L'Eglise Aristotelicienne Romaine The Roman and Aristotelic Church

[Nessty_la_Vilaine]

Douceur, discrétion, une arrivée normale en somme mais hautement incompatible avec celle d'une gueuse impétueuse au chignon haut sur son pignon et à la semelle lourde quand il s'agissait de marteler le sol en quête de justice. Il était peu courant qu'elle se déplace en personne, préférant user de sa plume quand la distance était si longue. Mais là, les cas qu'elle entendait soumettre méritaient bien qu'elle se bouge son joli potron jusqu'à Rome. Peut être effleurait elle le secret espoir d'y rencontrer le Très Haut en personne ou du moins d'y sentir son effluve divine, ce qui la changerait des flatulences et odeurs de sueur stagnant dans certaines églises...

B'jour la compagnie du Stote !

Que l'on m'appelle un cureton digne de ce nom pour recevoir différentes plaintes.

M'contenterai du Clode qu'est l'Tout Grand d'la Touraine dont j'viens : cardinal, évêque, curé intérimaire, standardiste et camériste du Stote, In-kiki-siteur, buveur de tisanes et j'sais plus quoi encore. Puis j'l'aime ben lui. Vous lui direz qu'cette Vilaine fille dont il n'est pas l'géniteur est là, l'devrait comprendre...

Regard menaçant envers le petit personnel dédié à l'accueil, le tout accompagné d'un grondement menaçant :

Si l'idée vous venait d'm'envoyer la blondasse qui sert de secrétaire au Clode, j'vous occis sur place, avec elle ! Allez hop ! Allez m'chercher quelqu'un et au galop, hein !

Bras croisés, mine boudeuse et sourcils froncés, l'enchignonnée était décidée à patienter. C'est qu'elle était des plus sérieuses la Vilaine et surtout un peu vénère. Bah oui, elle avait constaté en arrivant que les fontaines de Rome crachaient de l'eau et non du vin de messe comme elle se l'était imaginé en écoutant les prêches dans la bicoque du Stote qu'elle fréquentait assidument mine de rien.


Que ceux imaginant cette godinette en train de brailler dès son arrivée se pourvoient de petits bâtons aux extrémités enrobées de duveteux tissus pour se ramoner les conduits auditifs ou encore, pour les plus futés maitrisant un tant soit peu la dualité divine et terrestre, d'un cul de jacqueline brisée aux vertus grossissantes pour ceux ayant une vision de taupe car autant la Vilaine savait se montrer odieuse et intransigeante, autant elle restait maître de sa personne et de ce qui en émanait. En général, ceux qui l'approchaient avec de mauvaises intentions, repartaient avec les caresses d'une semelle cloutée sur leur hottentote séant ou des accusations de sorcellerie bénissant le mécréant insinuant à tort.
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[Clodeweck]

Les mâtines à peine terminées que la frugale collation qu'il se promettait de prendre avant de vaquer à des occupations toutes terrestres et aussi ennuyeuses qu'une pluie fine un jour de procession, semblait soudain s'éloigner.
Une voix, et quelle voix ! L'enquiquineuse la plus attachante de sa province avait décidé de le poursuivre jusqu'à Rome et plus loin encore s'il y allait. Il regarda mentalement une carte du monde...Nul lieu où il ne pourrait échapper à la mélopée de l'enchignonée. Mélopée qui tenait à la fois du cri de guerre et de la cuiller grinçant au fond d'une céramique. Horripilant !
Ne rien faire et s'aller lire les courriers idiots à l'Inquisition, où chaque jour l'on dénonçait son voisin d'avoir un chat noir à deux têtes ?
Prendre son courage et des oreilles neuves et aller à la rencontre de la demanderresse évitant ainsi le réveil de toute la populations romaine et quelques crises cardiaques.
Ayant, par nature l'esprit de sacrifice, le père Clodeweck se rendit, mielleux comme une ruche d'automne auprès de l'aboyeuse.

- Ma chère enfant ! (à peine obséquieux sur ce coup), quel plaisir, que nous vaut le plaisir de cette visite ?
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Clodeweck de Montfort, pèlerin, prêcheur, homme de foy contre l'adversité.
Quand on a plus rien à prouver, rien à perdre, rien à gagner on peut parler vrai. (Cloclo 1°)

[Nessty_la_Vilaine]

Pour certains l'apparition divine se résumait à beaucoup de choses. Pour la Vilaine, l'apparition d'un Clode en froque lui suffisait pour sentir comme une odeur de sainteté planer autour d'elle. Peut être était ce parce qu'un prélat avait la réputation d'entrer en contact avec un liquide aqueux nommé eau bénie plus souvent qu'un pouilleux ? En tout cas, l'enchignonnée réprima l'envie de sauter au cou du camerlingue pour l'embrasser tant elle était contente de le revoir. Il est aussi vrai que les personnes dotées d'un minimum d'intelligence et surtout capables de s'exprimer sans cet horrible accent de charretier spécifique à la famille des Veaux de Loire étaient si rares en ce moment dans l'entourage de la gueuse qu'elle ne pouvait que se réjouir de l'honneur que lui faisait le Clode. Ce dernier persistait à l'appeler comme une gamine ? L'esprit de contradiction ayant son nid sous le chignon de la belle se mit immédiatement en oeuvre pour répondre au taquin. Nessty prouva qu'elle avait les arguments d'une femme en gonflant son corsage jusqu'à l'amorce de rupture du tissus, comme à son habitude...

B'jour m'sieur l'curé !

A défaut d'vous voir venir m'faire la messe en taverne d'Vendôme ou encore couronner l'dernier crétin qui gouverne la Touraine, c'est moi qui viens à vous pour vous demander un ptit service.

Sourire malicieux car des "ptits services", elle en avait toujours un à demander au serviteur du Stote. Mais avant, il fallait bien qu'elle se montre bonne aristotélicienne et toujours aussi... Vilaine...

Au fait, j'pensais que votre secrétaire aurait la décence de se montrer en cathédrale pour recevoir votre bénédiction, surtout après avoir collé illégalement votre scel sur la nomination de sa propre fille en tant qu'ambassadrice apostolique non reconnue par Rome... Moi qui m'réjouissais d'vous revoir...

Oulàààààààààààààààààà, mais c'est qu'elle n'était pas si greluche que cela cette enchignonnée ! Incroyable, nan ? Disons qu'elle se renseignait un peu sur ceux qui se targuait un peu de trop de servir la Touraine sans jamais y avoir mis les pieds. Puis tout ce qui touchait à Rhiana la dudununuche, la blondasse, la gélinotte sans tête, la décolorée de l'intérieur... bref celle qui avait recueilli le plus d'éloges de la part de la Vilaine... tout ce qui touchait donc aux agissements aussi perfides que stupides de Rhiana intéressait grandement Nessty pour des raisons qui relèvent d'une autre justice que celle de l'Eglise.

Grattage de chignon pour se reprendre un peu et chasser sa haine envers l'incompétente tourangelle qui était toujours au service du Clode. Un ton un peu plus futile pour rappeler quelques bons souvenirs. Encore un sourire plein de malice sur un minois naturellement jovial puisque face à l'un des rares gaillards ayant su lui tenir intelligemment tête. Et voici qu'une phrase des plus sérieuses tomba.

Nan, j'veux pas parler au Stote cette fois. J'souhaiterai que la justice de l'Eglise s'allie à la justice de l'Etat pour mettre fin aux simulacres de certains sorciers et là j'en tiens d'beaux !

Tout en parlant, la gueuse vida sa besace aux pieds du Clode. Du tas de papelards, de noisettes, de chiffons contenant surement du sauciflard et qui sait l'un de ces frometons dont Nessty détenait le secret de fabrication, elle extirpa une bourse bien pleine et la brandit sans honte devant le nez du cardinal.

L'prix du bois pour leur fagotin, c'est pour ma pomme ! T'nez... Z'en garderez la moitié pour vous payez autre chose que d'la tisane, hein ? J'tente pô d'vous corrompre là, j'rends juste service à tous ces taverniers à qui vous faites concurrence en servant d'la piquette à la messe et en picolant d'la flotte en dehors d'vos heures d'office.

Elle remit la bourse au Clode avec toute la délicatesse dont elle était capable, c'est à dire en la lui jetant de façon désinvolte et sans se préoccuper des articulations rouillées qu'auraient pu avoir son interlocuteur. Puis c'est en tendant son potron et en offrant une vision un peu outrageuse sur une cage aux trésors mammaires bien garnie que Nessty s'affaira à ramasser ses affaires pour mieux tendre les papiers soigneusement préparés au grand Inquisiteur.

J'ai fait mon taf d'En-kiki-neuse. A vous d'faire c'lui de l'In-kiki-siteur.

Voici ma première plainte contre sieur Jake, maire de Poitiers. J'vous ai fait l'ptit mot qui vaut d'ticket dans votre procédure de NainQuisition et tout. J'm'suis même appliquée à bien écrire, sans faire d'tâche de vin ou d'graillon, en recopiant mes courriers... Bon, m'suis un peu fâchée sur la fin avec c'crétin mais vous m'connaissez un peu, j'aime vraiment pô les crétins à la base et si en plus l'sont devins, menteurs et atteints d'Hérésie Réellement Prouvée... ben... j'me fâche quoi...

La liasse de documents contenait en plus de la plainte formelle de la Vilaine, sa correspondance avec le maire de Poitiers. Un ensemble de preuves ayant grande valeur aux yeux de la Vilaine car si une telle affaire passait en Cour de Justice, sa finalité serait immanquablement la culpabilité de celle qu'on cherchait à condamner par tous les moyens depuis des lustres au point de faire mettre son chignon à prix ou de lui tendre une embuscade au détour d'un buisson comme le fit récemment la dudununuche Rhiana qui avait vu dans un mot prononcé par la gueuse un parchemin se dérouler subitement... Ce cas de divulgation du contenu d'un mandat risquait de créer un antécédent qui serait repris dans tout le royaume et aboutirait peut être même à la banalisation de la divulgation du fond de culotte même de ceux qui n'en portaient point. C'est donc très très soucieuse que l'enchignonnée serra les fesses pour qu'on l'imagine engoncée dans un morceau de tissus inutile et pour que le Grand Inquisiteur l'aide à préserver son intimité... euh nan, quand même pas... l'aide à combattre les fantasmes des crétins... ah non plus... l'aide à poser des limites aux sorciers tout simplement !

[Clodeweck]

On aurait pu lire un l'on ne sait quoi d'indicible dans les pupilles de la jeune femme. Quoique bien dotée par la nature, ce qui n'est pas peu dire, l'échancrure du corsage de la demoiselle ne déclencha chez le père Clodeweck une crise d'hypermastomanie, par contre les lettres, copies, et autres documents qu'elle lui montrait aurait pu l'amener à une flambée de trichotillomanie.
Combien, encore, allaient s'assoir sur le droit canon en étant clerc, et combien se livreraient à la sorcellerie ?
Il regarda encore celle qui se disait gueuse dans les yeux, il eu une envie soudaine de la consoler comme l'on console un être aimé et ne se reteint que par bienséance.
Que ce passait il donc ? Elle semblait porter toute la misère du monde sur ses épaules.
Le père sourit

Ma fille, je prendrais grand soin de ces affaires, sois en assurée. Tu me dis que divers procès sont en cours pour cette affaire de mandat ? Pourrais tu m'indiquer leur lieu, afin que je me fasse communiquer les minutes de ceux-ci. Je suis moi aussi très las, des douaniers qui reconnaissent des gens qu'ils n'ont jamais vu. Des prévôts qui savent, depuis leur table de travail où se trouvent les voyageurs dans l'ensemble des royaumes. Des maires qui savent depuis leur bureau ce que leur marchands achètent ou vendent à cent lieues de là ....Des armées qui sont capables de reconnaitre, de nuit, des gens dont seul le nom est sur la liste du chef et qu'elles ne connaissent pas.
Comment est-on capable de savoir qu'une personne que l'on a jamais vu s'appelle Martin ? Sinon par sorcellerie pure !
Crois moi ma fille, s'il ne me reste qu'une mission à accomplir sur cette terre, ce sera de condamner cette engeance....

Il hésita puis, demanda....

Tu es malade ? C'est triste à dire mais la maladie de gens comme toi ne fait plaisir qu'aux idiots...

Déjà, il lui semblait entendre "on a eu Nessty", chanté sur l'air des lampions...
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Clodeweck de Montfort, pèlerin, prêcheur, homme de foy contre l'adversité.
Quand on a plus rien à prouver, rien à perdre, rien à gagner on peut parler vrai. (Cloclo 1°)

[Nessty_la_Vilaine]

Comme lors des prêches, la Vilaine écoutait le Clode fort sagement, opinant de temps à autre du chignon pour signifier qu'elle était rassuré de le voir prendre ses affaires en charge, fronçant la truffe quand il lui parla des devins doudouaniers et se mordant la langue pour éviter de rallonger la liste. Quand il s'inquiéta pour sa santé, elle fit mine de réajuster une mèche échappée de son ornement capillaire et essuya discrètement une larmiche naissante aux coins de ses noisettes.

Hein ? Mais j'suis pas malade... même si on dit qu'j'suis fêlée d'la caboche hein ! Votre secrétaire n'a pas eu ma peau par les armes, alors personne ne l'aura, nan mais...J'vous chanterai un autre jour ma chanson "vous n'aurez pas la gueusasse et la Vilaine ! J'ai pas trop l'temps là car mon Vénérable Vieux Con le Vicomte m'attend pour m'donner un cours de nanatomie.

Nessty se remit à fouiller dans ses papelards.

Bah, pour les minutes du procès relatif au mandat directement, faudra demander au Stote en personne. Ce procès n'a pas encore eu lieu et j'compte bien sur vous pour qu'il n'voit jamais le jour pour moi ou pour n'importe quel bénéficiaire d'un généreux donateur anonyme. Toute fois, vous trouverez une trace des documents de l'hérétique Jake de Marche-à-l'Ombre dans les minutes de mon procès en Cour d'Appel contre l'comté du Poitou dans lequel j'avais pour nanavocate une évêque de Bourgogne, Poupounet. C'est édifiant en mauvaise foi, vous verrez.

D'ailleurs, en parlant d'minutes de procès voici ma 3ème plainte auprès de l'Inquisition. Celle ci s'élève contre la blondasse nommée Rhiana et contre l'animal strié qui lui sert de cousin dont le nom est Zebracolor. Dans le cadre de mon procès en Touraine, l'une affirme dans sa plainte être en mesure de voir en mes paroles la publication de documents secrets, sans avoir été présente aux moments des faits reprochés. L'autre confirme les dires de la 1ère car étant présent au concours ducal des NIBARDS. Comme si j'avais une langue de lézard parcheminée dont chaque son aboutirait à un papelard.

Vous voulez que j'vous montre, mon père ?

Ni de une, ni de deux, voici que l'enchignonnée tirait la langue devant le prélat. Aussi acerbe et sarcastique que pouvait être la verve de cette gueuse impétueuse, aussi rose et courte était la chose qu'elle déroulait en tentant de mimer en vain un squamate à pattes.

Quand j'vous dis qu'elle est grave votre secrétaire, va falloir vous en rendre compte un jour ou l'autre vain diù d'vin doux !

Oups, un petit blasphème devant un ecclésiastique, ça ne le faisait pas de trop mais il en fallait beaucoup plus pour déstabiliser la Vilaine demandant qu'on fesse les cons en ce qui prenait des tournures de séance de confesse.

Tadaaaaaaaaaaaaaaaa, comme à chaque miracle se produisant quand une femme sortait en quelques secondes de l'impressionnant fatras en son sac à main l'objet convoité, Nessty tendit sa dernière plainte au Clode.

[Clodeweck]

Le père avait acquiescé de la tête et sans dire mot avait béni la jeune femme, puis il la regarda partir.
Verba volent...Oui... pas les souvenirs, car tout passe avec le temps, sauf la mémoire.
S'arrachant à sa rêverie le cardinal ramassa les documents laissés par Nessty, héla un clerc;

- Porte cela dans mes appartements, mon fils, que ce soit confié au greffe de la congrégation. Merci.

Puis il poursuivi son chemin vers la Curie, il aurait bien du travail en arrivant à Tours.
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Clodeweck de Montfort, pèlerin, prêcheur, homme de foy contre l'adversité.
Quand on a plus rien à prouver, rien à perdre, rien à gagner on peut parler vrai. (Cloclo 1°)

[Nessty_la_Vilaine]