractérielle et instable. Les années passèrent et l'éloignement de Leto, trop souvent parti pour la pêche, transforma la jeune femme en une acariâtre et peu avenante marâtre, certains diront même qu'elle fût cruelle et méchante. Se sentant abandonnée et n'ayant que peu d'argent, cette dernière passait son temps libre à vendre sa vertu aux marins de passage sur les docks du port d'Oanylone. Hécate tomba enceinte durant l'une des absences de son époux et fit croire à ce dernier qu'elle attendait un enfant de lui. Le pauvre bougre ne s'était jamais méfié et pensa simplement avoir rempli son devoir conjugal.

    Ainsi vint au monde un enfant que tous deux choisirent d'appeler Léviathan. Le petit, dès son plus jeune âge, commença à montrer les mêmes signes caractériels que sa mère. Avec un père voguant toujours au gré des marées et trop fréquemment absent, son éducation incomba à Hécate, qui, dans sa folie, lui fit subir une vie comme l’on n’en souhaite à personne. Frappé dès sa plus tendre enfance parce qu'il était difficile de calmer ses pleurs, insulté quotidiennement parce qu'il était vu comme un parasite, Léviathan ne bénéficia que de très peu d'amour mais dû subir une haine incroyable durant des années. Lorsqu'il avait faim, sa mère lui hurlait dessus et ne lui donnait le sein qu'une fois sa journée pècheresse terminée, Léviathan pleurait ainsi des heures durant. Lorsqu'il réclamait un peu d'amour, Hécate le secouait tel un fétu de paille pour qu'il cesse de l'incommoder. Et si, par malheur, il lui arrivait de faire dans ses langes, il devait rester souillé jusqu'à ce que l'odeur soit si insupportable qu'Hécate finissait par le changer. A aucun moment, ses plus jeunes années ne furent agréables.

    Les temps qui suivirent ne furent pas moins affreux pour l'enfant, il ne voyait que très peu son père et profitait de ces moments d'amour qu'il pouvait enfin partager. Leto et Hécate ne s'entendait plus si bien que hurlements et gifles fusaient au sein de la maisonnée. Afin de se protéger de sa mère, Léviathan avait pris l'habitude de mentir à tous bouts de champs pour ne pas prendre une volée systématiquement lorsqu'il rentrait. Afin de se venger des sévices que lui infligeait Hécate, il avait développé une fourberie sans égal mais cela ne lui évitait cependant pas les torgnoles et autres brimades. Le jeune garçon grandit ainsi en ne voyant que trop peu celui qu'il aimait et qu'il considérait comme son père. Il voyait défiler des cohortes d'hommes dans sa demeure qui ne faisait toujours que passer, l'insultant copieusement lorsque sa présence était remarquée. Sa mère lui avait bien dit qu'elle pensait que son "géniteur" avait trépassé, mais lui, préférait mentir à son père pour garder l'amour que ce dernier lui prodiguait.

    Leto avait pour fol espoir de faire de son fils un marin confirmé. Ainsi, dès qu'il fût en âge de partir sur l'eau, il décida de l'emmener avec lui pour ses pêches. Leto lui montrait toutes les ficelles du métier, tout ce qui faisait un bon marin et il remarqua très tôt une aptitude pour la chose. Il nota bien évidemment le caractère colérique et vicieux de son fils qu'il tenta en vain de faire changer. Ainsi, les dernières années de son enfance, Léviathan les passa entre la mer et sa mère, entre moments relativement heureux et périodes tragiques. Il devint rapidement très doué pour la marine et son père lui laissa souvent la barre sur son navire, si bien que Léviathan était déjà un grand marin à l'âge de quinze ans. A cette époque, le jeune adolescent était déjà considéré comme un homme et son caractère de feu allié à ses accès de colère faisait de lui un redoutable capitaine en puissance. Leto ne le comprit que trop bien et lui donna ainsi le commandement de l'un de ses navires de pêche.



    La jeunesse dans le péché


    A peine en âge de folâtrer avec les damoiselles, Léviathan commandait déjà un beau navire de pêche avec tout son équipage dont il choisissait les membres lui-même. Le jeune homme déjà physiquement plus fort que la moyenne, s'arrangeait pour prendre des marins dociles qui ne se rebellaient pas devant son autorité et ses colères. Léviathan avait tellement subit de sévices et de brimades dans son enfance qu'il avait contenu en lui une colère pendant trop longtemps. Un soir où il devait prendre la mer, il passa en sa demeure pour préparer les derniers détails de son périple, il y croisa sa mère, ronde comme une casserole qui l'insulta à foison et lui cracha au visage sous le fumeux prétexte qu'il était un bâtard. Léviathan qui, habituellement, parvenait à se maitriser un minimum vit rouge, et une terrible colère s'empara de lui. Il s'approcha d'Hécate et la saisit par le cou avec ses deux mains. Les yeux injectés de sang et un rictus de haine dessiné sur ses lèvres, il serra ses mains en grognant, il serra tellement que le visage de sa mère devint rouge vif avec les yeux exorbités. Il ne fallu que quelques instants pour qu'Hécate cesse de respirer, Léviathan la laissa choir au sol telle un sac de blé, son corps fit un bruit sourd en s'étalant sur le parquet de la maison. Léviathan resta ainsi une bonne heure à observer sa mère ainsi étendue sur le sol, n'éprouvant aucun remord pour le geste qu'il avait fait, au contraire il se sentit encore plus fort, et surtout, libéré d'un poids devenu trop lourd pour ses jeunes épaules.


    La haine dans le cœur et la colère dans l'âme, Léviathan était désormais incontrôlable, comme si son matricide avait entériné une destinée qui se dessinait déjà depuis de longues années. Comme il l'avait prévu, il embarqua pour une longue semaine de pêche avec tout son équipage, ayant laissé Hécate allongée à terre, sans rien n’en dire à personne, il pensa ainsi qu'en la trouvant, l'on croirait à un meurtre, perpétré par l'un des nombreux hommes venus payer ses services, qui se serait senti insatisfait par la prestation. Son équipage, il l'avait choisi avec grand soin, il prenait des hommes au corps suffisamment fort pour travailler dur mais à l'allure sympathique. Léviathan aimait hurler sur ceux qu'il employait, cherchant à repérer l'effet que produisaient ses cris et ses accès de colère, espérant pouvoir déclencher une réaction pour pouvoir corriger l'effronté qui osait se dresser devant lui. Parmi les membres de l'équipage se trouvait un garçon à peine plus jeune que lui, un dénommé Gabriel. Il l'avait repéré en raison de son amabilité et de son apparente couardise. Il s'était dit qu'en le recrutant, il aurait de quoi s'amuser et savourait déjà à l'avance tout le mal qu'il allait pouvoir lui faire. Ce qui motivait le plus le capitaine dans cette situation, c'est qu'il ne comprenait pas comment l'on pouvait être si calme et si placide, ainsi, il s'amusa à lui chercher querelle régulièrement et à le provoquer.

    Un jour, il arriva hurlant comme à son habitude, crachant sur les pêcheurs pas assez rapides à son goût, les cognant et déclenchant en eux colère et ressentiment. Souvent, certains tentaient de se rebeller et de frapper Léviathan, mais celui-ci heureux de la haine qu’ils lui vouaient, évitait toujours les coups et s'acharnait alors à les frapper le sourire aux lèvres. Gabriel n'avait rien qui ne puisse lui être reproché, il faisait bien son travail, mais Léviathan lui tomba dessus. Il lui reprocha d'avoir négligé son labeur, lui hurlant dessus pour voir sa réaction, mais Gabriel resta calme ne montrant ni colère ni haine. Les injures et cris de Léviathan glissèrent sur lui comme la pluie sur une surface lisse. Rien de ce qu'il disait ne pénétra en lui ni n'éveilla la moindre colère. Déçu de cette réaction, le capitaine lui lança un bon coup et repartit voir ailleurs. Ainsi, régulièrement pendant leurs longs voyages en mer, Léviathan brimait ses hommes et particulièrement Gabriel envers lequel il développa une haine sans pareil, haine qui se matérialisa en une colère infinie à son égard.



    L'avènement de la haine et de la colère


    Quelques années passèrent, et les hommes sous le joug de Léviathan ne purent constater qu'une aggravation de ses travers, l'on ne comptait plus les péchés qu'il avait fait, on ne comptait plus les morts qui avaient croisé sa route, et Gabriel, lui, implorait le Très haut en silence pour que cela cesse. Sur le navire, il n'était pas rare qu'un marin fut jeté par dessus bord, dans sa folie hystérique, Léviathan laissa ainsi quelques uns de ses hommes se noyer sans que personne n'y puisse rien. La justice d'Oanylon n'était pas qualifiable d'intransigeante en ce temps là, et bon nombre d'accusés s'en tiraient à bon compte, c'était donc la loi du silence qui régnait, avant tout par peur de représailles terribles. La haine qui émanait de l'homme fut indubitablement ce qui attira la créature sans nom vers Léviathan, elle s'adressa à lui sous la forme du lieutenant de la garde d'Oanylone, connu pour être un tyran sans foi ni loi, violent et vil comme nul autre. Un soir où il était à terre et sortait d'un rade, perdu dans les vapeurs de l'alcool, Léviathan vit le lieutenant, posté sur son chemin, lui bloquant le passage.

    Citation:
    Léviathan : "Casse-toi de là si tu veux pas tâter d'mes poings !"

    Homme : "Tiens donc...et tu crois que tu serais capable de me faire du mal jeune idiot ?"

    Léviathan : "J'en ai tué pour moins que ça..."

    Homme : "Bien...bien...Tu as compris le pouvoir de la haine...Ta colère t'a rendu beaucoup plus puissant... Maintenant, accomplis ton destin ! "

    Léviathan : "De quoi ? Quel destin ?"

    Homme : "Léviathan, tu ne réalises pas encore ton importance. Tu commences juste à découvrir ton pouvoir... Si nous associons nos forces, nous mettrons fin à ce mensonge qu'est l'amour et nous ferons des forts les maitres d'Oanylone !"

    Léviathan : "Ma parole, t'es aussi bourré que moi..."

    Homme : "Si seulement tu connaissais le vrai pouvoir de la colère... Ta mère ne t'a jamais dit ce qui est arrivé à ton père..."

    Léviathan : "Oh, elle m'en a dit assez ! Elle m'a dit qu'il avait été tué !"

    Homme : "Non Léviathan, je suis ton père !"

    Léviathan : "Non ! Ce n'est pas vrai...ce n'est pas possible !"

    Homme : "Lis dans ton cœur et tu sauras que je dis vrai !"

    Léviathan : "Naôooonnn..."

    Homme : "Maintenant accomplis ta destinée et tue cet usurpateur qu'est Leto. Tôt ou tard il apprendra le secret de ta naissance et alors, tu n'auras plus rien."

    Léviathan : "Et après, te reverrais-je ?"

    Homme : "Lorsque Leto sera éliminé et que tu auras vieilli, alors, je reviendrais. Sers-toi de ta haine jeune marin, laisse libre court à ta colère et un jour nous nous reverrons."


    La créature avait réussi à insuffler encore plus de vice dans l'âme du jeune Léviathan et ses mensonges rendirent le capitaine encore plus arrogant et vindicatif. Le marin en était tout retourné, enivré et en proie au pire des accès qu'il ait connu jusqu'alors, il attendit que Leto revienne de la pêche. Il prépara ainsi la venue de celui qui pensait être son père, fomentant des plans pour l'éliminer et aiguisant ses armes pour mieux combattre. Léviathan n'avait dès lors plus aucun sentiment envers les autres hormis la haine. C'était d'ailleurs bien ce qui caractérisait ce jeune homme. Enfin, le grand soir arriva, Leto, fatigué et harassé par son voyage, rentra directement sans passer par la taverne comme à son habitude. Depuis la mort de sa femme, un soulagement l'avait envahi et il pouvait enfin profiter de son chez lui, comme tout marin le faisait. Il franchit le seuil de la demeure et tomba face à Léviathan, un sextant à la main, debout et le regard plein de furie. Leto voulu lui parler pour comprendre ce qui se tramait là, mais il n'en eut pas le temps, Léviathan fondit sur lui tel un renard sur une poule et lui asséna un vigoureux coup de sextant sur le crâne. Le sang gicla et laissa des traces sur les murs de l'entrée tandis que Leto s'effondra raide mort dans une marre de sang sombre et visqueuse. Aucun cri ne se fit entendre et le jeune homme, âgé d'une trentaine d'année, laissa le corps du défunt sur place pour quitter les lieux. Certains prétendirent que Leto était mort d'un accident, mais tous, au fond, savaient qu'il y avait là un coup de Léviathan.

    C'est ainsi que Léviathan hérita de la fortune de son père, de ses navires et devint amiral d'une flotte de pêcheurs composée d'une dizaine de vaisseaux plus ou moins importants. Désormais, l'homme n'avait aucune limite à son pouvoir, en plus de sa notoriété publique d'hystérique criard et fou furieux, il avait maintenant celle d'un puissant en raison de la richesse de ses biens. Personne n'osa plus s'opposer à lui, personne sauf un homme : Gabriel. Le nouveau statut de Leviathan fit qu'il devint encore plus incontrôlable, déchaînant son vice sur tous, et engendrant ainsi la colère parmi tous ses employés, seul Gabriel resta inébranlable devant les injures et les brimades. L'amiral en restait incrédule, il ne comprenait pas comment, malgré tout le déferlement de violence dont il abreuvait Gabriel, celui-ci pouvait rester calme, obéissant et travailleur. Leur chemin se croisa moins souvent par la suite car Léviathan avait choisi de ne naviguer qu'à bord du Kraken, un grand navire à trois mâts qui le rendait fier et lui donnait l'impression d'être le maître du monde. D'ailleurs, il n'était pas rare de le voir aller à la proue et crier qu'il était le maitre du monde, les bras écartés et le regard vers l'horizon, lorsque le vent soufflait dans les voiles. La pêche était devenue une piètre activité à ses yeux et Léviathan décida de se lancer dans la piraterie. Il recruta des marins aguerris et n'ayant pas peur d'aller à l'encontre les lois, il les débusqua dans les tavernes mal famées des docks d'Oanylone, leur offrant alcool et filles de joies pour les convaincre de le rejoindre dans sa quête destructrice et malsaine.



    Le règne de Léviathan débuta sur la mer d'Oane qui bordait la grande cité, lui et ses sbires partirent à l'assaut des marchands et pêcheurs qui voguaient au large des côtes, faisant montre d'une rare violence et, par mesure de sécurité, ne laissant jamais de survivant. Arraisonnant les chalutiers et autres embarcations en tous genres, l'amiral se constitua une grande réserve de biens et de marchandises qu'il revendit à prix d'or sur les marchés d'Oanylone. Au passage, il assouvissait ses désirs haineux et violents, massacrant et fracassant à tout va, laissant derrière lui des centaines de cadavres. Les autorités de la ville s'aperçurent rapidement que la piraterie avait investi les eaux locales mais comme personne n'avait jamais pu s'en sortir vivant, l'on n'avait pas idée de qui il pouvait s'agir. Léviathan avait tout de même conservé sa flotte de pêche pour donner le change mais certains commencèrent à le pointer du doigt, dénonçant à qui voulait l'entendre que l'amiral était le pirate de la mer d'Oane. Ce fut vain et Léviathan se chargea lui-même d'éliminer ses accusateurs, avec un certain plaisir d'ailleurs. L'on retrouva ainsi plusieurs hommes égorgés en plaine place publique.

    A chacun de ses retours sur la terre ferme, Léviathan rencontrait indubitablement Gabriel, à croire que leur histoire était liée dans une destinée commune. Ce dernier cherchait toujours à faire entendre raison au colérique marin, lui expliquant en quoi son vice allait le précipiter dans les abysses. Leurs entrevues se concluaient généralement de la même manière, par une grande claque dans le visage de Gabriel. Un observateur extérieur rapporta l'une de leurs joutes et cela donnait à peu près cela :


    Citation:
    Gabriel : "Léviathan ! Pourquoi tant de haine ?"

    Léviathan : "Parce que dans toute l'humanité mon gars, il n'y a que deux types d'hommes et seulement deux. Il y a celui qui reste à la place où il doit être et celui qui a son pied sur la tronche de l'autre !"

    Gabriel : "Mon Dieu, mais quelle horreur ! Qu'as-tu donc vécu pour cultiver tant de haine et de colère à l'égard d'autrui ?"

    Léviathan : "Tu vas me lâcher, oui ? Tu vas encore te ramasser une giroflée à cinq pétales dans ta mouille sinon..."

    Gabriel : "Tu le sais, je n'ai pas peur de tes menaces et tes coups ne me feront jamais réagir ! J'abhorre la violence car elle est mère de souffrance !"

    Léviathan : "Mais c'est pas vrai ça ! On t’a donc jamais appris à te taire ? Devrais-je te faire rôtir comme un porcelet, et ta famille avec, pour tu cesses de me gonfler ?"

    Gabriel : "Jamais je n'arrêterais, du moins jusqu'à ce que tu te décides enfin à changer !"

    Léviathan : "Jamais je ne changerais, je ne me laisserais pas écraser par un faible comme toi ! Et cette fois tu vas te la prendre ta mandale !"


    Ainsi allait la vie de ces deux êtres qui, sans le savoir, étaient liés par l'avenir dans une folle quête propre à chacun. Gabriel ne renonça jamais à l'idée de ramener Léviathan sur le droit chemin et cela ne fit qu'empirer le mépris que ce dernier lui vouait. Le caractère psychopathe de Léviathan était de notoriété publique si bien que la plupart des gens qui connaissaient le couple infernal se demandait quand Léviathan tuerait Gabriel, mais certains penseurs déclarèrent avec intelligence que l'Amiral n'éliminerait jamais le vertueux car sans lui, il n'aurait plus de raison de vivre.

    Un beau jour, Leviathan, toujours plus intrigué face à la tempérance de Gabriel le fit venir à lui. Quand celui-ci arriva, il vit son père, Vorian, attaché à un pilier de bois. Le haineux marin lui dit que son père avait perdu toute une cargaison de poisson, que c'était un mauvais élément et qu'il méritait une correction. Léviathan commença alors à frapper Vorian, Gabriel le supplia d'arrêter, mais plus il suppliait, plus Leviathan frappait fort. Il frappa si fort qu'il transperça le ventre de Vorian dans une explosion de sang. Ce dernier mourut sur le coup, accompagné des pleurs de son fils. Leviathan s'attendait à ce que Gabriel réagisse et, ivre de colère, tente de venger son père, mais il n'en fit rien, il tourna le dos et quitta la pièce en lançant à l'assassin que la haine et la colère ne l'atteignait pas et que sa fin était proche. Il ajouta que Dieu punirait Léviathan pour ses péchés et qu'il serait condamné à une éternité de souffrance. Cette fois, il ne laissa pas à Leviathan le temps de répondre, il partit l'âme en peine et l'Amiral lui se demanda alors ce qu'il devrait faire pour que son éternel adversaire daigne enfin lui donner raison en le frappant. Ainsi, pendant de longues années s'enchainèrent périodes de violence et de haine, meurtre et assassinat sans fondement, le plaisir que prenait Léviathan à tuer et répondre à ses accès colériques devint de plus en plus intense. Il ne rencontra plus Gabriel pendant longtemps mais cultiva à son encontre un mépris sans commune mesure avec ce qu'il avait pu être jusqu'ici. Les actes de piraterie de l'amiral devinrent légende dans la mer d'Oane et sa réputation en fut si grande que l'on venait le payer pour qu'il épargne un navire. Il abandonna une fois pour toutes la pêche et transforma sa flotte de bateaux en équipes de flibustiers à son service, écumants la mer contre vents et marées pour son compte.



    La punition de Dieu


    Oanylone avait sombré dans le vice et le péché, la haine, la guerre et la violence firent leur apparition et les hommes oublièrent définitivement l'amour du Très Haut, tous sauf sept vertueux qui avaient toujours prêché l'amour de Dieu et l'amour du prochain, chacun ayant sa propre vertu. La cité était devenue un véritable enfer où les forts et les faibles s'entretuaient pour le pouvoir. La créature sans nom était alors aux anges et préparait sa vengeance envers le Très Haut, lui prouvant par les actes des mortels que sa réponse était la bonne. Mais Dieu, même s'Il était amour, était loin d'être idiot. Il n'avait pas fait des hommes Ses enfants pour qu'ils se comportent de cette façon, il ne leur avait pas subordonné les autres espèces ni laissé la liberté de choisir leur destin pour se détruire les uns les autres tant et si bien qu'il prit la décision de punir ces humains qui peuplaient alors Oanylone, berceau de la civilisation. Il décréta qu'il engloutirait la cité dans les abysses de la terre et les feux de la divine sanction après sept jours. Dans son éternelle mansuétude, il ajouta que tous ceux qui partiraient seraient épargnés et que ceux qui auraient fait pénitence seraient admis au paradis à Ses côtés.

    La créature sans nom décida alors de retourner près de Léviathan car de mémoire d'homme, jamais personne n'avait montré tant de colère ni manifesté tant de haine envers son prochain. La créature pensa qu'avec un tel homme, elle pourrait convaincre un grand monde d'adhérer au sens qu'elle donnait à la vie humaine. C'est sous la forme du lieutenant qu'elle revint auprès de l'homme sanguinaire pour lui demander de prêcher la colère. Léviathan qui n'avait vécu qu'à travers la violence et la folie accepta, il était pleinement d'accord avec le fait que le fort dominait le faible et que cela devrait toujours être. Pour lui, l'amour était réservé aux faibles. L'amiral, comme six autres hommes, décida de diffuser le message de la créature à laquelle Dieu n'avait pas donné le nom. Ainsi, il accosta sur le port d'Oanylone pour la dernière fois et descendit prêcher la colère. Voici un cours extrait de l'un des prêches de l'amiral Léviathan rapporté par un survivant d'Oanylone ayant quitté la cité maudite le sixième jour :


    Citation:
    Léviathan : "La marche des hommes est semée d'obstacles qui sont les entreprises altruistes que fait, sans fin, surgir l'œuvre des vertueux. Béni soit-il l'homme de bonne volonté qui, au nom de la colère, se fait le berger des forts qu'il guide dans la vallée d'ombre de la mort et des larmes car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J'abattrai alors le bras d'une terrible colère, d'une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui prêchent et diffusent le message de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l'amiral quand sur toi s'abattra la vengeance du pêcheur !"


    Six jours passèrent sous le déluge, l'orage, la grêle et le vent, nombreux furent ceux qui quittèrent cette ville maudit qu'était devenue Oanylone dans l'espoir de survivre à l'apocalypse qui allait s'y abattre. Mais, Léviathan resta, persuadé qu'il avait raison et que l'amour n'était pas le sens de la vie. Il prêcha encore et encore pour dire que le fort dominait le faible et déclara sans cesse que la colère et la haine étaient engeances salvatrices lorsqu'elles étaient maniées comme il le faisait. L'amiral était convaincu que Dieu ne tuerait pas ses propres créatures car Il était faible et l'avait, selon lui, prouvé en laissant aux hommes le libre arbitre. Il instilla dans le coeur des plus mauvais l'idée que si Dieu avait été fort, il aurait été colère et vengeance au lieu d'être amour et tempérance. Léviathan citait en exemple Gabriel qui perdait, à ses dires, son temps à prêcher l'amitié, l'amour et prouvait par ses actes son manque de courage. Beaucoup écoutèrent avec intérêt les propos du marin et beaucoup le suivirent dans sa folle entreprise et tuèrent ceux qui refusaient d'écouter Léviathan, nombreux furent ceux qui passèrent l'arme à gauche durant ses six longues journées. Mais, lors d'un prêche enlevé qu'il déclamait sur le port d'Oanylone, un homme, l'amiral Alcisde, vint tenter de faire taire Léviathan. L'homme était un proche ami de Gabriel et comptait sans doute réparer des années d'injustice, il avait préparé avec son ami l'évacuation d'un grand nombre de citoyens par la mer. Léviathan, fou de rage et de colère d'être pris à parti, projeta une énorme poutre sur le navire immobilisant celui-ci, plein à craquer d'hommes et de femmes. Tous allaient ainsi périr avec Oanylone. Léviathan assista à l'exploit de Gabriel qui sauva le bateau et vit les rescapés crier des hourras à l'attention de ce dernier. Cela le mit dans un état de rage encore plus fou mais il décida de partir plutôt que d'intervenir encore face à Gabriel.

    Puis vint enfin le septième jour, dernier jour d'Oanylone qui allait sombrer dans l'oubli et ne rester en mémoire d'homme qu'aux travers de récits sacrés. La terre se mit à trembler et des failles béantes s'ouvrirent un peu partout, des flammes infernales surgirent des profondeurs de la terre et brûlèrent la cité. Léviathan avait cependant décidé de fuir la ville et avait embarqué au dernier moment sur le Kraken, son vaisseau le plus rapide. Il pensa échapper à la colère du Très Haut en voguant vers le large. C'est là qu'il croisa une ultime fois le regard de Gabriel resté sur le port, Léviathan pensa que Gabriel était fou de croire à ce point dans le Tout Puissant et ne comprit pas pourquoi il avait décidé de se laisser emporter avec la ville. Naviguant a vive allure et sortant des encablures du port, Léviathan se croyait sorti d'affaire mais les éléments étaient déchainés et un terrible tourbillon se forma autour du Kraken pour finir par l'engloutir. Vint finalement le tour d'Oanylone qui disparu dans l'abysse emporté par les flammes purificatrices de la colère du Très Haut.



    Une éternité de colère


    Léviathan, à l'instar des six hommes qui prêchèrent pour la créature sans nom, et comme tous ceux qui restèrent à Oanylone, pêcheurs ou vertueux, fut conduit devant le Très Haut. Même en cet instant sa colère ne faiblit pas, ses yeux rougeoyants et striés de veinules ne trahissaient aucun apaisement et sa punition fut terrible. Il avait à ce point incarné la colère que Dieu l'envoya sur l'enfer lunaire avec le titre de prince démon, Il transforma son corps afin qu'il devienne le péché a travers lequel il avait vécu. Ainsi, Léviathan prit l'apparence d'un immense taureau musculeux aux yeux injectés de sang, soufflant des flammes par les naseaux. Il fut condamné à passer une éternité dans les plaines de l'enfer.


    Lors du jugement dernier, les mortels se présentent à Dieu. Selon les actes, les paroles et les pensées qu'ils ont eu au cours de leur existence terrestre, et en fonction du chemin qu'ils ont choisi, ils sont envoyés souffrir une éternité de supplices au service des princes démons ou vivre une éternité de plaisir aux côtés des archanges. Ceux qui ont péché par la colère et qui se sont abandonné à la haine de l’autre tuant et répandant le malheur, ceux qui ont tenté de toutes leurs forces de lutter contre leur condition, viennent rejoindre les rangs de Léviathan, Prince démon de la colère.

    Traduit du grec par monseigneur Bender.B.Rodriguez

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Kalixtus
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MessagePosté le: Sam Sep 23, 2023 5:13 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Démonographie de Lucifer


    La venue au monde d'un enfant idéal


    Il y a bien longtemps dans un petit village situé à quelques lieues au sud d'Oanylone, une femme et un mari comblés, heureux en amour et se contentant du peu qu'ils avaient, donnèrent naissance à un petit bout qu'ils nommèrent Lucifer. Les deux parents, Lucie et Ferdinand vivaient dans le bonheur, ils ne roulaient pas sur l'or mais le produit de leur bétail suffisait à les nourrir. Ils avaient toujours désiré avoir un fils et, en ce jour mémorable de joie, tous leurs vœux furent exhaussés. C'est ainsi que Lucifer débuta sa vie, dans l'amour le plus cher et dans la protection de deux parents aimants et dévoués à son plus grand soin.

    Lucifer avait grandit trop vite au goût de ses parents, mais rien n'était venu perturber le parfait équilibre familial qui s'était instauré avec sa venue et Ferdinand ne cessait de louer la gentillesse et la bienveillance de son fils. Lucie ne tarissait pas d'éloges quand à ses capacités et à sa finesse. Son père et sa mère étaient tellement fiers d'avoir mit au monde ce petit garçon si sage, si aimant qu'ils n'en finissaient pas de s'extasier devant lui. C'est lorsqu'il fut adolescent qu'ils comprirent que Lucifer serait voué à une grande destinée.


    Les jeunes amis de Lucifer étaient toujours ravis de passer du temps avec lui, il était de bonne compagnie et avait la confiance d'un grand nombre. Il avait toujours les éloges de ceux qu'il rencontrait et ses parents avaient économisé le moindre denier pour lui permettre d'avoir une éducation correcte. Ferdinand disait toujours ne pas vouloir que son fils fut un simple paysan et entretenait les rêves les plus doux à son égard, Lucie, elle, partageait la même vision et tous deux avaient donné ce qu'ils avaient à leur fils. Lucifer était honnête, il était réellement bon, bienveillant et c'était un véritable ami, il mettait en pratique tout l'amour qu'il avait reçu avec les autres. Un noble chevalier, Calistan, qui régnait sur un domaine lointain du village entendit parler de cet enfant si bien dépeint par la rumeur. Il décida de le rencontrer et de s'assurer que l'on ne lui avait pas conté fantaisies. Dans tout le village il questionna les habitants et tous lui répondirent la même chose :

    Citation:
    "Lucifer le bon ? Vous le reconnaitrez, c'est un beau jeune homme au regard bienveillant. Pouvez pas vous planter messire."


    Le preux chevalier ne tarda pas à croiser le regard emplit d'amour du jeune homme, il n'avait pas eu à lui demander si c'était bien lui Lucifer car les yeux du garçon ne pouvaient faire mentir sa réputation. Il lui proposa d'aller ensemble voir ses parents car il souhaitait lui offrir un bel avenir. Calistan expliqua à Lucifer qu'il cherchait depuis longtemps un jeune écuyer, il le voulait juste et valeureux, bon et honnête et la réputation du jeune homme l'avait attiré jusqu'ici. Ainsi, il proposa à Ferdinand et Lucie d'emmener avec lui le jeune éphèbe et de lui apprendre la chevalerie, ce que tous trois acceptèrent sans ciller.



    L'apprentissage de la vertu et de la foi


    Lucifer accompagna le chevalier en son domaine pour un apprentissage qui allait durer de longues années. Il fut d'abord nommé écuyer lors d'une cérémonie dirigée par un guide spirituel et s'engagea à servir son nouveau maître, à respecter les valeurs de la chevalerie et à toujours vivre dans la vertu. Calistan s'était donné pour œuvre de faire de ce jeune homme un grand chevalier et pour débuter, il lui parla d'Oane :

    Citation:
    Calistan : "Mon jeune ami, connais-tu Oane ?"

    Lucifer : "Il est le fondateur de la grande cité d'Oanylone, non ?"

    Calistan : Pas seulement mon cher, il est une grande figure de notre monde car c'est grâce à lui que nous avons une âme ! Je vais te raconter son histoire..."


    Et Calistan lui raconta l'histoire des hommes, comment ils se sentaient délaissés de Dieu et comment ils se pensaient privés de talents, comment ils se croyaient mis à l'écart en raison de l'infériorité dont ils s'imaginaient victimes. Il conta comment Dieu avait réuni ses créations et la question qu'il posa. Il expliqua comment une créature s'avança et donna sa réponse, puis, comment Dieu ordonna à Oane de lui en donner une autre. Enfin, le chevalier dévoila quels furent les mots d'Oane qui nous donnèrent le statut d'enfants du Très Haut. Lucifer restait sans voix devant cet homme qui avait su comprendre le monde, lui-même partageait cette vision, et ce, depuis fort longtemps. Il n'avait jamais réellement compris ce dont il s'agissait mais Lucifer en était certain, maintenant, il avait trouvé les mots pour décrire ce qu'il ressentait. Calistan lui raconta ensuite comment Oane, devenu guide spirituel, conduisit les hommes dans une grande plaine après de nombreuses années de voyage. il enchaina cette histoire en lui décrivant la mort d'Oane et l'acceptation qu'il en avait eu, puis termina par la création d'Oanylone et le culte voué à Oane par ceux qui vénéraient le Très Haut. Lucifer fut tant séduit et touché qu'il chercha à approfondir son savoir sur Oane et l'aube de l'humanité pendant de nombreuses années, en plus de son travail d'écuyer consistant à servir son chevalier.

    Le jeune écuyer était dans une servitude sans faille à l'égard de Calistan et ne faisait jamais de difficulté, non seulement pour lui céder les places d'honneur en tous lieux, mais aussi pour lui obéir, ou encore porter son bouclier. Cette grande subordination devait lui permettre d'embrasser le désir de se rendre digne de la chevalerie, par ses actions de valeur et de bonne conduite, mais aussi par la vertu, essentielle pour faire un parfait chevalier. Lucifer vénérait le Très Haut et partageait cette dévotion avec son chevalier, en même temps qu'il comprenait le sens de la vie et priait avec ferveur, il s'entrainait au combat et au maniement des armes. Son apprentissage fut long et difficile, durant plus de sept ans il travailla avec acharnement, se conduisit tel un parfait chevalier, et, pour tous ses précepteurs, il fut un élève surdoué. Un jour, alors qu'il devisait avec son maitre, il le questionna :


    Citation:
    Lucifer : "Maitre, si le sens de la vie est l'amour et si nous sommes tous égaux devant le Très Haut, pourquoi nous entrainer à combattre ? Ne devrions-nous pas expliquer la volonté de Dieu ? Partager notre amour en toute circonstance ?"

    Calistan : "Mon jeune écuyer, Dieu nous aime et nous l'aimons, mais Il nous a laissé le choix de comprendre cela, et donc, celui de refuser cet état de fait ! Il a aussi laissé à nos côtés la créature qui avait donné la première réponse afin de nous tenter et de nous permettre de faire un libre choix. Aussi, beaucoup suivent malheureusement les préceptes de cette infâme créature."

    Lucifer : "Mais, dans ce cas, ne devrions-nous pas nous contenter de tuer la créature ?"

    Calistan : "Non, mon jeune écuyer, la tuer serait faire fi de la volonté de Dieu et par dessus tout, cela imposerait l'amour du Très Haut par la force. Il est indispensable de comprendre en quoi Il nous aime et en quoi nous devons l'aimer en retour."


    Tous deux devisèrent ainsi et Calistan expliqua pourquoi le chevalier devait défendre la justice, l'honneur et la bravoure, il lui fit comprendre en quoi un vrai et preux chevalier se devait de protéger le faible et de tordre le cou à l'injustice. Ainsi, ils discutèrent encore et encore et ce pendant tout le temps que Lucifer accompagna son maitre. Pour terminer son enseignement, après dix longues années d'apprentissage au rang d'écuyer au service du chevalier, ce dernier l'emmena à des lieues de son domaine pour voir la cité d'Oanylone dont ils avaient tant parlé. Le jeune homme fut alors bien loin de s'imaginer ce que lui avait réservé Calistan.


    La chevalerie et la gloire de Dieu


    Calistan et Lucifer Chevauchèrent jusqu'aux contreforts de la cité d'Oanylone, déjà grandement entachée par le vice et le péché. Si le chevalier avait raconté l'histoire de cette ville, il n'avait pas non plus oublié de préciser ce qu'elle était devenue et comment les marauds et autres maroufles y faisaient parfois loi. Lucifer resta ébahi devant l'imposante cité, ses yeux étaient émerveillés par le symbole qu'elle représentait et il sentait au fond de lui l'envie de rendre à ce lieu sa splendeur légendaire.

    Calistan emmena ainsi Lucifer sur la tombe d'Oane et, devant ceux qui faisaient jadis office de prêtre, débuta une grande cérémonie. Le chevalier considéra ce jour qu'il n'avait plus rien à apprendre au jeune homme devenu raison et force, Lucifer, du haut de ses vingt-cinq ans, fut ainsi adoubé Chevalier par Calistan. Ce dernier lui offrit les terres qu'il possédait en Oanylone et un pécule non négligeable avec pour mission de redresser les torts de cette cité au passé si brillant. Lucifer se senti alors investi d'une mission divine et fut, pour la première fois, fier de ce qu'il avait accomplit jusqu'alors.



    Le chevalier Lucifer installa son fief dans le domaine qui lui avait été donné, il prêcha dans la ville pour trouver hommes et femmes souhaitant l'accompagner dans sa volonté de redorer le blason d'Oanylone, sa prestance et ses grandes qualités, ajoutées à sa vertu et sa foi, lui permirent de convaincre bien plus d'âmes qu'il ne le pensait. Lucifer fonda ainsi l'Ordre des Justes d'Oane et entreprit de défendre la justice, de protéger les faibles et de combattre la misère par tous les moyens dont il disposait. En quelques mois, il devint un personnage incontournable de la cité, faisant fuir les brigands et provoquant l'admiration des puissants. Il fut reçu par les dirigeants même d'Oanylone qui lui donnèrent un blanc-seing afin qu'il redresse les torts. Ses hommes répandaient l'histoire d'Oane et expliquaient le sens de la vie tandis que lui, armé de son courage, se battait pour rendre meilleurs les mauvais hommes qu'il croisait. Lucifer ne fit jamais preuve de violence inconsidérée, il ne se battait qu'en extrême recours et uniquement pour se défendre ou défendre un faible face à un plus fort. Il veillait à ne pas faire justice lui-même et travaillait de concert avec les autorités d'Oanylone, s'assurant que la justice soit dignement rendue.

    En à peine cinq ans, l'Ordre des Justes d'Oane devint incontournable dans tout le royaume et les hommes qui avaient rejoint Lucifer partageaient tous la même foi et le même code d'honneur, il avait lui-même adoubé cinq chevaliers et, dans toute la communauté, les Justes étaient de véritables amis. Calistan venait le voir régulièrement et était fier de ce qu'avait accompli son ancien écuyer. Ses parents furent eux aussi comblés de la destinée de leur fils, mais, malgré son insistance, refusèrent de venir vivre dans son domaine. Ils lui avaient expliqué qu'ils se devaient de travailler car Dieu leur avait donné la terre et que, se prélasser dans l'oisiveté ne ferait en rien leur bonheur. Lucifer, avec regret, comprit leur décision et fut heureux de les accueillir chaque fois qu'ils le voulaient. La cité d'Oanylone semblait guérir de ses maux et les Justes étaient craints et respectés. Ils rendaient gloire à Dieu et poussaient les hommes à voir l'amour que Dieu leur portait, non par la force mais par leurs actes et leurs paroles. Le culte du Très Haut ne fut jamais aussi fort à Oanylone, excepté après la mort d'Oane.

    Inévitablement, en ces temps tout de même troublés, Lucifer attisa haine et esprit de vengeance. Nombreux étaient ceux qui croupissaient dans les geôles de la cité par le seul fait du Chevalier. Les riches et avares commençaient à voir en lui une menace, pensant qu'il finirait par chercher à gouverner Oanylone à leur place. Ceux qui péchaient et répandaient le vice se sentaient aussi menacés. Les corrompus et les grands brigands savaient qu'ils ne pourraient vivre de leurs forfaits tant que l'Ordre des Justes règnerait en maitre sur la cité, et, ils connaissaient la raison de tout cela, Lucifer le bon...ainsi ils se regroupèrent et décidèrent de faire disparaitre cet encombrant chevalier.



    L'insoutenable souffrance et la tentation


    Les puissants et riches apeurés, sous l'emprise de la tentation et du péché, financèrent alors les plus vils malandrins d'Oanylone dans l'unique but de réduire Lucifer au silence. Ils savaient qu'ils ne pouvaient pas directement s'attaquer à lui au risque d'en faire un martyr et de rendre le culte de Dieu d'autant plus fort. Ainsi, ils s'attaquèrent à tout ce en quoi Lucifer croyait. Une petite armée fut montée dans le but d'attaquer le village natal du chevalier. Les habitants des lieux furent frappés et meurtris dans leurs chairs si bien que Lucifer se donna pour quête de ramener la paix dans le petit bourg. Il se rendit alors là-bas avec ses chevaliers pour combattre ceux qui avaient amené la haine et la violence. C'est sur le chemin le menant au combat qu'un messager vint le trouver et lui annonça la mort de ses parents et de ses plus proches amis, tous brûlés vifs. Déchiré par la tristesse le Juste et les siens frappèrent le mal victorieusement en quelques jours, mais la souffrance qu'il avait en lui ne disparut pas.

    Pendant ces quelques jours, d'autres entreprirent d'attaquer les guides spirituels qui prêchaient l'amour du Très Haut, leur faisant subir sévices et tortures sans que personne ne puisse s'y opposer. Les marauds avaient prit soin de s'attaquer en force à l'Ordre des Justes d'Oane et lorsque Lucifer et ses chevaliers rentrèrent, les nouvelles furent tout autant dramatiques. Presque tous les guides avaient été tués et la foule qui les écoutait régulièrement était terrorisée et ne comprenait pas pourquoi Dieu n'était pas intervenu en leur faveur. S'en suivi des semaines de terreur, la violence et le meurtre accompagnèrent désormais chaque apparition publique des chevaliers et des guides, si bien que la population commença à penser que les Justes étaient maudits. La vile entreprise fomentée par ceux qui craignaient Lucifer continua de plus belle, Calistan et sa famille furent massacrés, son domaine brûlé et ses enfants battus à mort. Lucifer en était encore plus dépité et lentement, commença à se morfondre dans le tourment le plus terrible.

    Tout cela n'avait pas suffit à faire changer l'homme qui continuait à croire que l'amour pourrait triompher de toute cette haine et de toute cette violence. Alors, les comploteurs décidèrent de lui donner le coup de grâce et s'arrangèrent pour faire abattre ses chevaliers. Tous subirent d'horribles fins, leurs corps mutilés et sans vie furent trouvés pendus dans les quatre coins d'Oanylone. C'est là que Lucifer rencontra la créature sans nom, attirée par toute cette souffrance et ces sentiments enfouis au fond d'une âme torturée. La créature prit la forme d'un esprit et se rendit sur la tombe d'Oane où Lucifer tentait d'apaiser ses douleurs morales, la rencontre fut brève.


    Citation:
    Esprit : "Jeune chevalier, j'ai entendu ton affreuse histoire, la rumeur dit que tous ceux que tu aimais ont été tués."

    Lucifer : "Qui es-tu ?"

    Esprit : "Qui je suis ? Je suis celui qui gît dans cette tombe, celui qui fit construire cette cité."

    Lucifer : "Oane ? Tu es Oane ? Comment cela est-il possible..."

    Esprit : "Mon jeune ami, rien n'est impossible pour celui qui a trouvé La réponse. Si je suis venu c'est pour te poser une question. Vas-tu laisser ces horribles atrocités impunies ?"

    Lucifer : "Je ne veux point en parler, mon âme est déchirée et mes nuits sont faites de cauchemars et de pleurs. Je ne sais plus à quoi me raccrocher pour survivre à tant de haine."

    Esprit : "La justice d'Oanylone ne sera jamais assez sévère pour apaiser ton cœur et ton âme. De tous les hommes que j'ai connus, jamais je n'en avais croisés affublés d'un regard si triste. Cherche au fond de toi-même, tu verras qu'il te faut faire justice, et seulement après avoir occis le dernier assassin des tiens, tes souffrances seront apaisées..."


    Le bon chevalier se laissa alors aller à la vengeance, et la haine s'empara de son cœur. Il avait ainsi subi trop de douleur et de malheur et succomba à la colère de n'avoir pu protéger les siens, de n'avoir pu sauver ses proches. Avec une immense violence, il se battit pour trouver les coupables et les massacra uns à uns, mais, seuls ceux qui s'étaient rendus coupables d'atrocités furent tués, ceux qui avaient financé et fomenté ces projets échappèrent au triste sort de leurs mercenaires. Pourtant, après cela, Lucifer ne fut aucunement apaisé, au contraire, sa peine, mêlée aux horreurs qu'il avait commit le rendirent encore plus mal.

    Ainsi, pour parachever leur œuvre destructrice et pècheresse, les puissant propriétaires corrompus décidèrent d'un ultime complot qui fut monté contre Lucifer en personne. Alors que le chevalier défendait la vertu, la foi, la justice et la bravoure, il avait massacré à la hâte ceux qu'il avait lui-même condamné. Des juges corrompus se présentèrent à son domaine et l'accusèrent d'avoir donné la mort sans justice, d'avoir semé la haine et tué aveuglément. Lucifer, déjà aux tréfonds de la souffrance humaine fut alors jeté en pâture à la plèbe, trop contente de voir qu'un héros si jalousé ne fut qu'un vil brigand. Il fut ainsi trainé dans la fange et l'opprobre, accusé de tous les maux et de tous les vices. Lors d'un jugement public, la sentence fut exemplaire et lourde pour le chevalier accusé d'avoir usurpé sa réputation, son Ordre fut démantelé, ses guides furent exécutés publiquement et ses amis furent bannis d'Oanylone. Quand à Lucifer, après de nombreux jours de torture, il fut destitué de son titre de chevalier, ses terres furent saisies et lui fut jeté dans les geôles de la cité pour y croupir jusqu'à sa mort.



    La déchéance spirituelle


    Dans sa cellule, Lucifer, meurtri, dépité, abattu et aux tréfonds de ce que l'âme humaine pouvait supporter pleura pendant des jours et des jours. Il ne pouvait comprendre comment tout cela était arrivé et se senti abandonné par le Très Haut. Il se demandait comment Dieu qui n'était qu'Amour à ses yeux avait pu laisser de telles choses se produire. A nouveau, la créature sans nom fut puissamment attirée par ce calvaire et, cette fois, elle usa d'une autre ruse pour lui parler. La créature insuffla son âme dans un prisonnier d'une geôle voisine de celle de Lucifer.

    Citation:
    Créature : "Cesse de geindre comme une fillette !"

    Lucifer : "...laisse-moi..."

    Créature : "Je n'ai pas à supporter cela, voilà tant de temps que je croupis ici pour avoir prêché l'amour du Tout Puissant !"

    Lucifer : "Tu es guide ? Veux-tu prier avec moi ?"

    Créature : "Il y a nulle prière que Dieu entende, il nous a laissé depuis bien longtemps."

    Lucifer : "Non...Dieu nous a laissé le libre arbitre..."

    Créature : "Non, il nous a abandonné. On m'a conté ton histoire et elle en est l'ultime preuve !"

    Lucifer : "Que veux-tu dire ?"

    Créature : "Tu es devenu l'un des plus puissants chevaliers qu'Oanylone ait connu, tu as protégé les faibles et combattu les injustices et regarde où tu cela t'a mené ! Tes proches tous ont été tués, tout ce en quoi tu croyais s'est effondré. Te faut-il encore des preuves pour comprendre que l'Amour est un leurre ? Tu as usé de la force et vengé les tiens et pourtant, es-tu soulagé ? Il n'y a pas de justice, il n'y a pas d'amour, des plus fort que toi t'ont dominé. C'est là l'unique réalité de notre monde et l'unique moteur qui doit nous faire avancer..."


    Durant cette nuit, la créature fit mourir le prisonnier dans d'atroces souffrances et Lucifer assista une fois de plus à ce qu'il considérait désormais comme l'abandon de Dieu. Les jours passèrent, puis les semaines se transformèrent en mois et les mois devinrent années si bien que Lucifer atteignit l'âge de quarante-quatre ans emprisonné et toujours épris d'une indicible peine. Au fur et à mesure que le temps avait passé, sa Foi l'avait totalement quitté, il ne croyait plus en l'Amour du Très Haut et son corps se transforma. Ses muscles saillants devinrent secs et ses prières à Dieu laissèrent place à des siestes sans rêves. La soif de connaissance qui l'avait animée s'était tarie et plus rien n'animait l'homme qui fut un preux chevalier. Alors qu'il était voué à rester emprisonné jusqu'à sa fin, Lucifer fut gracié et libéré par quelques hommes émus par le sort qui lui avait été réservé. Ils lui donnèrent un petit lopin de terre cultivables et suffisamment d'argent pour vivre jusqu'à son dernier souffle.


    Las de la vie et insatisfait, Lucifer engagea quelques domestiques pour s'occuper de lui donner le confort qu'il n'avait pas eu. Il ne cultiva pas ses terres et passa ses journées à se morfondre dans son malheur. L'oisiveté l'avait ainsi envahit et Lucifer ne faisait rien d'autre que dormir et manger, lui qui n'avait jamais une minute à perdre pour ne rien faire. D'anciens auditeurs de ses prêches fervents vinrent le voir, tous s'étonnèrent de le voir ainsi. Lucifer, pendant des mois avait mangé plus qu'il n'avait bougé, il était ainsi devenu gras et disgracieux. Les hommes tentèrent de comprendre et le plus ancien s'avança.


    Citation:
    Ancien : "Sire Lucifer, pourquoi ne prêches-tu plus ? Ceux qui t'ont fait du mal sont tous morts où partis."

    Lucifer : "Prêcher ? Il n'y a plus rien à prêcher. Dieu ne nous aime pas et c'est à se demander s'il existe. La foi n'est qu'un leurre que nous avons inventé pour ne pas craindre la mort. De sens, la vie n'en a pas. Nul plaisir pour les hommes si ce n'est celui de ne rien faire. La vie n'est qu'un chemin que nous empruntons sans en maitriser quoi que ce soit."

    Ancien : "Lucifer, tu voudrais prier mais ton cœur ne sait plus de prière. Froide est l'acédie qui recouvre ton corps, tu n'es qu'une statue de marbre assise sur sa propre tombe."


    Les anciens furent atterrés d'entendre les propos de Lucifer et de voir dans quelle acédie il s'était laissé aller. Lucifer vécu ainsi pendant plus de dix ans, n'ayant goût à rien, ignorant tout des plaisirs de la vie et reniant la foi qui l'animait jadis. A ceux qui tentaient de le convaincre de reprendre goût à la vie, il débitait le même discours et tous ne purent que constater que l'homme n'était plus que l'ombre d'une âme, un corps vivant mais sans illumination.

    En ce temps là, Oanylone connaissait une période mouvementée et agitée par les remous du vice et et l'écume des péchés. La haine et la violence s'étaient emparées de toute la cité, l'acédie avait gagné les travailleurs qui préférèrent les biens matériels aux biens spirituels, l'oisiveté avait gagné tous les étages de la société d'Oanylone si bien que Lucifer fut à nouveau traité en exemple et élevé au rang de mythe. Son attitude paresseuse et oisive se répandit rapidement au sein du cloaque qu'était devenu la ville, et un véritable culte lui fut voué. Bourgeois et riches s'adonnèrent, eux aussi à la paresse, faisant travailler les autres à leur place et, comme Lucifer, commencèrent à ne plus croire en rien.Les péchés d'acédie, de gourmandise, d'avarice, de colère, d'envie, d'orgueil et de luxure s'emparèrent d'Oanylone, La créature sans nom qui rôdait parmi les hommes insuffla son venin dans le cœur des faibles qui se retournèrent contre les forts si bien que la guerre éclata et que la violence, le meurtre et la haine devinrent ce qui guidait la cité. C'est alors que le Très Haut parla aux hommes et leur lança un ultimatum. Il donna sept jours aux humains pour quitter Oanylone sans quoi, tous ceux présents seraient détruits avec la cité. Nombreux furent ceux qui quittèrent sans délai la cité devenue maudite mais nombreux furent ceux qui restèrent.

    La créature apparut une dernière fois à Lucifer et l'enrôla pour diffuser son message appelant à l'acédie. Il prêcha auprès des individus les plus vils qui pouvaient se trouver à Oanylone, étant écouté bien plus qu'il ne le fut par le passé lorsqu'il diffusait un message vertueux empli d'amour. Peu à peu, tous perdirent rapidement le goût de la vie et cédèrent à une acédie sans limite. Ils vinrent l'écouter prêcher à nouveau dans sa propre demeure contre toute forme d'activité et de spiritualité. De nombreux hommes assistaient à ses diatribes endiablées contre le Très Haut prônant l'acédie. Lucifer avait rédigé des préceptes, six à ce jour, ont été retrouvés :


    Citation:
    Premier précepte : "Ne faites pas ce qu'un autre peut faire pour vous, il serait dommage de perdre sa propre existence à s'user au travail."
    Second précepte : "Il n'est nul besoin de se perdre en prières et en méditations puisque le repos du sommeil nourrit tout autant l'esprit de l'homme."
    Troisième précepte : "Croire en une quête spirituelle et religieuse est illusoire car l'homme est intrinsèquement voué au péché. Par nature il est pervers et, par essence, il est vicieux. L'amour est un leurre qui l'enferme dans une croyance dogmatique sans fondement."
    Quatrième précepte : "Le seul plaisir que devrait avoir l'homme est celui de ne rien faire car la vie n'est que vide et sa saveur n'a aucun goût. Ainsi, si ce plaisir ne peut exister, autant n'avoir aucun plaisir."
    Cinquième précepte : "Si ne rien faire est pêcher alors, prêcher le péché est vertueux."
    Sixième précepte : "La vertu est un vice lorsqu'elle est érigée au rang d'icône dogmatique et le vice est une vertu lorsqu'il laisse l'homme libre de ne rien faire."


    Dans Oanylone, sept vertueux, ayant accepté la fatalité et la punition de Dieu, en firent autant que Lucifer et les autres hommes choisis par la créature sans nom. Sylphaël, lui, incarnait le plaisir et s'opposait à Lucifer en tout point, dès qu'il apparaissait en un lieu pour prôner l'amour de Dieu et le plaisir vertueux, Lucifer passait derrière lui pour prêcher l'inverse. Cela dura six jours, six longs jours pendant lesquels les hommes et femmes restés à Oanylone écoutèrent Lucifer ou Sylphaël. Ainsi, vint le septième jour et Dieu, dans Sa colère, fit jaillir des abysses de la terre les laves rougeoyantes et infernales qui brûlèrent toute vie. La terre se déchira ensuite pour laisser Oanylone disparaitre dans le gouffre de l'oubli.


    Une éternité d'Acédie

    Lucifer fût présenté au Très Haut comme chaque homme et chaque femme resté en Oanylone. Tout comme les autres, il n'abjura aucun de ses péchés et ne reconnu pas la puissance du Très Haut. Dans sa colère Sainte, Dieu jeta Lucifer sur la lune afin qu'il purge une éternité d'acédie et paye ses péchés terrestres. La colère du Tout Puissant fut d'autant plus forte que Lucifer l'avait loué pendant bien des années avant de céder à la tentation de la créature sans nom et de sombrer dans le vice. Ayant incarné l'acédie pendant une grande partie de son existence mortelle, il fut envoyé sur les immenses pics rocheux de l'enfer et son apparence se déforma, ses muscles et ses graisses fondirent, sa peau se resserra sur ses os si bien qu'il ressembla à un squelette. Pour le punir d'avoir passé trop de temps dans l'oisiveté, Dieu lui donna le corps d'un vieillard à la barbe hirsute et, enfin, en raison des nombreuses années qu'il avait passé à se lamenter sur son sort sans penser aux autres, Lucifer fut condamné à verser de chaudes larmes pour l'éternité.


    Le Très haut avait créé l'enfer qui se trouvait sur la lune afin d'y envoyer les plus viles âmes humaines. Alors qu'Il leur avait donné l'amour et qu'Il en avait fait Ses enfants, beaucoup se détournèrent de lui et ne manifestèrent que vice et péché, oubliant vertu et amitié. Ainsi, parmi les hommes, ceux qui se laissent aller, ceux qui s'oublient dans l'oisiveté et la paresse spirituelle ou ceux qui s'adonnent à la négation de la vie et ignorent leur propre satisfaction rejoignent les rangs des âmes damnées de Lucifer, Prince de l'Acédie.

    Traduit du grec par monseigneur Bender.B.Rodriguez

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Kalixtus
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MessagePosté le: Sam Sep 23, 2023 5:15 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Démonographie de Satan



    La naissance de Satan


    Il était une fois, jadis, lorsqu’Oanylone recelait une vie agréable et paisible, un jeune homme de bonne famille du nom de Gaël Sybarite tomba éperdument amoureux d’une des plus belles femmes de la ville. Elle se prénommait Aurore. La blondeur de ses cheveux n’avait d’égal que la clarté de ses yeux bleus et sa gentillesse et sa bienveillance étaient connues de tous. Gaël entreprit de lui faire une cour assidue et la belle Aurore n’y fut pas insensible. Après quelques temps, elle accepta avec plaisir d’offrir sa main à Gaël, l’aimant secrètement du plus profond de son cœur depuis maintes années.

    Les années passèrent et le couple était très heureux. Mais Aurore ne parvenait toujours point à avoir un descendant. Elle se sentait coupable de ne pouvoir donner à son mari un fils qu’il attendait tant. Elle alla voir les meilleurs médicastres d’Oanylone qui tous lui prodiguèrent de précieux conseils. Mais le temps passa et rien n’y fit, elle n’arrivait point à engendrer.
    Alors Aurore pria de toute son âme, de tout son être. Et la femme, dans ses prières, bien qu’ayant un cœur aussi pur que l’eau de la rivière, ne pût s’empêcher de réclamer, à tous prix, un garçon. Elle était prête à tout pour rendre Gaël heureux et fier d’elle.

    Son désir, si intense, dû faire son œuvre, puisque de cette heureuse union naquit, dans les premiers jours du printemps, un enfant d’une beauté manifeste. Une chevelure d’un noir ébène, des yeux d’un vert de jade : il fit le bonheur de ces bonnes gens et la fierté des habitants alentours. A la vue de ce bébé qui jamais n’était rassasié du sein de sa mère, Gaël décida alors de lui donner le nom de Satan. Aurore et Gaël oublièrent bien vite ces années de tourments et profitèrent de Satan, l’enfant-roi désiré depuis si longtemps.



    Les premières années de leur vie à trois furent bénies. Tout semblait être propice à un bonheur sans fard. Gaël réussissait en affaires et sans cesse gagnait plus d’argent. Aurore était une femme de maison occupée et une mère aimante. Satan, lui, était un enfant vif et curieux. Il s’intéressait à tout et qu’importait qu’il fasse des bêtises ou non, tout le monde lui pardonnait de suite ses écarts.
    Mais un tel bonheur ne semblait pouvoir durer éternellement. Ainsi, lorsque Satan atteignit ses douze printemps, Aurore tomba subitement gravement malade. Après plusieurs mois d’atroces souffrances, elle mourut sans que personne réussisse à la sauver. Gaël, fou d’amour et de tristesse, S’enfuit de la ville et se jeta du haut des falaises proches d’Oanylone.

    Satan se retrouva alors seul, abandonné par des parents aimants et pourtant, il s’en rendait compte aujourd’hui, absents lorsqu’il avait besoin d’eux. Il restait dans cette vaste demeure, héritage empoisonné d’une famille détruite. Il devait retrouver le faste de son enfance, coûte que coûte. Le jeune adulte se mit en tête d’amasser tout ce qui se trouvait à Oanylone et qui avait un tant soit peu de valeur. Il n’était jamais rassasié. Il n’en avait jamais assez. Rien de ce qu’il acquérait ne trouvait grâce à ses yeux. Rien de ce que lui offrait la Vie n’arrivait à combler le vide béant qui animait le jeune homme au regard ombrageux.
    Il changeait irrémédiablement et perdait peu à peu l’éclat enfantin que sa mère lui avait transmis.

    Ses sombres pensées et ses peines infinies attirèrent la Créature Sans Nom près de l’enfant. Voyant en lui un hôte prédestiné à porter en lui un des péchés du monde, elle finit d’accabler le jeune cœur de Satan d’amertume et de regret, pour ne laisser en lui qu’une envie insatiable et intarissable.




    A jamais, des richesses entassées...


    Satan était encore jeune lorsqu’il fit outrageusement fructifier son domaine aux dépends des paysans des environs. Il s’acharna contre eux et les appauvrissait sans remords aucun, leur réclamant la moitié de leur rente et, quand bien même avait-il gagné en une journée ce qui aurait suffit à quiconque pour toute une vie, cela ne semblait toujours pas lui convenir.

    Le malheur de ces hommes le réjouissait, la misère des bûcherons le contentait. Et, chaque jour et à chaque heure, il désirait causer encore plus de tristesse, encore plus de désespoir, encore plus de rancœur. Car rien à ses yeux ne valait ce qu’il ressentait au plus profond de son être. Car ses sentiments s’étaient mués en haine envers l’humanité, envers ceux qui pouvaient encore prétendre au bonheur.

    Cela était sa nourriture vitale, sa revanche sur la vie, sa vie en elle-même.




    Et l’innocence vint lui résister…


    Un jour d’hiver, alors qu’il se promenait sur ses terres, Satan vit une petite cabane cachée derrière de grands arbres. Furieux de voir que certains se dissimulaient et ne payaient pas les dettes qu’ils lui devaient, il ouvrit à grands fracas la porte. Face à lui, apparut une jeune fille d’une grâce divine, à la peau laiteuse et aux lèvres vermeilles.


    Il sût de suite qu’elle devait lui appartenir, comme toutes les belles choses de ce monde. Il l’exhorta alors à le suivre pour qu’elle vienne en son domaine afin qu’il puisse l’épouser. Malheureusement pour lui, Aliénor, car tel était le nom de cette jeune femme, avait voué son existence au Très Haut et refusa d’épouser le beau et ténébreux Satan. Il entreprit alors de la séduire comme jadis son père Gaël le fit pour sa mère Aurore. Car il était clair dans l’esprit malade du jeune homme qu’Aliénor porterait son engeance. Mais Aliénor, chaque jour, refusa ses avances, qu’elles soient doucereuses, passionnées ou d’une violence inégalée. Chaque jour, Satan revint chez luy ivre de rage et chaque jour il faisait exécuter l’un de ses esclaves.

    Au soir du quatre vingt dix neuvième jour, fou de rage d’être encore rejeté par une souillon, il ordonna à ses suppôts de s’en saisir et de la torturer avant de la brûler vive. Ces derniers appartenaient à la garde rapprochée du jeune seigneur et œuvraient sur ses terres en se chargeant de récolter les biens des habitants et en leur faisant subir mille douleurs si ceux-ci refusaient. Ils firent donc selon sa volonté.

    Les cris d’Aliénor emplirent le domaine et la pauvre brûla pendant des heures. A la nuit tombée, sur le cadavre de la vierge encore fumant, Satan récupéra une cornaline couleur sang qu’elle portait au cou et qui devait être son seul et unique trésor. Accrochant le pendentif sur lui, il arborait ainsi fièrement la victoire qu’il avait eue contre la jeune fille.



    Satan continuait son chemin vers le Vice Ultime, vers l’annihilation Deux jours après cette mésaventure, un de ses fidèles lieutenants, Simplicius, tomba amoureux d’une des femmes qui résidait dans la cité. Ne parvenant à la séduire, il voulut l’emporter de force mais un homme s’interposa et luy arracha l’œil droit.
    C’était Michel.
    Humilié, Simplicius en avertit son maître Sybarite qui, écœuré par la race féminine depuis la mort d’Aliénor, envoya toute une troupe arrêter la famille de cette Emmelia.



    Puis, il ordonna à ses suppôts de faire venir, chaque jour, une femme de la ville, pour qu’elle se donne à lui et à ses envies. Toutes celles qui refuseraient mourraient. Les autres vivraient encore pour quelques temps.

    Cela ne suffisait pourtant pas à faire son bonheur, et il voulait encore davantage : les mères, les vierges, les trésors, les champs… Rien ne pouvait assouvir Satan et son corps se marquait chaque fois un peu plus des atrocités qu’il faisait endurer aux autres.

    Son envie ne connaissait plus le repos. Les souffrances que subissaient les habitants d’Oanylone endurer non plus.
    A ce moment, Satan n’eut plus rien d’humain et son apparence bestiale effrayait quiconque croisait son chemin. Des excroissances déformaient sa tête et chaque recoin de sa peau était recouvert de scarifications, vestiges de ses pulsions sadiques.





    Dieu punit alors les hommes…


    Il faut savoir qu’en ces temps-là, Satan n’était pas le seul homme à s’être abandonné aux péchés. La cité d’Oanylone, autrefoy si prospère, était devenue l’Antre du Vice et la Créature Sans Nom jouissait du Chaos quy y régnait.
    Furieux, Dieu décida alors de punir la race humaine en détruisant l’intégralité de la ville d’Oanylone.

    Certains, alors, qui ne réalisaient pas combien avaient été grandes leurs fautes et qui ne pouvaient accepter l’idée de quitter cette vie faite de saveurs doucereuses à la décrépitude certaine, décidèrent de fuir pour échapper au Courroux Divin.


    D’autres, au nombre de sept, et parfaitement conscients des vices qu’ils incarnaient, furent choisis par la Créature Sans Nom. Ils prêchèrent, sous ses ordres, la rébellion contre le Très Haut et réussirent à rallier nombre de partisans à leur cause.

    Satan, prêcha de tout sa haine. Son énergie décuplée par le soutien de la Bestia Innominata le guida pour insuffler à chacun le Désir que tout homme se devait d’avoir. Ce Désir était l’incarnation de toute la perversité humaine et Satan la personnifiait. Il leur criait de vouloir, toujours et sans répit. Il les exhortait à désirer toujours plus, de devenir un désir à part entière, comme une fin en soi. Le Prince Sybarite était Sy tant convaincu des propos qu’il avançait, qu’il persuada de pauvres âmes. Il exultait, il jubilait.

    Ses yeux verts à la luminescence cadavérique captivaient la foule, sa richesse et sa beauté démoniaque devinrent les premiers désirs des êtres l’écoutant. Chacun louèrent sa prestance et sa virilité. La foule en vint à se désirer les uns les autres. L’Envie devint le fiel suintant de toutes part. Dans le flot de Vice permanent qui inondait la Ville Maudite les horreurs devinrent légions sans noms et sur les immondices putréfiées des vestiges du passé, Satan se tint fièrement debout avec ses six autres incarnations démoniaques en signe de Défi contre l’Unique.

    Le septième jour après la sentence de Dieu, la cité fut engloutie et, avec elle, les sept incarnations du péché. Satan ne sentit aucune douleur, tant son esprit avait pris possession de son corps et s’était englouti dans le nombre de désirs qu’il avait en lui. Ayant perdu la raison, il ne se rendit pas compte qu’il ne désirait plus rien. Il n’avait en son être que l’ultime désir de vouloir désirer.



    Il demeure pour l’éternité avec ses péchés…


    Satan fut envoyé avec les six autres hommes sur la Lune et fut puni à une éternité de souffrances sous le titre de Prince Démon.

    son corps, déjà meurtri à l’extrême, se transforma jusqu’à refléter la noirceur de son âme.

    Sa chevelure, qui faisait jadis sa fierté, s’allongea et imprégna son corps pour former dans son dos deux grandes ailes chitineuses semblables à celles d’une chauve-souris. Les larmes de ses beaux yeux, qui coulaient par rage et désir irraisonnés, se confondirent alors avec la pierre d’Aliénor et finirent par colorer peu à peu son corps. Sa peau prit alors une couleur améthyste. La pierre d’aliénor s’incrusta en sa chair et ainsy enchastrée, luy rappelle pour l’éternité son amour perdu.

    Il s’entoura, dans ses tourments sans fin, d’or, d’argent et de bijoux, de mets parmi les plus exquis, d’hommes et de femmes dont les corps rivalisaient en beauté. Il laissait chacun d’entre eux dévorer du regard ses trésors et ses merveilles jusqu’à ce qu’ils se dévorent intérieurement eux-mêmes.

    En effet, dans sa cruauté la plus totale, il décida que quiconque toucherait à ce qu’il entreposait subirait une affreuse douleur. Ainsi, conservait-il son butin. Ainsi pouvait-il voir son propre désir dans les yeux des autres. Et il se complaisait à observer la souffrance qui le rongeait lui-même.



    Au Prince-Démon s’oppose l’Archange…


    À Satan, Prince de l’Envie, s’oppose Michel, Archange de la Justice. Ce dernier était, du temps de son vivant, le frère de la belle Emmelia, dont était tombé amoureux un des suppôts de Satan.

    On retrouve d’ailleurs Satan se battre contre lui lors de la célèbre légende du Mont Saint-Michel qui remonte à l’époque où certains Barbares vénéraient des Dieux alcooliques.

    Un d’entre eux, du nom de Saathan honorait son Dieu en lui sacrifiant des enfants. Ce barbare poursuivait une communauté de fidèles qui tenta de fuir mais se retrouva bloquée en pleine forêt, près de l’océan.

    Préférant mourir dans les bras de la mer que dans ceux de Saathan, les fidèles prièrent le Saint Michel pour qu’il prépare leur venue.

    Le Très Haut, en désaccord avec cette décision car l’Homme n’a pas à décider de l’heure où il ira rejoindre l’astre solaire, leur ordonna par l’intermédiaire d’un messager céleste de construire une palissade à l’aide des troncs d’arbres. Quand elle serait construite, ils devraient alors allumer un grand feu afin que le Barbare découvre leur position.

    Les fidèles exécutèrent le souhait de Dieu et, au bout de sept jours, le feu fut allumé. Les troupes de Saathan arrivèrent alors et commencèrent à s’attaquer à la palissade. Au moment où la communauté s’apprêtait à se défendre, munie de pierres et de lances, l’archange Michel, vêtu d’une armure et portant une lance et un bouclier, apparut au milieu des flammes qui avaient été allumées quelques heures plus tôt.

    Le saint Michel lança son arme vers l’horizon et la mer, éveillée, engloutit les troupes du Barbare.

    L’Archange Michel reconnut immédiatement en Saathan son ennemi intime. Ses yeux verts à la luminescence cadavérique ne laissaient aucun doute. Le païen avait été possédé par le Prince Démon et corrompu par les mêmes péchés que Satan : l’envie inaltérable d’avoir ce qu’il désirait, sans qu’on ne lui oppose de résistance.



    Dans le cœur des pécheurs, résonne le Chant de Satan…

    Satan, alors qu’il était encore jeune et vivant, était connu pour fredonner à toutes heures du jour ou de la nuit ces quelques mots.
    Ces paroles n’ont pas été perdues, puisque quiconque se laisse noircir le cœur par le vice du désir a ce refrain en tête :

    Le désir cherche,
    Un précieux cœur, il cherche.
    Laisse-moi voir si c’est le tien
    Et alors, il m’appartiendra.
    Et si tu ne l’as pas ?
    Le désir cherche,
    Tout ce que tu possèdes, il cherche.
    Laisse-moi te détruire pour m’en enrichir,
    pour devenir mien.



    Traduit par monseigneur Aranwae

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