L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church
Forum RP de l'Eglise Aristotelicienne du jeu en ligne RR
Forum RP for the Aristotelic Church of the RK online game
 
Lien fonctionnel : Le DogmeLien fonctionnel : Le Droit Canon
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

[F]Le Livre des Hagiographies - Les Saints anciens -
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum -> La Bibliothèque Romaine - The Roman Library - Die Römische Bibliothek - La Biblioteca Romana -> Le Dogme - The Dogma
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:10 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


_________________


Dernière édition par Kalixtus le Dim Sep 24, 2023 7:18 am; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:12 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

    Hagiographie de Saint-Thomas


    Chapitre I - « L’enfance »


    1 C’est dans le château familial de Roccaseca que naît Thomas, en un bel après-midi de printemps de l’an de grâce 1225. Ses parents, de condition aristocratique, lui inculquèrent une éducation fondée sur les principes de la raison philosophique. Son père, haut magistrat de la petite cité d’Aquino, entendait faire de son rejeton son digne successeur en politique. L’enfant montrait des prédispositions tout à fait remarquables dans les matières que lui enseignait son précepteur, Albert le Gros, un illustre personnage napolitain. Ce dernier, en fin diététicien, soumettait son jeune élève à un strict régime alimentaire, composé essentiellement de poisson et de lait, dans le dessein d’augmenter ses capacités intellectuelles. Ainsi, Thomas, le temps faisant son œuvre, devint un esprit fort aiguisé. Ses raisonnements laissaient pantois son maître.

    2 Apercevant une colonie de fourmis, Thomas demandait à Albert : « Mon bon maître, tu m’as dit moult fois que ma nature était d’être sociable. Ces insectes étant d’une nature sociable, est-ce à dire que je suis un insecte ? ». Et Albert de répondre : « Tu raisonnes, Thomas, selon le principe du syllogisme. Il te fait dire des âneries plus grosses que toi. Mais cette tournure d’esprit te mènera fort loin en politique, où il faut savoir apporter la preuve du grotesque que l’on avance. Je te félicite. »

    3 Voyant une ruche grouillante d’abeilles, l’élève interrogeait encore son maître : « Tu m’as dit moult fois qu’Aristote affirmait que l’homme est un animal social car il est doué de parole. Ces insectes étant manifestement organisés socialement sans être douées du langage, est-ce à dire qu’Aristote avait tort ? ». Et Albert de répondre : « Tu blasphèmes, Thomas, et tu iras te confesser pour ces propos. Aristote a dit le vrai, c’est comme ça et pas autrement. Cela dit, cette tournure d’esprit te mènera fort loin en politique, où il faut savoir contredire toute vérité, et faire passer le faux pour le vrai. Je te félicite. »

    4 Et voici comment s’écoulait la douce existence du jeune Thomas, entre jeux intellectuels et joutes verbales avec son maître.

    5 Mais voilà que Thomas commença à montrer un intérêt tout particulier pour les choses de l’esprit, au grand désespoir de son père. Le jeune homme tenait ces propos à qui voulait les entendre : « Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement. Je ne ferai jamais de politique, j’aimerais enseigner ». De telles paroles faisaient naître un monumental courroux chez le paternel, qui répondait à sa progéniture : « Tu es mon fils unique, et tu feras ce que je te dirai de faire, que ça te plaise ou non. Tu deviendras maire comme moi, et un jour comte, je te l’ordonne. »

    6 Ce conflit vint à s’envenimer, le père et le fils demeurant sur leurs positions. Le premier, excédé, fit placer le second dans un couvent franciscain.




_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:12 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

    Hagiographie de Saint-Thomas


    Chapitre II - « Les années d’étude »


    1 Thomas fut d’abord bien contrit de se retrouver en la rude compagnie de ces moines austères dont on faisait une triste réputation. Mais bientôt il se ravisa, découvrant les joies et la satisfaction que procure l’étude de la théologie. N’ayant jamais été initié à cette science, il suivit les enseignements de ses professeurs avec avidité et sérieux. Ses camarades le prenaient pour un idiot, son impénétrable silence ne trahissant jamais la finesse de son esprit. Son aspect physique, qui n’avait guère fait l’objet des attentions de la grâce, le rendait peu charismatique. Il souffrait même d’un embonpoint pathologique, et un cou fort musculeux reliait sa tête au reste de son corps. Tout cela lui valut le sobriquet de « bœuf muet ». On le raillait, on se gaussait allègrement de lui, comme les franciscains en avaient l’habitude à l’égard de ceux qui leur semblaient différents.

    2 Mais par une froide journée de l’hiver 1245, alors que Thomas assistait au cour de théologie pratique, il fit entendre, pour la première fois, le timbre de sa voix. Le professeur eut le malheur d’affirmer en substance que l’intellect, par le jeu de la raison, pouvait seul venir à bout de tous les mystères de la foi.

    3 Thomas commença par lui rétorquer, à la grande consternation de l’assistance, que « grands sont les mystères de la foi, et notre capacité à raisonner n’est rien en comparaison des desseins de Dieu qui seront toujours inconnus aux pauvres mortels que nous sommes ». Il poursuivit en affirmant que « la nature peut toujours être infléchie par la Grâce, qui n’est que son œuvre, et lorsque la seconde agit sur la première par la force du miracle, elle nous laisse, comme des insectes, dans l’incompréhension ».

    4 L’enseignant fut contrarié, et voulut infliger à l’élève une leçon de philosophie : « la raison est la lumière que Dieu nous a confiée pour saisir son message ; sinon, pourquoi en serions-nous dotés ? Tais-toi donc, bœuf muet, comme tu sais si bien le faire, puisqu’il semble que ton intellect ne soit pas suffisamment aguerri pour saisir les énigmes de la foi ». Les élèves se moquèrent de Thomas qui, ne perdant pas de sa contenance, répondit au professeur : « la raison est la science de la nature, or la nature n’est que l’œuvre de Dieu. Etudier et connaître la nature n’est pas connaître Dieu, mais seulement son œuvre ».

    5 Cette fois ci, le maître fut fâché, et fit ce rappel à son étudiant : « Mettrais-tu en doute la parole d’Aristote, qui par sa sainte et prophétique raison, a touché Dieu de son doigt ? ». Et Thomas de lui rétorquer, toujours aussi calmement et avec autant de mesure : « Aristote est saint car il a révélé la matière dans sa véritable nature, à savoir celle de création divine. Mais lui-même n’est qu’un effet de la cause première, qui est Dieu. Seule la foi, seul l’abandon de soi au spirituel, dans la plénitude et la béatitude contemplative, peuvent nous permettre de toucher Dieu ».

    6 Ce furent les dernières paroles de Thomas au sein du couvent franciscain, car celui-ci fut renvoyé pour son impertinence. Et le recteur de prononcer ces mots au moment où il bottait le derrière du jeune disgracié : « Puisque c’est ainsi, jamais tu ne bénéficieras de l’ascenseur social franciscain. Jamais tu ne seras cardinal. Nah ! »




_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:13 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

    Hagiographie de Saint-Thomas


    Chapitre III - « L’errance »


    1 Thomas, exclu du couvent franciscain et déchu de son appartenance à l’ordre, se trouva alors dans la difficile condition de vagabond. Il errait, presque nu dans les rues de Naples, en quête d’une destinée. Ayant toujours eut le désir de voyager, il se dit qu’il en avait là une occasion fort bonne. Il s’engagea ainsi sur les routes des royaumes, prenant la direction du nord.

    2 En chemin, il fit la rencontre d’un marchand ambulant. Ce dernier vit en quel triste état se trouvaient les pieds nus de Thomas, ensanglantés qu’ils étaient par plusieurs jours de marche sur le tranchant des pierres. Le négociant apostropha Thomas en ces termes : « Hola ! Marcheur ! As tu vu que tes pieds son blessés ? J’ai justement là une paire de chausses qui tu pourrais enfiler, et ainsi mettre fin au calvaire que tu sembles vivre ». Thomas fut surpris de cette soudaine attention à son égard, et fit cette réponse à celui qui se souciait si aimablement de son sort : « Et bien, l’ami, je ne puis qu’accepter cette sympathique proposition ». Les chausses lui convenaient parfaitement, et en effet lui facilitaient la marche.

    3 Il remercia le marchand, s’apprêtant à reprendre la route, mais celui-ci fit à Thomas : « Eh ! Dis ! Ca fait soixante écus. A payer comptant ». Et Thomas de lui rétorquer : « Content ? Comment pourrais-je être content de payer une telle somme pour bénéficier de ta charité ? ».Le marchand fut consterné, et répondit : « Mais, mais… Il ne s’agit pas de charité ! Faut bien que je m’enrichisse, moi. Je ne donne rien, l’ami, je vend ».

    4 Thomas lui lança un regard réprobateur, avant de reprendre : « T’enrichir ? Ainsi tu veux t’enrichir ? Et de surcroît sur le dos d’un pauvre vagabond ? N’as tu point de morale ? Ignores tu les préceptes de la vertu aristotélicienne ? Le temps que tu passes à t’enrichir, tu ne le mets pas au service de la communauté. On ne s’enrichit qu’au détriment des autres. En vérité, il y a autant de chance pour un riche d’être accueilli au royaume des cieux que pour une vache de passer dans le trou d’une aiguille. Sois charitable, comme Christos te l’enseigne. ».

    5 Le marchand ne l’entendait pas de cette oreille, et répondit à Thomas en ces termes : « Oui, oui, c’est ça… Tu m’as bien regardé ? J’ai une tête à te filer mes chausses comme ça, sans rien en retour ? Va donc au diable, miséreux ». Et Thomas rendit les chausses au marchand, en lui lançant cet avertissement : « C’est toi qui ira, pauvre pêcheur ». Et il reprit sa route.

    6 Au hasard de sa marche, il fit étape à Alais, en Languedoc. Ayant bavardé en taverne avec quelque responsable local ayant apprécié son érudition et sa juste vision des choses, il se vit offrir la possibilité de devenir conseiller comtal, ce qu’il accepta.



_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

    Hagiographie de Saint-Thomas


    Chapitre IV - « Le miroir aux princes »


    1 Thomas se trouva donc au service du comte du Languedoc. Ce dernier venait chaque soir prendre conseil, soucieux qu’il était de conformer sa politique aux principes aristotéliciens, que Thomas semblait fort bien connaître.

    2 Un beau jour, le seigneur vint lui annoncer sa volonté de guerroyer contre un comté voisin. « Ces pourceaux ont porté atteinte à mon honneur, je vais leur donner un bonne leçon », dit-il. Thomas exprima son désaccord en ces mots : « Monseigneur, vous ne pouvez faire couler le sang des fidèles pareillement, pour une question qui ne touche qu’à votre honneur ». Le comte fut mécontent, et demanda à Thomas quelle était la raison de ce démenti. Thomas lui répondit ainsi : « Avec tout le respect dû à votre rang, il faut que vous sachiez que votre glaive ne peut être sorti de son fourreau que sur injonction de l’église, au moins avec sa bénédiction ».

    3 Le comte ne partageait nullement cette position, et le fit savoir ainsi : « Mais je suis un prince. En cela, je fais comme bon me semble. Tu m’avais dit tantôt qu’il fallait bien distinguer ce qui est de la sphère spirituelle, de ce qui est de la sphère temporelle, n’est-il pas ? Voilà bien, la guerre entre comtés, une chose qui échappe à l’esprit. Il n’y a rien de plus terrestre ». Thomas lui répondit : « Certes, Monseigneur. Mais cela ne signifie pas que les deux sphères soient sur un pied d'égalité. Tout pouvoir vient de Dieu par le peuple. L’autorité temporelle n’est autonome qu’autant qu’elle conserve ce principe en mémoire. Elle ne peut donc gouverner que dans le respect de la norme qui la fonde, par là même avec l’assentiment de l’église. Elle doit conformer ses actions aux opinions du clergé, et en particulier à celle de sa Sainteté le Pape, souverain de tous les souverains ».

    4 Le comte n’appréciait que moyennement ces propos, et le fit savoir à Thomas : « Ce que tu dis est faux. Je tiens mon pouvoir du peuple, certes, mais avant tout du roy qui est mon suzerain. L’église n’a rien à voir là dedans. Je veux bien qu’elle me conseille, comme tu le fais, mais qu’elle m’impose, jamais ! Mortecouille ! ». Thomas ne se démontait point, et rétorqua au seigneur : « Le roy tient aussi son pouvoir de Dieu. Et comme le peuple ne fait qu’exaucer la volonté de Dieu en vous plaçant sur votre trône, votre pouvoir est de nature divine par le haut et par le bas. Le glaive que vous brandissez vous est confié par Dieu, certes pas directement, mais Dieu étant la cause première de toutes les causes et de tous les effets, nul doute qu’il est aussi la cause de votre autorité. Or, l’église étant dépositaire de la parole divine, vous devez lui obéir. C’est ainsi, à moins que vous ne vous rabaissiez à la condition de tyran ».

    5 Le comte, dans sa colère, eut ces mots : « Et quand bien même je serais tyran ! Je doute que Dieu me foudroie sur l’instant ». Et Thomas de conclure : « Certes, non. Mais vous seriez précipité en enfer par le peuple révolté. Si un titulaire du pouvoir se fait tyran, l’église doit appeler celui qui lui a confié son pouvoir, c’est à dire le peuple, à se soulever contre lui et à cliquer sur l’option ‘prendre d’assaut le château’, autrement dit à accomplir la volonté de Dieu ».

    6 Le comte en eut assez de discutailler, et saisit Thomas par le col, afin de le jeter hors de son château. « Tu n’es qu’un piètre conseiller. J’en trouverai un autre. Par ma foi, tu es un boulet ! ».

    7 Et Thomas de se retrouver, un fois encore, dans l’errance.



_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:14 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

    Hagiographie de Saint-Thomas


    Chapitre V - « La retraite spirituelle »


    1 Thomas prit de nouveau les chemins des royaumes. Ses pas le menèrent cette fois ci à Clermont, où la douceur du climat et la superbe des paysages lui donnèrent l’envie de s’installer. De ses propres mains, il bâtit un ermitage, retiré de l’agitation du monde, pour y effectuer une retraite spirituelle. Il eut le désir de se vouer à la lecture du Livre des Vertus, et d’en tirer la substance, pour se vouer tout entier à son œuvre théologique. Il fit cette réflexion : « Tiens, je vais rédiger une somme, où les idées s’enchaîneront selon la perfection d’un rapport dialectique irréfutable. C’est parti ! ». Sa méthode fut la suivante : il imagina, dans son brillant esprit, tous les arguments que l’on pourraient opposer à la doctrine aristotélicienne, s’inspira pour cela de ses lectures des théologiens spinozistes et averroïstes, et s’attacha à élaborer un ensemble de questions auxquelles il apportait chaque fois une réponse catégorique.

    2 De cette entreprise naquit un traité, le De Veritate Fidei, véritable arme théologique de nature à combattre toutes les formes d’hétérodoxies. La pensée de Thomas s’y présentait comme un fil que l’on déroule, et était d’une clarté telle qu’elle ne pouvait qu’avoir été inspirée par Dieu.

    3 Sa retraite achevée, et sa somme complète, il revint au monde : « A nous deux, Clermont ! ». Un beau jour d’été, il se rendit donc au village, ses centaines de feuillets sous le bras. Il le trouva en proie à une formidable agitation. Les habitants courraient dans un sens ou dans l’autre, selon des trajectoires qui échappaient à la raison. Thomas, qui espérait rencontrer le curé, se dirigeait vers l’église, et en chemin put constater qu’une horde de citadins prenaient d’assaut la mairie. La pauvre maire déclamait avec force : « Mais, palsambleu, vous m’avez élu bande de dégénérés ! Faudrait savoir ! Moi j’y suis, j’y reste ! ». Et la foule de lui répondre en chœur :
    « Le pain est trop cher,
    Il n’y a plus de travail !
    On vit dans la misère,
    Et toi dans la mangeaille !
    Magistrats et prélats,
    Tous des complices
    Pour eux sonnent le glas
    Et pour nous la justice ! »

    4 Thomas continuait son chemin, constatant avec stupéfaction l’ampleur du chaos qui saisissait la ville. Arrivé devant l’église, il la trouva fermée, d’autres citadins la prenant pour cible de leur mécontentement. On les entendait dire :
    « Curé, curé, ouvre ces portes
    C’est dimanche, heure de la messe
    Que nous soyons heureux de la sorte
    Ou on te bottera les fesses ! »

    5 Thomas vit qu’un prédicateur avait pris la tête du groupe. Il vint à sa rencontre, et l’apostropha : « Mais enfin, que se passe t-il donc, ici ? ». L’étrange personnage, dont le regard trahissait le fanatisme, lui répondit : « Et bien, le peuple est mécontent. Il souffre par le fait du maire et de l’église. Le premier nous plonge dans une profonde misère par une gestion désastreuse, et le second nous refuse le bonheur auquel nous avons légitimement droit en nous interdisant d’assister à sa messe ».

    6 Thomas fut surpris, et interrogea son interlocuteur de la sorte : « Mais enfin, pourquoi cet homme de Dieu refuse t-il d’assurer son office ? ». Cette réponse lui fut donnée : « Nous sommes hétérodoxes. Nous nous sommes tantôt révolté contre l’église. Nous avons crée la tendance platonico-cicéronienne, qui postule que la croix, symbole de la foi, doit avoir des branches horizontales mesurant sept centimètres, et non huit. Donc le curé refuse de nous laisser entrer ». Thomas fut cette fois stupéfait, et reprit : « C’est parfaitement grotesque. Vous vous prétendez hétérodoxes mais voulez tout de même assister à une messe aristotélicienne. Vous reprochez au curé de vous refuser un bonheur auquel vous n’avez pas droit. Ca n’est pas raisonnable. Lorsqu’on est en désaccord avec l’église, on l’assume, et on n’assiste point à l’office ».

    7 La réaction du prédicateur fut immédiate. Il fit cette harangue à la foule, désignant Thomas d’un doigt accusateur : « Voici un complice de cet affameur de maire et de cet ignoble curé. Boutons-le ! ». Thomas tenta de se défendre et criait : « Mais non ! J’ai rien à voir avec le maire. Vous faites un amalgame désespérant ! Faut distinguer le spirituel du… Ah… Mais lâchez moi ! Voyez comme l’effet de masse vous rend stupides ! ». Et la multitude excitée eut raison de lui. Il fut expulsé du village.

    8 Cet évènement eut un retentissement considérable dans l’esprit de Thomas, qui fit cette conclusion : « Ces hétérodoxes sont une plaie ! Je dois en débarrasser la surface du monde. Telle sera ma mission ».



_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:15 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

    Hagiographie de Saint-Thomas


    Chapitre VI - « Le prêche miraculeux »


    1 Thomas prit donc la décision d’effectuer un grand pèlerinage au travers des royaumes. « Telle est ma destinée », disait-il. « Lorsque je serai passé dans chaque village, le Très-Haut pourra me rappeler à Lui ». Ses prêches enflammés faisaient toujours plus d’émules, qui le suivaient alors dans ses déplacements, si bien qu’une multitude de fidèles composaient bientôt son escorte. Partout, sa parole faisait mouche, et comme par miracle, les hétérodoxes de tout poil abjuraient, se convertissaient, et tombaient à genoux, implorant le pardon de Dieu.

    2 Un beau jour, un des disciples de Thomas l’interrogea en ces termes : « Maître, vous diffusez le message de Christos, et nous apprenez que lui seul a accompli des actes miraculeux, que lui seul fut un être de mystique. Pourquoi ne fondez vous pas, avec ce fantastique talent qui vous caractérise, une nouvelle Eglise aristotélicienne, qui préfèrerait Christos à Aristote ? ».

    3 Thomas entendit cette suggestion, et fit cette réponse : « Mon fils, certes j’insiste sur la parole de Christos, mais par dessus tout, ce qui m’importe, c’est de préserver l’unité de la foi, et donc de l’Eglise. J’aime tous ceux qui portent et transmettent la vérité de Dieu, et ce serait un atroce déchirement que de fonder cette dissidence dont tu parles, que de briser l’amitié aristotélicienne. Vois ce que je fais ici. Pourquoi irais-je détruire ce que je bâtis ? Pourquoi chercherais-je la défaite, alors que je vais de victoire en victoire au bénéfice de l’indivisibilité de l’Eglise ? Non, mon fils, il ne saurait en être question ». Et le disciple se ravisa, avant de demander pardon.

    4 Ce même disciple, alors que les pèlerins menés par Thomas faisaient halte en Normandie, demanda à Thomas : « Maître, cette terre est peuplée d’hérétiques. C’est désespérant. J’ai une brillante idée : pourquoi ne dresserions nous pas un immense bûcher où nous placerions tous ces égarés ? De la sorte, nous en serions débarrassés, et nous gagnerions du temps ».

    5 Thomas entendit cette proposition, et fit cette réponse : « Ton idée est tout sauf brillante, mon fils. D’abord, ces hétérodoxes sont des hommes avant d’être des égarés, et en tant que créatures de Dieu nous ne pouvons les détruire nous mêmes. Ensuite, ce serait gâcher de grandes quantités de bois, pour un bien piètre usage ». Le disciple ne fut pas satisfait de la leçon de Thomas, et crut pouvoir le prendre en défaut : « Mais, maître, s’il advenait que des hérétiques n’abjurent point, il est bien permis d’en brûler quelques uns. Et puis, lorsque l’Eglise lance des croisades, n’est-ce pas la mort qu’elle apporte parmi les égarés ? ».

    6 Thomas reprit ainsi : « Ca n’est jamais l’Eglise elle même qui dresse les bûchers, mais le bras séculier auquel sont livrés les hérétiques. Ainsi, elle garde toujours les mains propres. Et puis les croisades, c’est tout à fait différent. Elles sont lancées contre les terres tenues par les égarés, et ne sont tués que ceux qui se placent en travers du chemin des armées de Dieu. La croisade est une guerre juste, ad majorem dei gloriam. Et puis maintenant, va voir là haut si j’y suis ». Et le disciple se ravisa, avant de demander pardon.

    7 Ainsi fut menée la plus grande entreprise de prêche jamais accomplie. La piété en fut à un niveau inégalé au sein des royaumes. Partout se transmettait la nouvelle du périple de Thomas, et il acquit en cela la plus haute considération des princes de l’Eglise.



_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:16 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

    Hagiographie de Saint-Thomas


    Chapitre VII - « La révélation de la mort »


    1 Ayant achevé son pèlerinage, Thomas s’en retourna à Clermont, dans son ermitage. La vielle bâtisse était devenue le sanctuaire des bêtes sauvages et d’une flore luxuriante, mais Thomas, vieux et fatigué, n’en avait cure. Il s’allongea sur la pierre froide, attendant la mort. Deux jours durant, il demeura en béatitude, sans manger ni boire. Il se sentait faible, et n’avait plus la force de se mouvoir.

    2 Au soir du deuxième jour, se produisit un évènement extraordinaire. La brise était tombée, et le calme du crépuscule n’était troublé que par quelques grillons. Thomas se laissait aller à sa contemplation, et sentait sa dernière heure venue. C’est alors qu’un souffle divin fit s’agiter les feuilles des arbres et des plantes grimpantes, et qu’une lumière surnaturelle vint frapper Thomas au visage. Majestueuse, grave, et inspirant le recueillement, une voix gutturale se fit entendre : « Thomas, c’est moi, Christos. Ouvre les yeux, que tu puisses me voir ».

    3 Thomas n’en crut pas ses oreilles, et pensa qu’il devait s’agir du délire précédant le trépas. Dans un souffle imperceptible, il interrogea la voix : « Ca y est ? Suis-je mort ? ». L’étrange présence lui répondit ainsi : « Mais non, pas encore. Cela dit ça va pas tarder. Bon, tu les ouvres tes yeux ? ».

    4 Thomas fit usage de ses dernières ressources pour soulever ses paupières, dans un incommensurable effort. Ce qu’il vit fut un ravissement : un visage d’une beauté fabuleuse était penché sur le sien. Ces traits si parfaits évoquèrent chez Thomas une plénitude qu’il n’avait alors jamais ressentie. Il se sentait serein et réconforté.

    5 Thomas s’adressa à cette céleste apparition en ces termes : « Vous êtes encore mieux qu’en icône. Enfin bref, pourquoi m’apparaissez vous, Seigneur ? ». Christos reprit : « Thomas, je suis venu te conduire au royaume des cieux, car tu dois rejoindre le Panthéon des vertueux. Ta vie a été un modèle d’excellence et d’abnégation au service de la foi, et tu as droit à la béatitude éternelle. Je te fais cette prophétie : un jour tu seras Saint sur cette terre, et un ordre portera ton nom. Tu as bien servi Dieu, Aristote et moi-même. Sois béni pour les siècles des siècles ». Et sur ces paroles, Christos disparut, laissant dans l’atmosphère un parfum de piété.

    6 Thomas eut la force de répondre « Amen » avant de s’abandonner. Son âme entra alors en lévitation, entraînée vers les cieux par la céleste lumière.

    7 Ainsi disparut Thomas d’Aquin, dont la dépouille est, selon la chronique, toujours demeurée en cet ermitage de Clermont, sur les ruines duquel fut érigée une abbaye…



_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:23 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

    Hagiographie de Saint Vincent


    Après Christos, histoire de l’église.

    « Et les siècles s’écoulèrent, les uns traversés de guerres et de famines, les autres bordés de découvertes et de Saints influents. »


    Siècle premier après Christos :

    Vincent vivait en Gaule Romaine, en la province dite Lyonnaise, parmi le peuple des Eduens, région que l'on nomme aujourd'hui Bourgogne, il était paysan. La vie était difficile en ces temps reculés de notre histoire, mais sa profonde piété faisait de lui un personnage important et référentiel de son village.
    Le maïs avait du mal à se vendre, il le stockait dans son grenier, comme beaucoup de villageois. Personne ne mourrait de faim, mais leurs corps et leurs âmes grondaient malgré les nombreuses exhortations à la patience et à l’abnégation prodiguées par Vincent.
    Souvent les villageois se plaignaient avec vivacité :

    « Mais nous manquons de force avec ce maïs qui nous nourrit !
    Nous manquons de lait ou de poisson et notre intelligence en subit les conséquences !
    Et que dire des légumes si longs à pousser et des fruits impossibles à cueillir sans verger ? Nous ne sommes pas très fascinants !
    Cela nous rend malheureux… »

    « -Et, quoi ! »

    Rétorquait-il avec ferveur !

    « -Christos ne nous a-t-il point délivré d’un mal bien plus grand que celui de ne point augmenter nos envies de varier notre alimentation ?
    Aristote ne nous a-t-il point appris que « l’homme vertueux est celui qui compose avec les circonstances pour agir avec toujours le plus de noblesse possible ? »
    Ne recherchez-vous pas un illusoire absolu de ce que vous croyez être le bonheur ?
    Sans être passif, nous pouvons nous contenter du meilleur possible ! »

    Et chacun repartait à son travail…

    Un jour qu’il retournait la terre avec difficulté sur son champ, il entendit venir du village une rumeur qui s’amplifiait au fur et à mesure qu’un groupe de paysans s’approchait de lui.
    Il sentit la colère, et cette fois sut que les paroles n’apaiseraient point ses compagnons de labeur.

    Il leur clama :
    « -Bien !
    Puisque vous voulez changer vos existences, et ne savez vous contenter de celles qui sont présentes en votre village, je vais aller sur les collines avoisinantes pour réfléchir à la question !
    Et qu’Aristote me vienne en aide, »
    Ajouta t’il pour lui seul, dans un murmure empreint de Foy et d’espérance.

    Il laissa là récolte de maïs et charrette, et devant ses compagnons médusés, commença à gravir lentement la colline la plus proche.
    Certains le regardaient navrés et se signaient devant l’absurdité apparente de son geste, mais Vincent était bien décidé à trouver quelque chose de nouveau ! Ou du moins essayer…

    C’était la fin de l’été : septembre étalait toute la flore bourguignonne bien épanouie, encore verte ou à peine roussie. Chaque couple d’animaux s’affairait avec efficacité et bonheur à se nourrir, protéger et communiquer les principes de la vie à leurs progénitures variées.

    Vincent grimpa un bon moment le sentier feuillu et enchevêtré, puis arriva au sommet de cette colline fort élevée. Son faîte était dégagé, assez caillouteux, et il s’assit enfin sur une large pierre plate tiédie de soleil. Elle était comme posée là exprès par le Très-Haut pour servir de siège à l’ascensionniste solitaire...
    Il se posa là un long moment sans même regarder l’autre versant de cette colline.
    Il contempla le paysage qui s’étendait à ses pieds : des centaines de petits chapeaux pointus hachuraient en flèches sombres par pans entier les collines boisées de sapin ; les nuages reflétaient leur passage sur les forêts en les caressant de leur ombre et en révélaient leurs essences.

    Presque tout en bas, entre deux minuscules éminences, le village se tassait, cerné par la ligne souplement mamelonnée des petits monts ruisselants de soleil.
    Quelques fumées s’effilochaient avec nonchalance vers les Cieux bienveillants du jour.
    Le clocher de l’église étendait sa flèche divine vers la haute voûte céleste.

    … Il eut pu rester longtemps ainsi en contemplation, qui était pour lui comme une sorte de prière, mais des piaillements impérieux et coléreux se firent entendre non loin de lui : deux merles s’affrontaient pour chacun obtenir à l’évidence ce que l’autre désirait !

    Un étrange arbuste poussait dans une profonde anfractuosité de la roche, emplie de terre non argileuse.
    Ses feuilles étaient grandes et d’un vert soutenu, des petits fruits ronds et sombres pendaient en lourdes grappes sous elles. Il reconnu le raisin noir, celui dont on travaillait un bon vin pour les rites dominicains et tables de nobles. Il était au-delà de l’étonnement, car il avait toujours pensé que le vin venait de vignes lointaines, et que le raisin poussait dans les Royaumes du Sud.

    Les deux volatiles se battaient pour en obtenir un même grain !

    « - Ah ! »
    Se dit il, vaguement courroucé,

    « - Tant de ces petits fruits, et deux oiseaux s’en battent un grain !
    Que l’égoïsme et l’avidité entachent les créatures du Très-Haut parfois !

    Il repensait en filigrane aux désirs problématiques de ses amis villageois…
    Il chassa les animaux et goûta le raisin machinalement, et fut surpris de sa saveur chaude et du riche arôme.
    …Soudain, il bondit !

    « -Quoi ? De la vigne ici ? »

    S’écria t-il avec force et jubilation.

    « -Mais si cette vigne sauvage pousse ici, que ne donnerait-elle pas sur nos collines !

    Il regarda l’autre versant de la colline, et en effet beaucoup de ceps poussaient ici et là, pèle-mêle, entre pins et arbustes divers. Certains étaient étouffés et ne donnaient pratiquement rien, d’autres étaient plus beaux de feuillage et de forme, mais presque vierges de raisins.
    Il remarqua notamment que les plus petits plants portaient abondance de fruit.
    Ces derniers avaient dus être frappés par la foudre et étêtés naturellement.

    Vincent était très féru et sensitif pour tout ce qui était travail des plantes. Ne fabriquait-il pas des potions à base de Simples pour les malades ?
    Il comprit immédiatement le principe minimum de taille et tout le parti à tirer de cette découverte.
    Il étudia sur place la distance nécessaire entre chacun des ceps en observant les plus beaux, leur situation et leur configuration.
    Il rapporta beaucoup de grappes pour les habitants du village.
    Il leur expliquerait.
    Il leur apprendrait.
    Il seraient à même de remercier Le Seigneur pour sa prodigalité.

    Il ne lui vint pas même à l’idée que sa découverte était également le résultat de son écoute des villageois, de sa ténacité à œuvrer pour le bien, de son sens de l’observation et surtout de ce précepte sagement suivi : « Aide toi, et le Ciel t’aidera »
    Mais il n’était que l’instrument humain Du Très-Haut et de Sa proposition de culture…

    Une image de champs plantés d’une multitude de ces petits arbres lui vint à l’esprit en même temps qu’il pensait à Le remercier.

    « -Qu’Aristote soit loué, lui dont je suis fidèlement le dogme avec application.
    C’est grâce à sa manière de réfléchir en marchant que je suis ici ! »

    Exprima t-il avec gratitude.

    … S’il fallut des siècles pour que la vigne s’installât avec profit sur le Royaume, dès lors l’église eût son vin à partager pour ces cérémonies et rites religieux plus facilement. Il était heureux que les productions de vins n’aient pas à faire un long voyage pour être disponible sur le Royaume.
    Le village fut le premier, et le resta longtemps, à cultiver la vigne.

    …Trois siècles plus tard, un autre dénommé Vincent, descendant du premier, traversait à son tour la Bourgogne à la fin de Janvier, et il était très fatigué. Il s’endormit donc au bord d’une vigne, attachant mollement la longe de son âne à une grosse pierre. Lors de son sommeil réparateur, son âne s’échappa et brouta les jeunes pousses de plusieurs plants.
    Les vignerons témoins de la scène arrivèrent trop tard pour l’en empêcher.
    L’année suivante, ils remarquèrent que le pied de vigne brouté était bien plus productif que les autres. L'âne du Saint avait inventé la taille précise de la vigne !
    À partir de ce moment, les simples étêtages recommandés par Vincent devinrent une méthode de taille régulière et soignée, et le raisin poussa dorénavant meilleur et plus gros.

    Vincent (Vin- Sang, « Le sang de la vigne ») devint le Saint Patron des Vignerons, lui qui, dans une suprême libation, versa son sang de son corps supplicié, tout comme le raisin le fait quand il est broyé dans un pressoir.

    Citations de Vincent :
    - Vingt, cent mille ânes dans un pré, combien ça fait de pattes de queues et d'oreilles?
    - S'en vint la gourde : Vincent la but!
    - Tant va la cruche au vin, à la fin le tonneau se vide!
    - Sans vin, comment faire la messe?
    - "Vincent, tu m'sers un coup? j'te tends ma choppe gauche."(taverne)
    - "L'eusses-tu cru mon ami, l'état boulasse en vain!" (taverne)


    La saint Vincent est généralement fêtée le 22 janvier, l'hiver est déjà bien engagé et a fait subir ses rigueurs, la vigne ne nécessite plus de soins, on ressent alors le besoin de se réunir, de se réconforter avant la reprise des premiers travaux viticoles, de taille en particulier.
    Il est particulièrement fêté en Bourgogne et en Champagne, régions très proches, où il s'était fait connaitre par beaucoup.
    Il a été diacre puis archidiacre une période de sa vie, à Saragosse.
    Il est représenté en effigie dans les processions des fêtes de vendanges dans les villes à bons crus.(27 septembre)

    Traduit par sœur Feuilllle



_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kalixtus
Cardinal
Cardinal


Inscrit le: 24 Fév 2013
Messages: 12878
Localisation: Roma, Palazzo Doria-Pamphilj

MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 7:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

    Hagiographie de Saint-Yves


    Yves (en breton Erwan) Son nom est associé à Tréguier avec Tugdual. On le représente souvent rendant la justice entre le pauvre et le riche.

    I Naissance et formation d’Yves Hélory de Kermartin


    Yves Hélory de Kermartin est né le dix-sept octobre de l’an mille deux cent cinquante-trois au manoir de Kermartin, à Minihy, près de Tréguier. À l’âge de quatorze ans il partit pour l’université de Paris où il étudia pendant dix ans les lettres et les sciences, la théologie et le droit canon. En mille deux cent soixante dix-sept, à vingt-quatre ans, Yves prit la direction d’Orléans pour y étudier le droit civil, continuant ainsi à mener une vie d’étudiant sérieux et pieux. Il partit ensuite à Rennes compléter ses longues études en suivant de doctes conférences sur le Livre des Vertus. Son entourage n’était pas sans remarquer ses capacités intellectuelles, son érudition qui en faisaient un savant et un lettré. Un homme talentueux donc, mais également d’une grande spiritualité de par sa piété et sa vie d’ascèse ; si bien que l’Archevêque de Rennes lui proposa la charge d’official.


    II Official à Rennes ; le jugement des odeurs

    Yves ne se borna pas à faire prévaloir le droit dans ses fonctions judiciaires. Il se constitua l’avocat du faible, du pauvre, du persécuté. La violence et l’injustice lui causaient une telle horreur qu’il les combattait d’office, et n’épargnait ni peine ni argent pour faire rendre justice. Sa parole ardente et éloquente, l’autorité de son savoir, son renom de droiture et de fermeté gagnaient toutes les causes dont il se chargeait. Et il attaquait sans hésiter, devant les tribunaux ecclésiastiques, les hommes puissants qui, en offensant l’équité, l’avaient indigné. C’est cette indignation qui l’amena un jour à énoncer son jugement le plus célèbre, celui des odeurs.

    Dans cette affaire, un aubergiste s’opposait à un mendiant. Ce dernier était accusé par le premier d’avoir été pris à rôder autour des cuisines. Comme l’aubergiste ne pouvait prouver une accusation de vol de nourriture, il l’accusa de se nourrir des odeurs de sa cuisine… La veille de l’audience, ne sachant comment aborder cette affaire, Yves fit une prière avant d’aller se coucher, espérant que le lendemain une solution lui vendrait à l’esprit. Pendant son sommeil, il rêva de la vie de Michel, l’Archange de la justice, et trouva un jugement qui en étonna plus d’un : le bruit payerait les odeurs ! Lors de l’audience, Yves Hélory prit quelques pièces dans sa bourse et les jeta sur la table devant lui. L’aubergiste tendit la main pour les prendre mais Yves retint sa main. L’aubergiste s’exclama : « c’est à moi ». Yves lui répondit alors « ah non ! le son paye l’odeur, à cet homme l’odeur de ta cuisine, à toi le son de ces pièces ! ». La réputation de ce juriste vengeur s’étendit dans toute la Bretagne et même dans l’ouest du royaume de France. Yves resta à Rennes quatre années, de mille deux cent quatre-vingts à mille deux cent quatre-vingt-quatre. Déjà, il se fait remarquer par sa vie de privation en faveur des pauvres et plus particulièrement à l’époque de son départ de Rennes.

    Un jour, le frère Guiomar Morel, Diacre de Tréguier dit de lui, « Pendant qu'il était malade à Kermartin, la maison d'Yves, je me trouvai seul avec celui-ci et le pressai de me dire comment il en était venu à embrasser cette vie austère et sainte. Yves fit de grandes difficultés pour répondre, enfin il conta que quand il était official de l'archevêque de Rennes, il allait au couvent des Franciscains de Bruz entendre expliquer le Livre des Vertus. C'est alors, sous l'influence des paroles des frères recueillies en ce lieu, qu'il commença d'aspirer à une vie charitable loin de la richesse. Longtemps il sentit en lui, entre la raison et la sensualité, une terrible querelle. Cette querelle ou plutôt ce combat dura trois ans. Au cours de la deuxième année, la raison finit par dominer la sensualité. C'est alors qu'Yves commença ses prédications, sans toutefois quitter encore ses habits mondains. Mais, dans la troisième année, la pure raison s'étant rendue tout à fait maîtresse, Yves donna aux pauvres ses bons habits pour l'amour de Dieu et prit des habits grossiers, à savoir une cotte à manches longues et larges sans boutons, et sur cette cotte une housse, ces deux vêtements traînants, d'une tournure très grave et taillés dans un gros drap de bureau blanc. Il adopta alors ce costume pour ramener plus facilement les fidèles sur le chemin de la Vertu."


    III Yves le prêtre

    En mille deux cent quatre-vingt-quatre, l’archevêque de Rennes ayant eu confirmation de ses talents, le pressa d’accepter de recevoir le sacrement de l’ordination et de se voir confier la paroisse de Tredrez. Yves accepta et dès la sortie de Rennes, vendit le cheval que lui avait offert l’archevêque pour offrir l’argent de la vente aux pauvres. Dans sa paroisse de Tredrez puis, plus tard, celle de Louannec, lors que ses prédécesseurs prêchaient en latin, Yves étonne ses paroissiens en le faisant en breton, rendant ainsi accessible au peuple la compréhension du Livre des Vertus. Ce faisant, on aimait venir de partout entendre ce prêtre humble et dont la piété faisait aimer la piété. Mais il ne ménageait pas sa peine pour aller dire l’espérance de Dieu aux pauvres gens de la campagne bretonne. À cause d’une épidémie qui emporta nombre de prêtres, il lui est arrivé de prêcher cinq fois le même jour à des endroits différents : Tredrez, Louannec, Saint Michel en Grève, Trédarzec et Pleumeur. Il faisait tout le chemin à pied, jamais à cheval.

    En mille deux centre quatre-vingt-treize, après le décès de sa mère, emportée par la maladie, il hérita de l’ensemble du patrimoine familial en tant qu’ainé de la famille Heloury. Il fit alors construire un refuge pour les indigents, Crech-Martin.À Tredrez, lorsqu’il y était recteur, il nourrissait aussi les pauvres : une fois il fît donner le peu de pain qui restait au presbytère à des pauvres. On en coupa assez pour que tout le monde en ait à sa faim, au grand étonnement du vicaire qui s’était fait mettre de côté, au préalable, un morceau pour lui.
    Yves étonnait tout le monde par son désintéressement :« Advocatus erat, sed non latro, res mirabilis populo ». Cette exclamation en latin a traversé les siècles, et reste souvent prononcé en Bretagne : « Il était avocat, mais pas voleur, chose admirable pour les gens ». Quant aux pauvres habits que parfois il faisait faire, le jour où l’on les lui portait ne finissait pas toujours avant qu’un malheureux ne se les voit offrir.

    Yves Hélory s’éteint le dix-neuf mai mille trois cent trente trois. Ses obsèques à l’église Saint-Tugdual de Tréguier où est érigé son mausolée, firent l’objet d’une ferveur populaire extraordinaire. Pour tous, il devient le « mirouër (miroir) des ecclésiastiques, avocats, pauvres, veuves et orphelins »


    Un dernier geste pour les pauvres.

    Le lendemain de sa mort, au matin, les pauvres de Tréguier trouvèrent tous dans leurs affaires une miche de pain. Cette découverte fut immédiatement attribuée à Yves. Les pauvres, voulant remercier le Saint homme participèrent à ériger le magnifique mausolée dans la Cathédrale Trégoroise, ils ne manquèrent pas par la suite de venir s'y recueillir.


    IV Témoignages sur Yves Hélory de Kermartin


    La Veuve du jongleur Rivallon a dit de lui

    Citation:
    " Mon défunt mari et moi-même, nous vînmes accompagnés des quatre enfants que j’avais, onze ans environ avant la mort de dom Yves, à sa maison de Kermartin pour recevoir aumônes et hospitalité pour l’amour de Dieu. Yves nous accueillit avec beaucoup de joie, et pendant ces onze années-là, ou à peu près, il nous a gardés chez lui, pourvoyant à notre nourriture et à notre habillement."


    Un cheval pour les pauvres.

    Citation:
    Un été, par un temps de grande sécheresse, Yves n'avait plus rien à donner aux pauvres. Il ne lui restait qu'un cheval employé à la culture de ses terres. Il vint de Tredez à Tréguier trouver un bourgeois appelé Traquin, qui avait épousé sa soeur. Il dit à Traquin : « Achetez mon cheval ». Ce bourgeois se moqua de lui : « Etes-vous fou, s'écria-t-il, de vouloir vendre votre cheval pour donner aux pauvres ! » Peu ému de ces railleries, Yves insista, le bourgeois acheta le cheval cinquante écus. Aussitôt le prix convenu ou compté, Yves revint chez lui en toute hâte, après avoir prescrit à sa soeur de lui envoyer du pain pour cinquante écus à distribuer aux pauvres, car les pauvres en foule le suivaient partout.


    Yves, un souvenir encore vivace en Bretagne

    Quand les Bretons voyaient passer dans la campagne
    Yves revêtu de son grand manteau blanc
    Ils se disaient que Dieu l’avait mis en Bretagne
    Pour défendre des grands les faibles, les petits.
    À son nom s’éveillaient, sur leurs couches les malades.
    Les marins l’invoquaient au milieu des ténèbres,
    Et leurs barques passaient les brisants périlleux



    Il est le Saint patron de la Bretagne et des Juristes.
    Il est fêté le 19 mai.




_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church Index du Forum -> La Bibliothèque Romaine - The Roman Library - Die Römische Bibliothek - La Biblioteca Romana -> Le Dogme - The Dogma Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6
Page 6 sur 6

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com