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[F]Le Livre des Hagiographies - Les Scolarques -

 
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Kalixtus
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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 7:49 pm    Sujet du message: [F]Le Livre des Hagiographies - Les Scolarques - Répondre en citant

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Dernière édition par Kalixtus le Dim Sep 24, 2023 12:26 am; édité 1 fois
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Kalixtus
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MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 12:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

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    Saint Théophraste, premier scolarque du Lycée

    L'enfant prodige


    En l'an 371 avant Christos, naquit Tyrtame, fils de Yiorgos et de Elenitsa, à Erèse dans l'île de Lesbos. Le jeune enfant montra très vite de grandes dispositions, il marcha bien avant les autres, déclama son premier vrai mot à l'âge de huit mois devant ses parents ébahis. Ils en furent d'autant plus surpris que sa toute première parole fut : "Dieu". Dès son plus jeune âge, Tyrtame eut Petros pour précepteur. L'homme était talentueux et lui appris l'écriture, les mathématiques et les bases des sciences. Il n'avait jamais vu élève aussi doué et restait sidéré de voir avec quelle facilité le garçon assimilait le savoir.

    Petros, qui avait quelques connaissances à Athènes, proposa aux parents du jeune prodige de l'y emmener afin qu'il bénéficie des meilleurs enseignements. Yiorgos et Elenitsa durent se résoudre à l'évidence, garder Tyrtame auprès d'eux eut été le condamner à finir foulon. Ils décidèrent ainsi de le laisser quitter la demeure familiale accompagné de son précepteur, Petros, que Yiorgos affranchit. Tyrtame et son précepteur, devenus amis, voyagèrent jusque dans l'immense cité d'Athènes. Petros jugea opportun de présenter son jeune poulain à l'académie de Platon, bien qu'il faille d'excellentes références pour y entrer, il savait que le talent du jeune enfant sauterait aux yeux des maîtres.


    L'académie et la connaissance


    La chance était avec le jeune Tyrtame, malgré ses origines ouvrières, il fut choisi pour intégrer les rangs de l'académie. Attiré par le talent du jeune homme, Platon en personne vint voir le phénomène. Il suivit donc les cours du maître au gymnase, apprenant ainsi à connaitre la philosophie et à parfaire ses connaissances. C'est dans ce haut lieu de savoir que Tyrtame rencontra Aristote. Le jeune homme fut subjugué par le talent oratoire du prophète, il écoutait ses paroles et ses enseignements qu'il comprenait mieux que tous. Aristote remarqua rapidement les prédispositions du jeune homme, lui donna des leçons en privé, lui raconta comment il avait entendu Dieu lorsqu'il était jeune enfant. Tyrtame comprenait beaucoup de choses dans ce bas monde, il devisait sans cesse de cela avec ses maîtres, et Platon, tout comme Aristote, ne pouvaient que se rendre à l'évidence, le jeune homme était très doué, excellent orateur et fin esprit. Lorsque fut venu l'heure du conflit entre Platon et son disciple sur la copie des idées, Tyrtame resta estomaqué en voyant avec quel brio Aristote parvint à moucher le philosophe. Il constata l'évidence avec laquelle Aristote avait démontré le caractère unique de Dieu, et il décida de laisser l'académie pour suivre le prophète. Avec l'aval de son maitre, Platon, il quitta ainsi Athènes. Il y avait appris beaucoup et avait développé de nombreux talents, notamment celui de l'observation botanique, science qu'il avait fondée en passant des heures à reluquer des plantes de toutes sortes. Mais, ce qui le dominait encore, était la théologie. Il se sentait attiré par cette science comme un insecte par la lumière, il lui fallait trouver les réponses aux questions qu'il se posait et, suivre Aristote, lui permettrait d'assouvir cette soif de connaissance.


    Le Lycée, Aristote, et la théologie


    Tyrtame débarqua à Axos, sur la côte de la Troade, non loin d'Athènes, où Aristote avait fondé le Lycée et enseignait la théologie à ses nombreux disciples. Il s'investit alors énormément dans l'étude de cette nouvelle science, écoutant les longs discours du prophète sur la nature unique de Dieu, sur la vertu et sur l'amitié. Tyrtame devint ainsi le meilleur disciple et l'ami d'Aristote qui voyait en lui un grand avenir. Souvent, il retrouvait Aristote et ensemble, ils devisaient :

    Tyrtame : -"Maître, nous savons que Dieu est unique, il est le moteur du monde et la finalité cosmique de l'univers. Mais si nous sommes ses enfants, que notre quintessence est divine, ne sommes-nous pas l'instrument de Sa volonté ?"

    Aristote : -"Vois-tu mon ami, Dieu est celui qui voit tout, qui entend tout, qui peut tout. Sa volonté fut de nous créer avec cette terre, Il nous a donné ce que nous avons pour subvenir à nos besoins, mais a-t-Il décidé de nous imposer Sa volonté ? A-t-Il voulu nous forcer à l'aimer ?"

    Tyrtame : -"Certes non, Il vous a demandé d'éclairer l'humanité sur Sa propre nature."

    Aristote : -"Et pourquoi ce choix ? Pourquoi n'est-Il pas simplement apparu à l'Homme ?"

    Tyrtame : -"Le Très Haut vous a choisi parmi les Hommes parce que vous n'êtes pas d'essence divine. Son choix fut de laisser à un homme le soin de guider les autres. Par ce choix, Il nous a laissé la liberté de croire en vos paroles et, in fine, de croire en Lui."

    Aristote : -"Tu as vu juste mon cher ami. Si Dieu s'était imposé aux Hommes, alors, nous n'aurions été que de braves moutons. Qu'Il nous ait laissé dispenser Sa volonté à nos pairs nous prouve qu'Il croit en nous, et par conséquent, qu'Il nous considère comme Ses enfants, capables d'apprendre et de comprendre."

    Tyrtame devint ainsi l'incontournable interlocuteur du prophète, diffusant et transmettant ce qu'il apprenait dans les cercles érudits de Grèce. A Athènes, il obtenait l'écoute d'un grand nombre, au Lycée, ses camarades voyaient en lui le prodige qu'il avait toujours été. Tyrtame fit de nombreux voyages à travers la Grèce, se rendant aussi bien à Thèbes qu'à Corinthe. Chaque fois, ses exposés et discours sur le Très Haut avaient l'adhésion de ses auditeurs. La clarté, la concision et la justesse de ses propos furent toujours loués, et l'on voyait en lui une sorte d'apôtre d'Aristote, désormais vu comme le prophète du Très Haut. Tyrtame était beaucoup apprécié par Aristote, il l'enchantait par le charme de sa parole. En retour, ce dernier lui donna le nom de Théophraste, qui signifie Divin parleur, en grec. Le jeune homme était devenu homme et sa réputation avait pris une ampleur peu commune, seul le prophète jouissait d'une reconnaissance encore plus grande. Théophraste resta ainsi en Grèce lorsque le prophète quitta Athènes avec son élève Alexandre pour conquérir le monde. Il fut nommé enseignant par Aristote, en charge de le remplacer et de former les jeunes disciples pour leur enseigner la parole que Dieu avait révélée. Cela dura plusieurs années qu'il mit à profit pour faire grandir l'amour divin dans le cœur des grecs, fidèle aux paroles du prophète et à ses enseignements.


    La succession du Prophète


    Aristote revint en Grèce, âgé d'une soixantaine d'année, il avait longtemps voyagé aux côtés d'Alexandre et était exténué. Théophraste avait géré le Lycée à merveille et le prophète ne put que reconnaître, une fois de plus, le talent, la ferveur, et la rigueur de son disciple. Alexandre venait de mourir quelques mois plus tôt et déjà, les complots faisaient rage pour se partager ses territoires. Nombreux étaient ceux qui, partout aux abords d'Athènes, tenaient Aristote pour responsable. Ils lui reprochaient d'avoir trop encouragé Alexandre à toujours plus de conquêtes. Ceux qui voulaient préserver le culte des dieux grecs s'attaquèrent à lui, brûlant sa maison, crevant les yeux de son fils, Nicomaque. Harassé et fatigué, le vieil homme préféra quitter la région pour s'installer à Chalcis et y vivre la fin de ses jours. Il n'oublia pas de nommer son successeur et fit de Theophraste, le scolarque* du Lycée en -322. Bien qu'il fut dévasté par le départ d'Aristote et par la manière avec laquelle ses ennemis le traitaient, Théophraste décida de lutter pour la survie du message du prophète. Il engagea ainsi une lutte de tous les instants contre les tenants du polythéisme, discourant en place publique pour fouler aux pieds leurs théories.

    Théophraste : -"Mes amis, ne voyez-vous pas que ces hommes vous trompent ? Ils ont chassé le prophète et, par la violence, cherchent à nous faire taire ! Ils prétendent que les dieux sont en colère, que Zeus, Hadès et les autres fouleront bientôt nos terres pour nous punir d'avoir cru en un Dieu unique. Foutaises que cela ! Aristote l'a démontré, il ne peut y avoir qu'un Dieu, unique, omniscient, omnipotent, omniprésent. Il est ce qui nous compose, Il est ce qui nous entoure. S'ils refusent de voir la vérité, c'est seulement parce que le pouvoir qu'ils avaient sur la plèbe a cessé dès lors que fut prouvé le caractère unique du Très Haut. Ils ont perdu cette parcelle de contrôle qu'ils avaient sur nous et de cela en découle leur frustration. Trop longtemps nous avons écouté leurs âneries, trop longtemps nous avons donné offrandes et argent aux prêtres polythéistes. Aujourd'hui nous savons car Dieu nous a envoyé son message par la voix d'Aristote. Le Tout Puissant nous a donné le libre choix de croire en Lui, eux nous imposent leurs dieux par la haine et l'injustice. N'écoutez pas leurs discours sans profondeur, n'adhérez pas à leur rhétorique car elle est perfide et fielleuse."

    Plus Théophraste parlait à la plèbe, plus celle-ci réfutait l'existence des dieux multiples. Les longues diatribes du scolarque avaient un impact énorme sur les Grecs, notamment en raison de son talent oratoire. Il démontait les arguments que lui opposaient les prêtres, démontrant avec clarté comment Dieu s'était révélé à Aristote et comment chacun avait un part de Dieu en lui. Aristote eut vent des performances de son successeur et déclara à son fils que désormais, l'espoir était né et que nul ne pourrait jamais effacer ce qui avait été fait. Lorsqu'il mourut, Théophraste fut terrassé par le chagrin, il se jura de perpétuer sa mémoire et son œuvre pour les siècles des siècles. Il écrivit alors ses mémoires qu'il publia, mémoires dans lesquelles figuraient les nombreux dialogues que les deux hommes avaient partagés.

    Le scolarque atteignit alors une aura encore plus grande, on lui reconnaissait sa grandeur et sa finesse, son esprit si subtil et sa connaissance de la théologie. Il attira de plus en plus de disciples si bien qu'il n'était pas rare de le voir enseigner devant plus de mille élèves. Le Lycée devint incontournable pour qui voulait apprendre la théologie et comprendre le message qu'Aristote avait délivré à l'humanité. Avec la plus grande ferveur, Théophraste transmettait ce qu'il avait appris. Plus encore, il étendait à toutes les classes de population le message du Très Haut, acceptant des élèves de toutes les couches sociales, préférant instruire plutôt que de former une élite culturelle et théologienne.

    Pendant plus de vingt ans, Théophraste s'acharna à diffuser l'idée que Dieu était unique, expliquant ce qu'était la vertu et l'amitié, démontrant que l'homme était doté d'un esprit et d'une âme. Ses nombreux élèves relayèrent ses enseignements aux quatre coins de la Grèce, permettant ainsi à la croyance dans le Très Haut de s'étendre et de s'ancrer plus profondément dans le cœur des peuples. Puis, vint Antiochos, fils de Séleucos, ami d'Alexandre et d'Aristote, dont la réputation de ferveur et de vertu avait transpiré de Syrie jusqu'en Grèce. Nombreux furent ceux, parmi les érudits, qui pensèrent qu'il était le nouveau prophète. Théophraste avait eu vent de ce jeune homme brillant, convainquant et si croyant. Il savait aussi que Nicomaque, le fils du prophète, avait été son précepteurs. Il décida d'aller rencontrer Antiochos en personne pour apprendre à connaitre celui qui avait eu les faveurs d'Aristote. Il revint de Syrie assuré d'avoir rencontré un grand homme, sage et fin connaisseur de la théologie. Tous deux restèrent en contact, se rencontrant peu de fois mais échangeant par de régulières missives. Antiochos apprenait de Théophraste et le scolarque apprenait d'Antiochos. Il en fut ainsi jusqu'à la mort du scolarque.


    Les derniers jours du scolarque


    Théophraste fut scolarque du Lycée pendant trente-quatre longues années, années durant lesquelles il forma de nombreux disciple dont un, en particulier, qui avait attiré son attention : Straton de Lampsaque. Lorsque Théophraste écrivit son testament, il demanda instamment que Straton soit son successeur. Il avait une grande confiance en cet élève doué, parti d'Athènes pour enseigner à la cour d'Alexandrie au Roi Ptolémée II.

    Le scolarque, pendant ces longues années, avait réussi à faire décliner le culte polythéiste qui gangrénait la Grèce, gérant le Lycée et formant toute une génération de théologiens fervents et adeptes du Dieu unique. Il rédigea de nombreux ouvrages sur Aristote mais aussi sur sa vie et sur l'enseignement de la théologie. Il disposait d'une aura immense auprès des grecs qui voyaient en lui un homme sage et bon, digne successeur d'Aristote. Durant les derniers mois de sa vie, le scolarque s'affaira à terminer son œuvre en achevant les écrits qu'il n'avait pas terminé. Il fit don de l'argent qu'il avait amassé au Lycée avec pour objectif de promulguer le message du prophète.

    C'est à l'âge avancé de quatre-vingt-trois ans que Théophraste s'éteignit dans son sommeil, entouré de la vénération publique. En l'honneur de son souvenir, les philosophes du Lycée et les érudits d'Athènes décidèrent d'une période de deuil. Théophraste fut ainsi visité par les plus grands hommes de son époque, lui rendant un dernier hommage. Son corps fut enterré à Athènes, sur une petite place et un olivier fut planté au dessus de sa sépulture. L'arbre donna de beaux fruits précocement, et certains virent là un signe de la vertu du Divin parleur.


    Traduit du Grec par Monseigneur Bender.B.Rodriguez.

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    * scolarque = Recteur ou Directeur

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Kalixtus
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MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 12:19 am    Sujet du message: Répondre en citant

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    Saint Straton de Lampsaque, deuxième scolarque


    Naissance d'un maigrichon


    Straton, fils d'Arcélias, vit le jour à Lampsaque aux environs de -330, petite ville d'Asie mineure proche du détroit du Bosphore, située entre les deux villes de Cyzique et d’Abydos, au sud-ouest de Byzance. Le jeune enfant était né en avance, fort maigrichon, ses parents doutèrent même qu'il survive aux trois jours fatidiques. En effet, la tradition voulait qu'on place les enfants sur une colline, non loin de la ville, pendant les trois premiers jours après leur naissance. S'ils survivaient, c'est qu'ils étaient suffisamment robustes. A leur grande surprise, Straton survécut à ce calvaire et se montra, malgré les apparences, fort résistant. Il passa ainsi son enfance entre les jupons de sa mère et les enseignements de ses précepteurs. Le jeune homme développa très rapidement un talent inné pour les sciences. Il avait des capacités d'observation et d'analyse assez peu communes et s'intéressa de prime abord aux question de physique. Toujours, on lui faisait remarquer son extrême maigreur, le chétif enfant était d'ailleurs en proie à des maux avec plus de régularité que la succession des saisons. Il restait donc souvent alité ou enfermé dans ses appartements, à potasser livres et études que lui fournissaient ses précepteurs. A l'âge de treize ans, il fut envoyé , sur les conseils de ses précepteurs, au Lycée d'Aristote pour devenir philosophe et théologien.


    La découverte de la théologie aristotélicienne


    Jusqu'à présent, le jeune Straton ne s'était jamais réellement posé la question de l'existence de Dieu. Certes, il savait qu'en certains coins comme la Grèce, l'on pensait qu'un Dieu unique existait et avait créé toute chose. C'est auprès de Théophraste, le recteur du Lycée, qu'il découvrit que tout cela avait un sens et ne pouvait être contredit. Le rachitique, comme on le surnommait alors, tomba littéralement sous le charme du théologien et s'évertua à comprendre plus avant toutes les questions qui traitaient du Très Haut. Il passa donc une large partie de son adolescence à potasser les écrits d'Aristote et de son maitre Théophraste, le reste de son temps étant consacré à l'étude de la Physique, science pour laquelle il avait développé une affection particulière.

    Il passait ainsi sa vie entre scriptorium et bibliothèques pour se consacrer aux études, et thermes pour soigner ses récurrentes infections. Les médicastres de l'époque s'arrachaient les cheveux et ne parvenaient pas à comprendre comment le jeune homme pouvait rester si maigre en ingurgitant trois repas par jour. Il finirent par ne lui donner que quelques années à vivre et prédirent qu'il ne dépasserait pas les vingt-cinq ans. Malgré ces funestes prédictions, Straton continua à approfondir ses connaissances, il fut si brillant que Théophraste s'intéressa beaucoup à lui, le prenant sous son aile et lui expliquant les tenants de la théologie aristotélicienne. En -305, le Lycée était déjà devenu un haut lieu de la théologie, formant nombres de disciples à la science et la connaissance de Dieu, Straton était ainsi considéré comme le meilleur élève qu'eût connu l'école depuis Théophraste. Le jeune devint rapidement surnommé le physicien en raison de son excellence en la matière. Il développa l'idée de la création du Monde, œuvre de la Nature par l'entremise des forces et de la volonté du Très Haut, et du mouvement. Selon lui, l'évolution du monde et sa complexité provenaient du jeu permanent des éléments et de l'existence de Dieu. il parvint à concilier théologie et physique, se servant des fondements de la naissance du monde, d'essence divine, et de ses observation pratiques et découvertes théoriques. Il étudia ainsi les mouvements et les interactions entre les éléments, publiant de nombreux ouvrages de référence sur le sujet. A l'âge de 30 ans, la cour d'Alexandrie demanda à Théophraste qu'on envoie un disciple du Lycée pour élever le futur Roi. Le scolarque trouva en Straton, un précepteur tout désigné à cette tâche, son accession à la culture égyptienne était une aubaine et allait permettre d'étendre la Foi dans le vrai Dieu. Ainsi, le jeune théologien quitta son maître pour les fastes de la cour d'Égypte.


    L'aventure d'Alexandrie


    En mettant les pieds à la cour d'Alexandrie, en Egypte, Straton savait que l'existence du Dieu unique n'était pas encore une croyance bien enracinée. Les prêtres égyptiens pratiquaient le paganisme et croyaient en un panthéon divin composé de multiples divinités. Straton se méfia alors de ces derniers et de la tentation d'affirmer trop clairement l'existence du Très Haut. On lui confia Ptolémée II, fils de Ptolémée Ier et frère d'Arsinoé II. Straton rencontra ainsi un jeune enfant de neuf ans, curieux et plus éveillé que la moyenne, il lui inculqua les valeurs qu'il avait apprises au Lycée, l'ouvrant à la philosophie, à la physique et, bien sûr, à la théologie. Il expliqua au jeune Ptolémée comment Dieu avait créé toute chose et lui demanda de ne pas divulguer le contenu de ses leçons sur le sujet. Il raconta comment Aristote avait été le prophète du vrai Dieu, et comment Théophraste avait relayé sa parole et par la même occasion, le message divin. Très vite cependant, les prêtres égyptiens vinrent à Straton pour le mettre en garde de l'envie d'enseigner ce qu'ils qualifiaient d'erreurs fondamentales. Straton préféra éviter l'affrontement direct, et, bien qu'il défendit son point de vue, déclara qu'il se contenterait d'apprendre à son jeune élève la philosophie et les sciences. Ptolémée était cependant plus que réceptif à ses enseignements théologiques, il se montrait particulièrement intéressé par Aristote et ses travaux sur la vertu et l'amitié. Ptolémée était voué à devenir pharaon, et seuls, les prêtres paganistes pouvaient entériner ce statut, Ptolémée était extrêmement intelligent et savait qu'il devrait s'abstenir de divulguer tout cela jusqu'à ce qu'il accède au trône d'Égypte. Tous deux décidèrent de garder secret cet enseignement et de ne révéler le message de Dieu qu'une fois maître des terres d'Alexandrie.

    Pendant huit années, Straton enseigna donc en secret ce que le prophète avait dévoilé à l'humanité, il fit illusion devant les prêtres polythéistes de la cité mais gagna le plus grand respect auprès de Ptolémée qui le gratifia et lui donna 80 talents pour le remercier de ses leçons. Avec les préceptes de Straton, Ptolémée s'ouvrit à la culture et à la Grèce, il deviendra d'ailleurs premier pharaon à rapprocher les deux royaumes par des traités de paix et d'échanges culturels et économiques. Le philosophe n'avait pas connu d'amélioration de son état de santé et celui-ci fluctuait toujours autant, le laissant parfois au bord de la mort, seul sa ferveur le gardait en vie, étant certain de ne pas avoir achevé sa mission sur Terre. Straton fut rappelé à Athènes car Théophraste venait de mourir et lui avait légué le Lycée, le désignant comme scolarque.


    Une nouvelle ère de théologie


    Dès son accession au poste de scolarque, Straton réforma le Lycée. Il jugea nécessaire d'en modifier les conditions d'accès et préféra axer les enseignements autour de la théologie. Ainsi, l'étude des enseignements d'Aristote et du message du Très Haut devinrent les pilier de l'école d'Axios. Si Théophraste avait déjà orienté fortement le Lycée en ce sens, Straton, lui, ratifia de nouveaux statuts qui définissaient l'étude de la théologie comme fondement de toutes les autres sciences. S'il était moins bon orateur que son prédécesseur, il n'en restait pas moins excellent en la matière et ses longs discours sur la nature de l'âme, subjuguaient ses élèves. Straton s'attacha à comprendre le devenir de l'âme humaine et ce qu'elle produisait en chacun. Devant ses disciples, il expliquait :

    Straton : -"L'âme et la pensée sont deux choses bien distinctes. Le Très Haut a doté chacun de nous d'une âme, qui, lorsque nous périrons, rejoindra Son royaume. Mais âme et pensée sont étroitement liés car l'un inspire l'autre. Sans pensée, aucune sensation ne peut se percevoir. Ainsi, l'âme est le symbole de notre Foi et nous donne la capacité à ressentir. Nous savons ce qui est juste et ce qui est mal, ainsi, nous décidons sciemment de nous comporter vertueusement ou non. C'est pourquoi notre âme influe sur notre pensée et inversement, notre pensée influe sur le devenir de notre âme."

    La vie de Straton fut marqué du sceau de Dieu un jour d'été alors qu'il entrait dans sa quarantième année. Tranquillement installé dans le jardin arboré du Lycée, il sombra dans une sieste réparatrice adossé contre un vieil arbre. Durant son sommeil, un songe l'envahit dans lequel il se vit déambuler dans les verdoyantes prairies du paradis solaire, aux côté des Archanges, d'Aristote et du Très Haut en personne. De cet endroit, il lui semblait voir la terre et les Hommes s'affairer telles des fourmis tentant de survivre dans un monde hostile. Dans sa rêverie mystique, il conversait avec Dieu, il en retint que diffuser les enseignements du prophète serait son salut. C'est alors que plusieurs de ses disciple le croisèrent et le crurent mort tellement sa peau était pâle et sa respiration ténue. Il furent plus que surpris de le voir entouré d'un halo fin et éclatant et s'imaginèrent que Straton avait définitivement quitté le royaume terrestre. Pour beaucoup ce n'eut pas été une surprise tant il était faible et amaigri. Mais, avec stupéfaction, alors que l'un des disciple s'approchait de lui, le scolarque ouvrit des yeux éberlués et sa peau repris sa couleur. Sur son visage, pouvait se lire la sérénité et le calme. Lorsqu'il se leva, tous découvrirent sur l'arbre auquel il était adossé, l'emprunte de son corps. Après ce jour, Straton fut encore plus aimé et respecté par tous, convaincus qu'il avait un lien direct avec le Prophète et avec Dieu.

    Au cours de son règne, il fut l'architecte de la croyance dans le Dieu unique. Sa vertu et sa disponibilité lui permirent d'être proche du pouvoir athénien et d'obtenir des dirigeants de l'époque, l'aura d'un guide spirituel. Si un conflit naissait entre deux cités helléniques, Straton était consulté et son avis faisait office de décision. Il était sage et ses paroles apportaient certitudes et raison là ou déraison et incertitudes voyaient le jour, on l'écoutait tel l'oracle et aucun ne doutait de sa Foi dans le Dieu unique.

    Le scolarque écrivit des dizaines d'ouvrages, reprenant les enseignements d'Aristote, les approfondissant sur certains points. Ces textes permirent encore un peu plus d'enraciner la croyance en Dieu dans les territoires grecs, et son amitié passée avec Ptolémée assura à la religion aristotélicienne naissante, une reconnaissance jusqu'en Égypte. Straton repris aussi les liens que Théophraste avait instauré avec Antiochos de Syrie, et, lorsque ce dernier accéda au trône et demanda que le Lycée lui envoie ses meilleurs théologiens, le recteur accepta. Il choisit parmi ses meilleurs disciples et envoya ces derniers rencontrer celui que Dieu avait chargé d'évangéliser les lointaines terres du Moyen Orient et d'Asie. Straton fut ainsi reconnu pour avoir permis l'extension de la Foi dans le Dieu Unique par l'orientation qu'il donna au Lycée. Il eut de nombreux disciples, et trois d'entre eux reçurent toute son attention : Hippocrate, Épicrate et Lycon. Mais, des trois, seul Lycon gagna son estime par son éloquence et sa quasi parfaite compréhension de la théologie. Il l'encouragea à parfaire son art pendant les vingt années durant lesquelles il fut scolarque et le désigna finalement comme son unique successeur à la tête du Lycée.


    Une fin de vie qui entre dans la légende


    Plus il vieillissait, plus l'on disait de lui qu'il défiait les lois de la médecine et même, qu'il devait sa longévité à Dieu. Son corps était si maigre et sa santé si fragile qu'il ne sortait de ses appartements que pour donner cours a ses disciples. Âgé de soixante-deux ans, Straton était si maigre qu'il avait une allure cadavérique. Les médicastres s'acharnaient à le soulager des douleurs qui envahissaient son corps et ne parvenaient pas à comprendre comment un tel rachitique avait pu vivre aussi longtemps. Ainsi, dans toute la Grèce, la rumeur naquit et l'on raconta que Straton était épaulé par le Très Haut qui lui conférait une vie plus longue pour poursuivre la mission qu'Il lui avait confiée. En début d'hiver, miné par le rhume et la toux, encore plus amaigri qu'il fut possible d'imaginer, Straton décéda. Il entra ainsi dans la légende et Diogène déclara à son sujet :

    Diogène : -"Il y avait un homme au corps amaigri, écoute-moi bien, par des frictions. C’est Straton que je veux dire, qui naquit un jour à Lampsaque. Toujours luttant contre la maladie, il mourut à son insu sans s’en douter."

    Ainsi, la légende voulut qu'il meure sans même s'en apercevoir, miné par la maladie. De Straton, la Grèce retiendra qu'il fut un homme vertueux, fervent, digne de la plus grande estime, et excellent en tous genres d’études, spécialement dans l’étude et l'enseignement de la théologie aristotélicienne.

    Traduit du Grec par Monseigneur Bender.B.Rodriguez.


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MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 12:20 am    Sujet du message: Répondre en citant

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    Saint Lycon de Troade, troisième scolarque


    Un signe du Très Haut


    Lycon, fils d'Astyanacte, naquit aux environs de -302 dans une petite cité de la côte de la Troade. Son histoire est celle d'un homme placé sous l'influence du Très Haut et ce, dès sa naissance. En effet, le jeune Lycon, vint au monde frappé d'une marque de naissance sur la base de la nuque représentant un cercle parfait. Son enfance, il la passa auprès des siens, dans l'amour et l'amitié, connaissant la vie que tout enfant rêvait d'avoir. C'est un jour d'automne qu'il reçut la bénédiction du Très Haut. Enfermé dans une grotte attendant la fin d'un orage ténébreux et d'une pluie diluvienne, le jeune Lycon alors âgé de 13 ans vit une intense lueur poindre du fond de la grotte. il s'avança alors pour comprendre de quoi il retournait et ne vit qu'un halo de lumière sur le granit clair de la paroi rocheuse. Soudain, un visage apparut sur la pierre ayant les traits d'Aristote puis prenant ses propres traits, avant de disparaitre dans l'ombre. Le jeune homme n'avait pas de grandes connaissances mais connaissait Aristote dont les statues trônaient dans de nombreuses cités. Il admit ainsi qu'il s'agissait là d'un signe du Très Haut dont il ne savait que peu de choses. Il rentra et décida de quitter sa famille pour se rendre à Axos au Lycée où Aristote fut Scolarque. Lorsqu'il arriva là-bas, en -289, il se présenta aux portes du Lycée demandant à y être reçu par le scolarque. Devant son air décidé et sa ténacité, un disciple l'amena devant Théophraste qui s'entretint avec lui. Lycon lui expliqua ce qu'il avait vu dans la grotte et comment il avait interprété ce signe. Theophraste testa ce jeune homme en lui posant nombre de questions sur la logique, la philosophie et même, la théologie. Il fut stupéfait de voir comment, avec un bon sens évident, le petit répondait avec justesse et avec quel talent il s'exprimait. Le scolarque décida ainsi de lui permettre d'entrer au Lycée et le confia à son meilleur disciple pour qu'il le guide dans ses enseignements.


    L'apprentissage de la théologie aristotélicienne


    Lycon fut un élève brillant, ses capacités de compréhension dépassaient largement celle des autres élèves et même Théophraste restait abasourdi de voir avec quelles facilités le jeune homme apprenait. Celui-ci n'avait pas eu la chance d'avoir de bons enseignements, c'est pourquoi il travaillait d'autant plus pour rattraper son retard. S'il montrait une excellente élocution, en revanche, il restait un piètre écrivain. Lorsque le scolarque passa de vie à trépas, Straton devint son successeur et reprit l'enseignement que son ancien maître avait dispensé au jeune Lycon. Lui aussi fut sidéré de voir comment en si peu de temps, le jeune grec s'était constitué une connaissance approfondie de la théologie.

    Lycon passa ainsi ses premières années au Lycée, accaparé par l'étude de la théologie, des sciences et de la philosophie. Il manifesta son plus grand intérêt à l'étude de la voix de Dieu et des textes du prophète Aristote, cherchant à identifier pourquoi il avait reçu un signe. Souvent il parlait de cela avec son maître Straton qui était convaincu que Lycon avait rencontré la volonté divine sur sa route. A ses côtés, d'autres disciples commencèrent à jalouser son statut de disciple préféré de Straton. Hieremías, brillant élève issu de la bourgeoisie athénienne, voyait d'un mauvais œil le jeune homme d'origine plus modeste. Il lui contestait la validité de ses arguments lorsqu'il discourait sur la nature de Dieu et sur les vertus. Lycon, lui, avec une grande aisance, le renvoyait souvent dans ses pénates par un raisonnement sans faille. Hieremías et Lycon devinrent de véritables ennemis si bien que leurs dialogues empruntaient souvent les chemins de la joute oratoire. Et, sans surprise, c'était toujours l'enfant de Troade qui avait le dernier mot.

    Straton observa longuement cette adversité constructive pour Lycon qui devint de plus en plus assuré. Il montra des talents hors norme dans les oratoires d'Athènes où le scolarque l'envoyait régulièrement pour enseigner la théologie. Ses bons mots et ses arguments ne pouvaient se contester. S'il usait des meilleurs enseignements qu'Aristote avait légués aux Lycée, il savait néanmoins s'assurer l'attention de ses auditoires par ses bons mots et son humour fin et subtil. Straton le trouva si doué, qu'il lui proposa de rejoindre la cour d'Alexandrie où le Pharaon Ptolémée II, dont il avait été le précepteur, venait de révéler le message du prophète Aristote. Lycon ne pu refuser une telle opportunité et s'y rendit sans ciller. C'est au contact du pharaon que Lycon commença à particulièrement faire attention à son apparence, comprenant qu'en plus des oripeaux du discours, un bel enrobage pouvait achever de convaincre les dernières réticences. Lycon resta aux côtés du Pharaon pendant plusieurs années, faisant allers et retours jusqu'en Grèce pour rapporter les évolutions de la Foi dans le vrai Dieu en Égypte, et abreuvant le jeune Ptolémée de son savoir en la matière.

    En 268, à la mort de Straton, il fut désigné par le testament de ce dernier comme scolarque du Lycée.

    Straton de Lampsaque a écrit:
    Lycon succédera à mon école, les autres étant ou trop âgés ou surchargés d'occupations; et ils feront bien, et les autres aussi, s'ils approuvent cette disposition. Je lui donne tous mes livres, excepté ceux que j'ai composés, et je lui lègue tous mes meubles de table, mes gobelets et mes habits.



    Le règne du scolarque


    Lycon de Troade, alors âgé de trente-quatre ans, devint le troisième scolarque du Lycée, privilège réservé à l'élite des théologiens. C'est en Grèce, le début de la guerre chrémonidéenne des cités contre la Macédoine. Athènes, sous l'impulsion de Lycon, s'allie avec Sparte et Ptolémée II. Sa grande connaissance du Pharaon permettra de faciliter l'entente des deux peuples et d'endiguer les velléités offensives des macédoniens. Pendant quelques années, le nouveau scolarque se concentra sur la direction du Lycée, s'évertuant à enseigner aux jeunes disciples les paroles du prophète Aristote et le message qu'il avait révélé. Il s'attela particulièrement à parfaire sa capacité à éduquer et devint un excellent pédagogue. Il disait d'ailleurs à ce sujet :

    Lycon : -"Il faut gouverner les jeunes gens par la honte et l'amour de l'honneur, comme on se sert pour les chevaux de l'éperon et de la bride."

    Au fur et à mesure que les années passèrent, il réussit à vaincre sa médiocre écriture et publia quelques essais sur la question de l'enseignement, textes qui, par la suite, furent utilisés par ses successeurs pour améliorer l'enseignement du Lycée. Contrairement à son maître et prédécesseur, Lycon prenait grand soin de lui et passait de nombreuses heures à s'exercer chaque semaine, il faisait aussi particulièrement attention aux habits qu'il portait si bien qu'on lui fit la réputation d'un homme excessivement attentionné et apprêté. Pour lui, il en allait d'une question de respect et d'élégance.

    Lycon devint un fin conseiller pour les Athéniens, aidant les érudits et autres personnages réputés lorsqu'ils faisaient appel à lui. Son empathie et sa tendance charitable firent de lui un homme vénéré par ses pairs. Tous lui reconnurent une forme de génie dans l'approche de la théologie et ses disciples devinrent si doués que ceux qui les écoutaient ne pouvaient qu'adhérer aux thèses aristotéliciennes. Le scolarque fut appelé par Antiochos lorsque celui-ci défendit Pergame aux confins de l'Asie mineure, vers la mer Egée. En effet, le Roi Séleucide avait besoin d'y placer un théologien mais il avait découvert une bibliothèque d'une ampleur peu commune, aussi grande que celle d'Alexandrie. Lycon se rendit alors sur place après de longs mois de voyages avec le jeune Andonios pour le déléguer à la reconstruction de la bibliothèque de Pergame. C'est là qu'il rencontre Eumène qui vainquit Antiochos et donna l'indépendance à Pergame. Plus tard, il devint ami avec Attale, le successeur d'Eumène et premier Roi de Pergame. Son travail à ses côtés permis de conserver intacte la Foi en Dieu qu'Antiochos avait apporté à ces lointains territoires, il fit don de nombreux ouvrages à la bibliothèque qui fut dirigée par Andonios. Une rivalité s'installa ainsi entre les deux plus grandes bibliothèques du monde civilisé, celle d'Alexandrie pratiquait l'étude du lexique, des textes vers par vers, mot par mot. A Pergame au contraire, on cherchait le sens profond, voire caché, des textes, considérant que ce qui était véritablement signifié ne correspondait pas nécessairement à ce qui était écrit.

    Le scolarque visita ainsi de nombreux royaumes dont la Syrie d'Antiochos Theos, Sparte, l'Egypte, Babylone qui déclinait puisque délaissée depuis Séleucos Ier au profit de Séleucie du Tigre. Partout où il passa, le scolarque emmena de brillants théologiens du Lycée et les présenta aux dirigeants de chaque cité, les laissant comme conseiller et précepteurs.

    Lycon fut le premier scolarque à hiérarchiser le Lycée et ainsi fonder la première ébauche d'une institution religieuse dont le dogme était constitué du message d'Aristote. Sa réputation, auprès de ses contemporains et des dirigeants du monde, lui apporta une aura considérable qui fit de lui le conseiller de tous ceux qui avaient Foi dans le Très Haut. Le scolarque dirigeait ainsi le Lycée et ses meilleurs disciples, une fois devenus enseignants, étaient chargés de relayer les enseignements d'Arisote. Chaque semaine, il réunissait un cénacle, constitué de ses amis enseignants, où chacun avait un rôle précis. L'un était chargé de regrouper les demandes extérieures au Lycée en matière de théologie, un autre était chargé d'archiver les discours tenus en place publique, un autre encore était chargé des relations avec les dirigeants des différents royaumes qui avaient les faveurs de Lycon. Le cénacle devint un véritable organe gérant le fonctionnement du Lycée, il était constitué de Rulon, Callinus, Ariston, Ampbion, Python, Aristomaque, Héraclius, et Lycomède.


    Digne jusque dans la mort


    Pendant quarante-quatre ans, Lycon de Troade dirigea le Lycée et promulgua la théologie aristotélicienne en ébauche de religion hiérarchisée et organisée. Âgé de soixante-dix-huit ans, Lycon avait gagné l'amitié d'un grand nombre de dirigeants et avait vu un nombre tout aussi important périr par la guerre ou assassinés. Il était reconnu dans tout le monde grec et les royaumes environnants, y compris la Macédoine et l'Égypte. Son œuvre resta ainsi l'un des plus importantes puisqu'il développa le fonctionnement du Lycée pour en faire un véritable outil à la gloire du Très Haut.

    Lors de ses dernières années, le scolarque fut atteint d'un mal incurable l'obligeant à marcher appuyé sur une cane. Malgré ses maux, il continua à enseigner à ses disciples et à conseiller les athéniens. Tous lui demandaient de prendre du repos mais lui, désirait avant tout achever ce qu'il avait entamé il y a bien longtemps. Dans sa volonté de changement, alors que chaque scolarque avait, jusqu'alors, désigné son successeur, lui, décida que le cénacle du Lycée choisirait celui qui serait le plus à même de diriger l'école d'Aristote. Ce fut Ariston de Céos qui obtint les suffrages de ses pairs enseignants du Lycée et prit la succession du scolarque.

    C'est une nuit d'automne en -224 que mourût Lycon de Troade, vêtu de sa plus belle livrée et toujours apprêté comme pour rencontrer un grand Roi. Son ami, Attale Ier, déclara au sujet de son décès :

    Attale Ier : -"Je ne puis passer sous silence le sort de Lycon, qui mourut affligé d'un mal sans pareil ; je m'étonne qu'ayant à faire le long chemin de l'autre vie et ayant toujours eu besoin de secours pour marcher, il l'ait fait dans une nuit."


    Traduit du Grec par Monseigneur Bender.B.Rodriguez.


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MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 12:21 am    Sujet du message: Répondre en citant

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    Saint Ariston de Ceos, quatrième scolarque


    Enfance


    Ariston vint au monde à Loulis dans l'île de Ceos située sur la mer Égée aux alentours de l'année - 269. On ne connaît que très peu de choses de son enfance hormis qu'il était issu de la noblesse locale et que, comme chaque cadet dans les familles de Ceos, il fut envoyé à Athènes pour devenir érudit. A cette époque, Athènes n'est plus que le reflet d'elle-même, passée depuis près d'un siècle sous la domination des Macédoniens, elle sombre peu à peu dans l'oubli, même si elle conserve une grande influence culturelle dans toute la Grèce et au delà de l'empire perse et mésopotamien.


    Sagesse, théologie et médecine


    L'enfant de Ceos intégra le Lycée, fondé par Aristote en -335, en tant qu'étudiant et devint le disciple de Lycon de Troade, alors scolarque et responsable des enseignements en théologie. Il suivit avec assiduité les cours dispensés et fut un brillant élève. Il succomba rapidement aux préceptes laissés par le prophète du Très Haut et sa Foi dans le Dieu Unique tourna rapidement au sacerdoce. A peine âgé de vingt ans, Ariston devint l'un des disciples les plus en vue du Lycée, assimilant avec justesse et sagesse les paroles d'Aristote. Le jeune homme s'intéressa de près à une autre discipline alors peu en vogue, la médecine. Il voyagea jusqu'en Egypte pour parfaire son art et étudia brillamment la physiologie humaine et la médecine au côté d'Hérophile de Chalcédoine, fondateur de la grande école médicale d'Alexandrie. Il en revint cinq ans plus tard, après la mort d'Hérophile, les sacoches chargées d'essais traitant de cette science si particulière.

    A son retour, devant l'excellence de ses discours sur la chose et devant l'argumentation fameuse du jeune Ariston, Lycon de Troade décida de lui confier la chaire de médecine. Lorsqu'il parlait de son art, le jeune homme était tout simplement flamboyant, mêlant avec justesse théories médicales et théologie aristotélicienne.

    Ariston de Ceos : -"Aristote ne nous a-t-il pas donné pour consigne de pleinement nous intégrer à la cité ? Ne nous a-t-il pas enseigné de vivre dans l'amitié et de pratiquer la vertu ? En cette raison, je dis que si nous maitrisons un art tel que la médecine, nous devons le partager pour le bien de la cité ! Apporter mieux-être et soins aux malades, aux indigents et aux défavorisés, s'accorde en tous points avec l'amitié vertueuse et l'intérêt collectif. Si Dieu nous a donné le savoir de la médecine, ce n'est pas pour briller dans les soirées mondaines mais bien pour en user auprès de ceux qui sont victimes de l'injuste malheur de l'affliction."

    C'est ainsi qu'en -234, Ariston fonda le premier dispensaire de médecine à Athènes. Il y embaucha ses meilleurs disciples en la matière et apporta soins et thérapies à ceux qui souffraient des pires maux. Il y pratiqua cette science telle qu'il l'avait apprise, de manière bénévole, sans jamais demander le moindre sou. Afin de pouvoir subvenir aux dépenses, il lança un appel au mécénat qui fut entendu par de nombreux nobles Grecs. Ceux-ci, devant l'incomparable et étincelante verve d'Ariston, donnèrent édifice et matériel pour permettre aux soignants d'accomplir leur œuvre. Le dispensaire soigna des milliers de malades et si tous ne guérissaient pas, en revanche, chacun y recevait de quoi mieux supporter sa souffrance et sa peine.

    Lorsque Lycon décida de réformer le Lycée et créa le cénacle, il y convia Ariston qui en devint chargé des missions caritatives. Alors vieux d'une quarantaine d'année, le médecin devint l'un des disciples les plus aimés du scolarque, et au fil du temps, le rapport de maitre à élève se transforma en amitié. Au sein du cénacle, chaque décision prise était validée par un vote, le scolarque étant responsable de la décision finale. Lycon, prenait toujours appui sur ses conseillers, tous enseignants au Lycée, et tous amis du recteur. Lorsqu'il décéda en -224, il ne désigna, contrairement à ses prédécesseurs, aucun successeur, mais laissa comme consigne que les membres du cénacle choisissent par eux-mêmes le prochain scolarque. C'est ainsi qu'après trois longues journées de débats et de discours, Ariston de Ceos fut élu quatrième scolarque du Lycée.


    Une scolarque incarnant la vertu


    Rompu aux préceptes d'Aristote et au prosélytisme, Ariston continua, illuminé de l'aura de ses prédécesseurs, à transmettre les enseignements du prophète, mêlant ceux-ci aux diverses conclusions sur la vertu, la morale et l'amitié, qui avaient été apportées depuis. Il acheva la réforme du Lycée en gravant dans le marbre les statuts du cénacle, son fonctionnement et son organisation. En l'espace de quelques années, le Lycée prit une nouvelle ampleur au sein du monde Grec, devenant le lieu incontournable où trouver conseils et principes pour les dirigeants et nobles des quatre coins de l'empire macédonien. Ariston envoyait ses meilleurs théologiens à travers les royaumes, aussi bien en Egypte qu'en Perse, en passant par les premières terres de l'Asie.

    Ne pouvant plus tenir le dispensaire, il nomma un successeur qu'il fit entrer au cénacle à la charge qu'il occupait précédemment. Bien décidé à convaincre du bien fondé de ses choix, il fit créer de nombreux dispensaires en convainquant les dirigeants des empires et royaumes voisins de la nécessité d'apporter soins aux malades. Ses grands discours éloquents sur le sujet émouvaient ceux qui les écoutaient, ils se sentaient investis d'une mission d'ordre divin et pratiquaient le mécénat un peu partout où les dispensaires virent le jour. Ariston était convaincu qu'il devait rétablir une justice dans ce bas monde, apporter un peu plus d'équité à ceux qui étaient victimes des injustices et qui mourraient de maux dont on connaissait les traitements. C'est ainsi qu'il consacra une grande partie de son œuvre à promouvoir les soins pour les nécessiteux. Les dispensaires qu'il avait fait ouvrir aux quatre coins du monde hellénique accueillaient des milliers de malades et autres souffreteux que cure thermales et plantes médicinales parvenaient à guérir. Cette œuvre fut considérable et contribua à rendre bien meilleure la vie de nombre de ses concitoyens. Toujours, Ariston mettait en avant les enseignements d'Aristote et l'amour du Très Haut, il s'était fait un devoir d'apporter la solidarité à la cité et à la communauté des Hommes. Qu'il furent croyants ou non, tous ceux qui passaient les portes de ses dispensaires recevaient le meilleur accueil. Même s'il passait beaucoup de temps au Lycée à gérer son fonctionnement, dispenser la théologie, conseiller les dirigeants et les aristocrates, Ariston visitait les lieux de soins dont il avait légué la charge à ses disciples. Toujours, il prenait le temps de rencontrer les malades et de leur prodiguer assistance lorsque les médicastres butaient.

    C'est lors de l'une de ses visites que se déroula une histoire particulière. Un jeune indigent atteint de vives douleurs s'était rendu dans le dispensaire d'Athènes. Depuis sa plus jeune enfance, il souffrait sans que personne ne puisse savoir pourquoi, ses douleurs le déchirait et son corps meurtri ne faisait que survivre. Alors que les médicastres diagnostiquèrent sa mort rapide dans les pires souffrances, Ariston se rendit à son chevet. Le jeune homme lui apparut comme vertueux et aimant, se contentant de vivre dans la misère sans réclamer quoi que ce soit, acceptant sa douleur sans pouvoir la faire disparaitre. Le scolarque lui conta alors les paroles d'Aristote et l'amour de Dieu, il lui prit la main pour partager un peu de sa souffrance. Ce jour-là, quelque chose d'extraordinaire se produisit, une intense chaleur se dégagea des mains du scolarque, surprenant celui-ci autant que le jeune homme. Après une nuit de sommeil moins agitée qu'à l'accoutumée, l'indigent se réveilla sans l'ombre d'une douleur, guérit par la parole du scolarque et l'apposition de ses mains. Il demanda alors à voir Ariston pour lui rendre hommage et ce dernier lui témoigna affection et respect en ces mots :

    Ariston : -"Mon jeune ami, tu n'as pas à me remercier ni à me louer pour m'être préoccupé de toi. Il n'est nul homme dans notre monde qui devrait subir l'indifférence et la souffrance comme tu les as connu. Aristote nous l'a enseigné et le Très Haut, dans sa mansuétude, nous enjoint à nous aider les uns les autres. Maintenant, vis ta vie comme tu aurais toujours du le faire et n'oublie pas d'aider ceux que tu peux aider".

    Le jeune homme ne tomba jamais plus malade et, durant toute sa vie, apporta son amitié et son aide à ceux qui, comme lui, avaient souffert plus que de raison. Ariston quand à lui, grâce à cette exceptionnelle guérison, avait acquis le surnom de "médecin de Dieu". Toujours il continua à prodiguer soins et thérapies lorsqu'il le put.

    Aux alentours de l'an -200, la république de Rome débute son extension sur les empires méditerranéens. Rome, Pergame et Rhodes s'allient contre Philippe V de Macédoine déclenchant alors la seconde guerre macédonienne. Le scolarque aura alors à cœur de traiter avec les deux parties, énonçant d'intransigeantes conclusions à l'égard des velléités guerrières via le cénacle. Ariston jugeait cette guerre insupportable car illégitime et non nécessaire, il lutta farouchement pour que cessent les combats sans toutefois y parvenir. Néanmoins, grâce à son influence, il réussit à aider la Grèce à l'obtention de son indépendance.

    Au cours de son règne en tant que scolarque, qui dura trente neuf années, Ariston accomplit la mutation du Lycée qui, d'un lieu d'enseignement théologique et philosophique devint un lieu de décisions basées sur les préceptes et enseignements du prophète. Si le Lycée restait un lieu de savoir et de connaissance, il prit un essor considérable durant ces années et devint une sorte de concile de théologiens, écouté et respecté par de nombreux dirigeants.

    Parmi ses très nombreux disciples, Ariston compta Critolaos de Phasélis, qu'il nomma au cénacle à vingt-cinq ans au poste de chargé à la diplomatie. Il devint rapidement ami avec ce jeune théologien dont le savoir en matière de comportement humain l'étonnait. Il disait de lui :

    Ariston de Ceos : -"Il est si fin d'esprit et si minutieux dans l'observation de la moindre gestuelle corporelle qu'il peut savoir si l'on lui tient un discours mensonger sans même poser la moindre question !"


    Une mort dans l'amitié


    C'est en -185 qu'Ariston de Ceos passa de vie à trépas, emporté par la vieillesse à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, et entouré de l'amitié des membres du cénacle. Tous eurent pour premier souci de lui montrer a quel point il comptait. Chacun vint le voir alors qu'il était mourant et lui déclama quelques vers sur leur passé commun. On raconte qu'Ariston nota dans ses mémoires, le moindre mot qui lui avait été déclaré et qu'il fit transmettre un exemplaire de celles-ci à chacun de ses amis. Enfin, sur chaque dispensaire qui avait vu le jour grâce à lui fut gravé dans le marbre le nom d'Ariston et une maxime :

    "Si je peux ne serait-ce que sauver une âme d'une mort dans la souffrance, alors, j'aurais sauvé la mienne ! [Ariston de Ceos - Fondateur du dispensaire]"

    Conformément aux dispositions qu'il prit et instaura dans les statuts du cénacle, Ariston ne désigna pas de successeur. Le cénacle dut se charger de cette tâche. Le quatrième scolarque fut inhumé comme les trois précédents, dans les cryptes du Lycée, et ses écrits furent publiés à titres posthume par ses disciples. Ariston marqua le Lycée de son emprunte, faite de Ferveur et de vertu.


    Traduit du Grec par Monseigneur Bender.B.Rodriguez.


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MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 12:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

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    Saint Critolaos, cinquième scolarque


    Quand l'affliction apporte le don


    Perdue sur la côte et située en Asie mineure, Phasélis était une cité Lycienne sous domination macédonienne depuis la libération des terres par Alexandre le Grand. C'est là que Critolaos, en -220, ouvrit les yeux sur le monde et grandit parmi les siens. Son père, noble de Phasélis, avait laissé le petit aux soins de sa mère qui était affligée d'un lourd handicap puisqu'elle ne pouvait émettre le moindre son. Le jeune enfant dû apprendre à communiquer avec elle et comprendre ce qu'elle tentait de lui signifier sans entendre le moindre mot. Il développa une capacité extraordinaire à comprendre le genre humain et à analyser ses faits et gestes, parvenant à souvent en tirer de clairvoyantes conclusions. Devant ce phénoménal petit homme, son père décida de l'envoyer apprendre en Grèce auprès des théologiens-philosophes pour devenir érudit. Il atterrit au Lycée à l'âge de quinze ans, alors dirigé par Ariston de Ceos.


    Un disciple exemplaire et surdoué


    Dès le début de son enseignement, Critolaos manifesta de grandes dispositions dans la compréhension de la théologie. Il fut très vite remarqué par le maître du Lycée qui mit en lui de grands espoirs. Le jeune homme continua à travailler sur la science du comportement, aiguisant son art au point de devenir rapidement un maître en la matière. De tous ses disciples, Ariston disait de lui qu'il était le meilleur, notamment parce qu'il savait quand asséner l'argument fatal pour démonter un discours erroné. Critolaos savait lorsque l'on était pris par la peur, l'angoisse, l'assurance ou la confiance. Il su intelligemment se servir de cela chaque fois qu'il eût à débattre sur un sujet philosophique ou théologique. Critolaos aurait tout aussi bien pu en user pour asséner de fallacieux arguments mais il ne le fit jamais. Au contraire, il préféra se servir de cela toujours pour aller là où l'on ne voulait pas qu'il aille, pour mettre le doigt sur ce que l'orateur qui lui faisait face ne maitrisait pas.

    C'est à l'âge de vingt-cinq ans qu'il fut nommé enseignant, la précocité de cette nomination témoignant de son excellence à livrer de grands discours théologiques. Comme toujours, l'homme prenait appui sur ce qu'il interprétait chez l'autre, se servant à merveille de son talent pour miner ses adversaires orateurs et conclure par le verbe dans une magnificence quasi absolue. Très vite, Ariston le nomma au cénacle du Lycée au poste de chargé à la diplomatie. Le cénacle, organe décisionnel et fonctionnel du Lycée, était garant des préceptes d'Aristote dans tout l'empire Macédonien ainsi qu'en Mésopotamie et dans l'empire Séleucide. Le rôle de Critolaos, au cénacle, consista à rencontrer les principaux régents et hommes de pouvoirs Grecs et Macédoniens et de leur soumettre les propositions du Lycée en matière de théologie mais aussi de vertu et d'amitié. Le scolarque avait toute confiance en lui et Critolaos fut plus que digne de cette confiance. C'est lui qui accompagnait Ariston lorsqu'un conflit éclatait et que le Lycée cherchait à y mettre un terme au nom de l'amitié vertueuse entre les peuples. Critolaos fut à l'origine de nombreux traités de non agression et de cessez le feu.


    Un scolarque à Rome


    Critolaos était à peine âgé de trente-cinq ans lorsque Ariston de Ceos décéda, laissant le lycée sans scolarque. Comme il en avait été décidé quelques années plus tôt dans les statuts du cénacle du Lycée, une élection eût lieu pour désigner son successeur. Les débats ne furent guère longs car les membres portèrent unanimement leur choix sur Critolaos de Phasélis. C'est ainsi qu'en -185, il devint le cinquième scolarque du Lycée, fidèle et fervent successeur du prophète Aristote.

    Les relations qu'il avait construites au fil des années avec les dirigeants du monde grec, macédonien, mésopotamien et séleucide lui servirent à accroître l'influence du Lycée et à diffuser largement la parole du prophète du Très Haut. C'est ainsi que le culte du Dieu Unique trouva un nouveau repère sans toutefois mettre un terme au paganisme et autres rites païens. Un an après son accession au titre de scolarque, en république romaine, fut nommé Caton a la fonction de censeur romain. Ce dernier voyait d'un bien mauvais œil la montée de la culture grecque dans la vie romaine. C'est ainsi qu'il prit pour principale cible Critolaos, représentant suprême d'une certaine culture grecque. Il s'opposa farouchement à lui par de longs discours endiablés et véhéments. S'il était un homme cultivé, il n'en restait pas moins un fieffé idiot en matière de théologie et sa croyance dans les cultes païens du panthéon romain fut à de nombreuses reprises descendu par le scolarque.

    Critolaos vit ainsi passer les ans, gérant le Lycée et s'investissant dans la vie Grecque avec Foi et amitié, il fut de plus en plus respecté par son peuple qui, au départ, avait vu en lui un arriviste aux dents longues. Plus le temps avançait, plus l'on s'apercevait qu'il était un homme d'exception à l'image de ses prédécesseurs. La seule chose qui le chagrinait réellement, était l'avancée de la république Romaine qui devenait de plus en plus expansionniste et prélevait de forts tribus sur les peuples conquis ou intégrés. Bien que la Grèce fut toujours indépendante, elle était néanmoins sous la domination romaine depuis près de cinquante ans.

    C'est en l'an -155 qu'un évènement des plus importants se produisit. Rome, toujours en proie aux séditions des empires et royaumes conquis, voulu frapper Athènes d'un impôt exceptionnel et imposa la saisie de nombreuses œuvres d'art et de nombreux ouvrages d'excellence, ainsi qu'un tribut si important qu'il aurait laissé la cité sur la paille. Critolaos proposa alors à Diogène de Babylone, chef de l'école Stoïcienne, et Carnéade de Cyrène, chef de l’Académie Platonicienne, de se rendre à Rome pour parlementer avec le Sénat romain. Il fit envoyer un message à l'attention des deux consuls afin que ceux-ci ouvrent une ambassade extraordinaire dans l'objectif de s'exprimer face aux représentants du pouvoir républicain. L'ambassade fut acceptée. Le plus sérieux disciple de Critolaos se nommait Diodore, admis au cénacle en raison de sa grande vertu et de son excellence dans l'usage du verbe, le scolarque qui l'avait eu comme élève pendant longtemps, le chargea de l'accompagner à Rome pour transcrire les débats. L'assemblée dura une semaines durant laquelle, Diogène, Carnéade et Critolaos purent s'exprimer pour défendre ce en quoi ils croyaient. Caton, le véhément censeur de Rome, farouche opposant à la montée en puissance de la culture helléniste dans la république, tenta d'empêcher la tenue de cette assemblée, convaincu que le scolarque allait convertir le Sénat et le peuple romain au Dieu Unique.


    Le discours de Critolaos


    L'assemblée se déroula devant le sénat Romain, c'est Carnéade qui débuta par un discours de deux jours qui fit sensation. Diogène lui emboita le pas le troisième jour et lui aussi, reçut les applaudissements des sénateurs. Ce fut enfin le tour du scolarque de prendre la parole, bien décidé à faire plier le Sénat et le forcer à revenir sur sa décision, tout en instillant la Foi dans le Très Haut dans le cœur des sénateurs. Malheureusement, malgré ses extraordinaires compétences en matière de comportement, il vit rapidement que les sénateurs étaient déjà corrompus pour la plupart. Son discours traita d'une et unique question : "Le plaisir ou la vertu ?". Critolaos s'évertua à démontrer aux sénateurs qu'ils s'étaient enfoncés dans l'erreur, préférant se vautrer dans le plaisir de par leurs positions plutôt que d'user de vertu et œuvrer dans l'intérêt général du peuple romain.

    Critolaos de Phasélis : -"La vertu n'est pas un don ni une science, elle consiste en un juste milieu, déterminé par la morale. Il s'agit bien là de ce qui est bien et de ce qui est mal. Je ne parle pas là seulement d'une attitude mais bien de mœurs, et de ce qui, au final, constitue notre âme. Chaque être humain doit faire entrer la vertu au plus profond de son âme, afin de toujours faire les choix qui représentent le bien souverain. Car oui, le bien n'est pas le plaisir, il n'est pas non plus la richesse ou l'honneur, non, le bien suprême est au dessus de toute considération particulière et se veut dans l'intérêt général. Alors, sénateurs romains, je vous le dis, reconsidérez votre république , revenez à la vertu, pour la Grandeur du Très-Haut et pour l'amour du genre humain."

    Critolaos récolta une pluie d'applaudissement de ceux qui voulaient voir le Sénat retrouver sa virginité tandis qu'il reçut les sifflets et quolibets de ceux qui avaient déjà trop longtemps navigué dans les eaux troubles de la corruption. L'évocation du Dieu Unique n'eût pas non plus l'impact qu'il souhaitait, au contraire. Caton fut convaincu qu'il fallait agir au plus vite avant que le culte monothéiste mette un terme aux croyances romaines. Le scolarque retourna au Lycée, auréolé d'un discours flamboyant et d'une nouvelle réputation due à ses exploits oratoires au sein même du sénat romain. Critolaos devint encore plus respecté dans le monde grec. Jusqu'ici, il n'avait été que le catalyseur de la Foi dans le Dieu unique, transmettant les enseignements du prophète.


    Sous la protection du Très Haut


    Alors que sa vie aurait pu continuer ainsi jusqu'à son terme, le scolarque vécu une expérience assez unique dans son genre. Par un matin frais de printemps, un détachement romain entra par la force dans le Lycée encore endormi. Mené par un décurion aguerri, les soldats avaient pour unique objectif l'éradication de Critolaos, alors considéré comme le plus dangereux ennemi de Rome. Quelques disciples tentèrent de se mettre en travers de sa route et en furent bons pour recevoir un coup de glaive les laissant au sol baignant dans leur propre sang. La sauvagerie avec laquelle cet acte fut réalisé résigna les autres disciples qui préférèrent rester en vie plutôt que de mourir par les lames romaines. Le détachement somma alors qu'on lui amène Critolaos, ce qui fut fait. Le scolarque ne pouvait laisser une telle barbarie se dérouler sans agir. Convaincu qu'il allait terminer ses jours sur l'instant, il fit face aux soldats. Menacé par les armes et sommé de se rendre sans résister, Critolaos rétorqua :

    Critolaos : - "Vous osez entrer ici, dans un lieu de savoir et de Foi, menacer de vos armes de pauvres enfants innocents. Je ne vous permettrais pas de faire plus de mal que vous n'en avez fait et je demande pardon pour ceux que vous avez blessés, car vous ne savez pas ce que vous avez fait. Que le Très Haut nous protège de vos mains ensanglantées."

    Les soldats se firent plus menaçants et le scolarque tomba à genoux devant eux, tendant son cou comme pour les autoriser à le mettre à mort. Voyant cela, le décurion dégaina son arme pour en finir. Lorsqu'il s'approcha du scolarque pour l'achever, il tomba au sol dans un cri de douleur et mourut sur l'instant. Les dix soldats qui l'accompagnaient restèrent stupéfaits, néanmoins, l'un d'entre eux s'avança à son tour et subit le même sort que son chef. Voyant cela, les autres lâchèrent leurs armes et se prosternèrent devant Critolaos, demandant pardon pour avoir osé porter atteinte à l'intégrité de ses disciples. Les élèves du Lycée qui assistèrent à la scène comprirent alors que Dieu n'autorisait pas que l'on tue ceux qui Le servaient par la vertu et l'amitié. Tous restèrent convaincus qu'il s'agissait là de la preuve de la Toute Puissance du Très Haut. L'histoire fit rapidement le tour du pays et parvint même jusqu'à Rome qui comptait toujours en finir avec le scolarque. Mais, devant la réputation si grande de Critolaos, le sénat décida qu'il était vain d'en faire un martyr aux yeux des grecs et les sénateurs interdirent toute action visant à lui faire le moindre mal ainsi qu'à ses disciples. Ainsi, le scolarque continua tout son règne à lutter contre la violence, se rendant régulièrement à Rome pour y prêcher la Foi en Dieu, étant écouté des uns et humilié par les autres. Malgré tout, chaque homme qui le rencontra ne put que constater qu'il fut si vertueux et si plein d'amitié, qu'il était difficile de s'opposer à lui. Seuls les plus corrompus et les tenants du culte romain avaient vu en lui le pire des dangers.


    La disparition du scolarque


    C'est au terme d'une vie bien remplie et d'une réputation amplement méritée que Critolaos de Phasélis s'éteignit. Emporté par la vieillesse à l'âge de soixante-douze-ans, le scolarque laissa derrière lui une œuvre centrale dans son époque. le scolarque marqua son temps de sa vertu et de sa sagesse. Nombreux furent les amis qui le pleurèrent, nombreux aussi furent ses ennemis à le regretter, car, d'un point de vue comme de l'autre, tous s'accordaient à trouver en lui un homme d'exception.

    Critolaos de Phasélis fut inhumé dans la crypte du Lycée et son nom fut gravé dans le marbre sous ceux des précédents scolarques, sur la stèle qui surplombait l'entrée du cénacle. L'histoire retint de Critolaos son fameux discours à Rome, l'épisode de l'attaque du Lycée et ses qualités exceptionnelles de diplomates associées à un maniement fervent et magnifique de la théologie aristotélicienne.

    Traduit du Grec par Bender.B.Rodriguez.


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MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 12:23 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Saint Diodore de Tyr, sixième scolarque


    Aux origines de la Foi


    Tyr est une grande et lointaine cité située sur la côte phénicienne, c'est là que naquit Diodore en - 181. La ville sous domination séleucide depuis une vingtaine d'années constituait un port essentiel dans le monde antique. L'Eglise Oaniste, religion officielle de l'empire séleucide, avait réalisé la parfaite fusion entre les préceptes d'Aristote et l'héritage d'Oane sous la houlette d'Antiochos premier. Ainsi, c'est dès son plus jeune âge que Diodore fut pris en main par les guides spirituels oanistes, théologues de renoms ayant pour la plupart suivi l'enseignement du Lycée d'Aristote.

    Il apprit à écrire, à lire et à penser par le biais de l'enseignement religieux, découvrant l'histoire d'Oane et le message du Prophète du Très Haut. Diodore montra très vite d'excellentes dispositions et devint rapidement le disciple favori de ses précepteurs. Son enseignement dura toute sa jeunesse jusqu'à l'âge de treize ans. Un matin, Diodore fut surpris par un homme à l'allure bien curieuse. Il était vêtu d'une longue toge blanche et brillait dans la pénombre de l'aube. Il le regarda sans comprendre puis, lui demanda :


    Citation:
    Diodore : -"Qui êtes-vous môssieur ? Vous êtes mon nouveau précepteur ?"

    Georges : -"Mon enfant, je suis Georges, archange de l'amitié, envoyé par le Très Haut pour illuminer ta route. De tous les jeunes enfants, Il t'a choisi pour répandre l'amitié là où elle s'est perdue. A l'Est se lève une nouvelle menace, celle des paganistes qui refusent de reconnaitre Dieu comme l'Unique Créateur de Toutes Choses."

    Diodore : -"Que puis-je y faire, je n'ai que treize ans..."

    Georges : -"Parce que ton Cœur est vertueux et que ton âme est pure de toute souillure, le Très Haut te transmet le verbe Divin, ainsi, tu brilleras toujours, sers-t'en à bon escient et rempli ce monde d'Amitié et de Vertu."


    La silhouette disparut dans l'ombre de la chambrée, laissant le jeune garçon stupéfait et plein d'espoir. Il avait découvert l'amour de Dieu et l'amitié aux côtés des guides spirituels oanistes, et cette apparition fut sa révélation. Diodore n'en devint que meilleur et brilla encore plus dans ses apprentissages, montrant une pertinence et une finesse d'esprit que jamais les théologues n'avaient vu. Devant l'excellence de cet élève, ils décidèrent de l'envoyer au Lycée pour parfaire son enseignement.


    De l'amitié découle la vertu


    Diodore intégra le Lycée en - 168, il fut très rapidement repéré pour sa verve et son talent oratoire par le scolarque Critolaos. En quelques années, il devint l'un des meilleurs disciples du Lycée. A l'âge de dix-huit ans, ses connaissances dépassaient déjà celles de la plupart des autres élèves. Il fut nommé théologue et eut ainsi le droit d'enseigner. Il obtint également la place de scribe du scolarque et fut chargé de graver dans le marbre les discours de Critolaos. Ce qui caractérisait le mieux Diodore, était l'amitié dont il faisait preuve. Toujours, il cherchait à rapprocher les uns avec les autres, il maniait avec excellence les concepts de justice et d'équité. De lui, on disait toujours qu'il était le plus digne de confiance, qu'il était celui sur qui l'on pouvait compter. Ses gestes de solidarité furent nombreux durant les années où il étudia au Lycée, créant un office pour nécessiteux qu'il nomma Office de la Charité d'Aristote. Par ce biais, il tenta d'amoindrir les inégalités et les souffrances de ceux qui ne pouvaient prétendre aux mêmes honneurs que la plèbe. Il ne le faisait pas pour la gloire ou l'orgueil, Diodore était réellement désintéressé, seule lui importait l'égalité et la justice entre les hommes.

    Âgé de vingt-deux ans, alors qu'il était en pleine distribution de vivres, une patrouille romaine l'interpella. Le décurion s'approcha et jeta l'un des indigent à terre alors qu'il prenait des mains de Diodore une miche de pain.


    Citation:
    Décurion : -"Dégage de là pestiféré ! Et toi, qu'est-ce que tu fabriques ? Qui t'es d'abord ?"

    Diodore : -"Je suis Diodore, théologue du Lycée, j'offre la charité aux pauvres laissés pour compte par notre société."

    Décurion : -"Tu vas m'arrêter ça tout de suite et me suivre avant de te prendre une mandale."

    Diodore : -"Mon ami, pourquoi une telle colère ? La vue de cet homme te dérange-t-elle tant que tu ne supportes qu'il puisse vivre et se nourrir à sa guise ? Cette attitude est bien lamentable et démontre l'étendue de ton égoïsme. Tu devrais avoir honte, user ainsi de ton pouvoir pour faire le mal. Qui t'aidera toi lorsque tu seras dans le besoin ? Aimerais-tu qu'on te jette à terre et qu'on te laisse mourir de faim ?"

    Décurion : -"Non mais pour qui tu te prends toi ? Tout théologue que tu sois, tu vas tâter de mes poings si tu n'arrêtes pas immédiatement."

    Diodore : -"Encore une preuve de ta perfidie mon ami, des menaces, rien que des menaces, alors que je ne cherche qu'à rendre plus supportable la vie de ces pauvres gens. Frappe-le ne serait-ce qu'une fois et c'est la colère du Très Haut que tu récolteras !"

    Décurion : -"Dis-moi ce que j'ai à faire encore une fois et c'est mon pied dans les noix que tu récolteras !"


    Le décurion dispersa tout le monde et emmena Diodore un peu plus loin. Il le roua de coups, le laissant sur le pavé tel un chien galeux avant de partir sans demander son reste. Diodore aurait pu avertir le scolarque et demander réparation pour un geste si odieux, mais il ne le fit pas car il ne tenait aucune rancune à l'encontre de cet homme égaré qui n'avait pas été illuminé par Dieu. Quelques mois plus tard, alors qu'il faisait à nouveau acte de charité dans un quartier mal famé, il rencontra le décurion, vêtu de haillons, ce dernier était fort amaigri, sale et visiblement malade. Diodore fut surpris de le trouver là et lui offrit de bon cœur un peu de pain et un bon verre de vin. Il apprit ainsi que l'homme avait fauté et avait été condamné par ses supérieurs. Pour éviter le pire, il avait préféré fuir et s'était alors retrouvé dans le dénuement le plus total. Diodore, par son acte charitable, lui montra la voie de la vertu et l'ex-décurion l'emprunta sans jamais plus la quitter. Il fut accepté au Lycée avec l'aide du théologue et quitta la Grèce par la suite, pour voyager à travers le monde et parler de la bonté de l'amitié vertueuse.


    Un règne symbole d'unification


    C'est en -148 que Diodore accéda au rang de scolarque. En effet, après la mort de Critolaos, le cénacle réunit en assemblée extraordinaire le nomma après un vote unanime. Alors âgé de trente-trois ans, il devint l'un des hommes les plus influent du monde hellénique. Si jusqu'ici, le Lycée s'était cantonné à transmettre le message du prophète et à organiser une ébauche de religion, le nouveau scolarque entreprit de refondre cette organisation. Ayant été élevé par les guides Oaniste séleucides, il décida d'inviter les pontes de l'église officielle de l'empire voisin. L'église Oaniste Séleucide avait perdu de son influence depuis l'époque d'Antiochos Ier, principalement en raison des guerres intestines qui avaient miné et rabougri les frontières de l'empire. Néanmoins, les religieux restaient, dans tout le territoire, des guides spirituels respectés. Ils avaient connaissance du Lycée et respectaient les paroles des scolarques, mais ces derniers ne faisaient pas autorité au sein de l'église. Ainsi, Diodore leur proposa d'unir leur force et d'intégrer dans l'enseignement du Lycée, les préceptes Oanistes.

    Citation:
    Diodore : -"Mes chers amis, c'est un immense privilège que de vous recevoir ici. Si je vous ai invité, c'est parce que j'ai grandi avec vos valeurs, avec vos principes et qu'ils me semblent en parfaite adéquation avec les enseignements du Prophète. Seuls, nous ne sommes rien, la vérité et la parole du Très Haut sont mon unique objectif. Ainsi, je vous propose de refondre le cénacle du Lycée pour y intégrer les supérieurs de chacun de vos temples. Je souhaite que l'église Oaniste et le Lycée agissent de concert pour la grandeur du Tout Puissant et pour l'amitié entre les peuples."


    Les guides Oaniste choisirent d'accepter et le Lycée en fut révolutionné. Désormais, les enseignements comptèrent les récits Oanistes et prirent en compte les valeurs de cette église. Le cénacle devint ainsi encore plus influent au grand dam de Rome qui, malgré une farouche opposition, fut contraint de laisser faire, au risque de provoquer une révolte qui n'aurait pu être maitrisée. La république romaine s'affaiblissait de jours en jours, les inégalités se creusant entre le plèbe et les praticiens, les sénateurs jouissant d'un pouvoir quasiment sans limite, et les guerres se faisant de plus en plus nombreuses.

    L'église Oaniste s'en remit donc aux décision du cénacle. Cet organe devint un lieu de décision majeur dans le choix des orientations théologiques, dans la diffusion d'écrits et dans les prises de paroles à travers le monde hellénique et séleucide. Diodore fut encore plus respecté pour ce geste et personne ne put remettre en cause ses actes tant ils constituaient une évidence.



    Une mort en martyre


    Tout au long de son règne, le scolarque influa sur ses contemporains, agissant toujours pour rechercher la justice et l'égalité par intermédiaire de l'amitié. Il écrivit de nombreux textes qui firent autorité. Mais à Rome, on acceptait de plus en plus difficilement cette influence qui gangrénait même les couches inférieures de la république. Les guerres successives menées par Rome, avaient créé un fossé entre les citoyens les plus riches et les plus pauvres. Affaiblie, la société romaine fut très influencée par les idées et les valeurs du Lycée. Bien décidés à lutter contre, le consul romain fomenta un complot pour assassiner le scolarque, il envoya ses meilleurs hommes déguisés en plébéiens grecs aux abords du Lycée. Alors que Diodore déambulait entouré d'une quinzaine de disciples dans les jardins du Lycée, les romains s'approchèrent l'air menaçant et dégainèrent leurs armes. L'un d'entre eux s'avança.

    Citation:
    Romain : -"Diodore de Tyr, tu vas mourir et tes idées avec !"

    Diodore : -"La mort ne m'effraie pas mon ami, j'ai servi le Très Haut toute ma vie et je vais le rejoindre dans Sa gloire."

    Romain : -"Après t'avoir tué, nous mettrons le feu à ton Lycée et exécuterons tes amis, le règne de ton Dieu touche ainsi à sa fin."

    Diodore : -"Le règne de Dieu ne peut toucher à sa fin puisqu'il est le Tout Puissant, l'Unique et le Créateur de toute chose. tu es Son sang et Son amour, ne sais-tu reconnaitre Sa bonté ? Si tu me tues, tu n'y changeras rien, Dieu est dans le cœur et l'esprit de chacun de Ses enfants, mêmes ceux qui ne croient pas en Lui !"


    Alors que les hommes de main du consul se jetèrent dans la direction du scolarque, les disciples qui l'accompagnait s'interposèrent et firent bloc pour le protéger. Diodore tenta de les dissuader mais tous restèrent face aux mécréants. Ces derniers, surpris d'une telle résistance, hésitèrent un instant puis décidèrent de les passer tous par les armes. Le massacre fut ignoble et le sang coula à flots sur les dalles du sol pour laisser une mare rougeâtre. Les assassins se trouvèrent alors face à Diodore qui lâcha résigné :

    Citation:
    Diodore : -"Allez-y, finissons-en ! Mais n'oubliez pas que Dieu jugera vos actes à l'heure de votre trépas. Je n'ai pas peur car je sais le chemin qui m'attend : le bonheur et l'amitié à jamais aux côtés de Dieu et d'Aristote."


    Diodore s'agenouilla et écarta le col de sa toge en signe de soumission. Les romains, devant une telle bravoure, décidèrent de l'exécuter proprement par un coup de glaive dans la nuque. Dans un bruit sec, le scolarque s'effondra dans la marre de sang laissée par les siens. Alertés par le bruit, de nombreux disciples affluèrent et, devant leur nombre, les romains s'enfuirent tels de vulgaires voleurs, renonçant ainsi à brûler le Lycée. Ces assassins à la solde de Rome n'eurent pas à attendre leur heure bien longtemps. En effet, sept jours seulement après la mort de Diodore, tous décédèrent dans d'atroces souffrances.

    Les théologues et membres du Lycée, aterrés d'effroi devant un tel acte et par amour pour Diodore, lui rendirent un ultime hommage et l'inhumèrent avec ses prédécesseurs. C'est ainsi qu'en 110 avant Christos, Diodore accéda au paradis solaire pour l'éternité.


    Traduit du Grec par Bender.B.Rodriguez.


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MessagePosté le: Dim Sep 24, 2023 12:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:


    Saint Erymneos, septième Scolarque


    L'enfance à l'aune de la théologie


    Erymneos est né à Antioche en - 153, capitale du Royaume Séleucide d'une famille de l'aristocratie. En qualité de dernier né, il fut destiné à connaitre un vie vouée à la théologie. Il passa donc son enfance au sein du temple d'Antioche fondé par Antiochos Ier, apprenant le message du prophète Aristote et les enseignements d'Oane. C'est avec ardeur qu'il ingurgita les écrits d'Aristote et les textes des fidèles oanistes. Ce fut jusqu'à ses treize ans, sa seule nourriture spirituelle.

    Le jour même de ses treize ans, alors qu'il observait Antioche depuis une tour du temple, une chose extraordinaire survint. Une silhouette se détacha du ciel pour descendre vers lui. Erymneos ne compris pas immédiatement ce qui lui arrivait, une peur l'étreignit l'espace d'un instant puis une vive chaleur s'insinua au plus profond de son cœur. Sous ses yeux, la silhouette s'avança vers lui pour le laisser découvrir le corps d'un homme simplement vêtu de blanc. ce dernier le salua et lui délivra un message.

    Citation:
    - "Erymneos, je suis Michel, Archange de la justice, envoyé par Dieu pour illuminer ta destinée. Voue ta vie à œuvrer pour la justice, montre aux hommes que Dieu est bon, qu'Il est l'Unique, qu'Il est Amour. Toute ta vie, tu défendras les préceptes d'Aristote et tu te battras pour que la justice éclate au grand jour comme le soleil brille un jour d'été. Dieu t'a choisi car tu es vertueux et bon, ton cœur et ton âme ne seront pas corrompues par les vices du pouvoir. Toute ta vie, tu seras l'incarnation de la justice vertueuse et tu devras lutter contre la corruption du bien par le mal, y compris même auprès de ceux que tu considèreras comme les plus fervents."


    Le jeune homme fut transfiguré par cette apparition et se consacra encore plus à l'étude de la théologie. il démontra tant d'excellence durant sa jeunesse qu'il fut porté aux nues par le guide du temple d'Antioche puis par les guides des autres temples séleucides. Âgé de vingt ans, il fut nommé précepteur d'Antiochos VIII, descendant d'Antiochos premier et destiné à reprendre les rênes du royaume. Il enseigna à ce dernier ce qu'il avait appris, nouant par la même occasion une amitié réelle, et lui transmit la Foi en Dieu afin que le futur Roi continue l'oeuvre de son illustre prédécesseur Antiochos Ier.

    Pour son trentième printemps, étant donné sa vertu et sa quasi perfection en matière de théologie, il accéda au rang de guide spirituel du temple d'Antioche. Ce temple était le plus grand temple dédié au Tout Puissant du Royaume et jadis, de l'Empire Séleucide, ainsi, conformément aux règles du Lycée, il fut invité à siéger au Cénacle. Il y côtoya la fine fleur en matière de théologie et apprit à connaitre le Scolarque Diodore. Erymneos découvrit énormément à ses côtés et fut très vite en charge d'encourager la justice via l'influence du Lycée auprès des grands du monde Grec et du monde Romain.



    La justice par la vertu


    Au cours de la décennie qui suivit, Erymneos s'échina à porter haut les valeurs de la justice. Il avait développé une conception de cette vertu basée sur la théologie. En se basant sur le jugement divin, il avait créé une philosophie de la justice analysant les actes et les paroles des hommes. Ainsi, lorsque l'on sollicitait son aide pour trancher un conflit, pour mettre fin à un dilemme, sa décision était appliquée car toujours juste. Diodore, le scolarque du Lycée, ayant très tôt remarqué son aptitude, l'avait chargé de cette question.

    Citation:
    Diodore : "Mon cher Erymneos, je te charge de prodiguer la justice vertueuse de Dieu pour les hommes. Use de ton savoir et de l'influence du Lycée pour instiguer dans le cœur des hommes ce qui est juste et vertueux."

    Erymneos : "Mais, cher scolarque, ne risque-t-on pas de s'attirer les foudres des gouvernants et des aristocrates ?"

    Diodore : "Il n'est nullement question de prendre la place de la justice en place. Nous savons tous deux qu'elle est corrompue et que ses décisions sont injustes. C'est la justice de l'argent et du vice. Tu devras lutter contre cette parodie de justice mais tu ne pourras le faire qu'en y siégeant.Fais-toi l'avocat des causes perdues, l'avocat des pauvres et du peuple contre l'oppression. Ton rôle sera aussi de servir de médiateur, par la parole, tu sauras régler bien des affaires..."


    La Grèce, sous domination Romaine, avait adopté son complexe système judiciaire. Erymneos devint ainsi un avocat reconnu et jamais il ne perdit une affaire. En effet, le théologue avait toujours choisi de défendre les injustices faites au bas peuple. Il était devenu un figure de la lutte populaire contre la corruption et les abus. Son engagement et sa verve faisait de lui un adversaire redouté, Erymneos déveolppa encore un peu plus l'impact du Lycée sur la vie Grecque et son talent s'exporta jusqu'à Rome où, dans le milieu de la justice, on ne tarissait pas d'éloges à son égard. Les meilleurs jurisconsultes, lorsqu'on leur demandaient, citaient Erymneos comme exemple. Comme preuve de sa vertu, Erymneos ne demandait pas d'argent pour ses services, rendre justice et infléchir le destin d'hommes et de femmes brisés par la corruption était son seul salaire. Erymneos avait d'ailleurs l'habitude de dire que le contentement d'avoir rondement mit fin à l'injustice valait tout l'or du monde.

    L'homme ne négligeait pas non plus les affaires spirituelles puisqu'il siégeait de plein droit au cénacle. il appliquait d'ailleurs souvent les mêmes préceptes que dans les tribunaux lorsqu'il fallait un médiateur pour trancher un débat. il devint ainsi le théologue le plus respecté après le scolarque Diodore, peu étaient ceux qui remettaient en cause sa parole tant elle était vraie.

    Jusqu'à l'âge de quarante-trois ans, Erymneos poursuivit son entreprise. Il devint non seulement le théologue le plus influent du Lycée, mais également l'un des hommes les plus respectés du bas peuple. Lorsque survint l'assassinat de Diodore, Erymneos fut dévasté par tant de lâcheté, tant d'ignominie. Le cénacle du Lycée n'ayant pas été préparé à une telle éventualité, dut réagir. Un conseil extraordinaire fut convoqué en urgence pour statuer sur deux points : l'élection du nouveau scolarque et l'attitude à adopter pour montrer l'indignation de tous face au meurtre de Diodore.



    Une nouvelle ère


    En - 110, Erymneos fut élu septième scolarque à l'unanimité des voix du cénacle. Son premier défi fut de régler la question de la mort de son prédécesseur. Une large majorité des théologues, face à la monstruosité du meurtre de Diodore, et face au massacre des disciples qui l'entouraient, souhaitèrent que le Lycée forme un milice armée pour défendre ses intérêts. Erymneos s'offusqua d'une telle proposition.

    Citation:
    Erymneos : "Le Lycée n'a pas été fondé pour former des soldats et pour défendre ses intérêts. Il a été créé par le prophète Aristote pour répandre le message du Très haut. Vouloir défendre nos intérêts est contraire à la vertu, favoriser la violence à la parole est une aberration. Le meurtre de Diodore est profondément injuste, certes, mais nous engager sur l'autel de la violence détruira tout ce pourquoi Aristote et ses successeurs se sont battus. Je me refuse à transformer le Lycée en académie militaire. Nous nous battrons, certes, mais avec notre coeur, notre âme et notre discours !"


    La parole d'Erymneos fut respectée mais les évènements qui allaient suivre la mort de Diodore créèrent un grand trouble au sein du Lycée. La mort de Diodore, bien que masquée par la sournoiserie de Rome, ne tarda pas à faire naitre la rumeur. les Grecs surent bien vite que le consul de la république Romaine était l'instigateur du meurtre. Le peur s'insinua dans la société grecque tant et si bien qu'aucun disciple ne fut envoyé pendant plusieurs années. Pire, nombreux furent ceux qui quittèrent le Lycée par crainte de représailles. Rome avait ainsi gagné une première bataille face aux théologues et leur influence. Ne voulant pas créer de martyr, le consul ordonna que personne d'autre ne fut tué mais harcela sans fin les membres de l'académie. il fut demandé à Erymneos de ne plus officier en tant qu'avocat, car toutes les décisions lui devinrent défavorable, malgré l'excellence de ses discours.

    Le Lycée se replia sur lui-même, et, malgré sa bonne volonté, le scolarque ne parvint pas à redresser la barre. Les années passèrent et, même si le cénacle conserva une large partie de son influence dans l'aristocratie Grecque, Séleucide et Romaine, le bas peuple s'en éloigna, effrayé et apeuré. Les disciples et théologues restaient cloitrés dans l'enceinte du Lycée, contraints d'accueillir ceux qui souhaitaient avoir recours à leurs services. De cette situation découla inévitablement de nouveaux tourments, en effet, certains théologues s'engouffrèrent dans la quête du pouvoir. Les aristocrate grecs et Romain, les seuls à oser braver l'interdit symbolique de Rome envers le Lycée, tentèrent d'abuser le Lycée pour forcer leur destin et accéder à encore plus de richesse. Quelques théologues commencèrent alors à fonder leur propre courant au sein des disciples restant encore au Lycée. Malgré toute la finesse dont ils firent preuve, Erymneos ne fut pas dupe. Il senti un vent de révolte gronder et l'odeur de la corruption infecter les couloirs même du cénacle.


    La marche du vertueux


    Durant une nuit sans lune, Erymneos fit un songe étrange. Il rêva qu'il voyageait à travers le temps et l'espace pour atteindre le Soleil. Il y rencontra Aristote qui lui ordonna de réunir le Lycée et de mettre à l'épreuve la Foi de tous ses membres. Le lendemain, il convoqua l'entièreté des disciples et des théologue pour un concile extraordinaire. Là, il livra à tous le songe qu'il avait fait.

    Citation:
    Erymneos : "Cette nuit, j'ai fais un rêve. J'ai fait le rêve que le Lycée se lèvera comme un seul homme pour lutter contre ses démons. J'ai fais le rêve qu'ensemble, nous combattrons par la vertu et la foi l'épreuve que Dieu nous envoie. Aujourd'hui, nous partirons à pied pour le mont Cithéron, sans eau et sans nourriture et nous le gravirons pour la gloire du Très Haut. Que ceux qui refusent de se soumettre au jugement du Tout Puissant quittent le Lycée sur le champ et que ceux qui relèvent le défi illuminent l'humanité de leur ferveur. Que ceux qui aiment Dieu me suivent !"


    En -90, le Lycée ne comptait plus que douze théologues et à peine une trentaine de disciples. Trois théologues et une dizaine de disciples décidèrent de partir de leur plein gré, se sachant incapable d'un tel exploit. Tous les autres emboitèrent le pas du scolarque pour marcher à travers Axos puis traversèrent Athènes et cheminèrent en direction du nord. Après trois jours, deux théologues abandonnèrent suivis de quelques disciples. La marche fut longue et ardue, le soleil cognant et la chaleur abattant les meilleurs volontés. Erymneos, qui emmenait le cortège, ne semblait souffrir ni de la soif, ni de la faim et encore moins des conditions climatiques. Il avançait tel un berger guidant ses moutons. Nombreux furent ceux qui pâtirent de cette épreuve, s'amaigrissant au fil des jours, dormant presque en marchant. Au bout de dix jours, les fidèles de Dieu atteignirent le pied du mont Cithéron. Ce fut ensuite un vrai calvaire qui mit à l'épreuve la Foi de chacun. Gravissant la montagne mètre par mètre, Erymneos semblait comme porté par une force impalpable, il souriait à chaque fois qu'un des siens l'observait, priait le Tout Puissant toutes les heures pendant que la plupart se reposaient. Un seul d'entre eux, Dhamianós, disciple âgé de seulement dix ans, semblait habité par la même ferveur. Il chercha à aider les autres en instillant en eux, l'amour du Tout Puissant. Hélas, tous n'étaient pas vertueux et plusieurs moururent durant l'ascension. Erymneos insista pour qu'ils fussent enterrés dignement et fit pour chacun un discours de rédemption. Enfin, le cortège acheva son périple et vainquit le mont Cithéron. Erymneos n'était plus entouré que de six théologues et quinze disciples. Tous dormirent au sommet, bravant le froid et la nuit et, au petite jour, tous avaient retrouvé leurs forces. Le chemin du retour n'en fut que plus aisé et Erymneos les félicita du haut de la montagne.

    Citation:
    Erymneos : "Mes amis, mes frères, nous avons réussi ! Nous avons vaincu l'épreuve que Dieu nous avait imposée grâce à notre Foi en Lui et à notre amour pour Lui. Désormais, nous devons reconstruire le Lycée et faire perdurer la Parole de Dieu à travers l'histoire."


    Le cortège fit le chemin de retour en deux fois moins de temps, rasséréné par la Foi qu'avait distillé en eux ce périple. Le scolarque avait acquis par la même occasion, le surnom "d'avocat des égarés". Une fois arrivé au Lycée, Erymneos repris le contrôle du Lycée et insuffla un nouveau vent de vertu. Il décida la tenue d'offices dédiés au Très Haut chaque jour et imposa le jeûne une fois par mois.


    Une fin de vie dévouée au Très Haut


    L'influence du Lycée avait perdu de sa superbe dans la République Romaine, mais restait très présente en Grèce et dans le royaume Séleucide. Du côté d'Antioche, on raconta les exploits du scolarque et de ses fidèles, les temples Séleucides qui gardaient le monopole de la spiritualité au travers du royaume, connurent un regain de ferveur et un afflux de fidèles. Le Lycée quand à lui, fut à nouveau fréquenté par de nouveaux disciples, émerveillés par les exploits qu'avaient effectués le scolarque et les siens. Même à Rome, on entendit parler de la marche vertueuse d'Erymneos. Certains voulaient y croire mais d'autres, trop imbus d'eux-mêmes, préféraient penser qu'il s'agissait d'histoire pour enfants qu'on racontait autour de l'âtre de la cheminée.

    A l'âge de soixante-treize ans, Erymneos fut victime d'une tentative d'assassinat alors qu'il discourrait sur le parvis du Lycée devant une foule de badauds. Du toit d'une masure, une flèche fut tirée et l'atteignit en plein abdomen. Le scolarque grimaça et s'agenouilla. Il prit la flèche de ses deux mains et la retira d'un coup sec. Dhamianós, qui l'accompagnait désormais à chaque pas qu'il faisait hors du Lycée, vint à ses côtés pour l'aider à se relever et le soutenir. Il apposa sa main sur la blessure du scolarque en priant le Très Haut qu'il sauve cet homme extraordinaire qu'était Erymneos.


    Citation:
    Dhamianós : "Erymneos, tu ne peux pas mourir !"

    Erymneos : "Robuste je suis grâce à la Foi... Mais pas à ce point là. Le crépuscule m'envahit, et bientôt, la nuit va tomber... Ainsi vont les choses. Ainsi va la Foi..."

    Dhamianós : "Je donnerais ma vie pour te sauver, Dieu, entends ma prière et prends ma vie pour le prix de la sienne"

    Erymneos : "N'as-tu point compris ? Si je dois mourir c'est ainsi, Dieu me rappelle à lui parce que j'ai achevé ma destinée..."


    Mais le scolarque ne rendit pas l'âme en ce jour, il vécut encore deux longues années, années de souffrances puisqu'il ne se remit jamais vraiment de sa profonde blessure. Une fois encore, Rome avait voulu tuer le serpent dans l'œuf et faire taire cette rumeur qui venait de Grèce qui faisait naitre dans le cœur des Hommes, l'amour d'un Dieu unique. Le scolarque profita de son sursis pour écrire. En effet, il se sentit investi d'une mission divine, faire perdurer l'histoire du Lycée à travers les âges. Il consigna ainsi les grandes lignes de la vie de chaque scolarque depuis Théophraste ainsi que les textes majeurs que chacun avait produit.

    En -78, âgé de soixante-quinze ans et après trente-deux ans de règne, Erymneos, l'avocat des égarés, le marcheur de Dieu, s'éteignit dans son sommeil, un sourire figé sur son visage pour rejoindre le Très Haut et Aristote sur le paradis solaire.


    Traduit du Grec par Bender.B.Rodriguez.


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