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Hagiographie de saint Thomas

 
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Sainte Wilgeforte



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MessagePosté le: Sam Mar 27, 2010 4:24 pm    Sujet du message: Hagiographie de saint Thomas Répondre en citant


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Dernière édition par Sainte Wilgeforte le Sam Mar 27, 2010 4:28 pm; édité 1 fois
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Sainte Wilgeforte



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MessagePosté le: Sam Mar 27, 2010 4:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

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    Hagiographie de saint Thomas
    Chapitre I - « L’enfance »


    1 C’est dans le château familial de Roccaseca que naît Thomas, en un bel après-midi de printemps de l’an de grâce 1225. Ses parents, de condition aristocratique, lui inculquèrent une éducation fondée sur les principes de la raison philosophique. Son père, haut magistrat de la petite cité d’Aquino, entendait faire de son rejeton son digne successeur en politique. L’enfant montrait des prédispositions tout à fait remarquables dans les matières que lui enseignait son précepteur, Albert le Gros, un illustre personnage napolitain. Ce dernier, en fin diététicien, soumettait son jeune élève à un strict régime alimentaire, composé essentiellement de poisson et de lait, dans le dessein d’augmenter ses capacités intellectuelles. Ainsi, Thomas, le temps faisant son œuvre, devint un esprit fort aiguisé. Ses raisonnements laissaient pantois son maître.

    2 Apercevant une colonie de fourmis, Thomas demandait à Albert : « Mon bon maître, tu m’as dit moult fois que ma nature était d’être sociable. Ces insectes étant d’une nature sociable, est-ce à dire que je suis un insecte ? ». Et Albert de répondre : « Tu raisonnes, Thomas, selon le principe du syllogisme. Il te fait dire des âneries plus grosses que toi. Mais cette tournure d’esprit te mènera fort loin en politique, où il faut savoir apporter la preuve du grotesque que l’on avance. Je te félicite. »

    3 Voyant une ruche grouillante d’abeilles, l’élève interrogeait encore son maître : « Tu m’as dit moult fois qu’Aristote affirmait que l’homme est un animal social car il est doué de parole. Ces insectes étant manifestement organisés socialement sans être douées du langage, est-ce à dire qu’Aristote avait tort ? ». Et Albert de répondre : « Tu blasphèmes, Thomas, et tu iras te confesser pour ces propos. Aristote a dit le vrai, c’est comme ça et pas autrement. Cela dit, cette tournure d’esprit te mènera fort loin en politique, où il faut savoir contredire toute vérité, et faire passer le faux pour le vrai. Je te félicite. »

    4 Et voici comment s’écoulait la douce existence du jeune Thomas, entre jeux intellectuels et joutes verbales avec son maître.

    5 Mais voilà que Thomas commença à montrer un intérêt tout particulier pour les choses de l’esprit, au grand désespoir de son père. Le jeune homme tenait ces propos à qui voulait les entendre : « Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement. Je ne ferai jamais de politique, j’aimerais enseigner ». De telles paroles faisaient naître un monumental courroux chez le paternel, qui répondait à sa progéniture : « Tu es mon fils unique, et tu feras ce que je te dirai de faire, que ça te plaise ou non. Tu deviendras maire comme moi, et un jour comte, je te l’ordonne. »

    6 Ce conflit vint à s’envenimer, le père et le fils demeurant sur leurs positions. Le premier, excédé, fit placer le second dans un couvent franciscain.



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MessagePosté le: Sam Mar 27, 2010 4:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

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    Hagiographie de saint Thomas
    Chapitre II - « Les années d’étude »


    1 Thomas fut d’abord bien contrit de se retrouver en la rude compagnie de ces moines austères dont on faisait une triste réputation. Mais bientôt il se ravisa, découvrant les joies et la satisfaction que procure l’étude de la théologie. N’ayant jamais été initié à cette science, il suivit les enseignements de ses professeurs avec avidité et sérieux. Ses camarades le prenaient pour un idiot, son impénétrable silence ne trahissant jamais la finesse de son esprit. Son aspect physique, qui n’avait guère fait l’objet des attentions de la grâce, le rendait peu charismatique. Il souffrait même d’un embonpoint pathologique, et un cou fort musculeux reliait sa tête au reste de son corps. Tout cela lui valut le sobriquet de « bœuf muet ». On le raillait, on se gaussait allègrement de lui, comme les franciscains en avaient l’habitude à l’égard de ceux qui leur semblaient différents.

    2 Mais par une froide journée de l’hiver 1245, alors que Thomas assistait au cour de théologie pratique, il fit entendre, pour la première fois, le timbre de sa voix. Le professeur eut le malheur d’affirmer en substance que l’intellect, par le jeu de la raison, pouvait seul venir à bout de tous les mystères de la foi.

    3 Thomas commença par lui rétorquer, à la grande consternation de l’assistance, que « grands sont les mystères de la foi, et notre capacité à raisonner n’est rien en comparaison des desseins de Dieu qui seront toujours inconnus aux pauvres mortels que nous sommes ». Il poursuivit en affirmant que « la nature peut toujours être infléchie par la Grâce, qui n’est que son œuvre, et lorsque la seconde agit sur la première par la force du miracle, elle nous laisse, comme des insectes, dans l’incompréhension ».

    4 L’enseignant fut contrarié, et voulut infliger à l’élève une leçon de philosophie : « la raison est la lumière que Dieu nous a confiée pour saisir son message ; sinon, pourquoi en serions-nous dotés ? Tais-toi donc, bœuf muet, comme tu sais si bien le faire, puisqu’il semble que ton intellect ne soit pas suffisamment aguerri pour saisir les énigmes de la foi ». Les élèves se moquèrent de Thomas qui, ne perdant pas de sa contenance, répondit au professeur : « la raison est la science de la nature, or la nature n’est que l’œuvre de Dieu. Etudier et connaître la nature n’est pas connaître Dieu, mais seulement son œuvre ».

    5 Cette fois ci, le maître fut fâché, et fit ce rappel à son étudiant : « Mettrais-tu en doute la parole d’Aristote, qui par sa sainte et prophétique raison, a touché Dieu de son doigt ? ». Et Thomas de lui rétorquer, toujours aussi calmement et avec autant de mesure : « Aristote est saint car il a révélé la matière dans sa véritable nature, à savoir celle de création divine. Mais lui-même n’est qu’un effet de la cause première, qui est Dieu. Seule la foi, seul l’abandon de soi au spirituel, dans la plénitude et la béatitude contemplative, peuvent nous permettre de toucher Dieu ».

    6 Ce furent les dernières paroles de Thomas au sein du couvent franciscain, car celui-ci fut renvoyé pour son impertinence. Et le recteur de prononcer ces mots au moment où il bottait le derrière du jeune disgracié : « Puisque c’est ainsi, jamais tu ne bénéficieras de l’ascenseur social franciscain. Jamais tu ne seras cardinal. Nah ! »



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MessagePosté le: Sam Mar 27, 2010 4:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

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    Hagiographie de saint Thomas
    Chapitre III - « L’errance »


    1 Thomas, exclu du couvent franciscain et déchu de son appartenance à l’ordre, se trouva alors dans la difficile condition de vagabond. Il errait, presque nu dans les rues de Naples, en quête d’une destinée. Ayant toujours eut le désir de voyager, il se dit qu’il en avait là une occasion fort bonne. Il s’engagea ainsi sur les routes des royaumes, prenant la direction du nord.

    2 En chemin, il fit la rencontre d’un marchand ambulant. Ce dernier vit en quel triste état se trouvaient les pieds nus de Thomas, ensanglantés qu’ils étaient par plusieurs jours de marche sur le tranchant des pierres. Le négociant apostropha Thomas en ces termes : « Hola ! Marcheur ! As tu vu que tes pieds son blessés ? J’ai justement là une paire de chausses qui tu pourrais enfiler, et ainsi mettre fin au calvaire que tu sembles vivre ». Thomas fut surpris de cette soudaine attention à son égard, et fit cette réponse à celui qui se souciait si aimablement de son sort : « Et bien, l’ami, je ne puis qu’accepter cette sympathique proposition ». Les chausses lui convenaient parfaitement, et en effet lui facilitaient la marche.

    3 Il remercia le marchand, s’apprêtant à reprendre la route, mais celui-ci fit à Thomas : « Eh ! Dis ! Ca fait soixante écus. A payer comptant ». Et Thomas de lui rétorquer : « Content ? Comment pourrais-je être content de payer une telle somme pour bénéficier de ta charité ? ».Le marchand fut consterné, et répondit : « Mais, mais… Il ne s’agit pas de charité ! Faut bien que je m’enrichisse, moi. Je ne donne rien, l’ami, je vend ».

    4 Thomas lui lança un regard réprobateur, avant de reprendre : « T’enrichir ? Ainsi tu veux t’enrichir ? Et de surcroît sur le dos d’un pauvre vagabond ? N’as tu point de morale ? Ignores tu les préceptes de la vertu aristotélicienne ? Le temps que tu passes à t’enrichir, tu ne le mets pas au service de la communauté. On ne s’enrichit qu’au détriment des autres. En vérité, il y a autant de chance pour un riche d’être accueilli au royaume des cieux que pour une vache de passer dans le trou d’une aiguille. Sois charitable, comme Christos te l’enseigne. ».

    5 Le marchand ne l’entendait pas de cette oreille, et répondit à Thomas en ces termes : « Oui, oui, c’est ça… Tu m’as bien regardé ? J’ai une tête à te filer mes chausses comme ça, sans rien en retour ? Va donc au diable, miséreux ». Et Thomas rendit les chausses au marchand, en lui lançant cet avertissement : « C’est toi qui ira, pauvre pêcheur ». Et il reprit sa route.

    6 Au hasard de sa marche, il fit étape à Alais, en Languedoc. Ayant bavardé en taverne avec quelque responsable local ayant apprécié son érudition et sa juste vision des choses, il se vit offrir la possibilité de devenir conseiller comtal, ce qu’il accepta.



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MessagePosté le: Sam Mar 27, 2010 4:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

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    Hagiographie de saint Thomas
    Chapitre IV - « Le miroir aux princes »


    1 Thomas se trouva donc au service du comte du Languedoc. Ce dernier venait chaque soir prendre conseil, soucieux qu’il était de conformer sa politique aux principes aristotéliciens, que Thomas semblait fort bien connaître.

    2 Un beau jour, le seigneur vint lui annoncer sa volonté de guerroyer contre un comté voisin. « Ces pourceaux ont porté atteinte à mon honneur, je vais leur donner un bonne leçon », dit-il. Thomas exprima son désaccord en ces mots : « Monseigneur, vous ne pouvez faire couler le sang des fidèles pareillement, pour une question qui ne touche qu’à votre honneur ». Le comte fut mécontent, et demanda à Thomas quelle était la raison de ce démenti. Thomas lui répondit ainsi : « Avec tout le respect dû à votre rang, il faut que vous sachiez que votre glaive ne peut être sorti de son fourreau que sur injonction de l’église, au moins avec sa bénédiction ».

    3 Le comte ne partageait nullement cette position, et le fit savoir ainsi : « Mais je suis un prince. En cela, je fais comme bon me semble. Tu m’avais dit tantôt qu’il fallait bien distinguer ce qui est de la sphère spirituelle, de ce qui est de la sphère temporelle, n’est-il pas ? Voilà bien, la guerre entre comtés, une chose qui échappe à l’esprit. Il n’y a rien de plus terrestre ». Thomas lui répondit : « Certes, Monseigneur. Mais cela ne signifie pas que les deux sphères soient sur un pied d'égalité. Tout pouvoir vient de Dieu par le peuple. L’autorité temporelle n’est autonome qu’autant qu’elle conserve ce principe en mémoire. Elle ne peut donc gouverner que dans le respect de la norme qui la fonde, par là même avec l’assentiment de l’église. Elle doit conformer ses actions aux opinions du clergé, et en particulier à celle de sa Sainteté le Pape, souverain de tous les souverains ».

    4 Le comte n’appréciait que moyennement ces propos, et le fit savoir à Thomas : « Ce que tu dis est faux. Je tiens mon pouvoir du peuple, certes, mais avant tout du roy qui est mon suzerain. L’église n’a rien à voir là dedans. Je veux bien qu’elle me conseille, comme tu le fais, mais qu’elle m’impose, jamais ! Mortecouille ! ». Thomas ne se démontait point, et rétorqua au seigneur : « Le roy tient aussi son pouvoir de Dieu. Et comme le peuple ne fait qu’exaucer la volonté de Dieu en vous plaçant sur votre trône, votre pouvoir est de nature divine par le haut et par le bas. Le glaive que vous brandissez vous est confié par Dieu, certes pas directement, mais Dieu étant la cause première de toutes les causes et de tous les effets, nul doute qu’il est aussi la cause de votre autorité. Or, l’église étant dépositaire de la parole divine, vous devez lui obéir. C’est ainsi, à moins que vous ne vous rabaissiez à la condition de tyran ».

    5 Le comte, dans sa colère, eut ces mots : « Et quand bien même je serais tyran ! Je doute que Dieu me foudroie sur l’instant ». Et Thomas de conclure : « Certes, non. Mais vous seriez précipité en enfer par le peuple révolté. Si un titulaire du pouvoir se fait tyran, l’église doit appeler celui qui lui a confié son pouvoir, c’est à dire le peuple, à se soulever contre lui et à cliquer sur l’option ‘prendre d’assaut le château’, autrement dit à accomplir la volonté de Dieu ».

    6 Le comte en eut assez de discutailler, et saisit Thomas par le col, afin de le jeter hors de son château. « Tu n’es qu’un piètre conseiller. J’en trouverai un autre. Par ma foi, tu es un boulet ! ».

    7 Et Thomas de se retrouver, un fois encore, dans l’errance.



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MessagePosté le: Sam Mar 27, 2010 4:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

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    Hagiographie de saint Thomas
    Chapitre V - « La retraite spirituelle »


    1 Thomas prit de nouveau les chemins des royaumes. Ses pas le menèrent cette fois ci à Clermont, où la douceur du climat et la superbe des paysages lui donnèrent l’envie de s’installer. De ses propres mains, il bâtit un ermitage, retiré de l’agitation du monde, pour y effectuer une retraite spirituelle. Il eut le désir de se vouer à la lecture du Livre des Vertus, et d’en tirer la substance, pour se vouer tout entier à son œuvre théologique. Il fit cette réflexion : « Tiens, je vais rédiger une somme, où les idées s’enchaîneront selon la perfection d’un rapport dialectique irréfutable. C’est parti ! ». Sa méthode fut la suivante : il imagina, dans son brillant esprit, tous les arguments que l’on pourraient opposer à la doctrine aristotélicienne, s’inspira pour cela de ses lectures des théologiens spinozistes et averroïstes, et s’attacha à élaborer un ensemble de questions auxquelles il apportait chaque fois une réponse catégorique.

    2 De cette entreprise naquit un traité, le De Veritate Fidei, véritable arme théologique de nature à combattre toutes les formes d’hétérodoxies. La pensée de Thomas s’y présentait comme un fil que l’on déroule, et était d’une clarté telle qu’elle ne pouvait qu’avoir été inspirée par Dieu.

    3 Sa retraite achevée, et sa somme complète, il revint au monde : « A nous deux, Clermont ! ». Un beau jour d’été, il se rendit donc au village, ses centaines de feuillets sous le bras. Il le trouva en proie à une formidable agitation. Les habitants courraient dans un sens ou dans l’autre, selon des trajectoires qui échappaient à la raison. Thomas, qui espérait rencontrer le curé, se dirigeait vers l’église, et en chemin put constater qu’une horde de citadins prenaient d’assaut la mairie. La pauvre maire déclamait avec force : « Mais, palsambleu, vous m’avez élu bande de dégénérés ! Faudrait savoir ! Moi j’y suis, j’y reste ! ». Et la foule de lui répondre en chœur :
    « Le pain est trop cher,
    Il n’y a plus de travail !
    On vit dans la misère,
    Et toi dans la mangeaille !
    Magistrats et prélats,
    Tous des complices
    Pour eux sonnent le glas
    Et pour nous la justice ! »

    4 Thomas continuait son chemin, constatant avec stupéfaction l’ampleur du chaos qui saisissait la ville. Arrivé devant l’église, il la trouva fermée, d’autres citadins la prenant pour cible de leur mécontentement. On les entendait dire :
    « Curé, curé, ouvre ces portes
    C’est dimanche, heure de la messe
    Que nous soyons heureux de la sorte
    Ou on te bottera les fesses ! »

    5 Thomas vit qu’un prédicateur avait pris la tête du groupe. Il vint à sa rencontre, et l’apostropha : « Mais enfin, que se passe t-il donc, ici ? ». L’étrange personnage, dont le regard trahissait le fanatisme, lui répondit : « Et bien, le peuple est mécontent. Il souffre par le fait du maire et de l’église. Le premier nous plonge dans une profonde misère par une gestion désastreuse, et le second nous refuse le bonheur auquel nous avons légitimement droit en nous interdisant d’assister à sa messe ».

    6 Thomas fut surpris, et interrogea son interlocuteur de la sorte : « Mais enfin, pourquoi cet homme de Dieu refuse t-il d’assurer son office ? ». Cette réponse lui fut donnée : « Nous sommes hétérodoxes. Nous nous sommes tantôt révolté contre l’église. Nous avons crée la tendance platonico-cicéronienne, qui postule que la croix, symbole de la foi, doit avoir des branches horizontales mesurant sept centimètres, et non huit. Donc le curé refuse de nous laisser entrer ». Thomas fut cette fois stupéfait, et reprit : « C’est parfaitement grotesque. Vous vous prétendez hétérodoxes mais voulez tout de même assister à une messe aristotélicienne. Vous reprochez au curé de vous refuser un bonheur auquel vous n’avez pas droit. Ca n’est pas raisonnable. Lorsqu’on est en désaccord avec l’église, on l’assume, et on n’assiste point à l’office ».

    7 La réaction du prédicateur fut immédiate. Il fit cette harangue à la foule, désignant Thomas d’un doigt accusateur : « Voici un complice de cet affameur de maire et de cet ignoble curé. Boutons-le ! ». Thomas tenta de se défendre et criait : « Mais non ! J’ai rien à voir avec le maire. Vous faites un amalgame désespérant ! Faut distinguer le spirituel du… Ah… Mais lâchez moi ! Voyez comme l’effet de masse vous rend stupides ! ». Et la multitude excitée eut raison de lui. Il fut expulsé du village.

    8 Cet évènement eut un retentissement considérable dans l’esprit de Thomas, qui fit cette conclusion : « Ces hétérodoxes sont une plaie ! Je dois en débarrasser la surface du monde. Telle sera ma mission ».



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MessagePosté le: Sam Mar 27, 2010 4:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

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    Hagiographie de saint Thomas
    Chapitre VI - « Le prêche miraculeux »


    1 Thomas prit donc la décision d’effectuer un grand pèlerinage au travers des royaumes. « Telle est ma destinée », disait-il. « Lorsque je serai passé dans chaque village, le Très-Haut pourra me rappeler à Lui ». Ses prêches enflammés faisaient toujours plus d’émules, qui le suivaient alors dans ses déplacements, si bien qu’une multitude de fidèles composaient bientôt son escorte. Partout, sa parole faisait mouche, et comme par miracle, les hétérodoxes de tout poil abjuraient, se convertissaient, et tombaient à genoux, implorant le pardon de Dieu.

    2 Un beau jour, un des disciples de Thomas l’interrogea en ces termes : « Maître, vous diffusez le message de Christos, et nous apprenez que lui seul a accompli des actes miraculeux, que lui seul fut un être de mystique. Pourquoi ne fondez vous pas, avec ce fantastique talent qui vous caractérise, une nouvelle Eglise aristotélicienne, qui préfèrerait Christos à Aristote ? ».

    3 Thomas entendit cette suggestion, et fit cette réponse : « Mon fils, certes j’insiste sur la parole de Christos, mais par dessus tout, ce qui m’importe, c’est de préserver l’unité de la foi, et donc de l’Eglise. J’aime tous ceux qui portent et transmettent la vérité de Dieu, et ce serait un atroce déchirement que de fonder cette dissidence dont tu parles, que de briser l’amitié aristotélicienne. Vois ce que je fais ici. Pourquoi irais-je détruire ce que je bâtis ? Pourquoi chercherais-je la défaite, alors que je vais de victoire en victoire au bénéfice de l’indivisibilité de l’Eglise ? Non, mon fils, il ne saurait en être question ». Et le disciple se ravisa, avant de demander pardon.

    4 Ce même disciple, alors que les pèlerins menés par Thomas faisaient halte en Normandie, demanda à Thomas : « Maître, cette terre est peuplée d’hérétiques. C’est désespérant. J’ai une brillante idée : pourquoi ne dresserions nous pas un immense bûcher où nous placerions tous ces égarés ? De la sorte, nous en serions débarrassés, et nous gagnerions du temps ».

    5 Thomas entendit cette proposition, et fit cette réponse : « Ton idée est tout sauf brillante, mon fils. D’abord, ces hétérodoxes sont des hommes avant d’être des égarés, et en tant que créatures de Dieu nous ne pouvons les détruire nous mêmes. Ensuite, ce serait gâcher de grandes quantités de bois, pour un bien piètre usage ». Le disciple ne fut pas satisfait de la leçon de Thomas, et crut pouvoir le prendre en défaut : « Mais, maître, s’il advenait que des hérétiques n’abjurent point, il est bien permis d’en brûler quelques uns. Et puis, lorsque l’Eglise lance des croisades, n’est-ce pas la mort qu’elle apporte parmi les égarés ? ».

    6 Thomas reprit ainsi : « Ca n’est jamais l’Eglise elle même qui dresse les bûchers, mais le bras séculier auquel sont livrés les hérétiques. Ainsi, elle garde toujours les mains propres. Et puis les croisades, c’est tout à fait différent. Elles sont lancées contre les terres tenues par les égarés, et ne sont tués que ceux qui se placent en travers du chemin des armées de Dieu. La croisade est une guerre juste, ad majorem dei gloriam. Et puis maintenant, va voir là haut si j’y suis ». Et le disciple se ravisa, avant de demander pardon.

    7 Ainsi fut menée la plus grande entreprise de prêche jamais accomplie. La piété en fut à un niveau inégalé au sein des royaumes. Partout se transmettait la nouvelle du périple de Thomas, et il acquit en cela la plus haute considération des princes de l’Eglise.



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MessagePosté le: Sam Mar 27, 2010 4:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

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    Hagiographie de saint Thomas
    Chapitre VII - « La révélation de la mort »


    1 Ayant achevé son pèlerinage, Thomas s’en retourna à Clermont, dans son ermitage. La vielle bâtisse était devenue le sanctuaire des bêtes sauvages et d’une flore luxuriante, mais Thomas, vieux et fatigué, n’en avait cure. Il s’allongea sur la pierre froide, attendant la mort. Deux jours durant, il demeura en béatitude, sans manger ni boire. Il se sentait faible, et n’avait plus la force de se mouvoir.

    2 Au soir du deuxième jour, se produisit un évènement extraordinaire. La brise était tombée, et le calme du crépuscule n’était troublé que par quelques grillons. Thomas se laissait aller à sa contemplation, et sentait sa dernière heure venue. C’est alors qu’un souffle divin fit s’agiter les feuilles des arbres et des plantes grimpantes, et qu’une lumière surnaturelle vint frapper Thomas au visage. Majestueuse, grave, et inspirant le recueillement, une voix gutturale se fit entendre : « Thomas, c’est moi, Christos. Ouvre les yeux, que tu puisses me voir ».

    3 Thomas n’en crut pas ses oreilles, et pensa qu’il devait s’agir du délire précédant le trépas. Dans un souffle imperceptible, il interrogea la voix : « Ca y est ? Suis-je mort ? ». L’étrange présence lui répondit ainsi : « Mais non, pas encore. Cela dit ça va pas tarder. Bon, tu les ouvres tes yeux ? ».

    4 Thomas fit usage de ses dernières ressources pour soulever ses paupières, dans un incommensurable effort. Ce qu’il vit fut un ravissement : un visage d’une beauté fabuleuse était penché sur le sien. Ces traits si parfaits évoquèrent chez Thomas une plénitude qu’il n’avait alors jamais ressentie. Il se sentait serein et réconforté.

    5 Thomas s’adressa à cette céleste apparition en ces termes : « Vous êtes encore mieux qu’en icône. Enfin bref, pourquoi m’apparaissez vous, Seigneur ? ». Christos reprit : « Thomas, je suis venu te conduire au royaume des cieux, car tu dois rejoindre le Panthéon des vertueux. Ta vie a été un modèle d’excellence et d’abnégation au service de la foi, et tu as droit à la béatitude éternelle. Je te fais cette prophétie : un jour tu seras Saint sur cette terre, et un ordre portera ton nom. Tu as bien servi Dieu, Aristote et moi-même. Sois béni pour les siècles des siècles ». Et sur ces paroles, Christos disparut, laissant dans l’atmosphère un parfum de piété.

    6 Thomas eut la force de répondre « Amen » avant de s’abandonner. Son âme entra alors en lévitation, entraînée vers les cieux par la céleste lumière.

    7 Ainsi disparut Thomas d’Aquin, dont la dépouille est, selon la chronique, toujours demeurée en cet ermitage de Clermont, sur les ruines duquel fut érigée une abbaye…



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Ignius



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2011 1:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

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Hagiografía de Santo Tomás

Capítulo I-La infancia

1. Fue en el castillo familiar de Roccasseca donde nació Tomás una bella tarde de primavera del año de gracia 1225. Sus padres, de condición aristocrática, le inculcaron una educación basada en los principios de la razón filosófica. Su padre, alto magistrado de la pequeña ciudad de Aquino, pensaba hacer de su retoño un digno sucesor en la política. El niño mostraba predisposiciones completamente notables en las asignaturas que le enseñaba su preceptor, Albert le Gros, un ilustre personaje napolitano. Este último era dietista y sometía a su joven alumno a un estricto régimen alimenticio compuesto esencialmente por pescado y leche, con el propósito de aumentar su capacidad intelectual. Así Tomás, a medida que realizaba sus trabajos, se convirtió en una mente muy aguda. Sus razonamientos dejaban estupefacto a su maestro.

2. Al ver una colonia de hormigas Tomás le preguntó a Albert:

-Mi buen maestro, me dijiste muchas veces que mi naturaleza era ser sociable. Estos insectos son de naturaleza social, ¿esto significa que soy un insecto?

Y Albert le contestó:

- Tú razonas, Tomás, según el principio del silogismo que te hace decir burradas más grandes que tú. Pero esta forma de ver las cosas te llevará muy lejos en la política donde es necesario saber aportar las pruebas de lo grotesco que vendrá en el futuro. Te felicito.

3. Viendo en una colmena a un enjambre de abejas, el alumno todavía interrogaba a su maestro:

-Me dijiste muchas veces que Aristóteles afirmaba que el hombre es un animal social, porque posee la facilidad de la palabra. Estos insectos están claramente organizados socialmente sin tener la facilidad del lenguaje. ¿Esto quiere decir que Aristóteles se equivocó?

Y Albert le contestó:

-Blasfemas Tomás e irás a confesarte por esas afirmaciones. Aristóteles decía la verdad, y no lo contrario. Sin embargo, esta forma de ver las cosas te llevará muy lejos en la política, donde hay que saber contradecir la verdad, y hacer parecer lo falso como lo verdadero. Te felicito.

4. Y he aquí como transcurría la dulce existencia del joven Tomás, entre juegos intelectuales y justas verbales con su maestro.

5. Pero entonces, Tomás comenzó a mostrar un interés muy particular en las cosas del espíritu, para desesperación de su padre. Y el joven contaba sus intenciones a quienes querían oírle:


-Así como es mejor iluminar algo que solamente reflejarlo, también es mejor transmitir a otros lo que hemos contemplado que sólo observarlo. Yo jamás haré política, yo quiero enseñar.

Tales palabras generaban una inmensa furia en su padre, quien respondía a su hijo:

- Eres mi único hijo y harás lo que yo te diga que hagas, te guste o no. Serás alcalde como yo y algún día conde, yo te lo ordeno.

6. Este conflicto llegó a empeorar, padre e hijo se mantenían inamovibles en sus posturas. El primero, exasperado, hizo mandar al segundo a un monasterio Franciscano.



Capítulo II-Los años de estudio

1. Tomás , al principio, se arrepintió al encontrarse con la hosca compañía de estos monjes austeros que tenían una reputación infame. Pero pronto cambió de opinión, al descubrir el placer y la satisfacción que proporciona el estudio de la teología. Cómo nunca había sido iniciado en esta ciencia siguió las enseñanzas de sus maestros con entusiasmo y seriedad. Sus compañeros lo tomaban por un idiota, Su impenetrable silencio no traicionó jamás la grandeza de su espíritu. Su aspecto físico, que era poco agraciado, lo hacía poco carismático. Sufría de un sobrepeso patológico y poseía un cuello muy musculoso que unía su cabeza con el resto de su cuerpo. Todo esto le valió el apodo de “Buey mudo”. Nos burlábamos de él, pero los franciscanos tenían la costumbre de tratar con respecto a los que les parecían diferentes.

2. Pero un frío día del invierno de 1245, mientras Tomás asistía al seminario de teología práctica, se oyó por primera vez, el timbre de su voz. El profesor tuvo la desgracia de afirmar en sustancia, que el intelecto, a través del juego de la razón, podría superar por si solo todos los misterios de la fe.

3. Tomás comenzó a replicarle, para consternación de la audiencia, diciendo que...


- Grandes son los misterios de la fe, y nuestra capacidad de razonar no es nada en comparación de los propósitos de Dios que siempre serán desconocidos para los simples mortales que somos.

Continuó, afirmando que:

-La naturaleza siempre puede ser doblegada por la Gracia, que es su trabajo, y cuando la segunda actúa en la primera a través del poder de los milagros, nos deja como insectos, en la comprensión.

4. El maestro estaba contrariado y quiso imponer al alumno una lección de filosofía:

-La razón es la luz que Dios nos confió para comprender su mensaje, de lo contrario ¿Por qué estamos dotados de esta? Cállate pues, buey mudo, como sabes hacerlo tan bien ya que parece que tu intelecto no está lo suficientemente experimentado como para comprender los misterios de la fe.

Los estudiantes se burlaron de Tomás, quien, sin perder la compostura, le respondió al profesor:

-La razón es la ciencia de la naturaleza, ahora bien, la naturaleza es sólo la obra de Dios. Estudiar y conocer la naturaleza no es conocer a Dios, sino solamente su obra.


5. Esta vez, el maestro se enfadó e hizo esta advertencia a su estudiante:

- ¿Pondrías tú en duda la palabra de Aristóteles, que fue tocado por la santa y profética razón de Dios?

Y Tomás le replicó, siempre con calma y con mucha mesura:

- Aristóteles es santo porque él reveló la materia en su verdadera naturaleza, a saber, el de la creación divina. Pero él mismo es un efecto de la primera causa, que es Dios. Sólo la fe, sólo el abandono de sí mismo a lo espiritual, en la plenitud y la beatitud contemplativa, puede permitirnos tocar a Dios.

6. Estas fueron las últimas palabras de Tomás en el seno del monasterio franciscano, ya que fue expulsado por su impertinencia. El rector pronunció estas palabras en el momento en que pateaba el trasero del joven caído en desgracia:

- Ya que esas tenemos jamás te beneficiarás de la movilidad social franciscana. Nunca serás cardenal. ¡Nah!



Capítulo III: El vagabundeo

1. Tomás, expulsado del monasterio franciscano y despojado de su pertenencia a la orden, se encontró entonces en la difícil condición de vagabundo. Vagaba casi desnudo por las calles de Nápoles en busca de un destino. Siempre había tenido el deseo de viajar y se dijo que esta era una muy buena ocasión. Así pues, se alistó en los caminos de los Reinos, tomando la dirección del norte.

2. En el camino se encontró con un vendedor ambulante. Este vio en que triste estado se encontraban los pies desnudos de Tomás, que se encontraban ensangrentados tras haber caminado durante varios días sobre las piedras afiladas. El mercader increpó a Tomás en estos términos:


- ¡Hola! ¡Caminante! ¿Has visto que tus pies están heridos? Justamente allí tengo un par de calzas que puedes ponerte y así poner fin al calvario que pareces vivir.

Tomás se sorprendió de la repentina atención hacia él y respondió al que tan amablemente se preocupaba de su suerte:

- Bien, amigo, no puedo más que aceptar esta agradable propuesta.

Las calzas se ajustaban perfectamente y en efecto facilitaban su marcha.

3. Dió las gracias al comerciante cuando estaba a punto de reemprender la ruta, pero este dijo a Tomás:


-¡Eh! ¡Estás contento! Son sesenta escudos y debes pagar al contado!

Y Tomás le replicó:

-¿Contento? ¿Cómo puedo estar contento de pagar esa suma para gozar de tu caridad?

El vendedor estaba consternado y respondió:

- Pero, pero… ¡No se trata de caridad! Hago bien si me enriquezco. Yo no doy nada amigo, yo vendo.

4. Tomás le lanzó una mirada reprobatoria, antes de proseguir:

-¿Enriquecerte? ¿Así quieres enriquecerte? ¿Sobre la espalda de un pobre vagabundo? ¿No tienes un poco de moral? ¿Ignoras los preceptos de la virtud aristotélica? El tiempo que pasas enriqueciéndote no lo pones al servicio de la comunidad. Nos enriquecemos sólo en detrimento de otros. En verdad es más fácil que un rico entre en el Reino de los Cielos que una vaca pase por el ojo de una aguja. Se caritativo, como Christos te lo enseña.

5. El mercader no lo entendió y respondió a Tomás en estos términos:

-Sí, sí, es verdad ¿Me has mirado bien? ¿Debo darte unas calzas como esas sin nada a cambio? Vete al diablo, miserable.

Y Tomás le devolvió las calzas al vendedor, lanzándole esta advertencia:

-Eres tú quien irá, pobre pecador.- Y prosiguió su camino.

6. Por casualidad durante su marcha, hizo una parada en Alais, en Languedoc. Después de haber charlado en una taberna con algún responsable local, que apreció su erudición y su visión justa de las cosas, le ofreció la posibilidad de hacerse consejero condal, y él aceptó.




Capítulo IV: El espejo del príncipe.

1. Tomás se encontró pues al servicio del Conde de Languedoc. Este último venía cada tarde para pedir consejo, preocupado por basar su política en los principios aristotélicos, que Tomás parecía conocer muy bien.

2. Un bello día, el señor vino a anunciarle su voluntad de iniciar una guerra contra un condado vecino:


-Estos cerdos han ofendido mi honor, voy a darles una buena lección- dijo.

Tomás expresó su desacuerdo con estas palabras:


- Mi señor, usted no puede derramar sangre de fieles, por una cuestión que no toca más que su honor.


El conde estaba descontento, y preguntó a Tomás cuál era la razón para contradecirle. Tomás le respondió así:

- “Con todo el respeto debido a su rango, es necesario que sepa que su espada no podrá salir de su vaina sino con el permiso de la iglesia, al menos con su bendición”.

3. El Conde no entendía en absoluto esta posición y así se lo hizo saber:


- Pero yo soy un príncipe, así que haré lo que mejor me parezca. Tú me dijiste hace poco que necesitaba distinguir bien lo que es de la esfera espiritual de lo que es de la esfera temporal, ¿no? Ahí está, la guerra entre condados es una cosa que escapa del espíritu. No hay nada más terrenal.

Tomás le respondió:

- En efecto, mi señor. Pero esto no significa que las dos esferas estén en el mismo nivel. Todo el poder viene de Dios por el pueblo. La autoridad temporal es autónoma en tanto ella conserve este principio en su memoria. Así pues, ella sólo puede gobernar respetando la norma en la que está basada, con el consentimiento de la iglesia. Debe conformar sus acciones con las opiniones del clero, y en particular la de Su Santidad el Papa, el soberano de todos los soberanos.

4. El Conde no apreciaba ni medianamente estas declaraciones y se lo hizo saber a Tomás:


- Lo que dices es falso. Mi poder emana del pueblo, en efecto, pero sobre todo del rey, que es mi soberano. La iglesia no tiene que nada que ver. ¡Quiero que me aconsejes, como lo haces, pero que jamás me impongas! ¡Estoy hasta los huevos!

Tomás sin desmoralizarse en absoluto, replicó al señor:

- El rey ejerce también su poder de Dios. Y así como el pueblo no hace más que cumplir la voluntad de Dios colocándolo en su trono, su poder es de naturaleza divina por lo alto y por lo bajo. La espada que usted blande le he es confiada por Dios, desde luego no directamente, pero Dios es la causa primera de todas las causas y de todos los efectos. No hay ninguna duda de que Él es también la causa de su autoridad. Ahora bien, la iglesia es depositaria de la palabra divina, usted debe obedecerla. Es así, a menos que usted se rebaje a la condición de tirano.

5. El Conde, encolerizado, dijo estas palabras:

-¡Y aunque fuese un tirano dudo que Dios me fulminase en este momento!

Y Tomás concluyó:

-Por supuesto que no, pero sería arrojado al infierno por el pueblo rebelde. Si un poderoso se convierte en tirano, la iglesia debe llamar al que le confió su poder, es decir al pueblo, a sublevarse contra él y optar por (hacer clic en la opción)“Tomar por asalto el castillo” , es decir cumplir la voluntad de Dios”.

6. El conde tuvo suficiente con la discusión y agarró a Tomás por el cuello con el fin de lanzarlo fuera de su castillo:

- No eres más que un pobre consejero. Encontraré otro. ¡Por mi fe, eres una cruz!

7. Y Tomás se encontró, una vez más siendo un vagabundo



Capítulo V El Retiro espiritual

1. Tomás tomó de nuevo los caminos de los reinos. Sus pasos lo llevaron esta vez a Clermont, donde la suavidad del clima y la soberbia de los paisajes le dieron ganas de instalarse. Con sus propias manos construyó una ermita retirada de la agitación del mundo, para efectuar allí un retiro espiritual. Tuvo el deseo de consagrarse a la lectura del libro de las virtudes y de extraer la sustancia para consagrarse por completo a su obra teológica. Hizo esta reflexión:

-Bien, voy a redactar una Suma, donde las ideas se enlazaran perfectamente en un informe dialéctico irrefutable. ¡Allá vamos!

Su método fue el siguiente: Imaginó, en su brillante mente, todos los argumentos que se podrían oponer a la doctrina aristotélica, para lo cual se inspiró en sus lecturas de los teólogos espinozistas y averroístas, y se dedicó a elaborar un conjunto de cuestiones a las cuales aportaba cada vez una respuesta categórica.

2. De esta empresa nació un tratado, De Veritate Fidei, verdadera arma de naturaleza teológica que combate todas las formas de heterodoxias. El pensamiento de Tomás se presentaba como un hilo que se desenrolla y con una claridad tal que solamente pudo haber sido inspirada por Dios. Terminado su retiro y su suma completa volvió al mundo.


-¡Aquí me tienes, Clermont!

Un bello día de verano, volvió pues al pueblo, con sus centenares de papeles bajo el brazo. Lo encontró presa de una agitación formidable. Los habitantes corrían en una dirección o en la otro, siguiendo trayectorias que escapaban de la razón. Tomás, que esperaba encontrar al cura, se dirigió hacia la iglesia y de camino pudo constatar que una horda de ciudadanos tomaba por asalto el ayuntamiento. El pobre alcalde declamaba con fuerza:

- Pero, Por la sangre de Dios, ¡ustedes me eligieron banda de degenerados! ¡Necesitan saberlo! ¡Yo estoy aquí, y aquí me quedo!

Y la muchedumbre le respondió en coro:

-El pan es demasiado caro,
¡No hay más trabajo!
Vivimos en la miseria,
¡Y tú en la comilona!
¡Magistrados y prelados!
Todos los cómplices
Para ellos tocarán las campanas a muerto
¡Y para nosotros la justicia!


4. Tomás continuo su camino, comprobando con estupefacción la amplitud del caos que se apoderaba de la ciudad. Al llegar a la iglesia la encontró cerrada, otros ciudadanos la tomaron por blanco de su descontento. Les oyó decir:

-Sacerdote, padre, abra estas puertas,
Es domingo, hora de la misa
Háganos felices
¡O le patearemos el trasero!


5. Tomás vio que un predicador se había puesto a la cabeza del grupo. Se acercó y le preguntó:

-¿Pero bueno, que es lo que está pasando por aquí?

El extraño personaje cuya mirada revelaba el fanatismo, le respondió:

- El pueblo está descontento. Sufre por culpa del alcalde y de la iglesia. El primero nos hunde en una profunda miseria por una gestión desastrosa y el segundo nos niega la felicidad a la cual tenemos legítimo derecho, prohibiéndonos asistir a su misa.

6. Tomás se sorprendió y preguntó a su interlocutor lo siguiente:

- ¿Pero por qué este hombre de Dios se niega a facilitar su oficio?

Recibió esta respuesta:

- Nosotros somos heterodoxos. Hace poco nos rebelamos contra la iglesia. Hemos creado la corriente platónica-ciceroniana que postula que la cruz, el símbolo de la fe, debe tener unas ramas horizontales que midan siete centímetros, y no ocho. Por eso el cura no nos deja entrar.

Tomás esta vez estaba estupefacto, y respondió:

-Esto es totalmente grotesco. Ustedes se pretenden heterodoxos pero sin embargo quieren asistir a una misa aristotélica. Ustedes reprochan al cura que les niegue una felicidad a la cual no tienen derecho. Esto no es razonable. Cuando estamos en desacuerdo con la iglesia lo asumimos y no asistimos en absoluto al oficio.

La reacción del predicador fue inmediata. Pronunció esta arenga a la muchedumbre, señalando a Tomás con un dedo acusador:

- He aquí un cómplice de este alcalde acaparador y de este cura innoble. ¡Échenlo!

7. Tomás intentó defenderse y gritó:

-¡Pero no! ¡Nada tengo que ver con el alcalde! ¡Ustedes hacen una amalgama desesperante! Necesitan distinguir lo espiritual de…Ah... ¡Suéltenme! ¡Vean como el efecto de masa los hace estúpidos!

Y la multitud encolerizada le dio la razón. Fue expulsado del pueblo.

8. Este evento tuvo una repercusión considerable en el espíritu de Tomás, que sacó esta conclusión:


- ¡Estos heterodoxos son una plaga! Debo eliminarlos de la faz de la tierra. Esta será mi misión.



Capítulo VI La prédica milagrosa.

1. Así pues, Tomás tomó la decisión de efectuar una gran peregrinación a través de Los Reinos:

- Este es mi destino- dijo-. Cuando haya pasado por todos los pueblos, El Altísimo podrá llamarme a Él.

[i]Sus sermones apasionados convencían siempre a más adeptos, que le seguían entonces en sus desplazamientos, aunque una multitud de fieles enseguida se habían convertido en su escolta. Por todas partes su palabra daba en el blanco y como si de un milagro se tratase, los heterodoxos de todas clases abjuraban, se convertían y caían de rodillas, implorando el perdón de Dios.

2. Un bello día uno de los discípulos de Tomás lo interrogó en estos términos:


- Maestro, usted difunde el mensaje de Christos y nosotros hemos aprendido que él sólo hizo milagros, que fue un ser místico. ¿Por qué no funda usted, con ese talento fantástico que le caracteriza, una nueva iglesia Aristotélica, que prefiera a Christos sobre Aristóteles?

3. Tomás oyó esta sugerencia, y respondió:

- Hijo mío, cierto es que insisto en la palabra de Christos, pero lo que me importa por encima de todo es preservar la unidad de la fe y en consecuencia la de la iglesia. Amo a todos los que llevan y transmiten la verdad de Dios y sería una aberración que se fundara esta disidencia de la que hablas, que rompería la amistad aristotélica. Sé lo que hago aquí. ¿Por qué iba yo a destruir lo que construyo? ¿Por qué debo buscar la derrota mientras voy de victoria en victoria en beneficio de la indivisibilidad de la Iglesia? No, hijo mío, no puede haber ninguna duda.

Y el discípulo cambió de opinión antes de pedir perdón.

4. Este mismo discípulo, mientras los peregrinos dirigidos por Tomás hacían un alto en Normandía, preguntó a Tomás:


- Maestro, esta tierra está poblada de herejes. Es desesperante. Tengo una brillante idea: ¿Por qué no levantamos una hoguera inmensa donde coloquemos a todos estos extraviados? De esta manera, seriamos libres y ganaríamos tiempo.

5. Tomás oyó esta propuesta y respondió:

- Tu idea no es nada brillante, hijo mío. Primero, estos heterodoxos son humanos antes que seres desviados y como criaturas de Dios nosotros no podemos eliminarlos. Además, tendríamos que malgastar grandes cantidades de madera para un uso muy pobre.

El discípulo no estaba satisfecho con la lección de Tomás y creyó que podría cogerlo en un renuncio:

- Pero, maestro, Pero si los herejes no abjuran les está bien empleado que sean quemados uno a uno. Y además, cuando la iglesia lanza cruzadas ¿no provoca la muerte de los desviados?

6. Tomás prosiguió así:

- Nunca es la iglesia misma la que levanta la hoguera, sino el brazo secular para que los herejes se entreguen. Por lo tanto, siempre mantiene las manos limpias. Y las cruzadas son totalmente diferentes. Son lanzadas contra las tierras ocupadas por los perdidos y sólo acabarán muertos quienes se interpongan en el camino de los Ejércitos de Dios. La cruzada es una guerra justa, Ad Majorem Dei Gloriam. Y ahora miraré desde lo alto.

Y el discípulo cambió de opinión antes de pedir perdón.

7. De este modo fue dirigida la más grande empresa de plática jamás realizada. La piedad estuvo a niveles inigualados en el seno de los reinos. Por todas partes se transmitía la noticia del periplo de Tomás. Y este adquirió la más alta consideración de los príncipes de la iglesia.




Capítulo VII La revelación de la muerte

1. Habiendo terminado su peregrinación, Tomás volvió a Clermont, a su ermita. El viejo edificio se había convertido en un santuario repleto de animales salvajes y de una flora exuberante, pero a Tomás, viejo y cansado, no le importaba. Se echó en la fría piedra a esperar la muerte. Durante dos días permaneció en estado de santidad. Sin comer ni beber. Se sentía débil y no tenía fuerzas para moverse.

2. La tarde del segundo día se produjo un acontecimiento extraordinario. La brisa había amainado y la tranquilidad del anochecer sólo era perturbada por algunos grillos. Tomás se abandonó a su contemplación, y sintió que llegaba su última hora. Entonces, un soplo divino hizo que se agitaran las hojas de los árboles y las plantas trepadoras y una luz sobrenatural vino para golpear a Tomás en la cara. Majestuosa, grave e inspirando recogimiento, una voz gutural se hizo oir:


- Tomás, soy yo, Christos. Abre los ojos, para que puedas verme.

3. Tomás no podía creer lo que escuchaba y pensó que debía tratarse del delirio que precedía al óbito. En un soplo imperceptible, interrogó a la voz:

- ¿Ya está? ¿Estoy muerto?

La extraña presencia le respondió:

-No, todavía no. Pero pronto lo estarás. Bueno, ¿puedes abrir los ojos?

4. Tomás hizo uso de sus últimos recursos para levantar sus párpados en un esfuerzo inconmensurable. Lo que vio fue una maravilla. Un rostro de una belleza fabulosa estaba inclinado sobre el suyo. Estos rasgos tan perfectos evocaron en Tomás una plenitud que no había sentido jamás. Se sentía sereno y reconfortado.

5. Tomás se dirigió a esta celeste aparición con estos términos:


- Usted es todavía mejor que todas las figuras que lo representan. En fin, ¿Por qué se aparece ante mí, Señor?

Christos respondió:

-Tomás he venido a conducirte al Reino de los Cielos, porque debes reunirte en el panteón de los virtuosos. Tu vida fue un modelo de excelencia y de abnegación al servicio de la fe y tienes derecho a la santidad eterna. Te anuncio que un día serás santo sobre esta tierra y una orden llevará tu nombre. Serviste bien a Dios, a Aristóteles y a mí mismo. Bendito seas por los siglos de los siglos.

Y tras estas palabras, Christos desapareció dejando en la atmósfera un perfume de piedad.

6. Tomás tuvo fuerza para responder:


-Amén- antes de rendirse.

Entonces su alma se elevó arrastrada hacia los cielos por la luz celeste.

7. Así desapareció Tomás de Aquino, cuyos restos, según las crónicas, aún permanecen en la ermita de Clermont sobre las ruinas de esta donde luego fue construida una abadía…



Traducido del francés por el Padre Prior Jesús Alfonso Froissart del Campo.

Revisado y corregido por Casiopea

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